This is a digital copy of a book that was preserved for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's books discoverable online.
It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that 's often difficult to discover.
Marks, notations and other marginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book' s long journey from the
publisher to a library and finally to y ou.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prevent abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automated querying.
We also ask that y ou:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain from automated querying Do not send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a large amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attribution The Google "watermark" you see on each file is essential for informing people about this project and helping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are responsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countries. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can't offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner
any where in the world. Copyright infringement liability can be quite severe.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps readers
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full text of this book on the web
at |http : //books . google . corn/
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d'utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer r attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère.
À propos du service Google Recherche de Livres
En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse ] ht tp : //books .google . corn
Sol (b2>5, 13,10
HARVARD COLLEGE LIBRARY
BOUGHT FROM THE INCOME OF THE FUND
BEQUEATHED BY
PETER PAUL FRANCIS DEGRAND
(1787-1855)
OF BOSTON
FOR FRENCH WORKS AND PERIODICALS ON THE EXACT SCIENCES
AND ON CHEMISTRY. ASTRONOMY AND OTHER SCIENCES
APPLIED TO THB ARTS AND TO NAVIGATION
SCIENCE CENTER LIBRARY
ir f
(J-J
. '\y:ti- J
/..
MINISTERE DES POSTES ET DES TÉLÉGRAPHES
CONGRÈS INTERNATIONAL
D£S
ÉLECTRICIENS
PARIS 1881
COMPTES RENDUS DES TBAYAIX
PARIS
G. MASSON, ÉDITEUR
LIBRAIRE DE 1,'aCADÉUIE DE MÉDECINE
120, BOULE VABD SAINT-GERMAIN, 4 SO
i882
CONGIfeS INTIINATIONAI
D£8
ÉLECTRICIENS
HINISTERE DES POSTES ET DES TËIiÊGHAPHES
CONGRÈS INTERNATIONAL
DBS
ÉLECTRICIENS
PARIS 1881
COMPTES RENDUS DES TRAVAUX
-« ^ ^ ■^i i i^
PARIS
G. MASSON, ÉDITEUR
LIBRAIRE DE l'acaDÉHIE DE MÉDECINS
ISO, BOULBVABD «AINT-CBIllIAIIf, 4St
1882
3d /ra5. /s. ;o
/
•t6RANi> FUNi) &
CONGRÈS INTERNATIONAL
DES
ÉLECTRICIENS
RAPPORT
AU
PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Monsieur le Président,
Des découvertes importantes et inattendues ont récemment appelé
d'une façon particulière l'attention publique sur tout ce qui concerne l'élec-
tricité; en même temps l'industrie, s'emparant de ces conquêtes de la
science, a depuis quelques années multiplié leurs applications dans toutes
les branches ; aujourd'hui aucune science ne semble devoir, plus que la
science électrique, réaliser de rapides progrès, résoudre des problèmes
intéressant la vie économique des nations, et rendre enfin à toutes nos
relations d'inappréciables services.
L'électricité est restée longtemps un agent capricieux, inconstant,
difTicile à maîtriser, impossible à utiliser: avant Volta on constatait son
action ; on ne pouvait ni l'expliquer, ni la produire, ni, à plus forte raison,
la mesurer.
La découverte de la pile et les perfectionnements que celle-ci a bientôt
reçus, les travaux d'Ampère et d'Arago sur les courants et leur action
magnétique, les recherches de Faraday sur l'induction, ont ouvert des
voies nouvelles et fécondes dans lesquelles le progrès ne s'est plus arrêté.
La pile et l'action magnétique des courants ont créé la télégraphie. Le
développement dé la télégraphie a dégagé les phénomènes électriques des
2 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
obscurités qui les entouraient. C'est, en effet, sur les câbles sous-marins
qu'il a été possible d'étudier et de découvrir les lois suivant lesquelles l'ac-
tion électrique se développe et se propage.
L'électricité est une force. A mesure qu'on a appris à la connaître,
on l'a rencontrée partout, tantôt cause, tantôt effet, dans les phénomènes
physiques, chimiques, mécaniques et organiques. On a aujourd'hui diffé-
rents moyens de la produire. On la mesure et on l'applique aux usages les
plus divers. Elle a cette propriété particulière que ses effets peuvent se
transmettre par des conducteurs métalliques plus facilement et plus loin que
ne peuvent le faire ceux de la vapeur par les intermédiaires mécaniques.
Elle ne se borne plus à envoyer à distance des signes télégraphiques ;
elle reproduit les sons et la parole elle-même. Elle contribue à la sécurité
de l'exploitation des chemins de fer; l'agriculture et la marine lui doivent
des indications météorologiques de plus en plus utiles; elle éclaire les rues,
les places publiques, les magasins, les ateliers. Elle devient pour les arts
et l'industrie un auxiliaire universel.
Les savants et les industriels cherchent aujourd'hui, dans tous les
pays du monde, à perfectionner les moyens de produire et d'utiliser la
force nouvelle. Les résultats obtenus sont déjà considérables et nombreux,
mais souvent encore insuffisants ou incomplets. Il y aurait grand intérêt
h préciser l'état de la science électrique et de ses applications, à rappro-
cher et à comparer les procédés de recherches, afin d'imprimer aux efforts
faits de toutes parts une direction qui les facilite et assure leur succès.
Les expositions internationales et les congrès scientifiques qui les
complètent si utilement ont permis de montrer les applications pratiques à
côté de la théorie. C'est ce qui nous conduit à vous proposer de réunir un
Congrès international d'électriciens et d'autoriser simultanément une Expo-
sition internationale d'électricité qui sera, pour ainsi dire, le laboratoire du
Congrès. Cette Exposition comprendra tout ce qui concerne l'électricité ; elle
réunira les appareils de toute nature et de toute provenance servant à la
faire naître, à la propager et à l'utiliser.
Le Congrès convoqué par le Gouvernement français appellera à Paris
les électriciens les plus illustres. Ces représentants de la science merveil-
leuse, qui vient à peine de révéler Timmensité de ses ressources et qui
déconcerte l'esprit par ses surprises incessantes, discuteront les résultats
acquis et les idées nouvellement émises ; ils grouperont et coordonneront
leurs forces afin d'utiliser sûrement les observations faites dans chaque
contrée et de s'aider mutuellement dans leurs investigations futures.
Les nations étrangères conviées par la France saisiront avec empres-
RAPPORT AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE. 3
sèment cette occasion de codifier, pour ainsi dire, la science électrique, ei
d'en sonder les profondeurs. Elles sauront gré au Gouvernement de la
République française de s'être fait le promoteur d'une manifestation scien-
tifique dont l'opportunité ne paraît pas contestable, et qui aura pour corol-
laire l'Exposition internationale d'électricité.
Le Congrès doit être l'œuvre du Gouvernement, car lui seul peut don-
ner à l'entreprise le caractère d'indépendance qui est la condition essen-
tielle du succès. Quant à l'Exposition, elle sera facilement organisée par
l'initiative privée. Le patronage et le concours bienveillant de l'État lui
seront toutefois assurés et le palais des Champs-Elysées sera mis gratui-
tement à la disposition de ses organisateurs.
L'action du Gouvernement se complétera par l'intermédiaire d'un
Commissaire général qui aura à la fois la mission d'assurer, sous notre di-
rection, le fonctionnement du Congrès et de surveiller les services généraux
de l'Exposition»
Le Gouvernement désignera les membres français du Congrès : la
science officielle, l'industrie, les sociétés savantes de Paris et des dépar-
tements y auront leurs représentants. Si la présidence d'un Congrès appar-
tient par tradition au pays où la réunion a lieu, la moitié des vice-prési-
dences sera, par contre, réservée aux invités de la France.
L'Exposition internationale d'électricité sera ouverte le 1*' août 1881
et close le 15 novembre suivant.
Les travaux du Congrès international des électriciens commenceront
le 15 septembre 1881, dans les salles du palais du Trocadéro.
Le département dont relève le service des télégraphes est le plus
directement intéressé dans la question. Son personnel prend une grande
part à tout ce qui concerne l'électricité : il en étudie les diverses décou-
vertes et en prépare les applications. Il est en relation avec tous les élec-
triciens des divers pays. La télégraphie elle-même recueillera un grand
profit de TFxposition et du Congrès; elle pourra y puiser de larges amélio-
rations.
C'est dans cette pensée que j'ai fait préparer le projet de décret
ci-joint et j'ai l'honneur de le soumettre à votre haute approbation.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de mon respec-
tueux dévouement.
Le minittre des Postes et des Télégraphes,
Ao. GoGiiERr.
CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS,
DECRETS
Le Président de la République française,
Sur le rapport du Ministre des Postes et des Télégraphes,
Décrète :
Article premier. — Un Congrès international des électriciens sera
ouvert à Paris, le i5 septembre 1881, sous la présidence du Ministre des
postes et des télégraphes.
Art. 2. — Trois vice-présidents seront choisis parmi les membres
français et trois parmi les membres étrangers du Congrès.
Art. 3. — Les ministres du Gouvernement de la République
française et les ministres des gouvernements étrangers qui participeront
au Congrès international sont membres de droit du Congrès.
Art. 4. — Le palais des Champs-Elysées sera mis gratuitement à la
disposition de la Commission privée autorisée par le Gouvernement à
organiser, à ses frais, risques et périls, une Exposition internationale
d'électricité, du i**' août au 15 novembre 1881.
Art. 5. — L'Exposition internationale d'électricité est placée sous
le patronage de l'État.
Art. 6. — Le règlement de l'exposition internationale d'électricité
sera soumis à l'approbation du Gouvernement, qui nommera le Commissaire
général.
Art. 7. — Le Ministre des Postes et des Télégraphes, le Ministre des
Affaires étrangères et le Ministre des Travaux publics sont chargés, chacun
en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret.
Fait à Paris, le 23 octobre 1880.
JULES GRÉVY.
Par le Président de la République :
Le Ministre des Postes et des Télégraphes,
Ad. Coghert.
Le Ministre des Affaires étrangères, Le Ministre des Travaux publics,
BARTHÉLBiir Saint-Hilaire. Sadi Garnot.
DÉCRETS.
Le Président de la République française,
Vu le décret en date de ce jour portant ouverture d'un Congrès interna-
tional et d'une Exposition d'électricité ;
Sur le rapport du Ministre des Postes et des Télégraphes,
Décrète :
Article premier. — M. Georges Berger, ancien Directeur général
des Sections étrangères à l'Exposition universelle de 1878; est nommé
Commissaire général du Congrès international des électriciens et de TExpo-
sition internationale de l'électricité.
Art. 2. — Le Ministre des Postes et des Télégraphes est chargé de
Texécution du présent décret.
Fait à Paris, le 23 octobre 1880.
JULES GRÉVY.
Par le Président de la République :
Le Miniitre des Postes et des Télégraphes,
ÂD. COCHERT.
PROJET DE LOI
PORTANT OUVERTURE AU MINISTRE DES POSTES ET DES TLLEGRAPRBS
SUR l'exercice 1880
D'un crédit de 300,000 francs
PODR
L'EXPOSITION INTERNATIONALE D'ÉLECTRICITÉ
ET LE CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS
EXPOSÉ DES MOTIFS ,
Messieurs,
Un décret de M. le Président de la République, en date du 23 octobre 1880,
a autorisé Pouverture, à Paris, d'une Exposition internationale d'électricité,
pour 1881, et décidé qu'un Congrès international des électriciens se réunirait
simultanément.
Les motifs qui ont amené notre résolution sont exposés dans le rapport
annexé au décret en ces termes :
« Des découvertes importantes et inattendues ont récemment appelé d'une
façon particulière Tattention publique sur tout ce qui concerne Félectricité ; en
môme temps, l'industrie, s'emparant de ces conquêtes de la science, a depuis
quelques années multiplié leurs applications dans toutes les branches ; aujour-
d'hui aucune science ne semble devoir, plus que la science électrique, réaliser
(le rapides progrès, résoudre des problèmes intéressant la vie économique des
nations, et rendre enfin à toutes nos relations d'inappréciables services.
« L'électricité est restée longtemps un agent capricieux, inconstant, diffi-
cile à maîtriser, impossible à utiliser : avant Volta, on constatait son action ; on
ne pouvait ni l'expliquer, ni la produire, ni, à plus forte raison, la mesurer.
« La découverte de la pile et les perfectionnements que celle-ci a bientôt
reçus, les travaux d'Ampère et d'Arago sur les courants et leur action magné-
tique, les recherches de Faraday sur l'induction, ont ouvert des voies nouvelles
et fécondes dans lesquelles le progrès ne s'est plus arrêté.
« La pile et l'action magnétique des courants ont créé la télégraphie. Le
développement de la télégraphie a dégagé les phénomènes électriques des
obscurités qui les entouraient. C'est, en effet, sur les câbles sous-marins qu'il a
été possible d'étudier et de découvrir les lois suivant lesquelles l'action électrique
se développe et se propage.
PROJET DE LOI. 7
« L'électricité est une force. A mesure qu'on a appris à la connaître, on Ta
rencontrée partout, tantôt cause, tantôt effet, dans les phénomènes physiques,
chimiques, mécaniques et organiques. On a aujourd'hui différents moyens de
la produire. On la mesure et on l'applique aux usages les plus divers. Elle a
cette propriété particulière que ses effets peuvent se transmettre par des conduc-
teurs métalliques plus facilement et plus loin que ne peuvent le faire ceux de
la vapeur par les intermédiaires mécaniques.
(( Elle ne se borne plus à envoyer à distance des signes télégraphiques ;
elle reproduit les sons et la parole elle-même. Elle contribue à la sécurité de
l'exploitation des chemins de fer; l'agriculture et la marine lui doivent des indi-
cations météorologiques de plus en plus utiles ; elle éclaire les rues, les places
publiques, les magasins, les ateliers. Elle devient pour les arts et l'industrie un
auxiliaire universel.
« Les savants et les industriels cherchent aujourd'hui, dans tous les pays
du monde, à perfectionner les moyens de produire et d'utiliser la force nou-
velle. Les résultats obtenus sont déjà considérables et nombreux, mais souvent
encore insuffisants ou incomplets. Il y aurait un grand intérêt à préciser l'état
de la science électrique et de ses applications, à rapprocher et à comparer les
procédés de rechefches, afin d'imprimer aux efforts faits de toutes parts une
direction qui .les facilite et assure leur succès.
« Les expositions internationales et les congrès scientifiques qui les com-
plètent si utilement ont permis de montrer les applications pratiques à côté de
la théorie. C'est ce qui nous conduit à vous proposer de réunir un Congrès
international d'électriciens et d'autoriser simultanément une Exposition inter-
nationale d'électricité qui sera, pour ainsi dire, le laboratoire du Congrès. Cette
exposition comprendra tout ce qui concerne l'électricité : elle réunira les appa-
reils de toute nature et de toute provenance servant à la faire naître, à la pro-
pager et à l'utiliser.
« Le Congrès convoqué par le Gouvernement français appellera à Paris les
électriciens les plus illustres. Ces représentants de la science merveilleuse qui
vient à peine de révéler l'immensité de ses ressources et qui déconcerte l'esprit
par ses surprises incessantes discuteront les résultats acquis et les idées nou-
vellement émises; ils grouperont et coordonneront leurs forces afin d'utiliser
sûrement les observations faites dans chaque contrée et de s'aider mutuellement
. dans leurs investigations futures.
« Les nations étrangères conviées par la France saisiront avec empresse-
ment cette occasion de codifier, pour ainsi dire, la science électrique, et d'en
sonder les profondeurs. Elles sauront gré au Gouvernement de la République
française de s'être fait le promoteur d'une manifestation scientifique dont
l'opportunité ne parait pas contestable, et qui aura pour corollaire l'Exposition
internationale d'électricité. »
Nous avions arrêté d'abord de confier l'Exposition à l'industrie privée. Nous
avons bientôt compris que cette mesure ferait hésiter nos industriels à se pré-
senter à l'Exposition, surtout ceux qui appartiennent aux nations étrangères.
Pour que l'Exposition ait toute son ampleur et tout son éclat, il faut qu'elle soit
directement organisée par le Gouvernement.
Une association confiante dans le succès de Pœuvre s'est, du reste, présen-
tée pour garantir la perte.
Les souscripteurs ont voulu témoigner de leur désintéressement et du sen-
timent patriotique qui les anime, car, s'ils consentent à courir des risques, ils
8 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
renoncent à tous bénéfices, et si, comme tout le fait espérer, les recettes
dépassent les dépenses, l'excédent sera employé à une œuvre scientifique d'in-
térêt général.
Néanmoins le Gouvernement ne saurait s'en désintéresser, et nous vous
demandons de vouloir bien autoriser la participation de FÉtat jusqu'à concur-
rence de cent cinquante mille francs.
Quant au Congrès, il doit être sous la responsabilité unique de l'État. C'est
à ce titre que nous vous demandons de vouloir bien ouvrir un crédit destiné à
couvrir les frais généraux du Congrès, les expériences auxquelles il sera néces-
saire de procéder, l'impression des rapports, les frais divers, etc. Ces dépenses
sont évaluées à 150,000 francs.
Ces crédits, s'élevant au total à 300,000 francs, seront imputés au budget
de l'exercice 1880.
PROJET DE LOI
Le Pbésident de la République française
DÉCRÈTE :
Le projet de loi dont la teneur suit sera présenté à la Chambre des
Députés par le Ministre des Postes et des Télégraphes et par le Ministre
des Finances, qui sont chargés d'en exposer les motifs et d'en soutenir la
discussion :
Article premier. — Le Ministre des Postes et des Télégraphes est
autorisé à contribuer, à titre de subvention pour le compte de l'État et pour
une somme de d 50,000 francs, aux frais de l'Exposilion internationale
d'électricité de 1881.
Art. 2. — Il est ouvert au Ministre des Postes et des Télégraphes
sur l'exercice 1880, au delà des crédits ouverts par la loi de finances du
21 décembre 1879, un crédit extraordinaire de 300,000 francs qui sera
classé à la 2* section aux chapitres ci-après :
Chapitre IX septies : Subvention de TÉlat à TExposition internationale
d'électricité 150,000 fr.
Chapitre IX octies : Dépenses du Congrès international des
Électriciens 150,000 »
Total 300,000 fr.
11 sera pourvu aux crédits ci-dessus au moyen des ressources générales
du budget ordinaire de 1880.
Art. 3. — Les actes à réaliser, soit par le Ministre des Postes et
des Télégraphes, soit par le Commissaire général, à raison du Congrès et
PROJET DE LOI. 9
de l'Administration de l'Exposition d'électricité, seront dispensés du timbre
et enregistrés gratis lorsqu'il y aura lieu à l'enregistrement.
Fait à Paris, le 6 décembre 1880.
JULES GRÉVY.
Par le Président de la République :
Le Ministre des Postes et des Télégraphes,
Ad. Goghbry.
Le Ministre des Finances^
J. Magmn.
RAPPORT
FAIT AD NOM DE LA COMMISSION DU BUDGET
FAR
M. CROZET-FODBNEYRON
Député.
Messieurs,
Dans un rapport à M. le Président de la République, M. le Ministre des
Postes et des Télégraphes a fait ressortir les avantages qui pouvaient résulter,
pour tous, de Touverture d'une Exposition internationale d'électricité et de la
convocation d'un Congrès international des électriciens.
Un décret du 3 octobre dernier a consacré ces deux idées, en autorisant le
Ministre à présenter à la Chambre le projet de loi dont vous êtes saisis.
Tout le monde est frappé des progrès considérables qui ont été réalisés et
des résultats déjà acquis dans cette branche des sciences physiques, et on
attend d'elle plus encore qu'elle n'a donné.* Chaque jour les savants observent
des phénomènes nouveaux, en recherchent les causes, créent des théories, pen-
dant que d'ingénieux constructeurs réalisent par des organes mécaniques nou-
veaux, ou par des combinaisons nouvelles d'organes déjà connus, de merveil-
leuses machines qu'ils essayent de plier à mille applications diverses.
Hier encore, ces machines, tout ingénieuses qu'elles fussent, n'étaient que
des appareils de laboratoire servant à renseignement, à la démonstration, aux
expériences, aux recherches.
Aujourd'hui elles rendent à l'État, aux grandes administrations, à Tindus-
trie, aux particuliers, les plus précieux, les plus indispensables services.
Il sufût, pour s'en convaincre, de parcourir le champ des apTpiications déjà
faites :
A la télégraphie et à la téléphonie ;
A l'éclairage public et privé, phares, signaux ;
40 CONGUKS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
A ia transmission des signaux qui assurent la sécurité dans Teiploitation
des chemins de fer, des mines, d'un grand nombre d'industries ;
A Pétude des sciences physiques et chimiques ;
A Part militaire;
A la galvanoplastie ;
Aux beaux-arts ; ^
Aux arts mécaniques, à Phorlogerie;
A la médecine et à la chirurgie ;
A la transmission instantanée des observations météorologiques si utiles à
l'agriculture et à la navigation ;
Enfin les mille applications aux usages domestiques.
Autant de branches d'une science qui date de quelques années, branches
qui s'étendent chaque jour et sur lesquelles viennent chaque jour se greflfer des
branches nouvelles.
Mais si nous constatons avec bonheur ce mouvement fécond, cet entraîne-
ment qui porte savants et inventeurs à l'étude de ces questions si intéressantes
qui sollicitent leurs efforts, il faut malheureusement reconnaître que ces efforts
sont restés jusqu'à présent trop disséminés, trop isolés, et qu'il y a dans cet iso-
lement une raison évidente d'impuissance, de stérilité au moins relative.
Pour que chacun de ces laborieux pionniers dirigeât ses travaux avec
méthode et surtout avec fruit, il faudrait qu'il connût bien, pour les utiliser au
i)esoin, les travaux de ceux qui ont étudié ou étudient les mêmes questions,
avant lui ou à côté de lui.
Or on ne peut compter, pour cela, ni sur les communications aux corps
savants qui ont trop peu de retentissement, ni sur des publications périodiques,
ni sur les ouvrages spéciaux de quelque étendue, déjà vieillis avant d'être ache-
vés en ce temps de fiévreuse production, ouvrages et publications qui ne sont
consultés, du reste, que par quelques lecteurs privilégiés.
D'autre part, si on compte sur la publicité faite par les inventeurs eux-
mêmes, les bruyantes réclames du charlatanisme étoufferont le plus souvent la
voix des inventeurs modestes.
C'est à ce besoin véritable de propagation, de vulgarisation et de sélection
que vient répondre ce double projet d'une Exposition d'électricité et d'un Con-
grès d'électriciens fonctionnant simultanément.
L'Exposition va appeler, produire, grouper, opposer tous Jes appareils
inventés en France et à l'étranger, les.uns connus déjà et utilisés dans une pra-
tique journalière, les autres à l'état rudimentaire, d'autres enfin qui n'existent,
même pas à l'heure où nous parlons.
Quant au rôle du Congrès, il se trouve tracé dans le passage suivant du
rapport au Président de la République :
« Le Congrès convoqué par le Gouvernement français appellera à Paris les
électriciens les plus illustres. Ces représentants de la science merveilleuse qui
vient à peine de révéler l'immensité de ses ressources et qui déconcerte Tesprit
par ses surprises incessantes discuteront les résultats acquis et les idées nou-
vellement émises ; ils grouperont et coordonneront leurs forces afin d'utiliser
sûrement les observations faites dans chaque contrée et de s'aider mutuelle-
ment dans leurs investigations futures.
« Les nations étrangères saisiront avec empressement cette occasion unique
de codifier, pour ainsi dire, la science électrique et d'en sonder les profon-
deurs, »
PROJET DE LOI. 44
Vous voyez, Messieurs, les magnifiques résultats qu'on peut attendre d'une
entreprise de cette nature.
Pour provoquer efficacement cette grande manifestation au profit de la
science électrique, il faut qu'un Gouvernement prenne Tinitialive de la convo-
cation internationale.
C'est à la République française que revenait cet honneur.
Et quel pays y pourrait plus légitimement prétendre que celui des Ampère
eldes Arago?
Quel moment serait mieux choisi que celui où se produit, au milieu d'une
paix profonde, cet irrésistible élan de tous les chercheurs, théoriciens et prati-
ciens, à la conquête de méthodes et de moyens nouveaux?
Mais si l'initiative et le patronage du Gouvernement sont indispensables,
pour une œuvre de cette ampleur, le Ministre qui l'a préparée n'a pas voulu que
le Gouvernement en courût seul les risques. A son invitation, un groupe de
citoyens s'est fonné pour la constitution d'un capital de garantie.
Ce capital est déjà à présent souscrit, et les souscripteurs se sont engagés
par contrat formel à n'élever jamais aucune prétention sur les bénéfices qui
pourraient résulter de l'entreprise ; l'excédent des recettes sur les dépenses sera
consacré intégralement à une ou plusieurs œuvres scientifiques d'intérêt général.
Mais l'opération étant ainsi assurée, le Gouvernement de la République ne
saurait s'en désintéresser, et il vous propose de fixer à 300,000 francs la coopé-
ration de l'État à cette œuvre éminemment patriotique. Cette somme sera affec-
tée à couvrir en partie les frais de l'Exposition, les frais du Congrès, les impres-
sions et les dépenses diverses.
En conséquence, nous avons l'honneur de vous proposer d'approuver le
projet de loi dont la teneur suit :
PROJET DE LOI
Article premier. — Le Ministre des Postes et des Télégraphes est
autorisé à contribuer, à titre de subvention pour le compte de l'État et pour
une somme de 200,000 francs, aux frais de l'Exposition internationale
d'électricité de 4881.
Art. 2. — Il est ouvert au Ministre des Postes et des Télégraphes
sur l'exercice 1880, au delà des crédits ouverts par la loi de finances du
21 décembre 1879, un crédit extraordinaire de 300,000 francs qui sera
classé à la 2® section aux chapitres ci-après :
Chapitre IX septies .-Subvention de l'État à l'Exposition internationale
d'électricité 200,000 fr.
Chapitre IX octies : Dépenses du Congrès iulcrnational des
électriciens ^ 100,000 »
Total 300,000 fr.'
Il sera pourvu aux crédits ci-dessus au moyen des ressources géné-
rales du budget ordinaire de 1880.
42 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Art. 3. — Les actes à réaliser, soit par le Ministre des Postes et des
Télégraphes, soit par le Commissaire général; à raison du Congrès et de
l'Administration de l'Exposition d'électricité, seront dispensés du timbre et
enregistrés gratis lorsqu'il y aura lieu à l'enregistrement.
Ce projet de loi a été voté le 13 décembre 1880 par la Chambre des
Députés et transmis au Sénat le li décembre 1880.
PROJET DE LOI
ADOPTÉ PAR LA GHAVBRR DES DÉPUTÉS
ET TRANSMIS AU SÉNAT
EXPOSÉ DES MOTIFS
Le Gouvernement a présenté, le 6 décembre 1880, à la Chambre des Dépu-
tés, un projet de loi portant ouverture au Ministre des Postes et des Télégraphes,
surTexercice 1880, d'un crédit de 300,000 francs pour TExposition internatio-
nale d'électricité et le Congrès international des électriciens.
La Chambre des Députés a adopté ce projet de loi, et nous avons Thonneur
aujourd'hui de le soumettre à vos délibérations.
D'accord avec le Gouvernement, la Commission du budget a augmenté de
50,000 francs le crédit affecté à l'Exposition d'électricité, et diminué de la
même somme le crédit du Congrès international des électriciens.
Le Gouvernement n'a rien à ajouter à l'exposé des motifs qui a été dis-
tribué au Sénat en même temps qu'à la Chambre des Députés.
Le Président de la République française
Décrète :
Le projet de loi dont la teneur suit sera présenté au Sénat par le
Ministre des Postes et des Télégraphes et par le Ministre des Finances, qui
sont chargés d'en exposer les motifs et d'en soutenir la discussion.
PROJET DE LOI
Article premier. — Le Ministre des Postes et des Télégraphes est
autorisé à contribuer, à titre de subvention, pour le compte de l'État et pour
PROJET DE LOI. 43
une somme de 200,000 francs, aux frais de TExposition internationale
d'électricité de 1881.
Art. 2. — Il est ouvert au Ministre des Postes et des Télégraphes
sur l'exercice 1880, au delà des crédits ouverts par la loi de finances du
21 décembre 1879, un crédit extraordinaire de trois cent mille francs
(300,000 fr.) qui sera classé à la 2' section, aux chapitres ci-après :
Chapitre IX septies : Subvention de l'État à l'Exposition internationale
d'électricité 200,000 fr.
Chapitre IX octies : Dépenses du Congrès international des
électriciens 100,000 »
Total 300,000 fr.
Il sera pourvu aux crédits ci-dessus au moyen des ressources géné-
rales du budget ordinaire de 1880.
Art. 3. — Les actes à réaliser, soit par le Ministre des Poatesetdes
Télégraphes, soit par le Commissaire général, à raison du Congrès et de
l'Administration de l'Exposition d'électricité, seront dispensés du timbre et
enregistrés gratis lorsqu'il y aura lieu à l'enregistrement.
Fait à Paris, le 14 décembre 1880.
JULES GRÉVY.
Par le Président de la République :
Le Ministre des Postes et des Télégraphes,
Ad. Cogheht.
Le Ministre des Finances,
J. Magnin.
RAPPORT
FAIT AC NOM DE LA COHHISSION DBS FINANCES
M. FOUCHER DE CAREIL
Sénateur.
Messieurs,
M. le Ministre des Postes et des Télégraphes a pris l'initiative d'un Congrès
international des électriciens et mis sous le patronage de l'État une exposition
d'électricité en 1881.
44 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLEGTBIGIENS.
C'est, pour Pavenir de la science et pour le rôle scientifique de la France,
une mesure de la plussérieuse importance. Elle a été jugée telle par ceux qu'elle
• intéresse en preinière ligne, je veux parler de nos savants électriciens. Tous ont
reconnu qu'elle répondait à un besoin démontré de notre époque.
Voici comment s'exprime l'un d'entre eux sur ce sujet :
« Depuis quarante années environ que la science électrique a pris l'admi-
rable essor que l'on sait, des travaux innombrables se sont amassés. Tant qu'ils
se sont maintenus dans, le domaine purement théorique, il n^ avait qu'un
médiocre inconvénient à les laisser se produire isolément; la notoriété publique,
la discussion des sociétés savantes, l'enregistrement dans les diverses publica-
tions suffisaient à former un corps de doctrines de ces éléments épars. Mais
depuis vingt années, de la science est née une industrie, et certes de premier
ordre ; elle va tous les jours s'avançant à pas de géant dans la voie des applica-
tions utiles. Dès lors, de nouvelles nécessités s'imposent. Il faut un langage uni-
versellement entendu ; il faut un système de mesures précis et reconnu comme
faisant loi pour tous. Sur ces points, il y a des travaux de la plus haute valeur ;
mais leurs auteurs, hommes ou sociétés, ne pouvaient avoir l'autorité néces-
saire pour amener sur leurs propositions l'accord universel indispensable. Il
fallait la discussion et le consentement de tous les hommes compétents, dûment
appelés et autorisés : il fallait un Congrès. »
Du moment que la nécessité du Congrès dit électricien était reconnue,
l'Exposition s'imposait, et elle s'imposait avec le double caractère d'universalité
et de spéciaUté que le Gouvernement a entendu lui donner et qui en garantit le
succès.
En prenant un caractère d'universalité absolue, l'Exposition, dans le cas
actuel, comme le dit exactement le rapport du ministre, devient le « labora-
toire du Congrès ». Par la spécialité, en l'éloignant du contact d'industries
moins fines et de la promiscuité bruyante des gros bataillons de nos exhibitions
universelles, elle concentre la pensée de la France et du monde scientifique
sur le point précis qu'il importe d'élucider : je veux dire la comparaison des
découvertes et la valeur exacte des applications.
L'exposition des appareils d'électricité les plus anciens et les plus nouveaux
fera particulièrement ressortir les progrès accomplis pendant les quarante der-
nières années, et ne pourra que stimuler encore davantage l'esprit d'invention.
La comparaison des moyens employés par les diverses nations pour pro-
duire, transmettre ou appliquer cette précieuse force, quelque analogues qu'ils
puissent être dans leur principe, présentera un grand intérêt dans les détails et
pourra donner lieu aux études les plus fructueuses. Qui sait même si le Con-
grès, ainsi rapproché de cette exposition, ne contribuera pas à faciliter la solu-
tion du grand problème que se posent les savants sur la nature de cette force
mystérieuse que l'on arrive aujourd'hui à produire à volonté, à transformer en
ses diverses variétés, à convertir en chaleur et en lumière et même à emmaga-
siner! La philosophie des sciences s'enrichirait ainsi de sa principale décou-
verte avant la fin de ce siècle qu'on a appelé souvent le siècle de la vapeur et
de l'électricité.
Aussi ceux mêmes qui, sans méconnaître les progrès accomplis, ont des
doutes sur la place que nous y occuperons, ont reconnu l'utilité du Congrès et
de l'Exposition.
En effet, ces doutes fussent-ils justifiés, — et nous ne croyons pas qu'ils le
soient, — nous serions encore d'avis qu'il faut le savoir et qu'une grande
PROJET DE LOI. ^5
enquête est nécessaire sur ce point, comme sur les autres. L'industrie française
doit beaucoup à la science des électriciens français, mais si elle est obligée
désormais d'emprunter une notable part de ses progrès à nos rivaux, il 'faut que
nous le sachions. Les savants français, ainsi mis en contact avec leurs confrères
du monde entier, verront mieux ce qui leur manque. Peut-être en résultera-MI
cette conviction qu'aujourd'hui dans les sciences, comme autrefois dans les
arts, il se fait un continuel échange et de soudains déplacements de supériorité
tels qu'aucun pays ne peut se vanter de tenir longtemps le sceptre scienti-
fique. La lumière nous vient, dit-on, de l'extrême ouest, et Texporlation scien-
tifique devient, avec celle des blés, une des branches les plus actives du com-
merce américain. Nous voulons le croire, mais, pour que la démonstration soit
complète, il faut cette consécration supérieure que donne seul le témoignage
universel.
On le voit, tout concourt à la nécessité d'une grande et décisive enquête et
au succès de cette double épreuve. Si le Congrès doit fixer la langue électrique
universelle, l'Exposition est nécessaire comme laboratoire du Congrès et comme
pierre de touche des inventions. La science et l'industrie la réclament égale-
ment : la première pour empêcher une déperdition de force, diriger cette masse
d'eflforts et synthétiser, s'il se peut, le progrès lui-même; la seconde pour ne
pas absorber la science elle-même, et raisonner d'accord avec elle l'emploi de
sa nouvelle puissance. C'est à la çcience de nous guider vers les sources encore
inexplorées d'un avenir auquel on ne voit plus de limites. Mais l'industrie peut
seule mettre ces forces à notre service, les domestiquer en quelque sorte, faire
l'éducation de l'œil et de l'oreille appelés à décupler, à centupler leur champ
d'action. Il y a là une alliance nécessaire, indissoluble, que le Congrès et l'Expo-
sition ont pour but de constater et de fortifier.
Dans ces conditions, le Gouvernement, après avoir arrêté d'abord do con-
fier l'Exposition à l'industrie privée, a pensé qu^l devait faire appel au concours
des deux Chambres pour l'obtention, sur l'exercice 1880, d'un crédit de
300,000 francs, destiné à l'Exposition et au Congrès. Ce crédit devra être em-
ployé jusqu'à concurrence de 200,000 francs à payer la participation de l'État à
l'Exposition, et pour les 100,000 francs restant à couvrir les frais généraux
du Congrès.
La Chambre des Députés a voté ce crédit dans sa séance du 16 décembre
1880, sans modification.
Votre commission des finances estime que la demande de crédit est justifiée
par les considérations que nous avons l'honneur d'exposer plus haut.. Elle est
d'avis que le Sénat peut voter ce crédit et l'imputerau budget de l'exercice 1880.
En conséquence, elle a l'honneur de vous proposer d'adopter le projet de
loi dont la teneur suit.
PROJET DE LOI
Article premier. — Le Ministre des Postes et des Télégraphes est
autorisé à. contribuer, à titre de subvention, pour le compte de l'État et
pour une somme de 200,000 francs, aux frais de l'Exposition internatio-
nale d'électricité de 1881 .
46 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Art. 2. — Il est ouvert au Ministre des Postes et des Télégraphes,
sur l'exercice 1880, au delà des crédits ouverts par la loi de finances du
21 décembre 1879, un crédit extraordinaire de trois cent mille francs
(300,000 fr.) qui sera classé à la 2* section, aux chapitres ci-après :
Chapitre IX septies : Subvention de l'État à l'Exposition internationale
d'électricité 200,00P fr.
Chapitre IX octies : Dépenses du Congrès international des
électriciens 100,000 »
Total 300,000 fr.
Il sera pourvu aux crédits ci-dessus au moyen des ressources géné-
rales du budget ordinaire de 1880.
Art. 3. — Les actes à réaliser, soit par le Ministre des Postes et des
Télégraphes, soit par le Commissaire général, à raison du Congrès et de
l'Administration de l'Exposition d'électricité, seront dispensés du timbre et
enregistrés gratis lorsqu'il y aura lieu à l'enregistrement.
Ce projet de loi a été adopté par le Sénat dans sa séance du 20 dé-
cembre 1880.
Il a été promulgué le 17 janvier 1881.
LISTE DES MEMBRES DU CONGRÈS
Allemagne (Empire d').
S. A. I'Ambassàdeur extraordinaire et plénipotentiaire de PEmpire d'Allemagne à
Paris.
MM. le D' Brix, ingénieur des Télégraphes, à Berlin.
le D" DU Bois Reymond, professeur, conseiller intime, à Berlin,
le D' CiAusius, conseiller intime, à Bonn.
ËLSAssER, conseiller supérieur du Département des postes germaniques,
commissaire de l'Empire d'Allemagne à l'Exposition internationale
d'électricité, à Berlin.
FôRSTER, professeur, directeur de l'Observatoire de Berlin.
DE Gentzkow, attaché militaire à l'ambassade d'Allemagne, à Paris,
le D' Helmholtz, professeur, conseiller intime du Gouvernement, à Berlin,
le D' HiTTORF, professeur, à Munster,
le D' KiRCHHOFF, professeur, conseiller intime, à Berlin,
le D' Siemens (Werner), conseiller intime du Gouvernement, à Berlin,
le D' VoLLER, directeur de l'Institut de physique, à Hambourg,
le D' G. WiEDEMANN, professour, conseiller aulique, à Leipzig,
le D' DE Zech, professeur, à Stuttgart.
DE Ziemssen, professeur, membre du Conseil supérieur de médecine, à
Munich.
Argentine (Gonlédération).
MM. I'Envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de la Confédération
Argentine à Paris,
le colonel Mansilla (Lucio-Victorio), agent militaire de la République en
Europe.
Autriche (Empire d')«
S. E. FAmbassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'Autriche-Hongrie à Paris.
MM. le D' Mach, professeur à l'Université de Prague, membre de l'Académie des
sciences de Vienne.
leD'' Hermann MiuTZER, conseiller de section au ministère Impérial et Royal
du commerce, membre correspondant de l'Académie des sciences de
Vienne.
2
18 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Belgique (Royaume de).
MM. TEnvoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire de Belgique à Paris.
Banneux (J.), ingénieur en chef des Télégraphes de TÉtat, membre de la
Commission belge, à Bruxelles.
Barlet (A.), ingénieur en chef, chef du service de Péclairage et du chauf-
fage aux chemins de fer de TÉtat, à Bruxelles.
Bastings (A.), docteur en médecine, membre de la Commission belge, à
Bruxelles.
BkDE (Ë.), ingénieur, membre de la Commission belge, à Bruxelles.
Belpaire (A.), administrateur des chemins de fer de TÉtat, à Bruxelles.
Berge (H.), membre de la Chambre des représentants, professeur de chimie
à l'Université libre de Bruxelles, à Bruxelles.
Delarge (F.), ingénieur en chef, directeur des Télégraphes de FÉtat, à
Bruxelles.
Flamache (A.), ingénieur à l'Administration des chemins de TÉtat, profes-
seur de construction de chemins de fer, à l'École du génie civil, à Gand.
FouRCAULT (F.), administrateur de la Compagnie des bronzes, membre de la
Commission belge, à Bruxelles.
GÉRARD (E.), sous-ingénieur des Télégraphes de l'État, secrétaire du com-
missariat de Belgique, à Bruxelles.
Gilbert (P.), professeur à l'Université de Louvain, à Louvain.
M"« Gloesener (A.), à Liège.
MM. GoDY (L.), capitaine d'artillerie, professeur de physique et de chimie à
l'École de guerre, à Bruxelles.
Gramme (Z.), à Paris.
Jaspar (J.), constructeur, membre de la Commission belge, à Liège.
JouRET (Th.), professeur de chimie appliquée à TÉcole militaire, à Bruxelles.
Le Boolengé (P.), lieutenant-colonel de l*état-major de l'artillerie, membre
de la Commission belge, à Liège.
Malevé (Ch.), capitaine en premier du génie, commandant de la Compa-
gnie des télégraphistes de campagne, membre de la Commission belge,
à Bruxelles.
Maos (H.), membre de l'Académie royale des sciences, directeur général de
l'Administration des ponts et chaussées et des mines, à Bruxelles.
MoNTErioRE-LEvi (G.), ingénieur civil, vice-président de la Commission belge,
à Bruxelles.
MoNTiGNY (C), membre de l'Académie royale des sciences, à Bruxelles.
Neujean (A.), ingénieur chimiste, à Liège.
Pérard (L.), professeur à l'Université de Liège, à Liège.
Rau (Ed.), ingénieur civil, membre de la Commission belge, à Bruxelles.
RoMMELAERE (L.), chimistc, membre de la Commission belge, à Bruxelles.
Rousseau (G.), professeur à l'Université libre de Bruxelles et à l'École mi-
litaire, à Bruxelles.
SoMzÉE (L.), ingénieur honoraire des Mines, vice-président de la Commis-
sion belge, à Bruxelles.
Valérius (H.), professeur à l'Université de Gand, à Gand.
LISTE DES MEMBRES DU CONGRÈS. 49
MM. Van den Kerchove (P.), sénateur, président de la Commission belge de l'Ex-
position internatipnale d'électricité, à Gand.
Van Rysselberghe (F.), météorologiste [à FObservatoire royal de Bruxelles,
membre de la Commission belge, à Bruxelles.
WiTMEUR (H.), ingénieur de FAdministration des ponts et chaussées et des
mines, à Bruxelles.
Brésil (Empire du).
MM. PEnvoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire du Brésil à Paris.
Jamin, membre de l'Institut, à Paris.
Colombie (États-Unis de la).
MM. I'Envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire des États-Unis de la
Colombie à Paris.
Triana (José), naturaliste, consul général de Colombie à Paris.
Gosta-Rica (Républicpie de).
MM. Peralta (Manuel de), envoyé extraordinaire et minisire plénipotentiaire de
la république de Costa-Rica à Paris.
de Linares (Augusto-Gonzales).
Somzée (Léon).
Danemark (Royamne de).
MM. TEnvoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire du Danemark à Paris,
le capitaine John&e, sous-chef au Corps des mines maritimes.
LoRENTZEN (V.), ingéuicur des Télégraphes de l'État, à Copenhague,
le capitaine Lund, sous-chef au Corps des mines maritimes.
\
Espagne (Royamne d*).
S. E. I'Amrassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'Espagne à Paris.
MM. Arantave (Enrique), inspecteur général des Télégraphes, à l'île de Cuba.
BoFiLL (Pedro), employé des Télégraphes.
Camerma y Batalla (Andres), inspecteur des ingénieurs de la marine.
€oRTAZAR (Daniel de), ingénieur des Mines.
GiL Y Mâestre f Amalio), ingénieur des Mines.
MoRER (José), ingénieur-directeur du canal de Isabelle II, à Madrid.
Orduna Y MuNoz (Carlos), directeur de première classe des Télégraphes,
commissaire d'Espagne à l'Exposition dé'lectricité.
Pedroso (Carlos), licencié de la Faculté des sciences.
Perez de la Sala (Pedro), ingénieur-professeur à l'École des ponts et chaussées.
RoïG (Torres), à Barcelone.
SiMARRo (Luis), docteur en médecine.
Togores y Fabregas (Joaquin), inspecteur de première classe des ingénieurs
de la marine.
t
20 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
États-Unis de TAmérique du Nord.
MM. PEnvoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire des États-Unis de
rAmérique du Nord à Paris.
Barker (G.-F.), MD, MNAS, professeur de physique à l'CniTersité de Pen-
sylvanie.
Heap (D.-P.), capitaine du corps du génie.
Herz (D' Cornélius), ingénieur-électricien.
Mac Lean (T.-C), lieutenant de la marine des États-Unis.
RowLAND (Henry-A.), Ph.D, MNAS, professeur de physique à l'Université
de Johns Hopkins, à Baltimore.
(États-Unis du Mezicpie.
MM. PEnvoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire du Mexique à Paris.
Cardenas (Alberto).
CovARRUBiAs (Fraucisco-Dlaz), ingénieur-géographe.
États-Unis de Venezuela.
MM. TEnvoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de Venezuela à Paris.
Borges (Gerardo-M.), directeur général des Télégraphes de Venezuela.
France.
MM. le Ministre des postes et des télégraphes.
le Ministre de l'instruction publique et des beaux-arts.
le Ministre des travaux publics.
le Ministre de la guerre.
le Ministre de la marine et des colonies.
le Ministre de l'agriculture et du commerce.
Berthelot, sénateur, membre de Tlnstitut.
Vie général Frébault, sénateur. /
Wurtz, sénateur, membre de Tlnstitut, président de PAcadémie des sciences.
Bert (Paul), député, professeur à la Faculté des sciences de Paris.
H^ Heryé-Mangon, député, membre de Tlnstilut.
p Lbsguiluer, député, directeur des Chemins de fer de TÉtat.
Becquerel (Ed.), membre de l'Institut.
Breguet (L.), membre de Tlnstitut, membre du Bureau des longitudes.
t Cornu, membre de l'Institut, professeur à l'École polytechnique.
l Daubrée, membre de Tlnstitut, inspecteur général des Mines, directeur de
' l'École nationale des mines.
Desains, membre de l'Institut.
Dumas (J.-B), de l'Académie française, secrétaire perpétuel de l'Académie
des sciences.
FizEAU, membre de Tlnstitut.
Jamin, membre de l'Institut.
Launnb, membre de l'Institut, inspecteur général des ponts et chaussées,
directeur de l'École nationale des ponts et chaussées.
k
i'
LISTE DES MEMBRES DU CONGRÈS. 24
MM. Marey, membre de rinstilut, professeur au Collège de France,
le comte du Moncel, membre de rinslitut.
le lieuteuant-coloDel Perrier, membre de Tlustitut.
Abria, doyen de la Faculté des sciences de Bordeaux.
Allard, inspecteur général des ponts et chaussées, directeur du service
central des phares.
Baron, directeur au Ministère des postes et des télégraphes.
Bergon, directeur au Ministère des postes et des télégraphes.
Bertin-Moorot, sous-directeur de TÉcole normale supérieure.
Blavibr, directeur-ingénieur des Télégraphes, directeur de l'École supé-
rieure de télégraphie.
Boussac, inspecteur en chef du contrôle au Ministère des postes et des
télégraphes.
BouTY, professeur au lycée Saint-Louis.
Bressonet, général de divisiou, président du Comité des fortifications.
GoLLiGNON, ingénieur en chef des ponts et chaussées, inspecteur de TÉcole
nationale des ponts et chaussées.
Crova, professeur de physique à la Faculté des sciences de Montpellier.
Deprez (Marcel), électricien.
Durand-Claye (Léon), ingénieur en chef des ponts et chaussées.
Fontaine, ingénieur, président de la chambre syndicale des électriciens.
Garbe, chargé du cours de physique générale et de météorologie à TÉcole
préparatoire à l'enseignement supérieur des sciences, à Alger.
GoiLLEBOT de Nerville, înspccteur général des mines.
Jabloghkoff, ingénieur-électricien .
jACQBflN, directeur de la compagnie des chemins de fer de l'Est.
JouBERT, secrétaire général de la Société française de physique.
JouRDAN, commandant du génie.
JoussELTN, inspecteur principal de l'exploitation des chemins de fer de
Paris à Lyon et à la Méditerranée.
Lartigue, directeur de la Société générale des téléphones.
Leclère. capitaine d'artillerie.
Le Roux, professeur de physique à l'École supérieure de pharmacie.
Lévy (Maurice), ingénieur en chef des ponts et chaussées, professeur sup-
pléant au Collège de France.
LippMANN, maître de conférences à la Faculté des sciences de Paris,
Mangin, colonel du génie.
Mascart, professeur au Collège de France, directeur du Bureau central
météorologique.
Mathias, ingénieur en chef de l'exploitation du chemin de fer du Nord.
Mathieu, capitaine de vaisseau.
Mercadier, ingénieur des télégraphes, inspecteur des études de l'École su-
périeure de télégraphie.
Mouton, maître de conférences à la Faculté des sciences de Paris.
Neyreneuf, maître de conférences à la Faculté des sciences de Caen.
Peivel, commandant d'état-major, rapporteur de la commission de télé-
graphie militaire.
Planté (Gaston), électricien.
Potier, professeur à l'École des mines et à l'École polytechnique.
22 CONGRÈS [NTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
MM. Raynaud, ingénieur des télégraphes.
Reboul, doyen de la Faculté des sciences de Marseille.
Regnault, inspecteur principal honoraire du mouvement à la compagnie
des chemins de fer de l'Ouest.
Richard, directeur-ingénieur des télégraphes.
le général baron de Saint-Cyr-Nugues, président de la Commission de télé-
graphie militaire.
Sebert, lieutenant-colonel d'artillerie de marine.
Sévène, ingénieur en chef des ponts et chaussées, directeur de la compa-
gnie des chemins de fer d'Orléans.
Terquem, professeur à la Faculté des sciences de Lille.
VioLLE, professeur à la Faculté des sciences de Lyon.
WoLF, astronome titulaire de l'Observatoire de Paris.
Grande-Bretagne et d'Irlande (Royaume-Uni de).
S. E. I'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Grande-Bretagne et d'Ir-
lande à Paris.
MM. Abel. CB, FRS, professeur de chimie, Royal arsenal, Woolwich.
le professeur Adams (W.-Grylls), FRS, à Londres,
le lieutenant A^nstruther (R.-W), RE.
le professeur Ayrton (W.-E.), FRS, BS.
le professeur Barrett (W.-F.), Royal Collège of science, à Dublin.
Sir Charles Bright, CE, commissaire à l'Exposition internationale d'électri-
cité.
MM. Chrystal, FRS, professeur à l'Université d'Edimbourg.
Clark (Latimer), M. Inst. CE, à Londres.
Clifton (R.-B.), FRS, professeur à l'Université d'Oxford.
Earl of Crawford and Balcarres, FRS, commissaire général à l'Exposition inter-
nationale d'électricité.
MM. Crookes (W), FRS, à Londres.
le D' DELA Rue (Warren), DCL, Ph.D, FRS, correspondant de l'Institut (Aca-
démie des sciences), à Londres,
le professeur Dewar (J.), Royal Institution, à Londres.
EvERETT (J.-D.), professeur, FRS, à Belfast (Irlande),
le professeur Fitzgerald (G.),Trinity Collège, à Dublin.
FosTER (G. Carey), FRS, professeur, University Collège, à Londres,
le D' Gladstone (J.-H.), FRS, à Londres.
Gordon (J.-E.-K.).
Graves (E.), ingénieur en chef à l'administration des télégraphes, à Londres,
le D-" Hopkinson (John), FRS, à Londres,
le professeur Hughes, DE, FRS, commissaire à l'Exposition internationale
d'électricité,
le professeur Jenkin (Fleeming), FRS, professeur à l'Université d'Edim-
bourg.
MouLTON (J.-F.), FRS, à Londres.
Preece (W.-H ), FRS, électr'''ien en chef de l'Administration des télégra-
phes, à Londres.
LISTE DES MEMBRES DU CONGKÈS. g.^
Lord Rayleigh, FRS, professeur de physique à l'Université de Cambridge.
MM. le D' Siemens (C.-W.), DCL, LLD, FRS, à Londres.
Smith, FRS, professeur à TUniversité d'Oxford.
Smith (Willoughby), à Londres.
Spagnoletti (C.-E,), à Londres.
Spotiiswoode (W.), président de la Société royale, DCL, LLD, à Londres.
Stroh.(A.).
le professeur Tait (P. G.), à Edimbourg.
Sir William Thomson, FRS, LLD, professeur à l'Université de Glasgow.
MM. le professeur Tyndall (J.), FRS, DCL, LLD, Royal Institution, à Londres.
Varley (Cromwell), FRS, à Londres.
Walker (C.-V.), FRS, à Reigate.
le lieutenant-colonel Webber (C), RE, commissaire à l'Exposition interna-
tionale d'électricité.
Grèce (Royaume de).
MM. I'Envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de Grèce à Paris.
Argyropoulo (Timoléon), professeur de physique à l'École militaire d'A-
thènes.
Protopappadaxy.
Guatemala (République du).
M. Crisanto-Medina, ministre de la République du Guatemala à Paris.
Hongrie (Royaume de).
M. le baron Eôvôs (Lorand), professeur de physique à l'Université de Budapest
et membre de l'Académie hongroise des sciences.
Italie (Royaume d').
S. E. TAmbassadedr extraordinaire et plénipotentiaire d'Italie à Paris.
MM- Ferraris (Galileo), professeur de physique industrielle au Musée royal in-
dustriel de Turin, délégué du musée industriel de Turin.
Govi (Gilbert), professeur de physique à l'Université de Naples, délégué du
Gouvernement italien, commissaire général d'Italie à l'Exposition d'é-
lectricité.
PiccoLi (Valentin), ingénieur.
RossETTi (François), professeur de physique à l'Université de Padoue, délé-
gué du ministère de l'instruction publique.
Japon (Empire du).
MM. I'Envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire du Japon à Paris.
Becquerel (Henri), ingénieur des ponts et chaussées, répétiteur à l'École
polytechnique.
24 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Luxembourg (Grand-duché de).
MM. le Chargé d'affaires du Luxembourg à Paris,
WiLuèRfe, ingénieur, directeur des chemins de fer du Prince Henri, à
Luxembourg.
Nicaragua (République de).
MM. TEnvoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire du Nicaragua à Paris.
Petttdidier (Arthur), consul général du Nicaragua à Paris.
Norvège (Royaume de).
MM. FEnvoté: extraordinaire et ministre plénipotentiaire de Suède et Norvège à
Paris.
Brôch (O.-J.), ancien ministre, professeur à l'Université de Christiania.
BoGGÉ (J.-U.-F.), inspecteur des télégraphes de Norvège.
KoREN (B.-J.-R.), capitaine de la marine royale de Norvège, chef du service
des torpilles.
Pays-Bas (Royaume des).
MM. I'Envoté extraordinaire et ministre plénipotentiaire des Pays-Bas à Paris,
le D' BosscBA (Johannes), directeur de l'École polytechnique, à Deift.
Collette (J.-H.), inspecteur, chef du service technique des télégraphes des
Pays-Bas.
Van Kerxwuk (J.-J.)» membre des états généraux, à La Haye.
Portugal (Royaume de).
MM. I'Envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire du Portugal à Paris.
d'Andrade Corvo, ministre d'État honoraire, pair du royaume de Portu-
gal,
le conseiller de Barros (Guillermino-Augusto), directeur général des
postes, télégraphes et phares du royaume de Portugal,
le D' DOS Santos Viegas (Antonio), professeur à l'Université de Coîmbre,
Russie (Empire de).
S. E. I'Ambassadecr extraordinaire et ministre plénipotentiaire de Bussie h Paris.
MM. Avenartus, conseiller d'État, professeur à l'Université impériale de Kieff.
BoRGMANN, professeur de physique, délégué de la Société de physique de
Bussie. * •
Dechevow (Michel), conseiller d'État, chimiste et ingénieur des mines, dé-
légué par l'Expédition pour la fabrication des papiers de l'État, à Saint-
Pétersbourg.
Egoroff (Nicolas), professeur de physique à l'Université impériale de Var-
sovie.
£1:.
LISTE DES MEMBRES DU CONGRÈS. 25
MM. LATCHiNorF (Dmitry), professeur de physique, délégué de la Société impé-
riale polytechnique, commissaire à l'Exposition internationale d'élec-
tricité.
Lenz, conseiller d'État actuel, professeur à l'Institut technologique, à Saint-
Pétersbourg.
Lermontow (Vladimir), délégué par la Société de physique de Russie.
LiKHÂTGHEFF, vice-amiral, attaché naval auprès de l'ambassade de Russie eu
France.
Okschewsky (Thomas), ingénieur technologue de 1'* classe, délégué par
l'Expédition pour la fabrication des papiers de l'État, à Saint-Péters-
bourg.
Radiwanowsei, capitaine (}u génie.
RouTKOwsKi (Mietchislas de), ingénieur délégué par le ministère impérial
des voies de communication.
Slouginoff, professeur de physique,
SroLETOw (Alexandre), professeur de physique à l'Université impériale de
Moscou, délégué de la Société impériale des Amis des sciences natu-
relles et du Musée polytechnique de Moscou, conseiller d^État ac-
tuel.
TcHiKOLEFF (Vladimir), directeur de l'éclairage électrique au département
de l'artillerie, à Saint-Pétersbourg.
Vi^ALBERG, général-iriajor du génie.
Salvador (République de).
MM. le Ministre plénipotentiaire de Salvador h Paris.
Tresca (Gustave), conservateur adjoint des collections du Conservatoire des
arts et métiers, attaché à la Commission internationale du système mé-
trique.
Suède (Royaume de).
MM. I'Envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de Suède et Nor-
vège à Paris.
Dahlander (G.-R.), professeur de physique à l'École polytechnique supé-
rieure, à Stockholm.
NoRDLANDER (0.), dircctcur général des télégraphes.
Ntstrôm (C.-A.), chef du bureau technique de l'Administration des télé-
graphes de Suède, commissaire à l'Exposition internationale d'élec-
tricité.
Thalén (T.-R.)i professeur de physique à l'université d'Upsala.
Suisse (Goniédération).
MM. TEnvoté extraordinaire et ministre plénipotentiaire de la Confédération
suisse à Paris,
le professeur Hagknbach, à Bâle.
26 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
MM. RoTHEN (Timolhée), adjoint à la Direction des télégraphes, à Berne,
le professeur Wartmann, à Genève.
Weber (F.), professeur à l'École polytechnique de Zurich.
CHANCELLERIE
MM. le D' D'AnsoNVAL, préparateur au Collège de France.
Cabanellas, ancien lieutenant de vaisseau.
Cantagrel, ingénieur.
Delahaye, ingénieur.
Gawel, ingénieur des ponts et chaussées, agrégé de physique à, la Faculté
de médecine.
Géraldy (Franck), publiciste.
Hospitalier, ingénieur des arts et manufactures.
Napoli, ingénieur à la compagnie des chemins de fer de TEst.
Niaodet, ingénieur.
Pellat, professeur au lycée Louis-le-Grand.
\ Sartiaux (E.), ingénieur à la compagnie des chemins de fer du Nord.
I Teisserenc de Bort (Léon), chef du service de météorologie générale au
f Bureau central météorologique.
SECRETARIAT
MM. Seligmann-Lui, ingénieur des télégraphes.
Cailho, élève-ingénieur des télégraphes.
CoNsiGNY, élève-ingénieur des télégraphes.
Durègne, élève-ingénieur des télégraphes.
GiDEL, élève-ingénieur des télégraphes.
Guerville, élève-ingénieur des télégraphes.
Massin, élève-ingénieur des télégraphes.
de Nerville, élève-ingénieur des télégraphes.
Schiffer, élève-ingénieur des télégraphes.
Thomas, élève-ingénieur des télégraphes.
DE Lv TouANNE, élève-ingéuleur des télégraphes.
i —
k&.
SÉANCES PLÉNIÈRES
PREMIÈRE SÉANCE
15 septembre 1881.
PRÉSIDENCE DE M. ÂD. GOGHERY
Ministre des Postes et des Télégraphes.
M. LE Ministre prend place au bureau à trois heures quinze minutes^
et déclare la séance ouverte.
Il s'adresse en ces termes aux membres du Congrès :
« Messieurs,
« En invitant toutes les nations à prendre part à notre Exposition, en
leur ouvrant les portes de ce Congrès, nous avons obéi à la nécessite
d'étendre le domaine de la science et de ses applications.
« Notre but a été compris et accepté. Toutes les nations se sont
empressées de répondre à notre appel. L'Europe entière est représentée
dans cette enceinte. Les États-Unis d'Amérique y siègent. L'Amérique du
Sud y occupe une place importante. Les divers gouvernements nous ont
envoyé leurs plus illustres savants; ils ont choisi des hommes que nous
connaissions déjà par les éminenls services qu'ils ont rendus à la cause du
progrès.
ce Au nom de la France, je vous exprime toute notre gratitude.
« Vous êtes les bienvenus !
cC La haute autorité de vos connaissances, votre grande expérience
rendront facile la solution des questions qui vont s'imposer à vos délibé-
rations.
« Ces questions, je n'ai pas besoin de le dire, offrent un immense
intérêt.
28 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
'( L'électricité, cet agent incomparable, s'asservit de plus en plus aux
besoins modernes et promet des conquêtes illimitées.
« Beaucoup a été fait. Mais combien ne reste-t-il pas à faire!
« Si la science de Télectricité a un passé, si sa première manifesta-
tion, celle même qui lui a donné le nom qu'elle porte, remonte à une
époque philosophique de l'antiquité, il faut reconnaître que, pendant de
longs siècles, elle a été stérile; c'est qu'elle était circonscrite dans le
domaine exclusif de la métaphysique.
« Mais un jour est venu où la polémique de l'école a fait place à
l'investigation expérimentale. Alors surgirent les premiers appareils
électriques dont on faisait timidement jaillir quelques étincelles, image
très affaiblie que la science naissante donnait du majestueux phénomène
de la foudre.
« Puis apparut la bouteille de Leyde, dont les effets impressionnèrent
si vivement les contemporains.
« Franklin parvint à tirer l'éclair d'un nuage orageux et forgea le
paratonnerre.
« On savait produire l'électricité statique ; Coulomb la mesura et en
formula les lois : mais que de peine encore pour la retenir, pour la
conserver !
. « Avec Galvani, avec Volta, le xix* siècle inaugure l'ère des décou-
vertes décisives qui donnèrent l'élan au mouvement prodigieux auquel
nous assistons. Dès l'année 1800, Volta construit la pile : le courant
électrique est trouvé et l'on peut constater l'électricité dans les actions
chimiques ; or l'électricité dans les actions chimiques, c'est déjà l'électri-
cité partout.
« Aussi, comme cette science se développe! Les noms des initiateurs
se présentent en foule à ma pensée : Davy, GErsted, Ampère, Arago,
Faraday, tant d'autres que je pourrais citer avec non moins de justice,
posent les principes essentiels de l'électricité dynamique, d'où vont sortir
les progrès modernes. Les praticiens viennent à leur suite ; ils s'emparent
des révélations de la science, ils les fécondent et donnent au monde la
télégraphie, la galvanoplastie, la lumière électrique, les applications
médicales et chirurgicales, le transport de la force, son emmagasinement,
la téléphonie.
« On pressent facilement que nous ne sommes qu'au début des
découvertes : celles qui naissent sous nos yeux sont merveilleuses, mais
elles sont surtout pleines de promesses. Les inventions des praticiens
deviennent à leur tour des éléments précieux pour les recherches scienti-
PREMIÈRE SÉANCE. Î9
fiques, et Tindustrie prête ainsi un concours essentiel aux savants.
« C'est sous ces impressions que nous avons été conduits à ouvrir
une exposition, d'électricité et à réunir un Congrès international de
savants électriciens. Vous me permettrez, en cette circonstance, de ne
pas oublier de rendre hommage à l'heureuse initiative de MM. de Frey-
cinet et Varroy, mes anciens collègues, à celle de M. Sadi Carnot, mon
collègue actuel, qui ont eu leur bonne part dans cette œuvre. Nous
avons la conscience d'avoir répondu aux intérêts et aux désirs de toutes les
nations.
« L'Exposition et ce Cqngrès auront le précieux avantage de
soumettre au contrôle exact de la science et de l'expérience pratique des
découvertes qui, par le fait d'une publicité hâtive et prématurée, auraient
parfois surpris l'imagination.
« L'Exposition internationale à laquelle nous assistons, la première
qui ait été exclusivement consacrée à l'électricité, inscrira, grâce à vos
travaux, sa date dans l'histoire de la science.
a Elle se produit dans les meilleures conditions; pour s'en con-
vaincre, il suffit de sortir de cette salle, de parcourir les galeries qui
lui font suite, de descendre dans la nef centi-ale : il semble qu'on entre
dans le laboratoire d'un magicien; on va, à chaque pas, de surprise
en surprise.
« Ce sont là les conquêtes faites sur cette puissance jadis si capri-
cieuse et si indomptée, aujourd'hui réduite à obéir au génie de l'homme.
« Chaque pays a sa part de ces conquêtes, chaque pays également
puisera dans le fonds commun une abondante récolte.
(( Il fallait un aréopage.
« Il fallait instruire le public, discuter dans l'intérêt de la science les
procédés et les résultats obtenus.
« Ce sera l'œuvre du Congrès.
« Il vous appartient. Messieurs, et permettez-moi de vous appeler
ainsi, chers collègues, il vous appartient de tirer des richesses accumulées
dans ce Palais de l'Industrie tous les enseignements qu'elles contiennent,
de déterminer les solutions qu'elles provoquent, de porter enfin le champ
de vos investigations soit sur le terrain de l'industrie, soit sur le terrain de
la science pure.
« L'œuvre est grande. Vous êtes à la hauteur nécessaire pour l'ac-
complir.
« C'est donc avec une entière confiance que je déclare ouvert le
Congrès international des électriciens. »
^0 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
M. LE Commissaire général, sur l'invitation de M. le Président,
. <ionne lecture du décret du 23 octobre 1880, instituant le Congrès et
l'Exposition d'électricité, et du décret du 24 octobre 1880, nommant
M. Georges Berger, ancien directeur général des sections étrangères à
l'Exposition universelle de 1878, Commissaire général du Congrès inter-
national et de l'Exposition d'électricité (voir page 1).
M. le Commissaire général présente ensuite les excuses des membres
suivants, empêchés d'assister à la séance de ce jour :
MM. le général Farre, ministre de la guerre ;
le baron de Beyens, ministre plénipotentiaire de Belgique;
d'Arrojo, ministre plénipotentiaire du Brésil ;
Morton (Lévi), ministre plénipotentiaire des Étals-Unis de
l'Amérique du Nord ;
Carey-Foster (FRS.) ;
Hervé-Mangon, député;
Garbe ;
Jacqmin.
M. Regnault offre sa démission pour cause de santé.
M. LE Commissaire général croit être l'interprète du Congrès en pro-
posant de maintenir le nom de M. Regnault sur la liste des membres.
(Assentiment) .
M. LE Président annonce au Congrès la nomination, comme vice-
présidents français, de :
MM. Jules Ferry, président du Conseil des ministres;
Sadi Carnot, ministre des travaux publics.
Il sera donné connaissance du nom du troisième vice-président
français dans la prochaine séance plénière.
M. le Président demande ensuite comment on veut procéder à la
nomination des vice-présidents étrangers.
M. LE Commissaire général, au nom d'un certain nombre de mem-
bres, exprime le désir que les travaux du Congrès soient menés aussi
rapidement que possible, sans nuire cependant à. l'étude des questions
que doit résoudre l'assemblée. Il y a donc intérêt à ce que les vice-pré-
sidents étrangers soient nommés dans la séance actuelle.
M. LE Président fait remarquer qu'il serait heureux de voir durer le
Congrès pour retenir le plus longtemps possible, en France, les savants
étrangers, mais il est obligé de constater que la demande de M. le
PREMIÈRE SÉANCE. 31
Commissaire général répond aux sentiments d'un certain nombre de mem-
bres et il ajoute qu'on devra y satisfaire autant que possible.
(La séance est suspendue à trois heures vingt-cinq minutes pour
permettre à MM. les membres étrangers de se concerter sur la nomina-
tion des vice-présidents. La séance est reprise à trois heures quarante
minutes.)
M. LE Président prie les membres français de ne pas prendre part
au vote sur la constitution du bureau.
Le Congrès décide que les nominations ne seront pas faites au scru-
tin, mais par mains levées.
M. le comte de Cuawford et Balcarres (Grande-Bretagne) propose
les noms suivants :
MM. le professeur Govi (Italie) ;
le D*" Helmholtz (Allemagne) ;
Sir William Thomson (Grande-Bretagne).
Le Congrès, consulté, nomme vice-présidents MM. le professeur Govî,
le D*" Helmholtz et sir William Thomson.
Le Bureau étant ainsi constitué, M. le Président demande au Congrès
s'il entend que les séances soient publiques. Les membres de la presse et
un certain nombre de savants étrangers au Congrès ont demandé à assister
aux séances. Il appartient à cette assemblée de décider si les séances plé-
nières et les séances de section seront publiques
M. VIN Rysselberghe (Belgique) pense que l'on peut admettre la
presse; mais il croit que les demandes seront trop nombreuses si l'on
accueille d'autres catégories d'auditeurs.
M. Mascart (France) croit qu'il serait utile que quelques savants,
présents à Paris, puissent assister aux séances avec voix consultative. Le
Bureau serait chargé d'accorder les autorisations.
M. LE Commissaire général fait remarquer que chaque journal
n'enverrait que son rédacteur scientifique.
M. le Président invite l'assemblée à voter sur la question de savoir
si les savants étrangers au Congrès pourront être admis à assister aux
séances plénières avec voix consultative.
(Adopté à l'unanimité.)
11 prie l'assemblée d'indiquer de quelle manière on statuera sur ces
admissions. Le Congrès décide que le Bureau sera chargé de ce soin.
En ce qui concerne la presse, le Congrès décide que les rédacteurs
scientifiques seront admis aux séances plénières, sous le contrôle du Bureau.
Sî CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
M. LE PA£SiDE?iT donnc lecure du préambule du projet de programme
élaboré en vue des séances du Congrès international des électriciens
par la Commission désignée par les membres français dans la séance du
V' août 1881.
Le Congrès sera divisé en trois sections. Ces sections comprendront :
La première, les physiciens, les chimistes, les physiologistes et, en général,
les personnes qui étudient Télectricilé au point de vue théorique.
La deuxième, les télégraphistes et les ingénieurs de chemins de fer.
La troisième, les électriciens et les ingénieurs qui s'occupent des autres
applications civiles ou militaires de Télectricité.
Les membres du Congrès pourront se fair« inscrire chacun dans plusieurs
sections.
Les séances de sections auront lieu à des heures différentes, afin de per-
mettre à tous les membres d'y prendre part.
Les séances du Congrès comprendront :
1«. — Des séances plénières consacrées à la discussiou des questions exi-
geant une entente internationale et comportant, par suite, un vote du Congrès.
2«>. — Des séances de sections, consacrées à Texposé et à la discussion des
questions présentant un intérêt spécial, qui peuvent donner lieu utilement à un
échange de vues et de renseignements.
3<». — Des séances publiques, sous forme de conférences, dans lesquelles
seront exposées, par les membres du Congrès, qui voudront bien en accepter
la mission, quelques-unes des questions qui attirent en ce moment Tattention.
M. LE Commissaire général donne lecture d'une note développant ce
programme ; elle est ainsi conçue :
PREMIÈRE PARTIE
SÉANCES PLÉNIÈRES
Questions générales soumises au Congrès.
I. — Unités électriques.
Discussion des mesures à prendre pour arriver à l'adoption générale
d'un système international d'unités électriques.
1. — • Nécessité d'une entente pour l'adoption générale d'un système inter-
national de mesures électriques.
2. — Choix du système d'unités à adopter et dénominations à leur donner.
3. — Mesures à prendre pour rétablissement, la conservation et la repro-
duction des étalons internationaux.
PREMIÈRE SÉANCE. 33
4. — Ne convient-il pas de constituer, à cet effet, une Commission inter-
nationale?
5. — Ne pourrait-on pas rattacher l'organisation de cette Commission à
celle du Bureau international des poids et mesures ?
II. — Télégraphie internationale.
Mesures à prendre pour faciliter le service des lignes télégraphiques internationales.
1. — Moyens d'assurer l'emploi des mêmes termes et des mêmes unités pour
la désignation des éléments qui influent sur le fonctionnement des lignes in-
ternationales.
2. — Ne serait-il pas possible d'organiser une étude internationale des cou-
rants terrestres ?
3. — Conventions destinées à régler les conditions d'établissement des
câbles sous-marins, dans les cas de juxtaposition ou de croisement.
4. — Conventions à établir au sujet des signaux distinctîfs et des règles de
navigation à admettre pour les navires employés à la pose ou au relèvement des
câbles sous-marins.
III. — Applications diverses de l'électricité.
Mesures à prendre pour faciliter les relations scientifiques internationales
en ce qui concerne certaines applications spéciales de V Électricité^.
1. — Lumière électnque. — Mesures à prendre pour faciliter la comparaison
des intensités lumineuses.
2. — Électro^hysiologie. — Mesures â prendre pour faciliter la comparaison
des effets obtenus dans l'emploi des appareils électro-médicaux,
3. — Paratonnerres. — Mesures à prendre pour assurer la réunion de ren-
seignements statistiques comparatifs sur Tefflcacité des différents systèmes de
paratonnerres en usage.
DEUXIÈME PARTIE
SÉANCES DE SECTIONS
Questions spéciales pouvant donner lieu à un échange utile d'idées.
première section.
Théorie, — Sources d! électricité. — Paratonnerres. — Électro-physiologie,
1. — Questions concernant la théorie de Télectricité.
2. — Questions relatives â la mesure des courants continus ou alternatifs
de grande intensité.
3. — Questions concernant la physique du globe. Électricité atmosphérique
et magnétisme terrestre.
4 . La solution de ces questions spéciales sera préparée par la discussion qui aura lieu
dans les sections.
3
(t
34 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
4. — Paratonnerres. — Discussion des meilleures conditions d'établisse-
ment des paratonnerres. Serait-il possible de réunir les éléments d'une statis-
tique internationale concernant Tefficacité comparative des différents systèmes
de paratonnerres en usage ?
5. — Questions concernant Télectro-physiologie. — Nécessité de définir,
d'une façon scientifique, les courants dont ;^on fait usage dans les opérations
médicales et d'en rattacher la mesure aux unités électriques.
Meilleurs moyens à employer pour déterminer la nature des phénomènes
électriques qui se produisent chez les animaux.,
6. — Questions réservées à l'initiative des membres.
DEUXIÈME SECTION.
Transmission des signaiLX et de la parole par Vèleciricitè, Télégraphie,
Téléphonie, Chemins de fer,
1. — Questions concernant la Télégraphie.
Comparaison de l'emploi des piles et des machines en Télégraphie.
Des meilleures conditions d'établissement des lignes télégraphiques
aériennes, souterraines et sous-marines, sous le rapport de la conductibilité et
de l'isolement.
Avantages et inconvénients de l'emploi des relais sur les grandes lignes.
Dispositions à adopter pour les paratonnerres des lignes télégraphiques.
— Avantages et inconvénients des fils préservateurs.
L 2. — Questions concernant la Téléphonie.
"^ ^ Difflcultés spéciales que présente l'installation des lignes téléphoniques. —
Causes des perturbations.
3. — Questions concernant les chemins de fer.
Application de l'électricité au service de sécurité des chemins de fer.
Comparaison des systèmes de signaux automatiques et mixtes.
4. — Questions réservées à l'initiative des membres du Congrès.
TROISIÈME SECTION.
Applications industrielles de ï électricité.
1. — Questions concernant l'éclairage électrique.
Mesure de l'intensité lumineuse des sources électriques. Comparaison des
divers procédés photométriques. A défaut d'une unité absolue pour la mesure
des intensités lumineuses, existe-t-il un type qui puisse être recommandé comme
étalon international? Est-il possible d'établir des règles simples pour les mesures
photométriques?
Comparaison des effets des machines à courants continus ou alternatifs.
Conditions spéciales à l'application delà lumière électrique pour l'éclairage
des villes, des ateliers, des mines, des appartements, des phares, des navires
etc..
"" — Questions^ concernant la transmission des forces à distance par l'élec-
tricité.
Emploi de l'électricité pour la transmission des forces à distance, faits con-
PREMIÈRE SÉANCE. 33
DUS et résultats acquis, difficultés à résoudre. Utilisation des forces naturelles
au moyen de l'électricité.
Applications diverses.
3. — Distribution industrielle de Félectricité.
4. — Horlogerie et Chronographie électriques. Appareils enregistreurs et
instruments de précision. Application à la géodésie.
5. — Électro-métallurgie et applications de Télectricité à la chimie.
6. — Questions réservées à l'initiative des membres du Congrès.
TROISIÈME PARTIE
CONFÉRENCES PUBLIQUES.
(programme réservé).
Parmi les sujets qui pourraient être traités, en conférences publiques, la
Commission signale spécialement les suivants :
1. — Sur les mesures électriques.
2. — Sur Téclairage électrique.
3. — Sur la transmission des forces par l'électricité.
4. — Sur la téléphonie et ses applications.
5. — Électricité atmosphérique. Paratonnerres.
6*. — Magnétisme terrestre.
M. LE Président demande si quelque membre désire proposer un
autre projet de programme.
M. VAN Rysselberghe fait remarquer que la deuxième et la troisième
partie du projet de programme (séances de sections et conférences
publiques) contiennent des questions réservées à l'initiative des membres
du Congrès. La première partie au contraire (séances plénières) n'en parle
pas et semble les interdire.
Il croit que c'est apporter une restriction au programme des séances
plénières.
M. Jamin (France), président de la Commission qui a élaboré le
projet de programme, répond que la Commission n'a pas cru devoir
autoriser la discussion, en séances plénières, de questions qui n'auraient
pas été étudiées dans les réunions des sections. Le programme des séances
plénières est trop chargé pour laisser place aux propositions individuelles.
Ces propositions pourront toujours être discutées dans les séances de sec-
tion; les questions d'intérêt international devraient seules être tranchées en
séances plénières.
M. VAN Rysselberghe insiste et croit qu'il n'est pas rationnel de
limiter les discussions des séances plénières aux seules questions pouvant
avoir une sanction officielle.
36 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
M. LE D' Siemens (C. W.) (Grande-Bretagne) croit qu'il est mauvais
de diviser en trois classes les membres du Congrès.
^ M. Jamin fait remarquer que tous les membres peuvent assister aux
délibérations des sections, même à celles pour lesquelles ils ne se seront
pas fait inscrire. Ils peuvent en outre réclamer leur inscription dans plu-
sieurs sections.
M. LE Président donne lecture du paragraphe du projet de pro-
gramme auquel M. Jamin fait allusion.
M. Siemens (C. W.) persiste et explique que ce qu'il demande, c'est
la substitution des choses aux personnes dans la rédaction du préambule.
Ainsi on remplacerait cette formule :
La première Section comprend les physiciens, les chimistes, etc.,
par cellerci :
La première Section s'occupera des questions de physique j chimie, etc.
. M. Mercadier (France) fait remarquer que le paragraphe lu par
M. le Président donnait implicitement satisfaction à M. Siemens.
La partie suivante du préambule est alors adoptée :
a Le Congrès sera divisé en trois sections. Ces sections s'occuperont:
« La première, des questions de physique, chimie, physiologie et, en
général, de Télectricité au point de vue théorique;
« La deuxième, des questions touchant à la télégraphie et aux chemins
de fer ;
« La troisième, des autres applications civiles ou militaires de l'élec-
tricité. »
M. Rau (Belgique) propose de créer une quatrième section, qui
s'occuperait de l'état de l'instruction primaire et supérieure de l'électricité
et du degré des connaissances acquises sur cette science dans les divers pays.
(La proposition, mise aux voix, n'est pas adoptée.)
La fin du préambule est adoptée sans modifications.
Le Congrès décide, en outre, que les sections dresseront le pro-
gramme des questions générales à placer à l'ordre du jour des séances
plénières.
M. LE Président fait remarquer qu'en tranchant la question de publi-
cité des séances, on n'a parlé que des séances plénières ; il croit devoir
demander au Congrès comment il entend procéder pour les séances de
section.
M. Mascart croit que, sauf Tassentîment du Bureau, il serait utile
que les savants étrangers au Congrès pussent être admis aux séances des
sections avec voix consultative.
PREMIÈRE SÉANCE. 37
M. le D' Warren de la Rue (Grande-Bretagne) propose de substituer
le mot invités au mot admis ^ dans la proposition de M. Mascart
M* Jamin demande que les savants assistent seulement comme audi-
teurs.
M. LE Président met aux voix la proposition de M. Mascart.
Celte proposition étant adoptée, il est inutile de consulter l'assemblée
sur les deux autres.
M. LE Président invite MM. les Membres du Congrès à répondre à
l'appel de leur nom, en indiquant à quelles sections ils désirent appar-
tenir.
M. LE Commissaire GÉNÉRAL procède à l'appel nominal, et MM. les
Membres du Congrès choisissent leurs sections.
M. LE Président invite le Congrès à fixer les heures de séance des
sections. On pourrait tenir chaque jour une séance de chaque section.
Le Congrès décide que la première section [Unii^ électriques)
tiendra ses séances tous les matins, à neuf heures et demie.
La deuxième section {Télégraphie internationale) tiendra ses séances
à deux heures du soir.
La troisième section [Applications diverses de réïeclricité) se réunira à
quatre heures du soir.
Les sections tiendront leurs séances dans la salle du Congrès.
M. le colonel Sebert propose de ne faire que deux séances par jour,
en alternant les séances comme suit :
Premier jour, séance plénière et première section ;
• Deuxième jour, deuxième et troisième sections, et ainsi de suite.
M. LE Prjésident fait remarquer que les sections peuvent se réunir
tous les j'ours, si elles le désirent.; mais il fallait déterminer les heures de
réunion de chacune d'elles pour que tous les membres du Congrès eussent
la faculté d'assister à toutes les séances de section.
M. le Président donne lecture du vœu suivant, émis par les membres
belges du Congrès :
« Publication d'un journal spécial rendant compte journellement des
travaux du Congrès et des résultats obtenus. »
Cette feuille serait distribuée aux membres du Congrès et mise à la
disposition du public ; elle constituerait le compte rendu officiel du Congrès.
M. Neujean (Belgique). Le but que poursuit la délégation de Belgique
n'est pas de rassembler les travaux, mais de faire connaître quotidienne-
ment ïiux membres absents ou présents ce qui s'est passé dans le sein du
Congrès.
3S CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
M. LE Président fait connaître qu'on a prévu deux sortes de comptes
rendus :
1° Les procès-verbaux des séances innprimés et distribués chaque jour;
2' Le conopte rendu m extenso contenant tous les travaux soumis au
Congrès.
(L'incident est clos) .
M. Neujean demande au Congrès de vouloir bien fixer de suite la
date de la première séance plénière et l'ordre du jour de cette séance.
M. LE Président croit qu'il faut consacrer la journée du lendemain à
l'organisation intérieure des sections. Il proposé de fixer la prochaine
séance à samedi. On mettrait en discussion la question des Unités élec-
triques.
M. Mascart fait remarquer que la question ne sera pas assez étudiée
pour pouvoir être discutée samedi. Il faudra certainement plus d'une séance
pour apporter au Congrès un travail supportant la discussion.
M. Raynaud (France) partage l'avis de M. Mascart.
SirW. Thomson (Grande-Bretagne), vice-présideni^ propose mardi.
M. Neujean propose samedi.
M. J.-B. Dumas (France) demande au Congrès de se rallier à l'avis
de M. Mascart et de fixer à mardi la prochaine séance plénière.
M. LE Président met aux voix la date de mardi; elle est adoptée à
une grande majorité.
M. le Commissaire général rappelle à MM. les Membres du Congrès
que toutes les sections tiendront séance demain, sans convocation écrite,
aux heures précédemment adoptées.
Séance plénière; mardi, à deux heures. — Ordre du jour : Unités
électriques, ^
La séance est levée à cinq heures dix minutes.
DEUXIÈME SÉANCE
20 septembre 1881.
PRÉSIDENCE DE M. AD. COCHERY
Ministre des Postes et des Télégraphes.
M. LE MiNisTAE ouvre la séance à deux heures dix minutes et pré-
sente au Congrès son collègue, M. le Ministre des Affaires étrangères, qui
a pris place au bureau.
M. LE Ministre fait connaître qu'une dépêche télégraphique vient
d'annoncer la mort du président Garfield. Il pense qu'en présence du deuil
qui frappe une nation amie l'assemblée voudra témoigner sa sympathie
profonde en levant immédiatement la séance.
L'assemblée accepte unanimement cette proposition; la séance est
levée à deux heures quinze minutes et renvoyée au lendemain 21 sep-
tembre, à deux heures.
TROISIEME SEANCE
21 septembre 1S81.
PRESIDENCE DE M. AD. COCHERY
Ministre des Postes et des Télégraphes.
M. LE Président déclare la séance ouverte à deux heures cinq
minutes.
Il rappelle au Congrès que, sur les trois vice-présidents français, deux
ont été déjà désignés : ce sont MM. Ferry, président du conseil des mi-
nistres, et Sadi Carnot, ministre des Travaux publics; il annonce que
M. J.-B. Dumas a été choisi comme troisième vice-président.
La nomination de M. Dumas est accueillie par des applaudissements
unanimes.
M. LE Président demande s'il y a quelque observation sur le pro-
cès-verbal des deux premières séances. Personne ne demandant la parole,
les procès-verbaux sont mis aux voix et adoptés.
M. LE Président rappelle que les dispositions ont été prises et les
ordres donnés pour que les membres du Congrès aient la faculté de
procéder à toutes les expériences qu'ils jugeraient utile de faire sur les
machines et les appareils exposés, et, en particulier, sur les appareils de
l'Administration des postes et des télégraphes de France.
Avant qu'il soit procédé à l'examen des questions traitées dans les
différentes sections, M. Govi (Italie) demande la parole et s'exprime en
ces termes :
« La Bibliographie italienne des travaux relatifs à Vélectricité et au
magnétisme, que j'ai l'honneur d'offrir au Congrès de la part du gouverne-
ment d'Italie, n'est qu'un simple essaie qui pourra recevoir à l'avenir de
nombreux perfectionnements.
TROISIÈME SÉANCE. 41
a Pressés par le temps, MM. les professeurs Rossetti et Cantonî, qui
avaient bien voulu se charger de ce travail, ont fait tous leurs efforts pour
l'accomplir de manière à ne rien négliger d'essentiel dans le dénombre-
ment des livres, des brochures, des mémoires académiques et des notes qui
ont été publiés par des Italiens sur l'électricité et sur le magnétisme.
Mais tous ceux qui se sont occupés de ce genre de travaux savent combien
il est difficile de se procurer les éléments indispensables pour le mener à
bien. Aussi n'est-ce qu'à titre d'essai qu'ils ont livré à l'impression ce
résultat de deux mois de recherches fiévreusement accomplies.
« Tel qu'il est, cependant, Vessai de MM. Rossetti et Cantoni présente
déjà des indications très nombreuses et fort utiles pour l'histoire de l'élec-
tricité. 11 a d'ailleurs le grand avantage (je n'ose pas dire le mérite) d'être,
à ce que je crois, la première bibliographie natiouale d'électricité, et
nous espérons que les savants des autres pays pourront en être engagés à
entreprendre et à publier des travaux analogues, chacun pour sa propre
nationalité.
a Les bibliographies trop générales et se rapportant à trop de contrées
€t de langues différentes ne peuvent plus être, si même elles l'ont jamais
été, l'œuvre d'un seul homme ou d'un seul pays.
a On n'aura de bonnes bibliographies et vraiment profitables, qu'en
laissant à des spécialistes des différentes nations le soin de compiler des
bibliographies spéciales et limitées aux contrées qu'il habitent.
« Cet essai n'est donc qu'une sorte d'appel fait par l'ItaUe à tous ceux
qui s'occupent de l'électricité et du magnétisme, et nous serons trop heureux
si les membres du Congrès veulent bien l'agréer, et le distancer bientôt
par des pubKcations plus parfaites.
« Peut-être l'exemple trouvera-t-il des imitateurs pour les autres
branches de la. philosophie naturelle. Les travailleurs le souhaitent vivement,
et le Congrès pourrait rendre un véritable service à la science en accor-
dant ses encouragements et son concours à cette première tentative,
quelque imparfaite qu'elle puisse être, des électriciens d'itjilie. »
M. Elsasser (Allemagne) présente et dépose sur le bureau du
Congrès un exemplaire de la réimpression d'un mémoire d'Otto de
Guericke.
M. LE Président donne la parole à M. Mascart, secrétaire de la pre-
mière section, pour faire connaître au Congrès les questions traitées et les
décisions prises par cette section.
M. Mascart (France) donne lecture des résolutions prises par la
Commission des Unités électriques et proposées à la première section :
42 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
1® On adoptera pour les mesures électriques les unités fondamentales r
centimètre, masse du gramme, seconde (C. G. S.);
2° Les unités pratiques, VOhm et le Volt, conserveront leurs défini-
tions actuelles : 10* pour Tohm et 10® pour le volt;
3"* L'unité de résistance (ohm) sera représentée par une colonne de
mercure d'iïn millimètre carré de section à la température de zéro degré
centigrade ;
4** Une Commission internationale sera chargée de déterminer, par de
nouvelles expériences, pour la pratique, la longueur de la colonne' de
mercure d'un millimètre carré de section à la température de zéro degré
centigrade qui représentera la valeur de l'ohm.
A ces quatre premières résolutions ont été ajoutées les trois proposi-
tiens suivantes :
5° On appelle Ampère le courant produit par un volt dans un ohm ;
6** On appelle Coulomb la quantité d'électricité définie par la condi-
tion qu'un ampère donne un coulomb par seconde;
7** On appelle Farad la capacité définie par la condition qu'un cou-
lomb dans un farad, donne un volt.
M. Mascart exprime le vœu que sir William Thomson, avec l'au-
torité qui s'attache à son nom, veuille bien donner au Congrès quelques
explications sur le sens et la portée de ces résolutions.
Sir William Thomson (Grande-Bretagne) présente le résumé des con-
sidérations qui ont inspiré les membres de la première section dans le
choix des unités et des nouvelles dénominations proposées et rend, à cetle
occasion, hommage aux travaux de M. Siemens :
a Dès le début de ces séances, il a été question des unités fondamen-
tales employées au commencement de ce siècle par la Commission fran-
çaise, et lorsque le Congrès a dû s'occuper d'établir, pour les quantités
électriques, un système analogue au système métrique, il n'a cru pouvoir
mieux faire que de conserver, pour unité de longueur, le centimètre; pour
unité de masse, le gramme-masse ; pour unité de temps, la seconde. De là
dérivent, par des considérations qui ont été développées par MM . Gauss
et Weber, et mises en application par ce dernier, un système absolu pour
mesurer la résistance, la force électromotrice et l'intensité d'un courant,
en unités fondées sur les unités fondamentales choisies. Mais ces unités ne
seraient pas commodes pour la pratique, quelques-unes étant trop petites,
quelques autres trop grandes, et c'est en multipliant, c'est en prenant
pour mesure pratique de résistance une résistance qui est représentée
dans le système absolu par une vitesse de 1,000 millions dé centimètres
TROISIÈME SÉANCE. 43
par seconde, que Ton obtient Tohm que la Commission propose au Congrès
de maintenir; de même le volt correspond à 100 millions d'unités C. G. S.
de force électromotrice.
a Mais sous cette forme, dans cette définition, ces unités n'existent
que dans les conceptions des géomètres et des physiciens. Il a paru né-
cessaire d'en avoir des représentations concrètes, et, dans ce sens, il a
paru préférable de recourir à une définition par une colonne de mer-
cure répondant à. certaines conditions géométriques.
« On avait pour cela plusieurs raisons. En premier lieu, on ne peut
comparer les autres étalons qu'en les transportant en un même endroit.
Ensuite la permanence des alliages métalliques n'est pas absolument hors
de soupçon. La trempe exerce sur eux une influence encore mal connue;
c'est un des points qu'examinera sans doute la Commission internatio-
nale qui créera les étalons. En outre, un étalon de métal solide n'a pas
les deux avantages que M. Siemens a signalés h la Commission comme
propres aux étalons mercuriels; à savoir, que l'unité de mercure définie
géométriquement peut être reproduite en tout point du globe, sans transport
d'autre étalon que celui qui est déjà répandu partout, celui du mètre ; et que
l'approximation que Ton peut réaliser par cette méthode est de beaucoup
supérieure à celle que fournira une reproduction en fils de métal mesurés
. géométriquement.
a En attendant les décisions ultérieures, où la valeur de l'unité C. G. S.
servira de base, et où les méthodes les plus exactes seront employées, la
Commission n'a pas cru devoir modifier les étalons actuellement en usage.
Ainsi s'expliquent les quatre premières propositions.
« Il existe d'autres quantités électriques dont la mesure est souvent
négligée dans la pratique, parce que l'on manque de noms pour les dési-
gner et les rendre accessibles. La Commission, désireuse de rattacher au
système les noms d'Ampère, le fondateur de l'électro-dynamique, et de
Coulomb, à qui l'on doit les premières déterminations et le fondement de
la science de l'électro-statîque, propose de donner les noms d'ampère et de
coulomb aux mesures de courant et de quantité d'électricité. Enfin le nom
de Faraday sera aussi conservé dans le farady comme mesure de capacité.
Ainsi le volt (unité de force électromotrice) agissant dans un ohm (unité
de résistance) donne un courant de un ampère, c'est-à-dire de un coulomb
(unité de quantité) par seconde ; et le farad est la capacité d'un conden-
sateur qui contient un coulomb, quand la différence de potentiel entre ses
deux plaques est un volt. »
44 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
A la suite de ces explications, M. Warren de la Rue (Grande-
Bretagne) faitja déclaration suivante :
« L'unanimité dans les importantes décisions de la première section
est due en même temps à l'esprit conciliant de tous nos savants collègues
et à la direction élevée de notre illustre président, M. Dumas. »
M. Helmholtz (Allemagne) croit nécessaire d'indiquer que les pro-
positions adoptées par la première Section sont un compromis ; il rappelle
sommairement les caractères des premières unités définies par Weber et
par l'Association britannique, et considère les définitions soumises au Con-
grès comme propres à ménager le passé et à donner au présent et à l'ave-
nir un système d'unités fondées sur des bases invariables. Il est donc d'avis
que le Congrès adopte les résolutions présentées au nom de la première
Section.
a II existait, dit-il, deux systèmes de mesures absolues: l'un, employé
en Allemagne d'après Gauss et Weber, prenait pour unités fondamentales
le millimètre et le milligramme; l'autre, en usage en Angleterre, partait
du centimètre et du gramme. Il n'y avait donc pas concordance parfaite
entre les mesures des deux pays. Or la Commission française ayant défini
le gramme par le poids d'un centimètre cube d'eau, il était naturel de con-
server les mêmes bases pour étendre le système métrique à d'autres quan-
tités. En fait, l'Association britannique n'avait défini que l'ohm et le volt, •
mais n'avait point donné d'étalon d'intensité ; et ce n'est que peu à peu
que l'on s'accoutuma en Angleterre à employer, sous le nom de weber,
une unité d'intensité (un volt dans un ohm), qui se trouvait être dix fois
plus grande que l'unité employée par Weber lui-même et que l'on appelait
aussi weber en Allemagne. Déjà des confusions s'établissent dans les ou-
vrages de physique entre ces deux webers, et si, après la revision de l'éta-
lon de résistance, on eût conservé le nom de weber au courant produit par
un volt dans le nouvel ohm, la confusion eût été inextricable. On a donc
jugé préférable de supprimer ce nom, de mettre à la place, pour la nou-
velle unité d'intensité, le nom d'Ampère, et ce choix est amplement jus-
tifié par les importants travaux du grand savant auquel on doit la connais-
sance claire des phénomènes électro-magnétiques; il a en outre l'avantage
de joindre le nom d'un Français à ceux des illustrations allemandes, an-
glaises et italiennes qui ont déjà servi de parrains aux autres unités. On a
aussi songé au nom d'Œrstedt, et l'on a dû l'abandonner, comme trop
peu susceptible d'être abrégé dans certaines langues. On a aussi écarté le
nom de Gauss, qui n'a point fait de déterminations électro-magnétiques,
jugeant préférable de le réserver pour l'unité que, sans doute, il faudra
k
TROISIÈME SÉANCE. 45
créer sous peu : l'unité d'intensité magnétique dans le champ des machines
dynamo-électriques. D'ailleurs, nombre de savants ne sont pas d'avis de
multiplier les noms d'unités, surtout si ces noms sont empruntés à des
hommes.
« Quant à la nature des étalons, sir William Thomson a montré com-
ment on a dû renoncer aux métaux, qui s'altèrent par le passage du cou-
rant. La confusion serait grande si, plus tard, on venait à reconnaître par
la mesure des résistances spécifiques du mercure ou de quelques autres
substances stables, que les étalons se sont modifiés. On a donc eu recours
au principe appliqué avec succès par M. Siemens depuis de longues années,
et cette décision aura encore l'avantage de permettre de faire par un calcul
simple la conversion des unités Siemens si répandues en nouvelles unités
exprimées, elles aussi, par une colonne de mercure. Si l'on se range à ces
propositions, le passage sera aisé de l'un à l'autre des systèmes exis-
tants. »
Mi FôRSTER (Allemagne) demande la parole pour donner lecture, en
son nom et au nom^ de plusieurs de ses collègues, de la résolution sui-
vante :
« Au nom de plusieurs membres du Congrès, je tiens à déclarer, au
sujet des résolutions fondamentales soumises au Congrès, que, pour nous,
Tessentiel de ces décisions sera l'initiative que doit prendre le Congrès de
la création d'un organe international et permanent des intérêts, qui, —
dans cette branche de l'activité humaine comme dans toutes les autres, —
sont communs à tous les pays.
« Nous nous soumettrons même à celles des décisions formulées par
la première Section, dont la valeur scientifique définitive nous paraît encore
douteuse, mais seulement dans l'intérêt de la création d'un tel organe
permanent et efficace. Cet organe posera lui-même les véritables bases des
unités électriques sur les résultats de grands travaux scientifiques et après
examen minutieux de tous les côtés des questions, c'est-à-dire sur l'évidence
scientifique.
a Pour ces raisons, nous tenons qu'au procès-verbal soit exprimée
notre conviction que les décisions actuelles ne sont qu'une base préalable,
qu'un projet de principes, dont le développement scientifique sera la grande
tâche de votre Commission internationale. Il nous paraît d'autant plus indi-
qué de faire celte réserve que l'expérience a prouvé que les décisions de
chaque grande réunion scientifique ont eu besoin d'être modifiées après un
examen réitéré,* sans que pour cela la valeur générale de ces décisions
collectives ait été~mise en question. »
46 CONGRES IiNTERNATION AL DES ÉLECTRICIENS
La discussion générale étant terminée, M. le Président invile
M. Mascart à donner de nouveau lecture des sept résolutions présentées
au nom de la première Section. Après cette lecture, il est procédé au vote,
et M. le Président constate que le Congrès adopte à l'unanimité les propo-
sitions qui lui ont été soumises.
M. Mascart donne lecture, à propos du paragraphe 4 (première par-
tie) du projet de programme des séances, de la proposition suivante de
M. Wiedemann, à laquelle s'est rallié M. Govi et qui a été adoptée par la
première Section :
« Le Congrès des électriciens émet le vœu que le Gouvernement
français se mette en rapport avec les autres puissances pour nommer
un Comité exécutif chargé des recherches nécessaires pour établir des •
unités. »
M. LE Président met aux voix cette proposition, qui est adoptée à
l'unanimité.
M. Fôuster demande la parole au sujet du paragraphe 5, ainsi conçu
(projet de programme des séances, première partie) : « Ne pourrait-on pas
rattacher l'organisation de ce Comité exécutif à celle du Bureau interna-
tional des poids et mesures ? » et présente la proposition suivante ;
Cl Tout en reconnaissant la grande utilité que le Bureau international
des poids et mesures pourrait offrir jiour les recherches de la Commission
internationale des unités électriques et pour la conservation des étalons de
mesure, le Congrès croit convenable de laisser à cette dernière Commission,
nommée par voie diplomatique, la décision à prendre au sujet du paragra-
phe 5 de la première partie du programme. »
M. le Président met aux voix cette proposition, qui est adoptée à
l'unanimité.
M. Mascart expose ensuite les discussions de la première Section sur
le magnétisme terrestre. 11 fait, à cette occasion, l'historique des travaux
et des décisions prises par les Conférences internationales. La question a
été soulevée, en 1879, au Congrès météorologique de Rome par M. le lieu-
tenant Weyprecht. Elle a été ensuite étudiée par une Commission spéciale
qui s'est réunie à Hambourg en octobre 1879, à Berne en août 1881, et
dernièrement à Saint-Pétersbourg. Cette Commission a déterminé le pro-
gramme des expéditions. Dès à présent, la Russie, la Suède, la Norvège,
le Danemark, les Pays-Bas, les États-Unis ont donné leur adhésion à ce
programme et se préparent à le mettre à exécution. L'Autriche sera repré-
sentée par une expédition dont M. le comte Wilczek fait les frais, et qui
devait être commandée par le regretté Weyprecht. Il est probable que TAl-
TROISIÈME SÉANCE. 47
lemagne organisera deux expéditions, l'une vers le Nord et l'autre vers le
Sud. Enfin, nous pouvons espérer que la France, grâce à l'initiative de
M. le Ministre de la marine, prendra part à cette grande entreprise scien-
tifique, en expédiant une mission dans les régions du cap Horn. Avec le
concours des observatoires permanents, surtout de ceux qui sont situés
dans l'hémisphère sud, à Melbourne, à Sydney, au Cap de Bonne-Espé-
rance, le magnétisme terrestre, pendant l'année des expéditions préparées
par la Commission internationale, sera l'objet d'une grande étude scienti-
fique.
Il s'agit maintenant de profiter, à l'aide d'une entente générale, des
ressources offertes par les réseaux de lignes télégraphiques qui embrassent
. le monde civilisé, et du concours des ingénieurs télégraphistes répartis sur
toute la surface du globe.
Les vœux suivants, adoptés par la première Section, sont soumis en
son nom au vote du Congrès :
« l"" Que des mesures soient prises par les différentes administrations
télégraphiques afin d'organiser une étude systématique des courants terres-
tres, sous le patronage d'un Comité international ;
S"" (c S'il n'est pas possible d'obtenir à bref délai une pareille organi-
sation générale, il est à désirer qu'au moins des observations soient faites
aux jours termes spécifiés par la Commission polaire internationale à l'é-
poque de ses expéditions (les 1" et 15 de chaque mois). »
M. FôRSTER insiste sur la nécessité de nommer une Commission du
Congrès qui pi'épare un programme sur cette question, d'autant plus inté-
ressante qu'un des maxima périodiques des courants terrestres aura lieu
dans les deux prochaines années.
M. LE Président fait observer que le Comité international dont il est
question dans le projet de vœu de la première Section, sera, sans aucun
doute, choisi avant la fin du Congrès, et qu'il n'y a donc pas lieu de nommer
une Commission spéciale parmi les membres du Congrès.
M. LE Président consulte le Congrès sur les vœux dont il a été donné
précédemment lecture. Ces vœux sont adoptés à l'unanimité.
M. Mâscart donne lecture du projet de vœu de M. Rowland, adopté
par la première Section :
« Qu'une Commission internationale soit chargée de préciser les mé-
thodes d'observation pour l'électricité atmosphérique, afin de généraliser
cette étude à la surface du globe. »
Ce projet de vœu, mis aux voix, est adopté à l'unanimité, ainsi que la
proposition suivante de M. Warren de la Rue :
48 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
« Le Gouvernement français est chargé de provoquer la réunion de
la Commission, prévue dans le vœu de M. Rowland. »
M. Mascart donne lecture du projet de vœu suivant, relatif à la
question de l'électricité atmosphérique :
« La première Section émet le vœu qu'une entente s'établisse entre
les divers États, en vue de réunir les éléments d'une statistique relative à
l'efficacité des paratonnerres des divers systèmes en usage. »
M. LE Président invite M. Militzer, président de là deuxième Section,
à faire connaître les conclusions adoptées par celte Section, qui a discuté
le même sujet.
M. MiLiTZER (Autriche) résume en quelques mots les observations
qui ont été présentées dans sa Section, sans que celle-ci ait pris de
décision.
M. Dumas expose que la première Section n'a pas eu d'autre intention
que de réunir les données statistiques les plus complètes sur un sujet encore
fort mal connu.
M. BEDE (Belgique) demande que l'on fasse connaître ce qui a été
dit dans la deuxième section au sujet des fils télégraphiques et télépho-
niques considérés comme paratonnerres.
M, LE Président répond que M. Militzer s'occupera de cette question
en parlant des travaux de la section.
Le projet de vœu de la première Section est mis aux voix et adopté à
l'unanimité.
L'examen des questions préparées par la première Section étant épuisé,
l'ordre du jour appelle la discussion sur les travaux de la deuxième
Section.
M. LE Président invite M. Militzer, président de la deuxième Section,.
à faire connaître les travaux de sa section.
M. Militzer donne lecture de la note suivante :
« La deuxième Section s'est occupée jusqu'à présent, dans trois réu-
nions, des questions concernant la télégraphie, spécifiées dans le premier
alinéa du projet de programme.
(( Elle a formé une Commission spéciale pour la discussion de la
première question relative à l'emploi des piles et des machines dynamo-
électriques en télégraphie; elle a constitué également une seconde Commis-
sion plus nombreuse et partagée en trois Sous-Commissions pour s'occuper
des meilleures conditions des lignes télégraphiques et téléphoniques. Ces
deux Commissions présenteront prochainement leur rapport à la Section.
« Vers la fin de sa troisième réunion, la Section allait s'occuper des
TROISlfilME SÉANCE. 49
questions concernant la téléphonie, lorsque M. Lartigue fut chargé d'émettre
un avis sur un point douteux de la pratique, qui est de savoir si les lignes
télégraphiques et téléphoniques qui envahissent noaintenant en nombre con-
sidérable les rues des grandes villes, et qui sont attachées en tant de points
aux bâtiments publics et particuliers, doivent être considérées comme for-
mant un danger pour eux, ou bien comme un moyen préservateur des
dégâts causés par les décharges de Télectricité atmosphérique.
« Comme la question est d'un grand intérêt théorique aussi bien que
pratique, M. Lartigue Ta posée'aussià la première Section, qui a décidé,
dans sa réunion du 20 septembre, que la question devrait former l'objet
d'une discussion dans une de ses séances plénières. »
M. LE Président propose de renvoyer à la fin de la séance la discussion
de cette question et de poursuivre le compte rendu des travaux des Sec-
tions.
M. LÉ Président invite M. Becquerel, vice-président de la troisième
Section, à faire connaître, en l'absence de M. Spottiswoode, président, les
questions que cette Section a cru devoir signaler à l'attention du Congrès.
M. Becquerel (France) abandonne la parole à M. Sebert, secrétaire
de la troisième Section.
M. Sebert (France) rappelle que la troisième Section avait à étudier
les questions qui se rapportent plus spécialement aux applications indus-
trielles de l'électricité.
Dans les trois séances qu elle a tenues, elle a pu aborder une partie
des questions relatives à l'éclairage électrique et à la.transmission des forces
à distance par l'électricité, et elle a formulé trois vœux ou propositions,
qu'elle soumet au vote du Congrès.
M. Sebert donne lecture du premier vœu, ainsi conçu :
« Eu attendant qu'on puisse indiquer une unité photométrique absolue,
il y a lieu de recommander l'emploi de la lampe Carcel (type du service des
phares) de préférence âla bougie, n
M. Dumas (France) demande ce qu'il faut entendre par lampe Carcel
(type du service des phares).
M. Allard (France) explique que la lampe Carcel employée par
Fresnel brûlait, d'après les ouvrages de Fresnel, ÛO grammes d'huile de
colza à l'heure et que le service des phares de France a admis ce chiffre
de consommation.
M. Dumas fait remarquer que, dans tous les appareils photométriques
employés pour le gaz, on se sert d'une lampe Carcel brûlant 42 grammes
d'huile de colza par heure, et non 40 grammes.
4
50 CONGRÈS INTERNATIONAL' DES ÉLECTRICIENS.
M. Allard maintient l'exactitude de son assertion eu ce qui concerne
la lampe Carcel employée par Fresnel.
M. 'DoMAS insiste sur ce point, que laflamme de la lampe dépend de la
consommation d'huile par heure; que cette consommation, dans une foule
d'appareils, est fixée à 42 grammes et qu'il y aurait un grave inconvénient
à modifier, sur ce point, les données de la lampe Carcel, étalon de lumière
adopté par les compagnies du gaz.
M, Mage de Lepinay (France) rappelle les observations faites par
Purkinje en 1825 démontrant que le rapport des intensités de deux sources
lumineuses diversement colorées varie, pour le même observateur, lorsqu'on
rapproche de l'écran la lampe Carcel étalon.
M. DU Bois-ReymOxND (Allemagne), au nom des Membres allemands
du Congrès, demande le renvoi de celte question de l'étalon de lumière
à une Commission spéciale. En Allemagne et en Angleterre, on n'em-
ploie pas le carcel , mais la bougie ; il y aurait inconvénient sérieux à re-
commander un appareil qui n'est aucunement employé dans ces deux pays.
M. LB Président propose au Congrès de décider le renvoi du vœu k la
troisième Section, qui écouterait les observations des membres des deux
premières Sections, et pourrait en tenir compte.
M. W. Siemens (Allemagne) dit que la bougie donne des résultats aussi
bons que la lampe Carcel, qui n'est pas à l'abri de critiques sérieuses, et
appuie le renvoi de la question à une Commission spéciale.
M. Mercadier (France) fait observer que les Membres anglais de la
troisième Section n'ont pas cherché à défendre la bougie, à laquelle il est
facile de faire de graves reproches.
M. Sebert insiste sur ce point, que personne delà troisième Section
n'a pris la défense de la bougie, et que le vœu présenté par M. AUard a
été adopté à l'unanimité des Membres présents.
M. Rau (Belgique) s'attache à faire remarquer la diversité de types
qu'offrent les étalons de lumière, carcel ou bougie.
M. Violle (France) conteste la valeur de la lampe Carcel pour les
comparaisons photométriques avec la lumière électrique; il y a une trop
grande différence de coloration entre les sources lumineuses. 11 pense qu'on
pourrait employer avec avantage la lumière du platine incandescent, par
exemple, la lumière émise par une surface d'un centimètre carré de platine
à sa température de fusion.
M. Webber (Grande-Bretagne) appuie le renvoi à une Commission
spéciale.
M. Sebert donne lecture du deuxième vœu de la troisième Section
TROISIÈME SÉANCE. 51
« Une Commission internationale sera nommée pour essayer lés di-
verses méthodes photométriques et proposer l'adoption de celle qui paraî-
tra la plus pratique. »
Il ajoute que le Congrès peut se prononcer sur ce vœu à l'exclusion du
premier; que la troisième Section avait éliminé tout d'abord la bougie, dont
personne ne prenait la défense, mais que la décision à ce sujet peut être
réservée.
M. Mercadier demande que le vœu relatif au choix du photomètre
soit complété par le choix de l'étalon de lumière.
M. Dumas propose le renvoi des deux propositions à la troisième Sec-
tion pour une discussion nouvelle.
M. Becquerel croit que les questions pourraient être décidées en
séance plénière.
M. LE Président métaux voix la proposition de M. Dumas: renvoi à
la troisième Section des vœux dont il vient d'être donné lecture. Cette
proposition est adoptée à la majorité des Membres présents.
M. Sebert donne ensuite lecture d'un troisième vœu relatif aux mesures
photométriques et ainsi conçu :
« Toute détermination photométrique d'un foyer électrique doit com-
prendre comme élément essentiel la formule de ce foyer, c'est-à-dire la
relation existant entre l'intensité lumineuse et la direction des rayons. »
A la majorité des Membres présents, il est décidé que ce vœu sera
renvoyé à la troisième Section.
M. Sebert donne lecture de la proposition suivante, présentée par
M. Witmeur et adoptée par la troisième Section :
« Que la Commission internationale chargée d'examiner les méthodes
photométriques étudie aussi la question suivante : Déterminer les moyens
pratiques les plus exacts d'ivaluer la force transmise par une courroie à une
machine magnéto ou dynamo^électriqtte. »
Cette proposition est complétée par le vœu :
« Que le Jury fasse des expériences sur les différents appareils dyna-
mométriques exposés. »
M. Dumas fait remarquer qu'il n'y a aucun rapport entre les méthodes
photométriques et les mesures dynamométriques : il faudrait donc nommer
une autre Commission.
M. LE Président croit qu'il convient de ne pas multiplier les Commis-
sions internationales.
M. Witmeur (Belgique) expose qu'il a été amené à faire la proposition
que la troisième Section a adoptée, en s'appuyant sur la décision prise
5Î CONGRÈS INTERNATIONAL DBS ÉLECTRICIENS.
antérieurement par celle-ci, de confier à une Commission internationale
l'examen des cfiverses méthodes employées et proposées pour les détermi-
nations photométriques.
La troisième Section s'occupe des questions essentiellement indus-
trielles des applications de l'électricité. Dans ces applications, l'électricité
n'est pas seule en jeu, elle a ses tenants et ses aboutissants; ces derniers
sont les résultats obtenus, les premiers sont les moyens employés pour pro-
duire l'électricité. Or l'usage de l'électricité ne peut se propager que si
la dépense qu'il impose justifie économiquement les résultats obtenus. S'il
importe donc, et tous semblent d'accord là-dessus en ce qui concerne
l'éclairage, d'évaluer ces derniers avec exactitude, il n'importe pas moins
de s'accorder sur la méthode à choisir pour chiffrer ce qu'ils coûtent.
Or la base primordiale et essentielle de la dépense, toutes autres con-
ditions égales d'ailleurs, c'est la consommation de force mécanique absorbée
par les machines magnéto et dynamo-électriques.
Il n'y a, dans l'espèce, aucune divergence, quant à l'unité dont on se
sert : le cheval-vapeur; mais il y en a quant aux méthodes employées pour
déterminer le nombre d'unités absorbées dans chaque cas. Tandis que les uns
(en petit nombre, selon M. Witmeur) emploient des méthodes rationnelles
et directes, c'est-à-dire indépendantes de l'espèce du moteur mécanique
employé, les autres se servent de moyens indirects et peu précis ; notamment
le calcul de la force dépensée, par le surfacement des diagrammes relevés
sur le cylindre moteur, dans le cas de l'emploi des machines motrices à
vapeur, et, lorsqu'on se sert des machines à gaz, le mesurage du gaz dépensé.
Parmi les moyens directs, évidemment préférables, anciennement ou
récemment usités, lequel paraît le plus recommandable? Ou, à défaut de
la possibilité d'un choix exclusif entre eux, comment conviendrait-il de
déterminer la meilleure méthode à employer?
Pas plus en cette matière qu'en beaucoup d'autres (pense M. Witmeur),
on ne peut se flatter d'arriver à un procédé absolument exact. Mais si le
Congrès en signalait un comme acceptable, la haute sanction de son
autorité introduirait celui-ci dans l'usage des applications électriques et, à
défaut de mesurages entièrement irréprochables, on aurait au moins des
évaluations comparables entre elles.
S'il est bien désirable d'arriver à un pareil résultat pour ce qui concerne
l'emploi de la lumière électrique, il ne l'est pas moins pour d'autres appli-
cations de l'électricité, notamment pour la transmission électrique de la
force motrice, qui, au point de vue industriel, est surtout une question de
rendement mécanique.
TROISIÈME SÉANCE. 53
M. Witmeur exprime la conviction qu'en prenant en considération
sa proposition, le Congrès rendrait un grand service à tous ceux qui sont
sollicités ou appelés à se servir des applications de l'électricité.
La détermination demandée exige des essais comparatifs qui n'ont
jamais été effectués ; le Congrès ne peut donc la faire actuellement ; c'est
pourquoi, et à raison de l'intérêt général, universel, que présente la ques-
tion, M. Witmeur a proposé d'en charger une Commission internationale.
M. W. SiBMBNS dit que l'appareil dont parle M. Witmeur existe à
l'Exposition : c'est le dynamomètre de M. Hefner-Alteneck. C'est au Jury
à se prononcer sur la question soulevée par M. Witmeur.
M. Bède demande que le Congrès invite le Jury à procéder avec le
plus grand soin aux essais dynamométriques.
M. Witmeur insiste sur l'utilité pratique de sa proposition. Si, toute-
fois, l'institution d'une Commission internationale semble offrir au Congrès
des inconvénients, il se rallierait volontiers à la proposition de confier au
Jury le travail qu'il sollicite.
M. LE Président met aux voix la proposition de M. Witmeur; le pre*
mier paragraphe n'est pas adopté, et le second admis à l'unanimité.
L'examen des travaux des Sections étant terminé, M. le Président
demande au Congrès s'il désire procéder à la discussion immédiate de la
proposition de M. Lartigue, ou renvoyer cette discussion à la prochaine
séance. A Tananimité, le renvoi à la prochaine séance est adopté.
M. LE Président rappelle que divers membres du Congrès ont bien
voulu se proposer pour faire des conférences; notamment M. Ayrton, sur
l'emploi des moteurs à gaz pour le service des machines électriques, et
M. Melsens, sur les paratonnerres. Il invite les membres du Congrès qui
désireraient suivre cet exemple à prévenir M. le Commissaire général et
à s'entendre avec lui.
M. LE Président informe le Congrès qu'il a été saisi d'une demande de
transformation de la deuxième et de la troisième Section en Congrès
ouvert. Personne ne demandant la parole, il est procédé à un vote sur cette
proposition, qui est adoptée à la majorité des membres présents.
M. LE Président consulte le Congrès sur la date de la prochaine
réunion plénière. Le samedi 24 septembre, proposé par M. Dumas, est
adopté à l'unanimité, et M. le Président déclare que le Congrès se réunira,
ce jour-là, à deux heures, en séance plénière, sans qu'il soit fait de
convocation.
La séance est levée à cinq heures vingt-cinq minutes.
QUATRIÈME SÉANCE
24 septembre 1881.
PRÉSIDENCE DE M. AD. COGHERY
Ministre des Postes et des Télé^aphcs,
M. LE Président déclare la séance ouverte à deux heures dix minutes.
Le procès-verbal de la dernière séance est distribué. Son adoption
sera mise aux voix, quand les membres du Congrès en auront pris con-
naissance.
M, Masgart (France) donne, comme secrétaire de la première Sec-
tion, communication des travaux de cette Section.
La première Section n'a plus qu'une résolution à présenter au Con-
grès, sur la question de savoir si les fils télégraphiques et téléphoniques
installés sur les toits des grandes villes sont un danger ou une protection
dans les temps d'orage.
Il a paru difficile d'émettre un avis formel sur une question aussi dé-
licate, malgré l'intérêt qu'elle présente au point de vue de la pratique, et
la Section a pensé qu'il était indispensable de connaître d'abord, par une
statistique étendue, la nature des accidents qui ont pu se produire sur ces
lignes. La Commission internationale qui doit être chargée de faire une en-
quête sur les paratonnerres est naturellement indiquée pour étendre son
travail aux accidents produits sur les lignes télégraphiques.
La Section propose donc de renvoyer cette question à la Commission
internationale qui doit être nommée pour les paratonnerres.
M. LE PrésidExNt rappelle que la question devait être discutée par le
Congrès ; il demande à M. le Secrétaire si la Section n'a pas d'autres com -
munications à faire.
M. J.-B. DuuAS (France), président de la première Section. Aucune
autre résolution n'a été prise. Des échanges d'idées très élevées ont eu
seulement lieu. Les hommes les plus éminents de la science nous ont ex-
posé leurs travaux e{ leurs idéesj nous ouvrant ainsi les trésors de leur
QUATRIÈME SÉANCE. 55
science. Ils ont droit à toute notre reconnaissance, et, comme président, je
dois les remercier des peines qu'ils se sont données et des lumières nou-
velles que leurs communications ont apportées à la science.
M. LE Président espère que ces intéressantes discussions seront in-
sérées dans les comptes rendus et que tout le monde en pourra profiter.
M. Dumas demande à faire au Congrès la communication suivante :
\i Le 2i septembre 1831, M. Wilhelm Weber fut nommé professeur
ordinaire de physique à l'Université de Gôttingue. M. Weber reçoit en ce
moment de la part de ses élèves et de ses admirateurs les témoignages d'af-
fection et de déférence les plus sympathiques. Il se souvient lui-même que
de ce jour éloigné où il devint le confrère de l'illustre Gauss datent ses
premiers travaux sur le magnétisme, qui l'ont conduit aux recherches
électro-dynamiques qui ont rendu son nom populaire.
« Avec l'autorisation de M. le Président, j'ai l'honneur de proposer au
Congrès de faire parvenir au professeur Weber un télégramme de félicita-
tions, à l'occasion du cinquantenaire de son entrée dans la célèbre Uni-
versité de Gôttingue. »
Celte proposition est votée par acclamation.
M. LE Président annonce que le télégramme va être rédigé et en-
voyé immédiatement à Gôttingue.
Ce télégramme est ainsi conçu :
Professeur Wilhelm Weber.
Gôttingcn,
Le Congrès international des électriciens, actuellement réuni à Paris, en
séance plénière, envoie à Téminent professeur Weber ses félicitations enthou-
siastes et unanimes, à l'occasion de l'anniversaire cinquantenaire de sa nomina-
tion de professeur à l'Université de Gôttingue. Il est heureux de pouvoir lui
donner ce témoignage de son admiration pour ses beaux travaux, et de sa ,
reconnaissance pour leurs heureux résultats.
Le Ministre des Postes et des Télégraphes^ président du Congrès,
COCHERY.
Le Commissaire général, Les Membres du Bureau,
Berger. Dumas, Govi, Heluholtz, Thomson.
M. LE Président remet en discussion la question soulevée par M.Lar-
tigue sur* le danger présenté par la pose des fils télégraphiques et télé-
phoniques sur les maisons.
M. Lartigde (France) pense que les maisons "portant des fils ne sont
U C05GEËS I5TEB5ATI0XAL DES ÉLECTRICIENS.
pas plus exposées que les antres aux coups de foudre. Les accidents sar
les maisons sont très peu nombreux et n'affectent pas plos ceiks qui por-
tent des fiU télégraphiques que celles qui n*en portent pas. Dans ces con-
ditions, remploi des conducteurs aériens étant imposé dans bien des cas,
il importe de faire disparaître les préjugés sur le danger des appareils té-
légraphiques, et de faciliter ainsi la pose des fils dans les villes et les
campagnes.
Celte question est très importante ; les communications du même
genre faites par Mil. Helmholtz et du Bois-Reymond à la première Section
en sont une preuve.
La publication du compte rendu de cette discussion à la première
Section aura d'ailleurs une heureuse influence, et les opinions émises par
3IM. Helmholtz, Wemer Siemens et les Ingénieurs du Post-Office rassu-
reront les populations, en leur montrant que le faible danger occasionné
disparaît complètement avec les précautions employées.
Celte question du danger, de la part de la foudre, écartée, les pro-
priétaires ne s'opposeront plus à la pose des fils sur leurs toits ; on suivra
les lignes de maisons et certains itinéraires, nuisant à la sécurité par les
longues portées des fils et au pittoresque en raison des grandes nappes de
fils qui traversent les places, seront supprimés.
31. Helmholtz (Allemagne) ne peut que répéter ce qu'il a dit à la
première Section.
---^ M. Lartigue est peut-être plus optimiste que lui.
Des paratonnerres aux extrémilés de la ligne enlèvent presque tout
danger pour les maisons. Le plus grand danger lui semble être pour
l'abonné, qui est exposé à des décharges latérales quand il approche Tin-
strument de sa bouche. Une dérivation formée par deux boules distantes
de un dixième de millimètre et une bonne communication à la terre le
mettraient à l'abri de tout danger.
^. L'orateur n'oserait aflirmer que tout danger est évité pour les maisons,
tant est grande la quantité d*électricifé mise en jeu par un éclair au
milieu d'une nappe de fils; les fils ne sufliraient pas à écouler assez vite
l'électricité, et un éclair pourrait bien jaillir entre les fils et les conduites
d'eau ou de gaz, ou les pièces métalliques des maisons.
Il serait préférable, en tout cas, de mettre les poteaux de fer qui sup-
portent les fils en communication avec les parties métalliques des maisons
et le sol, et d'en faire ainsi des paratonnerres.
La question ne peut pas, à Theure actuelle, être résolue affirmative-
ment et expressément •par le Congrès.
QUATRIÈME SÉANCE. 57
M. Màscart. La physionomie de la discussion à la première Section \
n'a pas été tout à fait rendue par M. Lartigue. La Section n'a pas été si l
affirmative, elle est restée sur la réserve et n'a pas donné un avis }^'
formd. • '^
Sir William TaoMSON (Grande-Bretagne) rappelle que Ton a discuté
k la première Section la question de la préservation des magasins à pou-
dre. Il pense qu'on écarte le danger en mettant la poudre dans des vases
métalliques. La vraie protection est d'entourer complètement de fer le bâ-
timent. L'addition d'un paratonnerre a même un effet dangereux plutôt
que préservateur :
Soit un bâtiment en fer placé sur un rocher au bord de la mer. Si, à
grand'peine et à grands sacriBces d'argent, on établit une bonne commu-
nication à la mer, lorsque la foudre va éclater, le toit du bâtiment est à
un potentiel très élevé, et, au moment de la décharge, un courant très
intense passe à travers la maison et le paratonnerre, et peut occasionner
des dégâts, notamment au point de jonction avec le conducteur de terre.
Si, au contraire, on n'établit pas de communication à la terre, le bâtiment
est soumis à une induction électro-statique; le toit se charge, par exemple,
de fluide positif, le bas, de fluide négatif, mais le potentiel est faible, et
après le coup de foudre les deux électricités se recombinent sans produire
d'effet à l'intérieur de la maison, où le potentiel reste presque constant.
M. PiiEECE (Grande-Bretagne). En Angleterre, au Post-Office, on a
renoncé à l'application des paratonnerres aux téléphones, pour quatre
raisons :
1° Le fil de la bobine du téléphone étant court et fin peut être re-
gardé comme un fil préservateur ;
2* Ce fil peut se remplacer aisément et à bon marché ;
3^ En employant le téléphone Bell-Gower, le corps 'de l'observateur
n'est jamais assez rapproché de l'appareil pour former un circuit dérivé qui
puisse recevoir le coup de foudre, puisqu'on écoute au moyen d'un long
tube élastique ;
4** On n'a jamais signalé d'autres accidents que la fusion des fils des
bobines.
Ces observations ont surtout pour but de rassurer les abonnés, en
leur montrant que le Post-Office n'a pas jugé les paratonnerres nécessaires ;
mais elles ne mettent pas en doute l'avantage de ces paratonnerres, que
M. Preece considère seulement comme une précaution presque superflue.
M- BEDE (Belgique), dans le but de rassurer M. Helmholtz et les
personnes qui ne connaissent pas, dans tous leurs détails pratiques, les
58 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
précautions prises par les administrations téléphoniques, et peuvent craindre
l'action de la foudre sur le parcours de leurs lignes, fait observer quMl faut
d*abord considérer que nulle part on n'obtient des communications à la
terre aussi bonnes que dans les bureaux téléphoniques, puisque c'est une
condition indipensable du bon fonctionnement des appareils. En outre, les
parafoudres employés sont de la plus grande simplicité : une vis en com-
munication avec la ligne se rapproche autant que possible d'une très large
plaque communiquant à la terre. On commence par amener la vis au con-
tact, puis on l'éloigné d'une très petite quantité, seulement suffisante pour
permettre d'entendre au téléphone. Une preuve de l'efficacité de ces para-
foudres est celle-ci : lorsque la vis est desserrée, on entend, lors des temps
orageux, de nombreux craquements dans le téléphone. Aussitôt que lavis est
suffisamment rapprochée, les craquements cessent presque complètement.
En résumé, M. Bède estime que 31. Lartigue a été trop timide dans
ses assertions, et qu'on peut affirmer qu'un réseau serré de fils télépho-
niques draine réellement l'électricité atmosphérique et la conduit à la terre.
M. Lartigue dit qu'en pareille question il ne faut pas vouloir trop
prouver.
On a cité beaucoup de faits permettant d'admettre que les fils télé-
phoniques protègent réellement les édifices sur lesquels ils s'appuient, et
notamment dans une des dernières réunions on a rappelé que, depuis
la création multipliée de ces lignes, la cité de Londres a été préservée de la
foudre, mais ce n'est pas cette question qui doit occuper le Congrès.
M. Lartigue demande simplement que le fait Suivant soit établi : étant
donnés deux groupes de maisons, l'un portant des lignes téléphoniques ou
télégraphiques, l'autre n'en portant pas, il n'y a pas de chances pour qu'un
des deux groupes soit plus souvent foudroyé que l'autre.
Quant à l'opinion de M. Helmholtz sur l'emploi des supports de ligne
comme paratonnerres, M. Lartigue la partage complètement.
M. VON Belungen (Belgique). Il serait utile d'entendre à ce sujet les
représentants des États-Unis d'Amérique. M. Graham Bell prétend que,
depuis la création des lignes télégraphiques, les accidents dus à la foudre
ont sensiblement diminué.
M. Mascart. m. Preece fait remarquer qu'il n'a pas prétendu mettre
en doute l'utilité des paratonnerres; on les a trouvés superflus en Angle-
terre et on les y a supprimés; voilà tout.
M. le capitaine Botto (Italie). Si un édifice supporte un nombre
considérable de lignes, et si ces lignes viennent à être traversées par la
foudre, il peut en résulter pour l'édifice un sérieux danger. 11 serait utile de
QUATRIÈME SÉANCE. (19
réunir à la terre et à toutes les masses métalliques de Tédifice le poteau
qui sert de support aux lignes.
M. Ayrton (Grande-Bretagne). On pense ordinairement qu'un
courant capable de détruire la bobine d'un instrument est nécessairement
capable de charger suffisamment un point du circuit, pour donner lieu à
une décharge disruptive à travers une mince couche d'air. Cela peut ne pas
être exact; un courant d'une intensité trop faible pour donner lieu à une
décharge, peut brûler une bobine s'il est suffisamment prolongé. Aussi
M. Ayrton a-t-il proposé la disposition suivante : Faire passer le courant
dans les spires d'un petit électro-aimant à très légère armature; de manière
que le courant ordinaire ne suffise pas h actionner cette armature, et qu'un
courant plus fort l'actionne et mette la ligne à la terre.
M. Ayrton a essayé cet appareil et a constaté qu'il arrête un grand
nombre de courants de tension assez faible pour ne pas être conduits à la
terre par un paratonnerre ordinaire, et possédant cependant l'intensité
suffisante pour avarier les appareils.
M.^Orduna y Munoz (Espagne) raconte le fait suivant : un orage ayant
éclaté sur la ligne de Madrid à Victoria, à six lieues de cette dernière ville,
l'étincelle électrique suivit la ligne télégraphique; elle foudroya une
maisonnette qui supportait le fil, puis, pénétrant dans le bureau de
Victoria, elle fondit les appareils. Il croit pouvoir conclure de ce fait que
les fils télégraphiques nuisent aux maisons qui les supportent.
M. DU 3I0NCEL (France) oppose à M. Ayrton cette expérience qu'il a
faite jadis : il lançait le courant d'une bobine de Ruhmkorff dans un double
circuit; l'une des branches du circuit renfermait une bobine, l'autre une
solution de continuité; deux galvanomètres permettaient de constater le
passage du courant dans les deux branches. L'expérience prouva que le
courant était nul dans le circuit de la bobine et passait, au contraire, dans
la seconde branche.
M. Mac Lean (États-Unis d'Amérique). En Amérique, sur les lignes
télégraphiques et téléphoniques, on n'emploie pas de paratonnerres pour
les poteaux des lignes télégraphiques, mais seulement pour les bureaux.
Les paratonnerres sont composés de deux plaques, de cuivre ou d'autre
métal, très rapprochées. Les appareils sont quelquefois brûlés. Mais il n'y
a jamais eu d'accidents de personnes.
M. BoTTO, en réponse à sir William Thomson, cite le cas d'un
magasin à poudre placé sur un rocher et parfaitement isolé par un para-
tonnerre ordinaire simplement planté dans le roc.
M. Ayrton. Les faits démontrés par l'expérience de M. du Moncelne
60 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
prouvent pas Tinutilité de mon paratonnerre ; en effet , deux sortes de
courants peuvent détruire un appareil : un courant instantané et très fort
ou bien un courant moins fort et plus persistant.
M. LE Président rappelle que la première Section a pTrôposé de ren-
voyer à la Commission internationale des paratonnerres Tétude de la ques-
tion proposée par M. Lartigue, et qu'il doit consulter le Congrès.
La proposition, mise aux voix, est adoptée à l'unanimité.
La parole est donnée à M. le Président de la deuxième Section pour
rendre compte des travaux de cette Section.
M. MiLiTZER (Autriche). La deuxième Section s'est occupée, dans ses
deux séances des 22 et 23 septembre, des questions qui concernent l'éta-
blissement des lignes télégraphiques et téléphoniques.
La Commission choisie pour se prononcer sur les meilleures conditions
d'établissement des lignes a produit, dans la première des deux séances
mentionnées, son rapport sur une partie de ses travaux, dont elle a
concentré les points. saillants en plusieurs observations accompagnées des
deux vœux suivants :
« 1. Une entente sera établie entre les administrations télégraphiques
des divers pays, à l'effet d'instituer des expériences périodiques de mesures
sur les fils internationaux.
« 2. Dans les marchés et publications, on ne désignera désormais,
dans tous les pays, les fils que par leur diamètre exprimé en millirtiètres
ou fractions de millimètre, à l'exclusion de toute autre indication de jauge. »
Ces deux vœux ont été mis aux voix, et ils ont été adoptés à l'una- *
nimité.
La séance du 23 septembre a été consacrée entièrement à la discussion
très étendue des moyens à employer pour installer des lignes téléphoniques
et pour soustraire ces lignes autant que possible aux difficultés provenant
de la multiplicité des fils et des effets nuisibles d'induction d'un fil sur
l'autre.
A la suite de son discours sur les lignes téléphoniques en Belgique,
M. Bède avait proposé d'émettre le vœu que les gouvernements fussent in-
vités à bien vouloir faciliter à l'avenir l'extension des réseaux téléphoniques.
Ce dernier vœu a été abandonné à la suite d'une entente entre M. le
Président et M. Bède, promoteur du vœu.
M. LE Président métaux voix le vœu de la deuxième Section, relatif
à l'unification des termes adoptés pour désigner les diamètres des fils télé-
graphiques.
La proposition est adoptée à l'unanimité.
QUATRIEME SEANCE. 6<
M. DcifAs propose au Congrès d'inviter M. Alluard, le savant directeur
de l'Observatoire du Puy-de-Dôme, k dire quelques mots sur les appareils
de protection qui ont été installés à cet Observatoire.
M. Allcard (France). Le Puy-de-rDôme est une montagne isolée, de
1,470 mètres d' altitu.de. Lorsqu'il fallut préserver de la foudre l'observa-
toire bâti à son sommet, une grande difficulté se présenta pour trouver des
nappes d'eau conductrices. On songea à utiliser la mince couche de terre
végétale humide située à 0",30 de profondeur, et les résultats furent
très satisfaisants. Un grand mât de fer sert de paratonnerre et le con-
ducteur pliénétrant dans cette couche de terre ne présente qu'une longueur de
150 mètres.
M. Alluard rappelle que le feu Saint-Elme illumine souvent l'extrémité
du paratonnerre.
Une communication télégraphique existe entre la Faculté de Glermont-Fer-
rand et l'observatoire établi au sommet du Puy-de-Dôme; les deux extrémités
de la ligne sont à une différence d'altitude de 1,070 mètres. Afin de dériver
à la terre les décharges provenant du sommet du Puy-de-Dôme, on a placé,
sur une longueur de iOO mètres, à partir du point où la ligne s'élève le
long des pentes de la montagne, un deuxième fil au-dessus du premier et
mis ce deuxième fil en fréquentes communications avec la terre. Cette dispo-
sition a parfaitement réussi. M. Alluard a également constaté la sensibilité
du téléphone qui fonctionne encore lorsque la ligne est en assez mauvais
état pour que l'appareil Morse ne puisse plus fonctionner.
M. Sebert (Francej, secrétaire de la troisième Section, résume
dans les termes suivants les travaux de la Section :
Conformément à l'invitation qui lui en avait été faite par le Congrès
dans sa dernière séance, la troisième Section a repris, à nouveau, la
discussion sur les procédés de mesure des intensités lumineuses.
Cette discussion, qui s'e^t étendue aux étalons lumineux ainsi qu'aux
méthodes photométriques et aux précautions à observer dans leur emploi,
a occupé deux séances entières.
11 suffira de citer les noms de quelques-uns des orateurs qui y ont pris
part : parmi les savants étrangers, MM. Warren de la Rue, Helmholtz,
William etWerner Siemens, Gladstone, Shoolbred, Tchikoleff, Ayrton; et
parmi les savants français, MM. Dumas, Becquerel, Cornu, Crova, Violle,
Le Blanc, pour faire comprendre à quelle hauteur la discussion a pu s'élever
et quel intérêt elle a pu présenter.
A la suite de. ces échanges d'idées, la troisième Section a vu s'aug-
menter sa conviction sur les deux points suivants : on ne connaît pas
62 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
actuellement une méthode pholométrique applicable à la mesure du pouvoir
éclairant des foyers électriques, qui présente des avantages suffisants pour
mériter d'être recommandée à l'exclusion de toute autre. La réunion d'une
Commission internationale est nécessaire pour effectuer la comparaison des-
différentes méthodes en usage ou proposées, et arjiver au choix d'un
procédé susceptible d'être adopté et employé d'une façon uniforme dans les
différents pays.
D'autre part, elle a reconnu que les avantages que présentent respec-
tivement, pour certaines mesures spéciales, les étalons lumineux en usage,
et spécialement la bougie et le bec Carcel, justifient la conservation, au
moins à litre provisoire, de ces deux types d'unité; mais elle a reconnu
aussi que, dans cette hypothèse, il conviendrait de déterminer d'une façon
plus précise la valeur comparative de ces étalons. Elle a pensé que la
Commission qui serait chargée de l'étude des différents procédés photomé-
triques pourrait commencer ses travaux par cette détermination.
Mais comme les travaux du Jury qui vont commencer comporteront
des mesures de pouvoir éclairant pour lesquelles il importe d'adopter un
terme unique de comparaison, et comme ici, à Paris, on peut disposer
facilement de lampes Carcel réglées pour donner le bec-type ; que d'ailleurs
cet étalon de lumière s'approche plus que la bougie de la valeur du pouvoir
éclairant des foyers qu'il s'agit de comparer, la section a pensé qu'il y
avait lieu de recommander au Jury l'emploi du bec Carcel comme étalon
de lumière.
Ces conclusions sont résumées dans un vœu dont la rédaction a été
préparée par M. Warren de la Rue et auquel se sont ralliés MM. Dumas
et William Siemens après introduction d'un membre de phrase additionnel.
Ce vœu est ainsi conçu :
La troisième Section propose :
1° Que le Congrès recommande au Jury l'emploi de la lampe Carcel
dans les comparaisons photométriques faites avec les divers appareils de
lumière électrique exposés ;
2" Que le Gouvernement français veuille bien se mettre en rapport
avec les Gouvernements étrangers, à l'effet de nommer une Commission
internationale qui sera chargée de la détermination de l'étalon définitif de
lumière et des dispositions à observer dans l'exécution des expériences de
comparaison.
Ce vœu remplacerait les trois propositions que la troisième Section
avait d'abord formulées au sujet de la question de la mesure des inten-
sités lumineuses; il a été adopté à l'unanimité.
QUATRIÈME SÉANCE. 63
Les autres questions qui étaient inscrites au programme de la Section
n'étaient pas classées par ce programme conoune devant donner lieu à une
convention internationale et ne présentent pas, en effet, le caractère de
questions susceptibles d'être réglées par une entente commune.
Aucune question présentant ce même caractère n'a été soulevée par
l'initiative des membres. Gonfornaément donc à la décision prise par le
Congrès dans sa dernière séance, la Section n'avait qu'à renvoyer aux
séances publiques des Sections réunies la suite de la discussion des questions
inscrites à son programme, et c'est ce qu'elle a fait en votant la clôture de
ses séances particulières.
Les questions non épuisées qui figuraient à son programme et qui
devront être traitées en séance publique des sections réunies, sont celles
groupées sous les titres suivants :
Applications diverses de V éclairage électrique;
Transmission des forces à dislance et distribution industrielle de
l'électricité ;
Horlogerie et chronographie électriques;
Electro-métallurgie.
M. LE Président donne lecture du vœu de la troisième Section. Les
deux paragraphes sont adoptés à' l'unanimité. M. le Président demande
si quelqu'un a des observations à faire sur le procès-verbal de la der-
nière séance.
M. Nystuôm (Suède) déclare ne pas avoir approuvé les conclusions
de la Commission des unités. (Voir Annexe I, page 6i).
M. LE Président fait observer que cette déclaration laisse intact le
vote du Congrès ; il met aux voix l'adoptiondu procès- verbal.
Le procès-verbal est adopté à l'unanimité.
M. Smith (Grande-Bretagne) propose que l'étude de l'électricité
atmosphérique soit renvoyée à la Commission internationale des courants
terrestres.
En réponse à la proposition de M. Smith, M. le Président, d'accord
avec le Congrès, déclare que le Bureau pourra fusionner les diverses
Commissions internationales établies par les différents votes, quitte à
demander plus tard l'avis du Congrès.
M. LE Président fait remarquer que les questions qui doivent être
traitées dans les séances publiques du Congrès, sections réunies, étant
empruntées au programme primitivement admis pour les travaux des sec-
tions, il paraît nécessaire que les Bureaux des trois sections soient repré-
6i CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
sentes dans le Bureau spécial qui devra être constitué pour la présidence
de CCS séances.
Il propose, en conséquence, de composer ce Bureau, pour ces séances
publiques, de la manière suivante :
MM. Dumas, président.
Hughes, vice-président.
Militzer, vice-président.
Gérard, secrétaire.
Sebert, secrétaire. .
Cette proposition est adoptée.
M. le Président annonce au Congrès que MM# Ayrton et Melsens se
proposent de faire les Conférences publiques suivantes :
M. Ayrton, le mercredi 28 septembre, à huit heures et demie du soir,
sur Vusage économique des moteurs à gaz pour la production de Vélectricité;
M. Melsens, le jeudi 29, à la même heure, sur les paratonnerres.
Le Congrès, consulté, décide que la séance plénière suivante aura
lieu le mercredi 28 septembre à deux heures.
La séance est levée à quatre heures vingt minutes.
ANNEXE I
NOTE COMMUNIQUÉE PAR M. NYSTRÔM
SUR LA QUESTION DES UNITÉS
Le vase nommé litre, que nous fournit la Commission internationale des
mesures, est la représentation matérielle de la capacité de volume, quand il
s'agit de matières ordinaires. De même, la boîte nommée microfarad, que nous
fournit le constructeur, pour la mesure électrique, est la représentation maté-
rielle d'une capacité de volume.
Pour la détermination quantitative, d'après les mesures de volumes, d'une
matière ordinaire compressible, il faut connaître le degré de compression de la
matière mesurée. De même, pour la détermination quantitative de l'électricité,
d'après les mesures exécutées moyennant la boite mentionnée ci-dessus, il faut
connaître le degré de compression de l'électricité qui passe par la boîte.
Pour la détermination quantitative directe des matières ordinaires, on a
recours à la balance. Il n'en est pas de môme pour la détermination quantita-
te»-
QUATRIÈME SÉANCE. 65
tive de l'électricité. Or» poar cette dernière détermioation, il ne resterait que
la méthode indirecte : la mesure des volumes dont la densité soit déterminée
d'une manière convenable. Par conséquent, il faudrait, pour la mesure élec-
trique, une combinaison de la mesure du volume avec celle de la densité. Mais
les électromètres construits jusqu'ici n'indiquant pas la tension électrique d'une
manière satisfaisante, cette méthode n'est pas applicable dans la pratique. On
est donc obligé de mettre en mouvement la charge électrique, dont la quantité
sera déterminée, pour faire la lecture avec un galvanomètre, instrument dont
on se sert aussi pour la mesure du courant continu. Donc, dans l'un et l'autre
cas, ce sont les effets de Télectricité mise en mouvement que l'on mesure. La
différence ne se rapporte qu'à l'état préalable de l'électricité ou à la durée de
l'influence du courant électrique sur Finstrumen t.
Pour la mesure des matières ordinaires, il est indifférent que ces matières
soient en repos ou en mouvement. De même, la mesure électrique doit être la
même, sans considérer si la matière électrique se trouve (ou s'est trouvée) dans
l'état de repos ou dans l'état de mouvement.
Si, deux mesures différentes étant acceptées, l'application de Tune ou de
l'autre dépendait de la durée de l'influence du courant sur l'instrument employé
pour la lecture quantitative, on arriverait sans doute à des confusions nou-
velles, dans les cas où cette influence ne serait ni momentanée ni continue.
La quantité d'une matière ordinaire comprise entre les parois du vase
nommé litre, a été nommée /ifre. De même, il me semble que la quantité d'élec-
tricité comprise, sous la pression d'un volt, dans la boite nommé microfarad,
doit être nommée microfarad.
Les divisions des mesures adoptées pour les matières ordinaires sont con-
venablement arrangées pour les quantités différentes de ces matières, afin d'évi-
ter des expressions numériques incommodes. De même, les divisions démesures
quantitatives électriques doivent être adaptées aux quantités respectives. Le mil-
lifarad (» 0,001 de farad) est la division convenable pour la mesure des quan-
tités électriques ordinairement en mouvement, pour la transmission télégra-
phique, etc.
Il serait à désirer que la quantité du millifarad indiquée ci-dessus fût, sous
le nom du farad, l'unité quantitative électrique; le microfarad actuel serait
donc nommé millifarad.
Au lieu des trois unités et des trois dénominations ampère, coulomb et farad,
proposées par la Commission, on aurait donc une mesure unique et une déno-
mination unique, farad; ce qui fournirait un avantage précieux, du moins à la
pratique.
D'après le système ainsi indiqué, on aurait les dénominations suivantes :
Pour Tunité de force électro-motrice le volt.
— résistaDce l'ohm.
— capacitë \
— quantité de charge ! le farad,
— quantité par seconde )
Le farad nouveau étant 3= 0,004 d'un farad actuel ;
liw^K produisant par seconde 4 farad (nouveau);
La botte, maintenant nommée microfarad, représenterait donc, sous le nom de milli-
faradj la capacité d'un millifarad «= 0,004 farad (nouveau), c'est-à-dire la capacité de corn-
5
66 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
prendre en elle-même, sous la pression d'un volt, 4 millifarad d'électricité, ou, en d'autres
termes, la même quantité que produit, par seconde, le courant = i m Siélyt.» '
Dans un mémoire spécial soumis à la Commission de la première Section,
j'ai essayé de montrer que le terme u intensité », dans le sens qui lui a été
attribue dans le domaine de l'électricité dynamique, est tout à fait impropre, et
qu'il devrait par conséquent sortir de ce domaine au lieu de receyoir une con-
siécration spéciale.
La solution de la question soulevée ici est inférieure, je l'avoue, à celle qui
vient d'être proposée par la Commission, en ce qu'elle est moins complaisante
pour les nationalités et les personnalités des savants éminents à qui nous
devons les progrès de la science électrique ; mais ces grands hommes, eux-
mêmes, ont été assez magnanimes pour faire prévaloir l'intérêt de la science et
du teclinique contre la complaisance personnelle et même internationale.
ANNEXE II
COMMUNICATION DE M. SOMZÉE (BELGIQUE)
Une ligne téléphonique aboutissant à la terre par ses deux extrémités, con-
stitue théoriquement un système préservatif de la foudre pour les constructions
au-dessus desquelles le âl passe.
Mais pour que cette préservation soit efficace, il faut qu'il y ait une bonne
terre, c'est-à-dire que le contact des extrémités de la ligne avec la terre per-
mette l'écoulement facile du fluide dans le sol.
Le système de construction adopté aujourd'hui pour la prise de terre ne
répond pas à cette condition.
Un fil téléphonique soutenu par des isolateurs, fixés à des poteaux, est suffi-
samment isolé pour ce qui regarde les courants de piles nécessaires au fonc-
tionnement des appareils, mais s'il s'agit d'électricité de haute tension comme
il s'en produit lors de forts orages, cet isolement n'est pas absolu et le système
métallique actuel peut devenir un danger.
Nous parlons ici des lignes actuelles telles qu'on les établit aujourd'hui.
Mais on pmt toujours construire un réseau téléphonique de manière que tout le
fluide de nom contraire soit écoulé facilement dans le sol ; il suffit pour cela
quela ligne téléphonique ne soit pas trop longue, car un fil très long peut
acquérir une très forte tension sous l'influence de nuages fortement électrisés,
et, dans ce cas, ce fil peut servir de conduit à la foudre pour aller frapper un
point voisin, ou bien la décharge peut rompre le fil et se précipiter alors à une
distance plus ou moins considérable sur un objet offrant peu de résistance à la
neutralisation des fluides.
L'expérience est venue confirmer les appréciations d'Arago dans cette ques-
QUATRIÈME SÉANCE. 61
lion, et aujourd'hui on est arrivé à constater que le voisinage d'un fli télégra>
phique expose non seulement au danger des étincelles d'induction, mais aux
atteintes directes de la foudre.
Nous concluons à l'application aux réseaux téléphoniques des conditions
d'établissement qui régissent les paratonnerres, assimilant les fils à de véritables
paratonnerres qui ne seraient pas reliés à une bonne terre.
Je conclus donc à l'application aux poteaux téléphoniques d'un système de
peignes métalliques permettant, en cas de foudroiement, l'écoulement des fluides
si les fils, ont une trop grande résistance ; ces peignes seraient posés à tous les
poteaux et reliés, au moyen de fils d'un diamètre supérieur à quatre millimètres,,
à une bonne terre, c'est-à-dire aux conduites de gaz ou d'eau qui ne manquent
pas à proximité des constructions ; nous n'avons pas besoin de dire que les
peignes métalliques seraient disposés sur une certaine longueur de fils et paral-
lèlement à ceux-ci ; autrement disposés, ces peignes n'auraient jamais d'autre
effet que celui d'un véritable paratonnerre, système Melsens, protégeant seule^
ment la zone donnée par la hauteur à laquelle l'aigrette se trouve placée.
De cette façon, les fils télégraphiq^ues et téléphoniques constitueraient un
véritable réseau protecteur de la foudre pour toutes les villes qui en seraient
pourvues.
ANNEXE III
COMMUNICATION DE M. NEUJEAN (BELGIQUE)
Rentrant dans les idées d'un grand nombre de membres dû Congrès, de-
faciliter la réunion des électricités et de rapprocher les points où la communi-
cation peut se faire et la reconstitution de l'électricité neutre ou la neutralisa-
tion des deux électricités s'opérer sans éclat, je crois que Tidée émise par
M. Somzée, de forcer les compagnies téléphoniques Sf donner à leurs réseaux
aériens de bonnes communications avec un sol bon conducteur, est des plus
justes et doit être appliquée.
Les paratonnerres de M. Melsens, à pointes multiples, doivent donc aussi
donner les meilleurs résultats, et je proposerai que les diverses pointes de ces
paratonnerres soient reliées par des fils métalliques, de façon à former au-des-
sus des bâtiments un vrai réseau préservateur.
CINQUIÈME SÉANCE
28 septembre 1881.
PRESIDENCE DE M. AD. COCHERY
Miniftre des Postes et des Télégraphes.
M. LE Président déclare la séance ouverte à deux heures cinq mi-
nutes.
Le procès- verbal de la dernière séance est distribué. Son adoption
sera mise aux voix quand les Membres du Congrès en auront pris connais-
sance.
La parole est donnée au Président de la première Section pour rendre
compte des travaux de cette Section.
M. Ddiias (France) annonce que la première Section ne s'est pas
réunie depuis la dernière séance plénière.
M. MiLrrzER (Autriche), président de la deuxième Section, donne lec-
ture du procès-verbal des travaux de la Section. Celle-ci soumet à l'appré-
ciation du Congrès les deux vœux suivants :
i* Pour compléter un vœu déjà émis par la deuxième Section et
approuvé par le Congrès, il sera entendu que, pour les fils recouverts et
les câbles, toutes les mesures d'épaisseur seront également désignées en
millimètres effractions de millimètres.
2'' Le Congrès, en se ralliant aux vœux relatifs à la conservation des
arbres à gutta-percha, désire signaler aux intéressés l'utilité des mesures
qu*il conseille.
Ces deux vœux sont adoptés à l'unanimité.
Le colonel Sebert (France), rapporteur de la troisième Section, déclare
qu'il n'y a pas eu de séance de cette Section depuis la dernière réunion plé-
nière, et prie le Congrès de fixer à bref délai la date de la séance des Sec-
tions réunies pour achever les discussions restées en suspens.
Cette séance est fixée au vendredi 30 septembre à deux heures.
GINQUIÈMB SÉANCE. 69
M. LE Président annonce qu'il a reçu une lettre de M. Marcel
Deprez demandant que la question de la distribution et de la division des
courants électriques soit discutée en séance plénière.
M. Cabanellas (France) appuie cette proposition.
M. LE Paésibent déclare que cette question sera ajoutée à la suite
de Tordre du jour.
M. DU Bois-Retiiond (Allemagne), président et rapporteur de la Sous-
Commission d'électro-physiologie nommée par la première Section, donne
lecture du rapport suivant :
CONCLUSIONS ADOPTÉES
PAR LA SOUS-COMMISSION d'eLEGTRO^PHYSIOLOGIE
NOMMÉE PAR LA PREMIÈRE SECTION
DU CONGRES INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS
M; E. du Bois*ReyiDODd, rapporteur. Membres : MM. d'Arsonval, E. da Bois-Reymond,
Ghristiani, Gariel, Helmholtz, Joubert, Lippmann, Marcel Deprez, Blarey, RosseUi, Terquem,
de Ziemssen.
Nécessité de définir d*une façon scientifique les courants dont on fait
usage dans les opérations médicales^ et d'en rattacher la mesure aux unités
électriques.
Elle a cru devoir scinder cette question en deux, Tune se rapportant
aux opérations médicales proprement dites, c'est-à-dire au traitement des
maladies par les courants continus ou discontinus ; l'autre aux expériences
de laboratoire faites sur les muscles et les nerfs des animaux dans un but
scientifique.
Les courants continus employés dans les opérations thérapeutiques,
ne peuvent être mesurés qu'après que le courant aura subi la diminution
d'intensité résultant de la résistance de Tépiderme, etc.. Il sera utile aux.
praticiens de se servir, à cet effet, de galvanomètres gradués eh unités se
rattachant au système C. G. S., comme M. d'Ârsonval Ta proposé, et
comme cela se fait déjà à Munich. Uélectro-thérapeute, dès lors, pourra,
dire qu'il a cru obtenir tels et tels effets à l'aide d'un courant de telle et
telle intensité absolue. La Sous-Commisèion recommande aussi, pour les»
opérations médicales, l'emploi des électrodas. impolarisables.de M. Hitzig,
construites sur le modèle de celles de M. du Bois-Reymond, dont il va être
question tout à l'heure. Avec ces électrodes plus de douleurs et plus d'éry-
thème.
Quant à la définition des courants, discontinus, il ne semble guère
70 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
nécessaire en électro-thérapie de la donner autrement que par la distance
des deux bobines de l'appareil à traîneau de M. du Bois-Reymond, pourvu
qu'on veuille se conformer, comme cela se fait assez généralement en Alle-
magne, à un certain modèle, et se servir, dans le circuit inducteur, d'une
pile toujours identique, par exemple d'un élément de Daniell. La Sous-
Clommission recommande le modèle adopté après une longue expérience
•dans le laboratoire de physiologie de l'Université de Berlin ^
Passant à la seconde partie de la première question, la Sous-Commis-
ision a pensé que dans les cas ordinaires d'excitation, tels qu'ils se rencon-
trent en physiologie expérimentale, l'appareil à traîneau, modèle du Bois-
Reymond, suOira également. Il sera difficile de trouver quelque chose de
plus commode pour tétaniser, par exemple, le nerf vague, la portion cervi-
<:ale du nerf sympathique, etc. On pourra, dans les expériences de ce genre,
se servir sans inconvénient d'électrodes en platine recourbées en crochet,
sur lesquelles on placera l'extrémité des filets nerveux coupés. Pour com-
mencer et pour terminer instantanément l'action des courants sur le
nerf et pour se mettre à l'abri des contractions unipolaires, il conviendra
d'avoir recours à l'artifice indiqué par M. du Bois-Reymond, qui consiste à
ouvrir et à fermer aux instants voulus une de ses clefs, intercalée dans le
circuit, de manière que le levier en constitue, pour le nerf, un circuit
dérivateur d'une résistance insensible au point de vue pratique.
Mais qu'il s'agisse des effets du courant sur les nerfs isolés de la
grenouille, les conditions d'une expérimentation rigoureuse deviennent
beaucoup plus difficiles à remplir.
Le trembleur de l'appareil à traîneau, dans sa forme primitive, est loin
d'offrir les garanties nécessaires d'uniformité d'action. Il faudra le rempla-
cer par un diapason vibrant, muni d'un style en platine, plongeant dans
du mercure au-dessous d'une couche d'alcool sans cesse renouvelée par le
tube laveur de M. Kronecker. M. d'Arsonval a aussi indiqué un procédé
pour conserver nette la surface du mercure.
Pour régulariser l'action de l'interrupteur, M. HelmhoUz a muni
l'appareil à traîneau d'un dispositif qui met fin, ou à peu près, à la diffé-
rence qui, avec le dispositif ordinaire, subsiste entre le courant induit par
la clôture et celui induit par la rupture du circuit inducteur. Le modèle de
l'-appareil à traîneau recommandé plus haut est muni du dispositif
HelmhoUz.
Toutefois, en faisant usage de l'appareil à traîneau ainsi modifié,
4. Ces appareils sont fabriqués par M. Kriiger, 20, Simeon SLr., à Berlin.
CINQUIÈME SÉANCE. 74
l'expérimentateur se trouvera toujours restreint à Tusage d'un certain
nombre, plus ou moins considérable, mais peu ou point variable, d'excita-.
tions élémentaires dans l'unité de temps, et même chacune de ces excita-
tions sera définie d'une manière très imparfaite. Or, pour l'étude exacte de
l'action des courants sur les nerfs, voici les conditions qu'il faudrait pouvoir
réaliser à volonté. Il faudrait :
i* Disposer d'une courbe d'intensité de forme connue, et aussi simple
que possible, linéaire si cela pouvait se faire, ou, pour le moins, sinusoï-
dale ;
2"^ Pouvoir faire varier le paramètre de cette courbe, ou l'inclinaison
de la droite, dans le cas où elle serait linéaire ;
3"* Pouvoir reproduire l'excitation élémentaire ainsi définie à des inter-
valles de temps plus ou moins longs, sans que le caractère de l'excitation
élémentaire s'en ressente;
i"* Pouvoir aussi faire à volonté alterner le sens des décharges consé-
cutives passant par le nerf.
Plusieurs dispositifs sont propres à satisfaire au moins à une partie de
ces conditions. M. de Fleischl, de Vienne, a décrit un appareil qu'il nomme
Rhéonome, et dans lequel une lame de zinc amalgamé parcourt une rainure
circulaire remplie d'une solution saturée et neutre de sulfate de zinc. La
colonne liquide formant un circuit dérivateur par rapport au nerf, et
certaines conditions de résistance étant remplies, la courbe d'intensité
du courant dans le nerf devient une droite dont l'inclinaison est proportion-
nelle à la vitesse de rotation imprimée à la lame.
Deux autres projets d'expérimentation qui visent un but semblable
ont été présentés à la Sous-Commission. L'un, suggéré par M. Jou-
bert et modifié dans le cours de la discussion par M. Helmholtz, consis-
terait à imprimer un mouvement rotatoire ou d'oscillation à un ' barreau
aimanté placé en présence d'une bobine. Il sera aisé de faire en sorte que
la courbe d'intensité des courants soit sinusoïdale. La bobine restant sta-^
tionnaire, il n'y aurait pas à se préoccuper des variations de résistance.
Il est vrai que les variations d'intensité du barreau aimanté constitue-
raient une nouvelle cause d'erreurs. En ayant recours au champ magné-
tique du globe terrestre, on renoncerait à l'avantage de maintenir con-
stants les contacts dans le circuit induit; d'ailleurs il faudrait, en ce cas,
employer des bobines de dimensions très considérables.
M. Helmholtz a encore conçu le projet d'une méthode reposant sur un
principe tout à fait différent. Qu'on imagine un disque métallique inmio-
bile, découpé d'après un certain patron, et communiquant avec l'un des
It CONGRÈS INTERNATIONAL DES. ÉLECTRICIENS.
pôles d'une pile. Dans un plan parallèle & celui de ce disque, et très près
de Tune de ses faces, se mouvrait un second disque, découpé h son tour
d'après un certain patron, et communiquant par le nerf, soit avec la terre,
soit avec l'autre pôle de la pile. Il sera facile de donner aux deux disques
une forme telle que les charges et décharges résultant de l'induction élec-
tro-statique exercée par l'un des disques sur l'autre se fassent d'après
une loi voulue. La Sous-Commission croit devoir recommander aux
physiologistes occupés de la physiologie générale des muscles et des
nerfs, l'essai de ce procédé qui lui paraît susceptible d'une grande
précision.
Quel que soit le mode d'excitation qu'on emploie, le plus grand soin
devra être apporté à la manière dont le nerf sera placé dans le circuit. Il
ne faut jamais, dans des expériences tant soit peu exactes, toucher les nerfs
avec des électrodes métalliques. Non seulement il y a polarisation au
contact de tous les métaux, même du zinc pur ou amalgamé, mais aussi
les nerfs sont altérés chimiquement par les produits électrolytiques. La seule
manière irréprochable d'introduire Iç nerf dans le circuit, c'est de faire
usage : i"" du zinc amalgamé plongeant dans une solution concentrée et
neutre de sulfate de zinc; 2"* d'interposer entre cette solution, qui attaque-
rait également la substance du nerf, de l'argile plastique des sculpteurs,
pétrie avec une solution de chlorure de sodium à ^ pour 100 d'eau. Cette
solution, dont Tusage a été introduit par M. de Koniker, mérite le nom
de solution physiologique qu'on lui donne en Allemagne, en tant que les
muscles et leà nerfs y conservent l'état de survie aussi longtemps que s'ils
étaient restés dans le corps de l'animal tué.
Ceci mène à la seconde question proposée & la Sous-Commission,
savoir : Quels sont les meilleurs moyens à employer pour déterminer la
nature des phénomènes électriques qui se produisent cliez les animaux.
Dans toutes les expériences d'électricité animale, il faut faire usage,
pour dériver les courants, d'électrodes impolarisables telles qu'elles viennent
d'être décrites. On leur donnera, en général, deux formes différentes ;
pour les muscles ou pour les parties d'organes électriques, on se servira des
vases rhéophores en zinc (modèle du Bois-Reymond) j pour l'étude de la
variation négative du courant nerveux ou de l'électro-tonus, on préférera les
électrodes se terminant en pointé d'argile, qui sont aussi les meilleures
pour introduire dans les nerfs les courants excitateurs.
Il n'y a que les poissons électriques à l'état de vie et de santé, chez
qui les différences de potentiel soient assez considérables pour n'avoir pas
à tenir compte du manque d'homogénéité des électrodes.
CINQUIÈME SÉANCE. 73
Quant aux appareils propres à étudier et à mesurer les effets élec-
triques des tissus animaux et végétaux, il faudra faire usage, à tour de
rôle, suivant la nature des questions à traiter, de tous les instruments ca-
pables de fournir des renseignements sur l'intensité et les variations des
courants électro-physiologiques, dans différentes circonstances.
Pour Pétude des courants continus ou à variations lentes, le meilleur
moyen à employer est la boussole à miroir, modèle du Bois-Reymond,
rendue apériodique par Taddition du barreau compensateur de Haûy ^ On
y joindra le compensateur circulaire de M. du Bois-Reymond, qui, à Taide
d'une simple mesure de longueur, permet d'évaluer en dix millièmes de
Daniel], les différences de potentiel à la surface des électromoteurs organi-
ques. En général, si les courants sont d'intensité variable, la boussole ne
fournira que Taire de la courbe des intensités, mais combinée avec le rhéo-
tome différentiel de M. Bernstein, elle donne les ordonnées successives de
la courbe, par exemple, dans le cas de la variation négative du courant
musculaire ou nerveux, après une irritation instantanée.
Il n'y a pas jusqu'à la décomposition de l'iodure de potassium qui ne
puisse être utilisée, dans certains cas, pour l'étude des courants électro-
physiologiques.
Dans d'autres cas, lorsqu'il s'agit de variations plus ou moins inslan-
tanées, il faudra substituer à la boussole des appareils à indications plus
rapides. C'est ainsi que, dès le début de ses recherches d'électricité ani-
male, M. du Bois-Reymond, en développant une méthode due à Galvani
et à Matteucci, a fait usage de la préparation que Ton nomme grenouille
rbéoscopique.
Le génie inventif de M. Lippmann a doté la science d'un appareil très
précieux pour l'exploration des courants à variation rapide, et qui pourra
être d'une grande utilité dans l'étude soit des décharges des poissons élec-
triques, soit des variations brusques des courants musculaires et nerveux.
L'électromètre capillaire est d'un usage sûr et facile, et d'une sensibilité
égale, sinon supérieure, à celle de la meilleure boussole. Avec les pré-
cautions nécessaires, on pourra, avec son aide, mesurer entre certaines
4. On appelle apériodique^le mouvement d'une aiguille aimantée qui n'oscille plus, mais
va occuper sa nouvelle position d'équilibre sous l'empire d'un courant, sans la dépasser visi-
blement, et retombe de même vers le zéro, qu'en théorie elle n'atteint qu'après un temps
in6ni. Cet état commence à se manifester dès qu'il existe un certain rapport, très facile à éta-
blir en pratique, entre la force amortissante et la force directrice diminuée par le barreau
compensateur de Haiiy. Dans ces conditions, le temps de la chute, si l'on peut l'appeler ainsi,
de l'aiguille aimantée vers une nouvelle position d'équilibre, est un minimum, qui, dans de
bonnes conditions, ne dépasse pas 5 secondes.
74 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
limites les différences de potentiel des électromoteurs organiques. En
photographiant ces indications, comme le propose M. Marey, on parvien-
drait même & connaître la forme de la courbe des intensités, et à fixer
rimage des phénomènes. Quant à la meilleure forme à donner à Télectro-
mètre capillaire, il faudra des essais ultérieurs. Le modèle de M. Ghristiani
est probablement, à l'heure qu'il est, le plus recommandable pour les phy-
siologistes.
Il y a des cas en6n, comme celui des poissons électriques, où le
téléphone, en vertu de son application facile, de sa sensibilité exquise et
de la rapidité instantanée de ses indications, peut rendre d'excellents
services.
Est-il nécessaire d'ajouter que les meilleures méthodes d'observation
el d'expérimentation resteront infructueuses sans une critique expérimentale
vigilante et consciencieuse, aussi éloignée d'une crédulité aveugle que d'un
pyrrhonisme non moins préjudiciable au progrès des connaissances hu-
maines.
A la suite de celte communication, M. Mercadier (France) dit que
l'emploi d'interrupteur à mercure donne de très mauvais résultats en chro-
nographie; que M. Lissajous et lui-même ont été obligés d'y renoncer et
de revenir au contact entre métaux solides.
M. Hblmholtz (Allemagne) fait remarquer que la Sous-Commission
a proposé remploi du commutateur à mercure non pour la chronographie,
où il est effectivement mauvais, mais seulement pour obtenir des excitations
toujours de même intensité dans un nerf.
M. VAN RrssELBERGHE (Belgique) propose, au nom de l'Observatoire
de Bruxelles, un projet de télémétéorographie internationale, qui remplace-
rait avec avantage les télégrammes de service, dont les instituts météorolo-
giques font actuellement l'échange.
L'orateur insiste sur la dépense de ces dépêches qui, pour l'ensemble
des États de la moitié nord-ouest de l'Europe, s'élève à 300,000 francs par
an, soit 6 millions de francs en vingt années. Avec le quart seulement de cette
somme, on pourrait installer, entretenir et remplacer tous les vingt ans,
un réseau de fils télégraphiques spécialement affecté au service météo-
rographique. Le télémétéorographe permet d'enregistrer en plusieurs
centres la température, la hauteur barométrique, la direction et l'in-
tensité du vent, etc., d'un grand nombre de postes d'observation. Des
stylets gravent directement sur métal ces indications, et la planche toute
préparée peut servir immédiatement au tirage. Ce système fonctionne déjà
en Belgique. Des expériences ont été faites sur des lignes télégraphiques
CINQUIÈME SÉANCE. 7«
de 600 à 1,000 kilomètres de résistance, et, depuis l'ouverture de l'Expo-
sition, entre Paris et Bruxelles, les résultats sont très satisfaisants.
Actuellement, les divers pays ne reçoivent guère avant midi ou une heure
rétat de l'atmosphère en Europe, telle qu'elle se présente à huit heures du
matin; c'est insuffisant pour établir la prévision du temps d'une façon
satisfaisante. Si le système proposé était adopté, chaque institut central
connaîtrait à tout instant l'état de l'atmosphère dans toute l'Europe et la
prévision du temps se ferait d'une façon plus certaine.
•M. VAN Rtsselberghe termine en proposant le vœu suivant :
« Le Congrès, après avoir pris connaissance .du^système de télémé-
téorologîe organisé en Belgique par l'Observatoire royal de Bruxelles,
déclare qu'il serait de la plus haute utilité de créer un réseau télégraphique
international spécialement affecté au service de la météorologie. »
M. Mascart (France), comme directeur du Bureau central météoro-
logique, croit devoir faire quelques observations. Il pense que les chiffres
présentés par M. van Rysselberghe au sujet du prix de revient des
dépêches sont un peu trop élevés.
11 fait remarquer que le système de dépêches actuellement en usage
permet de se faire une idée très nette de l'état de l'atmosphère sur
l'Europe vers sept heures du matin, et qu'il permet, sinon de prédire à coup
sûr la probabilité de beau ou de mauvais temps dans le sens entendu par
le public, du moins d'annoncer l'arrivée des tempêtes si dangereuses pour
la navigation et de donner des avis utiles à l'agriculture.
Il apprécie, du reste, toute l'importance de la proposition de M. van
Rysselberghe, mais il croit qu'on devrait étendre davantage le réseau télé-
météorographique proposé et les conditions d'établissement et d'entretien
d'un pareil réseau demandent une étude approfondie.
M. VAN Rysselberghe fait remarquer en premier lieu que les pré-
visions que l'on peut déduire de la situation absolue de l'atmosphère telle
qu'elle se dessine à un moment donné, sont purement empiriques^ puis-
qu'on ne connaît pas la loi qui lie l'état actuel d'un météore à la direction
et à la vitesse de sa translation ; tandis que des observations successives
suffisamment rapprochées peuvent fournir à cet égard des données
certaines.
Il fait observer en second lieu que l'évaluation approximative qu'il a
faîte de la dépense occasionnée par les télégrammes actuels ne comprend
que les télégrammes adressés aux instituts de la moitié nord-ouest de
l'Europe, de même que le projet de télémétéorographie proposé ne s'étend
qu'à cette région.
75 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
La comparaison établie entre le service actuel et celui qu'on propose
d'y substituer est donc parfaitement valable.
M. EvERETT (Grande-Bretagne), après avoir reconnu toute l'impor-
tance du projet présenté au nom de l'Observatoire royal de Bruxelles,
propose un amendement à la proposition de M. Van Bysselberghe, c'est
que « la Commission internationale chargée de l'étude des courants ter-
restres etde l'électricité atmosphérique soit aussi chargée de faire un
rapport sur la valeur pratique du système qui consiste à envoyer automa-
tiquement les observations météorologiques à des stations éloignées ».
M. VAN Rtsselberghe s'étant rallié à cet amendement, celui-ci est
mis aux voix et adopté & l'unanimité.
L'ordre du jour appelle la discussion des questions relatives aux
câbles sous-marins.
M. Ratnadd (France) et M. William Siemens (Grande-Bretagne)
prennent successivement la parole sur l'utilité de fixer la propriété des
câbles sous-marins. M. Siemens propose, en outre, que l'on s'occupe de
la manière dont on doit réparer un câble qui est recouvert par un autre.
M. LE Président fait remarquer que la question de propriété des
câbles sous-marins n'est pas delà compétence du Congrès; elle est du
domaine du droit international ou même du droit privé. [1 croit donc que
le Congrès devrait se borner à émettre le vœu que « les Gouvernements
des différents pays s'occupent de la nécessité d'établir des rapports inter-
nationaux concernant la propriété des câbles sous-marins. »
Ce vœu est adopté par le Congrès à l'unanimité.
M. Ratnaud propose que le système des signaux actuellement en
usage en Angleterre pour les navires télégraphiques, qui ne peuvent se
déranger à l'approche d'un autre navire, soit adopté pour tous les pays.
Ce vœu est adopté à l'unanimité.
La discussion sur la distribution et la division des^courants électriques
est, avec l'assentiment de M. Marcel Deprez, renvoyée à la prochaine
séance plénière du Congrès, fixée au samedi i**^ octobre, à deux heures.
M. LE Président demande si peFsonne n'a de rectification à faire au
procès-verbal de la dernière séance.
M. le capitaine Botto (Italie) dit que, d'après le procès-verbal, il
aurait cité le cas d'un magasin à poudre placé sur un rocher et parfaite-
ment isolé par un paratonnerre ordinaire simplement planté dans le roc.
Au contraire, il a voulu dire que les paratonnerres établis, depuis 1828, sur
l'abbaye de Monte-Cassino ont toujours garanti complètement le couvent, .
tout en ayant un conducteur mis simplement en communication avec les
CINQUIÈME SÉANCE. 77
détritus et le peu de terre végétale que l'on rencontre au sommet de la
montagne ; tandis qu'avant l'établissement de ce système de paratonnerres
il y avait toujours un ou deux coups de foudre par an, coups qui bien
souvent ont causé des dégâts considérables.
Sous la réserve de ces observations, le procès-verbal est adopté.
La séance est levée à trois heures et demie.
SIXIÈME SÉANCE
l«r octobre 1881
PRÉSIDENCE DE M. AD. COCHER Y
Ministre des Postes et des Télégraphes.
M* LE PfiésiDENT déclare la séance ouverte à deux heures quinze
minutes-
M- LE Prjésident rappelle aux n)enibres du Congrès que le procès-
verbal de la dernière séance vient de leur être distribué et qu'ils sont priés
d'en prendre connaissance et de présenter, s'il y a lieu, leurs observations,
lorsque Tadoption du procès- verbal sera mise aux voix à la fm de la
séance -
La parole est donnée à M. Marcel Dbprez pour présenter le résumé
de ses études sur la question de la distribution du courant électrique.
M, Marcel Deprez (France) expose les recherches qu'il a faites pour
résoudre industriellement le problème de la distribution et de la division
du courant électrique. (Voir Annexe I, page 83).
Il fait ressortir l'importance de cette question par une comparaison
entre l'industrie du gaz et celle de l'électricité. Cette dernière est exac-
tement dans la situation où serait l'industrie gazière si chaque consom-
mateur de gaz était obligé de produire lui-même le gaz dont il a besoin.
Cette comparaison suffit pour faire comprendre que les applications de
rélectricité seront pour ainsi dire frappées de stérilité, tant que le problème
de la canalisation n^aura pas été résolu.
Le problème de la division du courant est tout entier contenu dans
l'énoncé de cette condition : rendre le fonctionnement de chaque appareil
utilisateur du courant (lampe, moteur, etc.,) absolument indépendant de
l'arrêt ou de la mise en marche des autres appareils.
Il n'y a que deux manières de grouper les appareils qui utilisent le
SIXIÈME SÉANCE. 79
courant emprunté h une source unique : en dérivation ou en série. Dans le
premier cas, la condition de l'indépendance de chaque récepteur a pour consé-
quence l'invariabilité de la différence de potentiel qui existe entre les deux
artères sur lesquelles sont greffées toutes les dérivations. Dans le second
cas, au contraire, c'est le courant qui traverse tous ces appareils qui doit
être rendu invariable.
Ces préliminaires posés, M. Deprez démontre une série de théorèmes
très simples, desquels il résulte que les machines dynamo-électriques
peuv^t satisfaire soit à l'une, soit à l'autre des conditions qui viennent
d'être énoncées (invariabilité de la différence de potentiel ou du courant),
moyennant une modification, légère en apparence, mais capitale par ses
conséquences, et qui consiste à enrouler sur les électro-aimants inducteurs
deux hélices complètement distinctes et parcourues, l'une par un courant
d'intensité constante emprunté à une source étrangère, l'autre, par le
courant utilisé. Toutefois, la seconde hélice ne doit être parcourue par la
totalité du courant utile que dans le cas où les appareils récepteurs sont
tous montés en dérivation; s'ils étaient, au contraire, placés en série, le
courant qui traverse la seconde hélice devrait être emprunté à une dériva-
tion prise sur le circuit principal.
M. Deprez montre que les théorèmes exposés permettent de déter-
miner très facilement les conditions d'établissement de ces deux hélices,
rintensité du courant auxiliaire constant et la vitesse de rotation de l'induit,
en fonction des données du problème, qui sont : la différence de potentiel
des deux artères dans le groupement en dérivation, ou l'intensité du cou-
rant dans le groupement en série. Il montre que l'élément qui joue le rô^e
le plus considérable dans ces deux cas est la vitesse de rotation de l'anneau
induit, et qu'on peut toujours, en la faisant varier, obtenir d'une machine
dynamo-électrique, modifiée suivant son système, un courant constant ou
une différence de potentiel invariable et que, ce résultat une fois atteint, il
n'est plus nécessaire de changer la vitesse, quel que soit le nombre d'appa-
reils récepteurs utilisés.
La supériorité de cette solution générale sur toutes celles qui ont été
imaginées jusqu'à présent résulte de ce fait qu'elle ne comporte aucun
mécanisme et qu'elle est basée sur des propriétés inhérentes aux machines
dynamo-électriques, qui étaient restées inaperçues jusqu'à présent.
En terminant sa communication, M. Deprez décrit rapidement l'in-
stallation qui a été faite à l'Exposition d'un spécimen de son système de
distribution, et invite les membres du Congrès à venir le constater par
eux-mêmes.
80 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
M. Siemens (Allemagne) déclare qu*il ne lui a pas été toujours pos-
sible de suivre l'exposé rapide de M. Deprez; il lui semble toutefois que la
question a été étudiée dans le même esprit en Allemagne par M. le D'Frô-
lich^ et il dépose sur le bureau deux exemplaires de la Eleklrotechnische
Zeitschrift (livraisons d'avril et mai 1881) , où se trouve le travail auquel il
fait allusion. Il demande, si la communication de M. Deprez est insérée
tVi extenso, que les articles de M. le D" Frôlich soient traduits et joints au
compte rendu de la séance. (Voir Annexe II, page 104.)
La parole est donnée à M. G. Cab^lnellas (France) pour présenter le
résumé de ses travaux sur la Question du transport et de la distribution de
Vénergie par voie électrique. (Voir Annexe III, page 123.)
Avant l'exposé de la méthode analytique, puis synthétique, qui a
permis à l'orateur d'établir les principes qui dominent la question, néces-
sité de prouver, sans contestation possible, qu'au moment oii il parle l'in-
suffisante cohérence des doctrines, rend d'abord indispensable l'établisse-
ment d'une plate-forme solide servant de base aux opérations ultérieures.
. Preuve par deux exemples d'actualité, choisis à un degré très élevé
de notoriété technique :
1* Dans les transports d'énergie, les rendements des machines occu-
pent certainement la première place. Plusieurs électriciens pensent que
tout ce qui touche au rendement des machines est parfaitement élucidé, et
qu'il est inutile d'aborder de nouveau le sujet. Dans une récente note à
l'Institut de France, sir .William Thomson, Tillustre vice-président du
Congrès, a voulu établir que l'excitation, non pas en circuit direct, mais
en circuit dérivé, des électros d'une machine employée comme source,
permet d'améliorer considérablement le rendement de la machine. Preuve
théorique et numérique que, toutes choses égales d'ailleurs et contraire-
ment à cette opinion, le rendement d'une machine électrique est identique-
ment le même, soit que l'excitation des électros ait lieu en circuit dénvé,
soit que cette excitation ait lieu en circuit direct.
S"" M. Marcel Deprez, électricien des plus distingués, vient, dans une
récente séance, d'exposer avec insistance et talent un prétendu principe
nouveau (indépendance du rendement des machines et de la distance et de
la résistance à travers lesquelles le transport d'énergie est effectué).
Preuve théorique et appliquée que le rendement des machines est absolu-
ment dépendant de la distance, de la résistance de liaison de la source
génératrice au moteur récepteur, à tel point que si, dans l'exemple donné
par M. Deprez, il a été possible, par l'emploi d'une force électromotrice de
6,900 volts à l'origine, de transporter moins de 10 chevaux à travers
. SIXIEME SÉANCE. 8I>
50 kilomètres de fil de fer de 0'°,& dé diamètre, avec un rendement de
65 pour iOO, il est .également possible, à travers un seul kilomètre de ce
fil, de transporter, plus de 11 chevaux avec un rendement de 76 pour
100.
Transport et distribution par dérivations successives.
Fixation des formules des rendements ou puissances absolues et des
rendements ou puissances relatives, au point de vue d*abord de la distribution
sans transport, les exploitations dérivées étant supposées aboutir toutes à
deux mêmes points reliés à la source électrique. Application numérique hr
une distribution par lampes incandescentes Werdermann.
Distribution, avec transport, par dérivations successives : la différence
de potentiel à Torigine, à la première dérivation, subit nécessairement des
affaiblissements successifs qui croissent rapidement avec le nombre des
dérivations. Moyens de calculer de suite, exactement, la différence de
potentiel effective d'une dérivation quelconque de rang n en fonction de
la valeur œ (donnée par le projet d'exploitation), du quotient de la résis-
tance du canal séparant deux exploitations consécutives, par la résistance
du type exploité. Équation du degré n — 1 avec la loi- de formation des
coefficients. Calcul des sections de canal pour des portées et des chutes
données et réciproquement. Cas d'un nombre quelconque de canalisations
d'ordres successifs. Application numérique au système Edison, de laquelle
il résulte qu'il n'est pas possible, comme le supposent les intéressés, d'ali-
menter avec les sections de canal qu'ils indiquent, par une seule prise de
courant venant de la source, à la portée indiquée de 1,333 mètres, 1,000
lampes-Ëdison d'une résistance de 120 ohms. Perte des deux tiers de. la
différence de potentiel de la première à la millième lampe. Moyen d'éco-
nomiser les 5/8 du cuivre de la canalisation, à chute égale de différence
de potentiel, en alimentant par opposition (équation du degré - — 1).
Vice inhérent aux distributions par dérivations successives, qui exigent une
dépense minimum considérable de métal conducteur pour .la canalisation,
ce minimum étant malheureusement le même pour de puissantes ou de
très faibles distributions d'énergie. Exemple numérique. Proposition
motivée.
Transport et distribtUion en tension.
Analyse des rendements des machines; preuves théoriques et numé-
riques de l'utilité technique du point de vue nouveau consistant à dissocier
6
1
n CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
complètement les conditions de fonctionoement des moteurs récepteurs des
conditions de fonctionnement de la source génératrice. Pour. tout régime
d'allure et d'intensité de circulation, le rendement individuel est essentiel-
E
lement fonction de sa déterminante m = — .
pi
Formules des rendements individuels des sources et des moteurs en
fonction de m-, applications numériques.
Moyens d'améliorer les rendements usuels des transports d'énergie
sans dépasser ni Taltiire du type de machine ni son intensité de régime;
applications numériques.
Conditions générales dans lesquelles doivent être organisés, en tension,
le transport, la distribution et la consommation de l'énergie. Application
numérique k une ville comme Paris de 8 kilomètres de diamètre, desservie
par une seule usine à laquelle aboutissent des boucles de 8 kilomètres, en
nombre illimité, toutes en tension, formant un unique canal d'un fil de
4™, 8 de diamètre, de façon que Tunique réglage, automatique, fait à
Tusine, de la constance de Tinlensilé du canal, n'ait à se faire que sur
l'appoint dUTérentiel général de tous les accroissements et toutes les dimi-
nutions des énergies locales consommées. Chaque boucle. de 8 kilomètres
desservant 800 maisons de 18 mètres de façade taxées, par exemple, à la
consoiniTiation moyenne de 3 chevaux, sous toutes formes d'énergie, soit
2,400 chevaux distribués par bouclé.
Importance extrême de la réductîoa de la résistance intérieure des
machines pour les rendements des transports d'énergie.
Synthèse de ces rendements en tenant compte des résistances de
haison. Moyen d'accroître ces rendements en agissant sur la déterminante;
évaluations et exemples numériques. Proposition motivée.
Dans une grande exploitation en tension, moyens propres à régler
automatiquement, à Tusine, la constance de l'intensité du canal, malgré
toutes variations facultatives dans le nombre et la grandeur des consom-
mations des diverses exploitations extérieures locales d'énergie.
Conditions de fonclîonnement indépendant et automatique des diverses
sortes de récepteurs locaux d'énergie sur une unique canalisation.
Récepteurs d'énergie consommant la chaleur sous forme directe.
Récepteurs consommant sous forme de puissance mécanique.
Catégories d'exploitations locales. Récepteurs rofcme^ à débit constant,
consommant sous forme de débit électrique constant quelconque, de même
sens, à intensité prévue quelconque, ou de sens alternatif, de forces et de
phases quelconques, l^s récepteurs réglant eux-mêmes leur déWt, malgré
SIXIÈME SÉANCE. 83
toutes variations facultatives de la grandeur ou du nombre des applications
exploitées en csitégorie, sur circuit individuel d'exploitation locale de
chacun de ces robinets. Proposition motivée.
M. LE PaismENT met aux voix le procès-verbal de la dernière séance.
Le procès-verbal de la dernière séance est adopté à l'unanimité.
M. LB PaisiDENT fixe, avec l'assentiment du Congrès, la prochaîne
séance plénière au mercredi 5 octobre à deux heures, et la séance est levée
à k heures 10 minutes.
ANNEXE I
COMMUNICATION DE M. MARCEL DEPREZ
Transport de VènergU.
Lorsqu'on évalue le travail engendré par un courant, qu'il s'agisse d'énergie
chimique ou d'énergie calorique, on trouve la même expression Q » E I. Nous
allons faire voir que cette formule est absolument générale.
Considérons (ûg. 1) un circuit dans lequel se trouvent une pile P d'un cer-
tain nombre n d'éléments, un appareil galvano-métrique G mesurant l'intensité
du courant, et de plus, entre les points H et B, une série d'appareils quelconques
Fig. \.
c, c', c'y propres à dépenser le courant, soit en chaleur, soit en actions chimiques,
soit en travail mécanique. Dans ces conditions, le courant prend une inten-
sité I que le galvanomètre indique; il se consomme dans chaque élément de là
pile une quantité Z de zinc, et, par conséquent, une quantité nZ dans l'en-
semble de la pile.
Supprimons maintenant les appareils c, c, c\ et remplaçons-les par un fil
simple H D B dont novis ferons varier la longueur, jusqu'à ce que le courant
soit ramené à la môme intensité I. La force électromotrice est restée E ; dans
84 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
ces conditions, là quantité de zinc dissoute par élément est toujours Z, d'après
la loi de. Faraday,. et la quantité totale nZ; la quantité totale d'énergie engen-
drée, qui est mesurée par ia quantité de zinc consommée, n'a donc pa$ yarié; or
dans le circuit PHDB nous savons qu'elle est représentée par El; cette ex-
pression donne donc aussi sa valeur avec le circuit P A ccc'B.
De plus, dans le circuit PHDB nous savons calculer par les lois de Ohm
les potentiels en H et en B, ainsi que leur différence e, et nous savons que la
quantité d'énergie que l'on peut récupérer sur ie circuit H D B est représentée
par el ; si nous rétablissons le circuit P Hcc'c" B, rien n'est changé dans la por-
tion H PB, les potentiels en H et en B ainsi que leur différence è restent les
mêmes, la portion du travail total engendré sur H PB n'a pas non plus varié;
donc Tc^nergie disponible sur le circuit H ccc"^ est encore exprimée par el.
11 résulte de cette démonstration qu'on peut dans tous les cas remplacer une
résistance active par une résistance inerte; la valeur de cette résistance est facile
h déterminer; si E est la force électromotrice positive, e la force électromotrice
négative et R la résistance, on posera :
E — e
d*où Ton tire
en supprimant e et introduisant a?, l'état du circuit ne sera pas changé.
Transport du travail mécanique.
Appliquons ces considérations au cas où, sur un circuit électrique, il ne
se développe que deux sortes d'énergie : l'énergie calorique et l'énergie méca-
nique.
Appelons E la force électromotrice du générateur; on remarquera que
cette force électromotrice est constante, ainsi que toutes celles qui pourront
avoir à intervenir dans un sens ou dans l'autre. Si les courants n'étaient pas
coûstants, ou au moins assimilables à des courants constants comme ceux des
macbiees Gramme, Siemens, ou analogues, les raisonnements suivants ne
pourraient être appliqués qu'à des intervalles de temps infiniment petits, et la
solution du problème exigerait l'emploi du calcul intégral.
S'il ne se produit sur le circuit que les deux énergies désignées, nous pou-
vons, d'après le principe de la conservation de l'énergie, écrire l'équation sui-
vante :
EI= RP + T.
dans laquelle E I représente, ainsi que nous venons de le dire, le travail total
engendré. RP, d'après la loi de Joule, exprime la quantité de chaleur produite,
et T, le travail moteur que l'on veut utiliser. L'intensité I est une variable qui
dépend de la valeur de T ; on peut voir immédiatement que si T » o, c'est-
à-dire, si le courant produit seulement de la chaleur, on retrouve El » R p ou
en simplifiant E = RI, expression connue de la loi d'Ohm.
L'intensité I peut être déterminée en fonction des autres quantités : il suffit
■ . ■ ^ML^
SIXIÈME SÉANCE. .85
de résoudre l'équation du second degré suivante gui résulte de la précédente
expression :
RP — El + T = o,
d'où::
E±t^E«— /tRT
^ ^ 2l^ •
Examinons les diverses valeurs de I pour diverses valeurs de T; l'expres-
sion a le double signe db; nous prendrons d'abord le signe +•
2 E E
Si Ton fait T = o, on trouvera I^ = -— «= - c'est Tintensité qui se dévelop-
2 n n
perait dans un circuit ordinaire, sans appareil producteur de travail mécanique»
suivant la loi de Ohm; et c'est l'intensité maximum que l'on puisse obtenir dans
le circuit donné.
Si nous faisons croître successivement T, la valeur de I ira en diminuant;
maison voit que T ne peut dépasser une certaine limite, là quantité sous radi-
cal ne pouvant devenir négative. Le maximum de T sera donc obtenu pour
E*
E* — 4 RT =3 0, d'où Ton tire T = — -. Pour cette valeur maximum, la valeur
aH
E I
de I sera Ii = jr^ = -^- L'intensité qui correspondait au travail nul est donc
2 R 2
réduite à moitié, quand ce travail devient maximum.
Entre ces deux valeurs, l'intensité I peut être considérée comme l'intensité
maximum Iq diminuée d'un« certaine quantité; on écrirait alors :
I « lo — û
E
lo est, nous le savons, égal à -; nous pouvons présenter la quantité variable t,
R
sous la forme tt, on aura alors :
n
E X _ E—x
^"r"r r7'
On voit que la quantité x se présente comme une diminution de la force
électroraotrice de la pile, et se comporte comme une force électromotrice néga-
tive. En acceptant cette interprétation et la désignant par e, comme on a cou-
tume de le faire, on trouve :
La valeur de e est d'ailleurs facile à trouver, on posera :
E — e E ± t^E' — k HT
R 2R
d'où l'on tirera :
E*± 1/e» — 4 RT
86 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Celte valeur se discuterait comme * celle de I» et conduirait aux mêmes
résullats.
On Toît que les principes connus nous amènent par eux-mêmes, et sans étude
expérimentale, à conclure que la présence d'un moteur électrique, dans un
circuit, équivaut à la présence d'une force électromotrice négative. L'expérience
avait, depuis longtemps, conduit à reconnaître ce fait.
Nous aurions pu partir de ce point connu, et admettre, comme acquise,
la présence d'une force électromotrice négative, produite par les machines
employées comme moteurs; il nous a paru plus facile de faire voir que ce
fait D'est point particulier aux organes employés, qu'il est lié à la nature même
des choses, que le transport de l'énergie mécanique n'est qu'un cas particulier
du transport de l'énergie en général, et obéit aux mêmes lois.
Reprenons la formule générale : EI = RP+T; on en tire: T=EI — RP.
T
£1 étant, comme on sait, le travail total engendré, le rapport —sera le rende-
ment économique K.
La formule nous donne donc :
ce qU'On peut écrire
B I
or, ^ n'est autre que Iq, donc K= 1 — =-.
•p g
D'autre part, nous savons que 1= —5—, nous avons donc aussi
n
E — g
« ."^ E E-
R
Le rendement économique a donc pour expression - » rapport de la force
électro motrice négative e développée dans l'accomplissement du travail utile,
à la force éleclromotrice E nécessaire pour produire le travail total dépensé.
Nous pouvons, dès à présent, calculer non seulement le rendement éco-
nomique, c'est-à-dire le rapport des travaux produits, mais encore leur valeur
absolue.
On a, en eflfet :
E (E — e)
Travail total T = El =
R
e{E — e)
Travail moteur Tm«KEI=»eI~ „
R
/E» __ -\|
Quantité de chaleur seasible. travail calorique C « R P « ^ — ^— ^.
R
SIXIÈME SÉANCE. «7
N*oubIions pas de rappeler que ces divers travaux sont ceux qui se dë?e-
loppent daus l'unité de temps et que leur expression doit être divisée par te
nombre ^ = 9,81 pour qu'ils soient évalués en kilogrammëtres.
Ces diverses valeurs peuvent d*ailleurs être exprimées en fonction du ren-
dement économique K= -, on trouve alors :
T-(l-K)|
E*
È*
C«(l-K)^.
Si Ton veut que le rendement K reste constant, et qu'en même temps le
travail récupéré, ainsi que le travail dépensé, restent constants quelle que soit
la résistance R et, par suite, la distance sur laquelle s'opère le transport, il
E*
suffira que la quantité •- reste constante, c'est-à-dire que E varie comme la racine
R
carrée de R; il esta peine nécessaire de faire remarquer que ^ = K étant con-
E
stant, e devra varier de la même façon.
Quelques personnes ne peuvent s'empêcher, au premier abord, de consi-
dérer comme singulier le fait du rendement indépendant de la distance; il leur
semble que la producition de chaleur sur le trajet doit augmenter avec la dis-
tance, et, par conséquent, former une cause de perte croissante avec elle. Cette
illusion tient à ce que l'on considère la perte par mètre comme constante, ne
s'apercevant pas qu'elle dépend de l'intensité du courant, qui est elle-même
fonction de la distance. Les formules précédentes font voir clairement comment
les choses se passent et montrent que les travaux restant constants, la perte
totale en chaleur reste également constante, la perte par unité de longueur
diminuant avec l'intensité.
Conclusion.
Il n*e^t donc pas nécessaire d'aller plus loin et d'attendre l'étude d'organes
spéciaux, pour connaître les lois du transport de Ténergie mécanique; elles se
démontrent a priori et se formulent ainsi :
.1® Le travail mécanique positif, représentant le travail total dépensé, est exprimé
par El; pour une intensité donnée, il est donc proportionnel à E;
2*» Le travail mécanique négatif représentant le travail récupéré est exprimé par
el; pour une intensité donnée, it esl donc proportionnel ae,
5° Le rendement économique est représenté par le rapport de la force électromo-
trice négative à, la force électromatrice positive.
4* Le travail mécanique utile et le rendement économique restent constants, queljie
que soit là (fistance du transport, pourvu que les forcer éleclromotrices positive et né-
,.gative varient pt-oportiofinéllefnent à la racine carrée de la rééistance du circuits
. rPour ne négliger aucun point, il sera utile de remarquer que, dans.la dis-
88 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
E^I/E*— 4HT
, cnssion des valeurs de I, tirées de la formule I = ^ nous n'avous
À MA
coDsidéré que les valeurs affectées du signe + ; bien que ce mode d'examen,
comme il est aisé de le voir, n'altère en rien la généralité des cçnclusions, il est
intéressant d'étudier les valeurs fournies par le signe — •
Si nous faisons T= 0, on trouve alors 1 = 0. Si Ton examine la valeur de e,
on trouve c=E. Le rendement est égal à l'unité; les deux forces électromo-
trices positive et négative sont égales; comme elles sont contraires, elles s'an-
nulent, et il ne se produit plus rien dans le circuit, ni travail, ni courant élec-
trique.
E»
Si Ton fait croître T jusqu'à la valeur ;-- qui, comme nous le savons, donne
le maximum, on trouve une série de valeurs de I, croissante jusqu'à
E 2'
Nous voyons donc que pour chaque valeur de T il y a deux valeurs ; l'une
fournie par le signe +, l'autre par le signe —; c'est-à-dire qu'un travail utile
donné peut toujours être obtenu avec deux intensités différentes, correspon-
dant à des forces électromotrices différentes.
Transport des énergies chimique et calorique. ,
Le travail T, que nous avons considéré comme du travail mécanique, n'est
pas limité à cette nature; il peut représenter du travail chimique ou du travail
calorique; la formule qui n'est que l'expression de la loi de la conserva ticm de
l'énergie est absolument générale; on reconnaît donc que les lois qui viennent
d'être formulées sont absolument générales et s'appliquent au transport de
l'énergie sous quelque forme qu'elle se présente. On peut du reste le démontrer
par l'étude directe de ces énergies.
Machines magnéto et dynamo-ilectriques.
Dans l'usage des machines comme transmetteurs du travail une remarque
importante doit être faite d'abord.
L'action mécanique, la grandeur du couple (produit de l'effort tangentiel
par sa distance au centre) pour une machine donnée est proportionnelle au
champ magnétique et à l'intensité du courant; elle est indépendante de la
vitesse imprimée à l'anneau.
Une expérience fondamentale démontre cette loi. Supposons qu'on fasse
usage d'une machine à aimant permanent. Nous plaçons successivement dans
le circuit des éléments de pile jusqu'au nombre n^ ; à ce moment la machine se
met en mouvement, mais- très lentement, pour ainsi dire sans vitesse; on peut
considérer te point comme le point précis où la résistance du frein est équi-
librée; nous introduisons un élément de plus, la vitesse s'accroît, le courant
restant constant; mesurons la vitesse ainsi atteinte, désignons-la par v; au lieu
de 1 élément, mettons alors en circuit 1, 2, 3, l\..., n éléments ajoutés au n^
SIXIÈME SÉANCEi 89
.premiers, noas verrons la vitesse devenir 2 v, 3v, Av..., nv» et varier ainsi pro-
portionnellement à Taccroissement du nombre des éléments. D'après les lois
. connues des machines, celle qui est en expérience ne peut se mettre ainsi en
. mouvement sans engendrer une force électromotrice inverse de celle de la
pile. Cette force électromotrice sera proportionnelle à la vitesse de rotation
. puisque le champ magnétique, produit par des aimants permanents, est con-
stant; or nous voyons, d'une part, que les vitesses successives î v, 3 «..., n v sont
proportionnelles à n, tandis que de l'autre côté les éléments de pile ajoutés
depuis le démarrage sont en nombre 1, 2, 3..., n; il est aisé de comprendre
alors ce qui se passe : à mesure que nous ajoutons une nouvelle force électro-
motrice dans la pile, le courant augmente momentanément, la vitesse de la
machine s'accroît alors proportionnellement, puisqu'il n'y a plus équilibre entre
TefTort moteur et l'effort résistant, et cet accroissement continue jusqu'à ce
, qu'elle ait créé une force contre -électromotrice compensant la première et
maintenant le courant constant; l'effort mécanique et le travail par tour restent
donc les mêmes, mats le nombre de tours par unité de temps augmentant, le
travail absolu augmente.
Si Ton prenait une machine dynamo-électrique, les choses se passeraient
un peu autrement, mais le résultat, serait le même. Si l'on suppose en effet
que, le régime étant établi, le courant moteur augmente, la force contre-élec-
tromotrice de la machine travaillante augmente pour deux raisons : l'une est
que sa vitesse s'accélère, Tautre que son champ magnétique tend à s'accroître;
cette force contre-électromotrice augmentera ainsi, comme dans le cas précé-
. dent, jusqu'à ce qu'elle ait annulé l'effet produit par l'augmentation de la pre-
mière; mais alors le courant étant réduit à l'intensité de régime, le champ
magnétique de la machine récepteur est revenu à sa première valeur, l'aug-
mentation de sa force électromotrice négative ne peut donc être due qu'à
. l'augmentation de sa vitesse qui aura dû varier, comme dans le cas précédent,
proportionnellement à l'augmentation de la force électromotrice positive.
Le point très important à sjgnaler dans ces faits d'expériences, c'est qu'à
une certaine intensité de courant correspond toujours, dans une machine em-
ployée comme moteur, un effort mécanique déterminé et un seul. Ce résultat
pouvait être prévu. Supposons, en effet, que l'on empêche une machine de
Gramme de tourner, et qu'on y lance un courant d'intensité I; pour cette in-
tensité, elle exerce un effort bien déterminé T sur l'obstacle qui l'arrête. Si Ton
suppose maintenant qu'on la fasse travailler en lui demandant le même effort,
elle ne pourra le faire que si elle reçoit cette même intensité; en effet, supposons
qu'elle en reçoive une plus grande, elle développera un effort plus grand que
T; il y aura donc un travail moteur supérieur au travail résistant et la machine
ira en s'accélérant indéfiniment; en se comportant ainsi elle développera nne
force contre-électromotrice indéfiniment croissante, et cet état de choses ne
pourra cesser que lorsque cette force contre-électromotrice aura détruit l'excès
dlntensité et ramené le courant à sa première valeur I, ce qu'il fallait dé-
montrer.
Réalisons maintenant l'expérience en constituant un transport réel de
force mécanique, c'est-à-dire en mettant sur un circuit deux machines, l'une
fonctionnant comme générateur, la seconde comme récepteur. Pour simplifier,
nous supposerons que ces deux machines sont identiques. La première est re-
liée à un générateur de force quelconque qui la mettra en mouvement; la
seconde est en relation avec une machine-outil ou avec un frein qui lui impose
90 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
un effort mécanique déterminé et un travail constant par tour. La première
machine commence son mouvement, s'accélère peu à peu, en produisant une
force électromotrice et une intensité graduellement croissantes jusqu'au mo-
ment où la deuxième machine recevant une intensité sufQsante se met en mou-
vement à son tour et commence à produire du travail. A partir de cet instant
l'intensité est constante, comme cela a été démontré dans le paragraphe pré-
cédent, et si Ton continue à faire croître la vitesse de la première machine,
celle de la seconde la suivra et croîtra en même temps. Les deux machines étant
identiques et traversées par le même courant, qui est d'ailleurs constant, les
efforts mécaniques qu'elles exercent et le travail par tour sont égaux, en vertu
du principe précédent ; les vitesses seules sont différentes. Le travail engendré
par la première machine est mesuré par le produit de sa vitesse et du travail
par tour; le travail produit par la seconde est également le produit de sa vitesse
et de ce même travail; le rendement économique est donc mesuré par le rap-
port de ces vitesses.
Hais, quelles que soient ces vitesses, le courant est constant; la résistance
étant invariable, la différence des forces électrpmotrrces qui l'engendrent doit
être également invariable ; or le champ magnétique étant le même dans les
deux machines, les forces électromotrices respectives sont mesurées par lés
vitesses de rotation ; la différence de ces vitesses sera donc constante. On voit
que le rendement est mesuré par le rapport de deux vitesses dont la différence
est constante; il y aura donc intérêt à prendre les vitesses aussi grandes que
possible, afin d'améliorer ce rendement.
On peut donc se représenter le transport de la fofce mécanique par l'é-
lectricité comme une véritable transmission parle moyen d'un organe matériel,
tel qu'une courroie reliant les deux machines supposées munies de poulies
égales; Veffort mécanique est effectivement et intégralement transmis, comme s'U y
avait une liaison réelle entre les deux appareils; seulement la courroie ainsi sup-
posée glisse et permet à une différence de vitesse de se manifester entre le gé-
nérateur et le récepteur ; la vitesse de ce glissement est constante, et la diffé-
rence de vitesse entre les deuxappareils garde sa valeur tout le temps du travail;
elle dépend de la charge de la seconde machine.
Distribution de rénergie.
La distribution de l'énergie suppose qu'un certain nombre d'appareils
propres à utiliser l'électricité, qui peuvent être d'ailleurs de nature diverse et
de différente puissance, étant mis en relation avec un même générateur, celui-ci
est disposé de façon à produire Ténergie nécessaire pour leur marche et à l'en-
voyer constamment à chacun d'eux; chacun des appareils peut d'ailleurs être
arrêté ou mis en action à un instant quelconque, la production électrique de-
vant se conformer constamment à ces divers états.
On voit que dans ces conditions nouvelles la quantité totale d'.énergie.à
produire est constamment variable. Nous savons que cette (quantité est repré-
sentée par l'expression El, E étant la force électromotrice du générateur,
I l'intensité du courant. C'est donc ce produit qu'il faudra faire varier sui-
vant ia demande des appareils récepteurs. On pourrait agir sur les deux facteurs
à la fois, mais il est clair que les procédés simples consisteront à agir séparé-
ment sur chacun d'eux.
SIXIÈME SÉANCE. 94
On pourra donc :
1"» Laisser I constaDt en faisant varier E.
2<>. laisser E constant en faisant varier I.
Le premier procédé conduira à placer tous les récepteurs sur un même
circuit parcouru par on courant dont l'intensité sera I ; les appareils seront
alors en tension ou autrement dit en série.
Le second conduira à placer les appareils sur des circuits distincts aboutissant
aux deux pôles du générateur dont la différence de potentiel e sera constante ;
les appareils seront alors en dérivation.
Une comparaison fera comprendre d'une façon sensible ces deux modes
de distribution.
Supposons qu'il s'agisse d'utiliser une chute d'eau en la divisant entre plu^
sieurs roues hydrauliques, ou mieux des appareils à piston ; on pourra, si la
hauteur est suffisante, les placer Tun au-dessus de l'autre, chacun d'eux rece-
vant la totalité de Teau, mais n'utilisant qu'une partie de sa hauteur ; éans ce
cas, si on voulait introduire un appareil de plus, on ne devrait pas changer le
débit du cours d'eau, mais il serait nécessaire d'accroître la hauteur de chute :
les appareils seraient alors en série ou en tension. On pourrait, au contraire,
placer les appareils récepteurs l'an à côté de l'autre, chacun d'eux utilisant
toute la hauteur de la chute, mais ne recevant qu'une partie de l'eau ; en cas
4'adjonction, il faudrait alors, sans changer la hauteur de chute, augmenter le
débit de la rivière pour faire le service du nouvel appareil ; ils sont alors en
dérivation.
Revenons à la distribution d'électricité.
Dans le premier système, si le nombre des appareils récepteurs en service
vient à varier, l'intensité devant rester constante, malgré des résistances ou des
forces électromotrices introduites dans le circuit, l'intervention d'un régu-
lateur faisant varier le potentiel apparaît d'elle-même comme nécessaire.
Dans le second système, sa nécessité est un peu moins immédiatement
visible. Il pourrait sembler en effet qu'en prenant un appareil générateur à
force électromotrice constante £, en vertu de la loi de Ohm, un circuit quel-
E
conque de résistance R recevra uh courant d'intensité I=-^i si Ton en ajoute
R
un second pareil, la résistance composée de deux conducteurs égaux serait
E
alors réduite à moitié, l'intensité devenant 1'=-^ serait doublée et le service du
n
"2"
second circuit assuré. Ces déductions sont fausses, parce qu'il n'y est pas tenu
compte d'un élément qui est la résistance intérieure du générateur. Il est né-
cessaire de la mettre en ligne ; si on la représente par r, la résistance extérieure
E
étant R, l'expression vraie de l'intensité serai = — - , l'adjonction d'un circuit
r+R
E
extérieur semblable au premier donnera Y = — ^ . On voit immédiatement
r+R
2
que cette expression n'est pas double de la première ; le service des deux apjia-
reils ne pourra donc être assuré qu'en introduisant, comme dans le premier
cas, une régulation faisant varier la force électromotrice E de façon que la
différence du potentiel e aux bornes du générateur soit toujours ramenée A la
9* CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
valeur qu'elle avait précédemment et dont la variation de la résistance exté-
rieure tend à Técarter.
E
La formule I = — z montre que s! r est très petit relativement à R, on se
rapproche d'un appareil dont la résistance serait nulle; la régulation devient
alors moins nécessaire ; pour certains cas restreints, dans des conditions spé-
ciales; on peut arriver pratiquement à des installations fonctionnant d'une
façon suffisante; cela ne constitue pas une solution, et serait absolument inap-
plicable sur un circuit étendu avec des appareils très différents, d'autant plus
que dans une distribation de quelque importance, le transport à distance de-
vient un élément dont il faut tenir compte ; on est alors conduit, comme noas
le savons, à employer Télectricité à des tensions assez élevées et, par suite, à
grossir la résistance des appareils générateurs, ces deux conditions étant diffi-
cilement séparables.
Il faut donc reconnaître qaepour faire la distribution de l'énergie, on doit
prévoir un système de régulation qui maintiendra constante l'intensité si les
appareils sont placés en série, la différence de potentiel aux points de départ
s'ils sont placés en dérivation.
Dans tous les cas, une solution complété de la distribution devra répondre
à' trois conditions :
l"» Tous les appareils récepteurs doivent recevoir chacun leur part d'énergie,
fonctionner d'une façon indépendante et sans s'influencer les uns les autres.
2*» La régulation nécessaire pour atteindre ce résultat doit s'opérer auto-
matiquement et instantanément, par l'action seule de l'appareil et sans l'inter-
vention de surveillants ou d'agents.
3<> La régulation doit être telle que le générateur ne produise, à chaque
instant, que la quantité totale d'électricité nécessaire au service des appareils en
action.
Les deux modes de groupement indiqués ci-dessus peuvent être appliqués ;
néanmoins, la disposition en dérivation est, dans la grande majorité des cas,
préférable : la régulation y est plus facile ; de plus, la disposition en série met
tous les appareils dans une dépendance réciproque beaucoup plus complète
que l'autre système, en sorte qu'une faute en un point du circuit aurait sur l'en-
semble une influence beaucoup plus grave.
Les théorèmes qui vont être démontrés permettent d'ailleurs de résoudre
lès deux cas.
Dans les études que nous allons exposer, on considérera principalement la
distribution de la force mécanique, celle-ci étant le but le plus important à
atteindre ; néanmoins les solutions sont absolument générales.
Représentation graphique de la marche des machines Caractéristiques,
pour une vitesse donnée.
Dans une machinée courant continu, supprimons la communication entre
le circuit qui entoure les électro-aimants et forme le champ magnétique in-
ducteur d'une part, de l'autre, le conducteur enroulé sur l'anneau ou la bobine
mobile et formant le circuit induit. Dans le circuit inducteur lançons à l'aide
d'une source étrangère des courants d'intensité déterminée, faisons tourner
l'anneau induit avec une vitesse déterminée, enfin pour chaque intensité de
SIXIÈME SÉANCE. !):> :
courant circulant dans le circuit inducteur, mesurons la force électromotrice i
produite sur l'induit.
Nous aurons ainsi pour chaque expérience une valeur de E correspondant
aune valeur de I. En prenant pour abscisse I et pour ordonnée E, on peut*
former une courbe (&g. 2), que nous appellerons la caractéristique de la ma- .
chine expérimentée. La forme de cette courbe dépend, en effet, de la construc-
tion de la machine, des dimensions et des rapports de ses diverses parties ; elle ,
en représente le fonctionnement et caractérise nettement l'appareil. Cette courbe
permet d'ailleurs, comme on le verra, de résoudre toutes les questions qui
peuvent se poser dans l'emploi d'un appareil de cette nature.
FIg. 2.
En effet, rétablissons la communication interrompue entre les inducteurs
.et l'induit, faisons tourner la machine avec la vitesse que nous lui avons
donnée pendant les expériences, et prenons l'intensité du courant développé ;
soit I cette intensité ; la machine s'excitaut actuellement elle-même, c'est l'in-
tensité I qui anime les électro-aimants et produit le champ magnétique. Or,
si nous mesurons dans la figure qui porte la caractéristique l'abscisse OF cor-
respondant à I, nous savons qu'avec ce champ magnétique et la vitesse V, la
force électromotrice correspondante est égale à FG ; ce sera donc celle qui se
développera dans le fonctionnement de l'appareil.
On en conclut immédiatement la valeur de la résistance, car on déduit de
E E GF
la loi de Ohm I = ^ l'expression R = j = — = tang. GOF ; la résistance to-
tale R dans ce système est donc représentée par la tangente d'un angle.
Si l'on veut l'exprimer numériquement, il suffira de prendre sur Taxe des x
une longueur OA quelconque, on élèvera en ce point une ordonnée indéfinie,
sur laquelle on portera une longueur égale à OA ; cette longueur représentera
E
l'ohm, puisqu'elle représente laformule -=1 ohm,correspondant à tang45«= i ,
elle servira donc à graduer l'ordonnée OD. Si l'on considère un point
quelconque H de la caractéristique, la longueur AB interceptée parla ligne OH
représentera la résistance en ohms.
L'examen de cette courbe conduit à l'explication de plusieurs phénomènes
intéressants. La forme sous laquelle nous la donnons est celle qu'elle affecte
our les machines Gramme du type ordinaire A des vitesses moyennes, ainsi
94 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
que la théorie m'avait amené à le prévoir et comme TexpérieDce Ta depuis
pleinement démontré.
Partons d'une valeur moyenne AC de la résistance et faisons^la diminuer ;
là ligne OG s'abaisse vers OX dans la direction OH, on voit que la force électro-
motrice augmente d'abord rapidement, ensuite de moins en moins vite et finit
par devenir stationnaire, la courbe tendant à devenir parallèle à l'axe desx;
cela tient à ce que l'aimantation du fer doux des électro-aimants ne croit pas
indéfiniment et qu'il y a un point de saturation, que l'on n'atteint pas effective-
ment, mais vers lequel on tend, que Ton atteint presque, et qui forme proba-
blement une asymptote de la courbe.
D'autre part, au lieu de diminuer la résistance, augmentons-la ; la ligne
OG tournera vers l'axe des y, elle coupera ainsi la courbe de plus en plus près
de l'origine et, pour une position OD, elle deviendra tangente ; à ce point il n'y
a plus de courant; c'est le phénomène nommé désamorcement, jusqu'ici mal
expliqué ; par la caractéristique on voit comment il y a une résistance déter-
minée pour laquelle l'excitation est nulle et la machine cesse de fonctionner*
Caractéristique pour différentes vitesses et différents enroulements^
Nous avons établi la caractéristique pour une vitesse de rotation donnée V ;
si Ton veut avoir la caractéristique de la même machine pour une autre vitesse
V
\\ il suffira de multiplier les ordonnées par le rapport rr.Eneffet,àuneméme
intensité I correspond un même champ magnétique; les forces électromotrices,
avec des vitesses différentes, sont alors proportionnelles aux vitesses respectives
d'après les lois de l'induction. Cette construction donnerait une transformation
de la courbe semblable à celle qui est représentée dans la figure 3.
Fig. 3.
On remarquera que si, au lieu de changer la vitesse de rotation, on change
Fenroulement deTanneau, c'est-à-dire si on modifie le nombre de tours de fil
sur l'anneau, sans rien changer au^ autres conditions et spécialement au volume
de cet anneau (ce qui s'obtiendrait en mettant plus de tours d'un fil plus fin).
SIXIÈME SEANCE 9^
la DouTelle caractéristique s'obtiendrait par une transformation analogue; en
effet ( étant Tancien nombre de tours, t^ le nouveau, la force électromotrice
qui, toutes choses égales d'ailleurs, est proportionnelle à la longueur du fll,sera
multipliée par le rapport -.
Si nous considérons (flg. 3) la caractéristique OGD correspondant à la
vitesse v et la caractéristique OEF correspondant à la vitesse v^^ les résistances,
pour une même intensité OA, seront données par les tangentes des angles GOA
et EOA; on peut obtenir directement ces divers éléments, connaissant la pre-
mière caractéristique, sans qu'il soit nécessaire de construire la seconde courbe.
En effet, cherchons la force électromotrice et l'intensité pour une résistance
donnée R, à une vitesse v^ la caractéristique étant construite pour la vitesse v.
Soit K le rapport -, soient E et I la force électromotrice et l'intensité cherchées ;
on sait qu'en nommant e la force électromotrice correspondant à la même inten-
Ke
site pour la vitesse v, pour la vitesse v^ on aura E = Ke, d'où il suit I = -=- ou
n
e R
encore- = -, c'est-à-dire qu'en construisant sur la caractéristique que nous
R
possédons une résistance - elle nous donnera l'intensité I. Pour cela, divisons
IL
l'axe des y (flg. h) en parties proportionnelles aux résistances et l'axe x dans le
sens négatif en parties proportionnelles aux vitesses, la vitesse primitive étant
Fijç. 4.
prise pour unité, l'unité étant la môme pour les deux échelles; mesurons sur
l'axe y la résistance R et prenons sur TaxQ des x la grandeur v^=Kv, joignons
les points ainsi déterminés; la ligne qui les joint a une inclioaison dont la tan-
gente est ~ ; menons par Torigine la parallèle OB jusqu'à la rencontre de la
caractéristique, la grandeur OA représente I et Ton aura E en prenant AB x K.
On peut apporter aux machines une autre modification consistant à changer
l'enroulement de Tinducteur, bien entendu en maintenant toutes les auti*es
dispositions de Texpérience y compris le volume de cet inducteur. Soit t le
nombre primitif des spires de l'inducteur, f^ le nombre nouveau. Le volume
total étant le même, le nombre des spires compense l'affaiblissement du courant
96
CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
dans chacune d'elles, en sorte qu'on aura la même excitation et le même champ
magnétique, avec des intensités I et I^ différentes, pourvu qu'on ait M = t^ I^.
En sorte que, rien n'étant changé d'ailleurs, une force électromotrice E qui
correspondait à une intensité I, correspondra actuellement à une intensité
Ii = 1 x -^ il suffira donc de faire varier les abscisses dans ce même rapport
comme cela est indiqué dans la flg. 5, pour obtenir la nouvelle caractéristique*
Fig. 5.
Si la machine avait reçu à la fois les deux modifications on opérerait suc-
cessivement dans la caractéristique les deux transformations ou Ton tiendrait-
compte dans le calcul des deux coefficients à introduire*
Difjfhrence des potentiels en deux points de circuit comprenant entre eux
une résistance donnée.
Dans un circuit de résistance totale r + x nous voulons savoir quelle est la
différence de potentiel e de deux points pris des deux côtés du générateur et
comprenant entre eux la résistance r.
Fig. 6.
Prenons au-dessus de Taxe des x l'angle DOX (fig. 6) tel que tang.
DOX«=r+a?, et l'angle COX tel que tang. COX = r; ils représenteront le
premier la résistance totale, le second la résistance comprise entre les points
donnés.
SIXIÈME SÊÂNGfi. 97
On a :
DA = OAtangDOA — I(r + a?) ;
EA» OAtang GOA » Ir;
DA — EA» DE==: Lr.
Or Ix, d'après la loi de Ohm, est la différence de potentiel entre les deux extré-
mités du circuit de résistance x, qui forme le complément du circuit de résis-
tance r, c'est donc la différence e cherchée.
Supposons, comme cas particulier, que GOX représente la résistance inté-
rieure de la machine, et que l'on fasse varier la résistance totale ; DE représen-
tera la différence de potentiel aux bornes de la machine ; elle sera d'abord
nulle lorsque OD coïncidera avec OG, elle ira ensuite en croissant et passera
par un maximum pour revenir à zéro lorsque la machine se désamorcera.
Ge phénomène avait été entrevu, la caractérktique permet d'en voir claire-
ment la marche et la raison d'être.
Caractéristique avec champ magnélique initial; ses conséquences.
Supposons actuellement que les inducteurs portent deux circuits distincts
formés de fils enroulés ensemble l'un à côté de l'autre, de façon que les deux
flis voisins soient sensiblement à la même distance du noyau de fer doux
magnétisé; si deux courants distincts passent dans les deux flIs, leurs actions
s'ajouteront, et l'excitation sera la même que s'il passait un seul courant égal à
la somme des deux courants réels qui circulent.
Gela posé, faisons passer dans un de ces circuits inducteurs un courant
constant venant d'une source extérieure ; la résistance de ce circuit ainsi séparé
Fig. 7.
du circuit général n'aura point à compter dans la résistance totale ; au contraire,
le deuxième circuit inducteur entrera dans le circuit général et recevra le cou-
rant produit par la machine.
Dans ces conditions nouvelles, que devient la caractéristique?
Il faut remarquer que, dans toutes les études que nous allons exposer, nous
supposons qu'on fait usage d'une même vitesse constante; les théorèmes précé-
7
91 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
dents montrent comment il faudrait faire pour appliquer les résultats à d'autres
vitesses.
Soit OTC {Dg. 7), la caractéristique, obtenue comme nous l'ayons fait
jusqu'ici. Supposons le circuit inducteur séparé parcouru par un courant d'in-
tensité 00 ï Tautre circuit ne fonctionnant pas encore, la force électromotrice
sera OF'î F' sera le point de départ de Ja nouvelle caractéristique; le circuit
général entre aiors en fonction et tout se passe comme si un courant égal à la
somme de ces deux courants parcourait une seule hélice d'un volume égal à
Tensemble des deux hélices réelles. La caractéristique, à partir de ce point,
conserve la forme qu'elle avait, Ja modlûcatioo consiste simplement à reporter
Torigine des coordonnées du point 0' au point ; la caractéMstique partant du
point F', les résistances se compteront alors à partir du point 0.
Une première conséquence s'aperçoit lin média têment: soit, dans le premier
état, c'est-à-dire sans champ magnétique extérieur, E0% la résistance inté-
rieure de la machine, la différence de potentiel maximum dont on pourra
disposer sera représentée par DE et correspondra à la résistance DO'X. Avec
le champ magnétique initial, la résistance intérieure étant BOX = EO'X, la
différence de potentiel disponible croîtra beaucoup, comme on le voit par la
ligne CB qui n'est pas encore le maximum et qui est tiès supérieure à DE,
Ca^^acîèrisiiqus rectiiigne.
Si Ton examine une caractéristique, on remarqué qu'elle commence par
une portion dont la courbure est très faible, jusqu'au moment où l'on s'ap-
proche du point de saturation des électro-aimants. Jusqu'à ce point, la caracté-
ristique peut être très bien assimilée à une ligne droite. En employant des
machines pourvues d'clectro-ai ma nts de dimensions considérables par rapport
à l'induit, on reculera beaucoup le point de saturation et on prolongera cette
partie recliligne^ il y aura sans doute lieu d'appliquer ce procédé lorsqu'on
réalisera la distribution sur une vaste échelle, mais, dès à présent et telles
qu'elles sont construites, les machines de Gramme, rexpérience l'a prouvé, ont
une caractéristique asse^ rectiligne pour que tous les raisonnements qui vont
suivre s'appliquent très bien.
Différence des potentiels constants^
Si Ton relève pour une vitesse donnée la caractéristique d'une machine,
on arrivera à tracer, d*après les con sidéra tioni précédentes, une ligne droite
d'une inclinaison déterminée; si l'on fait varier la vitesse, on devra, ainsi que
cela a été dit plus haut, multiplier toutes les ordonnées par unnombre constant,
ce qui revient à faire tourner la caractéristique droite d'un certain angle autour
de son point de rencontre avec Taxe des x.
Ceci posé, soit OG (Og. 3) la caractéristique d'une machine; en lui adjoi-
gnant un champ magnétique extérieur constant, la caractéristique sera repré-
sentée par la portion FG de la ligne droite. Soit DOX la résistance intérieure
delà machine, les lignes FG et CD se rencontrent généralement, en sorte que
la portion des ordonnées coip prise entre ces lignes, qui représente comme on
sait la différence des potentiels aux bornes, est variable.
SIXIÈME SÉANCE. 99
Mais nous possédons le moyen de la rendre constante. Nous pouvons en
effet, en modifiant la vitesse, faire tourner la droite O'G autour du point 0', il
Fig. 8.
nous sera donc possible de l'amener à la position O'G, parallèle à OD. Dans
ces conditions, la ligne G B qui représente la différence des potentiels aux
bornes est constante, quelle que soit la résistance totale GOX que Ton donne
au circuit.
Distribution en dérivation.
Pour obtenir des circuits en dérivation fonctionnant indépendamment les
uns des autres, il suffit, nous le savons, de maintenir aux bornes de la machine
une différence de potentiel e constante ; chacun des circuits reçoit alors une
intensité i = er, qui ne dépend que de sa résistance propre r.
Le théorème précédent vient de nous fournir le moyen d'atteindre ce
résultat sans rintroduction de régulateurs mécaniques et par le seul jeu des
actions électriques : remarquons d'ailleurs que l'énergie totale dépensée reste
toujours égale à la somme des énergies récupérées, en sorte que cette solution
répond d'une façon absolue aux trois conditions posées plus haut.
Elle n'offre aucune difficulté dans la pratique. On commencera par relever
à une vitesse connue v, la caractéristique de la machine. Le coefficient d'incli-
naison de cette ligne est égal à l'accroissement de force électromotrice pour
une intensité égale à l'unité. En appelant E^ la force éleclromotrice due au
courant extérieur constant, il est donc représenté par
E-Eq
soit r la résistance inlérieure; si ces deux nombres ne sont pas égaux, on cher-
chera une vitesse v telle qu'on ait :
d'où
v'E
-E._,
V' ■-
I "^
vr
fi— E,
t
iOO CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
On déterminera d'ailleurs alors rexcitation extérieure suivant la différence
de potenUel constgate doDt on voudra disposer sur le circuit.
Cela fait, ou placera sur chacun des pôles de la machine un fil conducteur
qui possédera le même potentiel que ce pôle, et & tous les points où Ton vou-
dra utiliser une portion de l'énergie produite, on joindra ces deux conducteurs
par une dérivation de résistance convenable.
On peut également n'employer qu'un seul câble et faire le retour par la terre.
11 estérident qu'en opérant ainsi, surtout si les dérivations sont nombreuses,
on ne conservera pas sur toute la longueur des conducteurs polaires la
même différence de potentiel, les dérivations successives tendront à la dimi-
nuer. Il n'y a là aucune difûculté, on est dans le même cas que toutes les dis-
tributions possibles, gaz, eau, etc., qui toutes perdent leur charge initiale à
mesure qu'elles se dépensent; il suffit qu'on puisse calculer cette perte et savoir
en chaque point de quelle pression on dispose; c'est ce que Fou peut con-
naître avec beaucoop de précision pour l'électricité; cette variation, s'opérant
suivant une loi déterminée, n'introduit donc aucun trouble dans le sys-
tème.
Distribution en série.
Ainsi que nous lavons dit, lorsque les appareils récepteurs sont placés en
série, ce n*est plus [a différence de potentiel aux bornes du générateur qu'il faut
maintenir constante, mais bien l'intensité du courant.
Pour atteindre ce résultât, nous produirons l'excitation des électro-aimants
à l'aide d'un courant dérivé du courant principal.
Il faut alors distinguer dans le circuit plusieurs parties.
Soit U le courant total qui se développe dans l'anneau induit ;
Ib , la portion dérivée du courant qui traverse les inducteurs et produit le
champ magnétique.
lj( , la portion qui parcourt le circuit extérieur ;
a, ta résistance de Tanneau;
h, celle des inducteurs;
X, celle du circuit eitérieur.
En un, soit E la force électromotrice totale et e la différence de potentiel
aux points où le circuit inducteur dérivé se sépare du circuit extérieur utile.
rintenstté U est celle qu1i faudra maintenir constante pour distribuer
Ténergie à des appareils en série*
ISous avons d'abord :
L -= Ib + Ix,
qui exprime simplement que le courant total est la somme de ses dérivations.
En considérant la différence du potentiel au point de dérivation, on a :
et aussi
d'où
X
"■-ï
J* ^ *- T T.
X
SIXIÈME SÉANCE. 104
Hais rintensité totale I a une autre expression; elle est égale à la force
électromotrice totale divisée par la résistance totale. Celle-ci s'obtiendra, en
ajoutant & la résistance a de la partie commune des circuits la résistance for-
mée 'par l'ensemble des deux branches : celle-ci est égale, d'après une règle
connue, à l'inverse de la somme des inverses des résistances, c'est-à-dire,
1 1
à 7 ; la résistance totale sera donc a + j r d'où Ton conclut :
b X b X
E
la
« + 4 7
b X
en égalant les deux expressions de la, on a :
! + -=
b X
a +
b X
ii-ï)-'^'*'^
e =
E E 6a? E bx
''G+i)
a (a; + 6) + 6a? (a + 6) a? -r a6
T 1
donc
ou encore
E6 (a
+ 6)a? + a6
e
X
((jt + 6) a?
+ ab
E
a?
'
e
1
enfin :
(a + 6) a?
+ ab
E,
a?
"Ib'
e
- n'est autre que Ib, et l'on a enfin :
Ceci posé, soit OEF (Og. 9) la caractéristique de la machine, traçons une
ligne droite CB dont l'équation soit
y = (a + 6) a? + ab,
prenons la longueur OA=a?, élevons l'ordonnée du point A jusqu'au point B
et tirons OB; celte ligne rencontre la cara'îtéristique en un point E dont nous
40t
CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
mènerons Tordonnée El. Prenons alors OJ = ^ et menons la droite JK paral-
lèle à Taxe des X, elle rencontre en G Tordonnèc AB; menons OG, cette droite
rencontre en H l'ordonnée EIj la longueur IK ainsi déterminée représentera
l"înlensité I^ que Ton cherche. En effet les triangles semblables OIE, GAB
donnent :
El _ AB _ y __ (g 4- b) x + a h _ E ^
Ol"^OA^ar~ x ""ïb'
D*ailleurs d'après la construction même de la caractéristique, El est
^gal à Ë et 01 à U; d'autre part, les triangles semblables OIH, OAG
donnent :
01 OA
ou
donc
Ib X
1 H = îb " = t- X - = - = Ix,
X b j: x
ce qu'il fallait démontrer.
LîmiU de dèsamorcement.
Nous possédons aînsî le moyen de représenter graphiquement la quan-
tité I, qu'il s'agit de rendre constante.
Une construction simple permettra, h Taidede la caractéristique, de déter-
miner dans cette disposition nouvelle le point de dèsamorcement; il suffira de
mener 01 tangente à la caractéristique à 1 origine, jusqu'à la rencontre de la
ligne
y^ia-h 1)2: -{- ab,
eu Lt d'abaisser LM, OM sera la résistance cherchée.
SIXIÈME SÉANCE. 403
Intensité exthieure constante.
Gomme nous l'avons fait précédemment, assimilons la caractéristique à
une droite, et à Taide d'pn courant étranger, créons un champ magnétique ini-
tial, en sorte que la caractéristique ne passera plus par l'origine et sera repré-
sentée par une ligne droite coupant Taxe des y (fig. 10).
Construisons la Iignei/=(a+6)â? + a6 qui est définie par les données de
construction de la machine. Par le procédé que nous avons donné ci-dessus,
on peut déterminer une vitesse de la machine telle que sa caractéristique soit
parallèle à la droite y = (a +6) x+ab.
Le résultat obtenu est représenté dans la flg. 10. CB est la ligne y = (a 1-6) x
+ ab, NF est la caractéristique rendue parallèle; cherchons l'intensité pour
m
Fig. 10.
une résistance extérieure connue x, nous prendrons OJ égal à 6, nous menons
la ligne JK parallèle à l'axe des x; prenons Ok=x, élevons Tordonnée BA jus-
qu'à la droite CB, au point B, joignons OB, cette droite rencontre la caracté-
ristique en E, abaissons El, joignons OG; d'après ce que nous venons de dé-
montrer, IH=Ix.
Or on a, dans les triangles semblables
IH
AG
oosta
OH
OG
Dt, donc
OE
OB
OL
OM
I.
b
a
Ix = a6
valeur constante.
Le procédé employé pour déterminer la vitesse que doit avoir la machine,
pour que la caractéristique ait l'inclinaison voulue, est analogue à celui que
104 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
nous aTons déjà mis en œuvre ; dans le cas actuel, il s'applique de la façon su!-
yan'te :
La droite qui détermine l'inclinaison à obtenir ayant pour équation
t/ = (a+6)a;+a6, son coefficient d'inclinaison est— (a-f 6). Celui de l'ancienne
caractéristique obtenue avec la vitesse V et le courant I étant
E — Eo
ainsi que nous Tavons déjà expliqué, il faudra chercher une vitesse Y telle que
Ton ait :
y — j— ^ = — (a + 5);
donc :
v.^-(^-^/)v,
I
or, remarquons que — (a+&) n'est autre chose que la résistance totale, dans le
cas où les inducteurs et l'induit seraient réunis en un seul circuit, comme dans
la disposition ordinaire. C'est ce que nous avons nommé R dans les théorèmes
précédents. Nous arrivons donc à conclure que, dans les deux cas, qu'il s'agisse
de maintenir constante la différence de potentiel ou l'intensité du courant, la
vitesse que doit recevoir la machine est la même, la différence réside dans le
mode d'accouplement des circuits inducteur et induit; le même appareil pour-
rait donc fournir les deux résultats par le seul jeu d'un commutateur.
ANNEXE II
MÉMOIRE DE H. LE D"^ FROELICH
RELATION DES EXPÉRIENCES
DE LA MAISON SIEMENS ET HALSKE SUR LES MACHINES DTNAMO-ÉLEGTRIQUES,
ET LA TRANSMISSION DES FORCES PAR L'ÉLECTRICITÉ.
Le manque presque absolu d'un matériel d'expérimentation suffisant et
l'incertitude des considérations théoriques hasardées jusqu'à ce jour avaient
fait sentir de plus en plus vivement à MM. Siemens et Halske la nécessité de faire
procéder, dans leur établissement, à une série très étendue d'expériences
sur la transmission des forces par Télectricité. Ce sont ces expériences
qui ont été l'occasion de la relation et des considérations théoriques sui-
vantes.
SIXIÈME SÉANCE. 105
Aa cours des expériences qui furent faites sur la transmission des forces,
par l'électricité, il fut bientôt établi que le nombre des circonstances exerçant
une influence notable sur cette transmission est considérable, et que, par con-
séquent, il fallait donner à ces expériences un très grand développement, si
Ton n'arrivait pas à trouver une tbéorie simple, reproduisant les circonstances
dans leur partie essentielle, et d*où Ton pût tirer également des conclusions
pour les cas n'appartenant pas nu domaine de ces expériences. Mais, pour arri-
ver à cette théorie, il fallait une connaissance exacte des phénomènes qui se
produisaient dans la machine dynamo-électrique simple, ainsi que de leurs
causes; en un mot, on arriva à la certitude qu'il fallait absolument travailler à
combiner en un système tout le domaine de ces phénomènes, afin de pouvoir
répondre aux questions des techniciens avec une précision qui permtt de passer
à la pratique.
Ce qui suit est un résumé succinct des résultats obtenus par les expériences
en question.
Les essais sur les appareils dynamo-électriques publiés jusqu'à cette époque
sont, 11 est vrai, assez nombreux {Annales de Wiedemann, t. VIII, page 191, Meyer
et Auerbach) et ces travaux témoignent, dans quelques parties, de beaucoup de
soin et d'attention; nous n'avons pu, néanmoins, en tirer grand profit, leurs
auteurs s' étant, la plupart du temps, bornés à rechercher les courbes des cou-
rants produits par une machine spéciale, sans songer à séparer ce qui était in-
dividuel à ladite machine des phénomènes généraux propres h toutes les ma-
chines dynamo-électriques, et sans étudier et établir séparément les différentes
causes du courant.
I. — DU COURANT DE LA MACHINE DYNAMO-ÉLECTRIQUE.
Équation de ViquWhre dynamo-électrique.
Quand on applique la loi d'Ohm au courant d'une machine à aimants per-
manents, on obtient :
(1) i=^.
I représente le courant, v le nombre de tours par minute, R la résistance
totale du circuit parcouru, nie nombre de tours du fil de l'anneau et M une
grandeur que nous définirons le rapport de la force électromotrice au produit
ni), et que nous appellerons magnétisme actif.
Cette dernière grandeur est la somme des forces électromotrices que les
aimants permanents et le fer de l'anneau exercent sur une seule spire du fil
induit à chaque tour.
La même équation s'applique également à la machine dynamo-électrique ;
seulement, pour cette dernière, il faut ajouter cette circonstance qu'elle pro-
duit elle-même son aimantation, ce que nous exprimerons par
(2) M =/•(!)
c'est-à-dire que le magnétisme actif est une fonction de l'intensité du courant,
106 CONGRES INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
tandis que, dans la machine à aimants permanents, M est une grandeur pres-
qae constante.
L'éqaation (1) est en même temps celle de l'équilibre dynamo-électrique :
en effet, lors de Centrée en action de la machine, au moment où le courant
<tiiifti
s'éiatjfjl, maïs arant d'aroir atteint l'état stationnaire, le courant — ^ produit
par le magnétisme existant à ce moment-là, est toujours plus intense que celui
qui est nécessaire au maintien de ce magnétisme et les deux grandeurs de
courant ne deviennent égales que dans l'état stationnaire ou dans l'équilibre
dynamo-ùleclrique.
L'équation (1) ainsi formulée :
^^ n.M f{i) R
renferme le principe important qui suit : rintensitè du (mirant est fonction du
rapport da nombre des tours à la résistance totale. Ce théorème s'applique à toutes
les machines dynamo-électriques et à toute position du frotteur, et doit être
considc^ré comme l¥quation fondamentale.
L'équïition sert également à calculer la puissance caractéristique de chaque
macliine.
L'unique grandeur qui caractérise l'individualité d*une machine et qui
suffit pour la caractériser, est le produit du magnétisme actif M par le nombre
de tours n du ûl de Tanneau; ce dernier nombre étant donné, et le magnétisme
actU étant fonction de Tintensité du courant, pour une certaine machine et
une certaine position du frotteur également déterminée, on peut toujours,
par le nombre de tours et la résistance totale, calculer l'intensité du cou-
rant.
L'équation (1) démontre également quelle forme cette fonction doit avoir
pour que la machine puisse produire le courant le plus fort possible.
Si le magnétisme actif était simplement proportionnel à l'intensité du
courant, l'équalion (1) n'aurait pas de sens; comme, en général, il n'y aurait
plus, dans cette hypothèse, d'état stationnaire, le courant augmenterait à Tin-
ûni. LVquilibre dynamo-électrique ne s'établit donc que s'il y a un écart de
proportion entre le magnétisme et l'intensité du courant, ce qui est le cas dans
toutes les machines existantes.
Prenons n M = d — ? (I) où ? (I) représente cet écart, l'équation (1) nous
donne î
c -
d'où il résulte que, pour obtenir une certaine intensité de courant, plus l'écart
de proportionnalité du magnétisme diminue, plus le nombre de tours néces-
saire diminue aussL Une machine dynamo-électrique est donc d'autant plus
parfaite que la relation entre le magnétisme actif et l'intensité du courant se
rapproche de la proportionnalité.
V.
SIXIEME SÉANCE.
f07
2* Examen de réquation d^équilibre.
C'est sur une machine du plus grand modèle de la maison Siemens et
Halske (modèle D» )que furent faites des expériences très étendues, pour éprou-
ver la valeur de l'équation fondamentale en faisant varier, à cet effet, dans des
limites aussi larges que possible, le nombre des tours et la résistance, et en
mesurant l'intensité des courants relatifs. La mesure des courants..se fit à.llaide
d'un électro-dynamomètre, de la construction décrite dans mon ouvrage sur
l'électricité et le magnétisme, page l\02; la comtante de l'appareil ' s'établissait
d'après les dépôts de cuivre. Les mesures de courant étaient exprimées en
unité : ., . ^ ^. , Kohlrausch définissant le Daniell comme la force électro-
Unité Siemens
motrice qui, dans la résistance d'une unité Sfemens, produit un courant dépo-
sant en une heure 1 gramme 38 de cuivre.
La machine fut essayée successivement sous trois enroulements différents,
dont les données suivent :
BOBINE :
ÉLECTRO-AIMANTS.
ANNEAU.
RÉSISTANCE
TOTALE
de la machine,
a -h*
DISTANCE
MOYBNMK
de
l'enroulement
des fils au fer.
r
NOMBRE
des
TOURS DB FILS.
m
RÉSISTANCE.
S
NOMBRE
des
TOURS DB FILS.
n
RÉSISTANCE
a
I
n
m
mm.
10,5
21,0
14,0
456
856
1060
E
0,290
0,580
4,140
288
288
1296
E
0,145
0,145
3,000
E
0,435
0,725
7,140
La résistance extérieure consistait en un système de fers plats, tendus à
l'air libre, lesquels étaient relativement peu échauffés par les forts courants qui
s'y produisaient. Cette résistance extérieure, qu'on faisait intervenir de temps
en temps, était mesurée après chaque expérience.
La position des balais du collecteur pouvait être changée à volonté; à
chaque expérience, on choisissait la position qui faisait obtenir le maximum
de courant.
Les tableaux suivants, I, II, III contiennent les résultats des expériences
faites avec les bobines (enroulements) I, II, III. On y trouvera indiqués : le
nombre de tours par minute v, la résistance totale R en U. S., l'intensité du
courant I en ,, ^ , le rapport -et le magnétisme actif M = — .
U. S. ^*^ R ni;
La courbe I de la figure 11 indique ces mêmes expériences (I étant fonc-
tion de - ); les lignes pointillées représentant les formules d'interpolation dont
n
il sera parlé plus bas. Dans la courbe III, ies valeurs de - sont portées à une
R
échelle dix fois plus grande.
TABLEAC L — E5R0ULEI1EKT L
R
I
^=r:
V
TOURS
R68I6TAHCB
INTBN8IT6 .
R
MAONÂTISIIB
TOTALE.
DU COUKAIIT.
ACTir.
506
2^
30,10
179^
0,000583
008
2^
35,30
200^
04100587
7H
2,98
41,50
239yM
0,000604
7«l
3^
45/M)
261,00
ojmaii
903
3,11
49,20
290,00
0,000569
m?
3,17
54,70
322,00
0,000500
112
2,77
0,30
40,40
0,000026
203
2,78
0,58
73,00
0,000028
301
2,79
1,18
108,00
0,000233
400
2,81
19,90
143,00
OiNM)486
390
2,83
19,90
138,00
OiNM)500
510
2,70
32,00
189,00
0,000587
610
2,69
40,20
227^
0iNM)615
709
V4
44,70
259,00
0,000601
812
2,80
50,40
290,00
0,000604
919
2,71
55,70
339,00
0,000509
105
2,47
0,29
42,50
0,000024
194
2,51
1,20 •
77,20
0,000054
307
2,52
15,50
122,00
0,000441
399
2,54
25,90
157,00
0,000573
0,000024
105
1,95
0,38
53,90
203
2,01
1,88
101,00
0,000065
300
2,02
23,70
148,00
0,000556
401
2,04
33,90
197,00
0,000601
501
2,14
41,50
234,00
0,000615
608
2,18
48,60
279,00
0,000604
704
2,22
53,40
317,00
0,000583
822
2,22
59,90
370,00
0,000563
0,000042
111
1,47
0,88
75,50 *.
198
1,57
14,70
126,00
0,000403
301
1,55
33,60
194,00
0,000601
401
1,57
45,90
255/)0
0,000625
498
1,65
52,00
302,00
0,000597
601
1,70
58,80
354,00
0,000576
728
1,74
67,60
418,00
0,000559
0,000042
109
1,25
1,06
87,00
212
1,31
'27,50
162,00
0,000590
309
1,33
41,50
229,00
0,000629
413
1,37
53,40
302,00
0,000615
592
1,43
65,60
414,00
0,000549
493
1,46
58,50
338,00
0,000601
114
0,92
6,90
124,00
0,000194
207
0,94
39,i>0
220,00
0,000 622
313
0,97
58,40
323,00
0,000629
415
1,01
71,10
411,00
0,000 601
497
1,02
79,80
487,00
0,000 569
0,000566
109
0,65
27,50
168,00
194
0,72
50,90
269,00
0,000656
293
0,73
71,30
401,00
0,000618
42i
0,73
95,20
581,00
0,000569
105
0,48
38,80
219,00
0,000615
194
0.56
63,00
346,00
0,000632
2Î>4
0.56
88,*28
525,00
0,000583
SIXIÈME SÉANCE.
TABLEAU IL — ENROULEMENT IL
409
R
I
M=13
V
TOURS.
RÉSISTANCE
INTENSITÉ
V
R
nv
MAGNÉTISME
TOTALE.
DU COURANT.
ACTIF.
201
3,10
10.40
6430
0,000556
415
3,14
24,00
132,00
0,000640
609
3,24
33,90
188,00
0,000625
812
3,31
46,40
245,00
0,000656
206
2,12
18,40
97,20
0,000656
i08
2,12
40,90
192,00
0,000 736
607
2,08
62,90
292,00
0,000 750
195
1,27
32,19
154,00
0,000 726
399
1,29
67,70
309,00
0,000760
207
3,24
10,40
63,90
0,000566
TABTLEAU IIL — ECROULEMENT IIL
R
I
M=iB
V
TOURS.
RESISTANCE
INTENSITÉ
R
nv
MAGNÉTISME
TOTALB.
DU COURANT.
ACTIF.
202 •
19,00
7,95
10,60
0,000577
304
19,20
12,60
15,00
0,000612
199
22,70
5,95
8,77
0,0 0524
301
23,00
10,20
13,10
0,000601
405
23,00
13,60
17,40
0,000604
U résulte de ces expériences que Pintensité du courant n'est en réalité qu'une
fonction du rapport ~. comme le montre l'équation (3); si v et R étalent varia-
R
^^SHEH^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^H
Fig. 11.
bles, influant alors, chacun séparément, sur Tintensité du courant, les inten-
sités de courant ne pourraient être représentées par une seule et unique courbe,
tandis que leur représentation par une seule courbe se conforme évidemment
HO CONGRES INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
aux observations, et les écarts qui se produisent portent le caractère de fautes
commises pendant l'expérience.
Ce n'est pourtant pas là tout à fait la stricte vérité.
En effet, si I n'était qu'une fonction ^e - , une intensité de courant déter-
H
minée se produisant pour une position déterminée du frotteur et des valeurs
également déterminées de v et R. il faudrait que cette intensité de courant ne
changeât pas, lorsque le nombre de tours et la résistance totale sont changés
dans la môme proportion. Ce n'est pas exactement ce qui arrive ; il faut même,
lorsque t; et R subissent une augmentation égale, tourner légèrement le frot-
teur dans le sens de la rotation de l'anneau, pour maintenir l'intensité du cou-
rant égale à celle que Ton possédait auparavant.
Néanmoins, ce phénomène, qui indique que le magnétisme de l'anneau
est un peu entraîné par la rotation, est d'une importance peu appréciable pour
la pratique. Nous ne nous en occuperons donc plus, bien qu'il faille toujours
en tenir compte dans l'établissement du frotteur.
Il nous reste encore à examiner si lu série d'expériences, la plus complète
qui ait été publiée jusqu'aujourd'hui, et qui a été faite par MM. Meyer et Auer-
bach avec une machine Gramme, concorde avec notre équation fondamentale.
Fig. 12.
MM. Meyer et Auerbach ont, il est vrai, mis en avant l'équation (1), mais
ils ne paraissent pas en avoir examiné la généralité. Si, d'après le tableau final
dotf né par ces physiciens, on représente 1 comme fonction de-, on obtient la
courbe ÏV^ figure 12 ; cette figure montre, il est vrai, que les écarts de la courbe,
obtenue par les observations, sont plus grands qu'on ne devait s'y attendre,
après des expériences ftites avec tant d'exactitude ; mais probablement, la cause
en est dans la position des frotteurs, qui étaient toujours les mêmes dans ces
expériences ^ Le fait essentiel, c'est que l'intensité du courant ne se montre, là
V
aussi, que comme une fonction du rapport -.
La relation reliant Tintensilé du courant au rapport du nombre de tours
et à la résistance, est clairement représentée par la figure 11. Ce n'est là, natu-
4. Les expériences fkites avec des intensités de courant très faibles ne se trouvent pas
dans nos tableaux, parce qu'alors les machines ne fonctionnent pas encore comme machines
dynamo-électriques.
SIXIÈME SÉANCE. 444'
rellement, qae le caractère indiyiduel des machines essayées, lequel dépend de
la construction, des enroulements, etc.
La courbe I, obtenue par le premier enroulement, relativement faible, des
électros, concorde, dans la forme, aveccellesobtenuesparMM. Meyer, Auerbach
et d'autres : elle commence par monter assez brusquement, puis elle suit, pen-
dant une assez longue période, une ligne presque absolument droite et, plus
tard, s'en éloigne peu à peu.
Au contraire, la courbe II, obtenue par le second enroulement, lequel est
une fois plus fort que le premier, — mais qui repose sur des expériences moins
nombreuses et moins soigneusement faites, — affecte généralement une ligne
droite, — de même la courbe III, mais dans F usage pratique, on ne produit avec
cette machine que des intensités de courant entre 20 et 50 , en employant
les enroulements I et II ; entre ces deux points, la courbe I est donc, sensible-
ment, une ligne droite, et nous n'allons pas trop loin en prétendant que, pour
la pratique, il faut considérer ¥ intensité du courant comme une fonction linéaire du
rapport du nombre de tours à la résistance.
Ce résultat, qui est celui qu'on obtient, dans les parties essentielles, avec
toutes les machines de Hefner-AUeneck, ainsi qu'avec la machine Gramme
essayée par MH. Meyer et Auerbach, résultat qui simplifie étonnamment toutes
les questions relatives à ces machines, fait considérer la machine dynamo-élec-
trique comme une sone de machine à aimants permanents. Bien que le ma-
gnétisme actif de la première aille toujours en augqieatant avec le courant, —
cela, dans les bornes de la pratique, — tandis que celui de la dernière reste
presque constant, l'augmentation du courant est, dans les deux machines, pro-
portionnel à l'augmentation du rapport du nombre des tours à la résistance. Il
n'y a, entre les deux machines, qu'une différence importante : la machine à
aimants permanents, même par une rotation des plus ralenties, produit un
courant, tandis que la machine dynamique n'en donne qu'après avoir atteint
la vitesse que nous appelons la vitesse perdue.
On jugera de l'exactitude de notre théorie d'après les courbes; les écarts
entre notre théorie et la réalité n'ont aucune influence dans la pratique.
3* Le magnétisme actif.
La relation entre le magnétisme actif et (intensité du courant est représentée
par les courbes V, VI, VU, figure 13, pour les enroulements I, II, III, d'après
les tableaux I, II, III. La courbe VIII (figure \k) montre la marche du magné-
tisme actifdé la machine, Gramme calculée d'après les expériences de MM. Mayer
et Auerbach, marche absolument identique à celle des courbes précitées. Cette
dépendance se caractérise en général, dans les machines dont nous avons parlé,
en ce sens que, au début, le magnétisme actif est proportionnel à l'intensité du
courant, puis s'écarte toujours plus de la proportionnalité, et passe asymptoti-
qnement à un maximum. Il faut même, pour produire des courants plus
intenses, que le magnétisme s'écarte de ce maximum ; car si les électro-aimants
sont aimantés au maximum, l'effet affaiblissant du courant sur les fils de l'an-
neau doit toujours aller en croissant, et le magnétisme actif doit diminuer. Ajou-
tons toutefois que cela n'a lieu que pour des intensités de courant dépassant de
beaucoup celles qui se produisent dans la pratique.
44S
CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS,
Donc, si nous nous bornons à la description des phénomènes de la pra-
tique, nous pouvons admettre que le magnétisme actif finit par atteindre un
maximum constant.
Fig. 13.
Les deux traits caractéristiques de la courbe du magnétisme, la proportion-
nalité dans le commencemeat et le maximum final, proviennent de ce que i'in-
1 1
■ "1
1
*
• , J _
/ M
_
Fig. 14.
tensité du courant est une fonction linéaire de . Car si nous mettons :
n
nous obtenons
ik)
n- =a + 61,
= U"i"«)
SIXIÈME SÉANCE.
443
OÙ a représente la Titesse perdue, et - le facteur de la proportionnalité, entre I
et-; il résulte pour M
R
(5)
I
n V a + bl'
R
TABLEAU IV. — ENROULEMENT L
V
I
B
nv
COURANT
FORCE
MAGNânSMB
TOURS.
iLBCTKO-MOTBICB.
ACTIV.
164
4,91
11,80
0,000243
200
10,30
19,30
0,000333
202
8,78
18,80
0,000323
dOS
13,70
41,90
0,000483
290
16,80
44,60
0,000524
288
18,80
47,30
0,000569
405
28,10
77,90
0,000667
420
26,00
78,50
0,000649
430
24,40
78,50
0,000635
415
21,20
71,80
0,000601
440
12,80
56,40
0,000 4U
506
15,50
72,50
0,000497
503
17,60
77,90
0;000538
494
21,20
83,90
0,000590
485
24,80
88,40
0,000632
498
28,70
95,30
0,000663
486
33,80
97,30
0,000694
488
33,60
98,70
0,000 701
486
33,30
94,00
0,000670
492
34,10
95,30
0,000.674
550
. 40,00
114,00
0,000 719
587
' 43,60
122,00
0,000 722
578
» 42,10
121,00
0,000 726
570
41,10
115,00
0,000698
610
32,50
121,00
0,000691
625
26,60
122,00
0,000677
634
27,80
119,00
0,000653
595
20,70
99,30
0,000580
708
24,80
127,00
0,000625
680
30,50
130,00
0,000663
680
34,10
134,00
0,000681
. 698
39,00
144,00
0,000 715
760
45,40
162,00
0,000 740
808
47,00
175,00
0,000750
828
48,00
178,00
0,000 747
804
47,00
170,00
0,000733
830
42,30
175,00
0,000 729
. 792
33,00
153,00
0,000691
806
31,00
152,00
0,000 656
832
25,30
149,00
0,000622
790
19,10
121,00
0,000531
4U
CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
1 1
ici - est le facteur de la proportionnalité initiale entre M et I, et - la yaleur
a
maximum du magnétisme actif.
Les courbes trouvées pour le magnétisme actif, et que nous venons de
donner, prouvent que le maximum, si préjudiciable au fonctionnement des
machines, arrive relativement assez tôt pour les types dont nous nous sommes
occupés ; il s'agissait donc de démontrer la cause de l'arrivée hâtive de ce
maximum.
TABLEAU V. — ENROULEMENT IL
t)
I
B
nv
TOURS.
COURANT
PRIMAIRE.
FORCE
Ï^LBCTROMOTRICB.
MAQNÊTISMB
A C T I P.
205
13,40
32,00
0,000 542
193
19,00
36,00
0,000 649
192
27,70
40,00
0,000^722
2(12
30,80
45,00
0,000 774
403
13,80
70,40
0,000608
400
18,90
78,00
H),O00677
399
27,60
86,00
0,000 750
399
30,80
88,60
0,000 771
823
13,80
151,20
, 0,000 635
816
18,90
158,00
0,000674
TABLEAU VL - ENROULEMENT III.
V
I
B
M=«.
nv
TOURS
COURANT
FORCE
MAGNÉTISME
PRIMAIRB.
' iLBCTROliOTRICB.
ACTIF.
246
12,60
230,00
0,000 721
237
11,00
215,00
0,000 700
240
9,00
209,00
0,000672
236
7,50
193,00
0,000 6iil
232
5,30
163,00
0,000542
265
3,95
159,00
0,000463
256
2,40
105,00
0,000316
254
1,75
66,70
0,000 203
On pouvait supposer que la principale cause résultait de Taction magné-
tisante du courant passant sur les ûls de l'anneau. Cette influence agit en effet
contre la force magnétique des électro-aimants, et, sous cette action. Taxe ma-
gnétique de l'anneau se trouve dévié et la force électromotrice affaiblie; il en
résulte, en somme, que le magnétisme actif est diminué : le maximum doit
donc être atteint par ce dernier plus rapidement que sous cette influence.
Pour séparer Tune de Tautre ces deux causes du magnéiisme actif qui se.
contrarient : force magnétisante de Venveloppe des électro-aimants et force magné-
lisante des fils de Vanneau, le courant d'une deuxième macbine dynamique
SIXIÈME SÉANCE.
445
fut dirigé dans les fils des électro-aimants, l'anneau, dont les extrémités étaient
en communication avec une forte résistance, fut mis en mouvement, et la dif-
férence de potentiel qui se produisit à ses extrémités fut mesurée au moyen de
l'instrument appelé galvanomètre de torsion
(voir Elektrotechnische Zeitschrift, 1880,
juin). Le frotteur fut ramené au maxi-
mum de différence de tension, et se trouva
dans la position qui lui est naturelle, c'est-
à-dire vis-à-vis les deux points neutres de
Tanneau.
On obtint le magnétisme actif en
divisant la force électromotrice ou la
différence de potentiel aux pôles par le
nombre de tours du ûl enroulé sur l'an-
neau et par le nombre de tours de la ma-
chine par minute.
Ces expériences, faites pour les diffé-
rents enroulements des électro-aimants
donnent les résultats consignés dans les
tableaux IV, V, VI et représentés par les
courbes IX, X, XI (figure 15).
L'exactitude de ces résultats ressort
suffisamment de la formule d'interpola-
tion (5).
Nous les réunissons ici, en désignant
par M le magnétisme actif avec courant
dans Tanneau, et par M' le magnétisme
sans courant dans l'anneau. Pour l'enroulement I, nous donnons d'abord
pour M une formule d'interpolation qui détermine exactement le magnétisme
actif dans tout le cours de sa marche (le commencement excepté, mais le
mouvement initial n'a pas d'importance pour la pratique).
Fig. 15.
BNROULBMBNT I.
M =
I
20600 + 367 1-f 14,31»'
Pour 20 < I< 50 :
^"^8070 4- 14401'
Mmax. := 0,000694;
I
M' =
14400 + 1040 r
M'raax. = 0,000962.
BNROULBMBNT II.
M:=.
I
■ 5180 + 1310 I'
Mmax. =0,000763;
M' = — 1_.
9100 -f 1010 I'
armax. = 0,000990.
ENROULEMENT IIL
M =
I
3200 + 1380 I'
Mniax/= 0,000725;
M' = î .
5100 +9301»
Afriiax. == 0,001080.
Par ce tableau on voit clairement combien l'influence du courant dans
l'anneau abaisse le maximum (d'un quart à peu près, dans les trois enroule-
ments). Les coefficients b qui désignent le maximum dans les trois enroulements
diffèrent peu (ceux désignant le magnétisme, sans courant dans l'anneau,
doivent être absolument égaux) ; tandisque les coefficients a, dont la valeur
446 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
réciproque exprime la force magnétisante de Tenroulement, accusent des dif-
férences notables.
On peut également profiter de ces résultats pour déterminer la loi de Fin-
fluence du courant de ranneaw^tirZema^éî/swcacit/; du moins approximativement.
Cette action est égale à la difiiérence M' — M ; elle est proportionnelle au
nombre n des tours de fil de l'anneau ; elle s'augmente quand l'intensité du
courant augmente, mais diminue quand le magnétisme M' s'accroît.
Posons
M'-M-ny^;
et comme nous avons poar M' :
M'= * •
" " a' + 6'I '
nous ayons
M' — M=nY{a' + 6'I)
et
(6)
1ll = -^^-ny{a + b'I)
Nous ayons comparé ces formules avec les formules d'interpolation données
plus haut, et les résultats d'autres expériences, dans lesquelles les électro-ai-
mants étaient disposés en quantité, de sorte que le courant était une fois plus
intense dans l'anneau que dans les électro-aimants, et nous ayons trouTé une
2
concordance satisfaisante: la valeur de 7 est dans ce cas - x 10^^^
. Ces expériences donnent également les moyens de déterminer Vinfluence de
Unroulement des électro-aimants sur le magnétisme actif.
Des deux coefficients de notre formule d'interpolation pour M', l'un, b\
indépendant de l'enroulement des électro-aimants, puisque ^ indique le maxi-
mum de magnétisme qui doit finalement se produire par n'importe quel enrou-
lement; Tautre, au contraire, a\ facteur réciproque delà proportionnalité ini-
tiale entre le courant et le magnétisme, est essentiellement dépendant de
Fenroulement, aussi bien du nombre de spires des fils que de la distance qui
les sépare du fer.
Des expériences faites avec les trois différents enroulements, il résulte donc
1
que a, dont je propose d'appeler la valeur réciproque — la force de l'enrou-
lement, ne dépend que du nombre des tours du fil et nullement de son diamètre
ou de la distance des spires au noyau de fer. Naturellement, ce que nous disons
ne s'applique, pour le moment, qu'aux électro-aimants de la machine de
MM. Siemens et Halske.
Il en résulte que
a
a = — ,
où m représente le nombre de tours de fil dans les électro-aimants, « et 9 des
coefficients.
SIXIÈME SÉANCE. 417
Les expérieqces donnent
a =126 000, g = 0,729.
Nous avons donc, comme résultat final, pour le magnétisme actif de notre ma-
chine, la formule :
(7) M-^-^ «t(^ + 6'i)
m«
+ 6'I
Cette formule permet de calculer d'avanee le magnétisme actif, quel que soit
Venroukment donné a la machine dont nous venons de nous occuper.
4^ Uénergie de la machine dynamo-ilectrique.
D'après la loi de Joule, l'énergie de cette machine est, par seconde,
A = cI*W = cIE,
ou,e=r 0.00181, d'après Kohirausch, en exprimant l'énergie en chevaux-vapeur,
la force électromotrice en Daniell, les résistances en unités Siemens, les in •
... , ^ Daniell
tensités de courant en -,,— ^^.
Le tableau VII, qui suit, représente une série d'expériences dans lesquelles
l'énergie a été mesurée directement au moyen du dynamomètre de M. de Hefner-
Alteneck.
TABLEAU VIL — ENROULEMENT L
V
E
I
B
==
RâSISTANCB
INTENSITÉ
PORCB
ÊNBROIB
c'.LB.
TOURS.
da
Albctko-
(OBSBRViB).
c.I.B
+ PB>.
TOTALB.
COURANT.
MOTKICB.
129
14,5
13,6
0,21
0,357
0,34
141
20,5
18,2
0,62
0,675
0,64
167
29,4 •
24,9
1,27
1,320
1,25
180
32,5
28,7
1,60
1,690
1,59
200
37,7
34,8
2,27
2,370
2,25
250
46,4
42,1
3,57
3,540
3,34
298
53,7
47,7
4,74
4,640
4,39
350
59,9
53,3
6,09
5,780
5,46
393
65,6
62,3
7,36
7,400
7,01
401
66,8
62,4
7,65
7,540
7,14
450
72,8
69.2
9,26
9,120
8,64
489
74,4
71,8
10,42
9,670
9,17
168
1,35
17,3
22,4
0,63
0,700
0,74
216
23,5
31,1
1,33
1,320
1,40
247
27,9
36,9
1,89
1,860
1,97
302
36,5
49,3
3,21
3,260
3,44
.351
42,8
58,1
4,37
4,500
4,76
401
48,0-
66,3
5,53
5,760
6,11
449
52,3
73,4
6,82
6,950
7,37
508
57,2
82,3
8,39
8,520
9,35
148 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
L'énergie de la machine marchant à vide en a été déduite.
Dans les deux dernières colonnes les énergies sont théoriquement cal-
calées ; dans ravant-derniëre le calcul est fait d'après la loi de Joule; aux chif-
fres de la dernière a été ajoutée une correction, provenant de la loi dite loi de
Foucault ou dès courants d'induction de l'anneau. En effet, si l'on tient
compte de ces courants, on obtient
(8) A = cIE + pE«
et les expériences sur la transmission des forces montrent qu'ici p a la valeur
de 0,00009, et que, en outre, pour bien faire comprendre ces expériences, il est
nécessaire d'abaisser la valeur de c de 0,00181 à 0,00163 ^=c'.
Bien que les valeurs de l'énergie contenues dans l'avant-dernière colonne
concordent mieux avec les observations que celles de la dernière, nous croyons
pourtant que la dernière manière de calculer est plus exacte: elle a l'avantage
d'être basée sur des expériences beaucoup plus nombreuses et pour la plupart
plus soigneusement exécutées.
IL — De la transmission de l*énergie par l'électricité.
Il 7 a transmission de l'énergie par l'électricité, lorsque le courant d'une
machine dynamo-électrique, machine primaire, est conduit dans une deuxième
machine dynamo-électrique, machine secondaire ; l'anneau de cette deuxième
entre en rotation dans un sens opposé et produit un travail.
En supposant que, dans les deux machines, le frotteur ait la même position»
l'intensité du courant étant la même dans l'une et dans l'autre^ le magnétisme
actif doit avoir la même force dans l'une et dans l'autre. Dans cette suppo-
sition on obtient les formules suivantes (l'indication 1 se rapporte à la machine
primaire, 2 à la machine secondaire, £ désigne la force électromotrice, I Fin-
tensité du courant, R la résistance totale, M le magnétisme actif, v le nombre
de tours, n le nombre des tours de fil de l'anneau, A l'énergie, S la chaleur
développée par le courant dans tout le circuit, N le rapport de l'énergie
produite à Ténergie absorbée),
Ej = nMVi , E, = nMrj;
E, — E, t?,— y,
1 = — ^-=nM-^,
A, = cE,I-:cI*R— î^, A, = cE,I = cPR — î^,
S = cPR,
Al « S + Aj,
N = ^=^=5î
Ai V, E/
Si l'on compare ces formules avec les observations, on voit qu'il n'y a que
très peu de concordance. Cela saute aux yeux surtout pour le rapport des
SIXIÈME SÉANCE. 449
énergies N. D'après les formules précédentes, il devrait atteindre un chiffre très
éleyé, presque 90 pour 100 ; car suivant elles, ce rapport serait égal au rapport
des vitesses, et la vitesse de la machine secondaire peut s* élever jusqu'à la dif-
férence entre la vitesse de la machine primaire et la vitesse perdue, or cette
dernière n'est qu'une petite partie de la première, surtout pour de grandes vi-
En réalité, le rapport des énergies n'atteint que h^ à 60 pour 100, et, v^
étant constant, atteint un maximum pour une certaine valeur de v„ ce qui ne
s'accorde pas avec la formule précédente.
On trouve, en outre, surtout pour le travail accompli A,, qu'il est en réalité
moindre, et que, au contraire, la force électromotrice secondaire E, est plus grande
qu'elle ne devrait l'être d'après la théorie précédente. Et ce phénomène a d'autant
plus d'importance que le travail accompli est moindre. Cette anomalie s'ex-
plique par les courants de Foucault, c'est-à-dire les courants d'induction qui se
produisent dans le fer de l'anneau.
La principale cause de ces courants est dans l'action que le magnétisme
des électro-aimants exerce sur le noyau de fer de l'anneau ; par suite de la ro-
tation, des courants doivent s'établir dans ce fer de la même manière que dans
les ûls de cuivre.
Dans la machine primaire, ces courants d'induction ont la même direction
que ceux des fils de l'anneau ; ils affaiblissent comme ceux-ci le magnétisme actif
et la force électromotrice £|, et augmentent V énergie absorbée A^.
Dans la machine secondaire, dont l'anneau tourne en sens inverse, ces cou-
rants d'induction sont opposés aux courants normaux : ils renforcent donc le
magnétisme actif, et la force électromotrice E, et diminuent Vénergie produite A,.
Nous admettons d'abord que les frotteurs occupent, dans les deux machines,
la même position. Alors si i^, i, représentent les courants induits dans le fer de
l'anneau, u la résistance du circuit de ces courants, M^, M, ^les magnétismes
respectifs, on a, en première approximation :
Mj = M ■— «ij, Mj =a M H- 6i|,
^unu'^unu*
Dans cette formule, U représente le magnétisme actif qui 'existerait dans
le fer, si les courants d'induction n'y étaient pas, t un coefficient dépendant uni-
quement des parties de fer employées dans la construction de la machine.
Si Ton admet ;:=«, on aura :
(9) Mi = M {i — -nv^) , M, - M (1 + >!«,)
de plus
(10) El = nMitJi = nM (1 — >iVi) v^, E, = nM^v, = nM (1 + urj v,
(11) i=!i:==î = "-|L_.,_,(v + v)
TABLEAO VllI.
~m
I
VALEtlïlS DE Aj
VALEURS DE A^
VALEURS DE N
se
'^i
''l
«1
«1
E — E
Oblirréti
'ObnnéM
D4dnltM de
E^.B,.I
(RmrréeB
DMnitMdt
E,.E,.l
R
R
Dan.
Dna.
H»
KP
H>
hP
E
61
7ûa
SU
100,0
72,4
*
5SS
8,00
2^
49l
1,83
es
713
440
lllX?
60jB
38,1
38J
jp
7M
8,44
3A3
43
60 '
asA
051
110/)
54,î
405
4iM
■
[835
8,48
3.48
42
07
©7
ai7
104,0
30.7
5l,î
5J.5
B
Q,65
855
2.47
26
eia
514
lî4,0
75>9
ae.o
35,8
■
8^6
4.04
3fi3
45
ûg
£00
4U6
lïl.0
B6,9
3», 8
40^
H
8,97
8,97
3S3
43
■
10
7B9
413
138,0
73,4
43,0
JJ.7
•
iOâO
434
4fi7
43
71
910
53 L
14îi,«
101,0
2».6
993
1
8,m
4,15
3J95
46
1.88
7*
907
m
134,0
73.0
43,1
4f#
%
iifiO
435
4jB5
42
73
8V4
^m
151.0
»0.7
51 ;i
B
ilJO
6,17
6S6
42
74 '
e9S
4Û7
144,0
61,4
57,3
59,n
Jl
i^M
557
5J0
35
75
996
718
171.0
ir3,0
405
4f.J
*
13^
7,02
6J31
45
1,40
.
-m
âos
oai
1074)
9Ui
51.9
Ù4,4
!l
iÛjSO
7,40
6^
42
77
1019
541
ÏCM
S6,0
55,9
57^
B
iJjdO
7,41
7,17
41
78
906
461 '
164,0
793
57.3
i
ilJO
7,21
6S8
39
50
494
i!îâ
(K1,S
3^
ih;5
2,29
f,33
038
0;93
88|
40
138
Si 1
SOI
183
70,5
mi
a4.o
3,18
3,91
1,10
1.10
85
34
^
£04
149
î fil .7
i*7.a
30.8
4,59
4,ro
1,17
1J90
25
28
54
607
an
79.9
47,3
18,6
ils
2,32
SJ09
1.24
1^
44
41
&5
59Î
ÎS7
85,9
45,0
23.7
3,87
âS8
1,51
1JS6
89
39
sa
504
244
94,1
40.7
20,6
5,10
SM
1.91
ifil
37
34
S7
GSâ
SS3
9«,a
36,9
34-9
33^
fl,35
GJ6
2,18
1J98
84
31
1.
5B
000
101
97,0
£53
37.1
6,58
eji
139
1JS0
29
22
59
7ta
aso
93,*
S9,7
19,0
■ i8.3
3,93
3JS7
1.49
iJS2
B8
41
SO
TC7
S58
ÎÛ4,0
59,7
^4,5
4,34
5,12
240
2fi7
48
40
61
7<n
3Î7
109,0
57,4
28,7
5^
6J3
256
2M
47
40
62
093
S66
109,0
40,4
34j6
7,01
7,22
2,60
2.43
87
34
03
700
%ie
110,0
40,9
38J
37,5
7,^
1,92
2.63
2J39
38
38
7»
70i
a£4
! 11«,0
51^
31.*
ÔS3
2,26
2J38
35
SO
703
311
117,0
45,1
37,1
^,1
8J33
2,48
2J55
31
81
700
m>
121.0
44,5
38,7
8A4
2,54
2jS3
29
sa
800
39»
187,0
66,6
30.M
1S3
8,07
2fi4
38
1.97
S3
791
3Î7
131,0
69^
35,0
$5^
9,03
3.20
3.19
35
34
&5
799
£31
mj^
5S,Î
40.7
10,60
3,80
3^
32
904
435
143.0
79,8
32,4
ma
9J9
8.79
3.74
40
2,01
86
nn
414
148/»
73,1
37,1
37fi
10,92
4.05
3fi5
36
F7
894
!ïa4
153,0
^i.«
40,7
iS.40
4.25
4^
34
88
89*
wo
' 151,0
50,0
4P,3
iéSO
833
3.79
27
m
990
530
107,0
9^t3
3fvî
iS,40
5.08
4.77
38
238
90
1005
4€2
169,0
78,0
454}
US
iSjOO
5.42
5.17
34
91
993
&57
IflSpO
62,4
SÛ.5
5iJ 1
16J90
4,88
4J9
29
9a
99t
S88
107jO
56,8
54,3
17^
4,50
4J4
27
9
p
2
"
I
VALEURS DE A^
VALEURS DE A,
VALEURS DE N
^
^
=i
«.
«1-B.
- OtttrréM
MdaKMdi
E^,E,.l
ObMTféM
IMduitMdt
E^.E,.I
VDMTNM
DIdaitifda
E^.B,.I
R
R
Dan.
Dan.
Dan.
hP
►P
hP
H»
R
24
607
812
68,0
49.7
193
SOjO
238
f30
1.22
4fi4
47:
52i
038
25
499
286
78,8
50.4
243
S5J0
8,48
9ja7
138
4J6
48
52
26
502
284
77,5
50,5
293
»3
4.26
4^
2.22
*3/
52
52
«7
506
252
78,8
47^
843
33J
5.14
4J99
2.46
«30
48
50
28
509
280
80,8
423
40.9
4i,i
6.04
5,84
2.70
«35
45
45
29
490
185
75^
84,4
443
44JS
631
535
2.53
S^
89
40
ao
521
64,9
03
81.7
703
12.80
9J00
03
OJOO
81
589
885
70^0
62,0
193
f53
238
iJ92
1.50
4JB0
58
55
82
600
887
88,4
653
253
S5,y
4,17
4^
1.93
23»
47
55
49
608
899
w.i
66.4
803
9SJ
532
5JÎ7
8.12
S^
60
54
48
605
848
H7
65.9
88,7
SU
6,01
6JM
8.85
3,83
56
54
98
805
554
125.0
89.4
89,1
S8J
t
9JS8
5,42
4JM
53
94
810
574
188,0
97,9 .
483
43J0
»
liJO
6.63
6,00
53
95
801
485
188,0
913
473
SOJD
»
49.40
6.02
6j3i
54
96
890
67»
154,0
1063
493
5/3
■
44fiO
7,88
7J7
53
VI
902
638
154,0
1013
513
573
>
45,40
8,66
73/
50
98
910
524
152,0
1003
583
56,y
>
45^
8.19
7,7/
»
54
99
998
808
170,0
1823
393
-W,7
B
48,70
7.77
732
54
100
994
720
169,0
1283
483
44^
1
44JSO
8,44
7,0/
52
101
996
684
168,0
1183
503
603
B
46J90
9.86
8,45
50
102
994
628
164,0
109,0
553
59,1
1
/730
9,74
03/
54
108
1018
587
161.0
1053
503
00,6
>
47fi0
9.44
9^
54
6
501
858
573
873
16.1
i5,i
1,70
4,70
0,70
0Jf9
41
46
138
7
505
296
67,7
413
193
19fi
2.68
9J57
1,16
4,47
44
46
S
490
269
783
883
26,1
263
8.51
SfiO
138
4J50
44
42
8
4f78
201
78,0
823
80.4
ao3
431
4,44
1,57
4M
87
37
4
497
ni
76,6
803
843
94S
433
4JS5
1.87
4fi3
84
34
5
582
158
81,7
253
42.1
49J3
634
03/
135
4fi8
28
^
8
594
452
66,0
453
15.1
45.1
1,99
iJDI
038
0J94
44
47
9
600
857
81.4
543
193
19fi
8.22
8M
1.40
4JS0
43
46
10
570
855
863
50,7
273
i7,i
4.48
4JS4
236
2,00
47
44
11
618
821
953
563
293
»3
5,24
5JSS
231
2^6
48
45
12
606
271
953
493
843
34J»
6,14
6J24
235
2JS6
43
44
18
611
220
93,4
423
893
39fi
7.10
6J98
238
2JS7
86
37
14
608
198
«5.7
863
443
44A
7,78
7,72
2.64
2J54
84
33
15
620
175
983
883
483
4S.7
8,80
8,63
2.74
2JS3
SI
29
* %
10
540
85,7
03
643
64^
938
»
0.00
»
1
17
787
464
Vifi
783
183
437
3fi8
131
4,74
48
46
18
718
409
1063
743
243
24J
5.08
5,45
2.40
2A0
48
47
19
727
892
1183
743
283
98JS
6.18
03S
8.06
235
50
46
20
780
867
1153
703
83,7
S3J9
730
7JS4
839
3,40
49
46
21
727
828
1183
623
873
38,0
8.49
8,4i
835
3JS4
45
45
22
705
2^
1143
553
443
44^
9,22
9J34
8.72
3,08
40
39
*
28
693
220
1103
443
49.1
493
10.12
40JN
8.44
3A7
84
32
J
41S CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Pour les énergies, on a
Aj =cnIMit;i + ci\M^v^, A, — cnlM^v, — cî,MjV,,
ou hien, si nous prenons -p=;?,
(12)
Aj = cIEi+pEiS A, = clE,— 7)E,«
S = Cl (E, — EJ, F^ =;)E,S F, = pE,S
Al = A, + S + F^ + F, ;
S indique la clialeur du courant, Fp F, Ténergie des courants Foucault.
Eu eiprîinant toutes ces grandeurs par I, R, v^, v, on obtient :
A, = cPR
V- — V,
1 + riV^ — -* +
(13)
V, ( - , 1^1 + Vj
pR
V,
c V-
N = ^'ll+,(«,+t;0-^"-i^n.
C V. — V,
S = cPR;Fi=pPR«
V, — V,
, F, = pPR*
V. — v.
Les formules (12) sont tout particulièrement importances pour la pratique.
Elles perineltent de déterminer avec sûreté les énergies au moyen des grandeurs
èkctriques E^, E,, I, faciles à déterminer; elles s'appliquent à toute position des
fmmun, à i-Mte machine dynamique, quelles que soient sa construction et ses
dimensions, alasi qu'on peut s'en assurer facilement en répétant les considéra-
tions qui précèdent, tout en changeant à volonté la position des deux frotteurs.
Avec la formule 13 on peut déterminer les énergies par Vintensité du courant,
la résistance et les nombres de tours, mais il faut pour cela que les frotleurs aient
une position identique.
Les expt^riences notées sur le tableau VII ont été faites avec deux ma-
chines Do {enroulement I).
Les mesures de l'énergie ont été prises, sur la machine primaire, à Taide
d*an dynamoniètre de Hefner, sur la secondaire, au moyen du frein de Prony.
Relativement aux grandeurs électriques on mesurait Tinlensité du courant
avec un électro-dynamomètre, et les différences de tension aux rhéophores des
deux macliloes au moyen du galvanomètre de torsion. De ces trois grandeurs
l'une qui est la conséquence des deux autres, donne un contrôle de l'exactitude
des mesures. De cette différence de tension on peut facilement calculer, en
ajoutant une correction, la force électromotrice de la machine. Ce contrôle
g g
s'obtient plus sûrement en calculant la grandeur - \ * par les forces électro-
R
motrices tirées des différences de tension, et en la comparant avec Tintensité
du courant I observée. (Voir la colonne 6 du tableau VIII).
Les balais des deux machines avaient été disposés de sorte que les forces
SIXIÈME SÉANCE. 4S3
èkctromotrices atteignaient le maximum : une série d'expériences particulières
avait établi que cette position des balais permettait seule d'obtenir le maximum
du rapport des énergies.
Chacune des expériences faîtes avec les deux machines est une moyenne
d'au moins deux expériences ; toutes les mesures étaient prises en même temps,
de sorte qu'il était nécessaire d'employer six observateurs.
Les constantes n et p, dépendantes des courants Foucault, avaient été tirées
des expériences dans lesquelles toutes les grandeurs avaient été mesurées, ce
qui n'est pas le cas pour les expériences où le nombre des tours est très élevé ;
l'énergie primaire n'ayant pu être mesurée dans ces dernières, on détermina
n d'après les forces électromotrices, p d'après les énergies.
Valeurs trouvées pour « et p :
u = 0,OOOU,p=^.
Il fut constaté, en outre, que la valeur de c (0,001 81), donnée par Kohlrausch
doit être abaissée pour donner au calcul toute l'exactitude possible. Nous avons
donc adopté la valeur c'=0,00163. Nous ne voulons pas prétendre par cela
que la valeur de Kohlrausch soit théoriquement inexacte : il est possible que
cet écart ait ^ cause dans un phénomène secondaire encore non observé. Le
calcul des énergies, d'après les grandeurs électriques, a été fait selon les for-
mules (42).
L'accord entre. la théorie et les résultats des expériences dont nous venons
de nous occuper doit être regardé comme satisfaisant.
ANNEXE III
COMMUNICATION DE M. GUSTAVE CABANELLAS
Messieurs, je vais avoir l'honneur de poser et de prouver les principes qui
dominent Vensemble du problème du transport et de la distribution de F Énergie par
voie électrique et leur organisation automatique rationnelle.
Je pense que lorsque j'aurai terminé la présente communication, que je
crois très importante et pour laquelle je ne demande qu'une attention un peu
soutenue, j'aurai fait partager l'opinion, qui peut paraître hardie de prime-
abord, que cette question du transport et de la distribution de l'Énergie sous
toutes formes, tout nombre, toute qualité, est mûre et s'imposera nécessaire-
ment dans un avenir prochain.
Quand je serai forcé de rectifier des résultats de travaux antérieurs, j'en-
tendrai expressément n'agir que dans l'intérêt du sujet et conserver dans leur
entier le haut respect ou là grande considération qui sont dus à leurs auteurs.
\%i CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Il est évident, au poiot de vue, non pas de la distribution, mais du transport
électro-dynamique de l'Énergie, que la question des rendements des machines
électriques occupe la première place ; cette question a déjà été abordée et traitée
par plusieurs savants d'une grande valeur, et pourtant il est facile de prouver
que la clarté complète et Taveu unanime n'existent pas. Je vais le faire rapide-
ment par deux exemples ; ensuite, j'aurai à indiquer le plus brièvement pos-
sible la méthode analytique, puis synthétique, qui m'a permis d'établir ce côté
du sujet sur des bases tellement évidentes et tellement nettes que ces points de
vue nouveaux seront sans doute jugés dignes d'être utilisés classiquement.
J'espère être trop clair, selon la fine expression d'un savant bienveillant que vous
appréciez tous, qui est présent à cette séance (je ne le nomme pas, car toute
manifestation publique est un effroi pour sa modestie), telle a été sa critique
après examen de mon mémoire ; il dit qu'un auteur a complètement traité une
question, lorsqu'il l'a élucidée jusqu'à ce qu'il appelle la clarté de Pingratitiuie,
degré qui est atteint quand, à la suite des travaux de cet auteur, chacun ayant
tout à fait et définitivement compris, certaines personnes aiment à se prouver et à
prouver aux autres qu'il en a toujours été ainsi. Pour moi, je souhaite que cette
prophétie se réalise, car ce que je poursuis, c'est seulement la réussite de l'idée,
c'est le fait de sa réalisation secrète.
Même parmi les électriciens, on rencontre l'opinion que beaucoup trop
d'éléments font défaut pour aborder utilement le problème, ou au contraire
l'opinion que tout est clair, élucidé, et qu'il n'y a plus rien à dire, chacun sa-
chant parfaitement tout ce qui est possible et comment il faut appliquer. Mes
solutions répondront à la première opinion.
Les deux exemples dont j'ai parlé ont pour but de prouver, sans contestation
possible, qu'au moment où je parle, le champ a besoin d'être cultivé etamendé,
qu'il n'est pas superflu d'établir une plate-forme bien nette, base de nos opéra-
tions ultérieures. C'est pour cela que j'ai pris ces exemples, tout d'actualité, à
un niveau technique que je considère comme fort élevé.
Premier exemple.
L'illustre vice-président du Congrès, sir William Thomson, vient de faire
à l'Académie des sciences de Paris une communication qui parait tendre à
prouver que l'excitation, non pas en circuit direct, mais en circuit dérivé, des
électros d'une machine employée comme source, permet d'améliorer considé-
rablement son rendement.
Je suis arrivé à une conclusion absolument différente, avant d'avoir eu
connaissance de ce travail, et, après lecture, il m'est impossible de changer
d'opinion. J'ai d'ailleurs cru devoir aviser personnellement sir William Thomson
des résultats auxquels j'avais été conduit, et solliciter son intervention dans la
discussion de cette importante question. J'avais eu l'occasion de voir sir William
Thomson pour lui soumettre un travail non encore arrivé au point d'achève-
ment de celui que je vous présente (sur les relations fort importantes et déjà
certaines de l'électricité et des phénomènes, non pas seulement météorologiques
accidentels, mais positivement des phénomènes astronomiques les plus per-
manents).
L'excitation des électros d'une machine-source, en dérivation sur les prises
SIXIÈME SÉANCE. 425
de coarant de ranneau induit, est connue déjà depuis longtemps ; l'idée appar-
tient, je crois, au grand électricien anglais Whealstone.
On sait que cette disposition présente, dans certains c^s, certains avantages
sur l'excitation en circuit direct. Lorsque la résistance extérieure exploitée est
sujette à de grandes variations, la combinaison dérivée constitue une sorte de
régulation et de protection automatiques ; si la résistance exploitée diminue
brusquement, il eu résulte une brusque diminution de Tintensité qui anime les
électro-aimants, par suite un abaissement de la force du champ magnétique et
un affaiblissement de la force électromotrice de la machine; ainsi, le fil inté-
rieur de ranneau, comme celui des électros, peut donc être mis à l'abri de la
très grande augmentation du calorique développé dans la machine et des
risques d'avaries dans Tisolation des fils auxquels sont exposées, dans ces cir-
constances, les machines à excitation en circuit direct.
Mais cette réserve établie, il serait difficile de comprendre comment un
arrangement connu depuis longtemps n'aurait pas encore manifesté les avan-
tages qu'il pourrait avoir comme bonification du rendement d'une source.
En tout cas, je vais démontrer que ces avantages n'existent à aucun degré.
Une machine est caractérisée par les chiffres pratiques de Tintensité maxi-
mum qui convient à son fil intérieur et par son allure de régime qui déter-
mine sa force électromotrice; le raisonnement s'applique à toute autre
intensité.
Soit i cette intensité, r la résistance de son anneau, a la résistance du fil
inducteur de ses électro- aimants, % l'intensité de circulation dans le ûl in-
ducteur a; la consommation d*Énergie pour l'excitation des électros est at* ;
cette quantité d'Énergie est constante pour un type donné de machine ou, pour
parler d'une façon plus précise, pour une carcasse donnée de machine, quelles
que puissent être les grandeurs de a et de i\
£n effet, considérons une valeur quelconque des éléments qui déterminent
le champ magnétique des électros : soit a cette valeur de résistance du fll de
l'enroulement inducteur et i' cette valeur de l'intensité qui circule dans l'en-
roulement.
Pour produire le même champ avec tout autre couple quelconque de ces
valeurs, il faudra nécessairement que, dans le même volume d'enroulement,
l'intensité totale d'une section de ce volume, c'est-à-dire la somme des inten-
sités de chacune des spires sectionnées, soit encore exactement ce qu'elle était,
ce qui entraine la nécessité que le produit de l'intensité qui circule dans une
spire, multipliée par le nombre de spires, soit un nombre invariable.
Or, ai nous supposons qu'avec un autre couple de ces valeurs, la section s
du fll ait été multipliée par un nombre quelconque M plus grand ou plus
petit que l'unité, l'intensité employée sera M f; le nombre n de sph-es
devient rr ; le produit reste bien constamment égal à n i\
M
Si L est la longueur totale du premier enroulement, s sa section, K la
résistance de l'unité de longueur de métal conducteur sous l'unité de section,
l la longueur de la spire moyenne, on a :
L = n/,
"^ s "^ s '
4«6 CONGRÈS INJERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Mais, puisque n est devenu —, la longueur totale est devenue —, et la résistance
al M
est devenue
- IK
M nlK a
Ms Ws M»
d
Le produit du carré de M i' par -rrr est toujours
M
ce qu'il fallait démontrer.
Les exemples numériques sont excellents pour éviter les erreurs et con-
trôler les raisonnements : prenons la machine Gramme G qui a l'avantage
d'avoir été soumise à de sérieuses expériences officielles en Angleterre, et dont
les éléments électriques sont par suite connus et peuvent être employés sans
contestation ; les données de cette machine étaient :
1,200 tours.
i Circulation, de 81,22 webers.
E Force électromotrice, de 69,9 volts,
r Résistance de Panneau, 0,06 ohms.
a Résistance des électros, 0,15 ohms.
Pour la machine Gramme G (d'après les expériences officielles de Gbatham),
nous avons le couple de valeurs a = 0,15 et i' = 81,22 ; donc i'^a = 989,50326
joulads par seconde. L'anneau d'une machine consomme i*r; pour la machine
Gramme G, i = 81,22, r = 0,06, i* r= 395,80130/».
La quantité d'Énergie totale dépensée est i E; pour la machine G, t ==81,22
E= 69,9, i E = 5677,278. L'Énergie disponible extérieurement est i E — i'*a —
i* r. Pour la machine G,
tE — i*r—7*a= 4291,9736.
Donc le rendement individuel de la machine montée en Wheatstone et employée
comme source est
tE — i^r—T^a
ÏE
L'orateur applique les formules aux données numériques et arrive identi-
quement aux mêmes chifl'res qu'avec l'excitation en circuit direct, ce qui
prouve matériellement la vérité qui rationnellement paraissait nécessaire a
priori, à savoir que : toutes choses égales d'ailleurs, une machine ne peut avoir
qu'un seul coefficient d'utilisation si elle crée elle-même son champ magné-
tique, quelle que soit la façon dont elle crée ce champ magnétique.
Second exemple.
Un électricien des plus distingués, membre français de ce Congrès,
H. Marcel Deprez, nous a exposé dernièrement que le rendement des machines
SIXIÈME SÉANCE. 4Î7
électriques, au point de Tue des transports d'Énergie, était indépendant de la
distance, était indépendant de la résistance de liaison de la source au récepteur.
Gomme application de ce principe nouveaa/d nous a fait le calcul des conditions
dans lesquelles, avec deux machines Gramme G, ou, plus exactement, avec
deux carcasses de machine Gramme G, convenablement modifiées, dans leurs
fils, il était possible de garder un rendement de 65 pour 100, malgré une résis-
tance de liaison de 50 kilomètres de fil de fer télégraphique de 0'",00/i entre la
source génératrice et le moteur récepteur, et cela en conservant une impor-
tante valeur absolue du travail dépensé à la source et naturellement alors les
65 pour 100 de cette valeur en travail mécanique recueilli sur le moteur récep-
teur.
Quelques praticiens m'ont fait part des doutes que, d'après leur expérience,
leur inspirait le principe séduisant mis en avant par M. Marcel Deprez ; ils
m'ont demandé mon opinion sur ce point important. J'ai répondu que je serais
forcé de leui* donner satisfaction lorsqu'il s'agirait de traiter la question du
transport et de la distribution de l'Énergie.
Je vais le faire d'une façon précise et générale, et je donne tout de suite
mes conclusions : j'aurais souhaité que le nouveau principe pût être exact,
malheureusement il ne l'est pas ; le rendement des machines électriques est
toujours absolument dépendant de la distance et de la résistance de liaison qui
séparent le moteur récepteur de la source génératrice.
Soit un type de machine destiné, par la section de son fil, à fonctionner à
une intensité t, soit E la force électromotrice développée par son anneau à
l'allure d'un tour par seconde* ; supposons que nous prenions deux machines
de ce type et que nous actionnions mécaniquement l'une d'elles à un certain
nombre de tours N par seconde, comme source génératrice d'électricité et que
le courant produit soit utilisé à faire tourner, au nombre de tours n par seconde,
l'autre machine identique qui sera employée comme moteur récepteur de
l'Énergie développée dans la source et transportée à travers la résistance de
2 IK
liaison B, qui a pour valeur, , l étant la distance, s la section et K la résis-
tance du métal conducteur de liaison sous Tunité de longueur et l'unité de
section.
Le rendement mécanique de l'ensemble est - , la dépense de travail par
tour de la source et la récolte de travail par tour du moteur est tE joulads.
La dépense d'Énergie par seconde sur la source est NiE joulads, et la
récolte sous forme mécanique sur le moteur est, par seconde, ni E joulads.
Les forces électromotrices sont pour la source NE, et pour le moteur nE
volts.
^ Après avoir arbitrairement modifié, dans un rapport donné, les sections
d'enroulement inducteur et induit du type, ce qui détermine Tintensité i à
employer, qui est alors de 1,624 webers, M. Deprez s'arrange pour la faire cir-
culer dans l'ensemble des deux machines et de leur fil de liaison, ce qu'il
obtient naturellement en rendant constante la différence des allures de la source
et du récepteur quand la résistance totale ne change pas, et ce qu'il obtiendrait
en rendant constant le quotient de cette différence divisée par la résistance
totale si cette résistance changeait; puis il règle la grandeur absolue de ces
4. Dans Id champ magnétique correspondant à Tintensilé de régime i.
\n CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
deux allures, de façon que leur rapport soit égal au rendement qu'il yeut
obtenir^
Les deux équations qui permettent de déterminer N et n et de résoudre
non seulement l'exemple de M, Deprez, mais tous les petits problèmes de ce
genre sont ;
(K-n)E ^
'"J f + K+(p-Ap)
et
^^' N ~ 100'
f étant la résistance intérieure de la machine source à l'allure N, et Ap la
diminution de résistance en passant de l'allure N à l'allure n, ainsi que j'ai
naontré d'afrard que cela était, et donné les moyens d'en chiffrer la valeur, et
ainsi que H. Joabert a montré ensuite que cela devait être.
Résolvant, on trouve que les forces électromotrices sont pour la source :
NE -iii±JL±A=lifLl volts;
pour le récepteur ;
«B=lIi±JJfiî^L£^VOltS;
__ 1
et les travaux mécaniques par seconde sont, pour la source,
• NiE = îlEi±l±^^lMjoulads;
pour le récepteur :
,.-E«îllil«±iLll^]joulads.
Supposons qu'il n'y ait aucun inconvénient à réaliser les très grandes
allures de M. Deprez, laissons de côté les risques de dislocation d'ordre pure-
ment mécanique, pour ne nous occuper que de la force électromotrice.
M. Deprez développe dans son exemple une force électromotrice de 6900
volts dans une carcasse où il y en avait une de 69 seulement; supposons que
cela soit sans inconvénients, supposons même que M. Deprez ait été trop
modéré dans son hypothèse et quil soit possible de développer dans ladite car-
casse une force électro motrice beaucoup plus grande que 6900 volts, il n'en est
pas moins certain qu'il y a une limite à cet accroissement de force électromotrice.
Appelons < cette force électromotrice limite ; tant que N E ou p — -^
p
sera inférieur ou égal à • nous pourrons garder le même rendement,—
SIXIÈME SÉANCE. 4S9
malgré l'emploi de résistances R de plus en plus grandes, ayec la même inten-
sité i, la Taleur absolue du travail mécanique recueilli sur le récepteur allant
aussi en augmentant; mais au delà nous ne le pourrons plus, et alors nous
devrons au contraire agir sur la valeur de R par augmentation de section, c'est-
à-dire augmenter la dépense de canalisation de telle sorte que nous arrivions
à ce que la valeur ci-dessus de N E ne soit plus supérieure à • et lui soit au plus
égale. Il est évident qu'il n'y a pas à songer à modifier les sections d'enroule-
ment du type par accentuation de finesse de ses fils dans le but d'employer un
t plus petit, puisque l'hypothèse est que la force électromotrice de la source est
déjà à sa limite supérieure.
On voit donc qu'à ce moment il sera faux de croire que la distance et la
résistance de liaison entre la source et le récepteur n'altèrent pas la prétendue
indépendance du rendement des machines, c'est-à-dire de ce qu'elles peuvent
transporter d*Énei^ie, et du coût de ce transport.
J'ajouterai, pour élucider complètement la question, que, si j'ai suivi pas à
pas volontairement l'exemple choisi par M. Deprez dans les conditions où il a
jugé à propos de se placer, il me sera facile, en outre, de montrer que, même
avant d'arriver aux limites d'allure et de force électromotrice • de la source, le
transport et ses rendements ont payé leur tribut inévitable à la distance et à la
résistance de liaison. La croyance contraire s'échafaude sur une apparence
prise pour une réalité.
L'artifice involontaire de M. Deprez est le suivant : il montre qu'en augmen-
tant convenablement la finesse des fils d'enroulement d'un type, et en augmen-
tant suffisamment l'allure et la force électromotrice lancée par la source, il
peîit, à travers une résistance de 50 kilomètres de fil de fer de 0",00/i, transporter
dix chevaux avec un rendement de 65 pour 100 ; seulement il oublie que s'il lui
est possible d'employer avec ses 50 kilomètres une force électromotrice de
6900 volts, il est également possible d'employer cette même force électromotrice
de 6900 volts avec une résistance extérieure de liaison d'un seul kilomètre
par exemple. Mais alors ce n'est plus un rendement de 65 pour 100, mais un
rendement de 76 pour 100 qu'on a la faculté d'obtenir avec les mêmes machines.
En effet, la forniule donne
P t[p+ R + (p — Ap)]
100 NE
L'exactitude de cette formule se vérifie en faisant, comme M. Deprez :
i = 1.624, p+ (p — Ap)=525 x 2, R=ft50, NE = 6900.
On trouve :
jj^ = 65 pour 100.
Hais si, au lieu de faire R = &50, on fait R = 9 (un seul kilomètre), on
trouve :
^ = 76 pour 100.
IM CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Quant à la puissance transportée, elle est généralement, en joulads
i^fp + R-f {9 — à?)]
100 ,
ou en kilo^rn m mètres
^^[^■^l-^(-^9)] ^ 0.10192.
100 .
ou, en chevaux-vapeur — de cette valeur.
75
Ce qui» pour P ^t 65 et R == 150, donne 9,78 chevaux, chijQTrequi diflfère un
peu des dix chevaux indiqués par M. Deprez, parce que M, Deprez a pris
39 kîlogramniètrespour travail par tour, tandis que le vrai chijQTre est 28,38, ce
qui ne fait que 9,78 chevaux pour 1552 tours du récepteur. Si maintenant nous
faisons P = 76 et R= 9, nous trouvons plus de 11 chevaux. En résumé, avec la
même machine, s'il est possible de transporter 10 chevaux avec un rendement
de 65 pour 100 à travers 50 kilomètres de fil télégraphique de U millimètres, il
est également possible de transporter 11 chevaux avec un rendement de 76
pour 100 à travers un seul kilomètre de ce fll.
J'ai donc nettement prouvé que l'artifice, involontaire sans doute, de l'au-
teur, a consisté h se donner une faculté qu'il refusait implicitement à tout autre
terme de comparaison, et l'on voit, comme cela devait être, qu'en rendant
aux deux termes à comparer une égale justice, c'est-à-dire en leur laissant le
droit d'agir avec un égal discernement, le rendement, toutes choses égales
d ailleurs, tombe de 76 pour 100 à 65 pour 100, et la puissance absolue trans-
portée tombe de plus de 11 chevaux à moins de 10 chevaux, quand la résis-
tance de liaison de la source au récepteur croit de 1 à 50 kilomètres de fil télé-
graphique. Ces faits détruisent le principe séduisant, mais inexact, de l'indé-
pendance des rendements des machines électriques, par rapport aux distances.
Après avoir, dans l'intérêt du sujet, intérêt qui doit tout dominer, été forcé
de faire justice d'une erreur d'autant plus dangereuse qu'elle a été mise en
avant, avec insislance et talent, par M. Deprez, je tiens à répéter que je suis
d'ailleurs un des plus sincères appréciateurs de son esprit inventif et de ses
profondes ressources cinéma tiques.
Le travail complet que j'ai l'honneur de présenter au Congrès, et que je
résumerai très brièvement, embrasse dans son ensemble toute la grande ques-
tion qui s'Imposera dans un avenir prochain : a Le transport et la distribution
industrielle de l'Énergie, par voie électrique. »
Je suis pTùi d'ailleurs à entrer dans toutes les explications ou discussions
de détail qui seront jugées utiles.
Depuis longtemps déjà, je suis préoccupé de cette question, que quelques
personnes, même parmi les électriciens, croient encore trop nouvelle pour
qu'on puisse songer à la résoudre, et, après avoir trouvé dans le domaine géné-
ral ou amassé moi-même successivement les matériaux nécessaires, je suis,
aujôurd'liui, arrivé à cette conclusion formelle, que la solution est mûre et
qu'il n'y a plus qu'à aborder résolument les derniers essais que suivent les
grandes applications. C'est pour cela que j'ai le devoir d'appuyer par des raisons
^ SIXIÈME SÉANCE. 431
déterminantes les propositions d'intérêt générai en électricité et en industrie
qui sont la conséquence nécessaire du degré d'avancement de la question.
J'ai dit que je comptais être ultérieurement .en mesure d'établir que la
nature a jugé à propos d'avoir constamment recours à l'électricité (cet agent
qu'on trouvait naguère si capricieux), lorsqu'il s'est agi pour elle d'organiser
le fonctionnement de phénomènes fort importants et d'une régularité parfaite.
C'est même par de premiers jalons posés dans cette voie que j'ai été amené à
entreprendre les recherches actuelles.
En tout cas, il est rationnel de croire, dès à présent, que les transports
d'Énergie par voie électrique doivent être recommandés, parce qu'ils ont toutes
raisons d'être supérieurs en portée aux transports basés sur des déplacements
matériels continus d'une matière quelconque (gaz ou liquide en pression) du
lieu de production aux lieux d'emploi de l'Énergie. Cette supériorité s'afûrme a
fortiori sur les transmissions purement mécaniques.
Comme distribution proprement dite, la supériorité naturelle est éclatante ;
les propagations électriques se transmettent par acte moléculaire, elles sont
infiniment moins matérielles, plus parfaites; la preuve visible est que ces trans-
missions, malgré la distance, s'effectuent en une durée pratiquement nulle, eu
égard aux exigences humaines.
Si, dans une pensée de transport au loin, l'on compare l'électricité à la
chaleur, avec laquelle elle se confond, comme lois de conduction métallique,
l'électricité présente cet immense avantage que le rayonnement n'existe relatif
vement pas; en d'autres termes, que la protection d'un canal contre le rayonne-
ment ou contre la propagation au milieu ambiant, est très possible et très facile
sur une portée quelconque avec l'électricité, notamment dans les milieux gazeux,
tandis qu'elle est très difficile et peu efficace pour la chaleur.
La comparaison avec les systèmes de transport et de distribution d'un com-
bustible est d'un autre ordre, puisqu'alors (c'est le cas du gaz) l'Énergie est
transportée à l'état latent; elle ne devient, à proprement parler, énergie active
qu'au moment de l'emploi.
Mais alors l'électricité voit la balance s'incliner de son côté, sous le rapport
du coût de la canalisation, de ses frais d'entretien, des pertes ou fuites qui,
dans certains sols meubles (en Hollande, par exemple), atteignent normalement
le quart de la production.
Sa supériorité est grande, comme sécurité et commodité d'emploi. L'Éner-
gie n'est transformée en chaleur que pour les applications qui la nécessitent et,
plus encore qu'avec le gaz, au point final qui l'utilise, sa faculté de concentra-
tion d'une grande quantité de calorique sur un point donné est incomparable
au point de vue des hautes températures et des transformations de chaleur en
lumière.
Quand il est besoin de travail sous forme mécanique, l'Énergie passe direc-
tement de la forme électrique à la forme mécanique, par des organes beaucoup
plus restreints, plus simples de maniement, moins encombrants et qui ne peu-
vent manquer de devenir bientôt moins coûteux que les machines motrices
nécessaires au gaz pour remplir cette fonction.
Dans le travail que je résume brièvement, j'ai commencé par l'examen des
systèmes de distribution les plus répandus, on peut dire les seuls proposés
jusqu'à ce jour, les distributions par dérivations. Ces systèmes divers ont tous
ce trait commun, qu'ils cherchent à assurer une constante différence de
potentiel entre les deux points d'attache de chacune des résistances exploitées.
432 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
J'ai fixé les formules des rendements absolu et relatif et les conditions de
réalisation de ces rendements.
Par économie de langage j'appelle rendement absolu, puissance absolue ou
absolu le nombre d'unités de trayail, le nombre de joulads rendus disponibles
par seconde; rendement relatif, puissance relative ou relatif le rapport de ce
nombre à celui* consommé sur la source pour rendre possible cette récolte sur
le récepteur.
J'ai supposé d'abord que toutes les dérivations partent de deux points
directement reliés aux deux pôles de la source. Cette donnée comporte la distri-
butùm, mais exclut le transport de l'Énergie ; théoriquement, elle ne présente
pas de difficultés pour la distribution, bien qu'elle en présente cependant, au
point de vue pratique, par l'extrême petitesse de la résistance intérieure qu'il
faut réaliser pour la source, si Ton reut alimenter un grand nombre de résis-
tances très faibles; je montre que, seulement pour alimenter cent lampes Wer-
dermann, type de celles de l'éclairage de l'usine Ponsard, à Creil, dont j'ai
déterminé les consommations d'Énergie et les éléments électriques, pour la pre*
mière fois, avec le dispositif à deux galvanomètres (9 juin 1880), il faut, pour
avoir un rendement de 50 pour 100, arriver & une machine-source si peu résis-
tante, je donne le chiffre (0,0017), qu'on ne pourrait se contenter des conditions
déjà remarquables du type de machine de M. Siemens, qui donne 3 volts de
force électromotrice avec 0,0007 d'ohm de résistance, la résistance devant en-
gendrer une force électromotrice de 14 volts.
Puis, constatant que l'obligation de transporter l'Énergie force tous les sys-
tèmes par dérivations à établir des canalisations doubles, sortes d'épanouisse-
ments polaires de la source, sur lesquelles canalisations se branchent les résis-
tances à exploiter, j'ai déterminé dans quelle mesure la régularisation de
la distribution se trouve faussée, j'ai complètement élucidé et résolu ce
point :
J'ai l'honneur de présenter au Congrès les moyens de calculer de suite,
numériquement et exactement, la perte de différence de potentiel qui existe
nécessairement entre deux exploitations dérivées quelconques, par exemple,
entre la plus rapprochée de la source d'électricité et la plus éloignée de la
source.
Supposons qu'un type donné de résistance p soit exploité en dérivations
successives, régulièrement réparties et séparées les unes des autres par une
portion de canal double, d'une résistance donnée a; appelant x le rapport ; n
le rang de la dérivation la plus éloignée de la source en comptant la dérivation
la plus rapprochée de la source. J'utilise ce que j'ai appelé la chute relative de
potentiel, quotient de la chute de différence de potentiel d'une exploitation à
une autre exploitation quelconque, divisée par la plus petite des deux diffé-
rences de potentiel.
Cette chute relative, qui est une quantité très commode & employer dans
les calculs et sert à passer immédiatement à la perte absolue et à la perte rela-
tive de différence de potentiel, est une équation en x du degré n — 1 de la.
forme
C^a?* + C,a;« + C,ir« + + C^-ia;"-*,
j'ai trouvé la loi de formation des coefficents C^ C, C, . . . . Cnr-t; elle est la
suivante : le coefficient d'une puissance quelconque de x s'obtient en faisant la
SIXIÈME SEANCE.
433
somme dn coefficient de la même puissance de Téquation précédente et des
coefficients de la puissance de a; inférieure d'une unité dans toutes les équations
précédentes.
J'ai donc pu établir le tableau des coefficients pour les équations succes-
sives.
NOMBRB
de
Dtf EIVATI0N8
exploitées.
COEFFICIENTS DES PUISSANCES.
ai'.
a^.
X'.
rr».
xK
fiC*. 1 (C*.
1
3
4
5
6
99
100
1000
1
1
3
6
10
15
4851
4950
499500
1
5
15
35
3828175
3980974
37 billions.
1
7
28
1
9
1 j
j
:
Dansce tableau, a? =- oua7= ; rr-, Rétant la résistance totale du canal
P (n— l)p
et n le nombre de dérivations, i^ s i, .... «a étant les différences de potentiel
effectives qui animent les résistances de rang 1,2,3 n; on a :
,« == e, (1 + C,a?» + C,a;* + . . . + C„.iX«-*)
d'oCi l'on tire la valeur de la chute relative H :
-S = H = C^x^ + C,a;V . . + C»-ia^-*.
Il est extrêmement simple de prolonger ce tableau aussi loin qu'il peut
être utile. Mais, en outre, afin de pouvoir de suite déterminer une chute relative
de potentiel, en supposant que le tableau ne soit pas encore poussé jusqu'à, un
nombre quelconque très grand de dérivations, je donne des formules qui eopri-
ment directement la valeur des coefficients des deux premières puissances de rc en
fonction de n; ces deux termes en x et en x^ sont les seuls dont il y ait utilité à
tenir compte dans la plupart des applications, parce que je prouve qu'il est
nécessaire que x soit très petit pour que le système de distribution soit seule-
ment possible à appliquer.
On a évidemment i
Ci = 2 (ri - 1) n
et
C,= n — 2 + ^r2.3.(n— 3) + 3.4.(n — 4) + 4.5.(n— 5) + ...
+ (n-.3)(n-2).2 + (M— 2)(n-l).l1.
134 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Si M est la Yaleur qui rend maximum M (»— M) (n— M— 1), Yaleur qui
est
2n— 1
ZZl^t //2n — n* n* — n
on à par approximation :
C, = n — 2 + ^rM(« — M)(n— M — l)(n — 3) +
+ (n — 1)(n — 2)M + 2.3(»— 3)(n — 3— M)"|
ou par intégration :
* 4 * , 1 . 2
24"-T2"-r'-3'
C,= -^n*— ^p^7i' — ^n* — -n + 3.
Mes formules s'appliquent] également" aux cas où des canaux secondaires
sont branchés sur le canal primaire, des canaux tertiaires sur les canaux secon-
daires, et où l'on emploie un nombre quelconque d'ordres de canalisa-
tions.
J'ai le droit et le devoir de dire que la question que j'ai ainsi traitée à fond
est absolument résolue dès aujourd'hui, puisque les conditions d'exploitation
déterminant x, il en résulte immédiatement la connaissance numérique exacte
du résultat final que donnera l'exploitation si on la réalise.
J'en ai fait une application numérique à l'un des systèmes qui fonctionnent
actuellement à l'Exposition, le système Edison de distribution d'un courant par
dérivations successives à des lampes incandescentes du même inventeur. Ce
système de distribution fonctionne ici avec une portée restreinte à partir de la
source et un nombre restreint de lampes dérivées; mais, d'après les renseigne-
ments des intéressés, il se prépare en ce moment à New-York un essai impor-
tant d'éclairage public par ce système, et, à leur dire, on peut, d'une machine
électrique servant de source, faire partir un canal double, d'où peuvent ensuite
partir des branchements divers d'ordre supérieur, de telle sorte que la portée du
canal primaire soit de 1333 mètres, s'éloignant en ligne droite de la source,
cette portée pouvant alimenter 1000 lampes avec une seule prise de courant
près de la source. Or mon travail prouve immédiatement qu'étant donnée la
résistance d'une lampe, 120 ohms, la portée, la section du canal primaire (type
boulevard d'Edison, 115 millimètres carrés), la section des canaux secondaires
(type maison d'Edison, environ sept fois moindre), ce résultat ne peut être obtenu,
c'est-à-dire qu'avec les sections citées, la perte de différence de potentiel, depuis
les premières lampes jusqu'aux dernièreâ, sera considérable ; j'en donne le
chiffre : 1,88 de chute relative et 0,65 de perte relative, c'est-à-dire perte des
deux tiers de la différence de potentiel de la première à la dernière lampe.
Je prouve donc que cette application ne pourra se faire dans des condi-
tions acceptables, à moins de l'un des amendements suivants ou leur combi-
naison :
1*» Augmenter la section des canaux dans une proportion que je prévois
numériquement, augmentation tout à fait proportionnée à la quantité totale
d'Énergie véhiculée au départ, moins de l/»7 chevaux, graduellement répartie
en 1000 parties, de l'origine à l'extrémité de la portée de 1333 mètres;
2° Créer d'autres prises de courant multipliant les points où la canalisation
SIXIÈME. SËANjCE. 4>35
sera alimentée d'une différence de potentiel venant directement de la source,
c'est-à-dire vierge encore des affaiblissements si rapides et prévus numérique-
ment;
3<> Exploiter en réunissant en tension un certain nombre de lampes; mais
alors ce serait un autre système, et Ton renoncerait au principal avantage, qui
est d'avoir chaque lampe indépendante des autres.
Je crois que la distribution en quantité, ou dérivations successives, sera
presque nécessaire pour certaines applications, par exemple, pour desservir un
nombre donné ou variable de récepteurs mobiles comme le seront des véhicules
électriques circulant dans les rues, avec ou sans chemin métallique ; il y aura
lieu alors de s'arranger pour rester en deçà du nombre limite par chaque tron^
çon de canal exploité en dérivations successives.
Aân de pouvoir reculer ce chiffre le plus possible, j'ai moi-même cherché
à améliorer, autant qu'il se peut, le fonctionnement des systèmes en dérivation,
et j'indique le moyen consistant à alimenter, non pas en correspondance,
c'est-à-dire en mettant les deux moitiés du canal double en rapport avec les
deux pôles de la source par deux points correspondants, mais à alimenter par
opposition, c'est-à-dire en prenant les deux points en question, l'un à une
extrémité d'un des conducteurs du canal, l'autre à l'extrémité opposée de l'autre
conducteur du canal.
Certes, on dépense du cuivre pour réaliser ce dispositif, mais l'économie
est encore très grande, tout compte fait, environ { d'économie sur le cuivre qui
serait nécessaire pour assurer une même perte relative de différence de poten-
tiel avec l'alimentation par correspondance. Or, avec l'alimenlation par opposi-
tion, l'équation a la même forme, mais est du degré - — 1, ce qui donne une
chute considérablement atténuée, puisque le coefficient de la puissance première
varie comme les carrés.
Il est à remarquer que, pour une perte relative donnée, avec une portée
donnée et un nombre donné d'exploitations en dérivations d'un type de résis-
tance donnée, la dépense de cuivre est la même, que le transport d'Énergie
soit considérable ou faible. Cette indépendance manifeste bien le vice originel
des systèmes de distribution par dérivation. Ainsi je montre que, avec une
résistance type de 120 ohms à exploiter en dérivations successives, quelle que
soit la grandeur du transport d'Énergie, il faut invariablement consentir à une
dépense minimum de 1,212,000 centimètres cubes de cuivre par kilomètre de
portée, si on veut exploiter 1000 dérivations et ne pas dépasser une perte rela-
tive de r,, c'est-à-dire se contenter d'une réalisation qui donnera, dans les der-
nières résistances par rapport à la source, environ j de moins d'Énergie
calorique que dans les premières. Et encore ces chiffres s'appliquent à l'alimen-
tation par opposition, qui économise les l de la dépense du cuivre nécessaire
par correspondance, pour obtenir le même résultat ; et, je le répète, cette
dépense considérable minimum sera la même, qu'il s'agisse de développer dans
chaque résistance exploitée une puissance de plusieurs chevaux, ou de 147 mil-
lièmes de cheval, ce qui est le cas d'une lampe Edison.
Je donne lecture de la proposition qui me parait être la conséquence des
résultats de cette partie de mon travail :
436 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
PROPOSITION
c( En raison d'applications importantes et coûteuses qui pourraient être ten-
tées dans une voie qui ne peut aboutir faTorablement lorsque le nombre des
distributions est réparti sur une grande surface et doit être considérable, il y
aurait intérêt général à ce qu'il fût signalé que, pour appliquer rationnellement
et arec fruit les distributions par dérivations successives, il ne suffit pas de
s'arranger pour que les résistances exploitées soient très grandes, mais que, de
plus, il est nécessaire que la nature de l'exploitation projetée soit telle que les
exploitations qu'il faudra desservir par chaque canal double rayonnant de
l'usine puissent ne pas être en grand nombre ; ce nombre étant malheureuse-
ment le seul élément qui, pour un type de résistance exploitée, détermine la
section du canal, pour une portée donnée de ce canal, et détermine par suite
la dépense minimum du cuivre de canalisation, même indépendanmient de la
grandeur ou de la petitesse des énergies distribuées.
a En même temps, il serait utile que le tableau qui fixe les chutes de diffé^
rence de potentiel et les moyens rapides d'appréciation exacte, que j'ai l'hon-
neur de présenter, fussent portés à la connaissance des personnes intéressées
aux applications industrielles, afin de mettre ces personnes en mesure de se
rendre compte par elles-mêmes, & l'avance, des cas et des conditions dans
lesquels elles doivent réaliser des distributions par dérivations successives qui
puissent répondre aux desiderata qu'elles ont en vue. »
Je suis donc arrivé à la conclusion motivée que, pour les grands transports
d'Énergie, lorsqu'il s'agit de débiter, sur un très long parcours, une très impor-
tante Énergie totale, en un très grand nombre de portions quelconques, la solu-
tion est de distribuer en tension.
Mais, pour y arriver, il reste un très grand nombre de difficultés à résoudre
et il faut élargir le champ des idées usuelles par des points de vue nouveaux,
tirer un meilleur parti de ce qui existe, créer de nouveaux organes et en faire
un ensemble vivant d'une vie nouvelle, de telle sorte que, sans complications
nulle part, même sans demander aux machines autre chose que ce qu'elles
font tous les jours, on arrive cependant à exporter à tout moment d'une usine
unique, par un canal unique, la quantité exacte d'Énergie convenable pour
alimenter la somme de toutes les consommations locales d'Énergie & toutes
distances, ces consommations étant, à tout moment, modifiables en nombre et
en grandeur, et leurs régulations étant automatiques, ainsi que la régulation
de l'exportation d'Énergie. •
J'ai fait d'abord ressortir l'utilité technique du point de vue nouveau con-
sistant à dissocier complètement les conditions de fonctionnement des moteurs
récepteurs en général, des conditions de fonctionnement, de la machine source
expéditrice.
Je montre qu'en composant l'exploitation en tension d'un certain nombre
de moteurs, du même type par exemple, et la source du nombre convenable
de machines identiques aux moteurs, sources et moteurs tournant au même
nombre de tours, celui du type, en admettant pour un instant que le type ne
soit doué d'aucune élasticité d'allure, j'ai, sans changer ni l'allure ni l'intensité
de circulation convenant au type, amélioré pourtant beaucoup toutes les faces
de l'exploitation, le rendement individuel des sources n'ayant pas changé, étant
SIXIÈME SËANGE. 437
resté de 75 pour 100, mais celui des moteurs ayant passé de 66 à 80 pour 100
(TypeC).
Le bilan de l'amélioration d'exploitation est, par rapport à l'utilisation
usuelle, le doublement du travail recueilli sur les moteurs, le kilogrammètre
de ce travail étant cependant obtenu à un coût inférieur d'un sixième, et cela
avec une augmentation d'un tiers seulement du matériel.
Je montre que le rendement relatif, toujours le produit des rendements
E pf
individuels de la source et du moteur sous la forme ,, E force électromo-
E + pt
trice correspondant à l'allure et à l'intensité t du type dont la résistance est p,
nous indique de suite quelle résistance de liaison nous pouvons introduire
entre les sources et le moteur pour ramener le rendement relatif de l'ensemble,
de 60 pour 100 à 50 pour 100 par exemple.
Je détermine les conditions dans lesquelles doivent être organisés le
transport, la distribution et la consommation en tension de l'Énergie par voie
électrique.
J'ai pris pour point de départ un type quelconque de machine, par exemple,
la machine Gramme G, expérimentée & Chatham, et, acceptant les chiffres
officiels de ces expériences, j'ai discuté ces chiffres et montré qu'ils sont ceux
d'une machine source qui actionnerait directement une machine identique
moteur, avec un rendement de 50 pour 100 ; j'ai appliqué l'amélioration dont je
viens de parler, et j'en ai conclu la résistance à intercaler par moteur G dans
une exploitation en tension et, par suite, la portée par moteur donnant à l'allure
et à l'intensité prévue, avec un rendement de 50 pour 100, une puissance de
7 chevaux et demi, celle qui résulte des données, cette portée étant la moitié
de la longueur de fil (de section appropriée à l'intensité) constituant la résis-
tance en question, égale à la résistance intérieure du moteur.
J'ai alors déterminé la portée maximum et le débit total maximum de
puissance que comporte l'emploi de ce type, sans dépasser, à la source, une
grandeur de différence de potentiel rationnelle et pratique, à fixer positivement
par quelques expériences directes et que j'ai pris, par exemple, de 10,000 volts,
valeur qui doit être sans doute de beaucoup dépassée, étant donné que chaque
élément source ne supporte qu'une très faible différence de potentiel.
Les limites de ce type étant déterminées, j'ai, avec ces paramètres, établi
les formules générales qui me permettent, pour un débit total quelconque,
P chevaux et une portée quelconque L mètres, de connaître le facteur M, par
lequel il faut multiplier les sections des fils du type G, pour conserver le même
rendement, la même puissance individuelle du moteur récepteur à la même
allure, et utiliser le nombre voulu de ces puissances ; appelant S la section
inconnue du canal, je suis arrivé aux formules :
M = Px 0,001375,
(a) S = PL X 0,00000218,
(P) S «PX 0.02751.
Les deux formules donnent la section du canal en millimètres carrés et
conviennent toutes deux pour calculer cette section, lorsque la portée L est de
12,630 mètres; en deçà de cette portée, la formule (p) devant être employée,
tandis quau delà de cette portée c'est la formule («) qui doit l'être.
438 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Pour P chevaux de débit total sur le canal, au rendement minimum de
50 pour 100, la dépense de cuivre en centimètres cubes par mètre de portée, est
donnée par la formule 2 P x 0,02751 jusqu'à la portée L = 12,630 mètres, et au
delà de cette portée par la formule 2 LP x 0,00000218.
J'en ai fait Fapplication aux conditions qui se présenteraient dans l'exploi-
tation d'une ville comme Paris, de 8 kilomètres de diamètre, avec une seule
usine centrale d'Énergie et une seule canalisation de fil de k millimètres
8 dixièmes de diamètre, comprenant, en un seul circuit, toutes les exploitations
en tension ; le circuit total composé d'un grand nombre, non limité, de boucles
à 36,660 volts disponibles, ces circuits partiels de 8 kilomètres de développe-
ment et de k kilomètres de portée, desservant chacun 800 maisons de 10 mètres
de façade, taxées par exemple à la consommation de 3 chevaux d'Énergie sous
toutes formes, soit 2,400 chevaux de débit total par 8 kilomètres de développe-
ment. Avec 10,000 volts il faudrait 66 millimètres carrés de section, c'est-à-dire
un fil de 9 millimètres 17 de diamètre.
Après avoir montré qu'il est possible, comment, sur quels chiffres il est
possible de réaliser, dans de bonnes conditions déjà, une exploitation aussi
importante et aussi étendue qu'on le veut, en utilisant les machines telles qu'on
les dispose actuellement, je prouve l'importance extrême qu'il y aurait à réduire
la résistance intérieure des machines pour accroître les rendements de trans-
ports d'Énergie, et je donne les moyens d'y arriver.
Importance extrême de la réduction de la résistance intérieure des machines pour le
rendement relatif des transports et des distributions d^ Énergie. — Rendement
individuel. — Déterminante. — Moyens.
£ — Pt
Considérons le taux du rendement de la machine C source, il est — ,
1
expression dans laquelle pour la machine C, p i =- E.
Généralement si pi = -, le rendement = , la machine travaillant
m m
comme source.
E
La même machine travaillant comme moteur, le rendement
E + pi
devient z = ; , et le rendement relatif sans fil de liaison est r ;
1 m + 1 m+ 1
m
nous voyons que les rendements individuels et le rendement relatif croissent
très vite et se rapprochent rapidement de l'unité, à mesure que m augmente.
E
La valeur m ^ .est donc la seule quantité qui, pour tout régime électrique
p*
et mécanique d'un type de machine (intensité de circulation et allure), déter-
mine les valeurs du rendement individuel comme source, du rendement indi-
viduel comme moteur, du rendement relatif comme source et moteur dans le
transport de puissance : c*est pourquoi j'appelle cette valeur m la déteiminanle
des rendements d'une machine.
L'orateur en fait l'application aux données numériques de la machine
Gramme C, il montre que le même champ étant constitué par un aimant, la
SIXIÈME SÉANCE. 439
déterminante passe de & à ikf le rendement individuel comme source devient
77, comme moteur ^r, et comme relatif — . Il montre, sur divers exemples
14 10 lo
numériques, pourquoi l'excitation séparée desélectros est avantageuse, quoique
à un moindre degré, comme source, et est désavantageuse comme moteur;
T
pour une canalisation transportant l'Énergie au rendement — il arrive à la
formule N = — ^ ~ — (m + 1), N étant le rapport de la quote-part de
résistance de canal, afférente à chaque récepteur unité, à sa résistance inté-
rieure. 11 montre, sur cette formule, dans quelle mesure numérique avanta-
geuse, l'accroissement de m influe sur l'économie de canalisation, l'accroisse-
ment de portée et de rendement de la distribution d'Énergie à distance.
Il est donc démontré par ce qui précède que :
PROPOSITION
Il y a lieu de recommander comme très important, comme tout à fait
capital, au point de vue des transports d'Énergie par voie électrique, la consti-
tution séparée du chnmp magnétique, des machines employées comme sources,
soit par l'excitation séparée d'électros inducteurs, soit surtout par l'emploi
d'aimants très énergiques.
Au point de vue du rendement des transports d'Énergie par voie électri-
que, il y a lieu de recommander de ne jamais employer l'excitation séparée
des électro-aimants pour les machines qui doivent agir comme moteurs ; mais
il y a lieu de recommander de chercher à établir des types de machines dans
lesquelles le champ magnétique serait constitué par des aimants dont la polarité
résultante serait rendue très énergique et durable.
Dam une grande ea>ploitation en tension, moyens propres à régler automatiquement, à
Vusine, la constance du débit électrique du canal, malgré toutes variations dans
le nombre et la grandeur des consommations des diverses exploitations extérieures
locales (T Énergie, de telle sorte que les éléments sources travaillent toujours à ren-
dement maximum.
La donnée rationnelle de la solution est d'utiliser la moindre variation de
l'intensité qu'on veut rendre constante, à introduire aussitôt, par une succes-
sion graduelle, mais très rapide, un nombre croissant ou décroissant d'élé-
ments sources travaillant dans des conditions identiques et maxima de fabrica-
tion de différence de potentiel disponible. J'insiste sur l'importance de cette
manière nouvelle et fructueuse de considérer dans un élément source, non pas
sa force électromotrice, dont il consomme lui-même une partie pour la circu-
lation dans sa propre résistance, mais bien ce qui reste après ce prélèvement,
c'est-à-dire ce qui est, en réalité, utilisable à n'importe quelle distance hors des
bornes coniprenant Fensemble électrique générateur total.
Je fais expressément remarquer :
!• Que, généralement, il faut exclure, a priori, tout système qui ne fabri-
UO CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
querait pas l'Énergie au rendement individuel maximum delà source. Ce serait
un Tice radical.
2° Que celte première condition entraîne la nécessité dune intervention méca-
nique (automatique bien entendu) pour régler le nombre ou le groupement des
éléments source, même dynamo-électriques, car une machine dynamo-élec-
trique ne jouit de sou rendement individuel maximum que pour un seul régime,
qui est celui du maximum de champ et d'allure qu'elle comporte.
II en résulte donc qu'il ne serait pas juste de voir un progrès dans un dis-
positif quelconque qui viserait à éviter toute intervention mécanique de régu-
latioD à la source, car ce résultat ne pourrait être obtenu qu'en subissant un
dëûcUsur le régime de maximum (allure, champ). C'est le défaut capital du
système, ingénieux d'ailleurs, exposé au Congrès par M. Marcel Deprez ; il vise
à régler Texportation de la source par une réaction modificatrice du champ, ce
qui le force à choisir, pour la source, l'allure qui fait varier le champ selon la
loi permettant d'obtenir la régulation. II pèche alors doublement, par le sacri-
fice du champ et dePaliuremaxima.
Cela posé, ii est très facile et très sûr de demander à une sorte de relais
électrique Tunique fonction, automatique, de fermer ou de rompre le circuit
d'un courant auxiliaire indépendant ; le courant exporté, lui-même, ou un
shunt déterminé de ce courant, passe donc par un organe vigilant, libre de se
déplacer, dans un sens ou dans l'autre, entre deux arrêts rapprochés, et ces
petits déplacements, dans un sens ou dans l'autre, de chaque côté du point in-
termédiaire d'équilibre, sont utilisés à fermer, dans le circuit d'un électro-ai-
mant ou d'uu autre électro-aimant, et à rompre le courant auxiliaire précité.
L'organe vigilant est, soit tout dispositif du genre de certains arrangements
combinés par Gtoesener ou M. Deprez, tendant à prendre brusquement, pour
chaque débit qui les traverse, une position précise d'équilibre, soit, toutes les
bobines ou anneaux induits, petite machine électrique quelconque, dont le
collecteur devient inutile et dont le mouvement est limité entre deux arrêts
rapprochés, en étant équilibré par ressort ou contre-poids, pour la position
moyenne seulement qui correspond à l'eflfort tangentiel qui existe lorsque le
débit exporté fonctionne à l'intensité voulue. Le principe de ce second genre
de dispositif est exactement celui de la balance de Becquerel. Il est donc acquis
que, à la moindre tendance d'accroissement ou d'affaiblissement de l'intensité
du débit, le courant auxiliaire sera ainsi automatiquement fermé dans un
électro pu dans l'autre.
Ces électros, convenablement puissants, sont disposés en regard l'un de
l'autre et sont fixés sur deux poulies qui les entraînent constamment, d'un mou-
vement rapide de rotation, dans un sens et dans l'autre; entre ces deux
électros existe un plateau de fer doux, calé sur l'arbre correcteur du nombre
des éléments sources à mettre en ligne à chaque instant. Il résulte de cette
disposition que, à la moindre tendance modificatrice du débit de régime, le
nombre d'éléments nécessaires pour rétablir le régime est graduellement et
brusquement ajouté ou retranché, ou, s'il y a lieu, le groupement d'un même
nombre d'éléments est modifié.
Quant aux éléments sources, ils peuvent tourner à une vitesse invariable,
celle qui leur convient le mieux pour fabriquer leur disponible de chute de
potentiel dans les meilleures conditions. Ces éléments peuvent être des ma-
chines distinctes ou des portions distinctes d'une ou de plusieurs machines.
Le moteur mécanique, qui actionne Tarbre des éléments sources, est muni
SIXIÈME SÉANCE. 441
d'un régulateur précis d*allure; ce régulateur pouvant être électrique ou non.
Le premier de ces éléments sources étant lié an canal, les éléments étant
successivement reliés entre eux en tension, la dernière borne du dernier élé-
ment étant libre, les touches métalliques successives et isolées d'un distributeur
(de révolution) sont liées aux jonctions des éléments et à la dernière borne
libre ; un balai ou frotteur mobile, dont l'arbre est précisément Tarbre cor-
recteur précité, parcourt, dès qu'il y a lieu, ces touches successives, s'arrétant
aussitôt à celle qui assure le débit de régime.
Quand il est utile, le premier déplacement du balai correcteur modifie
d'abord, jusqu'à la valeur la plus élevée ou la plus faible, la force électromo-
trice disponible fournie par un même élément source servant toujours d'ap-
point de force électromotrice disponible.
Je ne décrirai pas les dispositifs de détail qui permettent de résoudre les
questions de détail de l'application.
Conditions de fonctionnement automatique des divei^ses sortes de récepteurs locaux
d* Énergie, dans Pexploitation en tension par une seule canalisation.
Ces récepteurs locaux sont indifféremment des moteurs pour consommer
du travail mécanique, des robinets à débit constant (de même sens ou alter-
natif à phase quelconque) pour consommer une forme définie quelconque de
courant : régulateurs de lumière à courants continus, électrolyses, bougies ou
régulateurs de lumière à courants alternatifs ; ou simplement des résistances
pour la consommation de chaleur proprement dite.
A ma connaissance, MH. Deprez et Maxim ont déjà employé la régulation
de l'intensité: M. Deprez, pour faire marcher de petits moteurs à aimants des-
tinés à actionner le remontage des télégraphes de M. Hughes, à allure réglée
par organe centrifuge ; M. Maxim, pour pouvoir diminuer le nombre des lampes
de son système exploitées en tension sur un circuit. Mais M. Deprez obtenait la
régulation du courant en modifiant automatiquement le champ magnétique
par la variation de la résistance du circuit inducteur des électro-aimants.
M. Maxim modifiait la force électromotrice en inclinant plus ou moins la ligne
des balais sur le collecteur de l'anneau induit, par rapport à la position de meil-
leur rendement.
Le genr& d'alimentation que j'ai défini est très différent ; il fabrique le
disponible de chute de potentiel nécessaire à tout moment, toujours avec le
mdlleur rendement individuel de la source, laquelle diminue sa résistance
intérieure, s'il faut moins de chute disponible.
Dans les alimentations dont je viens de parier, la résistance intérieure de
la source restait la même, c'est-à-dire que la chute était fournie à des rendements
individuels de moins en moins bons, à mesure qu'il fallait moins fabriquer de
cette chute.
En outre, la combinaison et l'organisation permettant d'exporter, grâce à
la régulation du courant, une quantité d'Énergie non limitée, sous des formes
très diverses, constituent des idées et des faits techniques nouveaux qu'il est
utile de faire connaître.
Les récepteurs-moteurs étant traversés en tout temps de leur fonctionne-
ment oar une intensité constante, disposent d'un couple moteur constant.
4M CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRKilENS.
Les avantages du fonctionnement d'an moteur, sur débit constant, sont les
suivants :
Le moteur ne peut plus être brûlé ni avarié ;
Le couple moteur est constant ; le champ magnétique est constant et la
force électromotrice du moteur est proportionnelle à l'allure, ainsi que le ren*
dément absolu, qui est la puissance mécanique du moteur ou le travail méca-
nique produit par le moteur en une seconde. Le rendement relatif individuel,
c'est-à-dire le rapport de la quantité précédente à l'Énergie totalequi. est dé-
pensée entre les deux bornes du moteur, croît avec l'allure et lui est presque
proportionnel dans les bons rendements.
Le travail par tour est constant, quelle que soit l'allure.
Si i est l'intensité mère ou de régime du canal, e la résistance intérieure
du moteur, E la force électromotrice engendrée par le moteur à l'allure d'un
tour par secondes il en résulte qu'à l'allure de N tours par seconde, la force
clectromotrice du moteur est NE, son rendement absolu est NEi joulads par
1 1
seconde ; son rendement relatif individuel est : ou — - ; son travail constant
par tour est E^ joulads.
Le fonctionnement des moteurs électriques à grande comme à petite puis-
sance compris et organisé de cette façon, sur courant rendu automatiquement
constant, fait de ces appareils des machines motrices extrêmement pratiques et
théoriquement parfaites. C'est comme si l'on avait réalisé cet idéal mécanique
d'un arbre d'horloge dont le poids moteur constant n'aurait jamais besoin d'être
remonté, mais avec cette supériorité de pouvoir à tout moment supprimer et
rétablir ce poids moteur sans consommer de travail.
Si l'exploitation locale comporte un couple résistant constant, le réglage
de l'allure en résulte : sinon, le récepteur doit être muni d'un régulateur cen-
trifuge d'allure, propre à lui interdire de dépasser une allure limite corres-
pondant au cas où le couple résistant de l'exploitation locale tomberait en
dessous d'une grandeur prévue. A ce moment, la fonction du régulateur cen-
trifuge est de fermer les bornes du récepteur en circuit nul, sans ouvrir le
circuit comprenant la résistance intérieure du moteur. Il en résulte qu'il ne
passe plus, pour ainsi dire, aucun courant dans le moteur, jusqu'à ce que,
Tallure tombant un peu en dessous de la limite prévue, le régulateur centrifuge
sépare les surfaces de contact du circuit de résistance nulle, et ainsi de suite.
Lorsque l'application comporte non seulement la nécessité de ne pas dépas-
ser une allure, mais encore l'utilité de conserver exactement une allure donnée,
le moteur récepteur employé est tel que son couple moteur ait une grandeur
toujours un peu supérieure à celle de la plus grande valeur du couple résistant
à exploiter, et le but est atteint.
Robinets à débit constant.
D'abord, il va sans dire qu'il est nécessaire de pouvoir disposer de trans-
formateurs locaux automatiques, lorsque, dans une grande organisation, l'on
I . Dans le champ de régime.
SIXIÈME SÉANCE. 443
se propose de distribuer l'Énergie par un unique canal sous toutes formes
diverses.
Ces récepteurs sont des appareils montés généralement sur arbre vertical ;
le courant mère de Punique circulation les traverse, et Ton recueille, à leurs
bornes d'exploitation, le débit continu ou alternatif quelconque pour lequel le
robinet a été construit. En outre, le nombre des exploitations locales, placées
en tension sur son circuit local d'exploitation, peut être modifié en plus ou
moins; et, automatiquement, par le simple jeu des lois naturelles, le robinet
modifie 6on allure, de façon à verser encore, pour ce nouveau nombre d'exi-
ploitations locales, le débit électrique continu ou alternatif pour lequel il a été
construit. Il importe peu d'ailleurs que ces exploitations, en nombre facultati-
vement variable, soient égales ou inégales, de la même nature ou de natures
différentes; la seule condition qui leur soit imposée est que toutes aient besoin
de la grandeur et de la forme de débit électrique (continu ou alternatif quel-
conque) pour lesquels le robinet a été construit. Ces deux qualités, grandeur et
forme, c'est-à-dire continuité ou alternance plus ou moins rapide et plus ou
moins diversement répartie '*du sens de courant, constituent le débit tel qu'il
doit être pour une application déterminée; c'est donc la véritable caractéris-
tique des exploitations locales de courant; j'en désigne l'ensemble par l'expres-
sion de catégorie de débit d'une exploitation locale.
La construction et le fonctionnement automatique de tout robinet à débit
constant dérivent directement de mon nouveau théorème électro-dynamique,
qui a été présenté à l'Institut de France, en décembre dernier. On sait que ce
théorème est une conséquence de la dépendance absolue et réciproque qui
existe entre le couple mécanique d'une machine électrique quelconque réver-
sible et le débit de la circulation électrique qui traverse cette machine à tout
instant considéré. Cette dépendance absolue et fatale est la même, que la ma-
chine soit employée comme source ou qu'elle soit employée comme moteur;
elle s'applique à tous les types de machines réversibles créés ou à créer, sans
distinction du mode de constitution du champ magnétique de la machine
(électro-aimants ou aimants quelconques) et sans distinction du mode de con-
stitution des organes induits.
Si donc nous considérons deux machines quelconques réversibles dont les
arbres, par une transmission quelconque, soient reliés dans un rapport inva-
riable quelconque de rotation, il en résulte ce théorème que, pour des machines
théoriquement parfaites, c'est à-dire sans inertie d'aucune espèce, le passage,
pendant un temps quelconque, dans l'une des machines, d'une quantité déter-
minée d'électricité, dans un ordre quelconque et même dans des sens difi'é-
rents, avec ou sans interruptions, entraîne nécessairement le passage, dans
l'autre machine, d'une quantité totale d'électricité, égale, inférieure ou supé-
rieure, suivant la construction des machines, mais absolument déterminée
pour le même ensemble de machines, le même temps et la quantité d'électricité
qui a passé dans la première machine pendant ce temps; et tout ceci, indé-
pendamment de la constitution quelconque des circuits extérieurs de l'une et
de l'autre machine.
Gela posé, il ne nous reste plus qu'à restreindre la généralité du théorème
pour constituer le robinet à débit constant.
Si, en effet, nous supposons que le débit électrique, qui passe dans la pre-
mière machine, soit de même sens, et soit, par un moyen quelconque, rendu
proportionnel au temps, le débit de la seconde machine sera également de même
444 CONGUÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
sens et proportionnel au temps; en d'autres termes, Tintensité de la circulation
mère, commune à tous les récepteurs robinets, étant rendue constante à l'usine,
chacun de ces robinets aura une existence indépendante, et lorsqu'on le mettra
en action, yersera dans son circuit d'exploitation un débit constant, quelles que
puissent être les modifications comme force électromotrice ou comme résis-
tance, intentionnelles ou non, intervenues à des instants quelconques du fonc-
tionnement dans lé circuit d'exploitation locale dudit robinet.
Nous avons déjà dit que, pratiquement, il y a tout avantage à ce que les
deux machines constitutives d'un robinet soient construites calées sur un même
arbre vertical.
Remarquons que, soit que nous employions le courant mère à constituer le
champ magnétique de la deuxième partie d'un robinet, soit que ce champ soit
constitué par un courant indépendant ou par des masses magnétiques perma-
nentes, si nous renonçons à doter de réversibilité la deuxième machine con-
stitutive du robinet, il nous devient loisible d'employer pour cette seconde
partie d'un robinet une machine quelcontiue à courants alternatifs de phase
quelconque. Il en résulte que nous pouvons alimenter, par robinet à débit
constant, toutes catégories d'exploitations locales demandant des débits alter-
natifs quelconques, sans rien perdre des avantages précieux de la propriété
du robinet, de modifier de lui-même son allure, si l'on modifie le nombre ou
la grandeur des exploitations de la catégorie localement exploitées, et de rame-
ner de suite, malgré ces modifications toujours facultatives, la catégorie de
débit à sa valeur normale (forme et grandeur) prévue par la construction. Je
n'entre pas dans les détails permettant d'économiser le passage de l'intensité
mère par les robinets, qui ne fonctionneraient pas localement.
Je mentionne, pour mémoire seulement, une classe de récepteurs servo-
moteurs ou servo-robinets que j'ai prévue pour certaines applications. Cette
classe nécessite comme son nom l'indique, une intervention locale qui peut
être réglée automatiquement dans des conditions prévues, ou à volonté lorsque
ces conditions ont à changer d'une manière impossible à prévoir. Ces robinets
peuvent être organisés à débit constant ou à débit variable. 'je les produirai dès
que j*en aurai expérimenté le rendement. Le système est du reste complet sans
eux.
En résumé, cet ensemble de combinaisons simples permet, avec un seul
centre de production d'Énergie et un seul canal, de fabriquer à rendement
maximum et de distribuer l'Énergie sur un parcours d'une longueur quel-
conque, sous toutes grandeurs, tout nombre et toutes formes usuelles d'exploi-
tations locales par voie électrique, les consommations locales, quelles qu'elles,
soient, restant constamment modifiables à volonté et se trouvant toujours indé-
pendantes les unes des autres.
Toutes les régulations locales sont automatiques et sont la conséquence
naturelle et forcée d*une unique régulation, effectuée automatiquement &
l'usine.
Les actions correctrices, très rapides, provoquées, à un instant quelconque,
à l'usine, par le jeu automatique de l'organe vigilant, n'étant, à tout instant»
que la différence totale qui existe, en cet instant, entre tous les accroissements
et toutes les diminutions des consommations locales d'Énergie, cette compen-
sation se fait sur toute l'étendue du canal.
Je n'ai pas besoin de faire remarquer que, dans l'application, l'enregistre-
ment de la somme d'Énergie utilisée par un consommateur, sous des formes
SIXIÈME SÉANCE. 445
quelconques, pendant un temps donné, n'est que facilitée par ce fait que Pin-
tensité mère ou de régime étant constante, il ne reste qu'à enregistrer les
dépenses totales de différence de potentiel, pendant un temps donné, entre
les deux points de la prise totale d'un consommateur/
Je considère donc la proposition suivante comme la conséquence naturelle
de cette dernière partie de mon travail.
PROPOSITION.
Il serait d'un intérêt général qu'il fût porté à la connaissance des personnes
qui sont intéressées aux distributions industrielles d'Énergie, que, de l'état
scientifique de cette question en électricité, il résulte, par exemple, ce fait
important, qu'avec un système de distribution en tension, organisé comme j'ai
eu l'honneur de l'indiquer, on peut, dans les agglomérations urbaines les plus
étendues qui existent aujourd'hui, par un seul canal de section modérée et
avec un unique réglage automatique, à une usine unique, distribuer locale-
ment, sur un parcours d'une longueur quelconque, eu uu nombre quelconque
de points d'exploitation et en autant de parties qu'on le veut, autant d'Énergie
totale qu'on le veut, cette Énergie étant produite à rendement maximum et
débitée simultanément sous des formes tout à fait distinctes, telles que :
1<> Puissances motrices de n'importe quelles grandeurs, par récepteurs-
moteurs;
2° Productions directes de chaleur sur des récepteurs résistances de grande
ou de faible résistance ;
30 Courants de même sens, de n'importe quelle intensité;
h!" Courants alternatifs de n'importe quelle force et de n'importe quelle
phase.
Ces deux dernières formes étant réalisées par des récepteurs (robinets à
débit constant de même sens ou de sens alternatifs), appareils jouissant de
l'utile propriété que leur débit se maintient réglé naturellement, malgré des
changements facultatifs du nombre ou de la grandeur des exploitations locales
de ces robinets.
10
SEPTIÈME SÉANCE
5 octobre 1881
FEÉSIDENGE DE M. AD. COGHERY
Miniitre des Pottet et des Télégraphes.
La séance est ouverte à deux heures dix minutes.
M. LE Président fait donner lecture du procès-verbal de la dernière
séance.
Le procès- verbal est adopté à l'unanimité.
M, LE Président fait remarquer que, dans la séance plénière du
28 septembre, le Congrès a émis le vœu que le système des signaux,
actuellement en usage en Angleterre pour les navires chargés de services
télégraphiques, soit adopté pour tous les pays. Il est heureux de pouvoir
faire remarquer au Congrès que ce vœu a reçu d'avance, satisfaction, au
moins en grande partie, dans le règlement international exécutoire depuis
le 1'" septembre 1880, article 5 :
Tout navire, à voiles ou à vapeur, employé soit à poser, soit à relever
un câble iélégraphique, tout navire qui, par une cause accidentelle, n'est
pas libre de ses mouvements, doit^ si c'est le jour, porter en avant de la tête
du mai de misaine^ et pas plus bas que cette tête de mât, trois boules noires
de G I ceniimèires de diamètre chacune^ placées verticalement l'une au-dessous
de l'autre, à une distance d'au moins 91 centimètres ; si c'est pendant la
nuit^ il doit mettre à la place assignée au feu blanc brillant, que les
bâtiments à vapeur sont tenus d'avoir en avant du mât de misaine, trois
feux rouges placés dans des lanternes sphériques d'au moins 25 centimètres
de diamètre et disposées verticalement à une distance l'une de l'autre d'au
moins 91 centimètres.
Ces boules ou ces lanternes servent à avertir les autres navires qui
approchent que celui qui les porte n'est pas manœuvrable et, par suite, ne
peut se garer u
\.
SEPTIÈME SÉANCE. 447
Lbs navires ci-dessus ne doivent pas avoir les feux de côté allumés
lorsqu'ils n'ont aucun sillage. 11^ doivent, au contraire, les tenir allumés
s'ils sont en marche, soit à la voile, soit à la vapeur.
Les puissances qui ont adhéré à ce règlement sont:
Allemagne, Grande-Bretagne,
Autriche-Hongrie, Grèce,
Belgique, Italie,
Chili, Norvège,
Danemark, Pays-Bas,
Espagne, Portugal,
États-Unis, Russie,
France, Suède.
Le Congrès accueille avec satisfaction la communication de M. le
Président.
La parole est à M. le Vice-Président Govi, qui communique au
Congrès la note suivante :
Parmi les objets qui figurent dans la salle du Musée rétrospectif se trouve
un petit carnet ayant appartenu à Louis Galvani. Ce carnet, que Textrême obli-
geance de M. le chevalier Auguste Mattioli, agent du Trésor d^Italie et arrière-
neveu de Galvani, nous a permis d^étudier et d'exposer, renferme les Notes auto-
graphes de l'illustre précurseur de Volta, relatives aux expériences exécutées
par lui sur les torpilles en 1795, pendant un voyage fait à Sinigallia et à Rimini
pour y étudier ces poissons électriques.
On rencontre, en effet, dans ce carnet les dates U mai, 16 mai et
17 mai 1795, relatives probablement à Sinigallia et celle du 19 mai se rapportant
à Rimini, où Galvani ne s'arrêta que deux jours.
Les faits et les considérations enregistrés dans ce carnet se retrouvent, en
partie, dans le cinquième mémoire adressé par Fauteur à Spallanzani, mais
tout n'y a pas été reproduit, et le Congrès apprendra sans doute avec quelque
intérêt (jue les Notes autographes de Galvani renferment quelques passages qui
permettent de faire remonter jusqu'à lui les premières observations relatives à
Isi polarisation électrique, dont il aurait peut-être repris l'étude si la mort n'avait
pas interrompu sa carrière le 4 décembre 1798 lorsqu'il n'avait encore que
soixante et un ans.
11 est évident que les passages inédits du manuscrit de Galvani que je vais
rapporter n'enlèvent rien au mérite de Gautherot, de Ritter, ni des autres
savants qui se sont occupés des phénomènes appelés par de la Rive polarisation
électrique ; mais il n'en est pas moins curieux et intéressant de constater que
Galvani, quatre ans avant la découverte de la pile, les avait observés et distin-
gués des autres phénomènes électriques.
Pour bien comprendre les passages que je vais vous traduire, il faut se
rappeler que, pour Galvani, la fibre musculaire représentait une bouteille de
Leyde, dans laquelle s'insinuait le filet nerveux jouant le rôle de conducteur
U8 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
pour Parmure îDtérieiire de la bouteille, pendant que la surface extérieure de la
fibre musculaire représentiût Farraure extérieure du petit condensateur. Cette
hypothèse se trouve exposée dans le Mémoire de Galvani intitulé De viribus elec-
tricitatis in motu muscuîarf, comme^iiarim, imprimé à Bologne en 1791.
Voici maintenant les Notes de Galvanî :
Première note, au feuillet, 22 verso.
1795 [mai, 14-lG, à Sinigallia (?)]
» Après qu'une grenouiUe préparée a subi plusieurs contractions sur la
torpille, si on la tient d'une main par les pieds et qu'on applique ses nerfs à
un doigt de Tautre main, on obtient de nouvelles contractions plusieurs fois
de suite lorsqu'on sépare les nerfs du doigt, c'est-à-dire quand on interrompt
Tare.
u Comme sur plusieurs centaines d'expériences faites à la manière ordi-
naire, il ne m'était jamais arrivé de voir rien de semblable, j'ai pensé que Té-
lectricité de la torpille s'était communiquée dans ce cas à la grenouille et avait
chargé les petites bouteilles de Leyde que j'y ai supposées. »
Deuxième note, au feuillet 68 verso.
1795 (mai, 19, à Rimini.)
« En opérant sur deux grenouilles préparées, qui avaient les nerfs détachés
de la moelle épiuière, il est arrivé qu'après avoir été appliquées sur le dos de
la torpille et en avoir élô convulsionnées plusieurs fois de suite, surtout par
des secousses données directement par la torpille elle-même, elles ont subi les
contractions habituelles lorsqu'on les a tenues par les pieds avec deux doigts
d'une main, ou avec un fil de soie, et qu'on a appliqué leurs nerfs aux doigts
de l'autre main, mouillés par Je contact de la torpille. Les contractions avaient
lieu toutes les fais qu'on cessait de toucher les nerfs avec les doigts, c'est-à-dire
lorsqu'on interrompait l'arc constitué (comme on le voit facilement) par les
deux bras et la partie correspondante du thorax, lequel arc était appUqué par
une de ses extrémités aux pieds de la grenouille et par l'autre à ses nerfs.
a Ce phénomène dura un certain temps, et parut plus marqué dans celle
des deux grenouilles qui était tombée eu convulsions par sa seule application
sur le dos de la torpille, sans que celle-ci eût donné de secousses.
a Le phénomène une fois épuisé ne se produisit plus, peut-être parce que
l'électricité delà torpille entrée par les nerfs avait affaibli la force de contraction
des muscles,
« Comme en y employant le même arc je n'ai jamais vu, sur le très grand
nombre de grenouilles employées dans mes expériences habituelles, se pro-
duire tant de contractions d'une manière si constante, ce* ne serait peut-être
pas une conjecture déraisonnable que de supposer que la torpille aurait trans-
mis, dans ce cas, une partie de son électricité à la grenouille, et aurait chargé
la petite bouteille de Leyde animale que j'y ai imaginée.
« Elle pourrait peut-être encore s*âtre déchargée et par conséquent donner
SEPTIÈME SÉANCE. 449
lieu à une nouvelle charge et à de nouyelles contractions ; mais la première
supposition me parait vraisemblable.
« Quoi qu^il en soit, toute la modification a eu lieu dans la grenouille»
et non pas dans les doigts ou dans la main qui avait touché la torpille,
puisque, ayant humecté le dos de la maii^ qui certainement n'avait pas
touché la torpille, et ayant répété l'expérience, le résultat fut absolument le
même. »
Ce sont bien là, si je ne m'abuse, de vrais phénomènes de polarisation^ pro-
voqués par le passage des décharges de la torpille (directes ou induites) à tra-
vers les nerfs et les muscles des grenouilles préparées, et c*est bien à Galvani
qu'on peut rapporter la première observation de ces faits, quoiqu'il n'y ait
employé d'autres instruments que ces mêmes grenouilles qui lui avaient déjà
révélé les phénomènes que Volta attribua au contact des métaux, et d'où allait
sortir bientôt ce merveilleux appareil qui a été [appelé Pile et dont notre Expo-
sition atteste le prodigieux développement.
M. DU Bois-Retmond présente quelques observations sur la note
précédente. Il demande à faire remarquer que robservation de Galvani,
rapportée par M. Govi, quelque intéressante qu'elle soit en elle-même, est
loin de prouver une polarisation dans le sens que nous donnons actuelle-
ment à ce terme. Tout ce qui s'est passé dans les expériences de Galvani,
c'est que des grenouilles, qui ne donnaient pas la secousse sans métaux,
c'est-à-dire, qui n'étaient pas convulsionnées par leur propre courant
musculaire, la donnaient après avoir été exposées aux décharges de la
torpille. Ce phénomène ne saurait être assimilé à la polarisation, savoir
à la production de polarités secondaires dans des conducteurs par le fait
d'un courant direct traversant ces conducteurs. M. du Bois-Reymond ne
prétend pas pouvoir expliquer d'une manière certaine le phénomène observé
par Galvani. Cependant, il est très probable que la plus grande sensibilité
de la grenouille pour son propre courant était simplement l'effet de l'im-
mersion des muscles et des nerfs dans l'eau de mer et le mucus humectant
le corps de la torpille ; par cette immersion, les extrémités tendineuses des
gastro-cnémiens et de l'extenseur du fémur acquerraient la négativité qui
leur appartient à l'état de section transversale mécanique ou chimique ; ce
qui revient à dire que le courant musculaire augmentait en intensité. C'est
là, selon M* du Bois-Reymond, l'explication la plus probable, en ce
moment, du phénomène noté dans le carnet de Galvani.
La parole est à M. le vice-président Govi. Il rappelle que le Congrès
a chargé son Bureau de faire le groupement des questions qui ont été posées
par le Congrès et qui doivent donner lieu à la constitution de commissions
internationales.
Les conclusions du Bureau se formulent de la façon suivante :
450 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
COMMISSIONS INTERNATIONALES
Le Congrès a émis le vœu que le Gouvernement français veuille bien inviter
les autres Gouvernements^ constituer trois Commissions internationales
chargées d'étudier et de résoudre les questions suivantes :
PREMIÈRE COMMISSION
Déterminer par de nouvelles expériences, pour la pratique, la
longueur de la colonne de mercure de 1 millimètre carré de section qui,
à la température de zéro degré centigrade, représentera la valeur de VOhm.
DEUXIÈME COMMISSION
a. Préciser les méthodes d'observation pour Télectricité atmosphérique,
afin d'en généraliser Tétude ^ la surface du globe.
6. Réunir les éléments statistiques relatifs à Tefficacité des paraton-
nerres des divers systèmes, et à l'action préservatrice ou nuisible des ré-
seaux télégraphiques et téléphoniques.
c. Organiser l'étude systématique des courants terrestres sur les lignes
télégraphiques, ou, du moins, des observations de ces courants aux jours
termes spécifiés par la Commission polaire internationale, à l'époque de ses
expéditions (le 1*' et le 15 de chaque mois).
d. Étudier les meilleures conditions d'établissement d'un réseau télé--
météorographique international , permettant aux différentes stations de
communiquer entre elles sans cesse, pour obtenir ainsi d'une manière con-
tinue l'état météorologique du plus grand nombre possible de peints
utiles.
TROISIÈME COMMISSION
Déterminer un étalon définitif de lumière, et les dispositions à observer
dans l'exécution des expériences de comparaison.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Masgart a la parole, et ré-
sume en ces termes les travaux du Congrès :
Messieurs,
H. le Ministre m'a donné la mission périlleuse de résumer devant vous les
travaux pratiques accomplis par le Congrès, en indiquant brièvement la portée
des questions qui ont été examinées et les motifs des résolutions auxquelles
SEPTIÈME SÉANCE. 451
VOUS VOUS êtes arrêtés. Poar remplir dignement cette t&che, je m'efforcerai
de m'inspirer de YOtre propre pensée et de me faire Técho fidèle de yos déli-
bérations.
Dans le domaine de la science pure, nous devons signaler les discus-
sions qui se sont élevées sur le magnétisme terrestre et l'électricité atmo-
sphérique.
On sait depuis longtemps qu'il existe un lien étroit entre les perturbations
magnétiques, les aurores polaires et les courants qui se manifestent à la surface
de la terre. Les lignes télégraphiques forment aujourd'hui un réseau qui enve-
loppe le monde entier, jusqu'aux contrées où la civilisation n'a pas encore
pénétré et constituent ainsi un immense observatoire magnétique. Vous avez
pensé que la science devait demander le concours des administrations d'État et
des grandes compagnies qui exploitent les lignes télégraphiques, afin d'utiliser
ce réseau pour l'étude du magnétisme terrestre. La question présente même un
caractère d'urgence, si l'on veut venir en aide aux expéditions organisées par
la commission polaire internationale pour entreprendre pendant une année, à
partir de l'automne prochain, une série d'observations simultanées sur le ma-
gnétisme terrestre avec des stations distribuées dans les deux hémisphères et
aussi près des pôles que le permettront les rigueurs du climat.
Tels sont les motifs des vœux suivants adoptés par le Congrès :
« !<" Que des mesures soient prises par les différentes administrations télé-
graphiques, afin d'organiser une étude systématique des courants terrestres,
sous le patronage d'un comité international.
« 2* S'il n'est pas possible d'obtenir à bref délai une pareille organisation
générale, il est à désirer qu'au moins des observations soient faites aux jours
termes spécifiés par la Commission polaire internationale, à l'époque de ses
expéditions. »
L'électricité atmosphérique a donné lieu à un débat dans lequel nous avons
eu la fortune d'entendre les vues ingénieuses et profondes émises par des
esprits éminents, parmi lesquels il me suffira de citer les noms de Sir W. Thom-
son et de M. Helmholtz. Le Congrès en a gardé l'impression que les phénomènes
d'électricité atmosphérique, si peu étudiés jusqu'à présent, constituent Tun
des problèmes lés plus élevés de la science, qu'ils jouent sans doute un grand
rôle dans la nature et méritent d'attirer l'attention de tous les observateurs.
Les principes ont été bien établis, la signification physique des effets que Ton
peut observer a été nettement définie ; mais, pour apporter un progrès marqué
dans nos connaissances sur cette question difficile, il est nécessaire que l'on
dispose d'observations nombreuses, faites simultanément dans un grand nombre
de stations avec des méthodes comparables entre elles. Vous avez donc pensé,
sur la proposition de M. Bowland, qu'il était utile d'établir une entente commune
sur le (( choix des méthodes et des instruments qui répondront le mieux aux
indications de la théorie, afin de généraliser cette étude à la surface du
globe »•
Les questions relatives à l'électro-pbysiologie comprenaient, en particulier,
l'examen des méthodes employées jusqu'à présent dans les laboratoires de re-
cherches et dans les appareils médicaux, la discussion des méthodes nouvelles
qui pourraient être proposées et le moyen d'en rapporter les effets à des
mesures absolues. Une Commission spéciale, composée des savants les plus,
autorisés, a consacré plusieurs séances à ces travaux, et vous avez entendu le
savant rapport qui vous a été présenté par M. du Bois-Reymond ; mais la nature
45Î CONGRÈS INTERNATIONAL DÈS ÉLECTRICIENS.
da sujet ne comportait pas de résolutioDS sur lesquelles le Congrès fût appelé à
émettre un ayis.
Nous quittons maintenant la science pure pour entrer dans les applica-
tions» autant qu*il est permis d'établir aujourd'hui une pareille distinction en
présence des résultats et des découvertes dont l'industrie nous a donné le
spectacle.
Le problème de la protection des édifices contre les effets de la foudre,
résolu déjà dans ses traits principaux par le génie de Franklin, a été l'objet
d'une discussion mémorable. Le Congrès a entendu, avec le plus vif intérêt, les
explications de M. Melsens sur les paratonnerres à conducteurs multiples, les
renseignements fournis sur les instructions de l'Académie des sciences de Paris
et de l'Académie de Berlin, les idées émises par plusieurs de nos collègues et
les résultats des travaux de la Commission anglaise des paratonnerres. Vous
avez pensé qu'il n'était pas possible actuellement d'émettre un avis motivé sur
les différents systèmes en présence, mais que le Congrès devait user de son
influence pour obtenir « qu'une entente s'établit entre les divers États en vue
de réunir les éléments d'une statistique relative à l'efficacité des divers systèmes
de paratonnerres en usage ». Une pareille enquête, étendue à tous les pays, sera
un document précieux pour fixer à l'avenir Topinion des savants.
La question n'a pas tardé à prendre un caractère plus général. Les effets
de l'électricité terrestre se manifestent sur les lignes télégraphiques avec une
intensité particulière et dans des circonstances plus variées, et l'on a dû prendre
de nombreuses précautions pour préserver les appareils de réception, les bu-
reaux et les fonctionnaires chargés du service des dépêches.
Jusque-'là, les paratonnerres télégraphiques n'avaient guère préoccupé que
les administrations. Mais l'électricité ne se borne plus à transmettre la pensée
humaine d'un bout à l'autre de l'univers. Grâce à la merveilleuse invention
dont Graham-Bell a eu la gloire, et qui constitue l'une des plus grandes décou-
vertes de ce siècle si ' fécond, l'électricité porte aujourd'hui directement
d'homme à homme, et sans aucune traduction intermédiaire, les modula-
tions de la musique et la parole articulée.
Si l'on n'a pas trouvé encore, et s'il y a peu d'espoir de trouver le secret de pro-
longer la vie humaine, on en multiplie l'activité et les jouissances intellectuelles
dans des proportions inespérées. Les résultats déjà obtenus dans les communi-
cations téléphoniques nous permettent d'affirmer qu'on a ainsi créé subitement
une nouvelle nécessité sociale. Mais, pour répandre ce bienfait, il devient néces-
saire de multiplier aussi les fils télégraphiques, d'en couvrir les grandes villes, de
les introduire dans l'intérieur des habitations. L'opinion publique a pu s'émou-
voir de cette innovation et craindre que l'on ne frayât ainsi un chemin facile
aux ravages de la foudre.
A la suite d'une discussion approfondie, le Congrès a pensé qu'on ne devait
pas s'inquiéter outre mesure de ces dangers, si des précautions convenables
étaient prises dans l'établissement des fils ; toutefois, il ne pouvait affirmer que
la protection fût absolue, et il a exprimé le vœu que l'enquête relative aux
paratonnerres fût étendue aux accidents observés sur les fils télégraphiques et
les fils téléphoniques.
M. van Rysselberghe a installé, dans le Palais de l'Exposition, un appareil
.qui enregistre à Paris les opérations météorologiques faites à Bruxelles, dé-
montrant par expérience la possibilité de mettre à exécution un projet qu'il a
présenté au Congrès. On pourrait ainsi obtenir simultanément, dans les prin-
SEPTIÈME SÉANCE. 453
cipaux instituts météorologiques d'Europe, un enregistrement ininterrompu
des phénomènes observés dans un certain nombre de stations ; on aurait con-
stamment sous les yeux l'état général de l'atmosphère à la surface de PEurope,
et tous les éléments nécessaires pour renseigner les populations, à la première
alerte, sur l'arrivée probable des tempêtes.
Vous avez jugé que ce projet est réalisable et qu'il rendrait des services cer-
tains; mais avant de le recommander aux Gouvernements, il a paru nécessaire
de le soumettre à une étude approfondie, pour déterminer quelle serait la dé-
pense totale d'installation et d'entretien des appareils et des fils de transmis-
sion, ainsi que la part qui incomberait à chacune des nations d'Europe, si l'on
devait y consacrer un réseau spécial de fils internationaux.
Au point de vue de la télégraphie pratique, plusieurs questions d'intérêt
commun ont été soulevées dans les séances de section et dans le Congrès.
Lorsqu'une ligne en service n'emprunte qu'un seul territoire ou appartient
à une seule compagnie, l'administration compétente a toutes facilités d'en
étudier et d'en contrôler le bon état ; itiais, lorsque la ligne emprunte des fils
appartenant à plusieurs réseaux différents, il est souvent difficile, en raison des
nécessités de l'exploitation, de trouver le motaent opportun pour ces épreuves.
Afin de remplir cette lacune regrettable, le Congrès a approuvé le vœu présenté
par la 2* Section, <( qu'une entente soit établie entre les administrations télé-
graphiques des divers pays, à l'effet d'instituer des expériences périodiques de
mesure sur les fils internationaux».
La 2« Section a encore présenté au Congrès les vœux suivants, qu'il suffira
d'énoncer pour en faire comprendre l'intérêt pratique :
« Dans les marchés et les publications, on ne désignera désormais les fils
que par leur diamètre exprimé en millimètres à l'exclusion de toute autre indi-
cation de jauge.
(( La même règle sera appliquée aux dimensions des diélectriques. »
La construction des câbles souterrains et des cÂbles sous-marins exige des
quantités énormes de gutta-percha, et l'industrie se demande avec inquiétude
si les arbres dont on extrait ce produit précieux ne menacent pas de nous faire
défaut. La 2« Section a appelé, sur ce point, l'attention des Gouvernements en
insistant sur la nécessité de régler l'exploitation de la gutta-percha, de prendre
des mesures pour en assurer la conservation et d'essayer dans d'autres pays
l'acclimatation des arbres qui la produisent.
Une question delà plus haute importance pour les grandes lignes de com-
munications télégraphiques sous-marines a été soulevée devant le Congrès,
celle des droits respectifs des Compagnies qui ont des câbles juxtaposés ou
croisés et des règles à établir quand un de ces câbles doit être relevé pour des
réparations. On a fait remarquer aussi qu'il n'existe pas, jusqu'à présent, de
garanties suffisantes pour la propriété des câbles. Des lignes établies à grands
frais, qui mettent en relation les deux mondes et représentent de grands intérêts
industriels, n'ont pas une sécurité en relation avec leur importance sociale, et
Ton peut craindre qu'elles ne soient souvent compromises sans recours par la
malveillance ou la brutalité.
Il y a là des questions de droit international et de droit privé qui échap-
paient à la compétence du Congrès ; mais vous avez cru devoir appeler sur ce
point l'attention des législateurs, et vous avez émis le vœu que « les Gouverne-
ments des différents pays s'occupent de la grave question de propriété et d'usage
des câbles sous-marins ».
454 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Le Congrès s'est préoccupé aussi des signaux distinctifs et des règles de
naTigatioQ à établir pour les navires employés à la pose ou au relëvement des
câbles, et avait émis un vœu à ce sujet ; mais M. le Ministre vous a informés
que cette question se trouve déjà résolue par une convention à laquelle ont
adhéré la plupart des nations. ,
La lumière électrique a tenu dans le Congrès la place importante qu'elle
avait conquise dans le Palais de PBxposition.
Il y a quelques années seulement, la lumière électrique était réservée aux
séances exceptionnelles d'expériences scientifiques et à la production des
grands effets de décoration théâtrale ; elle n'a pas tardé à prendre possession
des phares^ où sa puissance d'éclairement a augmenté la sécurité des naviga-
teurs sur nos côtes ; elle est mise à contribution' depuis quelques années pour
Téclairage des grands espaces, des ateliers, des magasins, des rues ; enfin elle
pénètre aujourd'hui dans les habitations particulières, se perfectionne, se
subdivise sous les formes les plus variées et s'impose à l'attention publique.
Dans la discussion qui s'est élevée sur ce sujet et à laquelle ont pris part
un grand nombre de savants, on a examiné la nature, la qualité et les carac-
tères nouveaux de cette lumière. Sur la question de savoir comment on pour-
rait évaluer son pouvoir éclairant, le Congrès s'est arrêté à cette conclusion, que
les étalons en usage, les bougies et la lampe Carcel étaient devenus insuffisants.
Il est nécessaire de trouver, pour l'avenir, un étalon de lumière qui possède
d'autres qualités et un plus grand éclat, et vous avez entendu avec la plus vive
attention les idées nouvelles qui se sont fait jour à ce sujet.
En attendant les progrès que l'avenir ne tardera pas à nous apporter, vous
avez été d'avis : « 1» de recommander l'emploi de la lampe Carcel dans les
comparaisons photométriques que doit faire le Jury avec les divers appareils de
lumière électrique exposés ; 2<> de présenter le vœu que le Gouvernement
français veuille bien prendre l'initiative d'une Commission internationale, qui
sera chargée de déterminer l'étalon définitif de lumière et d'indiquer les dispo-
sitions à observer dans les expériences de comparaison. »
Enfin, on demande aujourd'hui à l'électricité, non seulement de trans-
mettre la pensée, la parole et la lumière, mais aussi de porter le travail méca-
nique. Elle est largement mise à profit dans les compagnies de chemins de
fer, pour les signaux destinés à protéger la marche des trains ; dans l'industrie,
pour la mise en action des organes délicats et même des machines qui exigent
un travail important. L'Exposition nous a montré l'électricité employée à faire
mouvoir des ventilateurs, des pompes, des voitures, des charrues, et l'on voit
arriver le moment où elle portera la force motrice dans tous les ateliers des
grandes villes. L'industrie des métaux y a recours pour les dépôts galvaniques,
l'affinage, l'extraction des métaux précieux, et nous avons assisté à une expé^
rience curieuse de M. William Siemens où le courant électrique apporte à l'in-
térieur d'un foyer la chaleur nécessaire pour produire les températures les plus
élevées et obtenir de véritables opérations métallurgiques. Toutes ces applications
soulèvent une foule de problèmes sur la distribution, la répartition, le réglage
des courants électriques, ainsi que le transport du travail mécanique ; le Con-
grès a entendu à ce sujet des communications du plus haut intérêt, et il a appelé
Tattention du Jury sur l'utilité de faire des expériences de comparaison avec
les appareils dynamo-électriques que renferme l'Exposition.
Le Congrès international, avec l'aide de PExposilion dont il pouvait profiter
comme d'un immense laboratoire, a donné une grande publicité aux décou-
SEPTIÈME SÉANCE. 455
vertes des savants et une impulsion réelle an génie des inventeurs. En dehors
de son rôle dans les questions de science technique, ce Congrès a donc fait une
œuvre utile au progrès général et marquera une date importante dans This*
toire de l'électricité.
Toutefois, les travaux que je viens de passer en revue rapidement et dont
je n'ai pu vous donner qu'une idée incomplète sont la moindre partie de la
mission que vous vous étiez imposée. Je me hâte de laisser la parole à notre
illustre maître, M.- Dumas, président de la l'* Section, qui a bien voulu prendre
le soin de vous exposer, dans la langue élevée dont il a le secret, les travaux du
Congrès relatifs à la question des mesures électriques.
M. le Président donne ensuite la parole à M. le Vice-Président J.-B.
DuMAS^ qui met en lumière la portée des résolutions adoptées par le Congrès
pour la détermination des unités de mesure électriques.
Messieurs,
Une force qui circule aujourd'hui dans toutes les parties du globe, dont les
organes, transportant la pensée ou la parole à travers les airs, sous la terre, au
fond des mers, bravent toutes les distances et tous les obstacles, devait donner
naissance à une vaste industrie.
L'intensité de cette force, sa puissance de jet, la résistance que les agents
de transmission opposent à son passage, autant de conditions qu'il était indis-
pensable de définir et de préciser, pour rendre comparables les divers appa-
reils en usage aujourd'hui.
Cependant, les mesures employées dans les divers pays pour désigner cette
intensité, cette puissance de jet, cette résistance, ne se ressemblaient pas. Sous
le même nom, on désignait autant de valeurs différentes qu'il y avait autrefois
de pieds, de livres, de quintaux, de boisseaux, avant l'établissement du système
métrique. En passant d'un pays à l'autre, il fallait changer de dictionnaire,
et pour mettre d'accord les appareils de deux contrées entrant en communica-
tion télégraphique, il fallait se livrer à de longs et inutiles calculs.
Non seulement chaque nation, mais chaque électricien semblait se plaire à
imaginer de nouvelles unités de mesure pour les effets de l'électricité. Le
désordre allait croissant, lorsque l'heureuse initiative de l'Association britan-
nique pour l'avancement des sciences s'est appliquée à le faire cesser. Il appar-
tenait, en effet, à cette réunion de tous les hommes éminents de l'Angleterre, de
prendre en main les intérêts de l'immense réseau de télégraphie sous-marine,
dont on doit la création à sa puissante industrie, et de faire servir les vues
purement scientifiques de Gauss et de Weber aux besoins de la pratique.
. Prenant pour base les découvertes des grands géomètres et des illustres
physiciens, l'honneur de notre siècle, dont les noms survivront aux noms, plus
retentissants, célèbres par la politique et les armes, l'Association britannique par-
vint, après de longs travaux, à instituer un système de mesures électriques étroite-
ment coordonnées.
Qu'il fût question de force mécanique, de pouvoir magnétique, de courants
électriques, d'électricité statique, de développement de chaleur ou de décompo-
sitions chimiques, toutes ces modifications, toutes ces manifestations de la puis-
456 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
sance électrique pouvaient être rapportées désormais à une mesure commune,
dérivant de trois unités absolues, .et pouvaient être formulées en termes clairs et
précis, ne laissant prise à aucun malentendu.
En présence d'un tel monument scientifique, digne de tous les respects et de
tous les hommages, la tâche du Congrès était tracée. Il n'a pas hésité un seul
instant à adopter les principes posés par l'Association britannique. De leur
côté, les représentants illustres que l'Angleterre avait délégués au Congrès n'ont
pas hésité non plus à accepter les changements de détail que l'état de la science
indiquait, et à souscrire à toute modification de nature à rendre plus facile
l'adoption universelle du système.
La décision que le Congrès a prise à ce sujet n'est pourtant pas le résultat
de concessions réciproques motivées par l'esprit de conciliation seul. Elle a été
préparée par une discussion à laquelle aucune lumière n'a manqué.
Les savants les plus autorisés, dont la parole est écoutée- avec respect dans
le monde enlier, ces savants dont le nom est sur vos lèvres, y ont pris tous une
part animée et convaincue. Si l'esprit de concorde et le sentiment de la plus
délicate courtoisie n'ont jamais cessé de régner dans ces profonds débats, croyez
bien, cependant, que la science dans son expression la plus absolue, et la pra-
tique dans son sens le plus élevé, se sont trouvées en présence, défendant avec
une égale vigueur et pied à pied leurs territoires respectifs.
L'accord s'est fait, et, par une décision unanime, vous avez rattaché d'une
part les mesures électriques absolues au système métrique, en adoptant pour
base le centimètre, la masse du gramme et la seconde ; de l'autre, vous avez
institué des unités usuelles, plus voisines des grandeurs qu'on est accoutumée
considérer dans la pratique, et vous les avez rattachées par des liens étroits aux
unités absolues. Le système est complet.
L'Association britannique avait eu Theureuse idée de désigner ces diverses
unités par les noms des savants auxquels nous devons les principales décou-
vertes qui ont donné naissance à Télectricité moderne; vous l'avez suivie dans
cette voie, et désormais les noms de Coulomb, de Volta, d'Ampère, de Ohm et de
Faraday demeureront étroitement liés aux applications journalières des doctrines
dont ils furent les heureux créateurs.
L'industrie, en apprenant à répéter chaque jour ces noms dignes de la
vénération des siècles, rendra témoignage de la reconnaissance due par l'hu-
manité tout entière à ces grands esprits, dont les bienfaits se répandent sur les
plus ignorants et les plus humbles et dont le génie et les efforts ne peuvent être
appréciés que par l'élite des générations qui se succèdent. N'est-il pas juste que
ceux qui reçoivent en quelques heures, des pays les plus lointains, des nou-
velles d'un être aimé, sachent que Volta, Ampère et Faraday ne sont pas étran-
gers à cet outillage merveilleux, dont la puissance fait battre les cœurs à l'unis-
son aux deux extrémités de la terre. Coulomb, Voila, Ampère, Ohm, Faraday,
ont appliqué leurs forces, sacrifié leur bien-être et voué leur vie entière à ces
travaux dont nous recueillons les fruits, et si leur existence modeste et désin-
téressée n'a réclamé, pour de si grands bienfaits, d'autre profit qu'un peu de
gloire, soyons assez justes pour en faire mesure large à leur souvenir.
Les représentants de la France, dans cette assemblée, ne sauraient oublier
avec quelle unanimité et quel empressement leui*s collègues de tous les pays se
sont réunis pour demander que les unités électriques nouvelles fussent rattachées
aux unités anciennes du système métrique. Cette décision du Congrès forme le
complément de l'œuvre accomplie, il y a bientôt un siècle, par la Convention
SEPTIÈME SÉANCE. • 457
nationale. L'adoption universelle des mesures électriques contribuera, sans
doute, à décider les nations qui hésitent encore à introduire dans leur législa-
tion l'usage du système métrique. Ce sera un grand bienfait. Ce n'est pas aux
savants ou aux industriels seuls que son usage est nécessaire : c'est à la popu-
lation la plus humble qu'il offre des conditions claires pour toutes les transac-
tions, et rapides pour tous les calculs.
En présence du merveilleux spectacle que l'initiative hardie de M. le Ministre
des Postes et des Télégraphes a réuni sous nos yeux, a-t-on besoin d'insister pour
justifier l'importance que le Congrès a mise aux choix des unités électriques et
à leur universelle adoption, par une convention internationale? Comment se
reconnaître au milieu de ces appareils si puissants, si délicats, si divers, où se
déploient toutes les ressources de la force mécanique, toutes les splendeurs de
i'éclairage, toutes les magies des actions chimiques et tous les mystères de
l'acoustique, si l'on ne peut comparer entre elles toutes ces manifestations
d'une même force et en rapporter tous les phénomènes aux mêmes étalons?
Le Congrès dote la science et l'industrie de ces mesures communes de toutes
les grandeurs dont l'influence apparaît dans les actions électriques les plus
diverses. Il ouvre à l'espèce humaine une ère nouvelle de progrès et de fécon-
dité, dont le concours empressé de toutes les nations à l'Exposition a révélé
l'importance par l'infinie variété des moyens matériels mis au service de l'élec-
tricité, par la profondeur des débats que les savants les plus illustres sont venus
enrichir libéralement des résultats les plus précieux de leurs travaux.
La mythologie grecque, personnifiant avec bonheur les forces de la nature,
avait rangé les vents, les flots et le feu sous les ordres de divinités secondaires ;
elle avait fait du dieu de la poésie et des arts le représentant céleste de la
lumière; par une admirable prescience, elle avait réservé la foudre à Jupiter.
La science et l'industrie se sont emparées depuis longtemps des forces que
l'air et les eaux mettent à la disposition de l'homme. La vapeur, animée par le
feu, lui permet de franchir tous les obstacles et de dominer les mers. La lumière
n'a plus de secrets pour la science, et les arts multiplient chaque jour ses plus
surprenantes applications. Restait un dernier effort à accomplir : il fallait saisir
entre les mains du maître des dieux la foudre elle-même et la plier aux besoins
de l'humanité ; c'est cet effort que le xix« siècle vient d'accomplir, et dont vous
constatez le succès dans ce brillant Congrès.
Cet effort restera comme une date mémorable dans l'histoire ; au milieu du
mouvement, de la politique et des agitations de l'esprit humain, il deviendra
l'expression caractéristique de notre époque. Le xix« siècle sera le siècle de
l'électricité I
Après ces éloquentes paroles, interrompues par de fréquents applau-
dîssements, M. le Ministre des Postes et des TiLÉGBAPHES s'est exprimé
ainsi qu'il suit :
« Messieurs et chers Collègues,
« Le Congrès est arrivé au terme de ses travaux.
« Il a épuisé le programme qu'il s'était tracé.
« J'eusse été heureux de prolonger vos réunions, de faire profiter la
458 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
science, pendant quelques jours encore, de vos savantes et lumineuses
discussions ; mais il m'a fallu céder aux désirs exprimés par un certain
nombre d'entre vous que d'impérieux devoirs rappellent dans leur pays.
tt II me faut donc me résigner, dans un instant, & prononcer la
clôture du Congrès.
(c Je veux auparavant remercier, au nom de la France, les États qui,
répondant & notre appel, ont bien voulu déléguer vers nous leurs plus
illustres savants. Nous ne saurions trop leur en témoigner notre recon-
naissance.
a C'est grâce & ce précieux concours que le Congrès a répondu à tout
ce qu'on était en droit d'en attendre.
a Vous venez d'écouter MM. Dumas et Mascart vous retraçant, dans
un langage éloquent, la féconde série des travaux auxquels vous avez
participé, travaux dont ils ont eux-mêmes pris leur bonne part. Vous avez-
droit d'être fiers de votre œuvre, vous avez largement rempli la mission
qui vous avait été confiée.
« Quelques questions ont dû être ajournées. Vous nous avez laissé le
soin de provoquer ultérieurement la réunion de conférences internationales
pour les traiter avec toute l'ampleur qu'elles méritent. Je n'ai pas perdu
un instant pour répondre à votre appel.
^ (( Je me suis adressé, sans tarder, à mon collègue M. le Ministre des
Affaires étrangères.
« Déjà il a transmis vos vœux aux diverses nations représentées dans
cette réunion. Il vous appartient, chers collègues, d'appuyer vous-mêmes
nos démarches auprès de vos propres Gouvernements et d'amener ainsi
plus promptement des réponses favorables. Déjà même une acceptation
nous est parvenue; cet empressement est d'un heureux présage.
« Ce qui est pour moi un devoir, c'est de constater la cordialité,
l'esprit de conciliation qui n'ont cessé de régner dans vos débats. Vous
présider était facile, il n'y avait qu'à constater l'unité de vues qui dominait
et qui se traduisait toujours par l'unanimité de vos votes.
« Vous avez constamment cherché à affirmer l'unification interna-
tionale, vous avez voulu qu'il n'y eût qu'un seul langage scientifique de
l'électricité, et que les mêmes mesures fussent acceptées dans tous les
pays.
« Ainsi, comme je le disais à votre première séance, votre Congrès
inscrira glorieusement sa date dans l'histoire de la science, et le souvenir
s'en conservera d'autant plus qu'il sera consacré par le précieux recueil de
vos discussions, dont je m'honorerai de hâter la publication.
SEPTIÈME SÉANCE. 450
« Il me reste à vous remercier, Messieurs^ de la bienveillance que
vous n'avez cessé de me témoigner. Le souvenir de nos affectueuses rela-
tions ne s'effacera jamais de ma pensée.
« Aussi c'est avec une conGante espérance qu'au lieu de vous dire
adieu, je puis vous dire au revoir. »
L'assemblée a accueilli les paroles de M. le Ministre par plusieurs
salves d'applaudissements.
M. le docteur Warren de la Roe, secrétaire honoraire et délégué de
l'Institution Royale de Londres, s'est ensuite levé et a adressé à
M. le Ministre l'allocution suivante :
Messieurs,
Voulez-vous me permettre, comme un des doyens du Congrès, d'adresser
en votre nom et au mien nos remerciements à M. le Ministre.
Un très petit nombre d'entre nous, personne peut-ôtre, même parmi les
hommes les plus compétents dans les progrès de l'électricité, ne pouvait prévoir
au moindre degré la magnificence de cette Exposition.
C'était une idée digne de la grande nation qui a tant contribué à différentes
époques à l'avancement des connaissances humaines, d'appeler ici les savants
de toutes les nations pour admirer la réunion de toutes les applications de l'élec-
tricité et pour discuter les nombreuses questions que soulève le développement
industriel des forces électriques.
Monsieur le Ministre, les différentes sections que le Congrès a formées dans
son sein ont à vous adresser tous leurs remerciements pour votre initiative
hardie ; elles ont donné à leurs travaux une grande activité, et nous pouvons
espérer qu'elles ont apporté quelque lumière sur les questions qui leur ont été
soumises.
Je demande la permission d'ajouter que, lorsqu'un nouveau Congrès d'élec-
tricité sera réuni, dans un demi-siècle, par exemple, le grand déploiement de
force électrique que nous avons sous les yeux lui semblera peut-ôtre une œuvre
aussi microscopique que la petite étincelle magnéto-électrique de Faraday peut
le paraître en présence des effets produits par les machines actuelles. Je fais le
vœu que ce Congrès d'alors soit assez heureux pour trouver un Président dont
l'esprit élevé et l'énergie soient capables de donner à ses travaux l'impulsion
que vous avez imprimée au Congrès actuel.
Nous vous adressons, Monsieur le Ministre, les plus cordiales félicitations
pour le succès sans précédent du Congrès et de l'Exposition d'électricité.
M. le docteur Clausius, conseiller intime à Bonn, s'est ensuite levé et
s'est exprimé en ces termes :
Messieurs,
Permettez-moi d'ajouter quelques mots après ce qu'a dit notre vénérable
collègue d'Angleterre. Nous sommes tous pour reconnaître que le Congrès doit
une grande partie de son succès à notre bureau et surtout à notre président.
i60 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Dans une assemblée comme celle-ci, composée de membres venus de tous
les pays, qui parlent différentes langues et qui considèrent à des points de vue
différents les questions à traiter, il est très peu aisé de diriger la discussion de
telle façon qu'elle aboutisse sans détour et sans retard à un résultat satisfai-
sant pour tout le monde : notre Président a accompli cette tâche difficile d'une
manière excellente ; il a fait preuve d'une très grande impartialité et d'une
admirable habileté. Aussi avons-nous l'agréable devoir de lui exprimer nos sin-
cères remerciements.
De même, nous devons adresser l'expression de notre reconnaissance au
Commisaire général, M. Georges Berger, ainsi qu'à ses collaborateurs, MM. d'Hé-
liand, Breguet et Monthiers, qui, par la complaisance et le grand zèle avec
lesquels ils ont tenu compte de tous les vœux du Congrès, ont puissamment
facilité ses travaux.
Messieurs, permettez-moi d'ajouter encore quelques mots en ma qualité
d'étranger. Les membres étrangers du Congrès ont trouvé chez leurs confrères
français un accueil tellement bienveillant, aimable, et je dirai même amical,
que leur séjour à Paris et leurs travaux ont eu un charme tout spécial dont
nous garderons l'impression durable. Une fois rentrés dans nos patries, le sou-
venir de notre passage à Paris éveillera sans cesse le sentiment de notre cordiale
reconnaissance.
Après ces allocutions, accueillies avec les marques de la plus* grande
sympathie, M. le Ministre des Postes et des Télégraphes a prononcé la clô-
ture du Congrès.
La séance est levée à trois heures quarante-cinq minutes.
SÉANCES DES SECTIONS
ET DE LEURS COMMISSIONS
PREMIÈRE SECTION
PREMIÈRE SÉANCE
16 septembre 1881.
La séance est ouverte à neuf heures quarante-cinq minutes par
M. LE Commissaire génébàl, qui invite la section à élire un Président
d^âge sous la direction duquel on procédera ensuite à l'élection du Bureau.
M. J.-B. Dlmas (France) prend place au bureau.
M. Warren de Li Rc?B (Grande-Bretagne) propose l'élection de
M. Dumas; la proposition est acceptée» et M. Dumas est élu Président*
Sont élus Vice- Présidents : MM. Kirchhoff (Allemagne) et Warren de
La Rue (Grande-Bretagne).
Sont élus Secrétaires : MM. Mascart (France) et Gérard (Belgique).
La discussion est ouverte sur les Unités électriques.
M. Mascart demande si la question sera discutée en séance plénière
ou dans les commissions.
Sir William TnoMsoN (Grande-Bretagne) est d'avis que certaines
questions de détails soient réservées aux commissions, mais qu'une discus-
sion générale ait lieu dans la section.
M. le Président appuie la proposition, qui est adoptée.
Sir William Thomson, invité par le Président à prendre la parole,
demande qu'on prenne pour base du système à adopter les grandes
41
46S CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
théories de l'électricité posées par Coulomb et Poisson, développées par
Gauss et Weber.
Il expose que le système métrique est la base nécessaire d'un système
d'unités électriques, parce qu'il est adopté d'une manière universelle avec
les seules exceptions de l'Angleterre et des États-Unis.
Il critique certains termes adoptés et en montre le désaccord.
Il établit la nécessité d'unités se prêtant, par leurs dimensions, aux
usages de la pratique.
Il rappelle que Sir Charles Brightet Latimer Clark ont les premiers
proposé des noms.
Il énumère VOhm^ le Volt, le Weber^ qui, originairement unité de
quantité, est devenu, dans la pratique, unité d'intensité. Il propose le nom
d'Ampère pour l'unité de quantité.
M. Dumas rappelle que, lors de rétablissement du système métrique,
certaines difficultés se sont élevées touchant l'adoption des nouvelles déno-
minations s'appliquant aux quantités nouvelles, et que les noms qui ont été
adoptés ont nui à la vulgarisation rapide du système.
M. WiEDEMANN (Allemagne) établit la nécessité de mesures pratiques
et de mesures qu'il appelle rationnelles plutôt qu'absolues;
Il énumère :
1^ Le système électro-statique, dont l'unité, basée sur les lois de
Coulomb, se rattache simplement à la mécanique. II soutient qu'il fallait
rattacher à ces systèmes les mesures magnétiques, et il expose la grande
difficulté des mesures électriques en général.
2"* Le système électro-magnéUque.
3* Le système électro-dynamique, qui se rattache étroitement au
précédent.
A.* Les unités pratiques, parmi lesquelles l'unité Siemens avec ses
avantages.
Il pose les questions suivantes :
Est-il possible de faire des mesures absolues ?
Peut-on faire un étalon?
Il est d'avis de nommer une commission permanente et croit que le
moment n'est pas venu de prendre des décisions en Congrès.
L'unité de résistance est le seul étalon existant; il n'en existe ni pour
la force éleclromotrice ni pour l'intensité.
Or VOhm de l'Association britannique est inexact; il propose donc
d'adopter l'unité Siemens à titre provisoire.
M. Helmholtz (Allemagne) dit que la question a un grand intérêt
PREMIÈRE SECTION. 463
pour l'avenir, un moindre intérêt pour le présent. On doit avoir des unités
pour la pratique, mais on doit réserver Ta/enir et les progrès que fera Tart
d'expérimenter.
Il examine le système métrique; 11 loue l'idée de chercher dans la
nature un fondement invariable ; il constate que l'événement n'a pas permis
de remplir cette partie du programme, et l'on peut douter même si les di-
mensions du globe terrestre sont invariables.
Le mètre a été et devait être mesuré imparfaitement.
Le mètre actuel est une longueur arbitraire dont un type existe aux
Archives.
Le gramme (masse) est fondé sur le mètre et sur les propriétés de
L*anité de temps elle-même, la seconde, universellement adoptée,
basée sur la longueur du jour, n'est peut-être pas fixe, car la longueur du
jour a changé d'une manière appréciable depuis deux mille ans.
Peut-être sera*t-il possible de rattacher la mesure du temps à celle de
la gravitation. Mais quant à présent, cette dernière mesure ne peut pas
être faite avec une précision suffisante.
Il veut qu'on suive l'exemple de la Commission du mètre, qu'on
adopte une résistance fondée sur le mètre, et il recommande l'unité
Siemens.
Il loue le système anglais, fondé sur les effets magnétiques des cou-
rants. Il critique le Weher, qui est dix fois plus grand que l'unité absolue
de Weber lui-même. Il approuve YOhm^ qui diffère peu de l'unité Siemens.
Mais VOhm est inexact comme le mètre; on l'a mesuré avec des
moyens puissants et admirables, mais il est différent de sa valeur théo-
rique.
Une exactitude plus grande pourra être atteinte plus tard dans les
mesures.
D'ailleurs la résistance des solides peut varier avec le temps sous
l'influence du passage des courants. Un liquide vaut mieux ; il est inva-
riable dans le temps.
Il veut qu'on ait le moindre nombre possible d'unités arbitraires; le
mètre est arbitraire, tout le reste en doit découler. L'unité Siemens est rat-
tachée au mètre et aux propriétés du mercure, comme le poids au mètre
et aux propriétés de l'eau.
Les observations magnétiques sont de la plus extrême difficulté et ne
sont possibles que dans des bâtiments construits sans fer et avec un sys-
tème très compliqué d'appareils.
164 CONGRÈS INTEUNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
II croit que les mesures électro-chimiques se faisant par des pesées
sont susceptibles de plus de précision.
La question est beaucoup trop compliquée pour qu'on puisse la tran-
cher dans cette assemblée.
II propose la nomination d'une Commission chargée d'étudier la
question.
M. BaocH (Norvège) partage l'opinion de M. Helmholtz. Il fait l'examen
des étalons du système métrique qui diffèrent l'un et l'autre de leur défini-
tion* Il croît à la nécessité d'étalons pour les mesures métriques.
M. Néujean (Belgique) fait valoir les avantages des mesures électro-
chimiques et croit aux facilités que pourraient donner les piles secondaires
pour les mesures de quantité.
M, EoTvôs (Hongrie) établit la nécessité d'unités pratiques et d'unités
rationnelles. 11 indique la nécessité d'étalons faciles & fabriquer ou à re-
produire, et trouve cet avantage dans l'unité Siemens. Il reconnaît que,
si Ton adopte Tunité Siemens d'une pari, et d'autre part le système des
unités électro-magnétiques, les calculs ne pourront être faits sans coeffi-
cients.
M. Marcel Deprez (France) propose une nouvelle méthode pour me-
surer les forces électromotrices, fondée sur l'emploi d'un galvanomètre
composé d'une aiguille de fer doux, mobile dans un champ magnétique
intense et entourée d'un circuit de résistance constante; pour une différence
de potentiel déterminé entre les deux bornes, on aura une déviation fixe.
11 annonce qu'il établira prochainement l'invariabilité du champ magné-
tique entre les pôles d'un aimant puissant.
M, Gonoox (Grande-Bretagne) estime que le Daniell est une unité con-
venable pour de faibles forces électromotrices, mais qu'on ne possède pas
d'unités pour les grandes différences de potentiel.
H. Warïien de La Rue demande que la discussion ne s'égare par
dans les détails, et se propose de répondre à M. Gordon quand le moment
sera venu,
M- EvERETT (Grande-Bretagne) établit qu'il y a deux questions bien
distinctes :
i** Celle des définitions théoriques, dans lesquelles il est désirable de
n'introduire que le plus petit nombre possible d'unités fondamentales ; or
trois unités fondamentales sont nécessaires et suffisantes, par exemple :
unités de longueur, de masse et de temps. Si l'on introduit d'autres unités
fondamentales, telles que l'unité de résistance, on crée des complications.
Ainsi, le calcul du travail dans la résistance du passage d'un courant né-
\ PREMIÈRE SECTION. 465
cessiterait remploi d*un coefficient qui est supprimé si Ton se borne à trois
unités fondamentales.
2^ La question de la construction des étalons, pour laquelle il est
d'accord avec M. Siemens, en ce qui touche la forme de Tétalon de résistance.
M» Masc^rt demandée la nomination d*une Commission. .
M. LE Paesident est d'avis que la Commission se réunisse dans la
journée à deux heures, et propose les noms suivants pour en faire partie :
MM. Clausius, Fôrster, Helmholtz, Kirchhoff, Siemens (Werner),
Wiedemann. — Allemagne;
Arantave. — Espagne;
Becquerel, Jamin, Blavier, Joubert, Lévy (Maurice),
Lippmann, Mascart, Raynaud. — France;
Abel, Adams, Ayrlon, Everelt, Poster, Gordon, Hopkinsoh,
Moulton, Preece, Rayleigh, Siemens (C.-W.), Spottis-
woode, Sir William Thomson. — Grande-Bretagne;
Rowland. — États-Unis ;
Eôtvôs. — Hongrie;
Govi, Rosetti. — Italie;
Broch. — Norvège;
Bosscha. — Pays-Bas;
Lenz, Stoletow. — Russie ;
Wartmann. — Suisse.
La Commission est ainsi constituée et convoquée pour deux heures.
La séance est levée à onze heures quarante-cinq minutes.
DEUXIÈME SÉANCE
17 septembre 1881.
PRÉSIDENCE DE M. J.-B. DUMAS
La séance est ouverte à neuf heures quarante minutes.
Lecture est donnée du procès-verbal, qui est adopté.
M. LE Pbésident propose de mettre à l'ordre du jour la troisième
question du programme, concernant la physique du globe, le magnétisme
terrestre et l'électricité atmosphérique.
La proposition est adoptée.
M. Mascart (France) communique une lettre de M. le Président de la
Commission polaire internationale, sur Tobservation des courants accidentels
dans les fils télégraphiques. (Voir Annexe I, page 169.)
Les expéditions dont le programme a été préparé par cette Commis-
sion doivent faire des observations continues, à certains jours fixés comme
termes, 1" et 15 de chaque mois, et il est à désirer que les observations
des courants terrestres soient faites dans les mêmes conditions et auxdits
jours sur les principales lignes télégraphiques.
M. Mbrcadier remarque que la question figure au projet de programme
de la deuxième Section.
M. FôRSTER (Allemagne; fait savoir que VElektrotechnisches Verein de
Berlin a commencé déjà des études sur cette question et propose que la
Commission polaire soit chargée de préparer un plan d'entente internatio-
nale.
M. DOS Santos ViEGAS (Portugal) dirige l'Observatoire magnétiquede
Coïmbre. Il emploie les méthodes de Gauss avec les modifications de Lamont
et à l'aide d'instruments recommandés par l'Observatoire de Kew. Il pro-
pose que, par une entente commune, on détermine :
!*• La nature des phénomènes à observer;
2"" Le choix des appareils.
PREMIÈRE SECTION. 467
M. Ayrton (Grande-Bretagne) propose une méthode pour décider si
réiectricité atmosphérique est due à une électrisation du globe ou à l'exis-
tence de masses électriques extérieures dans l'atmosphère.
Il demande en outre si l'on peut établir une relation entre les courants
terrestres des lignes télégraphiques et l'électricité atmosphérique.
M. Hklhholtz (Allemagne) répond qu'il est certain que la surface de
la terre est électrisée négativement ; c'est une conséquence nécessaire de
l'existence d'une force électrique dans l'air au voisinage du sol.
Mais la inéthode proposée par M. Ayrton ne permet pas de résoudre
le problème qu'il s'est proposé. Si l'air est électrisé, la méthode pourra en
faire connattre l'électrisation.
Sir William Tuomsom (Grande-Bretagne) veut répondre seulement
sur la forme dubitative employée par M. Helmholtz touchant la charge élec-
trique de l'air. Il est prouvé que les masses d'air, même sans nuage,
exercent une influence sur la différence de potentiel entre un point et le
sol, et produisentdesvariationsrapides.il fait remarquer que, si les change-
ments observés sont les mêmes en deux points éloignés l'un de l'autre, par
exemple de 20 kilomètres, il en résulte que les causes sont lointaines.
Pour éclaircir la question, il croit nécessaire de faire des observations
en ballon et d'employer deux explorateurs à écoulement, à une distance ver-
ticale de dix pieds l'un de l'autre au-dessous de la nacelle, et reliés aux
deux plateaux d'un électromètre portatif.
Quant à la cause de Télectrisation de l'air, on peut la trouver dans les
décharges qui ont lieu par les aspérités du sol et par les arbres, qui per-
dent l'électricité négative du sol.
On peut estimer la différence de potentiel, entre le sol et une hauteur
de 100 pieds, à 2,000 ou 3,000 volts. Il en résulte à la surface du sol une
couche électrique assez forte pour expliquer Télectrisation de l'air par les
pointes.
M. Hblmqoltz dit que la forme dubitative qu'il a employée n'implique
pas qu'il doute de l'existence de l'électricité négative dans l'air, car il a vu
les expériences de Sir William Thomson, à Glasgow, et des expériences
de même genre ont d'ailleurs été faites dans son propre laboratoire.
Il craint que l'observation de l'électricité atmosphérique ne rencontre
de grandes difficultés dans la rapide variation de la différence du potentiel
entre deux points fixes. La détermination de l'état moyen ne semble donc
pas pouvoir se déduire des observations.
M. EvERETT (Grande-Bretagne) présente quelques observations d'ordre
théorique.
468 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
II annonce qu'on a fait à Kew d'importantes observations photogra-
phiques d'électricité atmosphérique, qui vont être publiées par l'Association
britannique.
M. Warren de la Rue (Grande-Bretagne) informe la Section, au nom
de M. Smith, que le Conseil météorologique de Londres organise des obser-
vations en ballon parla méthode de Sir William Thomson. Quant à l'élec-
tromètredeKew, dontil aété question, il a été étalonné avec la pile au chlo-
rure d'argent.
M. Masgart apporte quelques faits à l'appui de ce qu'a dît Sir Wil-
liam Thomson. Il a trouvé qu'une hauteur de 10 mètres peut, par des
temps parfaitement sereins, donner des étincelles de 2 millimètres. Il a fait
des observations simultanées entre deux points distants de 3 kilomètres, et,
dans ces conditions, au moins par les temps peu agités, il a constaté une
concordance parfaite dans les variations.
Il exprime l'opinion qu'en dépit de la rapidité des variations, le phé-
nomène peut être enregistré par la photographie et qu'il est facile d'en
déduire les valeurs moyennes.
Sir William Thomson exprime le désir que des observations soient
faites à une plus grande distance.
M. Masgârt répond qu'il organise des observations simultanées entre
Paris et l'Observatoire du Parc-Saint-Maur à plus de 20 kilomètres.
M. RowLAND (États-Unis), par l'organe de M. Mascart, insiste sur
l'importance d'observations internationales simultanées et rapportées à des
mesures absolues sur l'électricité atmosphérique. (Voir Annexe II, page 170.)
M. Mascart communique également une note de M. Adams, qui
demande qu'on fasse des observations magnétiques dans un plus grand
nombre de points, et particulièrement dans la Sibérie orientale, au
cap de Bonne-Espérance, au cap Horn et en diverses stations de l'hémisphère
Sud.
M. Adams (Grande-Bretagne) a pu constater qu'un orage magnétique,
étudié en Chine et en plusieurs points de l'Europe, a mis en évidence la
simultanéité des variations de la composante horizontale. (Voir Annexe III,
page 173.)
M. Mascart donne lecture des vœux suivants, qui sont mis aux voix
et adoptés :
1® Que des mesures soient prises par les différentes administrations
télégraphiques afin d'organiser une étude systématique des courants terres-
tres, sous le patronage d'un comité international ;
2** S'il n'est pas possible d'obtenir à bref délai une pareille organisa-
PREMIÈRE SECTION. 469
tion générale, il est & désirer qu'au moins des observations soient faites aux
jours termes spécifiés par la Commission polaire internationale à Tépoque de
ses expéditions.
M. RowLAND propose le vœu suivant, qui est aussi adopté :
3* Qu'une Commission internationale soit chargée de préciser les
méthodes d'observation pour l'électricité atmosphérique, afin de générali-
ser cette étude à la surface du globe.
La séance est levée à onze heures vingt minutes.
ANNEXE I
COMMISSION POLAIRE INTERNATIONALE.
SaiDt-Pétenbonrg, ce 19/31 août 1881.
A Monsieur le Président du Congrès international des Électriciens à Paris.
Monsieur,
La Conférence polaire internationale réunie à Saint-Péterst>ourg au com-
mencement du mois d*août a trouvé, en conséquence de ses délibérations, qu'il
serait d'une grande importance que, pendant la durée des expéditions polaires
en 1882 et 1883, les courants électriques dans les lignes télégraphiques soient
observés partout aux jours termes et de même en général lors des tempêtes
magnétiques. Elle a donc prié ses membres de faire des démarches dans ce sens
près des administrations des télégraphes de leurs pays respectifs et chargé en
outre son président de porter cette proposition à la connaissance du Congrès
international des Électriciens, qui doit se réunir à Paris au mois de septembre
de cette année.
En m'adressant donc, au nom de la Conférence polaire internationale; à
votre Congrès pour le prier de vouloir bien accorder son appui à cette proposi-
tion et contribuer par son autorité à ce que ces observations soient faites dans
tous les pays, je crois superflu d'entrer dans les détails de cette question et de
motiver devant vous la demande de la Conférence polaire.
On ne peut douter que les observations magnétiques ainsi que celles des
aurores polaires qui seront faites aux stations à ériger dans les régions arctiques
de concert avec les observations des courants électriques terrestres contribue-
ront beaucoup à éclaircir la nature de ces derniers. Des recherches qui pro-
mettent la solution d'une question électrique aussi importante pour la tech-
470 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
nique que pour la science, ne pourront manquer d'intéresser une assemblée
d'électriciens de tous les pays.
Je vous prie donc, Monsieur le Président, de vouloir bien porter à la con-
naissance du Congrès la demande de la Conférence polaire internationale.
Agréez l'assurance de ma considération distinguée.
WiLO.
ANNEXE II
DE L'ÉLECTRICITÉ ATMOSPHÉRIQUE.
NOTE DE M. ROWLAND.
Parmi les sujets à discuter dans ce Congrès, se trouve celui de l'électricité
atmosphérique, et je Teux ici, aussi brièvement que possible, insister devant le
Congrès sur la valeur d*une série d'expériences générales et précises faites en
même temps sur une partie aussi étendue que possible de la surface terrestre.
A la vérité, çà et là sur le globe, un observateur a, de temps à autre, exécuté une
série d'expériences analogues, même pendant plusieurs années, mais les divers
observateurs n'ont pas opéré de concert, leurs instruments n'ont pu être com-
parés entre eux, et même dans les cas où on a obtenu des mesures absolues, on
n'a pas vu la signification exacte de la quantité mesurée. Prenons, par exemple,
l'appareil à écoulement d'eau de Sir W. Thomson, dont on se sert à l'observa-
toire de Kew. Cet appareil se compose d'un tube qui sort de quelques pieds de
l'édifice, et d'un autre situé à peu de distance du sol, de sorte qu'il se trouve
dans l'angle formé par la maison et le sol. Cet appareil indique une variation
diurne dans l'électricité atmosphérique, mais le résultat est évidemment com-
pliqué par les conditions de l'expérience. Un autre observateur qui installerait
un appareil dans un autre pays pourrait obtenir des conditions toutes différentes,
de sorte qu'il serait impossible de comparer les résultats. De là nécessité d'avoir
un système.
Le principal but des recherches scientifiques est de pouvoir comprendre
plus complètement les lois de la nature, et on y arrive généralement en rap*
prochant les observations de la théorie. Dans les sciences pures, les observations
et les expériences n'ont de valeur qu'autant qu'elles reposent sur une théorie,
soit dans le présent soit dans l'avenir. Nous ne pouvons encore présenter qu'une
théorie plausible de l'électricité atmosphérique, mais le vrai moyen d'arriver à
la vérité dans ce cas est de se laisser guider dans les expériences à venir par
celles qu'on a. faites jusqu'ici sur cette matière. Le principal fait qu'on a décou-
vert peut s'énoncer en peu de mots. Par un temps serein le potentiel augmente
& mesure qu'on s'élève, au moins pour certaines parties de l'Europe, et il existe
une variation diurne et annuelle de cette quantité que la présence des brouil-
PREMIÈRE SECTION. 04
lards fail aussi yarier. Les premiers observateurs avaient une tendance à attri-
buer l'électricité atmosphérique à Tévaporalion de Teau, et une vieille expé-
rience qui consistait à faire tomber une boule de platine portée au rouge dans
de l'eau placée sur un électromètre à feuille d'or, était censée confirmer cette
manière de voir. Même dans ces derniers temps, un éminent physicien ensei-
gnait cette opinion dans le cas des orages électriques. Mais lorsqu'on fait ainsi
tomber une boule de platine dans de Peau, la commotion excessive ainsi occa-
sionnée donnera certainement de Félectricité, mais quant à attribuer cette
électricité à Péyaporation, cela pourrait bien être une erreur. Il est vrai que de
temps en temps un météorite porté au rouge peut tomber dans la mer, repro-
duisant ainsi l'expérience du laboratoire, mais la plus grande partie de Peau
qui s'évapore est parfaitement calme. Dernièrement un de mes élèves s'est servi,
sous ma direction, d'un électromètre à quadrant de Thomson pour étudier cette
question, et bien qu'il ait fait évaporer de grandes quantités de liquides diffé-
rents, il ne découvrit aucune trace d'électrisation. J'espère ainsi démontrer
d'une façon concluante que Pélectricité de l'atmosphère ne peut pas provenir
de Pévaporation.
Sir W. T&omson pense que les expériences qui ont été faites jusqu'ici indi-
quent que la terre est chargée Hégatiyement. Cette conclusion donnerait certai-
nement l'explication de toutes les expériences faites jusqu'ici en Europe, mais
le seul moyen d'arriver à la certitude sur ce point est d'exécuter sur toute la
surface du globe une série d'expériences ; c'est ce moyen que je propose aujour-
d'hui. Cette série d'expériences fournirait des données pour déterminer non
seulement le fait du magnétisme terrestre, mais aussi, à l'aide du théorème de
Gauss, la quantité de la charge sur la partie solide de la terre; cependant cette
quantité ne peut être déterminée pour l'atmosphère supérieure. Ce qu'il nous
faut connaître, c'est la loi de la variation du potentiel électrique à mesure qu'on
s'élève, sur toute la surface de la terre et à la même heure, de manière qu'il soit
possible d'obtenir l'intégrale du potentiel sur la surface de tout le globe. Si la
terre recevait jamais une augmentation de charge provenant soit de l'extérieur,
soit de l'atmosphère supérieure, on la connaîtrait. Dans la discussion que j'ai
faite devant la Société de physique de Londres, de la théorie de MM. Ayrton et
Perry sur le magnétisme terrestre^ j'ai donné à la fin de mon mémoire un exposé
rapide d'une théorie récente relative aux aurores boréales et aux orages, la-
quelle se basait sur Phypothèse (le Pélectrisation de la terre. Après avoir mûre-
ment réfléchi, je désire vous présenter cette théorie, qui est digne d'attention, en
développant un système d'expériences internationales sur Pélectricité atmosphé-
rique.
Supposons que l'explication de Sir W. Thomson soit juste et que la terre
soit chargée d'électilcité ; examinons alors ce qui arriverait. Si la terre n'était
pas soumise à des causes de perturbations, une partie de l'électricité du globe se
déchargerait dans l'atmosphère et se distribuerait à peu de chose près d'une
manière aussi uniforme que le permettrait la résistance de Pair. L'atmosphère
extérieure ainsi chargée se mettrait en mouvement et donnerait des vents pro-
duits par les répulsions électriques, et cela jusqu'à ce que Pélectricité fût distri-
buée d'une manière uniforme sur la terre et dans la couche extérieure de l'at-
mosphère ; alors tout rentrerait dans le repos. Un observateur placé sur la terre
n'aurait aucune idée de la charge de l'atmosphère extérieure, mais il découvri-
rait celle de la terre au moyen des instruments dont on se sert ordinairement
pour les expériences sur l'électricité atmosphérique, comme les flèches de Bec-
472 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
qaerel etPappareil à écouIemeDt d'eau de Thomsom. Ily aurait an autre effet qui
ne pourrait cependant être mesuré par les observateurs placés sur la terre; ce
serait l'extension de l'atmosphère au delà des limites déterminées par le calcul.
L'air raréfié étant électrisé se repousserait, et il se pourrait alors qu'il y eût dans
l'atmosphère extérieure une région dans laquelle la pression yarierait très légè*
rement en montant beaucoup. Les aurores boréales et les météores nous ont
appris que l'atmosphère s'étendait à des distances bien plus grandes que celles
indiquées par la formule logarithmique de Newton, mais je pense que ce que
j'ai dit est la première explication raisonnable de ce fait.
Observons maintenant ce qui arriverait si la terre dont nous parlons était
soumise aux causes de perturbations que nous avons sur notre globe ; les plus
importantes de ces perturbations sont les vents et la circulation atmosphérique
générale. Cette circulation porte constamment l'atmosphère de l'équateur aux
pôles, mais d'une manière très peu uniforme. Cependant il doit y avoir vers les
pôles un plus grand nombre de points où l'air descend vers la terre et se dirige
ainsi vers l'équateur. Or un corps mauvais conducteur, comme l'air, lorsqu'il est
chargé, tend à emporter sa charge avec lui partout où il va, et ainsi l'air porte
sa charge jusqu'au moment où il descend vers la terre; alors il l'abandonnera
dans l'atmosphère extérieure, en raison de la tendance de l'électricité à rester à
la surface des corps chargés. La charge s'accumulera donc à l'extérieur jusqu'à
ce qu'il y ait une grande tension ; l'atmosphère se déchargera alors soit vers la
terre, soit à travers l'air raréfié sous forme d'aurore boréale. En ces points, l'air
raréfié doit probablement s'entasser jusqu'à une plus grande hauteur qu'autre
part, ce qui expliquerait la grande hauteur à laquelle on observe quelquefois
les aurores boréales.
L'équilibre qui existait auparavant à l'équateur serait aussi détruit par
l'absence de la charge primitive dans l'atmosphère extérieure sur ce point, et la
terre aurait une tendance à se décharger vers l'atmosphère extérieure. Par suite
de la différence des conditions sur ce point, cette tendance pourra se mani-
fester par les orages qui éclatent le plus souvent dans les régions équatoriales.
Ainsi l'électricité terrestre aurait une tendance à suivre la même circulation
que Tair, de l'équateur au pôle et réciproquement.
Mais je n'ai pas l'intention d'insister ici sur cette théorie ; je veux simple-
ment faire ressortir, avec son aide, l'importance qu'il y a à établir dans toute
l'étendue du globe un système d'observations générales sur l'électricité atmo-
sphérique. Quand bien même la théorie serait fausse, ce n'est que par l'observa-
tion que l'on pourra arriver à la vérité. A mon avis, il est presque indigne de
l'état avancé de nos sciences actuelles, que nous soyons dans l'impossibilité
pour le présent d'indiquer avec précision la source de l'énergie qui se mani-
feste dans les aurores boréales et les orages. J'ai fait remarquer plus haut, en
effet, que l'on devait renoncer à expliquer ces phénomènes par l'hypothèse de la
production de l'électricité par l'évaporation.
Je propose donc de former dans cette section du Congrès un comité chargé
d'examiner les mesures à prendre pour établir sur toute la terre, et particuliè-
rement dans les régions polaires, un système de séries d'observations sur l'élec-
tricité atmosphérique.
PREMIÈRE SECTION. 473
ANNEXE III
OBSERVATIONS SDR LES PERTURBATIONS MAGNÉTIQUES
ET LES COURANTS TERRESTRES
PAR M. WILLIAM GRTLLS ADAMS
De U Société royale de Londres.
De la discussion des premières observations sur les courants terrestres et
les changements magnétiques, M. Lamont et M. H. Lloyd avaient conclu que
les variations de Faiguilie de déclinaison ne peuvent pas être dues à l'action
directe du courant électrique qui parcourt la croûte terrestre, mais que ces cou-
rants ou ondes s'étendant à une profondeur considérable, modifient par induc-
tion le magnétisme de la terre elle-même, et que celte modification du magné-
tisme terrestre cause les variations de l'aiguille de déclinaison que l'on a
observées. Les courants terrestres ont été attribués à différentes causes : ainsi
M. Lamont les regarde comme résultant de la force électrique qui émane du
soleil ; de Saussure croit qu'ils sont développés par l'évaporation, la vapeur étant
chargée positivement et l'eau négativement; M. Lloyd les regarde comme des
effets de la chaleur solaire, tandis que H. de La Rue les attribue à des actions
chimiques qui se passent à l'intérieur de la croûte solide de la terre; l'électricité
serait alors transportée dans l'atmosphère par l'évaporation. Des recherches
récentes ont démontré qu'il y a un rapport intime entre l'activité solaire et les
variations diurnes régulières du magnétisme terrestre, et qu'il y a probablement
dans l'intensité horizontale une période égale au temps que met le soleil à tour-
ner sur son axe. On a aussi démontré que les variations magnétiques régulières
dépendent en partie de la lune, et il semble qu'il y ait des courants terrestres
lunaires dus à l'action de la lune, aussi bien que des courants terrestres solaires.
Se peut-il que ces courants terrestres lunaires soient dus à des marées détermi-
nées par la lune dans la croûte solide de la terre ou dans la terre regardée
comme un solide élastique? La terre est composée de matières élastiques sus-
ceptibles d'abandonner et de modifier leur forme sous l'action du changement
de direction de l'attraction que la lune exerce sur elles. Quelques-unes de ces
matières sont fortement magnétiques, de sorte que, lorsque leur forme se mo-
difie, ce fait donne naissance à des courants électriques induits ou courants ter-
restres. Imaginons un conducteur électrique extérieur à la terre et allant depuis
le pôle nord jusqu'à l'équateur, et supposons fixé dans l'espace un corps magné-
tique se mouvant au-dessous de la terre de l'ouest à l'est; alors, d'après les lois
de Faraday sur les courants induits, la révolution de la terre sur son axe déter-
minera dans le conducteur immobile un courant allant du pôle à l'équateur. Si
le conducteur se mouvait à la surface de la terre de l'ouest à l'est, et si la terre
ne tournait pas ou tournailplus lentement, alors le courant dans le conducteur
serait dirigé de l'équateur au pôle, puisque ce courant dépend du mouvement
474 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICII- NS.
relatîf de la terre et du fil. Si nous ayons alors un fil isolé allant du nord au sud,
les marées de la croûte terrestre dont j'ai parlé équivaudront à une masse de
matière magnétique restant en arrière, et on pourrait ainsi s'attendre à voir se
développer dans le fll isolé un courant électrique dont la direction générale irait
de Féquateur au pôle.
Le fait observé que les courants terrestres lunaires restent en «tcière de la
position de la lune s'expliquerait par le relard des marées par rapport à ïm loue.
En Angleterre, on observe que les courants terrestres réguliers sont mazh^
mum dans la direction sud-ouest nord-est, au lieu de la direction sud-nord ;
mais la position de l'Angleterre par rapport au pôle nord magnétique doit modi-
fier la direction de ces courants.
11 y a quelques années, dans beaucoup d'observatoires européens et autres,
on a, d'après un même principe, enregistré par la photographie les éléments
magnétiques; on a employé généralement des instruments semblables à ceux
dont on s'était servi à l'observatoire de Kew. Dans le courant de l'année der-
nière, j'ai comparé les courbes pour certaines périodes ; j'ai comparé, par
exemple, celles obtenues en mars 1879 et pendant une partie d'août 1880 dans
des stations très éloignées, à Toronto, Zi-ka-Wei en Chine, et à Melbourne
en Australie. Les observations sont toutes ramenées à l'heure de Greenwich et
sont placées les unes au-dessus des autres, de sorte qu'on peut immédiate-
ment comparer entre elles les observations réelles des perturbations magné-
tiques. L'accord entre les observations faites dans des stations très éloignées, à
la fois pour les petites et les grandes perturbations, est très remarquable et res-
sort surtout des observations faites pendant le grand orage des 11, 12 et 13
août 1880, où Ton remarque une grande similitude dans les périodes et les
formes des perturbations dans des stations éloignées comme Lisbonne, Coîmbre,
Kew, Stonyhurst, Vienne, Saint-Pétersbourg, Zi-ka-Wei en Chine, Melbourne
en Australie et Toronto dans le Canada. Les résultats ont été communiqués i\
l'Association britannique, en 1880 à Swansea et cette année à York ; cette com-
munication sera imprimée et on en donnera des tableaux dans les rapports de
l'Association britannique, volume de 1880.
Pour que Tétude du magnétisme terrestre à la surface du globe soit plus
complète, il est important qu'il y ait d'autres observatoires où Ton enregistre les
observations par la photographie, comme on a fait à l'observatoire de Kew. On
réclame surtout un observatoire dans la partie orientale de la Sibérie, et deux
autres dans l'hémisphère sud, l'un fondé par les Anglais au cap de fionne-Espé-
rance, et l'autre par les Français, au cap Horn ; l'établissement de ce dernier a
déjà été décidé au cap Horn. Il est important que celui-ci soit, comme les autres,
un observatoire où l'on enregistre les observations par la photographie, car il y
a un grand avantage à suivre les mêmes méthodes qu'à Kew. Il y a déjà des
observatoires en Chine, à Melbourne, à Toronto ainsi que dans plusieurs colo.
nies européennes. Bombay et l'Ile Maurice sont trop près de l'équateur pour
donner des résultats d'une importance aussi grande que ceux fournis par les
observatoires situés près des pôles. Il est donc très important d'avoir deux obser-
vatoires de première classe dans l'hémisphère sud.
TROISIÈME SÉANCE
19 septembre 1881.
PRÉSIDENCE DE M. J.-R. DUMAS
M. LE Président déclare la séance ouverte h, neuf heures quarante
minutes.
M. Mascart (France) donne lecture du procès-verbal, qui est adopté.
M. LE Président propose de mettre à l'ordre du jour la quatrième
question du projet de programme : Paratonnerres. — Discussion des mei7-
leures conditions d'établissement des paratonnerres. — Serait-il possible
de réunir les éléments d'une statistique internationale concernant t efficacité
comparative des différents systèmes de paratonnerres en usage ?
M. Warren de la Rue (Grande-Bretagne). D'après des expériences
de M. Preece, effectuées dans mon laboratoire, la forme du conducteur
(fil, lame, tube, etc.) est sans influence. Les expériences ont été faites avec
la pile au chlorure d'argent de S280 éléments (3378 volts) et un conden-
sateur de 42,8 microfarads. (Voir Annexe I, page 189.)
M. Mascart rappelle que deux systèmes sont en présence : !« celui
de Gay-Lussac, fondé sur l'emploi d'un petit nombre de conducteurs en
communication avec des tiges de grande longueur; S"" celui de M. Melsens,
où l'édifice est entouré d'une sorte de cage métallique munie de pointes
petites et nombreuses; les communications avec le sol sont multipliées.
Quant au partage de l'électricité, il y a lieu de se demander s'il est
soumis aux lois de Ohm.
M. Melsens (Belgique) : Mon système de paratonnerres n'est pas
essentiellement différent de celui de tous les physiciens ; lorsqu'on étudie
tout ce qui a été écrit sur cette question depuis Franklin, on reste convaincu
que les bases scientifiques d'aujourd'hui sont celles qui ont été posées dès
l'origine ; on modifie les détails, mais, en réalité, on n'invente rien, en fait
de paratonnerres. — Ceux-ci auront toujours pour but essentiel, en cas de
foudroiement, de conduire la foudre au réservoir commun, la terre; ils
476 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
seront donc composés : l"" d*un organe quelconque, pointe, tige, aigrette
ou sphère, qui domine rédilice ; S"" d*un conducteur métallique, voie ou-
verte h, l'écoulement de Télectricité, de lafoudre;et3''d'un contact à la terre,
destiné à rendre la foudre inoffensive en la distribuant dans le sol.
Nous ne trouverons rien de plus dans toutes les instructions; arrêtons*
nous un instant à l'instruction, si remarquable, de Gay-Lussac; elle date
de 1823 ; elle a été complétée, ou légèrement modifiée, par les instructions
de 185&, 1855, 1867 et 1868 ; celles-ci ont toutes reçu la haute sanction
de l'Académie des sciences de Paris.
Mais, depuis 1823, les constructions que l'on veut protéger de la
foudre ont, par suite de {'emploi du fer, dans les fermes et dans les char-
pentes, subi des modifications profondes, dont il faut tenir compte. Bien
plus, il faut avoir égard aux canalisations métalliques du gaz et de l'eau,
introduites souvent jusqu'aux toits, ou jusqu'aux combles des édifices. Cet
ensemble de conducteurs métalliques exige que l'on tienne compte de ces
circonstances, modifiant profondément les conditions du passage de l'élec-
tricité, ou de la foudre.
J'ai discuté la question dans les diverses notes que j'ai publiées sur les
paratonnerres ; je crois avoir prouvé la nécessité de rattacher, actuellement,
en général, les conducteurs des paratonnerres à ces conduites, indépendam-
ment du puits classique, ou delà terre humide, généralement indispensables.
J'ai cru réaliser, ainsi, un contact h, la terre par une surface énorme,
en mettant l'édifice h l'abri de coups latéraux, toujours possibles, souvent
dangereux.
S'agit-il du choix entre les métaux qui peuvent servir de conducteurs,
je me suis franchement prononcé pour le fer galvanisé ; ce métal ne tente
pas les voleurs; j'ai prouvé que, dans des circonstances déterminées, décrites
dans mes notes, le fer résiste mieux que le cuivre aux décharges de fortes
batteries de Leyde.
Si le fer a l'avantage du bon marché, il a, comme on Tadmet encore,
en général, le défaut de conduire moins bien que le cuivre et d'offrir à l'é-
coulement de l'électricité une résistance cinq à sept fois plus considé-
rable que celle du cuivre.
M'appuyant sur des expériences faciles à répéter, j'ai prouvé, dès 1865,
ce qui, du reste, est admis par beaucoup de physiciens, que les décharges
ne suivent pas toutes les lois de Ohm et que les décharges des batteries,
des machines de Hoitz et de la grande bobine de Ruhmkorff, passent avec
autant de facilité par des conducteurs de fer que par ceux de cuivre, à
dimensions égales.
PREMIÈRE SECTION. 177
Après une étude attentive d'une foule de documents, lorsqu'il s'est agi
de protéger le splendide édifice de l'hôtel de ville de Bruxelles, je me suis
décidé à appliquer la maxime ancienne : Divide ut impera et au conduc-
teur unique, à forte section, j'ai substitué des conducteurs cylindriques
multiples à faible section, variant de 6 à 10 millimètres. En général, aujour-
d'hui, je conseille les conducteurs multiples en fer galvanisé de 8 millimè-
tres; c'est un excès de précaution. J'ai analysé, dans ma description détaillée
des paratonnerres de F hôtel de ville de Bruxelles, tous les faits de rupture
et de fusion de fils minces par la foudre, depuis Franklin jusqu'en 1877 ;
une étude attentive m'a permis de fixer la limite inférieure à moins de
6 millimètres, le conducteur étant, bien entendu, sans solutions de continuité
et non disposé sous forme de chaîne d'arpenteur, ou autre.
Mais, à cette question des conducteurs multiples et déliés, il s^en rat-
tachait une autre qu'il était absolument indispensable d'éclaircir par l'expé-
rience : je veux parler du partage d'une étincelle unique entre les divers con-
ducteurs que Ton peut lui présenter. Aussi avais-je, dès 1865, cherché à
prouver cette division, avant d'oser appliquer mes idées à la protection
de l'hôtel de ville de Bruxelles; j'ai donné une nouvelle série d'expé-
riences, dans cette même direction, en 1875.
J'ai prouvé qu'une étincelle unique se partage entre 390 conducteurs,
de fer, de laiton, de cuivre, de zinc et de plomb, dont les diamètres va-
riaient de 0'°'",08 à 6"*'",30. De plus, dans les fils les plus minces
de fer et de cuivre, n'ayant qu'un diamètre de 0""",12, ayant l'un ou
l'autre une longueur de 200 mètres (ce qui augmentait encore énor-
mément leur résistance totale), j'ai pu intercaler un tube en verre d'un
mètre de long, renfermant de l'eau distillée, de la terre humide et même
du sable parfaitement sec ; même, dans ces circonstances très défavorables,
j'ai pu constater les manifestations électriques et le passage de la très
faible fraction de l'étincelle, unique à l'origine, dans les 390 fils conduc-
teurs.
Ces expériences, que je me suis contenté de signaler et que je compte
publier en détail, sous peu, m'ont conduit à une observation importante, au
point de vue pratique. En effet, lorsqu'on fait passer des étincelles de
fortes batteries dans quelques conducteurs minces en fer, en cuivre, en
laiton, etc., isolés les uns des autres sur une certaine longueur, mais
communiquant métalliquement entre eux par leurs bouts extrêmes, et que
l'étincelle est assez forte pour les rougir, les déformer ou les onduler
tous, on voit les ondulations, bizarres parfois, se reproduire dans tous les
fils honaogènes identiques, d'abord droits et parallèles, de façon à présen-
■■»•■
478 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
ter encore un parallélisme parfait, quelque bizarres que soient les ondula-
tions et les courbures produites par le passage des étincelles^
On arrive forcément à celte conséquence, au point de vue des para-
tonnerres à conducteurs multiples, que non seulement l'étincelle se divise
exactement entre tous, mais que les effets mécaniques produits dans Tun
d'entre eux se reproduisent très exactement dans tous les autres.
Un mot sur remploi des aigrettes, ou des pointes multiples, au lieu
des longues tiges préconisées dans les instructions classiques.
J'ai longuement discuté et examiné la question de la multiplicité des
pointes daiis mes diverses notes et dans ma description des paratonnerres
de r hôtel de ville de Bruxelles; j'ai cité, autant qu'il m'a été possible de
le faire, toutes les opinions, pour et contre la multiplicité des pointes.
Tout bien pesé, j'ai penché du côté de la multiplicité, fut-on porté à
admettre, contrairement aux expériences et aux observations de Beccaria,
de Cosson, de Toaldo, de Romas, du docteur Lining, de Charles, résu-
mées dans les œuvres d'Arago, que les pointes n'ont pas une bien grande
action pour neutraliser l'action des nuages.
D'autre part, il parait incontestable que la tension est diminuée sur le
conducteur, lorsqu'il est armé de pointes multiples.
Ajoutons une dernière considération : la tension sur une pointe étant
infinie^ d'après l'analyse de Poisson, les pointes seront encore utiles dans
les cas, peut-être plus nombreux qu'on ne le suppose, où la terre frappe
le nuage*
Quoi qu*il en soit, les expériences de Perrot eurent pour résultat de
lui concilier l'approbation de savants éminents, qui adoptèrent les pointes
multiples.
Mais ici se place une question qui a son importance. En effet, si,
comme je Tai fait à Thôtel de ville de Bruxelles, je fais usage de quelques
grandes pointes dominant tout l'édifice, ailleurs je n'ai employé que des
aigrettes de 1 mètre à 1"50 de hauteur.
Or les longues pointes, ou les hautes tiges, ont été maintenues à la
suite de l'adoption de principes inexacts : l"" on admet que la foudre
frappe un seul point des sommets des corps foudroyés, tandis que sou-
vent, d'après M. D. Colladon, elle frappe sous forme de nappe,
avec un ou quelques centres principaux d'intensité, enveloppant ainsi, en
partie, les corps foudroyés; 2° on a admis pendant longtemps qu'une
tige protège autour d'elle un espace circulaire d'un rayon double de sa
hauteur.
Laissant de côté la première donnée, examinons la dernière seu-
PREMIÈRE SECTION. 479
lement; je veux parler de la zone des protections, admise dans ces der«
nières années.
L'observation a prouvé que cette donnée était erronée, Gay-Liis-
sac, tout en donnant cette règle, admettait déjà certaines restrictions pour
les clochers, alors que d'autres physiciens, qui se sont occupés de Tétude
des coups de foudre, admettaient que la protection, dans ce cas particulier,
s'étendait plus loin.
L'examen des faits a amené, ensuite, à admettre que l'action protec-
trice est circonscrite dans l'intérieur d'un cône circulaire droit dont la tige
dtt paratonnerre est l'axe et dont le rayon de la base est le double de sa
hauteur. Néanmoins la Commission spéciale, chargée ^étudier l'établissement
des paratonnerres des édifices municipaux de Paris, a admis que, dans une
construction ordinaire, une tige protège efficacement le volume d'un cône
de révolution ayant la pointe pour sommet et la hauteur de cette tige, me-
surée à partir du faîtage, multipliée par 1,75 pour rayon de base {sic).
En Angleterre, M. Preece entre autres, restreint encore celte zone de
protection, tant par l'observation directe des coups de foudre que par l'a-
nalyse physique des phénomènes électriques que les nuages orageux peu-
vent produire.
J'ignore les motifs qui continuent à faire admettre une soi-disant
zone de protection, contredite par des observations nombreuses et exactes.
Je pense que l'on peut conclure, sans hésitation, que les règles établies sont
absolument arbitraires ; cette opinion, quelque radicale qu'elle puisse pa-
raître, est basée sur des faits positifs, dûment constatés en France, en An-
gleterre, en Belgique et en Allemagne. J'ai cité de nombreux exemples
dans mes notes, abstraction faite d'un coup de foudre où l'on voit celle-ci
passer du sol vers le ciel et les nuages, à travers un carreau de vitre en-
châssé dans du fer, en parfaite communication avec un sol très humide ; j'ai
décrit, avec détail, un coup de foudre sur un paratonnerre en bon état; le
coup avait atteint l'édifice dans un rayon de base un peu moindre que i.25.
Mais je me résume : je crois avoir motivé les raisons qui m'ont fait
apporter des modifications aux données ordinaires et aux instructions clas-
siques, en assumant la responsabilité de la protection de l'un des plus splen-
dides monuments de la Belgique, mais en l'assumant dans la mesure du
possible, actuellement, bien entendu, avec les données acquises.
J'ai été accusé de vouloir, à tout prix, faire du neuf, mais je dois
insister sur ce fait, que ces modifications m'ont été suggérées par l'étude
des travaux de maîtres, tels que ceux auxquels j'ai l'honneur de m'adres-
ser.
m CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
. Aussi, eu égard' àr cette seule considération, j'attends avec calme et'
patience le jugement que l'avenir réserve îiux paratonnerreu à pointes^ à:
conducteurs et à raccordements terrestres multiples.
Un dernier mot : les corps savants, tout comme les individus, ne dé-
sirent pas voir leur responsabilité engagée; les instructions nombreuses,
parfois concises, souvent peu explicites, laissant même des doutes, donnent
des formules générales, h, la hauteur de la science et répondant à tous les
besoins, au jour de leur apparition; il faut donc, aujùurShui, faire aitten-
tion aux circonstances nouvelles, actuelles; c'est ce que j'ai cherché à faire.'
Si tout est simple quand il s'agit de données générales, tout au con-
traire devient un tnotif de crainte ou de doute, quand il s'agit d'un cas spé-
cial, bien défini, tel qu'un monument important. On ne doit pas se conten-
ter du recours facile de renvoyer la responsabilité à tous les physiciens
illustres quf ont traité la question des paratonnerres depuis Franklin, et qui
ont donné des instructions. Quand, ainsi que j'ai été obligé de le faire, on
discute les opinions des autorités les plus respectables, les plus respec-
tées comme les plus illustres^ ce n'est pas sans une vive émotion qu'on
arrive parfois à ne pas partager aô^o/umen^ tous les avis des maîtres
de la science.
C'est une émotion pareille que je ressens, dans ce moment même, en
cherchant, devant cette imposante assemblée, composée des représentants:
les plus illustres de la science, venus ici de toutes les parties du monde,
dans le seul intérêt de la recherche de la vérité, à motiver les dispositions;
particulières nouvelles que j'ai cru pouvoir introduire dans les trois organes
des paratonnerres.
M. LE Président demande à M. Melsens, au nom de la Section, de
faire une conférence sur ce sujetl
Al . Melsens se met à la disposition du Congrès.
M. Helmholtz : Sur l'invitation du gouvernement allemand, l'Aca-
démie de Berlin s'occupe actuellement de la question des paratonnerres.
Elle a constaté que beaucoup des anciens paratonnerres étaient défectueux,
par suite d'une mauvaise communication à la terre : les conducteurs ne
s'enfonçaient que de 1, 2 ou 3 pieds dans le sol. L'Académie de Berlin
recommande d'établir cette communication à l'aide de larges plaques, ou
de longs conducteurs en fils de fer étalés horizontalement à une profon-
deur de 3 mètres, si la chose est possible, et allant retrouver des fon-
taines, puits ou nappes d'eau.
Dans les grandes villes, il est excellent de mettre à profit les tuyaux
d'eau ; quant aux tuyaux à gaz, ils n'offrent point une égale sécurité, leurs
PREMIÈRE SECTION. 484
joints étant quelquefois formés d'une malière isolante qui enlève à la
canalisation du gaz une bonne partie de sa conductibililé.
Pour ce qui est des lois de Ohm, les décharges de la foudre et des
grandes bouteilles de Leyde n'y sont pas soumises. C'est au moins ce qui
paraît résulter d'expériences faites par M. le docteur W. Siemens et ré-
pétées avec quelques modifications par un de mes élèves, M. Olearski.'
En effet, soient (fig. 16) une bouteille de Leyde A, un conducteur BC
placé en face de la boule A, et un conducteur D H G dont l'extrémité D peu*
être approchée micrométriquement de C. BC est en communication avec
une plaque E et DHG avec une
plaque F; E et F sont plongées
dans un liquide permettant, par le
rapprochement ou l'éloignement
des deux plaques, d'établir entre
elles une résistance variable. On
peut ainsi étudier la relation entre
la distance explosive CD et la ré-
sistance EF : quand on provoque
la décharge de la bouteille, il faut,
pour ne pas avoir d'étincelle entre Fig. le.
C et D, rendre très petite la dis-
tance EF ; le liquide doit en outre être bon conducteur ; sans cela, on est
conduit à donner aux plaques E et F* des dimensions trop considérables.
Mais, en outre, si l'on fait varier les résistances BC, DH, BE, EF, on
remarque le fait suivant : l'étincelle éclate entre C et D pour une certaine
valeur d'une de ces résistances, cesse d'éclater pour une valeur un peu
supérieure, puis reparaît quand on augmente encore, et ainsi de suite. Il
semble donc y avoir, au sein des conducteurs, des oscillations électriques
par suite desquelles le maximum momentané de différence de potentiel
entre C et D change de valeur avec les résistances et se trouve tantôt
suffisant, tantôt trop petit pour amener l'étincelle.
Si BC est un paratonnerre et DH une pièce métallique d'un édifice, il
pourra se produire des phénomènes analogues.
11 importe donc non seulement d'assurer une parfaite communication
entre le paratonnerre et le sol, mais encore de relier au paratonnerre les
pièces métalliques des constructions à protéger.
Le premier fait connu qui ait indiqué l'existence des oscillations fut la
production des différences dans l'aimantation rémanente que l'on constata
pour une aiguille d'acier, quand on décharge une bouteille de Leyde
48J CONGRÈS INTE liNATIQNAL DES ÉLECTRICIENS.
(fig. 17) à travers un circuit dont fait partie un sôlénoïde entourant Tâî-
guille : Taimant^tion change de sens quand le circuit varie de résistance.
On peut encore faire l'expérience
suivante : soit(fig.l8) AB un conden-
sateur dont les deux armatures sont
reliées par Tintermédiaire d'une bo-
bine qui représente un circuit secon-
daire, le circuit primaire étant formé
de la bobine E F et de la pile P.
Supposons l'interrupteur H fer-
mé; si on ouvre l'interrupteur G, il
va y avoir induction de EF sur CD-
et ce courant d'induction dans G D va
charger le condensateur d'une cer-
taine façon, A + et B — , par exemple. Mais si H reste fermé, le conden-
sateur va se décharger à travers la bobine GD; mais l'induction dans la
bobine GD elle-même recharge le condensateur en sens inverse, B -j-
Fig. 17.
Fig. 18.
et A — , et ainsi de suitq; j'ai trouvé que Ion avait parfois jusqu'à
40 charges successives en sens inverse, d'une intensité de moins en moins
grande. Quant au moyen de le constater, il est des plus simples : on n'a
qu'à relier BH à une paire K de quadrants d'un électromètre : suivant
PREMIÈRE SECTION. 483
le temps au bout duquel on ouvre Tinterrupteur H, on trouve Tarmature B
chargée positivement ou négativement.
Revenons aux paratonnerres. Jusqu'ici, quand il y a accident, on ne
peut guère savoir s*il y a faute dans le paratonnerre.
Je demande qu'il soit établi une bonne statistique des accidents
avec documents précis sur la construction des paratonnerres frappés.
Une commission me parait nécessaire pour centraliser les renseignements,
parce que dans les différents pays on a employé des constructions
différentes de paratonnerres ; mais le travail de cette commission ne
peut ôtre fructueux que si les gouvernements consentent à prêter leur
concours.
M. Edmond Becquerel (France) appuie la demande que vient de faire
M. Helmhoitz, de voir se former une commission destinée à réunir les
documents et à vérifier les paratonnerres. Une commission analogue est
déjà en plein fonctionnement à Paris, pour la vérification et la surveillance
des paratonnerres de la Ville.
Dans les premières instructions de l'Académie des sciences de l'In-
stitut de France, en 1825, l'importance d'une excellente communication
avec le sol n'était peut-être pas suffisamment mise en relief. Dans les nou-
velles instructions, la commission de l'Académie a insisté particulièrement
éur ce point et a appuyé sur la nécessité de mettre à profit le plus large-
ment possible la couche aquifère.
Dans les dernières années, l'idée d'employer les conduites d'eau a été
favorablement accueillie, comme donnant une communication plus parfaite
entre les tiges des paratonnerres et la terre ; cependant on ne peut adop-
ter de règle générale à cet égard, ca^r, suivant les pays, les installations
de ces conduites sont différentes et la communication avec la terre est plus
ou moins efficace; ainsi, & Paris, les conduites d'eau sont placées dans les
égouts et, en cas de réparations, elles peuvent devenir pour ainsi dire iso-
lées ; en outre, ces conduites sont revêtues parfois d'enduits bitumineux
isolant^. Pour les conduites de gaz, les avis ont été partagés et la question
, assez complexe reste encore à examiner.
Il importe, au reste, de distinguer dans les paratonnerres deux actions :
l'action préventive, l'action préservatrice.
Dans les paratonnerres établis d'après les instructions académiques
françaises de 1823, la pointe était disposée en vue de la prévention. Or
il semble que, même avec des pointes multiples, l'action préventive soit
minime ; car la quantité d'électricité qui se trouve dans le nuage orageux
est tellement grande, par rapport à celle qui peut être neutralisée avec l'aide
tu COnOMÈS l?fTei3fATf05AL DES ÉLECTRICIENS.
de* pointai, rpe l'effet préventif de celles-d semble devoir être presque
inslgoi fiant.
Vati^niiont dès lors, se reporte sur la présenratioD. L'angle da cône
qai termine la pc>jnte du paratonnerre est déjà beaucoup plus oovert dans
les derni^es instnictioaf que dans celles de 1823. Quelques membres de
la Commission ont même pensé qu'une tige conductrice sans pointe snflBsait.
Quanl à la »ectlan du conducteur de Ter qm' doit relier le paratonnerre à la
nappe aquirère, ta Commission de 1823, dont Gay-L4issac était rappor-
teur, avait indiqué comme section suffisante une section de 225 milli-
mAtres carrés; ce n'est que postérieurement que Pouillet, tout en disant
que celte section pouvait suffire, proposa de l'élever à 325 et même à
400 millimètres carrés, pour donner toute sécurité possible à la conduc-
tjbililé\
Lp3 conditions fixées aujourcriiui 3emblent)bonnes et suffisantes; c'est
au moins la conclusion qui ressort d'un certain nombre de rapports admi-
nistratiri^ communiqués à (a Commission de TÂcadémie; comme conclusion
de CCS rapports, il résulte que lorsque les instructions de l'Académie ont
élé exactement suivies, il y a eu préservation complète contre les dégâts
do la foudre, et que les accidents qui ont pu se produire ont toujours été
motivi'H par des écarts à ces instructions.
I^ système de paratonnerres que Ton peut, en opposition avec la
dénomination de système à conducteurs multiples, appeler système à con-
ducteurs simples, suffjt donc h la protection des édifices, quand l'installation
est bieu Taite.
Dans les environs de Toulon ^ la foudre est tombée trois fois en
une demi-heure sur le môme point. Un conducteur unique a bien résisté;
en aurait-il été de même pour un paratonnerre à conducteurs multiples,
dont un coup de foudre peut fondre l'une des parties, puisque la section de
ces conducteurs est moindre? La protection, dans un cas de foudre triple
comme le précédent, serait-elle aussi efficace?
Quant aux bâtiments dépendant de l'Administration de la guerre (pou-
dreries, etc*), ne doit-on pas craindre, par la multiplicité des conducteurs,
de faciliter les décliarges provenant de phénomènes d'induction électro-sta-
tique ?
JL M ASC UT donne l'analyse d'une communication de M» Adams
r Voir, Instruction sur les paralonncrres adoptée par rÂcadémie des sciences de Tlns-
titm ilo rmiia\ li.> 13 avril \ZTA; Je i^iippk^mont adopté dans la séance du 48 décembre 1854
vi ii\»iST^ ûixm tiAs uompteâ rendus, tome XXXtX, page Hit; les inslrucUons adoptées dans
lu Béiknùùé du 19 îé\rm 1dâ5, du 14 janvier 1967 et du SO juillet 4868.
PREMIÈRE SECTION. 485
(Grande-Bretagne) sui* une enquête de la Société météorologique de
Londres; cette communication est annexée au présent compte rendu
(Annexe III, page 192).
M. Prebce (Grande-Bretagne) fait connaître que d'après les docu-
ments qui lui sont parvenus, il croit pouvoir énoncer la règle suivante :
Un paratonnerre protège absolument un espace solide limité par une surface
de révolution dont la demi-courbe méridienne est constituée par un quart de
cercle de rayon égal à la hauteur du paratonnerre et tangent : i® à celui-ci
à son extrémité supérieure; T à r horizontale passant par sa base.
M. Hëlhholtz fait connaître que les instructions de TÂcadémie de
Berlin sont, à fort peii de chose près, les mêmes que celles de l'Académie
des sciences de Paris ; cependant la section du conducteur indiquée par
l'Académie de Berlin est à peu près la même que la première section
de 225 millimètres carrés recommandée par l'Académie des sciences de
Paris.
M. Helmholtz [suggère une explication de la foudre. On remarque,
dans les tempêtes violentes, que souvent les coups de foudre sont suivis
d'une pluie abondante. Il y a là une curieuse coïncidence qui semble éta-
blir une corrélation entre les deux phénomènes. Peut-être arriverait-on à
se rendre compte des traits essentiels de la façon suivante : La terre con-
stitue un conducteur électrisé : la vapeur d'eau qui l'abandonne est
chargée d'électricité négative ; tant qu'elle reste à l'état gazeux, elle forme
un corps isolant. Quand la vapeur d'eau se condense, sur un corps métal-
lique par exemple, elle lui cède son électricité. Non condensée, la vapeur
d'eau garde son électricité ; condensée, elle donne naissance h, des molé-
cules conductrices qui peuvent se céder leur électricité ou la céder h, la
terre. Quand cette masse de pluie, en descendant, arrive à une distance
suffisamment petite de la terre ou d'un bâtiment, elle peut donner lieu à
un coup de foudre.
Si les choses se passent de cette manière, le temps de la descente est
beaucoup trop court pour laisser place à une décharge silencieuse d'im-
portance notable.
Quant à la question des fils multiples, M. Helmholtz est d'avis que
l'opinion de M. Melsens a de véritables fondements théoriques. Chaque fil
voisin d'un autre donne lieu à des phénomènes d'induction ; ceux-ci pro-
voquant l'élévation du potentiel électro-dynamique de l'un des fils en parti-
culier, le rendent capable de s'opposer plus fortement à une décharge, ren-
dent moins facile une décharge opérée par son intermédiaire. Cet effet
augmente si les fils sont plus rapprochés; c^est pour cela qu'un conduc-
486 CONGRES INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
teur unique qui peut être considéré comme la réunion de plusieurs fils
élémentaires, donné une résistance beaucoup plus grande que ne la don-
neraient ces mêmes fils séparés les uns des autres.
M. Helmhbllz croit donc justes les idées de M. Melsens; mais il est
d'avis qu'on doit tenir compte du prix de revient;. car du jour où Ton
aurait des paratonnerres peu coûteux, on les verrait se multiplier.
M» Melsens établit, par des prix de revient de quelques paraton-
nerres établis en Belgique, les avantages économiques de son système ; il
prouve,, par des devis liquidés, que le rapport des prix dés paratonnerres
de son système, comparé à celui des anciens systèmes, est conune 1 & 6
ou 7 en moyenne, et même 1 à 20.
Il cite les exemples suivants :
Une ferme, ayant un développement de toits dépassant 320 mètres,
a été garnie d'un paratonnerre à pointes et à conducteurs multiples : on
a employé du fil de fer galvanisé de 6 à 7 millimètres de diamètre et
37 aigrettes façonnées de ce même fil ; on a ménagé 7 contacts à la terre,
plus 2 avec une nappe d'eau et 2 avec des puits. Ce paratonnerre a
coûté environ ftOO francs (exactement 390 fr. 10 c.) ; mais comme tout
a augmenté de prix, doublons ce chiffre, pour tout exagérer ; on n'arrive
cependant encore qu'à une dépense de 800 francs.
Pour un édifice d'un autre genre, la Bourse de Bruxelles, on a, pour
une surface couverte de 3,200 mètres carrés à peu près, été conduit à
une dépense de i,&96 fr. 65 c, dans la pose d'un paratonnerre à pointes
et conducteurs multiples. (Voir Annexe III, page 196.)
D'après la moyenne des essais, la protection d'un mètre carré par un
paratonnerre de ce système revient à 75 centimes environ.
Quant à l'objection soulevée par l'honorable M. Becquerel, il fait
observer que, tout en connaissant Vavis de la Commission des paraton-
nerres de l'Académie des sciences sur une disposition nouvelle proposée
pour le magasin à poudre^ en date de juin 1875, admettant que la multi-
plicité et la dissémination des conducteurs paraissent favorables aux étin-
celles par décharges latérales, on n'a pas craint en Belgique d'adopter
son système pour la Poudrerie royale de Wetteren et pour tous les bâti-
ments, magasins et ateliers de cette poudrerie.
J'ose soutenir, dit M. Melsens, que, pour les magasins à poudre, mon
système est plus efficace que Tancien. Je n'ai pas hésité à le présenter
pour la Poudrerie royale de Wetteren, où, réellement, il couvrira un espace
total de plus de 2/i hectares.
Je ne connais pas de fait capable de faire supposer que la multiplicité
PREMIÈRE SECTION. 487
et la dissémination des conducteurs puissent être favorables aux étin-
celles d'induction ; j'ajoute que plusieurs physiciens, électriciens éminents,
consultés par moi, sont du même avis. Espérons donc que la savante
Commission de l'Académie des sciences produira un jour les expériences
sur lesquelles elle fonde son opinion.
Sir William Thomson (Grande-Bretagne) rappelle que la Commission
anglaise s'est prononcée pour l'emploi du cuivre de préférence au fer
dans la construction des paratonnerres, Son avis personnel se rapproche
au contraire de l'opinion commune *k l'Académie des sciences de Paris et &
celle de Berlin, qui toutes deux ont préconisé le fer ; la résistance spécifique
du cuivre à 0* centigrade est à la vérité 1620 environ, tandis que celle
du fer atteint la valeur 9827, à peu près six fois plus considérable ; mais
la valeur commerciale des deux métaux rétablit l'équilibre. Or, à égalité de
prix et pour une même conductibilité, le fer a une plus grande capacité ca-
lorifique que le cuivre * ; en outre, son point de fusion est plus élevé *.
La seule chose qui, quant au pouvoir conducteur effectif, empêche,
jusqu'à présent, de recommander le fer d'une manière absolue, esU en
outre de la quasi-inertie commune à tous les métaux et signalée par
M. Helmholtz,4'espèce de quasi-inertie particulière au fer ; le magnétisme
du fer intervient probablement dans les phénomènes de décharge;
M. Helmhoitz a montré que la résistance du fer n'était pas, à proprement
parler, la résistance exprimée dans la théorie de Ohm, mais était celle-ci
compliquée d'une résistance de quasi-inertie spéciale provenant des
phénomènes de <f self induction » et d'aimantation. En fait, vu cette der-
nière cause, bien que la résistance par suite de « aelf induction » soit moindre
pour le fer que pour le cuivre, un fil de fer ayant une résistance-ohm égale
à celle d'un fil de cuivre, révèle à la décharge une résistance plus
grande que ce dernier.
La question du pouvoir efl'ectif conducteur n'est pas absolument
résolue pour le fer; il importe que des expériences soient continuées à ce
sujet.
Pour ce qui est de la protection des magasins à poudre, sir William
Thomson donne toute son approbation à la solution de M. Melsens; il
propose même d'aller plus loin et de construire des magasins entièrement
en fer. Ces édifices' éla^t fréquemment érigés en des endroits où une bonne
4. Chaleur spécifique du fer entre 0« et lOO^, rapportée au gramme . . . 0,4098
— du cuivre — — ... 0,0949
î. Point de fusion du fer 4600
— cuivre 4090
t8S CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
communication avec le sol est fort incertaine ou même impossible (par suite
dé fondation sur roche, par exemple), le mieux serait de former unevéri*
table caisse en fer ^ ; dans ce dernier cas^ une communication quelconque
avec la terre n'est pas seulement inutile, elle est nuisible ; elle favorise en
effet la production de forts courants dans le voisinage de la poudre, puisr
qu^elle facilite la séparation très complète de deux électricités, positive
et négative, en quantités considérables. Si, au contraire, la caisse en fer qui
entoure le bâtiment est bien isolée, les quantités d'électricité séparées sur
cette caisse sont très faibles, peu éloignées, et leur réunion ne change
qu'en minime proportion le potentiel dans l'intérieur.
D'une façon générale, toutes les fois qu'on n'aura entre les objets
voisins de la poudre que des différences de potentiel ne dépassant pas deux
ou trois volts, on devra juger la sécurité suffisante.
M. Hblmeioltz dit que l'honneur des expériences faites sur la résis-
tance du fer ne lui appartient pas ; il revient à M. KirchholT et à un de ses
propres élèves, M. le D' Hertz.
, M. WiEDEMANN fait remarquer que la considération de la température
de fusion du fer ou du cuivre est d'une importance secondaire au point de
vue de la résistance mécanique des paratonnerres. Riess a démontré en
effet que, sous l'influence de la décharge, les métaux sont rompus avant
d'atteindre leur température de fusion. Le platine, par exemple, est rompu
& 123'' centigrades. Il est & désirer que des études soient poursuivies en ce
sens.
M. LE Pfi]£siDENT propose le vœu suivant, qui est adopté : La première
section émet le vœu qu'une entente s'établisse entre les divers ÉtatSy en vue
de réunir les éléments d'une statistique relative à V efficacité des paratonnerres
des divers systèmes en usage.
La séance est levée à onze heures cinquante-cinq minutes.
4. Contre les étincelles provenant des clous des chaussures formant briquet, on garnirait
de planchers en bois, de tapis, ou de toute autre matière molle.
PREMIÈRE SEGTION^. . 4S9:
ANNEXE I.
DE LA FORME QUI CONVIENT AUX PARATONNERRES
•par M. WILLIAM HENRY PREECE.
Un paratonnerre établi pour protéger un édifice se compose d'un rubau,
d'une tige, d'une chaîne, d'une corde ou de toute autre masse de métal fixée à
la partie la plus élevée du bâtiment, et descendant vers la terre. Quelle sera la
forme de ce paratonnerre? Cette question a été controversée depuis Franklin
jusqu'à nos jours. La forme du paratonnerre dépendra-t-elle de la superficie de
la surface ou de celle de la section? En d*autres termes, lorsque les potentiels
sont assez élevés pour produire des décharges de la foudre, le transport de
l'électricité suit-il la loi de Ohm, ou bien cette loi est-elle modifiée par la pré-
sence de quelque condition nouvelle ? Snow Harris était un chaud défenseur de
la forme en surface. Il se servait de rubans plats pour ses navires et de tubes
pour ses maisons. Henrjr, dç Washington, croyait à l'efficacité de la surface.
Selon lui, l'électricité de frottement passe à la surface, et l'électricité galvanique
à travers la masse \ M. Melsens se trouve du même avis, et Guillemin, de
Paris, a entraîné beaucoup d'électriciens français à soutenir la même idée.
D'un autre côté, Faraday s'est rangé presque avec aigreur dans le parti
opposé. « Pour ce qui regarde la conductibilité électrique, dit-il, il n'y a
aucun avantage à développer le paratonnerre horizontalement, en bande ou en
tube. La surface n'a aucune influence; la section pleine est l'élément essen-
tiel. »
Les défenseurs de la forme pleine et cylindrique soutiennent que le para-
tonnerre n'est qu'une voie par laquelle l'électricité est transportée d'un point de
haut potentiel (un nuage chargé d'électricité) à un point de moindre potentiel
(la terre), et que son efficacité ne dépend que de sa résistance. Le paratonnerre
suit la loi de Ohm, et, par conséquent, son efficacité à volume égal est propor-
tionnelle à sa masse et à la surface de sa section.
Les défenseurs du développement en surface soutiennent que dans tous les
cas de charge statique, l'électricité n'existe qu'à la surface, de sorte que lorsque
de l'électricité de haute tension passe sur un conducteur, c'est la surface qui
joue le premier rôle, et par conséquent plus il y a de surface, plus le passage
de la décharge est facile. Ils disent encore que lorsqu'un conducteur cylindrique
transporte une charge électrique il est amené à une haute tension et peut alors
causer des accidents ; tandis que, à charge égale, plus il y a de surface, plus la
densité électrique est faible à cette surface et par suite moins il y a de danger.
En d'autres termes, avec une quantité donnée d'électricité, plus la surftice est
étendue, moins le potentiel est élevé. Us font encore valoir que, puisque d'après
Guillemin les courants d'électricité qui se dirigent dans le même sens se
4. Telegraph Journal, 15 octobre 4877.
490 CONGRÈS INTERNATIONAL D^BS ÉLECTRICIENS.
retardent les ans les antres avec nne puissance proportumaelle à la distance
qui les sépare, et puisqu'une tige peut être considérée comme oa fiusceau de
tiges plus petites mais parallèles, un courant électrique peut être regardé
comme composé de nombreux courants parallèles qui se retardent les uns les
autres. Alors un ruban conduira mieux qu'une tige, parce que les courants sont
plus espacés et se retardent moins. Ces arguments ont déterminé l'emploi de
rubans fort disgracieux et de tubes très coûteux, qui ont beaucoup nui à l'éta-
blissement de cet élément de sûreté indispensable à nos édifices.
s Les arguments en faveur du développement de la surface sont, à notre
avis, tirés de théories justement abandonnées, d'expériences imparfaites, ou
d'interprétations erronées de faits reconnus. Autant que nous le savons, on n'a
jamais fait aucune expérience directe pour résoudre la question. On se sert
continuellement dans la télégraphie de quantités d'électricité, c'est-à-dire de
décharges statiques des condensateurs, et quand on les étudie même avec les
appareils les plus délicats, on reconnaît qu'ils suivent exactement la loi de Ohm.
La connaissance de la marche de Télectricité dans les conducteurs, de l'in*
fluence retardatrice exercée sur cette marche par la capacité électro-statique et
par la distribution de la charge, s'est tellement accrue pendant ces dernières
années par la grande extension de la télégraphie sous-marine et les travaux de
Sir William Thomson, Glerk Maxwell et autres, que je me demande s'il se trou-
verait aujourd'hui un seul électricien anglais pour défendre la forme superfi-
cielle. Malgré cela, on continue à employer les bandes et les tubes, et il semble
très désirable de résoudre la question par l'expérience. C'est ce que j'ai résolu
défaire.
PREMIÈRE SÉRIE d'eXPÉRIENCES (28 JUIN 1880).
M. Warren de la Rue, qui est toujours prêt à mettre au service de la science
son laboratoire magnifiquement organisé, non seulement m'a autorisé à me
servir de son énorme batterie et de ses divers appareils, mais en outre m'a
assisté de ses conseils et m'a aidé à faire les expériences.
Je me suis d'abord procuré des conducteurs en cuivre de 10 mètres de
long, et ayant exactement la même masse; l'un était un cylindre plein,
un autre un tube mince, et un troisième un ruban mince aussi. La source
d^électricité était une batterie de 3.2/iO éléments à chlorure d'argent. La charge
était accumulée dans un condensateur d'une capacité de 42,8 microfarads.
La décharge se produisait à travers un fil de platine de 0°^,3 de diamètre
et de longueur variable. La brusque décharge d'une quantité d'électricité
contenue dans 4^,8 microfarads élevés à un potentiel de 3,317 volts * est très
difficile à mesurer. Cette décharge a beaucoup d'analogieavec celle de la foudre.
En réalité, la différence de potentiel pour chaque unité de longueur d'air est
probablement plus grande que celle de la foudre ordinaire. Cette décharge
brûle complètement 63 millimètres du fil de platine, mais en augmentant la
longueur de ce fil on pourrait arriver à reproduire toutes les différentes phases
de chaleur qui sont marquées par les diverses nuances de rouge, jusqu'à la cha-
leur blanche, la fusion et la déflagration. Ainsi le caractère de la déflagration,
qui est fidèlement marqué sur une carte blanche attachée au fil de platine, par
la dispersion des molécules, donne une mesure suffisamment approchée de la
4. La force électromotrice d'un élément à chlorure d'argent est de 4,03 volt.
PREMIÈRE SECTION. 491
charge transmise, tandis que la longueur de fil élevé à la température du ronge
sombre eu donne une meilleure encore, car chaque yariation de la force du
courant, dans des limites modérées, est fidèlement marquée par un change-
ment de couleur.
Première expérience. —J'ai fait passer des charges égales à travers le ruhan,
le tube et le fil, et dans chaque cas 63 millimètres de fil ont été brûlés. Je n'ai
pu découvrir aucune différence dans le caractère de la déflagration.
Deuxième expérience. — J'ai pris 25 centimètres de fil, et j'jr ai fait passer des
charges égales. Dans chaque cas le fil a été jamené à un rouge très brillant, tout
près du point de fusion, et dans deux cas, il s'est rompu. Dans chaque cas le fil
se tordit, donnant la preuve d'un trouble mécanique très considérable; le même
fil n'a pas été employé une deuxième fois. Je n'ai pu découvrir aucune différence
dans les effets pour les divers conducteurs.
Troisième expérience. — J'ai employé un fil d'argent de même diamètre et
de longueur égale, et j'y ai fait passer des charges semblables. Le rouge fut à
peine visible, mais le fil se comporta de la même façon dans chaque cas.
La conclusion à laquelle on arrive sans hésiter est que le changement de
forme ne produit aucune différence dans le caractère de la décharge, et que
cette différence ne dépend que de la masse.
DEUXIÈME SÉRIE d'eXPÉRIENGES (19 JUILLET 1880).
Gomme on pourrait prétendre que la longueur du conducteur employé
était assez courte, et sa résistance assez faible pour que des variations considé-
rables aient pu passer inaperçues, je me suis procuré des conducteurs de même
longueur (10 mètres) en plomb, métial qui conduit très mal, sa résistance étant
douze fois celle du cuivre ; l'un de ces conducteurs avait la forme d'un fil, un
autre celle d'un tube, et un troisième la forme d'un ruban, tous les trois ayant
le même poids.
Quatrième expérience. — J'ai fait passer à travers ces conducteurs des charges
du même condensateur de 42,8 microfarads aussi, mais de 3.280 éléments ; j'ai
observé les décharges sur 15 centimètres de fil de platine de 0"'°,3 de diamètre,
qui dans chaque cas furent échauffés jusqu'au rouge vif. Je n'ai pu découvrir
aucune variation, soit que j'aie employé le fil, le tube ou le ruban.
Cinquième expérience% — Pour avoir une idée de la précision avec laquelle
on peut estimer les variations du caractère de la décharge, je me suis servi
d'un long morceau de fil de platine dont j'ai augmenté la longueur jusqu'à ce
que le rouge fût juste visible; alors une diminution de 10 pour 100 (1 mètre)
dans la longueur amena un changement au rouge sombre, et des diminutions
successives élevèrent la température à un rouge de plus en plus brillant.
La concitusion à laquelle on arrive est que un changement de 5 pour 100
dans la résistance eût été clairement et facilement visible.
Il parait donc prouvé que les décharges d'électricité d'un potentiel élevé
suivent la loi de Ohm, et ne sont pas affectées par le changement de forme. Il
s'ensuit que l'étendue superficielle ne facilite pas les décharges de la foudre. On
ne peut donc imaginer de paratonnerre plus efficace qu'une tige cylindrique ou
un câble métallique.
491 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS,
ANNEXE II.
' î DES PARATONNERRES
4 NOTE DE M» LE PROFESSEUR W. 6BTLLS ADAMS
/,. De la Société royale de Loodres.
4\ ■
l\ Il y a environ trois ans, on proposa de nommer une Commission composée
1| de deux membres de chacune des Sociétés scientifiques suivantes :1a Société
\\ météorologique, la Société de physique, l'Institut royal des architectes anglais et
*' la Société des ingénieurs télégraphistes et des électriciens , afin de déterminer
/ le meilleur moyen de protéger les édifices contre les dégâts occasionnés par la
"^y foudre.
Y En ma qualité de Président de cette commission dont les travaux touchent
à aujourd'hui à leur fin, j'ai l'honneur de mettre sous vos yeux un exposé très
succinct du rapport de la Commission basé sur la grande quantité de témoi-
|) gnagesque nous avons recueillis sur la construction des paratonnerres et les
'; accidents de toutes sortes occasionnés par la foudre.
Les membres de la Commission ont aussi consulté un grand nombre des
:; ouvrages importants qui ont été écrits dans toutes les langues sur cette ma-
i tière ; ils en ont donné des analyses dans leur rapport, et la collection de tous
, les témoignages ainsi réunis remplit plus de deux cents pages in-octavo. Ce rap-
^; port contient des analyses d'ouvrages français, allemands, belges, norvégiens
;; et autres, aussi bien que de ceux qui ont été publiés en Angleterre et en Amé-
\ rique, et forme ainsi un ensemble très précieux de renseignements sur
\' cette matière.
/ ; C'est sur ces témoignages que la Commission a basé son rapport, qu'elle a
^ ^ divisé en quatre parties :
1« Aperçu rapide du but que doivent remplir les paratonnerres.
"t Exposé des principes servant à la construction et à l'établissement des
paratonnerres, sur lesquels il existait encore des différences d'opinion ; avis de
la Commission sur ces points.
3» Énumération des règles que l'on doit observer dans la construction des
paratonoerres.
IC" Conseils relatifs à l'application de ces règles, à la protection des édifices
de diverses catégories et de différentes formes.
Dans la première partie, la Commission insiste sur l'importance qu'il y a
à ce que le paratonnerre soit tout entier conducteur de l'électricité, depuis son
extrémité supérieure jusqu'à la surface du sol, de manière qu'il n'y ail pas de
résistance aux points de raccord.
La Commission insiste aussi sur l'importance qu'il y a à avoir un bon con-
tact avec la terre, parce qu'on a trouvé que, dans un grand nombre d'accidents
,1 causés par la foudre sur des édifices munis de paratonnerres, ces paratonnerres
PREMIÈRE SECTION. 493
ne se reliaient pas d'une manière convenable à la surface du sol, de manière à
former un bon contact avec la terre, de sorte que l'édifice n'était aucunement
protégé.
La Commission a également considéré le conducteur électrique comme
servant à décharger sans bruit l'électricité atmosphérique et à conduire les
décharges brusques d'électricité, et elle a discuté en conséquence la forme à
donner au paratonnerre, les moyens de le protéger contre la destruction*
l'utilité dés pointes comparées aux boules, la grosseur et la substance du
conducteur ; elle a examiné s'il convenait d'employer des tiges, des tubes, des
bandes ou des câbles métalliques. Dans certains cas où il pouvait encore exisr
ter des doutes sur la meilleure solution théorique, la Commission a donné les
preuves sur lesquelles était basée son opinion.
Sur la question des fonctions remplies par les pointes, la Commission les
résume ainsi : un conducteur électrique peut, soit faciliter la décharge de l'é*
lectricité vers la terre, de manière à la faire écouler sans danger, soit neutrali*
ser silencieusement les conditions qui déterminent la décharge dans son voisi-
nage, de façon à prévenir entièrement la décharge de la foudre en cet endroit.
Un paratonnerre doit offrir un moyen de décharge plus voisin de la perfection,
plus accessible et plus facile que tout autre que la foudre puisse rencontrer
parmi les matériaux de Tédifice qu'il s'agit de protéger.
Plus la pointe est aiguë, plus la décharge silencieuse de Télectricité est
rapide, et par suite, plus le paratonnerre est efficace; mais, plus la pointe est
aiguë, plus elle se détruit rapidement et moins elle peut fsûre écouler une
décharge forte et capable de briser.
Pour ce qui regard^ Tapplication des paratonnerres, nous avons comparé
entre elles les différentes méthodes employées en Angleterre, en France et etk
Allemagne pour protéger les cheminées des grandes usines, où les paraton-
nerres sont susceptibles d'être endommagés par les gaz qui s'exhalent ; dans ce
cas, la Commission pense que le paratonnerre le plus utile et le plus durable,
pour une cheminée d'usine, serait un paratonnerre surmonté d'une couronne
de cuivre avec six ou huit grosses pointes ; mais celles-ci deivent être dorées, ou
nickelées, ou platinées afin de résister à l'oxydation. Les girouettes et toutes les
masses de métal extérieures, telles que les citernes, etc., devront être reliées au
conducteur, ou bien être mises en communication avec le sol.
Une question importante étudiée par la Commission est celle de savoir
quelle est la meilleure manière de faire les joints entre les différentes parties
du paratonnerre ; souvent, en effet, des édifices ont été endommagés par suite
de l'exécution défectueuse d'un joint.
En considérant la forme du paratonnerre, la Commission a naturellement
été amenée à étudier l'importance relative de la surface.de la section et celle de
l'étendue superficielle du conducteur, dans le but d'obtenir la décharge rapide
de la foudre; quoiqu'il n'y ait pas unanimité, la Commission presque tout
entière pense que la manière de voirde Faraday est juste, c'est-à-dire que la con-
ductivité dépend plus de la masse du conducteur que de son étendue super-
ficielle. Cependant, au point de vue pratique, elle reconnaît le grand avantage
que présente l'emploi de rubans de cuivre qui offrent plus de surface qu'une tige
cylindrique ; cet avantage vient en premier lieu de ce que les fabricants peuvent
fournir des rubans d'une grande longueur çans aucun raccord, de sorte qu'on
n*est pas exposé ft avoir des joints défectueux ; de plus, on obtient facilement des
joints efficaces en vissant ou en rivant les deux surfnces l'une sur l'autre et en
43
494 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
plongeant tout le joint dans de la soudure. On ne peut faire aussi facilement
des joints delà même efficacité, quand on se sert de tiges.
La Commission a constaté qu'avec une corde métallique il y a beaucoup de
danger d'avoir un contact défectueux à l'endroit des joints, et est d'avis que,
lorsqu'on se sert de cette sorte de conducteur, Textrémilé de chaque fil compo-
sant le câble doit se relier aux autres aumoyen d'une soudure très forte. Quant
à la manière d'attacher le conducteur à Tédiflce, il a été démontré devant la
Comtnission que l'on ne devait pas employer des matières isolantes comme le
verre ; la Commission recommande que les attaches soient du même métal que
le conducteur, qu'elles soient suffisamment fortes, qu'elles aient une forme
propre à diminuer autant que possible le risque d'endommager le conducteur,
enfin que l'on ménage un certain jeu pour permettre au conducteur métallique
de se dilater et de se contracter.
Une question très importante est celle de savoir quel est l'espace que l'on
peut regarder comme protégé par un paratonnerre. Il y a sur ce point de
grandes divergences d'opinion, basées sur des hypothèses différentes relatives à
l'induction électrique entre les nuages et la terre, et à la distribution de l'élec-
tricité dans l'air. La Commission ne s'est pas contentée d'étudier la question au
point de vue de savoir s'il n'y a protection absolue que dans l'intérieur d'un
garde-manger ou d'une chambre métallique comme en employait Faraday dans
ses recherches bien connues; elle est arrivée à des conclusions tirées de Texpé-
rience du passé. Les instructions officielles françaises les plus récentes éta-
blissent qu'un paratonnerre protège suffisamment un cône dont le sommet
serait la pointe du paratonnerre et dont le rayon de base serait égal à 1,73 de
la hauteur de ce cône. Les instructions du ministère d^la guerre en Angleterre
donnent beaucoup moins d'étendue à l'espace protégé ; elles déclarent en effet
qu'on ne peut fixer de limite précise au pouvoir protecteur du paratonnerre, et
que, en Angleterre, on suppose généralement que le rayon de base du cône de
protection est égal à la hauteur de la pointe du paratonnerre au-dessus de la
surface du sol. Cela signifie évidemment que cette protection est suffisante pour
les orages ordinaire» de l'Angleterre; cependant dans deux circonstances, et
deux fois dans l'une de ces circonstances, en présence de la Commission, la
foudre est tombée en dedans du cercle ayant pour rayon la hauteur du para-
tonnerre.
Les preuves tirées de Tobservation montrent que la foudre a fondu une
tige de hl millimètres carrés de section et la Commission recommande comme
minimum de dimensions à employer :
Pour une corde de cuivre : 63 millimètres carrés de section.
Pour une tige de cuivre : 63 millimètres carrés de section.
Pour un ruban de cuivre 20 millimètres X 3''°',4 ou environ 68 millimètres
carrés de surface.
Pour une tige de fer : 400 millimètres carrés de surface.
Ces dimensions sont les résultats auxquels ont conduit des observations
faites sur l'efficacité des paratonnerres employés, c'est-à-dire qu'elles repré-
sentent les conclusions que l'on peut tirer des statistiques.
Un grand nombre de sujets d'un haut intérêt pratique sont traités dans le
rapport de la Commission ; mais il est impossible de récapituler dans un court
espace de temps tous les travaux de la Commission pendant les trois dernières
années.
PREMIÈRE SECTION. 495
Discussion du mémoire de M. Adams.
L'ORAGE ÉLECTRIQUE DU 31 JANVIER 1881
PAR W. H. PREECE
Les orages électriques, qui ayaient été rares et inoffensîfs depuis 1872, ont
commencé à reparaître. Par orages électriques je veux dire ces courants ter-
restres anormaux qui occasionnent de temps en temps de graves perturbations
dans les circuits télégraphiques. Je ne parle pas de ces courants terrestres nor-
maux décrits par M. Adams, et qui existent toujours avec plus ou moins de
force. Le premier orage éclata vers le 11 et 12 août de l'année dernière; mais un
second bien plus considérable éclata le 31 janvier dernier. Tous les deux
avaient un caractère cosmique, et on a envoyé de toutes les parties du globe des
preuves de leur existence.
L'orage du 31 janvier fut d'abord observé à 3 heures de l'après-midi ; il
atteignit son maximum vers 6 h. /iO et disparut vers 9 heures du soir. Il recom-
mença vers 11 heures et disparut de nouveau vers 1 heure du matin. Les cou-
rants acquirent une intensité que je n'avais jamais observée. A Slanfair, dans
l'île d'Anglesey, sur les fils du London Irish, ils mesuraient 41 »4 milliwebers,
tandis que, à Haverforduicest, sur un autre âl de Tlrish, ils mesuraient plus de
30 milliwebers. Les observations faites ft la dernière station ont été notées avec
tant de soin que je les ai reproduites sur une carte donnant une excellente
représentation graphique de la durée, de la direction et de l'intensilé de l'orage.
Les mesures ont été prises avec un galvanomètre sur un û\ allant de Haverford-
west à Valentia et correspondant avec la terre en ces deux stations. La longueur
(te ce circuit est de 482 kilomètres et sa résistance de 4)000 ohms. La distance
géographique entre les deux points est de 354 kilomètres. La courbe montre que
le courant (ut négatif jusqu'à 6 heures du soir, moment où son intensité com-
mença à varier considérablement^ atteignant à 6 h. 34 une intensité remar-
quable, et sautant tout à coup en 3 minutes à la direction opposée, tout en con-
servant la même intensité, soit 30 milliwebers. Après avoir varié pendant
2 minutes, Tintensité du courant diminua considérablement et à 9 heures du
soir il disparut tout à fait. Le courant maximum montre que, à ce moment, il y
avait entre les deux points où k^ fil touche la terre une différence de potentiels
de 120 volts, ou une diminution de potentiel del volt par 1 mille 8/10. Les lec*
tures faites dans l'île d'Anglesey montrent que la diminution de potentiel est
exactement la même entre Anglesey et Londres^ Or, puisque les courants qui
travaillent utilisent environ 10 milliwelMrs, il est évident que des courants
anormaux de cette intensité ont dû avoir une grande influence perturbatrice sur
les lignes télégraphiques. En fait, au moment où le trouble était à son maxi-
mum, presque tous les circuits étaient interrompus, excepté dans les endroits
où l'on a pu se servir de fils bouclés métalliqueinent.
Des observations faites à Gardiff et à Swansea ont permis de se faire une
idée suffisamment approchée de la distribution <}es surfaces équipotentielles, et
d'en déduire la ligne de la force électromotrice maximum. J'ai reproduit ce&
496) CONGRÈS INTERNATIONAL DES ELECTRICIENS.
obsenratioDS sar une petite carte. En outre, le calcul nous a permis de reprë-
seater sur le même plan la distribution du potentiel déterminée par la position
du soleil par rapport à la terre. La. coïncidence de ces lignes est remarquable.
Je suis arrivé précisément au même résultat le k février et le 7 août 1872, lors
des derniers orages qui aient eu quelque importance. En outre, leur exactitude
est confirmée par une observation faite dans les lies Shetland et reproduite de
même sur une carte.
On doit remarquer que, le même jour, on observa dans la photosphère du
soleil une perturbation d'une intensité extraordinaire et sans précédent. C'est
un fait bien connu que les taches du soleil, les aurores boréales et les perturba-
tions magnétiques sont non seulement d'accord, mais qu'ellessuivent précisément
le même cycle, bien que les autorités en cette matière ne soient pas tout à fait
d'accord sur la périodicité exacte de ce cycle. Secchi, à Rome, a prouvé en 1872
que de violentes éruptions solaires coïncidaient avec les violentes perturbations
magnétiques et les courants terrestres anormaux.
La réunion de tous ces faits montre qu'il ne peut y avoir aucun doute que
ces courants terrestres anormaux, ou orages électriques, ne soient dus, comme
je Tai fait remarquer plus haut, à des perturbations solaires.
ANNEXE III.
EXTRAIT D'UNE NOTE DE M. MELSENS
Avant de donner les prix de la pose des paratonnerres, je crois devoir rap-
peler un principe que j'ai déjà signalé et discuté dans mes notices sur la ques-
tion générale des paratonnerres. — Je le signale ici d'une façon toute spéciale,
eu égard surtout aux masses de fer, parfois énormes, employées dans les con-
structions modernes pour les conduites d'eau et pour les conduites de gaz.
Quand on construit un édifice important, quej^on sait devoir, tôt ou tard, être
armé d'un paratonnerre, il faut prévoir les dispositions de celui-ci dès les fondations,
rattacher mélalliquement par des circuits fermés toutes les masses de fer entre elles, les
faire toutes servir de conducteurs en les raccordant métaUiquement avec les conduc-
teurs, tant aériens que souterrains, du paratonnerre projeté.
Il résulte de l'application de ce principe une grande économie, une grande
facilité pour le travail de la pose, et les fers ou métaux offrent une série par-
fois innombrable de conducteurs, intérieurs mais adventiCs, dont on peut, sans
frais, profiter pour faciliter l'écoulement de la foudre dans la terre.
Voici maintenant et, sous forme de tableau, quelques comparaisons,
réduites à leur plus grande simplicité :
J*espëre publier bientôt des données complètes sur tous ces édifices avec
plans cotés et détails, ainsi que sur les autres édifices armés actuellement de
mon système, savoir : les écoles communales de Bruxelles, le monument de
Laeken,le Palais des beaux-arts, la Monnaie, l'hôpital Saint-Pierre, les pavillons
PREMIÈRE SECTION.
497
définitifs de l'Exposition. Constatons, en attendant, qu'à surface couverte égale, le
rapport moyen de ces prix, si différents entre eux, ne s'élève même pas an cin*
qiiiëme, en nombres ronds, pour mon système, comparé à l'ancien, en prenant
le prix le plus élevé de 0,77 centimes par mètre carré de préservation*
ÉDIPICBS.
SURPACB
COUTIRTI
en nombres ronds
approximatifs
en mètres cariés.
PRIX
Dl LA P08S
des
paratonnerres
en nrancs.
PABATOIflfBRRBS DBS ANCIENS SYStèMBS.
Palais du roi à Brazelles
Écuries du roi à Bruxelles
ADcien hôtel d'Asscbe (liste civile). •
Jardin botanique, à Bruxelles ....
Palais du roi, à Laeken
Annexes du palais du roi, à Laeken
(écuries, remises, manège, thé&tro).
Sommes .
7S00
2800
6b0
2000
1900
5^00
20 350
23551,07
17 44(5,59
5149,81
7 971,19
18407,08
18307,61
90 833,35
PARATONNBRRBS DO STSTÉME MELSBNS.
Nouveau Palais de Justice.
Hôpital Saint-Pierre. . . .
Bourse de Bruxelles . . .
Sommes .
10 600
6300
3200
26100
10840,00
4 8i9,40
1496,65
17 186,05
PRIX
DK LA P08S
pour la protection
d'un mètre carré
en francs.
3,02
6,23
7,92
3,99
9,68
3,39
4,46 (Mj«ts«).
0,65
0,77
0,47
0,66 (mjism.)
Voici du reste, pour que Ton voie directement le rapport des prix de ces
différents devis, les rapports réels traduits en nombres ronds: l'ensemble des six
paratonnerres qui ont coûté 90,833 fr. 35, n'aurait coûté, en appliquant mon
système, que 15,669 fr. 50, en admettant 0,77 centimes par mètre carré de sur-
face protégée, soit le rapport de 15,669 fr. 50 à 90,833 fr. 35, ouen nombres ronds
et simples, 1 à 5 J ; en prenant comme base la moyenne générale, c'est-à-dire
66 centimes, on arrive à une dépense de 13,/i31 francs au lieu de 90,833 fn 35,
soit le rapport de 1 à 6 { .
Si, au contraire, on admet que l'on puisse appliquer le coût du paraton-*
nerre de la Bourse, établi sous ma direction par les soins des ateliers de la ville
de Bruxelles, aux ordres de M. Tingénieur Verstraeten, on arrive à la faible
somme de 9,564 fr. 50 aulieu de 00,833 fr. 35, soit le rapport de 1 à 9 î, près du
dixième I
Je dois faire remarquer expressément que j'ai compris tous les frais néces-
saires dans le coût total. Des détails sur ce point m'entraîneraient trop loin
pour une note préliminaire comme celle-ci.
Quoi qu'il en soit, nous trouvons des économies de : 81,268 fn 85; de
77,402 fr. 35; de 75,163 fr. 85; sur une dépense totale de 90,833 fr. 35.
(Extrait d'une note complémentaire sur les paratonnerres du système Melsens;)
19a CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
ANNEXE IV
EXTRAIT Da-NE NOTE DE M. MELSENS
AFPLICÀTIÛN DU BBé-ÉLECTROMÈTRE DE MARIANINI AOX PARATONNERRES
KT AUX PARAFOUDRES DES TÉLÉGRAPHES.
COlfSËQUENCES AU POINT DE VUE MÉTÉOROLOGIQUE.
On sait que les Ùh télégraphiques soiit constamment frappés par la foudre;
ÎGS télégraphistes onL ordre de se mettre sur terre, comme on dit, pendant
les orages j la foudre laisse des traces plus ou moins fortes de son passage dans
les papiers dont les parafoudres sont munis. Les dimensions plus ou moins con-
sjdërables des perroratious dans le papier peuvent donner des indications sur
riDteiisité des coups.
Rien ne me paraît pi as simple que d'insérer les Rhé-électromètres dans le
parafoudre ordinaire; on conserverait la preuve du passage de la foudre et, de
plus, rintllcatioD nette de sa direction. Cette donnée est indiscutable et il est
bien prouvé que Ton connaît la foudre ascendante comme la foudre descendante^
celle ci paraissant se produire bien plus souvent que la première. Autant que
j'en puis juger, la foudre ascendante exerce des ravages et produit des phéno-
mènes autres que la foudre descendante.
Je ne sache pas que les appareils dont on se sert actuellement dans les
observatoires pour constater la direction et l'intensité des courants terrestres,
les signes de Téleclricité de l'air, etc., aient donné des résultats bien nets sur
ce qui arrive dans les diiTérents lieux parcourus par le même orage, et j'ignore
si, sous ce Mpport, on a comparé les observations, simultanées ou séparées par
un jutervaile de temps déterminé, indiquant la rapidité de la marche des
orages.
Aujourd'hui que les réseaux télégraphiques s'étendent sur toute l'Europe
savante, communiquent avec beaucoup d'observatoires et rayonnent, on peut le
dire, sur le monde entier, il me semble qu*un vaste système d'observation,
émbii au moyen du Rhé-éleclromètre de Marianini, dans tous les postes télé-
graphiques, serait de nature à nous éclairer sur des points importants, se ratta-
chant à tous les phénomènes électriques qui se passent au-dessus de nos têtes,
dans les nuages, dans nos édifices et, sous nos pieds, dans le sol.
^-^
QUATRIÈME SÉANCE
20 septembre 1881.
PRÉSIDENCE DE BI. J.-B. DUMAS
M. LE Président déclare la séance ouverte à neuf heures quarante
minutes.
M. Lartigge (France) a fait une motion dans la deuxième section
qu'il présente de nouveau à la première section.
Il voudrait que le Congrès exprimât l'opinion que les lignes télégra-
phiques et téléphoniques placées sur les édifices sont sans inconvénient
pour la sécurité, c'est-à-dire qu'elles n'augmentent pas les dangers de la
foudre.
M. Planté (France) désire ajouter quelques mots à l'appui des con-
sidérations présentées, dans la séance d'hier, par M. Wiedemann, sur la
possibilité de rupture des tiges conductrices des paratonnerres par une
action plutôt mécanique que calorifique de la foudre.
En étudiant les effets produits par le courant de l'appareil qu'il a
désigné sous le nom de machine rhéostatique, M. Planté a observé des
changements moléculaires très marqués dans des fils fins de platine sou-
mis à l'action de ce courant.
Nairne, Riess, MM. Edmond Becquerel^ Le Roux, Melsens, avaient
déjà étudié les modifications subies par les fils métalliques, sous l'influence
de puissantes décharges de batteries de Leyde,
M. Planté a reconnu que, par le passage du courant de quantité do
la machine rhéostatique, non seulement on obtenait immédiatement la
division d'un fil fin de platine en intervalles séparés par des plis à angles
vifs, se resserrant à mesure que le courant continuait de^ passer, mais
qu'on entendait, en même temps, un hmit dans le fil, une sorte de craque-
ment, bien que le fil ne présentât aucune solution de continuité, et enfin
qu'au bout d'une à deux minutes, le fil se rompait spontanément.
SOO CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Ce bruit révèle un ébranlement moléculaire notable, sous Tinfluence
du passage du courant, et la rupture le confirme; car elle se produit, alors
même que le fil n'est pas tendu et qu'il n'a pas été échaufTé jusqu'au rouge,
de mèrae que dans les expériences de Riess rappelées par M. Wiedemann.
Si les décharges d'un appareil de laboratoire, traversant un fil métal-
lique fin, peuvent y produire un changement de structure moléculaire tel
qu'il ëo rompt spontanément au bout de quelques instants, le passage des
courants de la foudre, qui réunissent à un bien plus haut degré la quantité
et la tension électriques, doit produire sur de plus gros conducteurs, tels
que les tiges ou les cordes en fer des paratonnerres, des efl^ets tout sem-
blables.
Ces conducteurs peuvent donc devenir très cassants et offrir des
modifications de structure invisibles, non seulement à la suite des chutes
directes de foudre qu'ils ont pu subir, mais encore quand ils ont servi
longtemps à l'écoulement silencieux de grandes quantités d'électricité
atmosphérique. Ils peuvent même avoir reçu un grand nombre de décharges,
sans qu'il se soit formé d'interruption appréciable à l'aide d'instruments
électriques, et se trouver néanmoins dans un état tel de fragilité mole-
culaire qu'une nouvelle et puissante décharge détermine la rupture du
conducteur.
Ainsi s'expliqueraient les accidents arrivés quelquefois avec des para-
tonnejTes en apparence irréprochables. Il peut donc être nécessaire de
renouveler complètement un conducteur de paratonnerre, alors même
qu'il semble pfl'rir une conductibilité suffisante, s'il s'est trouvé exposé à de
fréquents et violents orages, de manière à être devenu fragile par le
passage de grandes quantités d'électricité. •
M, Planté conclut que, dans tous les cas, il est bon de donner aux
câbles conducteurs des paratonnerres la plus grande section possible.
M, Dumas propose que la Section examine les propositions de la
Commission des unités dont voici les formules :
1^ On adoptera pour les mesures électriques les unités fondamen-
tales : centimètre, masse du gramme, seconde (C. G. S.) ;
2û Les unités pratiques l'ohm et le volt conserveront leurs définitions
actuelles : 10^ pour l'ohm et 10® pour le volt ;
3° L'unité de résistance (ohm) sera représentée par une colonne de
mercure d'un millimètre carré de section à la température de zéro degré
centigrade;
4** Une Commission internationale sera chargée de déterminer par de
nouvelles expériences, pour la pratique, la longueur de la colonne de
PREMIÈRE SE'CTION. Saf
mercure d'un millimètre carré de section à la température de zéro degré
centigrade, qui représentera la valeur de Tohm.
M. DcMAS expose que la Commission prendra d'autres résolutions sur
des points secondaires, mais il propose que la Section discute et vote sur
ces quatre propositions.
Ces propositions sont mises aux voix et adoptées.
MAI. Hblmholtz et du Bgis-Rbtmond ont présenté Une ttote écrite
dans laquelle ils expriment le désir d'avoir l'opinion des membres du Con«
grès sur la question de savoir si les fils téléphoniques placés sur les édî*
fices présentent quelque danger.
M. Mascàrt, au nom de M. Becquerel, rectifie et complète quelques
chiiTres cités dans la discussion d'hier.
M. Ratnaud dit que la question des fils télégraphiques a été posée à
la deuxième section, et que, sur la proposition de M. le Ministre des
Postes et Télégraphes, elle a été renvoyée à la séance plénière de ce jour.
La Section vole dans le même sens.
M. DoMAs met en discussion la cinquième question du projet de pro«
gramme.
Question concernant V électro-physiologie.
Nécessité de définir d'une façon scientifique les courants dont on fait
usage dans les opérations médicales et d'en rattacher la mesure aux unités
électriques.
M. nu Bois-Retmond doute que, quant à présent, il y ait avantage à
discuter celle question.
En ce qui concerne les courants continus, la mesure, à la vérité, en
est donnée par la force électromotrice de la pile; mais la résistance très
variable du corps humain (due à l'épaisseur et à l'humidité de l'épiderme,
à la transpiration et à l'élat des conducteurs appliqués au contact) en-
traîne des variations d'intensité telles qu'il sera très difficile d'arriver à
des résultats tant soit peu comparables.
Pour les courants d'induclion, la difficulté est encore plus grande. Il
croit que la question d'en graduer l'intensité est résolue empiriquement par
l'appareil à traîneau; M. Christiani, d'ailleurs, a donné des moyens pra-
tiques d'évaluer, en mesure absolue, le potentiel d'une bobine sur une
autre. Mais les actions physiologiques dépendent en grande partie de la
loi de vaiîation des courants induits : celle-ci est liée absolument aux
oscillations du trembleur, dont jusqu'à présent on n'est pas parvenu à
régler définitivement le mode d'action.
ÎOÎ CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Il conclut en disigit que la question est résolue théoriquement^ ou à peu
près, mais qu'elle n'est guère soluble pratiquement.
M. Maret, obligé de se rendre au Jury de la Cour d'assises,
demande qu'on veuille lui réserver la parole demain matin.
M. DuuAS propose de renvoyer la discussion de l'article 5 à la séance
de demain. Cette proposition est adoptée.
M. Dumas rappelle que les articles 1 et 2 du programme et les pro-
positions laissées à Tinitiative des membres sont encore à discuter.
M. Deprbz demande à faire à la Section une communication sur un
mesureur d'énergie et une autre sur un appareil propre à réaliser l'étalon
du volt.
Sir William Thomson. Pour donner suite aux questions qui ont déjà
été résolues, il est nécessaire que la Section se prononce sur deux autres
propositions d'ordre secondaire, dont il va donner lecture et qui pren-
draient les n"" 5 et 6 après les propositions déjà adoptées.
1* L'unité C. G. S. de quantité d'électricité, indépendamment du
temps, sera appelée Ampère. Cette unité n'est liée qu'aux unités de lon-
gueur et de masse, et ses dimensions, sont [/M. L. La défyiition de cette
unité est donc parfaitement précise, et sa grandeur est telle, qu'elle s'ac-
commode très bien aux besoins de la pratique.
2* L'intensité du courant, ou, suivant l'expression anglaise, le courant
produit par une force électromotrice de i volt agissant dans une résistance
de 1 ohm, conservera le nom de Weber, sous lequel elle a été désignée
jusqu'à présent dans la pratique. Sir William Thomson aurait préféré, pour
sa part, que l'unité d'intensité correspondît au passage d'une unité C. G. S.
de quantité en une seconde ; mais on aurait ainsi une unité de courant trop
forte pour pouvoir être comparée commodément aux intensités que Ton a
d'ordinaire à mesurer. Ainsi les courants qui servent à produire la lumière
électrique à arc sont représentés par un petit nombre de webers, 10 pour
les lumières les plus petites de cette espèce, 20 à 30 pour les grands
foyers lumineux. Dans les usages communs de la pratique, on n'a guère
besoin que de nombres approximatifs, et pour dételles évaluations il est bien
préférable de n'employer que des nombres entiers simples, et non des
nombres dans lesquels une partie des chiffres, sinon la totalité, figure essen-
tiellement sous forme de décimale. Sans doute il est fâcheux que l'unité
de courant ne corresponde pas au passage de l'unité de quantité dans
l'unité de résistance; mais il n'y a pas moyen d'éviter cet inconvénient,
puisque la Section a décidé définitivement de conserver les définitions du
volt et de l'ohm.
PREMIÈRE SECTION. 203
Aa reste, pour éviter que plus tard on ne fasse au Congrès le reproche
d'inconséquence, Sir William Thomson propose d'ajouter, it titre d'expli-»
cation, la note suivante :
« Le weber est le courant dans lequel une unité C. G. S. traverse le
conducteur dans l'espace de iO secondes^ »
M. FôasTBR propose de renvoyer ai la Commission les deux proposi-
tiens 5 et 6 de Sir William Thomson.
M. Mascart appuie l'avis de M. Fôrster au cas où il y aurait une
objection.
M. Glacsius remarque que la Commission, ayant à examiner d'autres
points, pâturait en même temps discuter ces deux propositions.
M. LB PRJÎsmsNT partage cet avis et propose le renvoi à la Com-
mission.
La proposition du Président est adoptée.
M. Nbdjean voit dans les phénomènes des piles secondaires une
preuve de l'identité de la chaleur et de l'électricité.
La séance est levée à dix heures quarante-cinq minutes.
CINQUIÈME SÉANCE
Mercredi 21- septembre 1881. z
PHÉSIDENCE DE M. J.-B. DUMAS
M. LE PfiisiDENT déclare la séance est ouverte à neuf heures quarante
minutes*
M. Mascaet (France) donne lecture des procès-verbaux des deux der-
nières séances. Ces procès-verbaux sont adoptés.
M. Maret (France), répondant à M. du Bois-Reymond, constale
d'abord qu'il n'existe entre eux qu'un désaccord apparent sur le besoin
d'introduire des mesures électriques en biologie.
M. Marey insiste sur la nécessité d'une entente générale des physio-
logistes k cet égard.
Il est absolument indispensable d'avoir un étalon d'excitation élec-
trique pour les recherches sur l'excitabilité des nerfs et des muscles.
M. Marey, sur le conseil de M. Mascart, a employé, à cet effet, le
condensateur. Cet appareil, donnant des décharges dans un seul sens, a
l'inconvénient de modifier, par polarisation, l'excitabilité de l'élément en
expérience.
M. d'Ausonval (France) a évité cet inconvénient en se servant du
condensateur pour exciter une bobine d'induction. Il en résulte deux cou-
rants instantanés de sens inverses et de quantités égales, qui se neutralisent
absolument au double point de vue de l'électrolyse et de la direction.
L'expérience a démontré que cette méthode était jusqu'à présent celle
qui conservait le mieux l'intégrité du nerf et du muscle.
Enfin, pour étudier l'état variable des courants d'origine animale,
l'électromètre de Lippmann, dont les indications seraient photographiées
comme l'a fait M. Marey, paraît être l'instrument le plus commode. Il est
préférable dans ces circonstances à la méthode des explorations succes-
sives employée par Guillemin et Burnouf pour étudier l'état variable dans
les lignes télégraphiques, par la raison qu'on n'est jamais sûr de répéter
:. PREMIÈRE SECTIO-N. . 105.
plusieurs fois de suite^ dans des conditions identiques/ un' phénomène /vital.
. :Ën médecine» les: inéthodes d'application de réiectricitd. sont très
variables; il faudrait également une entente.
En conséquence^ M; Ma.rey propose de former une Commission inter-
nationale chargée d'étudier cette question.
M. d'Arsônval appuie la proposition de M. Marey^ et dit. qu'il est
absolument nécessaire pour J'électro-théi'apie d'employer des mesures élec-
triques. .:. 'i. :.■.:.:;. ...\ '.: / ^. * .. ''..■.:..;;. \
Il y aurait de graves inconvénients à ne pas. le faire» au double .point
de vue du progrès de cette iscience et inôme.de la sécurité et, de la certi-
tude des opérations médicales.
Les propriétés électrolytiques du courant peuvent être Torigine
d'accidents provoqués par la cautérisation énergique qui en résulte.
La Section ayant résolu la formation d'une sous-commission d*élec-
tro-physiologie, M. le président invite ceux qui s'intéressent à la question
à se faire inscrire comme membres de cette Commission.
M. DU Bois-Rbymond se déclare prêt à faire partie de la Commis-
sion et propose :
MM. Helmholtz,
de Ziemssen.
M. MocLTON propose :
MM. Dewar,
Burdon-Sanderson,
Mac Kendrick,
Frankland,
Marshall.
M. Govi propose M. Rosse tti.
M. Bastings demande à faire partie de la Commission et propose
M. Yalerius (de Gand).
Les membres suivants se font successivement inscrire :
MM. Marey,
d'Arsônval,
Ed. Becquerel,
Lippmann,
Gariel,
Marcel Deprez.
206^ CONGRES INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
La nouvelle Commissîonjse réunira à quatre heures.
M« Bastings fait une communication sur l'emploi thérapeutique de
réiectricité pour la guérison des maladies provenant de la faiblesse du sang.
M. LE Président donne lecture de la deuxième question du projet de
programme relative k la mesure des courants continus ou alternatifs de
grande intensité.
M. JouBERT croit préférable de renvoyer la discussion de cette ques-
tion à la troisième Section ^ qu'elle intéresse plus directement.
La proposition de M. Joubert, mise aux voix, est adoptée.
-* La séance est levée k dix heures trente minutes.
SIXIEME SEANCE
Jeudi 22 septembre 1881.
PRÉSIDENCE DE M. J.-B. DUMAS
M. LE Président déclare la séance ouverte à neuf heures quarante-
cinq minutes.
M. Masgart (France) donne lecture du procèis- verbal, qui est
adopté.
M. Stolbtow (Russie) demande que la Commission internationale
chargée de l'établissement des unités électro-magnétiques s'occupe aussi
de déterminer, avec toutes les ressources de la science actuelle, le rapport
exact entre ces unités et les unités électro^statiques. L'importance scienti-
Tique de cette question justiCerait amplement les travaux nécessités par
cette détermination. (Voir Annexe I, page 21&)*
M. Masgart appuie cette proposition, qui s'impose d'ailleurs naturel-
lement.
La proposition, mise aux voix, est adoptée.
M. Masgart lit une invitation de M. Àylmer, au nom du Président et
du Conseil d'administration de la Société des ingénieurs télégraphistes et
électriciens de Londres, priant les membres du Congrès d'assister, à titre
de membres honoraires, aux réunions de la Société à Paris.
M. LE Président déclare qu'il sera adressé des remerciements, au
nom du Congrès, à la Société des ingénieurs télégraphistes.
M. LE Président est d'avis que l'on pourrait échanger utilement
quelques idées sur la question posée par M. Lartigue sur les dangers des
fils télégraphiques et téléphoniques.
M. Lartigue (France). La question peut se poser ainsi i Les fils télé-
graphiques et téléphoniques posés sur les édifices offrent^ils un danger au
point de vue des effets de VélectiHcité atmosphérique ?
Sans considérer la question au point de vue du pittoresque et des
SOa CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
dwgers de rupture, le Congrès pourrait se prononcer utilement sur la
question électrique en déclarant que les conducteurs électriques placés
au-dessus ou contre les édifices n*ont pas d'influence fâcheuse. Une sem-
blable déclaration y de la part du Congrès, mettrait un terme à certaines
appréhensions, qui s'opposent encore au développement des applications
téléphoniques.
M. Warren de Lk Rue (Grande-Bretagne) cite, à rencontre de l'opi-
nion de M. Lartigue, l'exemple d'un coup de foudre ayant provoqué, par
induction, sur une ligne d'environ un kilomètre, des étincelles dont la lon-
gueur a atteint six pouces.
M. Werner Siemens (Allemagne). L'Académie de Berlin estime que
le danger est nul lorsque les supports métalliques des fils sont en bonne
communication avec la terre par les conduites d'eau et de gaz.
M. Helmholtz (Allemagne). Lorsque la maison au-dessus de laquelle
est placé le fil renferme des pièces métalliques, il peut y avoir une décharge
directe. (Voir la figure ci-dessous.)
Fig. 19.
D'autre part, le danger existe aussi pour ceux qui font usage du télé-
phone. Une spirale de cuivre entourant un noyau de fer présente une
résistance telle qu'une personne placée dans le voisinage de l'appareil
ofl*rira un écoulement plus facile à la décharge, surtout si cette personne
est en bonne communication avec le sol. Il importe, dans ce cas, de dispo-
ser un paratonnerre formé, par exemple, de deux boules séparées par un
intervalle de moins d'un dixième de millimètre, et qui permettra à l'élec-
tricité de s'écouler à la terre sans danger.
Quant aux supports de la ligne, il importe, comme l'a dit 'M. W. Sie-
infens, de les mettre en bonne communication avec le sol.
PREMIÈRE SECTION.
tod
M. Laatigce. En France, la Société générale des téléphones place des
paratonnerres aux deux extrémités de la ligne aérienne ; pour les lignes
mixtes, on place aussi un paratonnerre aux points de raccord entre le fil
aérien elle fîl souterrain. Souvent les poteaux eux-mêmes sont transformés
en véritables paratonnerres.
M. Preece (Grande-Bretagne). Dans les villes fumeuses de rAngfe*^
terre^ les fils se détériorent rapidement, se brisent, et Ton préfère les
enterrer.
Pour les petites villes, cet inconvénient n*existe pas. A ma connais-
sance, les fils posés au-dessus des maisons n*ont jamais causé d'accident,
et je les considère, au contraire, comme un système protecteur.
M. LE Président propose que la question soit reliée à celle des para*
tonnerres et renvoyée à la Commission des paratonnerres.
La proposition, mise aux voix, est adoptée.
L'ordre du jour appelle la discussion sur la communication de M. Mar*
cel Deprez.
M. Marcel Deprez (France). Un étalon pratique de force électro-
motrice fait actuellement défaut. La pile de Latimer-Clark n'est constante
qu'en circuit ouvert. Voici une solution de la question :
Dans un électro-dynamomètre de résistance fixe, la différence des
potentiels aux deux bornes est constante lorsque l'intensité du courant qui
le traverse est constante. Soit A la bobine mobile et B la bobine fixe ;
Fig. 20.
un poids P équilibre l'action du courant. On peut déterminer la valeur de P
correspondant à une différence de potentiel d'un volt aux deux bornes.
Dans la pratique, on maintient l'intensité constante au moyen d'un
rhéostat placé dans le circuit de l'électro-dynamomètre et d'une pile
appropriée.
On pourra remplacer l'électro-dynamomètre par le galvanomètre de
M.. Marcel Deprez, car, le champ magnétique d'un aimant variant très
14
CONG&ÊS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
pecif rappareil restera comparable à lui-même, en le plaçant dans des con-
ditions identiques.
Mesureur d'énergie. Si, enire deux points A et B, on établit deux
circuits R et r, on aura ta relation ;
E
• = R
1 = 5.
r
On en tire :
E = Rî.
d'où
- ^'''^'' Ei = Rn.
L'énergie El est donc proportionnelle à R, qui est fixe, et à tl; elle
poarra donc être mesurée par un électro-dynamomètre dont les deux
bobines seront respectivement parcourues par les courants t et I.
Pour les courants continus, la mesure est rigoureuse.
Un théorème récemment énoncé par M. Brillouin semble indiquer que
cette méthode est aussi applicable aux courants alternatifs.
M. Bbillous (France) présente quelques observations, d'après
lesquelles son théorème ne se rapporte pas aux quantités mesurées par
l'appareil de M. Deprez; il est impossible d'en tirer aucune conclusion
relative à cette méthode. (Voir Annexe II, page 219.)
M, MoiLTON (Grande-Bretagne) demande qu'on aborde la discussion
de ta mesure des courants continus ou alternatifs de grande intensité.
I ' T.- • ''Il
M. JouBERT (France) appuie celte proposition, qui est adoptée.
Mp Joubert : Une métliode très simple pour mesurer les courants de
grande intensité, et qui s'applique aussi bien aux courants alternatifs qu'aux
courants continus, consiste à employer de la manière suivante l'éleclromètre
à cadran de Sir W. Thomson.
On supprime toute source étrangère d'électricité pour charger soit
raiguille, soit les cadrans; les deux paires de cadrans sont isolées, et l'une
d'elles est mise en communication électrique permanente avec Taiguille
également isolée,
La formule générale de réleclro mètre
dans laquelle d est la déviation de l'aiguille, Yj et Y, les potentiels
PREMIÈRE SECTION.
2H
des cadrans et V celui de l'aiguille, se réduit dans le cas actuel , où
La déviation est proportionnelle au carré de ^la différence des. potentiels
des deux cadrans, et, par suite, indépendante du signe de cette diffé-
rence.
Il suffit, pour déterminer la constance, de mettre les deux cadrans en
communication avec les pôles d'une pile d'éléments Daniell bien isolés et
d'observer la déviation correspondante. En faisant varier le nombre des
éléments, on s^assure que, dans des limites très étendues, la déviation est
bien proportionnelle au carré du nombre des éléments.
Fig. 22.
Supposons d'abord les cadrans mis en communication avec deux points
M et N d'un circuit traversé par un courant continu d'intensité I. Soient
Vj et V, les potentiels des deux points A et B, et R la résistance du con-
ducteur qui les sépare ; l'intensité du courant est donnée par la
formule
1=
R
B
en posant a
é
L'emploi du même instrument donnera facilement le travail con-
sommé dans un moteur électrique, un arc électrique ou tout autre engin
capable de transformer l'énergie électrique en quelque autre forme de
l'énergie. Il suffit de mettre les deux cadrans en communication avec deux
points M' et N' pris de part et d'autre du moteur, par exemple, que l'on
considère, et dont les potentiels sont Y/ et V/. Qans ce cas, il y a à con-
SIS CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
sidérer, outre la résistance R' du moteur en repos, la force électromotrice
inverse E dont il est le siège pendant le mouvemeiît ; l'équation devient,
en appelant à\ la nouvelle déviation
E + IR' = r, — V\ = aV^
rénergie consommée entre les deux points M' et N' a pour expression
I (E + IR') « Xl=lXî.(v',- v\) = gl/drfT
Si, au lieu d*un courant continu, on a affaire & des courants alter-
natifs se succédant à des intervalles petits relativement à la durée des
oscillations de l'aiguille, celle-ci, entraînée toujours dans le même sens,
quel que soit le sens du courant, prend une déviation fixe, proportion-
nelle & la moyenne des valeurs successives du carré de (V,-VJ. Cette
moyenne est celle que donnerait l'emploi des méthodes calorimétriques ou
de l'électro-dynamomètre.
L'emploi de l'instrument ainsi disposé ne le cède en rien, pour la sim-
plicité et la précision, à celui d'un galvanomètre pour les courants continus.
Rien n'est plus facile, avec une suspension bifilaire à écartement variable,
que de donner & l'instrument une sensibilité convenable. Une précaution
est indispensable : c'est de n'interposer entre les deux points M et N du
circuit que des résistances disposées de manière à éviter les effets secon-
daires d'induction. De gros charbons placés parallèlement et de manière
que le courant les traverse alternativement en sens inverse, conviennent
très bien pour les forts courants.
La même méthode donne un moyen très simple de déterminer le
coefficient de self-induction d'une bobine, à la condition de faire passer
dans le circuit un courant satisfaisant à la relation
i = ASin27c- .
On obtient facilement un courant de cette forme en faisant tourner une
bobine d'un mouvement uniforme dans un champ magnétique constant,
comme celui de la terre, ou au moyen de certaines machines magnéto-élec-
triques à courants alternatifs telles que la machine Siemens destinée à
la production de la lumière électrique, qui satisfait très exactement à cette
condition.
Si on appelle R la résistance de la bobine, L son coefficient de self-
induction, d la déviation çie l'clectromètre quand les cadrans sont en com-
PREMIÈRE SECTION. 213
munication avec les deux extrémités de la bobine, dl la déviation qui cor-
respond à une résistance rectiligne R' placée dans le même circuit, on a
R» d' '
et par suite
l'expression ne dépendant que de la durée de la période , des résis-
tances R et R' et du rapport des déviations de Télectromètre; le coefficient
L est obtenu en valeur absolue et peut Pétre avec une grande précision.
Sir W, Thomson (Grande-Bretagne). Deux questions viennent d'être
abordées par M. Joubert, la mesure des intensités et celle des potentiels,
particulièrement dans le cas des courants altematifs.
Pour la mesure des intensités, Télectro-dynamomètre de petite résis-
tance de M. Siemens me paraît un instrument également très commode et
très pratique.
Pour la mesure (des potentiels, dans le cas des courants altei^atifs, la
solution de M. Joubert est la seule exacte : elle est à l'abri des effets secon-
daires d'induction et donne rigoureusement la valeur de l'intégrale
Quant à la valeur du travail qui est donnée par l'expression :
C^Vdu
on pourra, en effet, la déduire rigoureusement de l'indication de Télec-
tromëtre, dans le cas d'une résistance fixe.
Lorsque la résistance du circuit est variable^ dans une lampe élec-
trique, par exemple, je ne connais, avec les courants alternatifs^ aucune
méthode qui donne
/(V,-V,)»Id^
Pour les courants continus, on se sert d'une bobine fixe d'un petit
nombre de tours, placée dans le cifcuit général, et d'une bobine mobile de
2,000 à 3,000 mètres dé fil fin branchée entre les points utiles du
circuit. Cette méthode n'est pas applicable aux courants alternatifs.
M. Marcel Deprez. J'ai présenté, il y a deux ans, à l'Académie des
214 CONGliÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
sciences un appareil îdeiitique à celui que vient de décrire Sir W. Thom-
son.
M. JouBERT. Il est certain que dans le cas d'une lampe dont la résis-
tance R' ne serait pas constante, la méthode que je viens d'indiquer ne
serait plus rigoureuse.
Sir W. TnoMSON. Pendant la période variable, la résistance utile
change beaucoup. Ce changement se produit aussi bien dans Parc voltaïque
que dans les lampes à incandescence ; la solution, à ce point de vue, n'est
donc pas complète.
M. LE PnÉsmENT pense que la question n'étant point de celles qui
entraînent un vote du Congrès, il y a lieu de clore la discussion en se
contentant d'insérer les communications au compte rendu.
M. Ratnaud (France) appelle l'attention de la Section sur l'intérêt
que présenterait l'adoption d'une durée fixe pour la mise en communica-
tion des condensateurs avec la source, dans les expériences où entrent les
capacités inductives spécifiques. Ainsi, dans les formulaires de télégraphie
sous-marine, on admet que la capacité inductive spécifique de la gutta-
percha. est 4^2. Cette valeur correspond-elle à une charge de 1 minute, de
d 5 ou de 10 secondes ? Ces diverses durées sont employées par les électriciens
dans les mesures relatives aux câbles. Il serait utile de connaître la capacité
inductive spécifique correspondant à ces diverses durées.
M. Wemer Siemens (Allemagne). La composition des gutta-percha
est très variable avec leur provenance, leur fabrication, etc.
Les capacités inductives spécifiques peuvent difl'érer d'un tiers.
On ne peut donc pas espérer avoir un coefTicient constant.
M. Heluholtz (Allemagne). Il faut distinguer dans les diélectriques
deux choses :
lo La qualité électrique définie par Faraday comme correspondant à
une polarisation moléculaire instantanée de la masse entière ;
2<* Le résidu électrique qui se produit par une sorte de conduction dans
l'intérieur.
Clerk Maxwell suppose que, dans un milieu isolant ou peu conducteur,
il existe des molécules plus conductrices où les électricités positive et néga-
tive se séparent. Si l'on décharge les armatures métalliques d'un condensa-
eur, ces molécules ne perdent que lentement leur charge et induisent de
nouveau de l'électricité à leur surface, c'est le phénomène résiduel.
Des expériences montrent que, pour le soufre et la paraffine, la durée
des charges, qu'elle soit de 1 seconde ou de 1 centième de seconde, est
sans influence. Pour le verre> au contrairç, il faut réduire cette durée à
PREMIÈUE SECTION. 113
1 millième de seconde pour que la valeur trouvée concorde avec les prévi^
sions de Maxwell sur la proportionnalité de la capacité inductive spécifique
au carré de l'indice de réfraction.
Parmi les fluides, la benzine possède un grand pouvoir isolant. Sui-
vant M. Hertz, elle ne présente pas de phénomènes résiduels quand elle
est bien sèche ; mais les moindres traces d'eau font apparaître les résidus
et semblent jouer le rôle des molécules plus conductrices dont on a parlé
plus haut. Du verre ou de la craie pilée, mis dans 'de la benzine, font éga-
lement apparaître des phénomènes résiduels. Dans ces conditions, on com-
prend que les phénomènes résiduels varieront pour la gutta-percha avec la
provenance, la fabrication, etc., et qu'on ne saurait donc définir la capacité
inductive spécifique de la gutta-percha.
M. Raynaud (France) insiste sur Tinlérêt pratique de sa question. Les
formules qui donnent théoriquement la capacité et la résistance d'un câble par
mille marin, dépendent de la capacité inductive spécifique, et cette capacité
varie avec la durée de la charge. Il importe donc que cette durée soit
toujours la même dans les expériences comparatives, et que l'on soit fixe
sur la valeur correspondante de la capacité spécifique du diélectrique
considéré.
M. RowLAND (États-Unis) a démontré que les cristaux homogènes ne
présentent pas de charge résiduelle.
M. James Moser (Allemagne). On peut préparer une plaque d'ébo-
nite dont les deux côtés sont chargés de quantités positive et négative iné-
gales. Ce fait ne semble pas concorder avec la théorie de Clerk-Maxwell,
mais il ne contredit pas celle de Faraday.
M. Sylvanus Thompson (Grande-Bretagne). On distingue, en Angle- .
terre, deux capacités inductives spécifiques. Avec la balance d'induction
statique de M. Gordon, en changeant 12,000 fois par seconde le sens
de la charge d'un condensateur à lame de verre, on trouve que la valeur
de la capacité inductive spécifique varie entre 2 et ft, tandis qu'avec
des charges et décharges lentes, M. Hopkinson a trouvé entre 3 et iO.
Dans les mesures pour les câbles il faut employer ces alternances
rapides.
Sir W. Thomson (Grande-Bretagne). Dans la pratique, il n'y a pas
de différence sensible entre la décharge lente et la décharge rapide. Des
expériences ont été faites avec une bouteille de Leyde dont les lames
sont représentées par de l'acide sulfurique et des tiges en plomb. Une
décharge durant moins de 1 millième de seconde était effectuée par une
balle frappant un plan élastique. La mesure des potentiels des résidus
S46
GOTïGRËS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Fig. 23.
confirme les idées de Faraday à rencontre de celles de Gaugain. Il n'y
a pas 1 pour 100 de différence entre une décharge durant 2 millièmes de
seconde ou une demi-seconde.
M. Helmholtz (Allemagne).
Ces explications lui font croire
qu'il n'a pas, jusqu'ici, compris
la théorie de Faraday. S'il y a
un résidu électrique entre les
plaques, il doit y avoir dans ce
phénomène autre chose que la
polarisation instantanée de Far-
aday.
Sir W. Thomson (Grande-
Bretagne). Je crois ne rien avoir
dit contre la théorie de Far-
aday. La capacité électro-star-
tique du verre, sans conduction,
varie seulement de 1 pour 100 dans les conditions indiquées.
M. Helmholtz (Allemagne). Les mots ont été employés dans des
sens différents. La capacité de la bouteille ou d'un câble souterrain est
égale à la charge totale divisée par la différence des potentiels. Dans
l'expérience décrite par Sir W. Thomson, on ne mesure que la décharge
instantanée.
Sir W. Thomson. Le résidu instantané est égal à zéro. J'ai fait autre-
fois des expériences très précises avec un condensateur à air et une bou-
teille de Leyde, et par une méthode qui parait la meilleure pour compaœr
la capacité des câbles.
Sur le fil connectif d'une pile et dans une portion ^rectiligne, on prend
trois points successifs équidislants A, et B (fig. 2/i). Les deux premiers
A et peuvent être mis en communication avec les deux armatures d'une
bouteille de Leyde ordinaire, les deux derniers et B avec les arma-
tures d'un condensateur à air.
On supprime les communications avec A et B et on réunit les deux
condensateurs par leurs armatures de signes contraires. Si les capacités
sont égales, la charge est nulle, et reste nulle quelle que soit la durée du
contact de décharge. Si les capacités ne sont pas égales, on rétablit l'éga-
lité des charges en choisissant convenablement es distances des trois
points A, 0, B.
Ces expériences ne réussissent bien qu'avec des bouteilles dont Tisole-
PREMIÈRE SECTION. S47
ment est parfait; la perte ne doit pas dépasser 50 pour 100 en six mois.
Quant à la charge résiduelle, elle se comporte de la manière suivante :
une fois la bouteille déchargée, si Ton isole les armatures, le potentiel
croit, passe par un maximum, puis diminue très lentement.
Si la bouteille a reçu d'abord une charge positive pendant plusieurs
semaines, puis une charge négative pendant vingt-quatre heures, et une
nouvelle charge positive pendant cinq minutes^ le potentiel résidu peut
même subir des oscillations alternativement positives et négatives.
Aç — ïVïïïRRr—
^'/p oi-^jiiSjift^ -^"ïnnrîir
~j^f^^
. Fig. 24.
M. Mascart. Avec l'assentiment de Sir William Thomson, je désire
ajouter quelques mots sur les travaux de Gaugain, auxquels il a été fait
allusion.
Gaugain a établi par de nombreuses expériences publiées à la suite
de son premier mémoire, et qui rectifient sa première opinion contestée
dans la séance, les deux propositions suivantes :
1* La charge d'un condensateur, pour une différence donnée de
potentiel, augmente avec la durée de communication à la source. Cette
charge n'est bien définie que si le contact est assez court. ^
2* La décharge dite in^antanéej c'est-à-dire celle qui correspond à
une communication des armatures pendant un temps qui peut varier
de -^ de seconde à 1 ou 2 secondes, est sensiblement constante et indé-
pendante de la charge, pourvu que la même différence de potentiel soit
atteinte dans tous les cas ; cette décharge instantanée correspond exacte-
ment à la charge courte.
L'excès de la charge totale sur la décharge instantanée représente,
si l'on met à part les effets de conduction, la charge résiduelle.
!18 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Sans entrer dans aucune considération théorique sur l'état et la consli-
tulion des diélectriques, je crois que ces résultats ne présentent aucune
contradiction avec les vues de Faraday et les expériences citées par Sir
William Thomson.
M, LE Président. La première Section vient d'épuiser son ordre du
jour et termine ainsi ses travaux. Je dois, avant de lever la séance, re-
mercier la Section de l'honneur qu'elle m'a fait en m'appelant au fau-
teuil. Je dois aussi rendre hommage à l'esprit de conciliation qui s'est
retrouvé dans toutes les discussions, et qui a rendu ma tâche si facile.
Sir William Thomson. Je crois être l'interprète de la pensée de la
Section tout entière en déclarant que les travaux ont été si heureusement
menés à bonne fin grâce à l'impartialité bienveillante de son illustre pré-
sidentj M. J.-B. Dumas.
M, LE Président. Je n'oublierai jamais, pour ma part, le spectacle
magnifique offert à la France par ce mémorable Congrès, et je' crois pou-
voir remercier en son nom les savants illustres qui se sont livrés dans cette
enceinte à toutes les improvisations de leur génie.
La séance est levée à midi cinq minutes.
ANNEXE I
NOTE DE M. 8T0LET0W.
Maintenant que nous avons si heureusement uni avec la question des uni tés,
je voudrais profiter du moment pour appeler l'attention du Congrès sur un
problème iotimeraent lié avecle premier. Le système des unités électro-magné-
tiques a été adopté comme le plus commode ; mais dans la science on ne sau-
rait se débarrasser définitivement de l'autre système : Télectro-statique, basé,
naturellement, sur les mêmes unités, le centimètre, le gramme et la seconde. En
déterminant avec toute la précision possible le rapport entre ces deux systèmes
d'unités, on rendrait justice à cet autre système, mais encore ferait-on quelque
chose de plus : ce serait contribuer à Téclaircissement de l'un des plus beaux
problèmes de la physique moderne.
Les rapports entre les unités correspondantes des deux systèmes s'expri-
ment, on lésait, à Faide d'une certaine vitesse. D'après la théorie ébauchée par
feu Clark-Mawell et reprise par M. Helmholtz, ce serait la vitesse de la propa-
PREMIÈRE SECTION. SI9
gatioD des effets électro-magnétiques dans le milieu où se font nos expériences,
(dans Pair), ou bien, ce qui est ici à peu près la même chose, dans le yide
(réther). Or, tout porte à croire que cette vitesse n'est autre chose que la vitesse
de la lumière, relation qui parait exister aussi pour d'autres milieux diélectri-
ques et qui constitue le point de départ d'une nouvelle branche de physique,
Télectro-optique.
Après les premières recherches sur cette vitesse électro-magnétique faites
en 1856 par Weber et Kohlrausch, plusieurs physiciens se sont occupés des expé-
riences de ce genre, et dans ce moment nous avons un nombre de résultats qui
tendent de plus en plus à confirmer l'identité que j'ai indiquée. Hais pour tran-
cher définitivement la question, il faut d'autres conditions que celles où se
trouve un savant isolé dans un laboratoire ordinaire. L'électro-dynamique offre
plusieurs méthodes pour déterminer la vitesse de la lumière, en supposant que
c'est la même chose, méthodes plus faciles et plus exactes peut-être que celles
qui sont prêtées par l'optique et l'astronomie. Mais il s'agit des mesures
exactes de longueur, de temps et de résultats électriques. Moi-même je suis
depuis quelques années engagé dans ce genre de recherches, et je sais par expé-
rience combien la tâche est difOcile.
Maintenant que nous allons avoir une Commission internationale pour
déterminer la valeur de l'ohm, n'y aurait-t-il pas lieu de profiter de l'occasion qui
se présente? N'y aurait-il pas lieu de recommander à cette Commission de faire
une détermination exacte de la vitesse électrique, ou bien de prêter son secours
et son appui à ceux qui voudraient s'engager dans ces recherches? Un but essen-
tiellement pratique — une fixation de l'unité de résistance, — tel est le point
de départ de la Commission; c'est là son premier devoir direct, sa raison d'être;
mais nous n'aurons qu'à gagner, si un autre problème purement scientifique,
mais qui se rattache naturellement au premier, peut être résolu ou du moins
facilité à côté de celui-ci.
ANNEXE II
NOTE DE H. BBILLOUIN
11 s'agit de mesurer l'intégrale | lEdt. Pour cela on cherche un appareil
qui donne la valeur moyenne ( —f I E dt\ en sorte que le produit de l'indica-
tion de l'instrument par le temps fournit la valeur demandée. M. Deprez se
sert de l'électro-dynamomètre, en plaçant une des bobines, de faible résistance,
dans le circuit principal, et l'autre, de très grande résistance, en dérivation.
Lorsque les deux courants, principal I etdérivé t, sont constants, l'appareil me-
no CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
1 ri
sure — I lidt^ quantité proportionnelle à celle qu'on yeut connaître. Mais
tj
lorsque les deux courants I, % sont variables, on ne sait plus à quoi correspond
1 n
la quantité —\ liât que mesure Tinstrument.
Lorsque des courants périodiques trayersent des circuits sans capacité, j'ai
établi que le partage des quantités d^èlectricitè pendant une période suit les lois
d'Ohm ; c'est-à-dire, dans le cas particulier, que l'on a, malgré l'induction.
Tr^'''-i''f?'''
r, résistance du circuit dérivé,
i, intensité qui le traverse,
E, àifférence de potentiel entre ses deux extrémités, à quelque cause qu'elle
soit due,
T, durée d'une période.
1 C'^
Mais il est impossible d'en tirer aucune relation entre l'intégrale y / E I cft
que l'on veut connaître, et celle — r/ ildt que l'on mesure. (Il faut ex-
T J
cepter le cas particulier, d'ailleurs dénué d'intérêt, où, i étant seul variable
périodiquement, I serait constant, auquel cas les deux intégrales seraient
égales).
COMMISSION DES UNITÉS ÉLECTRIQUES
PREMIÈRE SÉANCE
16 Beptembre 1881
PRÉSIDENCE DE M. J.-B. DUUAS
M. LE P&ÉsiDENT déclare la séance ouverte à deux heures dix mi-
nutes.
M. LE Paésident invite Messieurs les Membres de la Commission à
vouloir bien formuler leurs propositions par écrit, afin que les discussions
puissent porter sur des textes précis.
M. RàYN^UD (France) désire donner quelques renseignements au sujet
de Tallusion faite par M; Wiedemann à un vote international qui aurait
décidé Tadoption de Tunité Siemens. A la Conférence des administrations
télégraphiques, tenue à Vienne en 1868, M. Von Chauvin, dans la dernière
séance, appela, d'une façon tout à fait incidente, Tatlention des membres
sur l'utilité d'expériences comparatives sur les fils télégraphiques, et proposa
de prendre à cet eflet l'unité Siemens. Il n'y eut pas de discussion, il ne
s'agissait que d'un vœu. Les administrations se sont considérées comme
tellement peu engagées par ce vœu que, dès l'année suivante, la question
étant venue en discussion devant la Commission de perfectionnement des
télégraphes de France, M. Gaugain, rapporteur, conseillait de prendre
comme unité celle qui était le plus généralement adoptée par la pratique
dans les divers pays. En fait, ce sont les besoins de la télégraphie sous-
marine qui ont fait employer les unités Siemens, tant que l'on s'est trouvé en
rapport avec cette maison, et les unités B A du jour où l'on a dû traiter
avec d'autres maisons. Actuellement, les mesures relatives à la majeure
partie des câbles posés, sont exprimées en unités B A. Ce qui est dési-
rable, ce n'est point l'adoption de telle ou telle unité, mais bien l'adoption
âîî CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
d'une unité commune, choisie de façon à ne point introduire de coefficients
numériques dans les calculs qui se présentent chaque jour. Mais il ne
faudrait pas accorder une portée qu'il n'a point au vote de la Conférence
de Vienne de 1 868,
M, Clausius (Allemagne) dit qu'il faut faire une grande différence
entre la théorie et la pratique. La théorie distingue, en électricité, deux
sortes de forces : les unes sont indépendantes des mouvements électriques et
se déduisent aisément par les considérations de potentiel qu'ont introduites
Laplace, Poisson et surtout Green; les autres dépendent du mouvement
de l'électricité, et leur étude conduit à une fonction, dite potentiel électro-
dynamique, qui doit être traitée d'une tout autre manière. On peut passer
de Tune h Tautre de ces e.spèces de forces au moyen d'un coefficient qui a
été déterminé par Weber, et qui paraît avoir un lien étroit avec la vitesse
de la lumière.
Jlalgré les quelques difficultés que soulève la considération des forces
électromotrices, les phénomènes d'électro-statique et ceux relatifs aux
courants galvaniques sont relativement simples. Il n'en est plus de même
pour les phénomènes de magnétisme et d'induction, et l'on peut se deman-
der à laquelle de ces deux classes de phénomènes on demandera la défini-
tion des unités fondamentales. Weber a choisi les phénomènes magnétiques
pour se rattacher aux unités mécaniques, mais il est plus commode de
prendre les phénomènes électro-statiques; on a immédiatement une défini-
tion de la quantité d'électricité, et, en y joignant la notion du temps, on a la
définition de T intensité, c'est-à-dire le moyen d'aborder l'étude des cou-
rants. De là on passera à Télectro-dynamique au moyen du facteur de
Weber. La théorie se trouve donc satisfaite.
Quant à la pratique, il est certain qu'il faut avoir des unités qu'il soit
aisé de reproduire et de comprendre; et, en ce sens, il n'y a rien de mieux
que r unité de résistance Siemens et l'unité d'intensité déterminée par la
mesure d*une action chimique dans un voltamètre.
M. Clausius se réserve d'ailleurs de soumettre des propositions écrites
à la Commission.
M. Maurice Lévt (France) accepte les considérations théoriques expo-
sées avec tant d'autorité par M. Clausius, en ceci que les phénomènes élec-
tro-dynamiques sont d'une nature plus compliquée que les phénomènes élec-
tro-statiques. Il ne s'agît pas de déterminer ces forces soit électro-statiques,
soit électro-dynamiques, mais seulement leurs dimensions, et de désigner
Tunité de longueur, Tunité de temps et l'unité de masse. Or ceci peut se
trouver lout aussi facilement pour les forces électro-dynamiques que pour les
COMMISSION DES UNITÉS ÉLECTRIQUES. St3
forces électro-statiques, et il est très facile de passer des unes aux au-
tres au moyen d'un simple coefficient qu'on sait être une vitesse.
Quelques membres ont demandé si le moment était bien venu d'é-
tablir des étalons de mesure, et si les connaissances que l'on possède
actuellement en électricité n'étaient pas insuffisantes pour que Ton pût faire
des déterminations exactes. C'est là un raisonnement qui pourra toujours se
faire, car toujours les méthodes iront en se perfectionnant : on ne s'est pas
arrêté devant de pareilles difficultés quand il s'est agi de créer le système
métrique. A l'approximation que l'on pouvait obtenir à cette époque, le
mètre représentait la quarante-millionième partie du méridien. Nous savons
aujourd'hui que cette évaluation n*est pas rigoureuse, et nous nous bornons
à exprimer la longueur du méridien en mètres au moyen d'une légère cor-
rection numérique. Il en sera de même pour les étalons électriques et leur
utilité ne sera en rien diminuée parce que leur mode d'attache aux unités
fondamentales cessera d'être décimal.
M. WiBDBMANN (Allemagne) demande que l'on remplace le nom
d'unités absolues par celui d'unités rationnelles. Tout système est rationnel
qui est fondé sur la considération de trois unités fondamentales. La véri-
table différence entre le système dit absolu et le système des unités prati-
ques, est que les unités fondamentales ont été choisies, dans l'un en vue des
recherches scientifiques, et dans l'autre en vue des applications; et c'est là la
véritable voie dans laquelle on doit rester.
Les questions que devrait décider la Commission sont les suivantes :
l"" Quelles unités fondamentales on empbiera pour la théorie ? Cela
fait, tout le reste du système s'en déduira, unités électro-statiques et unités
électro-magnétiques.
2* Quelles unités fondamentales on emploiera pour la pratique?
S"* Enfin ; Quels sont les étalons les plus commodes à reproduire de ces
diverses unités et en même temps les plus durables ? Mais, quelle que soit la
façon dont cette dernière question sera résolue, les deux systèmes de mesure
devront être conservés : leur existence et leur emploi n'ont rien à voir avec
la matière ou la nature des étalons.
M. le professeur Eveeett (Grande-Bretagne) est également d'avis que
les deux systèmes ont une égale importance théorique; mais il ajoute que,
dans Tapplication, ou l'on ne s'occupe guère que de courants, le système
électro-magnétique est d'un usage bien plus fréquent, et que par suite il
mériterait la préférence.
M. le professeur Stoletow (Russie) fait remarquer qu'au point de vue
de la simplicité, les deux systèmes se valent, car chacun d'eux est plus
m CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
commode que T autre, quand on s'occupe de phénomènes de même nature*
D'ailleurs ils devraient être gardés tous deux pour rappeler le lien qui sem-
ble e^tister entre rélectricité et la lumière. Encore pourrait-on accorder une
certaine préférence au système électro-magnétique pour ne pas rompre avec
tes travaux de T Association britannique et pour tenir compte des besoins de
la pratique. Mais peut-être serait-il bon,, tout en conservant comme unité
VOhm théorique, de faire avec le mercure des étalons plus précis. Si Ton
adoptait Tunité Siemens, on abandonnerait la base scientifique du sys-
tème, et ce n'est pas désirable.
M- SpoTTiswoODB (Grande-Bretagne) donne lecture de quatre
propositions présentées par Sir William Thomson, par M. Moulton et par
lui :
i^ On doit établir des étalons matériels pour les mesures élec-
triques;
2** Les unités seront basées sur le système métrique;
3° Le système électro-magnétique est par lui-même d'une importance
capitale dans les mesures électriques, et les unités destinées à la pratique
doivent être fondées sur les actions électro-magnétiques;
4** Les étalons approchés, établis par les mesures faites par TAssocia-
tion britannique sur les résistances absolues, doivent être soumis à de nou-
velles expériences dont il résultera des étalons plus voisins de la définition
théorique.
M, le professeur Ayrton (Grande-Bretagne) demande si Ton veut
créer un système rationnel. Or le système BA est le seul rationnel qui existe.
Les eiTOurs qu'on lui reproche ne sont que des erreurs d'expérience, comme
i! s'en produira toujours, et ne sont pas des objections contre le système
lui-même. Que si on allègue la commodité de la reproduction, on n'aura
qu'à prendre une colonne de mercure ayant à peu près lOi centimètres
au lieu de 100 pour obtenir TOhm, et l'on reste alors dans un système
scientifique. M. le professeur Ayrton dit qu'il appuiera les propositions de
Sir William Thomson, car le système BA permet seul, ce qui est de la plus
haute importance, d'obtenir aisément les relations entre le travail méca-
nique et les quantités électriques; bien plus, il pense que peut-être le jour
n'esi plus éloigné oii les ingénieurs renonceront à évaluer le travail en che-
vaux^vapeur pour adopter Tunité rationnelle qui estl'ergf, et qui les débar-
rassera de tout facteur numérique.
M. MonLTOiV (Grande-Bretagne) estime qu'il faut prendre les questions
successivement; on n'a en réalité que peu de points à décider, car tout le
monde admet la nécessité d'avoir des étalons, tant pour la théorie que pour
t
COMMISSION DES UNITÉS ÉLECTRIQUES. 225
ia pratique, et de les avoir aussi durables que possible. De plus, tout le
inonde est d'accord sur l'emploi du système métrique. La troisième ques-
tion est plus délicate, car il n'est pas facile de satisfaire les savants, et il
D*est pas aisé de décider si Ton doit prendre le système électro-statique
ou le système électro-magnétique. Cependant il n*y a pas de moyen
terme et il faudra bien qu'un vote de la Commission tranche la question ;
pour lui, considérant d'une part l'importance pratique des mesures élec-
tro-magnétiques, d'autre part la difTiculté d'avoir des étalons électro-stati-
ques, il espère que le système électro-magnétique sera adopté.
Admettant qu'il en soit ainsi, quelles raisons pourraient avoir les
savants de renoncer aux mesures absolues? On doit songer à l'avenir. Si
l'on établit maintenant des unités rationnelles de grandeurs commodes pour
la pratique, il y a lieu de croire qu'elles seront adoptées à jamais. Mais si
on recule devant ce travail, il sera fait plus tard; et tandis que maintenant,
au moment où la science électrique commence seulement à se développer,
la réforme est aisée, elle sera très difficile et très gênante à appliquer plus
tard.
On dit que l'unité Siemens est facile à reproduire dans le laboratoire ;
il n'en est rien, et mettant en dehors toute la peine que Ton a à calibrer le
tube de verre, à le mesurer exactement, à purifier le mercure, etc., ce
sera toujours un étalon bien fragile. Quelle est la raison d'ailleurs qui
empêche de reproduire VOhm par ce même procédé?
En résumé, le travail de l'Association britannique a déjà été très utile,
mais des erreurs ont été commises qui ne peuvent plus être admises en
l'état actuel de la science. Il faut donc faire une détermination nouvelle et
créer une unité aussi voisine que possible de la vérité.
M. Masgart (France) croit devoir répondre à certaines observations
faites, dans la séance du matin, sur le kilogramme des Archives, par
M. Broch en particulier. II est bien vrai que le kilogramme des Archives,
accepté comme étalon légal, ne répond pas d'une manière absolue à la
définition théorique et doit, à ce point de vue, être considéré comme un
étalon indépendant. Toutefois, Terreur commise par les fondateurs du
système métrique est certainement très petite, absolument négligeable dans
la pratique industrielle et même dans le plus grand nombre des questions
scientifiques. On doit donc considérer le kilogramme comme réellement
rattaché au système métrique.
Au contraire, si la Commission internationale du mètre s'était trouvée
en présence d'un étalon manifestement en erreur d'une quantité notable,
il est probable qu'elle ne l'eût pas accepté.
45
Î26 CONGRÈS INTÇRNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
II en est de même pour les mesures électriques. On doit donner à
rindustrie des unités rattachées au système absolu avec un degré
d'approximation tel, que la différence soit négligeable dans la pratique,
tout en se réservant d'en déterminer la valeur avec toute l'exactitude que
comporteront les progrès successifs des méthodes scientifiques.
M. le professeur Govi (Italie) ne peut accepter l'interprétation que
M. Mascart donne à la décision de la Commission internationale du mètre.
Ce n'est pas parce que l'on croyait le kilogramme des Archives exact
qu'on l'a conservé, mais bien parce qu'on ne voulait porter aucune atteinte
au système métrique tel qu'il existe. Bien au contraire, la Commission se
propose de reprendre cette question dès qu'elle en aura les moyens, et de
faire connaître le poids vrai d'un décimètre cube d'eau en fonction du
kilogramme des Archives.
Sir William Thomson (Grande-Bretagne) ne croit pas le kilogramme
des Archives aussi mauvais que le dit M. le professeur Govi. Les résultats
obtenus par M. Miller, l'un des expérimentateurs les plus minutieux qui
aient jamais existé, lui accordent au contraire une précision très grande,
suffisante non seulement pour les besoins de la pratique, mais encore pour
ceux de la science. La densité de l'eau à 4 degrés n'est pas 1, mais 1,00013.
Revenant à la question des unités, sir William Thomson déclare que
la première des propositions déposées par M. Spottiswoode est indiscutable.
Relativement à l'établissement des étalons, deux questions se posent,
car on a à considérer la reproduction de l'étalon légal et la fabrica-
tion commode des copies de cet étalon.
Pour l'étalon légal on pourra employer la méthode de M. Siemens,
car on peut faire avec une très grande exactitude des déterminations de
longueur et de poids, et par ces moyens on peut très bien calibrer un tube.
On peut aussi purifier très complètement le mercure. On sera donc amené
à demander : comment faire l'étalon légal le jour où il sera établi que
l'on obtient des résultats plus sûrs par la méthode Siemens que par
l'emploi d'un fil. Mais c'est là affaire d'expérience seulement.
Pour la seconde proposition : // devra se rapporter au système mé"
trique^ tout le monde est d'accord.
Quant à la troisième proposition, le système électro-magnétique pré-
sente une très grande importance d'application; l'orateur rappelle déplus
que quiconque a pratiqué ces mesures sait qu'il est difficile d'avoir de
bons électromètres, tandis qu'une simple boussole de tangentes, un ins-
trument très ordinaire, permet à un opérateur, même peu exercé, d'obte-
nir très exactement la mesure absolue des courants. Aussi le système élec-
COMMISSION DES UNITÉS ÉLECTRIQUES. 227
tro-magnétique doit-il être conservé, ne fût-ce qu'en raison de remploi si
étendu des machines dynamo-électriques ; un grand progrès sera réalisé
le jour où Ton sera capable de mesurer Tintensité, dans le champ magné-
tique, d'une machine dynamo-électrique, et il n'y aurait aucun intérêt à
échanger les unités actuelles (BA) contre d'autres dans lesquelles l'ap-
proximation ne serait pas plus grande; mais, dans l'unité à établir, il faudra
s'approcher autant que possible de l'unité théorique indiquée par la théorie
de l'électro-magnétisme.
Enfin on a dit que l'unité Siemens était plus aisée à comprendre; mais
une « vitesse de 1 centimètre par seconde » parle plus à l'esprit qu'une
(c colonne de mercure de 1 mètre de long et 1 millimètre carré de
section. »
M. Raynaod dît que puisque la question est posée sur la permanence
des étalons actuels, on pourrait en peu de temps obtenir des indications
précieuses. Il faudrait reprendre les expériences de l'Association britan-
nique dans les mêmes conditions, avec les mêmes appareils, avec les
mêmes coefficients et les mêmes corrections, qu'elles soient exactes ou non.
On obtiendrait ainsi le moyen de mesurer à nouveau tous les anciens
étalons, de voir quel est celui d'entre eux qui a le moins varié, et on
ferait des étalons provisoires semblables à celui-là.
M. le D' William Siemens (Grande-Bretagne) pense qu'il ne peut y
avoir hésitation sur la question du mètre et que l'emploi d'un système scien-
tifique s'impose; il croit que le système électro-magnétique est préférable
au système électro-statique ; mais, avant tout, il faut mettre en harmonie
les diverses parties de ce système et en éliminer les erreurs autant
que possible. Une nouvelle détermination paraît donc nécessaire.
Les étalons BA, faits d'une matière solide, sont sujets à de graves *
objections, puisque leur constitution moléculaire change par l'elTet des
courants, de la température et même du temps. Au contraire, la constitution
moléculaire du mercure ne change pas, et l'on peut purifier aisément ce
métal par la distillation. On ne peut répondre qu'il est inutile de reproduire
les étalons, qu'on les conservera dans quelque dépôt et qu'on en fera des
copies ; un étalon doit être durable et ceux faits d'un métal solide varient :
il faut donc pouvoir reproduire l'étalon. Il n'y a pas opposition entre les
deux sortes d'unités; il faut donc un système scientifique fondé sur un
étalon aisé à reproduire.
M. Ayrton fait remarquer qu'il y a deux questions bien différentes .
l'Association britannique â essayé de combiner des unités ; la Commission
actuelle s'occupe de construire des étalons de ces unités. On doit donc
224 CONGRÈS INTERNATIONAL DBS ÉLECTRICIENS.
décider à part quelle sera l'unité et quel métal servira à réaliser matériel-
lement cette unité,
M. Glâusius dit que sans doute il est plus aisé de faire des mesures
électro-magnétiquesy mais que cet avantage est secondaire si Ton distingue
l'unité scientifique de l'étalon pratique,
La théorie d'Ampère avait l'avantage de relier les phénomènes
électriques et les phénomènes magnétiques, mais par un lien assez com-
pliqué.
Si Ton veut conserver cette théorie, il est rationnel de commencer par
les phénomènes électro-statiques. M. Glausius annonce qu'il soumettra des
propositions à la Commission, et demande que Ton ne prenne point de
décision immédiate relativement au choix d'un système.
M. LE Président met aux voix la première des propositions déposée
par M. Spottiswoode, ainsi conçue :
On doit établir des étalons matériels pour les mesures électriques.
Sur la proposition de M. Wbbner Siemens, la discussion sur cette
proposition est ajournée.
La deuxième proposition, ainsi conçue :
Les unités seront basées sur le système métrique^
est mise aux voix et adoptée.
M. le professeur Helmholtz (Allemagne) fait remarquer que, dans
les mesures électro-statiques, les forces observées dépendent du pouvoir
inducteur spécifique du milieu à travers lequel se produit l'induction
électrique et que, dans les mesures électro-magnétiques, elles dépendent
des qualités magnétiques du milieu dans lequel se fait l'induction électro-
dynamique.
Après ces observations, la troisième proposition est ajournée.
Sur la proposition de M. le Président, la Commission décide qu'elle
tiendra séance le lendemain samedi 17 septembre, à deux heures.
La séance est levée à quatre heures.
DEUXIÈME SÉANCE
17 septembre 1881
PRESIDENCE DE M. J.-B. DUMAS
M. LB Prjésident déclare la séance ouverte à deux heures.
M. LB PaÉsiDBNT cxpliquc qu'il serait trop long de lire le procès-
verbal de la séance précédente, mais que chaque orateur recevra commu-
nication de la partie qui le concerne.
Sir William Tqohson (Grande-Bretagne) annonce qu'il est chargé de
présenter à la Commission quelques propositions qui ont obtenu l'assenti-
ment de plusieurs membres, et en premier lieu un projet de déclaration de
M. le professeur Everett. (Voir Annexe I, page 236.) On ne saurait douter
que l'application du système C. G. S. à toute espèce d'unités ne présente
les plus grands avantages; les diverses quantités se définissent d'elles-
mêmes, sans qu'il soit besoin de noms pour les distinguer et sans qu'il
puisse y avoir ambiguïté. 11 arrive fréquemment que l'on rencontre, et
surtout dans les traités élémentaires, des nombres représentant , par
exemple, des conductibilités calorifiques absolues ; mais ces nombres n'ont
de sens que si Ton définit en même temps les unités fondamentales dont on
a fait usage, et^ la plupart du temps, cette précaution indispensable est né-
gligée, parce que les nombres ont été simplement copiés dans des traités
d'ordre plus élevé. Au contraire, la proposition de M. le professeur
Everett a précisément pour objet d'insister sur la nécessité de toujours
faire connaître les unités fondamentales : pour les théoriciens, elle clora la
question, car les hommes de science ne seront jamais embarrassés de ra-
mener leurs calculs aux unités courantes. Cette proposition ne contient
d'ailleurs qu'une recommandation, qu*un conseil que l'on peut mettre en
tête dû programme, sans préjuger en rien les résolutions à. prendre ulté-
rieurement.
M. Mascart (France) donne lecture d'une note au nom de M. Nys-
Î30 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
trôm, retenu dans une autre section ; le terme ce întensilé du courant » lui
paraît tout à fait impropre et il propose de supprimer le mot, ainsi que
l'unité relative h. cet élément électrique, et de ne retenir que la notion de
quantité, sauf à faire usage de deux étalons de quantité, le microfarad et
le millifarad (^= 1.000 microfarads), suivant qu'il s'agit d'électricité sta-
tique ou d'électricité dynamique. On n'aurait plus alors que trois unités :
celle de réi^istance, celle de force électromotrice et celle de quantité. (Voir
Annexe II, page 237-)
M. le professeur Evkrett (Grande-Bretagne) demande que l'on ajourne
la discussion sur la note de M, Nystrom, laquelle ne se rapporte pas tout
à fait à la question présente.
Sur la demande de plusieurs membres, M. Masgart relit la proposi-
tion de M. Everett.
M. MouLTON (Grande-Bretagne) se demande si c'est bien au com-
mencement du programme de la Commission que la déclaration de
M- Everett doit trouver sa place, et s'il ne conviendrait pas de la mettre
plutôt à la fui.
M, Mascaht dit que cette déclaration est le véritable préambule des
propositions de la Commission, et demande qu'on la maintienne en tête.
Sir \Villiam Tuomson appuie les observations de M. Mascart.
M. le professeur Forster (Allemagne) dit que les sujets soumis à
l'appréciation de la Commission sont trop importants pour que l'on puisse
prendre une décision sans avoir mûrement examiné les propositions; il
demande en conséquence que les votes de la Commission ne soient pas dé-
finitivement acquis, mais qu'après Timpression des propositions et leur dis-
tribution aux membres, il soit procédé à un nouveau scrutin.
M. LE Présjde:^! répond que les votes de la Commission sont forcé-
ment provisoires, et que c*est à la Section seule et même au Congrès qu'il
appartient de prendre une résolution,
M, Govi (Italie) dit que les propositions qui seront présentées devant
le Congrès avec Tautorité de la Commission ne peuvent être votées à la
légère par celle^si, et qu'il serait préférable que la Commission eût con-
naissance de ces propositions avant d'être appelée à se prononcer définiti-
vement.
M. Dumas (France) accepte la manière de voir de MM. Fôrster et Govi.
M. Maurice Lévy (France) trouve trop généraux les termes de la dé-
claration Everett; en eflet, le système C. G. S., excellent en électricité, ne
saurait s'appliquer aussi bien dans les questions mécaniques. Il n'est pas
acceptable pour la France, non plus que pour les autres pays qui se sont
COMMISSION DES UNITÉS ÉLECTRIQUES. Î3I
rattachés au système métrique français. En effet, le système C. G. S. ne se
rattache pas à ce système ; il constitue un système métrique nouveau, qu'on
pourrait appeler le système métrique de T Association britannique, et qui
n'est pas celui de la Convention nationale. Dans ce dernier cas, si le cen-
timètre est pris pour unité de longueur, l'unité de masse correspondante
n'est pas du tout la masse d'un centimètre cube d'eau distillée à lli%i, mais
bien la masse de 980,88 centimètres cubes. La différence est donc grande.
Si l'Association britannique veut accepter cette dernière unité de
masse, elle^ trouvera l'avantage de faire disparaître les unités spéciales
(la dyne et Verg) qu'elle a été obligée de créer pour la force et le travail.
Son système d'unités électriques serait réellement rattaché au système mé-
trique, au vrai système, celui qui est adopté aujourd'hui par toutes les na-
tions de l'Europe, sauf l'Angleterre. Ainsi modifiée, la^ proposition de
M. Everett ne pourrait qu'être accueillie.
Sinon, M. Maurice Lévy estime qu'il ne faut adopter les unités C. G. S.
que spécialement pour l'électricité, sauf à leur laisser faire d'elles-mêmes
la conquête des autres branches de la science, la conquête du commerce
et de l'industrie, si leurs avantages sont réels. Mais il est à prévoir qu'elles
ne s'imposeront pas ailleurs qu'en électricité.
Sir William Thomson dit que, dans le but de lever toute objection et
avec l'assentiment des auteurs de la proposition Everett, il propose, d'après
l'avis de M. Mascart, de désigner le système sous le nom de système
centimètre-gramme (masse)-seconde. Il fait observer, d'ailleurs, que la pro-
position Everett ne faisait point mention des unités mécaniques; enfin
il ajoute que le gramme n'est point une unité de force, mais une
unité de masse, et que rien n'est plus habituel que les mesures de masse,
les pesées ayant pour objet de déterminer non des forces, mais des
masses.
M. le professeur Fôrster, complétant sa première proposition, de-
mande que le rapport qui devra être présenté à la Section au nom de la
Commission, ne soit adopté et arrêté définitivement, que lorsqu'un projet
imprimé aura été distribué aux membres de la Commission et soumis à leur
examen.
M. LE Président répond que la chose est bien entendue, et que les
lectures actuelles sont seulement préalables et destinées à faire connaître
l'opinion des différents membres de la Commission, toute détermination
étant remise après l'impression des propositions.
M. Maurice Lèvy dit que la modification apportée par M» Mascart à la
dénomination du système C. G. S. ne porte nullement sur les objections qu'il
S9i CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
a présentées précédemment. Il a toujours compris que le gramme était
pris comme unité de masse, et c'est parce que le choix d'une pareille unité
de masse rend le système C. G, S. peu susceptible d'entrer dans les usages
de la mécanique, du commerce et de l'industrie, qu'il avait proposé une
autre unité de masse. Il maintient donc toutes ses précédentes obser-
vations.
M. le professeur Everetx répond que tous ces points n'ont pas be-
soin d*être décidés de suite,
M, M A se ART insiste sur ce point, que le vote de la Commission est
essentiellement provisoire, et qu'il n'appartient qu'à la Section ou même
au Congrès de prendre une résolution définitive.
M. LE PaÉsiDENT Eppuie les observations de M. Mascart.
Sir William TuoMso?r propose, au nom d'un certain nombre de ses col-
lègues et au sien, de conserver les défuiitions actuelles del'OAm eldiiVoU,
pour ne point changer les habitudes reçues. Ces expressions resteraient
donc égaies k 10' et 10' unités C. G. S.
M. Glausids (Allemagne) dit qu'à son grand regret il n'a pu assister
à la réunion oîi ont été arrêtées les propositions que présente Sir William
Thomson, Il n'est donc pas au courant de la question, et il demande que
Ton donne lecture de Tensemble des propositiohs arrêtées dans cette
réunion,
M, Masgaut Ut le texte de six propositions préparées, dans une
^ réunion préliminaire, par Sir William Thomson et un certain nombre
d'autres membres de la Commission, qui complètent les quatre autres pré-
sentées la veille par MM, Spottisvvoode, Moultonet sir William Thomson*
(Voir le texte des six propositions, Annexe n** III, page 238.)
M, MouLTON demande que le texte des six propositions soit imprimé
et distribué*
M- le professeur Govi dépose une proposition supplémentaire.
(Voir le texte, Annexe n^ IV» page 239.)
M, le professeur Wiedemakx (Allemagne) dépose une proposition
supplémentaire.
(Voir le texle, Annexe n** V, page 239.)
M, le professeur Clausius dit qu'il n'est point parlé, dans le texte lu
par M. Mascart, de la confection des étalons. Il désirerait savoir si l'on a
accepté ou non les étalons de mercure.
Sir William Tuomsox propose, en réponse à la question de M. Clau-
sîus, que l'étalon de définition soit fait d'après la méthode de M. Siemens,
et consiste en une colonne de mercure de i millimètre carré de section et
' COMMISSION DES UNITÉS ÉLECTRIQUES. 233
de longueur déterminée. Il demande seulement que cette longueur soit
définie simplement^ et cela, sans attendre les résultats des déterminations,
qui demanderont un temps considérable. Gomme on ne peut rien dire de
certain relativement aux étalons B A, le mieux est de donner une défini-
tion géométrique de l'étalon.
M. Glausics demande quel sera rétalon légal : l'étalon Siemens ou
rétalon de l'Association britannique.
M. Masgart dit que, dans la réunion préliminaire, on paraissait d'ac-
cord sur les points suivants : l'unité légale de résistance doit être aussi
voisine que possible de l'unité théorique, mais elle doit être définie d'une
façon expérimentale. En employant une colonne de mercure de 1 milli-
mètre carré de section et de 104 centimètres de longueur, on s'écartera de
l'unité absolue de moins de 0,01, ce qui satisfait à la première condition;
et on aurait une définition qui permettrait, dans la pratique, de faire faci-
lement des vérifications expérimentales, ce qui est la seconde condition.
Sir William Thomson ajoute qu'il serait expressément spécifié que
celte colonne de mercure est un étalon, mais non pas un ohm ; on pourrait
même, pour bien accentuer cette distinction, donner un nom à l'étalon,
celui d'étalon mercuriel, par exemple.
M. Glausius répond que si l'on avait adopté pour cet étalon mercuriel
une colonne de 1 mètre de longueur, il aurait pu se dispenser de déposer
un contre-projet ; mais que, dans l'état de la question, il soumet à la
Commission une série de propositions, dont il est donné lecture.
(Voir le texte des propositions de M. Glausius, Annexe n« VI,
page 239.)
Sir William Thomson dit que le système électro-statique que préfère
M. Glausius présente de grandes difficultés d'application. De plus, on ne
connaît pas bien exactement le facteur qui permet de passer de ce système
au système électro-magnétique, et comme, en fait, ce dernier est de beau-
coup le plus important pour les mesures pratiques, il est préférable de
prendre, pour les unités, des définitions en rapport avec les usages habi-
tuels de ces unités.
M. le professeur Fôrster pense que la question soulevée par M. Glau-
sius rend plus que jamais nécessaire un examen approfondi : il est indis-
pensable que les propositions soient imprimées et distribuées avant que la
Commission puisse procéder à une discussion définitive.
M. le professeur Helmholtz : Dans la réunion préliminaire, on a été
généralement d'avis que, la permanence électrique des mélaux solides
étant fort douteuse, il était nécessaire de revenir au mercure pour la défi-
m CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
nilion de Télalon* Mais le mercure doit être observé dans le verre, ce qui
constitue un appareil bien fragile et, par suite, bien peu durable. De plus,
il n'est pas sûr que le verre ne subisse pas à la longue certaines déforma-
tions qui en altèrent les dimensions. Un étalon proprement dit, en mercure,
n'est donc pas chose bien désirable, et c'est seulement pour la définition de
cet étalon qu'il y a lieu de faire intervenir le mercure. Les résistances éta-
lonnées seront faites en tel fil que Ton voudra, et donneront une approxi-
mation de 4 centième ou de 1 millième sur l'unité absolue ; quand on
voudra les vérifier, les tarer, on recourra à la définition de l'étalon à mer-
cure, lequel est susceptible d'être réalisé à une approximation plus
grande. Ainsi les procédés actuellement employés par M. Siemens per-
mettent déjà d'atteindre le dix-millième, et, selon toute probabilité, on pourra
aller encore plus loin dans une grande installation faite par un établisse-
ment public* En fait, Tétai on légal ne sera pas tel ou tel étalon matériel
construit, mais ce sera une colonne de mercure définie géométriquement.
Ce système aura Ta van ta ge que T unité Siemens (actuellement si ré-
pandue en Allemagne et dans d'autres pays) et l'unité anglaise, étant l'une
et l'autre définies en mercure, il sera facile de passer de l'une à l'autre au
moyen d'un simple coefiicient.
Mais il y a un point sur lequel il désire appeler l'attention : pour
lever les doutes et les ambiguïtés auxquels donne lieu l'emploi du mot
Weber^ qui est employé en Allemagne et en Angleterre dans des sens diffé-
rents et auquel on donne jusqu'à quatre significations, on a voulu créer
une nouvelle unité d'intensité ou de courant, l'ampère. Et, pour faire con-
corder cette nouvelle unité avec Tunité C. G. S. d'intensité, on a proposé
de lui attribuer une valeur dix fois plus grande que celle de l'unité d'in-
tensité actuellement employée en Angleterre. M. le professeur Helmholtz
préférerait conserver la symétrie ; ni le volt ni l'ohm ne sont des unités
C. G, S. ; ces unités pratiques ne sont pas destinées aux savants, mais aux
hommes de métier, et c'est pourquoi M préférerait l'ancienne définition
plus simple ; il aimerait mieux que l'ampère fût le courant produit par
une force élecLromotrice d'un volt agissant sur une résistance d'un ohm.
M. le professeur VViEDEMANi\, Le choix entre le système électro-sta-
tique et le système électro-magnétique n'a d'importance que pour les pra-
ticiens j quel que soit celui des deux que l'on adopte, les savants ne se
serviront jamais que de celui qui convient aux recherches dont ils s'occu-
pent, et ils n'auront pas de peine à faire les corrections de calcul néces-
saires pour passer de certaines unités à d'autres. C'est donc pour les pra-
ticiens seuls que la question est importante. A ce point de vue, il vaut
COMMISSION DES UNITÉS ÉLECTRIQUES. 235
mieux ne pas émettre provisoirement une nouvelle unité, voisine du nouvel
ohm à déterminer, mais différant de ce nouvel ohm, de l'ancien, et de
l'unilé Siemens. Il vaut mieux laisser les choses en Tétat, jusqu'à ce que
l'on ait construit et distribué les nouveaux étalons absolus. C'est pour cela
qu'il faudrait constituer un Comité international chargé de cette importante
opération, chargé aussi de faire auprès des divers Gouvernements les dé-
marches nécessaires pour l'introduction des réformes dans les étalons de
mesure. Mais il faut bien se garder d'un changement qui devrait être suivi
d'un autre changement. L'expérience que l'on a faite, lors de modifica-
tions dans les systèmes monétaires, montre qu'autant il est facile de faire
accepter une nouveauté radicalement différente de tout ce qui a précédé,
autant il est malaisé d'introduire une chose presque semblable à ce qui
existait antérieurement, et de la faire entrer dans l'usage commun et ex-
clusif. En conséquence, M. le professeur Wiedemann propose d'ajourner
tout changement dans les étalons actuellement en usage jusqu'au mo-
ment où le nouvel ohm aura été déterminé et réalisé matériellement.
M. Masgart fait remarquer que Sir William Thomson a déjà dit et
répété que la colonne de mercure proposée sera présentée, non pas comnie
une approximation plus ou moins exacte de l'ohm théorique, mais comme
un étalon mercuriel déterminé nettement par ses éléments géométriques.
Si l'on voulait attendre la détermination de l'ohm théorique, il se passerait
peut-être dix ans; au lieu que, en employant ce système, on a un étalon
plus voisin de la vérité que l'étalon actuellement en usage : de cet étalon,
le Congrès ne donnera qu'une définition, et ce sera affaire aux Gouverne-
ments des divers pays d'aviser aux moyens de réaliser matériellement les
étalons, conformes à cette définition, dont ils pourront avoir besoin.
M. le professeur Wiedemann observe qu'il y a dans le commerce un
grand nombre d'ohms, et qu'il sera difficile de les faire remplacer.
M. Masgart répond que ces copies présentent en effet des différences
notables bien supérieures à celles qui existent entre les étalons B. A. con-
servés à Cambridge.
M. LE Président fait remarquer que la marche proposée est tout à fait
analogue à celle qui a été suivie à Tépoque de l'introduction du système
métrique. Un mètre provisoire fut d'abord émis et mis en usage pendant
dix ans ; ce n'est qu'au bout de ce temps que, les calculs géodésique»
étant terminés, on a donné le mètre définitif, peu différent du premier.
M. MouLTON pense que si l'on propose aux constructeurs de rem-
placer leurs étalons actuels, inexacts, par un autre étalon qui ne sera lui-
même en aucune relation exacte avec un système scientifique défini, et
Î36 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
qui, par suite, ne présentera aucun avantage théorique, on ne sera pas
écouté ; et c'est ce qui aura lieu -si Ton prend une colonne de mercure, si
bien déterminée qu'elle soit, qui ne soit pas l'ohm.
M. Helmholtz dit que ce nouvel étalon aura l'avantage très sérieux
de la constance.
M. MoDLTON répond que cet avantage se retrouve dans l'unité
Siemens, et qu'il n'y a aucun intérêt à employer l'un plutôt que l'autre.
M. Masgart fait observer que, sur le système actuel, il y a une erreur
de plus de 1/20 et que, dans le système proposé, l'erreur sera de moins
de i/iOO sur l'unité absolue théorique.
M. Govi objecte que l'on n'a de données précises sur aucune des
deux erreurs, et que l'incertitude reste la même dans les deux cas.
M. Mascart répond qu'il n'y aura point d'erreur sur l'étalon mercu-
riel, parce que le mercure ne sert que pour sa définition, et que l'on n'a
pas à se préoccuper de la manière dont les copies pourront en être
faites.
M. LE Président annonce que les diverses propositions déposées dans
le cours de la séance seront imprimées et distribuées. Il consulte la Com-
mission pour savoir si elle veut se réunir mardi.
M. le professeur Govi fait remarquer que la Commission n'est pas
tenue de déposer son rapport à la séance plénière que le Congrès tiendra
mardi.
M. LE PRÉsroENT proposo que la Commission se réunisse lundi 19 sep-
tembre, à dix heures du matin.
La proposition est adoptée.
La séance est levée à quatre heures et demie.
ANNEXE I
PROJET DE PRÉAMBULE OU DE DÉCLARATION,
DE M. EVERETT
Il ne faut pas séparer la question des unités électriques de celle des unités
générales de la physique. Au contraire, nous regardons comme de première
importance de réunir toutes ces unités dans un système aussi facile pour les
calculs que possible.
A cet effet, nous ne connaissons aucun système aussi net que le système
COMMISSION DES UNITÉS ÉLECTRIQUES. Î37
Gentimètre-Gramme (masse} -Seconde (appelé par abréviation système G. G. S.).
Il a déjà été adopté par l'Association britannique, et nous voulons le recom-
mander à l'adoption du Congrès. Gela fait, on a, sans autre peine, un nom
pour chaque unité absolue de quelque espèce que ce soit. Par exemple, l'u-
nité G.G.S. de vitesse, l'unité G.G.S. d'accélération, les unités G.G.S. de la
conductibilité thermique et électrique, et jes unités G.G.S. d'électricité élec-
tro-statique et électro-magnétique, sont des grandeurs absolues qui se définis-
sent par leurs noms mêmes.
ANNEXE II
NOTE DE M. NYSTRÔM
li n'est guère personne, je pense, qui, s'étant occupé de l'enseignement de
rélectricité dynamique, n'ait éprouvé une assez grande difficulté à expliquer
d'une manière absolument satisfaisante ce que l'on comprend par le terme
<( l'intensité du courant ».
Lorsqu'il s'agit de la lumière, de la chaleur, du son, le terme « d'intensité »
se rapporte à la tension ; aussi le regretté M. Littré, dans son célèbre Diction-
naire de la langue française, déflnit-il l'intensité par a le degré de tension )>,
Dans le domaine même de l'électricité statique, on a déterminé le terme de
tension de telle manière qu'il se rapporte seulement à l'unité de la surface, sans
aucune considération de l'extension. Par conséquent, quand on dit que « l'in-
tensité » du courant est partout la même dans un même circuit galvanique, le
degré de tension devrait être partout le même dans ce circuit. Or, le degré de
tension du courant étant le même pour l'unité de la surface, l'effet extérieur
de ce même courant devrait être plus grand là où la surface est plus grande.
Nous savons cependant que l'effet extérieur du courant est partout le même
dans un circuit oCi sont intercalés des conducteurs de dimensions différentes.
Le terme « intensité » se rapportant, même dans la vie ordinaire, par
exemple dans Tagriculture, à un état qualitatif, ne peut guère s'appliquer à la
détermination quantitative, sinon combiné à l'idée de l'étendue. Cependant,
quand il s'agit de l'électricité dynamique, le terme en question est employé
pour la détermination quantitative ; mais en même temps on se sert ici du
terme « tension » pour signifier le contraire de la quantité. Qu'on se rappelle
les expressions : « Combiner les éléments. d'une pile en tension, et combiner les
éléments en quantité. »
Le terme u intensité », dans le domaine de l'électricité dynamique, donne
donc lieu*à une confusion des idées qui serait facilement évitée, si l'on donnait
à la chose dont il s'agit son terme propre. Pour cette raison, on peut se servir
très avantageusement, dans l'enseignement comme dans la pratique, du terme
<( quantité » au lieu du terme « intensité », ce dernier terme étant aussi inutile
qu'impropre.
lorsqu'il s'agit de matières ordinaires, par exemple de Teau ou de l'air,
mises en mouvement, on ne manque jamais d'avoir l'idée distincte de la chose
«8 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
en question, en considérant la quantité relative à Tunité du temps, sans s'égarer
dans des termes spéciaux. Il n'y aurait pas d'inconvénients ni d'erreurs à crain-
dre, dans l'électricité particulièrement, si l'on voulait prendre en considération
la quantité de la matière électrique tant en repos qu'eu mise en mouvement.
Dans ce dernier cas, il faut aussi considérer le temps, c'est vrai ; mais l'instru-
ment même à l'aide duquel se fait une observation, indique ordinairement la
quantité réduite à un temps constant. En employant, par exemple, la boussole,
on mesure toujours la quantité réduite à un même temps.
Si quelqu'un proposait que l'on se servît, pour la mesure des matières ordi-
naires, de diverses espèces d'unités avec des dénominations différentes, selon
que ces matières se trouvent en repos ou en mouvement, une telle proposition
ne rencontrerait certes qu'une désapprobation générale. La tendance du travail
scientifique devant être d'aller du compliqué au simple, d'idées vagues à des
notions correctes, il me semble très nécessaire de réduire la terminologie élec-
trique, en supprimant un terme faux et superflu dont la vraie notion est com-
prise dans un des termes restants. Et ce n'est pas tant seulement le terme même,
mais aussi la mesure électrique qui se rapporte à ce terme, qui doit être enlevée.
Tout en proposant la détermination de l'électricité, tant statique que dyna-
mique, par le moyen d*une mesure quantitative d'un seul et même genre, je
ne proposerai cependant pas la même division de cette mesure pour les deux
déterminations. Imitant ce qui se fait pour une matière ordinaire, où l'on se
sert du décimètre cube pour la détermination de petits volumes, et du mètre
cube quand il s'agit de déterminer de très grands volumes, de même j'incli-
nerais à proposer, par exemple, le microfarad pour la détermination de l'électri-
cité statique, et dnmiUifarad = 1,000 microfarads pour l'électricité dynamique.
Ainsi les mesures en question seraient réduites du nombre quatre au nom-
bre trois, savoir: une pour la résistance, l'ohm ou le siemens; une pour la tension
ou la force électromolrice, le volt; et une pour la quantité, le farad ou le weber,
avec des divisions convenables.
Il n'est pas nécessaire de rendre évident qu'il n'est pas de formule électri-
que' dans laquelle l'expression de l'intensité ne puisse pas être remplacée par
l'expression de la quantité divisée par l'expression du temps.
ANNEXE III
PROPOSITIONS DE SIR WILLIAM THOMSON
ET DE MM. MOULTON ET SPOTTISWOODE
GOMPLéTÉES ET ADOPTÉES PAR LE COMITÉ OUVERT
!<" On doit établir des étalons matériels pour les mesures électriques ;
2<» Les unités seront basées sur le système métrique ;
3<» Le système électro-magnétique est par lui-même d'une importance
COMMISSION DES UNITÉS ÉLECTRIQUES. 239
capitale dans les mesures électriques, et les unités destinées à la pratique doivent
être fondées sur les actions électro-magnétiques ;
k^ Les étalons approchés, établis par les mesures faites par l'Association bri-
tannique sur les résistances absolues, doivent être soumis à de nouvelles expé-
riences dont il résultera des étalons plus rapprochés de la définition théorique ;
b'' Les expressions Ohm et Volt doivent conserver leurs définitions actuelles:
10® pour rohm et 10» pour le Volt.
6" L'unité de courant (C.G.S,) recevra la dénomination Ampère.
ANNEXE IV
PROPOSITION DE M. GOVI
Quelles que soient les décisions du Congrès relativement aux mesures
électriques, puisqu'il est convenu que ces mesures doivent avoir pour base le
système métrique, il est utile que, dès à présent, il soit décidé que les prototypes
des mesures électriques, au fur et a mesure de leur confection par un Comité spécial,
seront déposés et conservés au Bureau international des poids et mesures, où l'on
installera également tov^ les instruments et les moyens nécessaires pour exécuter kt
comparaison exacte de ces étalons avec les copies que l'on voudra en déduire.
ANNEXE V
PROPOSITION DE M. WIEDEMANN
Le Congrès des électriciens émet le vœu que le Gouvernement français se
mette en rapport avec les autres puissances pour nommer un Comité exécutif,
chargé des recherches nécessaires pour établir des unités.
ANNEXE VI
PROPOSITION DE M. CLAUSIUS
On adopte comme unité d'électricité la quantité d'électricité qui exerce sur
une quantité égale à elle-même l'unité dé force à l'unité de distance.
240 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Il s'ensuit que l'unité de potentiel est immédiatement fixée et toutes les
autres unités se déterminent très-facilement.
Vwiité d'intensité d'un courant est Tintensité correspondant au passage de
Tunité d'électricité dans l'unité de section pendant l'unité de temps.
Vunité de force ékctromotrice est la force électromolrice qui s'exprime par
une différence potentielle de la grandeur un.
Vunité de résistance est la résistance d'un conducteur dans lequel l'unité de
force électromotrice produit un courant d'intensité un.
Jusquà une détermination suffisamment précise des mesures absolues,
la résistance d'une colonne de mercure d'un millimètre carré de section for-
mera la base des mesures de résistance.
TROISIÈME SÉANCE
19 septembre 1881
PRÉSIDENCE DE M. J.-B. DUMAS
ÎI. LE Président déclare la séance ouverte à onze heures et demie
du matin.
M. Masgart (France) donne lecture des quatre propositions suivantes^
qui ont reçu l'assentiment d'un certain nombre de membres de la Commis*
sion«
l^" On adoptera pour les mesures électriques les unités fondamentales :
centimètre» masse du gramme» seconde (G. 6. S.) ;
2'' Les unités pratiques, VOhm et le Yolt, conserveront leurs définitions
actuelles : 10* pour POhm et 10® pour le Volt ;
3* L'unité de résistance {Ohm) sera représentée par une colonne de mer-
cure d*un millimètre carré de section à la température de zéro degré centi-
grade.
4"" Une Commission internationale sera chargée de déterminer, définitive-
ment pour la pratique, par de nouvelles expériences, la longueur d'une colonne
de mercure d'un millimètre carré de section à la température de zéro degré
centigrade, qui représentera la valeur de l'ohm.
M. Glaosics (Allemagne) déclare qu'en présence de ce projet, sur
lequel l'entente paraît établie, il croit devoir retirer ses propositions tendant
à faire adopter un système de mesures électro-statiques.
M. Werner Siemens (Allemagne) demande que, dans le texte lu par
M. Mascart, quatrième alinéa, les mots « définitivement pour la pratique »
soient supprimés. Il dit que les méthodes de mesure se perfectionnant, on
arrivera plus tard h> des déterminations plus exactes que celles que l'on
peut faire aujourd'hui.
M. Lipptf ANN (France) présente une proposition additionnelle, tendant
à la création, sous le nom de Gauss, d'une unité de travail égale à
10* Ergs. Il dit que l'erg n'est pas une mesure qu'on puisse employer
46
242 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
dans la pratique, puisqu'elle est environ 100 millions de fois plus petite
que le kilogrammètre. Comme, d'autre part, le volt se rencontre direc-
tement dans les calculs, l'emploi de l'erg introduit un coefficient que l'on
ferait disparaître par l'adoption du gauss.
M. Mascart répond que cette proposition sort de l'ordre d'idées où la
discussion se tient renfermée pour l'instant, et qu'elle viendra mieux plus
tard.
Sir William Thomson (Grande-Bretagne) rappelle que les méca-
niciens emploient pour leurs calculs le cheval-vapeur, et que c'est là une
unité bien différente de celles dont on s'occupe actuellement; on n'a donc
pas à s'inquiéter de cette question pour le moment.
Pour ce qui est de la proposition précédente, il espère que M. Sie-
mens la retirera : en effet, ce qui est nécessaire avant tout, c'est, d'arriver à
un résultat ; il faut que, quand on dit un ohm, on désigne quelque chose de
fixe ; il faut que l'ohm soit bien déterminé. Le but que l'on s'est proposé
d'atteindre par la réunion du Congrès et par la série d'expériences qui
suivront, a été d'établir pour l'électricité un système métrique analogue à
celui qui a été créé pour les mesures de matière pondérable par la Com-
mission française au commencement de ce siècle, et c'est là un but grand
et élevé. Ce serait une chose fort triste que le Congrès laissât son œuvre
incomplète, et c'est ce qui arriverait si l'on ne faisait point quelque chose
de défini lif. En conséquence. Sir William Thomson appuie les propositions
de M. Mascart dans leur rédaction primitive,
M. Govi (Italie) dit qu'il est tout disposé à se rallier à ces proposi-
tions, mais qu'il maintient la motion qu'il a faite à la Commission.
M. WiEDEMANN (Allemagne) répond que lui aussi maintient sa propo-
sition, mais que l'objet en est d'une nature toute autre que celle des pro-
positions de M. Mascart, et que par suite, et sans aucun doute, l'adoption
de ces dernières propositions laisse subsister dans leur intégralité celles qui
ont été déposées par M. Govî et par lui-même.
M. LE PttiésiDENT dit que, si la Commission les adopte, les quatre
propositions pourront être soumises à la Section et au Congrès dans les
séances du lendemain : ce sont des points d'une importance capitale, que
d'autres propositions pourront ensuite compléter sans leur porter atteinte.
Ce sera le principal ouvrage et le plus important résultai du Congrès.
M. Maurice Lévy (France) rappelle que le sous-comité avait
exprimé l'intention de donner le nom d'Ampère à l'unité d'intensité.
Mk LE Président répond que cette question n'est point engagée pour
l'instant et qu'elle viendra plus tard en discussion.
COMMISSION DES UNITÉS ÉLECTRIQUES. 243
M. Mascart dit qu'il avait à déposer, au nom de ses collègues fran-
çais et au sien, diiïérentes questions quî eussent pu, sans doute, donner
lieu à des discussions intéressantes; mais que, pour ne pas ralentir les
travaux de la Commission, il s'abstiendra de les présenter.
M. Wemer Sibubns dit qu'il maintient sa demande tendant à la
suppression des quatre mots « définitivement pour la pratique » dans
le texte dé la quatrième proposition de M. Mascart.
M. MouLTON (Grande-Bretagne) s'est entretenu avec M. Siemens de
cette proposition, et il croit devoir en préciser le sens. M. Siemens veut
que l'ohm soit toujours accessible à la détermination, qu'il n'ait point de
valeur fixe : il s'agit donc de savoir si l'on veuttjuelque chose de défini ou
quelque chose d'éternellement variable et incertain. Dans une question
ainsi posée, il n'y a pas de terme moyen ; il faut que la Commission décide
par un vote sur la suppression ou le maintien de ces quatre mots. Pour
lui, il croit qu'il y a bien plus d'avantages à fixer l'ohm qu'à le laisser
variable, et il croit qu'une unité susceptible de changements incessants
rencontrerait partout une opposition qui lui serait fatale. Au reste, toutes
les personnes présentes ont leur opinion faite depuis longtemps, et la
discussion est superflue. C'est au vote qu'il faut venir, c'est le choix qu'il
faut prêter sur cette question fondamentale.
M» Warren de la Rue (Grande-Bretagne) déclare qu'il ne voit pas
là matière )^ discussion ; il croit que tous les membres de la Commission
sont d'accoix} sur le fond de la proposition et que le mot « définitivement »
n'est pas d'une importance extrême. Mais ce n'est qu'un mot en jeu.
M. MouLTON, Non, c'est une chose. Gu bien, dit-il, l'on aura un éta-
lon définitif, ou bien, à chaque détermination faite par des hommes pré-
sentant quelques garanties, il faudra changer d'unité. M. Moulton ne le
veut pas, et espère que la Commission sera de son avis; car tout ne sera
que confusion, si le Congrès ne maintient, avec les quatre mots en ques-
tion, le principe de la permanence de l'étalon.
M. WiEDEMANN dit quc l'on ne peut interdire à l'avwir de faire de
nouvelles déterminations, et que c'est là ce qu'a en vue M. Siemens.
M. Warren de la Rue lit une nouvelle rédaction proposée par
M. Siemens.
M. Moulton ajoute que la Commission doit absolument se prononcer
sur ce principe de la permanence de l'étalon, lequel est fondamental. Si le
Congrès ne décide pas cette question, il n'aura rien fait; il faut qu'il choi-
sisse entre l'unité fixe et l'unité variable, mais la question ne peut rester
indécise.
t44 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
M. Werner Siemens remercie M. Moulton, qui a très bien exposé et
fait comprendre la portée de sa demande; si, comme il paraît probable,
Topinion de la Commission lui est contraire, il s'inclinera; mais il a tenu à
obtenir une décision catégorique du Congrès. En effet, il ne s'agit plus
maintenant d'une unité absolue et scientifique, mais d'une unité empirique,
et il a voulu obtenir un vote sur ce point.
M. Mascart : Par cela même que l'on prévoit la formation d'une
Commission internationale, on suppose que les travaux de celte Commission
aboutiront à un résultat. Or ce résultat serait indéfiniment écarté, s'il devait
être l'ohm absolu, théorique. Ce qu'on aura, c'est un étalon fixe qui ne
répondra pas plus à la théorie que le kilogramme des Archives, par
exemple, que l'on sait bien n'être pas exact, mais qui servira pour la pra-
tique et dont la valeur, relativement à l'unité théorique, pourra être déter-
minée aussi souvent qu'on le voudra.
M. LE Paésident donne lecture de la rédaction suivante de la qua-
trième résolution, où les mots « pour la pratique » sont maintenus et le
mot « définitivemiBnt » est seul supprimé.
Une Commission internationale sera chargée de déterminer, par de nou-
velles expériences, pour la pratique, la longueur delà colonne de mercure d'un
millimètre carré de section à la température de zéro degré centigrade, qui
représentera la valeur de Pohm.
M. Helmholtz (Allemagne) fait remarquer que l'on introduit le sys-
tème C. G. S. pour une seule des unités électriques, l'unité d'intensité, et
non pour les autres. Il en résulte que l'on arrive, dans le système que l'on
a en vue, à écrire que l'unité de force électromotrice, agissant dans
l'unité de résistance, donne dix unités de courant. Il serait préférable de
conserver les unités B. A., avec lesquelles l'équation se présente sous une
forme plus rationnelle : l'unité de force électromotrice, agissant dans
l'unité de résistance, donne l'unité de courant. On est accoutumé déjà, en
Angleterre, à ces unités liées par une relation si simple, et M. le profes-
seur Helmholtz s'étonne qu'on veuille les changer.
M. Masgârt dit qu'il n'est pas question de les changer.
M. Helmholtz répond que les unités B. A sont plus rationnellement
déduites, et que l'on risque à introduire de la confusion, surtout pour les
praticiens.
Sir William Thomson explique que l'Association britannique n'a
jamais reconnu d'autre système d'unités que le système C. G. S., qu'il
n'est point question de changer. On veut faire disparaître le weber qui est
COMMISSION DES UNITÉS ÉLECTRIQUES. 245
une source de conrusion; mais jamais rAssociation britannique n'a adopté
ni ohm, ni volt, ni rien de pareil. Ces noms ont été introduits pour la seule
commodité, parce qu'il est impossible, par exemple, de définir pratiquement
une bobine dans le système C. G. S. Que les physiciens aient trouvé ces
noms plus commodes, qu'on les conserve ou qu'on les change .en tout
ou en partie, c'est chose secondaire. On a proposé de substituer l'ampère
au weber avec un autre sens : cela ne touche en rien ni le système C. G. S.
ni la définition de l'étalon, les seules choses en question pour l'instant.
M. LE Président propose d'accepter les quatre propositions lues par
M. Mascart, et d'en donner lecture à la Section dans la séance du lendemain.
La discussion sera encore ouverte, et devant la Section et devant le Con-
grès, qui pourra seul prendre une décision ; il pense que la question" est
assez mûre pour qu'une discussion publique puisse être faite utilement.
Si la Section ne se trouve pas satisfaite, si elle rencontre des difficultés, la
question sera renvoyée à la Commission pour une nouvelle étude. En con-
séquence, il propose d'adopter les propositions, et de décider qu'elles
seront présentées à la Section.
Les propositions sont adoptées, et il est décidé qu'elles seront lues le
lendemain à la séance de la première Section.
La séance est levée à midi et demi .
QUATRIÈME SÉANCE
21 septembre 1881
PRESIDENCE DE M. J.-B. DUMAS
M. LE Présidem déclare la séance ouverte à onze heures.
M. LE Président dit que l'objet de la réunion est de prendre connais-
sance de propositions complémentaires présentées par Sir William Thomson
et M* le professeur Helmholtz.
M. Mascart (France) donne lecture de ces propositions, en ajoutant
que, ayant pris pari à la discussion dans laquelle elles ont été arrêtées en
principe, il a été chargé de les traduire et qu'il est par suite seul responsa-
ble des défauts de rédaction.
On appelle ampcre le courant produit par un volt dans un ohm ;
On appdiG coulomb Tunité pratique d'électricité définie par la condition
qu'un ampère donne un coulomb par seconde;
On appelJe /iara^/ la capacité définie par la condition qu'un coulomb dans
un farad donne un volt.
Sir William Tuomson (Grande-Bretagne) dit qu'il n'est pas nécessaire
de faire de longs commentaires sur ces propositions; il se borne donc à
en proposer l'adoption^ sauf à demander la parole si des objections étaient
soulevées,
M. MouLTOTi CGrande-Bretagne) demande si l'expression « unité pra-
tique d'électricité » est bien le terme propre, et s'il ne vaudrait pas mieux
dire : it unité de quantité d'électricité ».
MiSr. Mascart et Ratpjaud proposent la rédaction « unité pratique de
quantité »-
Sir William TaoMso.\ et M. Moulton demandent la suppression du
mot pratique.
Celte proposition ayant été généralement approuvée, M. Mascart relit
une rédaction modifiée dans ce sens.
COMMISSION DES UNITES ÉLECTRIQUES. 247
Sous cette forme nouvelle, les propositions sont adoptées. (Voir An-
nexe I, page2&9.)
M. LE Président dit que bien des savants ont aussi demandé que Ton
fixât une déHnition qui intéresse au plus haut point la chimie : celle de la
quantité d*éleclricité nécessaire pour décomposer 9 grammes d'eau, par
exemple.
Sir William Thomson répond que, pour donner satisfaction à cette
demande, il suffit de connaître exactement la quantité d'hydrogène, par
exemple, qui est mise en liberté par le passage d'une quantité d'électricité
égale à un coulomb; mais il ne lui parait pas nécessaire d'introduire un
mot nouveau dans la science.
M. le professeur Wiedbmann (Allemagne) dit que l'on a déjà, pour
répondre au désir exprimé par M. le Président, le terme d'équivalent chi-
mique dont le sens est bien précis. Il ne faut pas multiplier sans nécessité
les diverses unités, surtout si on leur impose des noms d'hommes.
D'autre part, le terme d'ohmad serait peut-être préférable à celui
d'ohm pour éviter la possibilité de toute confusion avec la mesure de capa-
cité des liquides appelée aussi ohm en Allemagne.
M. Moulton propose que la Commission borne là ses travaux. Le
résultat le plus utile a été obtenu avec le minimum d'inconvénients : l'œu-
vre perdrait en utilité si on retendait. On a fixé à l'unanimité ce qui était
nécessaire. On peut en rester là. M. Moulton demande qu'un rapport soit
rédigé.
M. LiPPMANN (France) retire sa proposition, mais demande que la Com-
mission continue ses travaux. On s'est occupé d'étalons et de notations ;
reste la question des expériences et de leur précision. Il serait fâcheux
qu'on ne profitât pas de l'occasion pour examiner les valeurs relatives des
méthodes.
M. LE Priîsident répond que si le Congrès approuve les conclusions
de la Commission, il sera pourvu à l'exécution. Si cette approbation fait
défaut, les mesures qu'on prendrait maintenant seraient inutiles. Il faut
d'abord assurer le résultat. Il sera temps alors d'examiner les propositions
de MM. Wiedemann et Govi et la proposition relative aux étalons; c'est là
affaire d'exécution. Il croit donc que le rôle de la Commission est terminé
pour le présent, et qu'on peut s'en tenir aux résultats acquis.
M. Helmholtz (Allemagne) demande que l'on fasse une rédaction
d'ensemble.
M. Mascart répond que les quatre premières propositions ont déjà
été volées par la première Section ; il suffira d'y adjoindre les trois propo-
ftô ' CONGRÈS INTEENATIONÂL DES ÉLECTRICIENS.
sitions nouvelles poar constituer l'ensemble des travaux delà Commission.
M.Govi (Italie) ajoute que c'est à la Commission nommée par les
Gouvernements à examiner les moyens d'exécution, et que les bases établies
aujourd'hui suffiront pour en préciser le programme.
M. Mascabt dit que la proposition de M. Wiedemann est maintenue.
M. WiEDEMANX fait remarquer que sa proposition est la conséquence
naturelle de Tad option des propositions précédentes.
M. MocLTON pense que le Congrès pourrait nommer la Commission
internationale, car il est difïïcile d'arriver à un résultat en passant par l'in-
termédiaire des Gouvernements; il ajoute que cette Commission ne peut
être choisie avant le vote définitif des propositions de la Commission.
M. FôRSTEa (Allemagne) déclare que la Commission ne peut être
nommée par le Congrès; qu'elle doit l'être par les Gouvernements, qui seuls
peuvent accorder les pouvoirs et Targent nécessaires.
M, Ratnaud (France) fait remarquer que l'on va se trouver dans une
situation provisoire jusqu'au moment où seront livrés les étalons nouveaux,
et qu'il serait peut-être bon de prendre un étalon provisoire, en attendant
cette époque,
MM* MouLTON et Govr repoussent l'idée d'un étalon provisoire.
M. Govi se rallie à l'opinion de M. Fôrster.
5L LE Président met aux voix la proposition de M. Wiedemann, qui
est adoptée. La Commission décide en outre de proposer, conformément à
Tavis de M, Forster, que la Commission internationale soit nommée par
les Gouvernements. M. le Président croit que l'on peut présenter directe-
ment l'ensemble des travaux au Congrès, sauf à s'excuser auprès de la Sec-
tion. Il considère que le mandat de la Commission est rempli.
M. Warken de la Rue (Grande-Bretagne) constate que bien des
questions difficiles ont été résolues par la Commission des Unités électri-
ques, et que ce résultat est dû à l'impartialité et à l'esprit de justice et de
bienveillance de son président, M. Dumas. Il propose donc à la Commission
de lui en adresserions ses remerciements,
M* LE PuÉsiDENT 69 1 très touché des sentiments qui viennent d'être
exprimés, mais il déclare que l'honneur des travaux importants auxquels a
abouti la Commission doit être reporté aux hommes éminents qui en fai-
saient partie, et qui ont apporté une grande largeur d'idées aussi bien
qu'un unanime désir de conciliation,
La séance est levée à midi.
COMMISSION DES UNITÉS ÉLECTRIQUES. 249
ANNEXE I
1<» On adoptera pour les mesures électriques les unités fondamentales :
centimètre, masse du gramme, seconde (G. 6. S.) ;
2« Les unités pratiques, VOhm et le Volt, conserveront leurs définitions
actuelles : iO* pour TOhm et 10* pour le Volt;
3<> L'unité de résistance {Ohm) sera représentée par une colonne de mercure
d'un millimètre carré de section à la température de zéro degré centigrade ;
k"" Une Commission internationale sera chargée de déterminer, par de nou-
velles expériences, pour la pratique, la longueur de la colonne de mercure d'un
millimètre carré de section à la température de zéro degré centigrade, qui
représentera la valeur de l'Ohm ;
5<» On appelle Ampère le courant produit par un Volt dans un Ohm ;
6<» On appelle Coulomb la quantité d'électricité définie par la condition
qu'un Ampère donne un Coulomb par seconde ;
7» On appelle Farad la capacité définie par la condition qu'un Coulomb
dans un^arad donne un Volt.
COMMISSION DE L'ÉLECTRO-PHYSIOLOGIE
PREMIÈRE SÉANCE
22 septembre 1881.
PRÉSIDENCE DE M. DU BOIS-REYMOND
La séance est ouverte à deux heures trente-cinq minutes.
M. DU Bois-Reymond (Allemagne), président, donne lecture du pas-
sage du projeta de programme concernant l'électro-physiologie, et fait
remarquer que, s'il s'est d'abord prononcé contre l'opportunité du débat,
c'est qu'il ne croyait pas que par opérations médicales il fallût entendre les
expériences d' électro-physiologie proprement dites. Mieux renseigné par les
observations de M. Marey et de M. d'Arsonval, il n'a garde de méconnaître
l'actualité de la question.
M. Marey (France) propose de scinder la question et d'étudier sépa-
rément les courants de pile et les courants induits. Comment, pour les cou-
rants induits, pourrait-on éviter les irrégularités provenant du trembleur?
Le marteau de Pflûger est bon, mais ne se prête pas aux actes répétés.
M. d'Arsonval (France) . L'interrupteur de M. Marcel Deprez pourrait
résoudre la question en l'appliquant à l'appareil à tratneau de M. du Bois-
Reymond. Cet interrupteur est un véritable régulateur de courant, qui
rompt le circuit au moment de la cessation de l'état variable et qui donne
par conséquent des courants de rupture toujours identiques.
M. Helmholtz (Allemagne) fait remarquer que l'étincelle d'extra-
courant qui suit la rupture se comporte comme un conducteur de résis-
ance variable. Il décrit le dispositif, bien connu des physiologistes, dont
il a doté l'appareil à traîneau. Ce procédé consiste à supprimer l'étincelle
en intercalant une dérivation. On arrive ainsi à égaliser les deux courants
U% CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
induits d'ouverture et de fermeture- On affaiblit beaucoup, il est vrai, le
courant de rupture, mais on a Tavanlage d*avoir des courants induits très
réguliers.
M. D'AflSOiïvAL> En un mot, la dérivation variable de rétincelle est
remplacée par une dérivation métallique fixe, au moyen de Tartifice em-
ployé par M, Helmholtz,
M. LE PfiÉsïDEM donne la courbe des intensités des deux courants
avant et après rintroduclion du dispositif de M. Ilelmlioltz. Avec ce der-
nier on peut produire un tétanos sous-maximal très régulier.
M, le Président demande h, M. d'Arsonval si Tinterrupteur Deprez
donne les mêmes effets,
M* D'ÂRso^fvAL a indiqué ce moyen seulement h. titre de renseignement
et se propose de ressayer.
M, LE Président se sert dans ses expériences de l'appareil à traîneau,
et, lorsqu'il veut une grande régularité, il lui ajoute te dispositif de
M. Helmholtz-
M, d*Arsonval, pour avoir un courant inducteur toujours identique, a
remplacé le courant de la pile par la décharge d'un condensateur. Cette
décharge^ lancée dans le fil inducteur, provoque dans le circuit induit
deux courants instantanés de quantité égale, mais de sens inverse. Pour
une même charge du condensateur et une même distance du circuit induit,
on obtient des excitations absolument semblables. De plus, cette méthode
paraît amener la fatigue du nerf beaucoup plus lentement que la décharge
directe du condensateur. M, d'Arsonval met sous les yeux des membres
de la Commission des graphiques de contraction musculaire obtenus au
laboratoire de M, Marey par M, Mendelssohn, suivant son procédé, ne lais-
sant aucun doute à cet égard*
M. LE Président montre l'appareil à traîneau muni du dispositif de
M, Helmhollz-
M. JoDBERT (France) demande si l'on ne pourrait pas atteindre cette
régularité désirée en se servant d'une machine à courants alternatifs, telle
que celle de M. Siemens, Ces courants sont sinusoïdaux et ont une régula-
rité très remarquable- Il serait d'ailleurs facile d*en faire varier l'intensité
et la fréquence.
M, d'Arsonval a employé un dispositif semblable en se servant
comme générateur d'un moteur Deprez sans commutateur. Il s'en servait
pour exciter un appareil à traîneau qui permettait de graduer l'intensité. On
peut avoir une grande régularité en faisant tourner la bobine par un moteur
isochrone Deprez ou autre. M. d'Arsonval n'a pas persisté dans ces essais
COMMISSION D'ÉLECTRO-PHYSIOLOGIE. 263
parce que, le champ magnétique variant^ les résultats n'étaient pas com-
parables,
M. JoufiBRT pense que cela tenait à la présence du fer dans la bobine :
avec la machine Siemens sans fer, on n'aurait pas cet inconvénient.
M. d'Arsonval objecte qu'il faudrait toujours avoir quand même un
champ magnétique constant, ce qui est la grosse difficulté.
M. Helmholtz. On peut faire l'inverse et faire tourner un aimant
dans une bobine fixe. On a ainsi des courants très réguliers, dont l'intensité
dépend de la vitesse de rotation. M. Helmholtz s'est servi de ce moyen
pour l'étude de la polarisation. M. Kronecker a obtenu des excitations en
faisant vibrer longitudinalement un barreau aimanté dans l'intérieur d'une
bobine.
M. LE Président. Le problème à résoudre est triple; il faut :
1** Avoir pour le courant une courbe d'intensité et de forme connue»
si possible linéaire ou au moins sinusoïdale ;
2"* Pouvoir faire varier le paramètre de cette courbe, ou la tangente de
la droite;
3"* Pouvoir répéter fréquemment les excitations en conservant des
courbes identiques, et faire à volonté alterner le sens des décharges.
M. JouBERT pense que la méthode qu'il a proposée répond à ce triple
desideratum.
M. LE Président. On ne peut changer la fréquence sans changer l'in-
tensilé.
M. JouBERT. On pourrait prendre une bobine plate se mouvant dans
un champ magnétique constant.
M. Helmholtz. Ou inversement ; mais la difficulté de mesurer l'in-
tensité du champ magnétique persiste.
M. LippMANN (France). On pourrait se servir du champ magnétique
terrestre à cet effet.
M. le Président. 11 faudrait une bobine trop grande.
M. d'Arsonval, pour avoir un courant bien défini, revient au procédé
de M. Marey : la décharge d'un condensateur.
M. Mabet croit que le condensateur ne peut répondre aux corrections
signalées par M. le Président et se rallierait à la proposition de M. Joubert.
M. d'Arsonval a fait avec le condensateur des expériences démon-
trant qu'à partir d'une certaine quantité d'électricité, la grandeur de l'exci-
tation ne dépend plus que de la différence de potentiel.
M. le Président. Il faut aussi tenir compte de la section du nerf.
M. Joubert. La quantité d'électricité peut être constante, mais la
254 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
décharge très variable ; le phénomène doit être très complexe. Ce qu'il y a
profaAblement de moins important à mesurer, c'est la quantité d'électricité,
M. d'Arsoxval dit que cela ressort des expériences qu'il vient de citer,
mais qu'elles avaient un tout autre buL
M, Helmcoltz, Si le muscle est contracté jusqu'au maximum, on a
facilement des résultats comparables; il n'en est plus de même si la con-
traction est sous-maxîmale-
M. Marey, Même avant le maximum, rjrrégularité diminue,
M, D'AnsoNVAL fait remarquer que les contractions dont il montre les
graphiques sont sous-maximales.
M. LE Président attire Pattention sur le Rhéonome de Fleischl, qui
donnerait, d'après son auteur, une courbe d'intensité linéaire,
M. d'Arsoxval rappelle que 11 m portant, pour les physiologistes, est
d'avoir une uni Lé d'excitation même imparfaite-
M. LE pRÉsmENT- Il faut prendre Tappareil à traîneau avec la modi-
fication de M. HelmhoUz.
M. CuRisTiANr (Allemagne). Il faudrait adopter le type du laboratoire
de 51. du Bûis-Reymond, qui a des dimensions bien déterminées.
M. Marcel Deprez (France) pense que c'est un procédé par trop em-
pirique-
M, Cbristtanï. Il cessede l'être si l'onemploîela méthode de gradua-
tion absolue décrite par lui dans les Annales de Poggendor/f.
BL Marey, La dilTiculté, c'est que la période du trembleur n*estpas
connue comme la rotation* Il faut se fier à Toreille ou avoir recours ài
un chionographe.
M, Helmqdltz, On pourrait employer un appareil analogue à celui
de Gaugain, dans lequel on ferait tourner un aimant ; le courant est alors
sinusoïdal. Le galvanomètre en donnerait l'intensilé, et il servirait à exciter
un appareil à traîneau. Quant au condensateur, on n'est jamais sûr d'avoir
une véritable régularité,
M, d'Arsowal II semble résulter de cette discussion que l'important
est d'avoir des courants sinusoïdaux et des interrupteurs isochrones. On
emploierait pour graduer les excitations l'appareil à traîneau,
AL le Président abandonne volontiers le trembleur de l'appareil à
traîneau,
M- HELMnoLTZ propose de le remplacer par un diapason avec Tinler-
ruplion mercurielle.
JL LE Présidext. Le bain de mercure serait lavé par un courant d'al-
cool d'après le procédé de Kronecker,
COMMISSION D'ÈLECTRO-PHYSIOLOGIE. fSS
M. TfiaQUEM (France) demande pourquoi ne pas employer une inter-
ruption sèche?
M. Helmholtz. Le moyen est trop irrégulier.
• «M. d'Arsonval, au lieu de laver le mercure, a employé le moyen sui-.
vant ; deux fils de platine plongeant dans l'alcool sont placés, très près, vis-
à<>vis Tun de l'autre. On fait tomber dans leur intervalle le mercure goutte
aboutie. Chaque goutte ferme le circuit et le mercure est toujours propre.
Le mercure étant enfermé dans un vase de Mariette, les gouttes se suivent
à distance très régulière.
M. LE PaisiDENT. Le courant excitateur serait porté au nerf par des
électrodes impolarisables terminées par des pointes d*argile imbibée d'une
solution de chlorure de sodium à 0,6 pour 100 d'eau. Il faut rejeter tout
contact du nerf avec un métal.
M. Marey demande à M. Helmholtz de décrire l'appareil qu'il a pro^
posé, pour qu'il puisse l'expérimenter. Le courant sinusoïdal qu'il produit
serait>-il suffisant pour produire une excitation?
M. Helmholtz. Certainement.
M. LippMANN. Quelle intensité est suffisante?
M. Helmholtz. ^ et même -^ de Daniell suffit pour produire la con-
traction maxima.
M. LippMANN. Alors l'induction terrestre suffirait.
M. Christiani. Le courant sinusoïdal pourrait être donné par des dia-
pasons aimantés vibrant devant des bobines.
M. Marey. La troisième condition ne serait pas satisfaite.
M. Deprez. On peut prendre les diapasons à période variable de Kœ-
nig. M. Deprez propose d'obtenir un courant sinusoïdal en prenant une
dérivation sur un circuit. Un des fils de dérivation étant fixe, on promè-
nerait de part et d'autre le second fil de dérivation. *
M. Helmholtz. Les variations de contact entre les métaux suffisent
pour provoquer un tétanos. L'appareil de Fleischl est analogue avec un
contact mercurieL
M. RossETTi (Italie) demande comment on peut déterminer Tinten-
sité des courants continus employés en médecine, et désire qu'on puisse le
faire.
M. Helmholtz dit qu'on peut commencer par de faibles courants dont
on augmente Tintensité i^ l'aide du rhéostat à liquide.
M. d'Arsonval. Le vœu de M. Rossetti a reçu complète satisfaction
dans la pratique de quelques médecins. Tous les appareils construits par
M. Gaifl'e notamment sont munis d'une boussole, graduée en unités d'inten-
S$4 C05GRÊS IXTER5AT105AL DES ÉLECTRICIENS.
0iUi, et d'un rhéostat, qui permettent de connaître, trèâ exactement, les
qualités du courant, pendant qu*il traverse le corps da malade, et d'opâier
dans des conditions identiques* Il esta désirer que ce système se répande ;
it n'y a d ailleors aucune difficulté, puisqu'on emploie les unités G. G. S.
adoptées par les électriciens.
M. M£ PBésiD£5T rappelle que pour diminuer la douleur et Térythème
au contact des électrodes, M. Hitzig s*est servi avec avantage d'élec-
trodes impolarisables.
M. LE I^BÉsiOENT propose d'établir comme bases les trois conditions
que doit remplir une excitation physiologique, et qui ont été signalées
ci-dci§BUH. Pour graduer Tinlensilé on se servirait de l'appareil à traîneau,
Itî trembleur serait remplacé par un diapason ; ou bien on emploierait comme
courant excitateur un courant sinusoïdal obtenu par la rotation d'un ai-
mant dans une bobine, ou inversement.
Mp DiïrREZ pense qu'il y a de grandes difficultés à définir des quan-
ti Ids dépendant d'une bobine et d'un champ magnétique ; il préférerait -
remploi de [a dérivation.
M, JoLBERT. Ce dernier procédé n'ofl're pas d'assez grandes variations.
M. DKpnuz. On peut les accroître en prenant un fil résistant. Si l'on
prûnd un cliamp magnétique, M. Deprez est de l'avis de M. Lippmann,
on devrait [^rendre le champ magnétique terrestre.
M. IIelmuoltz. Dans le projet d'expérimentation de M. Deprez, les
coniiexitin» lieraient très difficiles à établir ; quels que soient les contacts
mobiles, on produirait un tétanos.
M. LK Paésident dit qu'il y a longtemps qu'il a essayé de ce moyen^
mais san.s succès. Il suffit de frapper un rhéochorde pour provoquer un
tiilanos, bien que le contact se fasse avec du mercure. Entre le mercure
d*une parL> le platine ou le fer de l'autre, M. Werner Siemens a constaté
une t ésLslartce au passage très grande et excessivement variable.
M, Uklmuoltz propose de faire mouvoir, dans une bobine fixe, un
barreau liitnanté dont on déterminerait le moment magnétique.
M. Dki>iibz. Getle détermination serait gênante pour les physiologistes;
mieux vaudrait faire tourner un barreau de fer doux dans le méridien ma-
gMOtif]iH\ etnnme Ta proposé M, d'Arsonval.
M. JouDKRT. Les barreaux de fer doux ne sont pas identiques et ne
doniieraieiU ({ue de bien faibles courants dans ces conditions.
M. Ui^i.vinOLTz propose de charger statiquement, par une pile, un
disque nuMallique se mouvant parallèlement à un second disque fixe, situé
à iim di&laiice déterminée du premier.
COMMISSION DÉLECTRO-PHYSIOLOGIE. 257
La quantité d'électricité serait ainsi rendue indépendante de la vitesse
de rotation.
M. p*Arsonyal. Mais pas la forme de la courbe. M. Helmholtz re-
viendrait donc au condensateur, qui serait rendu rotatif et qui, par ce
moyen, pourrait donner des décharges de forme sinusoïdale.
M. LE PfiésiDENT. Que désiro la Commission ? Acceptera-t-elle les
deux projets qui lui sont proposés ou seulement le dernier ?
La Commission s'arrête au dernier projet de M. Helmholtz. Quant
aux courants continus employés en électro-thérapie, tous les membres sont
d'accord avec M. d'Arsonval pour les évaluer en unités C. G. S. pendant
l'application même.
La discussion de la seconde question du projet de programme est
remise au lendemain à deux heures.
La séance est levée à quatre heures vingt minutes.
47
DEUXIÈME SÉANCE
23 septembre 1881.
PBÉgIDENCE DE M. DU BOIS-REYMOND
M- LE PRÉsroEiM déclare la séance ouverte à deux heures.
La parole est donnée à M. d'Arsonval pour la lecture du procès-
verbal > qui est adopté,
5L LE Président a peu de confiance dans le dernier procédé proposé
par M- Helraholtz, parce qu'il pense qu'il est bien difficile de conserver
une charge statique, à cause de l'humidité variable de l'air.
M. Maret (France) fait observer que cette charge statique est entre-
tenue constante par une source dynamique qui pare pour ainsi dire aux
fuites à chaque instant.
M- JouBERT (France) croit que l'humidité influe quand même ; il pré-
férerait r aimant tournant de M. Helmholtz.
M- d'Arsonval (France) rappelle que l'on sait bien éviter cette cause
d'erreur dans tous les électromètres, et qu'ici le cas n'est pas plus
difficile*
M. Maret prie M, Helmholtz de parfaire son instrument. Il demande
s'il n'y aurait pas avantage à prendre un inducteur positif et un inducteur
négatif, pour que le nerf reçût des décharges de sens contraire évitant la
polarisation.
M- Helmholtz (Allemagne) pense que cela est inutile, carie courant
produit par un seul disque est oscillant.
5L M ARE Y explique que, pour ne pas changer la vitesse de rotation
et varier néanmoins le nombre des excitations par seconde, on pourrait
recueillir les courants de deux en deux, de trois en trois, etc., et que l'on
pourrait également varier la quantité d'électricité par la forme des
inducteurs.
COMMISSION D'ÉLECTRO-PHYSIOLOGIE. Ï59
M. Helmholtz rappelle que si les deux disques sont très rapprochés,
la quantité est proportionnelle à la surface.
M. Marey demande s'il ne serait pas bon de proposer trois types
d'appareils qu'on puisse reproduire aisément :
l"" Le type d'appareil d'induction à traîneau de M.duBois-Reymond,
qui a déjà rendu de si grands services ;
2" L'appareil électro-magnétique ;
S"* L'appareil électro-statique.
Il ajoute que l'on aurait ainsi de l'unité dans toutes les recherches. Il
demande ensuite quelle forme M. Helmholtz propose pour ses appareils.
M. Helmholtz explique que, pour l'appareil électro-magnétique, le
fil serait enroulé d'une certaine manière donnant un courant sinusoïdal.
Quant à l'appareil électro-statique, M. Helmholtz n'y a pas encore pensé.
M. d'Arsonval propose pour l'appareil électro-statique la forme de
secteurs cylindriques, qui sont faciles à construire et se prêtent très bien à
un mouvement de rotation rapide.
M. Helmholtz partage l'opinion de M. d'Arsonval et croit, en effet,
que la forme cylindrique serait la meilleure.
M. LE Président pense que l'on pourrait passer à la diFCussion du
second point du projet de programme, qui porte sur les meilleurs moyens
pour déterminer la nature des phénomènes électriques qui se produisent
chez les animaux.
M. LippMANN (France) dit que la question des électrodes, étant la
plus importante, doit être traitée tout de suite. Il croit qu'il faut renoncer
aux électrodes de platine, qu'on ne peut maintenir longtemps égales.
M. LE Président dit qu'il y a nécessité absolue d'employer des élec-
trodes impolarisables dans toutes les expériences d'électro-physiologie. Il
décrit les diverses électrodes classiques dont il se sert et qui reposent sur
l'emploi du zinc amalgamé plongeant dans une solution de sulfate de zinc.
Le tissu organique est mis en communication avec l'électrode par l'inter-
médiaire d'une couche d'argile imprégnée de la solution physiologique de
chlorure de sodium. Par ce moyen, on arrive à la plus grande homogénéité
entre les deux électrodes, dont la différence de potentiel n'est tout au
plus que de quelques dix millièmes de Daniell.
M. le Président ramène d'ailleurs l'égalité à l'aide du compensateur
circulaire.
M. Maret demande si Targile emplqyée est du kaolin pur.
M. le Président répond que c'est l'argile plastique ordinaire des
sculpteurs.
260 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
M. Marey pense que Timportaiit est que la substance intermédiaire
soit inerte.
M. le Président conclut que la question des électrodes est ainsi
tranchée, et qu*il faut rejeter les électrodes métalliques. Il y a pourtant,
ajoute-t-il, un cas où Ton peut les conserver, à cause des potentiels énormes
qu'on a à observer : c'est le cas de la décharge des poissons électriques.
M. d'Arsonval dit que, puisqu'il y a accord sur les électrodes
à employer, la Commission pourrait conseiller l'emploi de certains appareils
de mesure.
M. LE Président. On doit abandonner ce choix au tact expérimental
de chaque observateur. Les instruments doivent varier avec la nature des
phénomènes à observer. On pourra employer, suivant les cas, la grenouille
galvanoscopique, la méthode chimique, le téléphone, la boussole apério-
dique ou rélectromètre capillaire de M. Lippmann. M. le Président
reproche néanmoins à cet instrument d'amener une forte polarisation ;
celle du mercure dans l'eau acidulée est à celle du platine conmie s à
l'unité.
M. Lippmann. Cette polarisation constitue précisément le principe de
l'appareil. C'est elle qui s'oppose au passage de tout courant d'un potentiel
inférieur à celui du mercure et qui en fait un électromètre et non un galva-
nomètre.
M. Lippmann, interrogé sur la sensibilité de l'appareil, répond qu'il
peut donner, quand il est bien construit, ^ de Daniell. 11 n'est bon que
pour les forces électromotrices inférieures au volt.
M. LE PRÉsmENT dit que la différence de potentiel du muscle
atteint parfois 4- de Daniell et celle du nerf 0,025. L'électromètre de
M. Lippmann sera signalé parmi les meilleurs, sans vouloir le substituer
aux galvanomètres.
M. Christiani reproche à la forme ordinaire de l'électromètre
Lippiqann d'être difficile à se procurer, fragile, peu transportable. 11 a
essayé de le modifier et a construit un petit modèle facilement transportable ;
dans ces appareils, dont un figure à l'Exposition, la longueur de la colonne
mercurielle n'excède pas 100 millimètres, mais elle peut êti*e réduite à
30 millimètres.
M. Lippmann signale la présence,dans la section suédoise, d'une modi-
fication analogue due à M. Loven. Au reste, on enfait depuis longtemps en
France pour la physiologie. Néanmoins, dans les expériences délicates,
M. Lippmann préfère une longue colonne de mercure. La rapidité des
indications de l'instrument dépend beaucoup delà longueur totale de la
COMMISSION D'ÉLECTRO-PHYSIOLOGIE. )64
colonne et de la longueur de la pointe. L'accélération au départ est facile
H
à calculer ; M. Lippmann donne la formule suivante : x=g'ja. H est la
hauteur totale de la colonne de mercure, / la longueur de la pointe, g l'accé-
lération due è. la pesanteur, et a, coefficient donné par la graduation, est
égal à \ pour un élément Danîell. On voit donc que l'accélération au départ
dépend de la hauteur de la colonne. Cette accélération peut être rendue
aussi grande qu'on le désire, et l'inertie de l'instrument être réduite dans les
mêmes proportions.
M. Ghristiani dit que certains physiciens doutent encore que la pres-
sion mesure la différence de potentiel.
M. Lippmann. Le travail auquel fait allusion M. Christian! repose sur
une fausse interprétation.
M. HELMHOLTzest de l'avis de M. Lippmann, que le principe de
l'électromètre n'est pas contestable.
M. LE Président. Pour les indications rapides, Télectromètre capillaire
est le meilleur instrument. Mais dans les cas où cette rapidité d'indication
est inutile, M. le Président préfère les boussoles apériodiques qui donnent
l'intégrale. L'électromètre ne permettrait pas d'observer la décharge des
poissons électriques.
M. Marrt dit qu'il a tourné la difficulté en n'envoyant dans l'élec-
tromètre qu'une dérivation de ce courant.
M. Marey trouve l'électromètre très précieux pour les phénomènes
électriques variant rapidement, par exemple pour l'étude de l'oscillation
négative. La courbe électrique se confond presque avec la courbe myogra-
phîque, ce qui paraît démontrer que ces deux phénomènes sont intimement
liés. Ne pourrait-on pas disposer les instruments de façon à superposer les
deux courbes ?
M.Helmholtz. Lavariation négative précède la contraction musculaire.
M. LE Président. Cette question est bien complexe, surtout avec le
muscle gastro-cnémien de la grenouille.
M. d'Arsonval croit qu'il est difficile de formuler des méthodes pour
observer l'oscillation négative des nerfs et des muscles, et qu'il faut s'en
rapporter à l'adresse de l'expérimentateur; tel instrument bon pour l'un ne
convenant pas à tous.
Il n'en est pas de même pour la décharge des poissons électriques, ou
l'énergie électrique est considérable ; M. d'Arsonval s'est servi dans ce cas
d'un galvanomètre Marcel Deprez, à indications très rapides, qui inscrit
directement sur un cylindre enfumé Ténergie et les phases de la décharge.
262 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Il est à désirer que l'emploi de cet instrument précieux se généralise pour
ces études.
Quant à la mesure des courants plus faibles, M. d'Arsonval, en colla-
boration avec M. Deprez, a donné une boussole apériodique qui peut rendre
de grands services en physiologie. Dans cet instrument, c'est le courant
lui-même qui est mobile dans un champ magnétique puissant. On évite
ainsi l'influence des masses magnétiques avoisinantes, l'astaticité est aussi
grande qu'on le désire, et par suite la sensibilité. Ces appareils se trouvent
à l'Exposition et sont à la disposition de la Commission.
M. LE Président résume, ainsi qu'il suit, les différentes propositions
faites dans le sein de la Commission concernant le second point du pro-
gramme :
1* Emploi des électrodes impolarisables dans tous les cas, excepté
pour la d'écharge des poissons électriques ;
2*» Pour l'étude des variations rapides : la grenouille galvanoscopîque,
le téléphone, l'électromètre Lippmann, le galvanomètre Deprez, le galva-
nomètre Thomson.
3* Pour l'étude des variations lentes, les boussoles apériodiques de
du Bois-Reymond, de Deprez et d'Arsonval et tous les appareils ana-
logues.
Les diverses conclusions de la Commission seront rédigées par M. le
Président et présentées au Congrès en séance plénière.
M. d'Arsonval demande que l'on se rallie à sa proposition pourfaire
adopter en électro-thérapie des appareils gradués en unités C. G. S. dans
l'application des courants continus.
M. RossKTTi (Italie) est du même avis.
M. DE ZiEMSSEN (Allemagne) dit que l'intensité du courant dépend
d'une foule de conditions variables et que, dans la pratique, il n'a pas
éprouvé ce besoin.
M. Helmholtz. Il est facile pourtant de mesurer l'intensité du courant.
M. DE ZiEMSSEN. Mcs appareils sont gradués en unités Siemens et
portent une boussole avec divisions arbitraires.
M. LE Président. La résistance del'épiderme est égale au § de la
résistance totale du corps.
M. d'Arsonval. Cela importe peu, car le courant qui traverse le
corps passe en même temps par la boussole et par le rhéostat. La boussole
est graduée en unités C. G. S., et le rhéostat permet de ramener l'inten-
sité du courant toujours à la même valeur. On opère donc dans des con-
ditions absolument définies et faciles à réaliser.
COMMISSION D'ÉLEGTRO-PHYSIOLOGIE. 263
D'ailleurs cette méthode est appliquée déjà par bon nombre de
médecins français. Tous les appareils construits par M. Gaiffe sont gradués
en unités C. G. S., et M. d'Arsonval insiste pour que cette méthode sôit
généralisée.
M. Helmholtz. Cette méthode, en France, étant déjà dans la pratique,
M. Helmholtz se rallie à la proposition de M. d'Arsonval ainsi que M. de
Ziemssen.
La séance est levée à quatre heures dix- minutes.
1
DEUXIÈME SECTION
PREMIÈRE SÉANCE
16 septembre 1881
La séance est ouverte à deux heures dix minutes par M. le Cohmis-
SAïaE GÉNÉRAL, qui invite la section à donner la présidence au doyen d'âge
afin de procéder à l'élection du Bureau; l'assemblée prie M. le Ministre
de vouloir bien prendre place au bureau.
M. le comte de Grawford et Balgarres (Grande-Bretagne) propose
de donner la présidence d'honneur à M. le Ministre et de nommer comme
Président : M. le D' Militzer (Autriche) ; comme vice-Présidents : MM. Bla-
viER (France) et Elsasser (Allemagne); comme secrétaires : MM. Th. Ro-
THEN (Suisse) et 0RDu5fA T Mdnoz (Espagne).
Toutes ces propositions ayant été favorablement accueillies par la
Section, le Bureau se trouve ainsi constitué.
M. LE Président pense qu'il faut avant tout étudier tes questions du
programme et décider si on les accepte comme base de discussion.
M. Nystrôm (Suède) appuie l'avis du Président et demande comment
on pourra faire discuter les questions réservées à l'initiative des membres
du Congrès.
M. LE Président demande d'abord si quelqu'un a une proposition
à faire relativement au programme et à l'ordre des questions fixées par la
Commission française.
M. Mercadier (France) pense que l'on pourrait tout d'abord dresser
l'ordre du jour des questions proposées pour la prochaine séance. Dans
l'intervalle, MM. les Membres pourraient présenter au Bureau les ques-
tions qu'ils désirent traiter et qui ne sont pas inscrites au programme.
Sur une observation de M. Ntstrôm, M. Mercadier insiste pour que
SÔ6 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
les membres puissent, tous les jours, proposer leurs questions au Bureau
pendant la durée du Congrès.
La proposition de M. Mercadier, mise aux voix, est adoptée.
M. LE Président prie les personnes qui auraient des questions à
présenter, de vouloir bien s'inscrire au Bureau.
La discussion est ouverte sur la première question du programme
(télégraphie) ; il s'agit tout d'abord de la question de la Comparaison de
Pemptoi des piles et des machines^ en télégraphie.
M, Marcel Depeez (France) dit que cette question est si simple au
premier abord, que la poser, pour lui, c'est la résoudre ; les machines
dynamo-électriques étant beaucoup moins encombrantes que les piles.
Ainsîj au ministère, on emploie dix. mille éléments qui seraient remplacés
avec avantage par une machine dynamo-électrique comportant dix mille
dérivations, par exemple. Pour les petits bureaux, l'étude de la question
sera connexe avec celle de la distribution de l'électricité.
M. Bahon (France) dit que la solution consiste surtout à trouver une
machine divisant le courant à l'infîni, mais que pour les petits bureaux
ils fonctionnent parfaitement avec des piles de 15 à 20 éléments coû-
tant 1 franc d'entretien par an.
M. Deprez fait remarquer que sa proposition ne s'appliquait qu'à des
postes nécessitant des sources d'électricité considérables.
M, DU MoNGEL (France). La raison qui a fait ajourner la substitu-
tion des machines aux piles est complexe : en effet, dans un grand bureau,
il y a un grand nombre de lignes qui ont des résistances différentes ; en
outre, toutes n'ont pas la même importance, et celles même qui seraient
dans ce cas ont des heures d'activité différentes. Si l'on a un seul généra-
teur, les intensités varieront et les lignes seront mal desservies.
Cest pour ces motifs qu'on a repoussé la substitution jusqu'à présent.
Cependant il existe des machines donnant une intensité constante dans des
circuits de résistance variable, telles que celle de M. Marcel Deprez, et
d'autres plus simples, paraît-il, appliquées en Amérique. Il y a une autre
objection : certaines lignes travaillant la nuit ne nécessitent pas une source
aussi grande, et cependant la même machine dynamo-électrique exige tou-
jours la mcrae machine à vapeur.
Nous croyons savoir que de bons résultats ont été obtenus récemment
par ta substitution des machines aux piles, notamment aux Indes.
M. Deprez pense, comme M. du Moncel, que ce problème est inti-
mement lié à celui de la distribution électrique; mais il affirme qu'il a
résolu la question d'une façon pratique et que l'on peut, dans un bureau
DEUXIÈME SECTION. «67
central, au moyen de son système, prendre également un courant d'un
100* de Weber ou de 50 Weber sur des bornes de même potentiel.
M. B£RGON (France) demande s'il faut pour cela introduire des
bobines de résistance.
M. Deprez répond afiirmativement.
M. Lartigue (France) fait remarquer que, pour les appareils travail-
lant avec des piles locales, il faudra, en prenant le courant sur la machine,
introduire des résistances et, par conséquent, compliquer les appareils.
M. Hughes (Grande-Bretagne) demande si, avec la machine, il pas-
sera pendant chaque millième de seconde une quantité constante d'énergie.
Il croit que pour ses appareils il serait difficile d'utiliser des courants
ayant des variations vibratoires, et que cela exigerait un réglage continuel.
M. Deprez fait remarquer que la question est actuellement résolue.
Avec une machine Gramme faisant dix tours par seconde et ayant soixante
lames au commutateur, on a, il est vrai, six cents vibrations, mais on peut
rendre le courant constant en introduisant des piles secondaires. D'un autre
côté, en Amérique, on se sert déjà de machines à condensateurs.
M. LE Président demande si quelqu'un pourrait donner d'autres
éclaircissements ou s'il est préférable de laisser la discussion ouverte.
M. Deprez annonce que la question a reçu une solution toute récente
de M. d'Arsonval; mais il n'est pas autorisé à en parler encore.
M. Mercadier demande qu'on nomme une Commission qui entendra
les auteurs des divers procédés inventés et qui fera un rapport.
M. Hughes fait remarquer que, jusqu'à présent, les piles ont parfai-
tement suffi à tous les cas, tandis que, en ce qui concerne les machines, on
n'est que dans la période d'essai. Pour le moment, la Commission ne
pourra qu'écouter les renseignements et comparer les procédés, sans pou-
voir prendre une décision.
M. Deprez dit qu'il est prêt à donner au Congrès la démonstration de
son procédé :
Soit I l'intensité totale du courant et e la différence de potentiel que
l'on veut maintenir constante entre les points où se fait la prise de courant.
En désignant par x la résistance variable avec le nombre des dérivations, par
r la résistance intérieure de la machine et par E la force électromotrice
que la machine doit développer, on a :
X r + X
d'où
E = e + ri;
268 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ËLECTRICIENS.
d*oU Ton conclat que la force électromotrice doit être une fonction da pre-
mier degré de I. Si Ton enroule deux circuits sur les électro-aimants, l'un
recevant le courant de la machine, l'autre un courant venant d'une source
extérieure et constant, l'intensité du champ magnétique, et par suite la force
électromotrice qu'il développe dans l'anneau, est proportionnelle àe + rl,
ce qui résout le problème.
M. LE Président met aux voix la proposition précédemment faite par
M. Mercadier; cette proposition est adoptée.
Sont nommés membres de la Commission chargée d'étudier la ques-
tion en discussion : MM. Hughes, du Moncel, Deprez, Mercadier, Brix,
Baron.
M. d'Arsonval, membre de la chancellerie du Congrès, est invité à
assister aux séances de la Commission, avec voix consultative.
(Voir le Rapport de cette Commission, page 298).
M. LE Président ouvre la discussion sur la deuxième question : Des
meilleures conditions d'établissement des lignes télégraphiques aériennes,
souterraines et sous-marines, sous le rapport de la conductibilité et de riso-
lement.
M* Lartigue (France) demande, si on fixe la discussion de cette
question à la prochaine séance, que l'on veuille bien mettre à l'ordre du
jour l'élude du bronze phosphoreux. Il croit que l'emploi de ce composé
serait très avantageux, s'il est vrai que, sous une section moindre, il offre
une conductibilité meilleure et présente une ténacité plus grande que celle
des fils actuellement employés.
M. Ntstrôm, tout en remarquant que la question, telle qu'elle est
posée, donne une base très large à la discussion, pense que cependant il
faudrait étudier, outre la question de conductibilité et d'isolement, celle
de la capacité statique des câbles sous-marins.
M. le lieutenant-colonel Webber (Grande-Bretagne) demande que l'on
nomme une Commission de neuf membres qui se diviserait en trois sous-
Commissions; chacune des sous-Commissions étudierait à part la question
entière pour chacune des lignes aériennes, souterraines et sous-marines.
M. Mercadier, en réponse à M, Nystrôm, dit que lorsque la Com-
mission française a rédigé le projet de programme, elle considérait que la
question de capacité était intimement liée à la question d'isolement.
M. tÉ Président met aux voix la proposition de M. Webber, qui est
adoptée avec cette modification que la Commission étudiera à la fois les
lignes télégraphiques et téléphoniques.
Sont nommés membres de la Commission : MM. Baron, Bergon, Ri-
DEUXIÈME SECTION. 269
chard, Boussac, Webber^ Gh. Bright, Banneux, Rothen, Bède et NystrOm.
M. Nystrôm demande, à cause de ses fonctions de Commissaire à
l'Exposition, que le Congrès veuille bien accepter sa démission en faveur
de M. Graves.
M. Hughes propose de nommer M. Graves tout en conservant
M. Nystrôm sur la liste de la Commission.
Cette proposition est acceptée.
M. le Paésident propose de lever la séance et de remettre au lende-
main, deux heures^ la discussion des 3* et li^ paragraphes du programme.
L'ordre du jour étant ainsi fixé, la séance est levée à trois heures qua-
rante minutes.
DEUXIÈME SÉANCE
17 septembre 1881
FftSSIDENGE DE M. MILITZER (AUTRICHE)
M. LE Président déclare la sjwce ouverte à deux heures dix
minutes.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu par M. Orduna y
MuNOZ (Espagne) , secrétaire.
A Toccasion du procès- verbal, M. Bergon (France) demande si la
Commission nommée dans la précédente séance devra s'occuper des
instruments aussi bien que des lignes télégraphiques.
M. LE Président dit que cette question fera l'objet d'une proposition
spéciale.
M. le Président donne lecture d'une lettre de M. van Ryssejberghe
(Belgique), qui demande à traiter dans la deuxième Section la question
d'une ligne télégraphique internationale spécialement destinée à la
météorologie.
M. Mercadier (France), rappelant ce qu'il a dit à la première
Section, pense que la question, qui présente deux points de vue, Tun
scientifique et l'autre administratif, pourrait cependant être traitée
intégralement à la deuxième Section.
M. VAN Rysselberghe (Belgique) se rallie à la proposition de
M. Mercadier.
Il sera statué ultérieurement sur cette proposition.
M. Baron (France) demande à faire une rectification au procès-
verbal : il a dit, dans la dernière séance, que la dépense d'entretien d'un
élément, dans les petits bureaux, s'élève à 1 franc par an.
Le procès-verbal est adopté sous la réserve de la rectification signalée
par M. Baron.
M. le Président consulte la Section pour savoir si la question
DEUXIEME SECTION. 274
proposée par M. van Rysselberghe sera scindée, pour être traitée dans les
première et deuxième Sections.
Cette proposition est rejetée.
La Section décide ensuite que la question sera traitée intégralement
dans la deuxième Section, et sera mise, à la suite de Tordre du jour.
M. LE Président donne lecture de renoncé de la question qui est à
Tordre du jour :
Des avantages et des inconvénients des relais sur les grandes lignes
télégraphiqaes.
M. Orduna (Espagne) désire seulement connaître Topinion des
membres du Congrès sur la question qu'il présente ainsi : Les relais sont-ils
nuisibles à la transmission dans les lignes télégraphiques ?
On sait que, quand une ligne est parfaitement isolée, les courants
électriques parcourent intégralement la ligne et que tout signal fait à une
extrémité se répète à Tautre, sans difficulté, si Ton transmet lentement.
Mais si Ton veut transmettre rapidement, il faut, aussitôt après avoir
chargé la ligne, préparer la décharge, ce qui conduit à des complications
mécaniques. La question se complique encore si Ton transmet en duplex.
Si Ton opère sur des lignes de 400 à 500 kilomètres, on peut em-
ployer des condensateurs ; par la transmission directe, au delà de cette
distance, le courant de décharge peut détruire complètement les signaux
transmis.
M. Orduna demande si, dans ces conditions, il est préférable d'em-
ployer un condensateur à chaque extrémité ou . un relais au milieu de la
ligne. Il croit qu'il serait préférable d'employer un relais, jusqu'à l'époque
où, par suite des perfectionnements des duplex, on pourra transmettre
sans condensateurs. Il pense que le relais est un remède qu'il faut éviter,
s'il est possible, mais un remède qui peut, dans certains cas, être indis-
pensable.
A une demande de M. Nystrôm (Suède), M. Ordona répond qu'il
est possible de transmettre en duplex sans relais jusqu'à /iOO ou 500 kilo-
mètres.
M. Baron fait remarquer que Ton peut atteindre 800 à 900 kilo-
mètres sans relais, mais en employant les condensateurs.
M. LE Ministre insiste sur la question posée par M. Ordufla, qui
consiste précisément à examiner quel est le mode préférable entre l'emploi
des relais et des condensateurs.
M. Hughes (Grande-Bretagne) pense qu'il est très difficile de
répondre exactement et de préciser les conditions d'emploi des relais, qui.
tn CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
cependant, lui paraissent nécessaires sur toutes les grandes lignes.
En 1868, lors des essais faits en France avec son appareil, on marchait
avec un ou deux relais entre Paris et Lyon; mais les résultats furent plus
satisfaisants en les supprimant. En Angleterre, dans des essais analogues,
on avait employé un relais spécial : l'appareil marchait moins bien que sans
relais. Comme on pensait que les relais étaient indispensables, on en mit
jusqu*à quatre ; les résultats furent de moins en moins favorables et ne
devinrent satisfaisants qu'en supprimant tous les relais.
M. Hughes pense que, sauf les cas exceptionnels, l'emploi d'un relais
est utile pour les distances qui dépassent 500 kilomètres.
Les relais peuvent présenter deux espèces différentes de sensibilité :
il faut, d'une part, qu'ils fournissent des contacts aussi parfaits que
possible; mais, d'autre part, il faut qu'ils obéissent très rapidement,
dans un temps excessivement court, principalement pour les appareils
imprimeurs. Si le relais est lourd et lent^ il serait préférable de n'en point
avoir.
Au point de vue de la rapidité, les relais polarisés semblent parti-
culièrement bons, et le meilleur parait être celui de M. d'Ârliucourt.
Les relais présentent un inconvénient, celui d'exiger un réglage,
même ceux dits sans réglage.
Les retais, en somme, peuvent être avantageux ; mais il y a une limite
à leur emploi. On le comprend facilement, car il est certain que, par l'emploi
de vingt relais sur une ligne de 1 kilomètre, il y aurait certainement un
retard dans la transmission.
M. An t. Beeguet traduit une note de M. Graves (Grande-Bretagne)
qui contient les renseignements suivants : En Angleterre, on pense qu'il y
a avantage dans remploi des relais sur les lignes de 300 milles et plus
(liBO kilom.) ; on les emploie sur toutes les lignes partant de Londres et
dépassant cette longueur, en les disposant de manière à pouvoir les retirer
du circuit. Grâce h eux, sur la ligne de Londres à Dublin, la vitesse de
transmission du Wheatstone automatique a augmenté de 90 à 150 mots
par minute ; sur cette ligne, le relais, toujours employé, est placé à
environ 260 milles (420 kilom.) de Londres et à 20 milles (32 kilom.) de
Textrémité de la ligne sous-marine qui a environ 72 milles (108 kilom.) de
longueur ; la station de Dublin est, d'autre part, à 10 milles (16 kilom.)
de la jonction de la ligne sous-marine et de la ligne aérienne.
Sur la ligne de Glasgow, de iOO milles (650 kilom.), on travaille,
avec des relais, à Manchester ou à Leeds, et l'on transmet jusqu'à 200 mots
par minute. Sur la ligne d^Aberdeen, 600 milles environ (960 kilom.), on
DEUXIÈME SECTION. Î73
se sert de deux relais, Tun à Leeds, l'autre à Edimbourg, et Ton atteint
la même rapidité de transmission.
M. Graves pense que l'emploi des relais a, en somme, augmenté la
rapidité de la transmission.
En réponse à une demande de M.,Blavier, M. Graves répond que
l'on emploie en Angleterre un relais polarisé spécial.
M. Nystrôm (Suède) dit que l'on peut transmettre en duplex à
600 kilomètres, sans relais, en employant des condensateurs, et que l'em-
ploi des relais est coûteux parce qu'il exige l'intervention d'employés.
M. Graves complète sa communication en disant que les relais
employés sont des modèles spéciaux, notamment un relais Siemens polarisé
Il y a actuellement, au départ de Londres, dix circuits possédant chacun
un relais et disposés de manière à transmettre régulièrement 200 mots par
minute. ,
M. le comte du Moncel (France) pense que l'on ne doit employer les
relais que lorsque l'on ne peut faire autrement, mais que c'est quelquefois
une nécessité. Le relais d'Arlincourt, précédemment cité, donne de bons
résultats et même augmente la rapidité de la transmission, par suite des
réactions secondaires qui s'y produisent et qui, à la cessation du courant
et par suite du coup de fouet, produisent physiquement la mise à la terre
et la décharge de la ligne, action qui s'obtient mécaniquement dans les
autres appareils.
Quoi qu'il en soit, le relais n'est qu'un remède, et il faut s'en passer
lorsqu'on le peut.
M. Elsasser (Allemagne) fait remarquer que l'on peut employer les
relais, soit à l'extrémité des lignes, soit sur le parcours, comme translateurs.
M. Hgghes répond qu'il n'a voulu parler que des translateurs.
L'emploi des relais locaux dépend surtout des appareils employés, qui
peuvent exiger une grande force.
M. LE Ministre annonce que si la section croit utile de faire des
expériences sur ce sujet, ou sur tout autre, l'administration française est
prête à satisfaire aux demandes qui se présenteraient, et pour lesquelles
l'Exposition pourrait être une occasion exceptionnellement favorable.
M. LE Président remercie le ministre et, jugeant la question épuisée,
demande quelle question la section désire aborder.
M. VAN Rysselberghe, avant la clôture de la discussion, demande à
préciser la question suivante: Une ligne qui fonctionnait bien avec cinquante
éléments cesse de fournir des résultats satisfaisants ; que convient-il défaire ?
augmenter la pile ou intercaler un relais ?
18
174 CONGRÈS INTE«RNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
MM. HcGHES et Bergon pensent qu'il n'y a pas de réponse absolue à
faire k une question ainsi posée, qu'il faudra étudier les conditions de la
ligne et se décider ensuite.
M. Blavier (France) partage cette opinion.
M. Bkrgon pense que, sur les très grandes lignes, il se produit un
ralentissement de la transmission qui peut être évité par l'emploi des relais
translateurs. Cette disposition, fractionnant la ligne en parties moins lon-
gueSj diminue, en outre, l'influence des courants terrestres ou atmosphé-
riques.
M. LE Président dit que l'on emploie l'appareil Hughes avec re-
lais translateur d'Arlincourt entre Vienne et Paris; il n'y a jamais eu de
dérangement depuis 1874. De même il y a un relais polarisé Siemens sur
la ligne Vienne-Lonc^res ; mais, pendant la nuit, on emploie la transmission
directe,
M. Mil itzer pense que, dans les petits bureaux, il peut être utile d'em-
ployer des relais avec les appareils Morse, parce que leur réglage est plus
facile que celui de l'appareil même.
M. Obduna demande à préciser la comparaison entre l'emploi des
relais et des condensateurs.
La question sera posée ultérieurement à la section.
M. LE Président donne lecture de la question suivante du pro-
gramme ; Dispositions à adopter pour les paratonnerres des lignes télégra-
phiques^ Avantages et inconvénients des fils préservateurs.
M. Blavier, parlant des paratonnerres à fil fin préservateur, pense
qu'ils sont une cause de dérangement, et désirerait savoir si, à la connais^-
sance des membres de la section, ils n*ont pas donné lieu à des accidents.
M, Laktigue (France) pense que les inconvénients qui ont pu se mani-
fester proviennent de ce qu'en général, ces fils sont masqués et que
l'on ne voit pas lorsqu'ils sont fondus ; au chemin de fer du Nord, on em-
ploie une disposition par laquelle, lorsque le fil fond, la chute d'un poids
qu'il supportait produit immédiatement la mise à la terre delà ligne, évitant
ainsi les accidents. Le temps qui s'écoule avant cette mise à la terre est
très court; il n'a pas été mesuré exactement, mais depuis que cette disposi-
tion est employée, quinze ans environ, on n^observe plus la détérioration
des parafoudres à pointes, ainsi que cela avait lieu autrefois.
On emploie aussi, au chemin de fer du Nord, des paratonnerres à
pointes et à papier qui donnent de bons résultats.
M. Blavier fait remarquer que, si ces derniers sont suffisants, les pre-
miers son inutiles.
DEUXIÈME SECTION. J75
M. Lartigue ne peut affirmer qu'ils donnent une aussi grande sécu-
rité.
M. DO MoNCEL, se référant à des expériences faites en .1866 par
M. Guillemin et qui ont donné lieu à un intéressant rapport, pense que
futilité des fils préservateurs est d'autant moindre que les dispositions des
parafoudres, auxquels ils sont joints, sont meilleures et que, lorsque celles-
ci sont réellement bonnes, le fil fin est à peu près inutile.
Il rappelle quelques-uns des points sur lesquels ont porté les expé-
riences ; on a reconnu, par exemple, que la surface du conducteur a une
grande influence, et qu'une lame métallique mince doit être préférée à un
fil de large section.
On a étudié également l'influence du nombre des pointes, de leurrap-
p^Qchement, de leur forme. A ce dernier point de vue, des cardes seraient
très afttisfaisantes, si elles ne risquaient de se détériorer trop facilement.
On a été conduit alors à employer un système mixte dont on a été
satisfait; mtôs on a remarqué que souvent alors le fil fin ne brûle pas et ne
rougit même pqys.
M. Banneux (Belgique) dit que, en Belgique, depuis plus de vingt-
cinq ans/ il n'y a que des parafoudres à plaques et à feuilles de papier;
ils sont placés en dérivation sur les fils de lignes; on en place un au
commutateur général des bureaux et d*autres, plus petits, près do chaque
appareil. Même dans les anodes. orageuses, on ne relève pas plus de 2 bo-
bines brûlées sur 100.
M. Elsassek fait connaître qu'en Allemagne, oii Ton emploie des para-
tonnerres à plaques et à pointes, ceux-ci ont parfaitement suffi jusqu'à
présent; les accidents sont très rares. Mais pour les lignes téléphoniques,
à cause des conditions d'établissement des fils et de la faible épaisseur de
la couche de soie isolante, on se sert de paratonnerres à fil fin. La préser-
vation a été très bonne jusqu'à présent.
M. le lieutenant-colonel Webber (Grande-Bretagne) dît que, dans ce
pays, les paratonnerres à plaques et à papier paraffiné ont remplacé les
systèmes précédemment essayés. On place ces paratonnerres à la jonction
des lignes souterraines et des lignes aériennes ainsi qu'aux extrémités des
lignes sous-marines, même de peu d'étendue, qui traversent des cours
d'eau, des estuaires. Sur les lignes de l'est de l'Angleterre, on fait un exa-
men, chaque semaine, en été, et souvent on observe des papiers percés,
mais toujours le câble est préservé. Comme les trous dans le papier ne
produisent, en général, aucune perturbation sérieuse, il importe de faire un
examen fréquent et complet.
tn CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
M, HiiGims a fait partie d'une Commission française qui a étudié les
paratonnerres, en 1865, et qui a fait un rapport inséré aux Annales télé-
graphiques. On employait de très fortes charges qui devaient traverser un
ni fin en avant duquel on plaçait, en dérivation, le paratonnerre à étudier.
Dans tous les cas, le fil fut brûlé, alors même que la dérivation était pro-
duite par un gros fil au contact du conducteur.
Les paratonnerres à plaques ont alors été jugés les meilleurs, mais
remploi de bobines préservatrices est avantageux. Il croit même que, dès
cette époque, on a signalé l'avantage qui pouvait résulter de remploi d*un
fil tendu.
M. DU MoNCEL dit que les expériences dont parle M. Hughes sont an-
térieures à celles qu'il rappelait précédemment. Il ajoute que l'idée de la
mise automatique èi la terre est ancienne et qu'il existe cinq ou six systèmes
différents de ce genre.
La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance, qui aura
lieu le lundi 19 septembre, èi deux heures.
M. OanuHA demande que la question suivante. soit mise èi l'ordre du
jour :
Puisque la décharge ne nuit pas à la transmission des signaux téUgra-^
phiques dans les lignes courtes^ serait-il préférable, pour une ligne longue
desservie en duplex, d'employer des condensateurs ou un relais translateur
au milieu du circuit ?
Il est décidé que cette question sera mise à la suite de l'ordre du
jour.
La séance est levée èi trois heures cinquante-cinq minutes.
TROISIÈME SÉANCE
10 septembre 1881
PRÉSIDENCE DE M. MILITZER
M. LB Président déclare la séance ouverte èi deux heures dix mi-
nutes.
M. le secrétaire Orduna y Munoz donne lecture du procès-verbal.
M. le comte du Moncel (France), à propos du procès-verbal, craint
de n'avoir pas été bien compris ; il semblerait qu'il eût dit qu'une lame
mince et large est plus favorable èi l'écoulement d'une décharge foudroyante
qu'un fil de grande section. Mais l'exemple de la feuille d'étain qu'il a cité
n'était qu'un exemple à fortiori. Un conducteur qui réunirait èi la fois la
surface et l'épaisseur serait certainement plus favorable. D'ailleurs, les
expériences de M. Guillemin ne concernent que la grandeur de la surface
et non l'épaisseur. M. du Moncel a apporté un résumé des expériences de
M. Guillemin; comme ce résumé n'a jamais eu une grande publicité, il
offre de le lire, si le président veut bien lui donner la parole.
Le procès-verbal est adopté.
M. LE Président rappelle que dans la question en discussion on ne
s'est encore occupé que de l'établissement des paratonnerres en station. Il
pense qu'il sera utile de s'occuper aussi de l'établissement des paratonnerres
sur les supports de lignes aériennes.
La parole est donnée k M. du Moncel.
M. DU Moncel : Dans un poste, le fil de ligne, avant d'aboutir à
l'appareil, est relié èi un parafoudre (en dérivation) et èi un paratonnerre èi
fil préservateur. Plus la protection donnée par le parafoudre est grande,
plus est faible la longueur de fil brûlé. Les expériences ont donné les résul-
tats suivants :
l"" Quand la décharge passe simplement dans le fil préservateur,
celui-ci est fondu sur une longueur de 50 & 60 centimètres ; S"" quand la
m CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
décharge se bifurque, la longueur brûlée varie suivant les conditions du
circuit et la disposition des parafoudres adoptés ; 3* avec des circuits courts,
et quand rien ne fait ralentir la décharge, l'influence du parafoudre est
insignifiante; il n'en est pas de même dans, le cas contraire, quand la
décharge est ralentie, ce qui est le cas d'une décharge atmosphérique;
4° en ralentissant suffisamment la décharge, de façon à fondre 15 milli-
mètres de fil préservateur, Tadjonction du parafoudre porte cette longueur
entre 2 et 9 centimètres, suivant la disposition du parafoudre ; 5"* avec para-
foudre à plaques, 20 à 30 millimètres fondus; 6** même résultat avec para-
foudre à 12 pointes; avec 6 pointes, 4 centimètres fondus; même résultat
avec 12 pointes, si elles sont émoussées ; 7*» dans de bonnes conditions, le
pouvoir protecteur augmente avec le nombre des pointes; mais dans de
mauvaises conditions, leur multiplicité est nuisible ; 8** on peut rapprocher
jusqu'à 2 millimètres les pointes entre elles, quand elles sont suffisamment
aiguës; pour les pointes ordinaires, la meilleure distance est de 5 milli-
mètres ; 9" les parafoudres doivent être à plaques et à pointes : à plaques,
pour protéger contre le coup foudroyant ; à pointes, pour affaiblir la tension
des nuages orageux.
D'après les recherches de M. Gaugain, il semblerait que l'électricité
statique dut suivre dans un conducteur métallique le chemin indiqué par
les lois des courants voltaïques; or cela est vrai pour un flux d'électricité
statique arrivé èi son état permanent de tension ; mais comme dans la
décharge atmosphérique on est dans la période variable, il n'est pas éton-
nant que rexpérieirce donne des résultats différents. Une simple lame d'é-
tain exerce une action protectrice beaucoup plus grande qu'un fil de fer de
gros diamètre. On arrive donc à cette conclusion, que la communication
doit être établie avec des lames de cuivre de 4 à 5 centimètres de lar-
geur sur 1 millimètre d'épaisseur ; qu'une lame de 1 mètre carré de sur-
face doit être placée dans un sol humide. Ce conducteur suffit pour 5 à 6 fils.
En somme, après les recherches deKirchhoff sur la conductibilité des
milieux indéfinis, on a résolu de doiuier le plus de surface possible aux
conducteurs de dérivation. Ainsi, à la Commission des paratonnerres de
Paris j on a décidé de lier les dérivations aux tuyaux de gaz et aux tuyaux
de conduite d'eau, bien que certains ingénieurs aient exprimé la crainte de
voir les ouvriers exposés à recevoir des décharges foudroyantes. Cette
crainte paraît chimérique à l'orateur, à cause de la grande surface de
communication des conduites d'eau ; par exemple, avec l'eau-, la tension en
chaque point doit être très petite, et d'ailleurs aux États-Unis, où Ton
emploie ce procédé, on n'a pas eu à signaler d'accidents. Pour l'établisse-
I^EUXIÈME SECTION. S79
ment des paratonnerres des édifices municipaux, comme des parafoudres
pour les lignes télégraphiques, la grande question consiste à établir une
bonne communication avec le sol. On établit généralement cette communi-
cation au moyen de bottes de fil de fer immergées dans un puits. M. du
Moncel préférerait se servir des conduites d'eau ou de gaz, s'il est certain
que cela ne constitue pas un danger; peut-être même serait-il utile dans
ce cas de changer les décisions prises autrefois par la Commission des
paratonnerres.
M. Blavi£R (France) regrette que M. du Moncel n'ait pu assister à
la séance de la première Section, où M. Helmholtz et d'autres membres
ont présenté des observations intéressantes; mais il veut faire remarquer
tout de suite que, contrairement à M. Guillemin, qui admet que les para-
foudres èi pointes facilitent les décharges, la première Section était d'avis
que la décharge par pointes isolées était très faible. M. Blavier ne pense
pas que les parafoudres à pointes pourront servir efficacement à décharger
l'électricité atmosphérique ; si les pointes sont très rapprochées, le para-
foudre agira comme un parafoudre à plaques. M. Blavier croit devoir
revenir à la question, qui est celle-ci : Peut-on, oui ou nouy supprimer les
fils préservateurs y quand les parafoudres sont bien établis? Pour lui, il est
d'avis de les supprimer. Certes, on peut les conserver dans les chemins de
fer, où les communications sont faciles et rapides et la surveillance cons-
tante; il n'en est pas de même pour les petits bureaux, souvent éloignés des
centres. Si le Congrès admettait que cette suppression fût possible, il ren-
drait un grand service à l'Administration des télégraphes, qui n'hésiterait
pas à l'ordonner, surtout pour les petits bureaux.
M. DU Moncel explique qu'il n'a fait que rapporter les conclusions de
M. Guillemin, mais qu'il partage absolument l'avis de M. Blavier. Il ne
croit pas que les parafoudres à pointes puissent soustraire l'électricité
atmosphérique. Le flux d'électricité attiré par les pointes est négligeable.
On ne doit réellement s'occuper que des coups foudroyants. Pour ces cas,
les parafoudres à plaques ont donné de très bons résultats. On n'a ajouté
les pointes qu'après les expériences de M. Guillemin. On a dès ïors admis
la disposition mixte où, d'après lui, les pointes ne jouent qu'un rôle secon-
daire à côté des plaques.
M. Mergadier (France) croit résumer la discussion en disant que^
s'il n'y a pas moins d'accidents en France que dans les pays où l'on n'em-
ploie pas de fils préservateurs, il faut supprimer ces derniers.
M. Pkeece (Grande-Bretagne). Dans les bureaux anglais et aux
extrémités des divers câbles sous-marins du Post-Office, on se sert de fils
Î80 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS-
préservateurs. L'appareil a une forme particulière : au fil de ligne est
attaché un fil mince de platine recouvert de soie. Le fil s*enroule sur une
sorte de bobine de laiton en communication avec le sol. Le fil isolé corn*
munique avec un parafoudre à plaques, et, au moyen d*une dérivation
secondaire, avec un parafoudre formé de deux pointes contenues dans un
œuf où on a fait le vide. Le fil se relie ensuite aux appareils.
/
rtfTT^^
^ "S.
Zt^ffr
-~^_
^^
^.Z
^^
f
Y
■^
^^^
/
l
:J
\
^^->^
/
;
i
l
^i
/
^
|V
/
Fig. 25.
Sur une demande de M. Bergon, M. Preege indique que le fil enroulé
a une longueur de 1 mètre, une résistance de dix ohms, et im diamètre
d'un dixième de millimètre. Les plaques ont 10 centimètres carrés de sur-
face; on les sépare au moyen d'une feuille de papier parafiTmé. M. Preece
ajoute que Ton ne considère pas comme nécessaire, pour les bureaux, l'u-
sage de fils préservateurs.
M. Ratnaud (France). On n'a jamais osé se prononcer complètement
contre le parafoudre à fil préservateur; car si le coup de foudre est assez
violent pour rougir le fil sans le fondre, la combustion de la soie donne la
communication avec le sol ; sans cela les bobines brûleraient.
M. Nystrôm (Suède) indique qu'en Suède on emploie les parafoudres
à pointes. Il propose à la section de remettre la suite de la discussion à la
séance suivante ; on pourrait y apporter des échantillons des parafoudres
employés dans les différents pays. (Cette proposition est adoptée.)
DEUXIEME SECTION. S84
M. LE Président demande si un des membres a des renseignements
à donner sur rétablissement des paratonnerres sur les poteaux.
M. Bla^yier dit qu'en France on en plaçait autrefois à tous les kilo-
mètres; comme ils ne produisaient pas grand effet, on lésa supprimés.
Hl. Webber (Grande-Bretagne). En Angleterre, on met dans chaque
poteau un fil qui le traverse dans toute sa longueur, et descend jusqu'au
sol. La communication y est établie par un pelotonnement du fil. Celui-ci
ne touche à aucune des ferrures qui sont sur le poteau; mais il est joint par
un fil plus petit aux consoles en bois qui supportent les isolateurs. Ce fil
fait trois ou quatre tours sur ces consoles sans toucher aux pièces de fer
des isolateurs. Cet ensemble n'a pas pour but d'être un paratonnerre pour
le poteau ; il agit comme un fil de dérivation à la terre {earth wiré) , quand
il y a trop de courant sur les fils, pendant les orages ; il se produit alors
un flux d'électricité entre les fils de ligne et les fils des poteaux. M. Web-
ber cite k l'appui le fait d'un homme tombé d'un poteau par suite d'un
choc : l'orage était à ce moment à vingt kilomètres environ du poteau.
Sur une observation de M. Graves, il ajoute qu'autrefois on ne croyait
pas. que des parafoudres de ce genre pussent être utiles sur les lignes à un
seul fil ; mais qu'on est revenu de cette erreur, et que l'on applique ce
système, sur les lignes à un seul fil, à un poteau sur cinq.
Sur une observation de M. Raynaud, M. Webber ajoute que la lame
d'air à traverser par le. flux électrique est de deux à trois pouces (cinq èi
six centimètres) •
M. Hughes (Grande-Bretagne) fait observer que si la dérivation
n'aboutit pas à un sol favorable, il pourrait se produire, au moyen de ce
système, des échanges d'électricité entre les différents fils.
M. Webber répond que cela ne peut se produire que lorsque le
poteau est très mouillé; sinon, en effet, l'épaisseur de bois qui sépare
chaque fil est peu favorable à un pareil échange. En outre, en Angleterre,
le sol très humide est toujours favorable à l'écoulement de l'électricité,
M. JoussELiN (France) dit que sur le réseau de Paris-Lyon-Méditer-
ranée, lorsque l'on ne préservait pas les fils de tunnels, les coups fou-
droyants produisaient fréquemment la rupture de câbles à trois fils.
Actuellement, on place èi chaque tête de tunnel un parafoudre de Bertsch;
depuis, OD n'a plus signalé d'accident, sauf un seul dans le tunnel de
Saint-Irénée (2,200 mètres de longueur), où un câble à cinq fils a été
endommagé. Les parafoudres ont une importance considérable pour la
préservation des lignes; ils sont indispensables sur les lignes souterraines*
M. Elsàsser (Allemagne). En Allemagne, on place des parafoudres
tèt CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
aux deux extrémités des câbles qui traversent des tunnels ou des cours
d'eau importants. On emploie des parafoudres d'une construction simple,
parce que les points où ils sont placés sont très éloignés des bureaux cen-
traux. Une plaque en cuivre jaune  portant des stries circulaires sur sa
face supérieure est vissée sur une tige également en cuivre jaune. Sur cette
tige se fixent deux cloches en cbonite intérieures l'une à l'autre et séparées
l'une de l'autre par une rondelle en caoutchouc vulcanisé. Ces cloches sont
maintenues en place au moyen d'une goupille qui traverse latigeen cuivre
jaune. Elles sont serrées contre la tige de cuivre, et maintenues en place
au moyen d'une bague en cuivre jaune dont le plan supérieur est à 1 mil-
limètre ou l'^-jOS au-dessus de' la face supérieure de la plaque A. Le tout
Fig. 26.
est surmonté d'un couvercle en cuivre jaune B, qui porte à sa face infé-
rieure des stries linéaires. B et G communiquent ensemble et avec le sol,
et la tige de cuivre avec le fil de ligne. Avant l'emploi de ces parafoudres,
des câbles brûlaient quelquefois; aucun n'a été atteint depuis.
Personne ne demandant plus la parole sur cette question, M. le Pré-
sident donne la parole à M. Larligue.
M. Lartigue. Une question qui se rattache à celle des parafoudres
consiste à savoir si les lignes télégraphiques ou téléphoniques, posées sur
les édifices, constituent un danger ou préservent au contraire de la foudre.
Les propriétaires consentent difficilement à autoriser la pose de fils sur leurs
maisons. Cependant les compagnies d'assurances, après discussion, n'ont
pas cru devoir modifier les risques prévus dans les difl'érentes polices.
M. Larligue pense qu'il serait utile que le Congrès prît une décision que
DEUXIÈME SECTION. 283
ferait accepter par tout le monde sa haute autorité. II ne croit pas que les
fils puissent constituer un danger; au contraire, son expérience lui prouve
qu'ils servent, en quelque sorte, èi drainer l'électricité de. l'atmosphère et
à éviter les coups de foudre. Il désirerait que le Congrès s'occupât de'
cette question.
M. MoNTiGNY (Belgique) a eu l'occasion d'observer un cas assez
curieux sur la route de Rochefort à Dinaa. Une ligne télégraphique tra-.
verse une forêt bordée de peupliers du Canada. Sur 480 arbres, 81 ont
été frappés par la foudre, tous du côté où passe le fil, et presque tous au-
dessus de ce fil. Il conclut des observations qu'il a faites, que de deux
édifices identiques construits Tun dans un bois et l'autre en plaine et aux
murs desquels sont fixés des fils télégraphiques, le premier est plus sujet
à recevoir des coups de foudre que le second. Le danger est plus grand
encore si l'édifice construit dans un bois est sur une éminence.
M. Bède (Belgique). Les compagnies d'assurances belges ont jsuivi
l'exemple des compagnies françaises. D'après M. Bède, le fil téléphonique,
par exemple, aboutit très bien au sol par ses deux extrémités (appareil chez
l'abonné et au bureau central). Les fils portent des ligatures; toutes pré-
sentent deux pointes; une ligne constitue donc un parafoudre à pointes.
M. Lartigde signale le fait suivant : un orage violent éclata l'année
dernière à Paris; un coup de foudre est tombé tout près du bureau central
des téléphones; il n'y a pas eu un seul appareil brûlé.
M"' Gloesenbr (Belgique) signale qu'en 1875, à Liège, la foudre
tomba sur une maison sur laquelle était établi un fil télégraphique. L'élec-
tricité s'en alla dans la terre par le poste le plus voisin.
M. Lartigue a mis des parafoudreâ à plaques chez tous les abonnés
de téléphones. Le papier de ces parafoudres est souvent percé de trous,
ce qui indique que les fils aériens ont servi de conducteurs à l'électricité
atmosphérique.
M. BÈDE signale qu'à Bruxelles; à chaque orage, un bureau central
des téléphones, qui primitivement n'était pas muni de parafoudres suffi-
sants, s'illuminait à chaque violent éclair; il a eu quelques bobines brû-
lées. La preuve que les fils servaient de paratonnerres, c'est que beaucoup
de parafoudres étaient brûlés chez les particuliers.
M. Webber (Grande-Bretagne) a observé la marche des orages dans
la campagne; il a tracé leurs courses; et il a remarqué que ces orages
suivent toujours le même chemin, et que, durant cinq ans, dans tous les
points où leur route traversait un parcours de lignes télégraphiques, il n'y
a pas eu de coups de foudre. En Angleterre, les ingénieurs télégraphistes
Î84 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
sont d'avis que les fils protègent les maisons. Il signale pour sa part que
dans la Cité, h Londres, où les fils forment dans le ciel comme une
immense toile d araignée, il n'a pas entendu parler, depuis neuf ans, d'une
maison foudroyée; et cependant les tours qui avoisinent Saint-Paul et les
hautes cheminées d'usine reçoivent souvent des coups de foudre. En
somme, on signale souvent des accidents arrivés aux instruments, mais les
maisons sont toujours sauvées.
M. BEDE dit qu'en Belgique on ne met jamais de paratonnerres aux
chevalets qui supportent les fils téléphoniques.
Mp RoTHEN signale qu'il en est de même en Suisse, à moins que les
particuliers ne demandent des paratonnerres.
M. HuGQ£s (Grande-Bretagne) signale, à propos des fils téléphoniques,
un accident curieux, qui s'est déjà produit trois fois à sa connaissance :
lorsque les ouvriers réparent les fils, si ces fils cassent brusquement, leur
grande tension les fait s'enrouler autour du cou des hommes et les
étrangle,
M. Lartigue profite de cette occasion pour rappeler au Congrès que
cette question viendra en discussion utile lorsqu'on s'occupera du bronze
phosphoreux. 11 revient à ce qu'il demandait au commencement de la dis-
cussion : que le Congrès fasse connaître son opinion sur le danger ou la
sécurité que peuvent apporter à un édifice des fils télégraphiques ou télé-
phoniques.
M, LE Peésibent annonce que la prochaine séance aura lieu le jeudi 22,
à deux heures, pour la discussion de la suite des questions inscrites au pro-
gramme,
M. LE Mi!tfisTiiE demande à la section si elle veut porter la ques-
tion de M. Lartigue à la séance plénière du lendemain, pour que le
Congrès réuni prenne une décision.
Cette proposition est adoptée.
M, Bergon (France) demande à la section de vouloir bien adjoindre un
membre allemand à la première Commission nonmiée dans la séance du
16 septembre.
M. ËLSÂ55ER est désigné pour cette Commission.
La séance est levée à trois heures cinquante-cinq minutes.
QUATRIÈME SÉANCE
22 septembre 1881
PRESIDENCE DE M. MILITZER
M. LE Président déclare la séance ouverte à deux heures vingt mi-
nutes.
M. le secrétaire Orduna y MuSoz donne lecture du procès- verbal de
la dernière séance.
M. Blavier (France) fait observer, à propos du procès- verbal, qu'il
n'a pas dit qu'on avait disposé d'une façon générale un paratonnerre sur
chaque poteau; on a seulement fait des essais sur deux lignes du Nord, en
1850 et 1852, en plaçant à tous les kilomètres un paratonnerre consistant
en un fil de terre et une pointe verticale en haut du poteau.
M. Bède (Belgique) demande également à faire une rectification en
ce qui le concerne : il a voulu dire que le Bureau central de Bruxelles s'il-
luminait avant la pose des parafoudres; depuis lors, ce phénomène ne s'est
plus présenté.
Le procès- verbal est adopté.
M. LB Président demande si la Section est d'avis de continuer la
discussion des questions du programme. Il fait observer qu'en ce qui con-
cerne la question soulevée par M. Lartigue, au sujet des fils télégraphiques
et téléphoniques installés sur les édifices, comme elle doit être traitée en
séance plénière, il y a lieu de passer outre. Il demande que la Commission
nommée pour étudier les meilleurs modes d'installation des lignes
aériennes, souterraines et sous-marines rende compte de l'état de ses
travaux.
M. Bergon (France) pense que, si M. le Président veut bien donner
la parole au secrétaire de la Commission, il explosera les travaux des trois
premières séances.
M. BoussAC (France), secrétaire, donne lecture des procès-verbaux
des trois premières séances et termine en énonçant les vœux et observations
de la Commission.
286 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
Premier vœu. — Une entente sera étabjie entre les administrations
télégraphiques des divers pays, à l'effet d*ÎMUtuer des expériences pério-
diques de mesures sur les fils internationaux.
Deuxième vœu. — Dans les marchés et publications, «a ne désignera
désormais, dans tous les pays, les fils que par leur diamètre exprimé en
millimètres ou fractions de millimètre, à l'exclusion de toute indication de
jauge.
Observations :
1/* La meilleure matière pour former les isolateurs est la porcelaine,
et la meilleure forme est la double cloche ;
,2** En ce qui concerne l'injection des poteaux, les meilleures sub-
stances sont le sulfate de cuivre et la créosote, selon les convenances des
divers pays;
S** Les poffeaux de bois doivent être généralement employés, sauf dans
les cas particuliers où les poteaux de fer peuvent présenter certains avan-
tages;
Ù.* Les fils employés pour la construction des lignes télégraphiques
doivent être des fils de fer galvanisé. Les essais faits jusqu'à ce jour sur
l'acier et le bronze phosphoreux n'ont pas donné des résultats suffisamment
précis pour qu'il soit possible de se prononcer, du moins en ce qui con-
cerne la construction des lignes télégraphiques ;
5** Les modes de raccordement des fils de lignes aériennes reconnus
les meilleurs sont : le manchon français et le joint britannia. Toutefois, la
Belgique emploie encore la torsade double soudée, qui lui donne de bons
résultats.
M. Bergon (France) ajoute qu'il y aura lieu d'examiner également la
qualité de la gutta-percha et de l'ozokérite.
M. LE Président met successivement aux voix les vœux émis par la
Commission. Ils sont adoptés à l'unanimité par la Section.
M. Blavier (France) dit qu'il n'y a pas lieu de faire adopter par la
Section les observations de la Commission ; mais qu'elles peuvent être prises
en considération.
M. LE Président répond que chaque administration sera libre de
leur donner la suite qu'elle jugera convenable.
M. Nystrôm (Suède), à propos du premier vœu de la Commission,
dit qu'il serait peut-être convenable de discuter à nouveau cette question,
afin d'arriver à un système uniforme de mesures.
M. Raynaud (France) répond que, la première Section ayant terminé
ses travaux sur les unités électriques, il n'y a plus lieu de revenir sur la
DEUXIÈME SECTION. 887
question, puisque le Congrès a sanctionné les décisions de la première
Section.
M. Bergon répond que les administrations intéressées se communique-
ront les résultats de leurs expériences et s'entendront sur la nature des
instruments à employer/
M. LE Président propose de. reprendre la suite de la discussion du
programme.
M. DU MoNCEL (France) fait observer que la question des parafoudres
ne lui semble pas complètement épuisée, surtout en ce qui concerne les
installations des fils de terre dans les petits bureaux, oii Ton se contente
souvent de paquets de fil enroulé.
M. Raynaud annonce que les fils de terre ne s'installent plus de la
même façon. On prend la terre aux conduites d'eau et aux conduites de gaz
qui ne sont pas en plomb ; car, pour les conduites en plomb, s'il y a fis-
sure, la foudre peut entraîner la fusion du plomb et l'incendie, comme
cela est arrivé à Calais. Il ajoute, d'après une communication de M. Baron,
qu'au bureau central de Paris, la terre e^t prise sur des plaques présen-
tant une surface de 150 mètres carrés.
M. Blavier (France) fait observer que la bonne installation des fils
de terre lui paraît facile à constater, lorsqu'il n'y a pas de dérivation sur
lés autres fils.
M. Webber (Grande-Bretagne) dit que, dans les petits bureaux anglais,
on prend la terre à l'aide de plaques en fonte galvanisées de 1 mètre carré
de surface et que cela est très suffisant, vu l'état d'humidité .du sol en
Angleterre. Dans ce pays, le département de la guerre s'est beaucoup
occupé de la question des paratonnerres pour les magasins à poudre; le
comité institué èi cet effet a fait un rapport dont les conclusions ont été que
les communications à la terre étaient mauvaises. On a dès lors décidé le
changement de tous ces paratonnerres. M. Webber rappelle en terminant
que, lorsqu'il a pris le service, une superstition régnait encore, de dorer
les pointes des paratonnerres avec des guinées de la reine Anne.
M. DU MoNCEL répond que sa question visait surtout les bureaux
éloignés des réservoirs d'eau. Il ajoute que dans certains endroits on a mis
le. fil de terre sous des tuyaux de gouttières, disposition qui ne lui paraît
pas plus efficace que celle qui consiste à se servir de plaques entourées de
poussier de charbon. Il termine en demandant à ce sujet l'avis de la Section.
M. Raynadd répond que, dans ce cas, on va chercher la terre à la
masse d'eau la plus voisine, au moyen d'un fil aérien.
M. Lartigue (France) dit que, dans les chemins de fer, on emploie
288
CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
les rails eux-mêmes comme fils de terre, parce qu'ils ont des contacts con-
tinus avec le sol, depuis que les rails sont retenus par des éclisses. Il ajoute
que la solution de M. Raynaud a dû être employée à Dinan, où Ton a fait
une ligne jusqu'à la Meuse, pour trouver une terre suffisante.
M. LE Président annonce qu'en Autriche, où quelquefois Ton ne trouve
pas d'eau, surtout dans la région des Alpes, on construit une véritable
ligne avec un fil de fer de 5 millimètres, enterré dans le sol jusqu'à ce
qu'on arrive à une couche de terrain un peu humide.
M. le capitaine Botto (Italie) demande la permission d'exposer la
façon dont on a procédé à l'abbaye de Monte-Cassino, où l'on ne rencontre
que du calcaire. Le P. Secchi, modifiant la première disposition de Scar-
pellini (1828), a relié le paratonnerre à une lame verticale de 1 mètre, à
laquelle est soudée une tige horizontale en cuivre de 4 mètres de longueur.
Fig. 27.
•
Sur cette tige sont fixées six lames cannelées, de 50 centimètres, à dents très
rapprochées, pointues et disposées en arêtes de poisson. La pointe de tige
est elle-même cannelée. L'appareil est enfoui dans une cavité de 1 mètres
de long sur 2 de large.
M. Webber (Grande-Bretagne) rend compte d'une communication de
M. Preece. A Tépoque du meeting de la British Association, on fit Tessai
du paratonnerre de la cathédrale d'York, et Ton y a trouvé une résistance
de 40 ohms. Le secrétaire du comité du département de la guerre a trouvé,
avec l'appareil du capitaine Bucknill, des paratonnerres présentant des ré-
sistances de 7,000 à 8,000 ohms.
Personne ne demandant la parole, la séance est levée à trois heures
quarante-cinq minutes, et renvoyée au lendemain à deux heures.
CINQUIÈME SÉANCE
23 septembre 1881
PRÉSIDENCE DE M. MILITZER
M. LE PiuÉsiDENT déclarc la séance ouverte à deux heures quinze mi-
nutes.
M. LE PiuÊsiDENT iuvite les membres k prendre la parole sur les
questions concernant la téléphonie et indiquées au programme.
M. BLAYisa (France) pense que la question des perturbations dans
les lignes téléphoniques se rattache aux travaux de la Commission.
M. Lartigue (France) demande si la discussion doit porter sur les
lignes seulement, ou sur les appareils?
M. Blayier répond que c'est évidemment sur les deux.
M. Bède (Belgique) est aussi d*avis que la question embrasse tout.
Il déclare que les empêchements ne sont ni scientifiques ni indus-
triels, mais administratifs et individuels.
La France est le premier pays ayant accordé des concessions télépho-
niques. La difficulté qu'on rencontre provient de la résistance des particu-
liers à l'établissement de ces lignes. Les lignes aériennes téléphoniques
diffèrent des lignes télégraphiques par leur plus grand nombre de fils. Le
moyen de les établir est de placer ces fils sur des chevalets fixés aux mai-
sons. En Belgique, les chevalets portent quelquefois 120 à 150 fils. Outre
la foudre, y a-t-il d'autres inconvénients? Les chevalets actuels sont des
poutres de bois de 10 à 12 centimètres et le poids porté par une de ces
charpentes s'évalue par une centaine de kilogrammes. De plus, pour évi-
ter l'induction, les fils doivent être espacés de 20 à 30 centimètres, donc
par le développement des lignes téléphoniques on arrivera à des chevalets
énormes, surtout lorsqu'il y en aura supportant &00 à 500 fils. Il y
aurait lieu soit de rapprocher ces fils, soit de recourir à des métaux plus
légers. M. Bède dit avoir employé des fils de bronze phosphoreux de -^ de
49
290 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
millimètre de diamètre. Ils ont plusieurs avantages : ils évitent remploi
de sourdine, car la tension qu'ils possèdent peut devenir très faible.
M. Hughes a fait remarquer que les fils aériens causent un danger réel
dans le cas de leur rupture; mais M. Bède dit que, quand on emploie un fil
élastique, dès qu'il y a rupture, Télasticité le fait boucler entièrement
avant qu'il soit descendu à k mètres de sa position primitive.
Maintenant, les fils d'acier, à 25 centimètres de distance et garnis de
sourdines, constituent d'excellentes lignes. Plus lard, on pourra employer
des lignes souterraines ; mais l'induction sera une difficulté qui pourra, il
est vrai, être levée par l'emploi de câbles à fil unique, si la question d'ar-
gent ne s'y oppose pas. M. Bède ne croit pas qu'aucune industrie se trouve
dotée d'une pareille richesse d'appareils tous très bons. La science et l'in-
dustrie ont tout fait, et cela en moins de cinq ans. Il serait bon que le
Congrès, considérant que la science et l'industrie sont en mesure de satis-
faire aux besoins du public, émît le vœu que les gouvernements facilitent
rétablissement des lignes téléphoniques.
M. DU MoNCEL (France). Quel est le rôle de Tinduction dans l'instal-
lation des lignes téléphoniques? Il y a des gens qui prétendent que cette
induction n'existe pas. Il faudrait des fils très rapprochés pour que cet
effet se produisît, et à 10 centimètres il n'est pas notable. On attribue
ces phénomènes à des dérivations entre le fil et le sol. Il rappelle que
M. Glœssener avait construit des appareils tellement sensibles, que deux
plaques de terre placées dans le voisinage donnaient les dépêches par déri-
vation. M. du Moncel demande que le Congrès examine la question de
l'induction.
M. Lartigue. C'est à titre d'homme pratique que j'essayerai d'expli-
quer ce phénomène. Il n est pas discutable que l'induction joue un rôle,
puisque, lorsqu'on n'emploie pas un fil de retour, l'induction augmente.
M. Lartigue, à cette occasion, remercie M. le Ministre et M. Caël, qui
ont contribué si puissamment à l'établissement des lignes téléphoniques.
M. Lartigue cite l'expérience ou'il a faite avec un câble entre la Villette et
le Bureau central des téléphones. Le câble était composé d'une âme en
cuivre, d'une couche de gutla-percha, d'un guipage de coton, et était armé
d'un fil de fer d'un millimètre, galvanisé, enroulé en spirale. Deux appa-
reils téléphoniques étaient reliés à la terre, et Ton entendait distinctement
dans les deux. On a cru tout d'abord à un effet de condensation. En écar-
tant les deux appareils de façon qu'un seul fil fût en communication avec
le téléphone, tout bruit disparaissait. On a supprimé la communication avec
l'armature métallique, et le bruit disparaissait encore. Dans les villes de
DEUXIÈME SECTION. 294
province, M. Lartigue a donné des instructions pour faire communiquer
les armatures entre elles et avec la terre.
Pour supprimer Tinduction d'une façon complète, M. Lartigue emploie
deux fils, Tun d'aller, l'autre de retour. Cette disposition a été adoptée
pour Tinstallation du palais de l'Industrie, et, quoique les fils soient voisins
d'autres traversés par des courants énergiques, on ne constate pas d'effet
d'induction. i
M. DO MoNCEL. Il n'est pas douteux que l'induction a lieu lorsque
les fils sont trop rapprochés; cependant on donne trop d'importance à l'in-
duction; à la distance ordinaire des fils télégraphiques, il n'y a pas de
perturbations dues à cette cause.
M. DU MoNCEL admet le système à doubles fils pour les réseaux sou-
terrains établis dans des espaces restreints, dans lesquels nécessairement
les fils sont très rapprochés.
M. Lartigue donne au tableau les détails de son expérience.
M. Weber (Suisse) a entendu une dépêche avec des fils espacés de
eeDt mètres.
M. DU MoNCEL demande si ce n'est pas le sol qui en est la cause?
M. Webber (Grande-Bretagne). M. Bède a décrit la grande impor-
tance de cette question. Les mêmes questions sont applicables aux lignes
télégraphiques et téléphoniques. Mais, lorsqu'une ligne téléphonique se
trouve voisine d'une ligne télégraphique, la question change. Il ne pense
pas que, sans fil de retour, on puisse parer aux inconvénients de l'induc-
tion. Pour les lignes téléphoniques, M. Graaws a toujours employé les cir-
cuits doubles. Aux États-Unis, le public est habitué à distinguer les mots
articulés au milieu du brouhaha des lignes voisines. Malgré cet orage
de voix, tout le monde se déclare satisfait. Â Londres, tous les cent mè-
tres, on met l'armature du fil en communication à la terre.
M. Webber donne ensuite quelques chiffres relatifs au nombre d'a-
bonnés au téléphone dans la ville de Londres, et au coût de Tentretien des
lignes et des stations.
Pour empêcher d'autres difficultés, il croit qu'un fil de cuivre très fin
est nécessaire^ et qu'il faut placer au-dessus des maisons des isolateurs
en porcelaine. M. Webber dit quelques mots sur l'emplacement le plus
convenable des stations. En dix ans, à Londres, la rupture des fils a
causé la mort de trois personnes. La municipalité de Manchester oblige à
rendre souterraines les lignes téléphoniques. M. Webber demande :
i^ Ainsi que M. Bède, que la section émette le vœu que les gou-
vernements encouragent l'extension des communications téléphoniques ;
tn CONGRÈS INTERNATIONAL DBS ÉLECTRICIENS.
2"* Que les lignes téléphoniques soient attachées aux maisons à Taide de
fiis et d'isolateurs plus petits que ceux employés pour les lignes télégra-
phiques ;
3" Que le nombre d'abonnés sur chaque commutateur ne dépasse pas
cinq cents, et qu'au delà on établisse une nouvelle station téléphonique, et,
que, pour obvier à la perte de temps, les appels par noms soient rem-
placés par les appels par numéros.
M. Elsâsser (Allemagne) répond à la question de M. du Moncel, et
donne un exemple d'un cas particulier de communication par induction, d'un
télégraphe Morse et d'un téléphone, qui se serait passé à Berlin.
M. HcGHES [Grande-Bretagne), de son côté, en réponse à M. du
Moncel, qui croit que l'induction pourrait n'être qu'un simple effet de déri-
vation, I appelle qu'avec ses appareils, dont les électro-aimants sont très
sensibles, ce trouble existait sur toutes les lignes. M. Bergon, qui faisait
partie de la Commission, doit s'en souvenir. En travaillant avec un appa-
reil, il y avait toujours induction dans l'appareil voisin. Le meilleur mode de
correclion était l'emploi d'un électro-aimant, à armature fermée, intercalé
dans la ligne. Mais cet électro-aimant détruisait aussi la sensibilité de l'ap-
pareil. I/orateur a étudié de nouveau celte question, et les résultats ont été
publiés dans le Télégraphie Journal.
M, Râynâud (France). Pour un télégraphiste, il ne peut pas y avoir
confusion entre l'induction et les courants dérivés. Car l'induction donne un
courant direct et un courant inverse. Ce fait peut toujours être vérifié avec
un récepteur polarisé. En 1868, M. Raynaud a fait des expériences à Mar-
seille avec des appareils Hughes, et le galvanomètre accusait par sa
déviation constante le passage du courant dérivé, mais il oscillait à droite
et à gauche, en vertu des courants induits. M. Raynaud établit les diffé-
rences dans un câble entre l'induction électro-statique de laquelle on peut
se préserver avec l'armature à la terre, et l'induction dynamique, qui est
indépendante de la longueur de la ligne, tandis que la charge statique
induite est proportionnelle au carré de la longueur. Pour les câbles sou-
terrains, on évite cette charge par l'emploi d'un ruban métallique mis k
la terre, M. Raynaud cite le cas d'un câble et d'un fil qui, à Brest, sont
influencés par l'induction électro-dynamique, quoique les deux conducteurs
soient éloignés de cinq mètres.
M. LE Président donne lecture du vœu émis par M. Bède, et qui est
ainsi conçu :
« Le Congrès, considérant que la science et l'industrie offrent, dès
maintenant, toutes les ressources désirables pour un développement consi-
DEUXIÈME SECTION. 293
dérable des communications téléphoniques, émet le vœu que les gouver-
nements s'empressent de prendre les mesures nécessaires pour favoriser ce
développement. »
Ce vœu est adopté par la Section, mais un petit nombre de
membres prennegl; part à ce vote.
La séance est levée à quatre heures. La prochaine séance est fixée au
mardi 27 septembre, à dix heures.
SIXIÈME SÉANCE
27 septembre 1881
PRESIDENCE DE M. HILITZER
M, LE Président déclare la séance ouverte à dix heures.
M. Ordlna (Espagne), secrétaire^ lit une note de M. Preece faisant
connaître les difficultés qui se sont présentées en Angleterre lorsqu'on a
essayé d'employer un seul fil pour chaque transmission téléphonique. La
transmission était rendue impossible lorsque, dans un fil voisin, passait une
dépêche envoyée par un appareil Wheatstone, par exemple; et dans le cas
de deux fiis téléphoniques voisins, on entendait dans un appareil les conver-
sations qui avaient lieu par Tautrefil. Ces effets sont dus à l'induction élec-
tro-statique, à rinduction électro-magnétique, et aussi aux dérivations qui
se produisaient, surtout dans le cas de mauvaise terre.
On a cherché, pour les lignes souterraines, à éviter les effets d'induc-
lion, soit en couvrant les fils d'une lame de plomb, mise en communication
avec la terre, ce qui supprimait l'induction électro-statique, soit en couvrant
les câbles d'une enveloppe en fils de fer, ce qui supprimait l'induction élec-
tro-magnétique; mais ces. systèmes étaient trop coûteux, et l'on sedécidaà
employer dans chaque cas un fil de retour.
Dans le cas des fils souterrains, les deux fils sont assez voisins pour
que toutes les actions extérieures s'équilibrent, sans qu'il ait paru nécessaire
d'enrouler les deux fils l'un sur l'autre.
Pour les lignes aériennes, Tinduction électro-statique est minima,
tandis que Tinduction électro-magnétique est maxima. On a employé avec
grand avantage la disposition indiquée par M. le professeur Hughes, qu»
consiste à disposer les fils, sur les supports des poteaux, de telle sorte que
deux brins ne soient pas parallèles entre deux poteaux; les brins sont alors
tendus diagonalement d'un support à l'autre, de manière à affecter une
DEUXIÈME SECTION. 293
disposition qui rappelle celle d'une hélice; les différents fils tournant ainsi
dans le même sens et de la même quantité entre deux poteaux.
Il est évident que cette disposition ne produit tout son effet que si le
circuit est double et complet par les fils mêmes, car il ne saurait annuler la
mauvaise terre.
M. BoussAC (France) lit les procès-verbaux des quatrième etcinquiè-
me séances de la Commission des lignes télégraphiques. La Commission
propose à la Section de présenter les vœux suivants à la prochaine séance
plénière :
1* Pour compléter un vœu émis parla Commission et déjà voté à l'una-
nimité par le Congrès, il sera entendu que, pour les fils recouverts et les
câbles, toutes les mesures d'épaisseur seront également exprimées en milli-
mètres et fractions de millimètre, à l'exclusion de toute indication de
jauge.
Ainsi que le fait remarquer M. Raynaud, ce vœu n'amènera peut-être
pas une uniformité aussi complète qu'on pourrait le désirer, car, dans les
cahiers des charges, les quantités de métal ou de substance isolante sont
généralement indiquées par le poids (kilogramme, livre, etc.) , par unité
de longueur (kilomètre, mille, etc.), et ce serait sur ces unités qu'il
faudrait faire porter l'uniformité, ce qui est impossible à espérer quant à
présent.
Les avantages résultant de l'adoption de ce vœu n'en seront pas moins
sensibles, et l'assemblée l'accepte par un vote unanime.
2* 11 est vivement à désirer que, dans les pays possédant par eux-
mêmes ou par leurs colonies des arbres à gutta-percha, des mesures soient
prises pour la conservation de ces arbres et pour leur bonne exploitation.
La Section, tout en reconnaissant les difficultés pratiques que peut
présenter l'application de ce vœu, le vote à l'unanimité, espérant que l'ex-
pression de ce souhait pourra amener directement ou indirectement une
amélioration à une situation qui peut devenir très fâcheuse, car, avec le mode
d*exploitation en usage, il est à craindre que d'ici à trente ans la produc-
tion de la gutta-percha soit presque nulle.
M. Mercadier (France) présente le rapport fait au nom de la Com-
mission chargée d'étudier la question de la substitution des machines aux
piles pour la télégraphie électrique. Il rappelle les indications qui ont été
fournies dans une précédente séance, et fait connaître les dispositions adop-
tées aux Indes et en Amérique par M. Schwœndier et parla Western Union
Company. La question ne parait pas résolue, faute de données suffisantes;
cependant il semble que les résultats obtenus ont été satisfaisants, princi-
296 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
paiement en ce que cette substitution diminue beaucoup l'espace occupé
par les générateurs électriques. Elle ne paraît avantageuse que si la machine
est affectée à un autre service, auquel vient s'adjoindre celui des lignes
télégraphiques; la force nécessitée par ces dernières est très faible; en
effet, M. Mercadier a calculé qu'un courant de 1 ampère suffirait à l'ex-
ploitation régulière de plus de cent lignes aussi étendues que celle de Paris
à Marseille. L'inconvénient, c'est la crainte justifiée que ces courants qui
sont, non pas continus, mais périodiques, ne puissent être appliqués aux
appareils à grande vitesse, par exemple à ceux de Hughes, Baudot, Wheat-
stone, etc., avec lesquels il ne semble pas qu'ils aient été essayés.
Dans ces conditions, la Commission croit devoir se borner à exprimer
le vif désir que des expériences sur ce sujet soient faites, en même temps
qu'on vérifiera, par des mesures précises, la constance des courants em-
ployés dans les grands bureaux télégraphiques où s'impose, actuellement,
l'emploi de la lumière électrique, et par suite des puissantes machines,
nécessaires pour sa production.
L'assemblée adopte ce vœu, qui sera soumis à l'approbation du Con-
grès réuni en séance plénière.
(Voir Annexe I, page 298).
Sur la proposition de plusieurs membres, la discussion s'ouvre sur la
construction des lignes téléphoniques.
M. BEDE (Belgique) revient sur la question de l'emploi du bronze
phosphoreux, dont il n'a été parlé jusqu'à présent que d'une manière som-
maire. 11 dit que les résultats qu'il a obtenus, en employant cette substance
sur une grande échelle, sont très favorables.
Les fils de bronze phosphoreux de 1"",5 présentent toute garantie;
mais ils sont trop chers, le bronze phosphoreux coûtant encore li francs le
kilogramme. Pour que le prix ne diffère que peu de celui d'un fil d'acier
de 2 millimètres, il faut prendre un fil de bronze de 0"",8. Ces derniers
fils sont très bons et font un excellent usage à Gand, où ils sont presque
exclusivement employés. Ils sont d'ailleurs peu visibles, ne produisent
que des bruits très faibles, chargent peu les chevalets, se tendent facile-
ment.
Après être entré dans quelques détails relativement à la pose des fils
téléphoniques, M. Bède compare le prix d'un fil de bronze phosphoreux
d'un diamètre de 1°*°,25, tel qu'il est employé en Italie, et d'un fil d'acier
de 2 millimètres : les poids sont respectivement de 11 kilogrammes et de
27 kilogrammes, et les prix de 44 francs et de 18 fr. 80. La diffé-
rence parait considérable ; on ne doit pas conclure trop vite contre le bronze.
DEUXIEME SECTION. 297
car il faut remarquer que le kilomètre de fil téléphonique tout posé revient
en moyenne à 250 francs, et, vu la plus grande facilité de pose des fils de
bronze, il est possible qu'au total le coût soit équivalent.
La question de la grande élasticité du bronze est importante, car c'est
à cette propriété qu'il faut attribuer le fait que, en cas de rupture, les fils
remontent en s'enroulant sans jamais atteindre le sol.
En réponse à diverses questions, M. Bède fait remarquer que les qua-
lités électriques et mécaniques du bronze phosphoreux dépendent non seu-
lement de la composition chimique, mais aussi du recuit; on s'occupe, du
reste, activement, d'obtenir la constance de cette propriété, car le recuit
augmente la conductibilité en même temps qu'il diminue la ténacité.
M. Bède fait observer que s'il compare, comme prix du bronze et de
l'acier, des fils de diamètres différents, 1°*°,25 et 2 millimètres, c'est que
l'acier s'oxyde et que, à la longue, son diamètre décroît, tandis que le
bronze rest« inattaqué.
Aucune observation n'étant faite sur cette question, la discussion est
déclarée close.
L'ordre du jour appelle la discussion sur la question suivante :
Application de rélectricité au service de la sécurité des chemins de fer.
Comparaison du système de signaux automatiques et mixtes.
Sur la proposition de plusieurs membres, la discussion de cette ques-
tion est renvoyée à la prochaine séance de la section.
M. VAN RYSS£LB£R6aE (Belgique) donne quelques explications techni-
ques sur la question de l'établissement d'une ligne météorologique inter-
nationale qui serait destinée à transmettre directement à très grande dis-
tance les observations météorologiques à l'aide de son télémétéorographe
enregistreur. Il donne une indication rapide de la disposition qu'il a adop-
tée, et qui fonctionne régulièrement entre Bruxelles et Paris. Il désirerait
savoir si quelques membres voient un empêchement à la transmission à
grande distance dans les conditions qu'il indique.
Aucune objection n'étant faite, M. van Rysselberghe indique qu'il
pense que l'adoption de son projet pour la partie nord-ouest de l'Europe,
la plus importante au point de vue météorologique, exigerait l'établisse-
ment de 12,000 kilomètres de fils, dont le prix ne devrait pas dépasser
1,200,000 francs. Il estime, d'autre part, à 900 francs par jour, pour cette
région, la dépense correspondant actuellement à l'envoi des dépêches, dont
les divers observatoires font l'échange, dépêches qui sont insuffisantes au
point de vue météorologique. Pour une durée de vingt ans, durée après
298 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
laquelle il serait nécessaire de renouveler la ligne, la dépense, d*aprës le
système actuel, dépassera 6 millions; d'autre part, le nouveau système qu*il
propose d'établir déchargerait d'autant les lignes actuelles, ce qui serait
certainement avantageux.
La séance est levée à onze heures trente-cinq. La prochaine séance
est fixée au mercredi 28 septembre, neuf heures et demie.
ANNEXE I
RAPPORT SUR LA QUESTION
DE LA SUBSTITUTION DES MACHINES ÉLECTRIQUES AUX PILES
Commission de la deuxième Section du Congrès : MM. Brix«
Baron, Deprez, Hughes, du Moncel, Mercadier.
La proposition de substituer aux piles les machines, dites magnéto ou dyna-
mo-électriques, pour les transmissions télégraphiques, n'est pas nouvelle. Déjà
vers 1866, eu France, M. Bouchotte avait youIu faire un essai de ce genre ; mais
les machines étaient alors trop imparfaites pour qu'il eût quelques chances
d'aboutir.
La question a pu être reprise, il y a quelques années, de divers côtés et la
substitution dont il s'agit, expérimentée avec succès par M. Schwendler sur les
lignes télégraphiques de Tlnde, a été réalisée par la Western Union Telegraph
Company à New-York, il y a deux ans environ.
Dans les expériences de M. Schwendler, à Calcutta, l'essai a été fait avec une
machine Siemens de moyenne grandeur, dépensants chevaux et dont l'un des
pôles est mis à la terre; l'autre pôle était relié aux onze lignes qu'il s'agissait de
desservir, séparément ou simultanément, et dont la longueur variait de 363 à
1,472 kilomètres. Mais les lignes étaient placées en dérivation sur un circuit
principal dans lequel se trouvait, soit une résistance très faible d'un ohm et
demi environ, soit une lampe électrique.
La conclusion de M. Schwendler est, qu'on pourrait ainsi, à l'aide d'une
machine convenable : accomplir pendant le jour un travail mécanique, produire
pendant la nuit la lumière électrique, et, en même temps, à l'aide d'une dériva-
tion prise sur le circuit, desservir les lignes télégraphiques aboutissant à une
station centrale.
La Western Union a résolu le problème d'une autre manière et plus complè-
tement, car elle dessert un nombre considérable de flls de longueurs extrême-
ment différentes, ce qui est le cas ordinaire d'une exploitation télégraphique.
DEUXIÈME SECTION. 299
Elle a utilisé les moteurs à Tapeur, dont elle a besoin d'ailleurs pour faire
mouvoir divers engins mécaniques, des ascenseurs par exemple, à animer une
machine dynamo-électrique de Siemens ; celle-ci excite les inducteurs de plu-
sieurs machines semblables disposées en tension ; puis, aux divers points de
cette chaîne de machines, dont une extrémité est à la terre, on relie les lignes à
desservir en les groupant de façon à réunir, dans un même groupe, les lignes de
résistances à peu près égales et en les égalisant d'ailleurs complètement à l'aide
de bobines auxiliaires.
Si l'on songe à la faiblesse extrême des courants, utilisés en télégraphie, com-
parés à ceux qui sont nécessaires pour effectuer des travaux mécaniques, on
conçoit qu'on puisse en effet distraire, en quelquesorte, d'une machine dynamo-
électrique, pour desservir un grand nombre de circuits télégraphiques, une
minime quantité d'énergie sans l'empêcher d'accomplir ses autres fonctions.
Cependant on a quelque peine à se figurer qu'on puisse ne pas altérer sen-
siblement le régime d'une machine, exécutant plusieurs travaux, lorsqu'on fait
varier considérablement, ou qu'on arrête même complètement plusieurs d'entre
eux ; et c'est une condition à laquelle on doit satisfaire en télégraphie, oCi l'on
doit pouvoir, sans inconvénients, travaillera la fois sur tous les circuits ou seule-
ment sur quelques-uns.
A ce point de vue, la solution de la question actuelle se rattache intimement
à celle de la transmission générale de la force à distance par l'électricité.
Plusieurs systèmes réalisant cette transmission sont actuellement exposés
au palais de l'Exposition, et nous avons appris qu'il y en avait d'autres à l'état
de projet. L'un des membres de la Commission, M. Deprez, nous a exposé son
système, et nous l'avons vu fonctionner dans la nef du palais. Il démontre que,
par suite d'un accouplement spécial de deux machines dynamo-électriques ^,
on peut obtenir, aux deux bornes de la double machine, une différence de poten-
tiel sensiblement constante, malgré des variations considérables dans la nature
d'un circuit extérieur de plusieurs kilomètres de longueur.
Un tel système semble donc parfaitement applicable à la télégraphie.
Cependant un autre membre de la Commission, M. Hughes, a fait observer
que les courants des machines, dites à courant coniinu, ne sont pas absolument
continus ; en réalité, ils sont périodiques à cause de la manière même dont ils
sont produits et recueillis. Bien que la période puisse être rendue très petite et
facilement rendue égale à â» de seconde, on peut se demander si un pareil sys-
tème de courants ferait fonctionner avec autant de sécurité qu'une pile ordi-
naire, des appareils délicats, à grande vitesse, à synchronisme, tels que les
Hughes, les Wheatstone, les Baudot, etc.
A cet égard, l'expérience de la Western-Union ne saurait être complètement
démonstrative, car la plus grande partie des lignes qu'elle dessert fonctionnent
à courant continu, et seulement avec des relais actionnant, à l'aide de piles
locales, des récepteurs très simples, où la lecture des signaux se fait à l'oreille.
Il nous a paru, dès lors, que l'objection était assez sérieuse pour qu'on ne
pût se prononcer définitivement sur ce sujet, qu'après des expériences faites
dans des conditions où on ne les a pas encore tentées, et sur les appareils déli-
cats dont on se sert en France et dans plusieurs autres pays.
La Commission croit donc devoir se borner, dans l'état actuel delà question,
4 . Fondé sur des théorèmes nouveaux.
300 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
à exprimer TÎrement le désir que des expériences de ce genre, qu'elle considère
comme très intéressantes et très utiles, soient iostituées *. On pourrait les effec-
tuer aisément dans les grands bureaux télégraphiques, où s'impose actuellement
remploi de la lumière électrique et par suite de puissantes machines nécessaires
pour sa production,
4. En ayant soin de vérifier par des mesuras précises la coDStance des courants
employés.
SEPTIÈME SÉANCE
28 septembre 1881
PBESIDENCE DE M. MILITZER
M. LE Président déclare la séance ouverte à neuf heures quarante-
cinq minutes.
M. Orduna (Espagne), secrétaire^ donne lecture du procès-verbal de
la dernière séance, qui est adopté.
M. LE Président propose de passer à la discussion des questions
relatives à l'application de l'électricité au service de sécurité des chemins
de fer et à la comparaison des systèmes de signaux automatiques et mixtes.
M. DE RouTKOWSKY (Russic), en rappelant les travaux du Congrès
relatifs à la météorologie et aux paratonnerres, fait remarquer que le
Congrès ne s'est pas seulement attaché à étudier les questions concernant la
science pure, mais aussi celles relatives à la science appliquée, c'est-à-dire
les applications de l'électricité à la sécurité des voies de communication,
chemins de fer, routes maritimes, etc. Pour lui, les principaux moyens
propres à garantir la sécurité de l'exploitation des chemins de fer seraient:
1** Le block System;
2"* Vinterlocking System, ou système caractérisé par une liaison mé-
canique entre les signaux et les aiguilles ;
S"" Les freins puissants et automatiques.
Lorsque les gouvernements invitent les administrations de chemins de
fer à adopter quelques perfectionnements, elles répondent qu'elles seraient
prêtes à les introduire, mais qu'il n'existe pas de systèmes d'appareils assez
complets, que l'électricité est un agent encore très incertain, et qu'on ne
peut compter sur elle dans l'exploitation. L'Exposition, avec les applications
qu'on y rencontre, permet de contester la vérité de ces assertions, et, si le
Congrès, avec sa haute compétence, émet l'avis que l'on peut compter
d'une façon certaine sur l'électricité dans ses applications aux chemins de
30J CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
fer, les objections tomberont d'elles-mêmes. Quelle que soit fautorité d'an
gouvernement, il lui est très difficile d'obtenir un résultat, comme le prouve
l'exemple de l'Angleterre, et peut-être de la France. Il termine en disant
qu'une déclaration du Congrès, dans le sens indiqué, donnerait aux gou-
vernements un puissant appui.
M. Lârtigue (France) répond que la proposition de M. de Routkowsky
ne pourrait être résolue par un congrès d'électriciens^ mais bien par une
assemblée d'hommes spéciaux. Les gouvernements ne peuvent que
recommander des systèmes, sans les imposer ; sinon ils dégageraieot la
responsabilité des compagnies.
Les ingénieurs de chemins de fer témoignent à Tégard de rélectricilé
une défiance qui n'a rien de fondé, car elle est un agent très suret
excellent pour qui sait s'en servir. Ils font aussi une deuxième objection:
si l'on donne aux agents des appareils trop parfaits, leur surveillance sera
moins active. Telle n'est cependant pas Topinion du capitaine Taylor, une
des personnes les plus expertes dans la matière.
On affecte de ne pas s'occuper des appareils électriques, qu'on accuse
toujours de ne pas bien fonctionner. L'intervention du Congrès aurait une
utilité : elle convaincrait le personnel supérieur des chemins de fer que
l'électricité est désormais un agent sérieux et sûr.
Il termine en énonçant les quatre règles de Clarke.
1* Les signaux doivent être simples ;
2* Peu nombreux ;
3* Us ne doivent pas nécessiter un effort de mémoire de la part des
agents ;
4*' Les dérangements des appareils ne doivent pas pouvoir mettre en
danger la sécurité des voyageurs.
M. Flamache (Belgique) répond que si l'électricité n'a pas reçu
d'applications plus nombreuses, cela lient aux électriciens, dont les systèmes
ne se pliaient pas à tous les besoins d'une bonne exploitation. Il décrit
sommairement le block syslem avec les différents moyens employés pour
le réaliser : système anglais, système automatique^ système à sections
dépendantes.
Il ajoute que, indépendamment des conditions énumérées par M. Lâr-
tigue, il y a lieu de tenir compte des dérangements occasionnés par félec-
tricité atmosphérique, et il propose de compléter ce qu'a dit M. Lartigii^
par les deux propositions suivantes :
!• L'agent doit être rappelé à l'ordre, s'il fait une faute, par un signal
quelconque ;
DEUXIÈME SECTION. 303
2^ Aucune manœuvre automatique ou à distance ne doit pouvoir être
faite sans que l'intelligence d'un agent la contrôla.
M. Lartigoe répond qu'il n'a pas voulu dire autre chose. L'Exposi-
tion, en mettant en évidence les résultats obtenus, donnera confiance aux
ingénieurs qui, jusqu'à ce jour, avaient résisté à l'emploi de l'électricité.
On a émis en Angleterre l'opinion que le block System gênait l'exploi-
tation en nécessitant l'intervention de deux agents. Cela paraît difficile à
admettre, car, pour avoir des appareils donnant une sécurité égale, il fau-
drait au moins ce même nombre d'agents. Quant à Télectricité atmosphé-
rique, la quatrième condition de Glarke en prévoit les eiïets.
M. le lieutenant Anstruther (Grande-Bretagne) donne communica-
tion des appareils imaginés par M. Spagnoletti, et employés sur la Great
Western Company. Le plus important est celui qu'on utilise pour le block
System^ donl un type est exposé à la section anglaise et sera prochaine-
ment adopté sur la ligne souterraine du Métropolitain de Londres.
Après un échange d'observations entre MM. Flamachb, de Rodtkow-
SRT, Lartigue et J0LSSELIN9 les propositions suivantes sont déposées entre
les mains de M. le Président, qui en donne lecture.
Proposition de M. de Rootkowsky :
(I La Section émet l'opinion qu'en l'état actuel de la science on peut
considérer l'électricité comme un auxiliaire très efficace, et même indis-
pensable dans plusieurs branches de l'exploitation des chemins de fer. »
Propositions de M. Flamâche:
l*" Les appareils doivent être construits de façon que l'électricité
atmosphérique ne puisse produire que le signal danger;
2*" L'appareil doit empêcher mécaniquement l'agent de faire une
fausse manœuvre;
3* L'intelligence de l'agent doit pouvoir contrôler les signaux faits
automatiquement ou à distance.
M. Lartigue fait remarquer que les propositions^ de M. Flamâche
sont applicables à tous les signaux, électriques ou non, et que la question
est -en dehors de la compétence du congrès.
M. LE Président appuie cette opinion.
M. Belpaire (Belgique) dit que l'électricité est tellement indispen-
sable à l'exploitation des chemins de fer, qu'il est oiseux d'émettre un vœu
à ce sujet.
M. le colonel Webber (Grande-Bretagne) fait remarquer qu'en Angle-
terre on a reconnu depuis longtemps que l'électricité est indispensable à
l'exploitation des chemins de fer.
304 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
M. DE RouTROwsKY dit que certains États s'opposent à Tapplication
des appareils électriques sur les chemins de fer, et n'en veulent à aucun
prix.
M. Belpaire fait observer que, pour les nations qui n'emploient pas
rélectricité, un vote négatif du Congrès aura beaucoup d'influence.
Après diverses observations échangées entre les membres de la
deuxième section, M. Flamâche dépose la proposition suivante :
a En présence des services rendus jusqu'ici par l'électricité à Texploi-
tation des chemins de fer, la deuxième section du Congrès trouve oiseux
d'émettre un vœu à ce sujet. »
M. Mercadier (France) dit que la conclusion de la discussion doit
être celle-ci : « L'utilité de l'électricité est tellement évidente, qu'il n'y a
pas lieu de formuler un vœu ni de voter sur cette question. »
Cette conclusion est adoptée.
A] . LE Président, en déclarant terminés les travaux de la troisième
section, exprime sa reconnaissance à tous les savants qui ont voulu mettre
h la disposition de la Section leur savoir théorique et pratique. Les résultats
de leurs discussions ne resteront pas sans effet utile; elles donneront un
nouvel élan à l'extension des communications télégraphiques.
La séance est levée à onze heures trente-cinq minutes.
COMMISSION DES LIGNES TÉLÉGRAPHIQUES
PREMIÈRE SÉANCE
19 septembre 1881
PRÉSIDENCE DE M. BERGON
La séance est ouverte à dix heures.
Sont nommés : Président: M. Bergon ; Secrétaires : MM*. Boussac
et ROTHEN. •
M. LE Président rappelle que la Commission doit s'occuper des meil-
leures conditions d'établissement des trois espèces de lignes : aérienne,
souterraine et sous-marine, mais qu'avant d'entrer dans l'examen spécial
de chaque catégorie, il y aurait peut-être lieu d'ouvrir une discussion gé-
nérale.
M. Nystrôm (Suède) fait observer que le sujet est très vaste, qu'il
faudrait plusieurs mois pour une discussion approfondie, et qu'à son avis
il conviendrait de limiter le sujet en procédant par simples questions po-
sées à la Commission.
M. LE Président, après avoir constaté la nécessité d'une uniformité
dans les mesures, afin de pouvoir comparer utilement les objets de ma-
tériel en usage dans les divers pays, et après avoir reconnu que c'était une
question d'unités se reproduisant d'une manière générale et devant faire
l'objet d'un examen spécial, pense que la Commission doit tout d'abord
examiner les questions qui touchent à la construction même, et que celles
relatives aux unités se présenteront plus complètement lorsque les élé-
ments de chaque espèce de ligqe auront été discutés. Il propose, en consé-
queuce, de commencer par l'examen successif des divers éléments dont se.
compose une ligne aérienne : isolateurs, poteaux et fils :
3j6 congrès international des électriciens.
En ce qui concerne l'isolateur, quelle est la meilleure matière et la
meilleure forme ?
Il résulte des observations faites à ce sujet par MM. Banneui,
Boussac, Nystrôm, Richard et Bergon que la meilleure matière pour les
isolateurs est la porcelaine» telle qu'elle est employée par les administra-
tions télégraphiques, et la meilleure forme, celle à double cloche.
Quant à l'isolement, il est difficile de donner des indications précises.
On peut, il est vrai, exiger qu'un isolateur neuf soit absolument dépourvu
de toute conductibilité ; mais, dès qu'il a été mis en service, la conducti-
bilité superficielle varie selon les circonstances extérieures et selon son
temps de service.
M. NYSTaôu pense que, dans cette question, il faudrait tenir compte
de la longueur de la ligne qui influe sur le degré d'isolement, et adopter
des dispositions susceptibles de faire arriver dans les. bureaux la même
proportion de courant. A cet effet, il y aurait lieu de déterminer Je chiffre
minimum d'isolement nécessaire pour que la ligne fonctionne suffisamment
bien ; pour cela, on pourrait^ procéder ainsi qu'il suit : le minimum cherché
â obtiendrait en faisant le quotient de la résistance trouvée expérimenta-
lement (l'extrémité de la ligne étant isolée), par la résistance du fil lui-
même. Dans ces conditions, pour arriver au résultat cherché, ce quotient
devrait être 1 pour les grandes lignes, 1,5 pour les lignes au-dessous de
500 kilomètres, et 2 pour les lignes omnibus.
La question devrait être étudiée dans les divers pays.
M.' LE Président pense que cette proposition pourra être soumise à
la Section, mais que la Commission n'a qu'à se préoccuper pour le moment
de rechercher quel est le meilleur isolateur,
M. Bannbux (Belgique) fait connaître qu'en Belgique on emploie sur
les longues lignes des isolateurs à double cloche, dont la cloche intérieure
est en ébonite. Quand l'isolateur est neuf, la surface est très lisse et polie ;
mais avec le temps cette qualilé se perd, et la surface, devenant rugueuse,
devient par ce fait hygrométrique.
Sir Charles Baigut (Grande-Bretagne) donne quelques renseigne-
ments sur l'isolateur Brooks, renseignements qui sont complétés par des
observations de M. Banneux. Il en résulte que cet isolateur, quand il est
neuf, donne, comme les autres, de bons résultats, mais qu'il présente un
inconvénient grave en ce que sa forme exclut tout nettoyage.
A ce sujet, la Commission discute la question de la poussière qui
^'accumule sur les isolateurs. M. Banneux dit qu'il a constaté, dans M
couche qui recouvre les isolateurs sales, l'existence du fer, surtout sur les
COMMISSION DBS LIGNES TÉLÉGRAPHIQUES. 307
lignes longeant les raiiways. Cette poussière tendrait à augmenter la con-
ductibilité superficielle des isolateurs. MM. Beagon et Ntstrôh disent que
lé corps métallique ne forme pas une couche continue, et que, tant que
risolateur est sec, la conductibilité de cette poussière est nulle.
MM. Banneux, Boussac et Rothbn prennent ensuite successivement
la parole sur les divers procédés en usage pour le nettoyage des isolateurs.
Cette mesure est reconnue bonne, mais elle n'est pas encore introduite par-
tout. Ainsi, en France, on lave les isolateurs deux fois par an sur les
lignes principales ; en Suisse, chaque mois, dans les tunnels; dans les
gares, tous les trois mois ; en Suède, le lavage se fait quand cela est re-
connu nécessaire. Il en est de même en Belgique.
M. LE Président demande aux membres de la Commission leur opi-
nion sur les modes de jonction des couronnes de fils ? Il expose en même
temps le système des manchons à soudures de M. Baron, qui est exclusi-
vement adopté en France. Les avantages sont que la jonction est très
soKde et qu'il y a continuité métallique. Dans les autres pays, on emploie
principalement le joint Britannia ou la torsade soudée.
M. Baron considérerait comme très utile qu'il fût fait des expériences
périodiques de mesure sur les lignes internationales, et qu'une entente
pût s'établir entre les divers pays.
La Commission reconnaît les avantages que présenterait cette mesure,
et elle émet le vœu que la question soit soumise à la Section.
M. LE Président déclare examinée la question des isolateurs, et pro-
pose d'étudier celle des poteaux. 11 ajoute que probablement sous ce rap-
port on sera d'accord pour adopter les bois de pin et de sapin injectés ou
créosotes.
M. Bannegx fait l'historique des poteaux employés en Belgique.
Dès le début, on a fait usage de poteaux sans préparation. On a en-
suite injecté au sulfate de cuivre, par le procédé de simple absorption. Des
poteaux de petite dimension, ainsi préparés en 1852, sont encore dans un
état de conservation parfaite. La môme durée a été observée en France
pour des bois préparés à la même époque et de la même manière. L'usage
de poteaux de dimensions plus grandes devenant nécessaire, on eut re-
cours au procédé Boucherie par filtration et pression ; les poteaux ainsi
préparés ont une durée de quinze ans. On a également préparé des poteaux
en les injectant de suITate de cuivre en vase clos et sous pression. Au-
jourd'hui, on a remplacé le sulfate de cuivre par les huiles lourdes créo-
sotées. L'injection se fait par l'appareil Belbell, à raison de 250 litres par
mètre cube. On fait, pendant environ une heure, le vide, et Ton donne
308 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
une pression de 6 à 7 atmosphères pendant deux heures. Les poteaux ainsi
préparés, durant jusqu'à vingt ans, on les a exclusivement adoptés.
En Belgique, les poteaux préparés au sulfate de cuivre étaient fournis
en dernier lieu par adjudication, et le contrôle n'en était peut-être pas ab-
solument efficace ; les préparations à la créosote se font, au contraire, sous
la surveillance permanente des agents de TÉtat. Cette circonstance peut
expliquer jusqu'à un certain point l'avantage que paraît présenter l'emploi
de la créosote sur le sulfate de cuivre.
D'un échange d'observations qui a lieu à ce sujet entre MM. Bergon,
Banneux, Graves et Bodssac, il résulte que les inconvénients de la créo-
sote, au point de vue de la santé des ouvriers, ne sont pas tels qu'il y ait
lieu de rejeter ce mode de préparation ; que les poteaux préparés à la
créosote coûtent, dans certains pays, moins cher que ceux injectés au sul-
fate de cuivre ; que le bois devient à peu près aussi cassant par l'un et
l'autre procédé, et que, si la créosote rend le bois inflammable, c'est un
inconvénient peu grave en raison du peu de chances d'incendie sur les
lignes télégraphiques. Toutefois, il convient d'observer que la préparation
à la créosote exige que les bois soient préalablement desséchés.
M. le Président demande s'il y a lieu de prendre, à l'égard du
sommet des poteaux, des mesures de conservation particulières, telles que
peinture, chapeau métallique, etc.
M. Banneux est d'avis qu'il suffit, en pratique, d'apointisser le som-
met du poteau en cône, sans recourir à aucun moyen spécial de préser-
vation.
M. LE Président pose la question suivante :S'il y a plusieurs fils sur
des poteaux j faut-il employer des poteaux à potence ou des poteaux doubles ?
Des observations sont faites en réponse à cette question par MM. Nys-
TRÔM, Graves, Bergon, Banneux et Bolssac. Il en résulte : qu'en Suède ou
place sur des poteaux simples seize fils, et même davantage sur les lignes
voisines des bureaux où les fils font retour sur les mêmes poteaux, et treize
fils sur certaines autres lignes; l'intervalle qui sépare les fils étant de
30 centimètres; — qu'en Angleterre, on place les fils sur des traverses
horizontales distantes de 33 centimètres (le dernier fil étant à 4 mètres du
sol sur les chemins de fer, et à 6 mètres sur les routes), et que l'emploi de
ces traverses ne paraît pas compromettre la solidité de l'appui; — qu'en
Belgique, les fils sont distants de 30 à 40 centimètres, et en France de
50 centimètres; — enfin que, dans les divers pays, on place dans les
points d'angle des accouplements de poteaux avec boulons et croix de
Saint- André au sommet et croisillons à la partie inférieure, sauf en France,
COMMISSION DES LIGNES TÉLÉGRAPHIQUES. 309
OÙ Ton construit aussi des lignes jumellées. Ce dernier système est reconnu
bon ; toutefois il n*est pas applicable dans les cas particuliers où la bande
de terrain avoisinant la voie ne présente pas la largeur suffisante.
La prochaine réunion de la Commission est fixée au lendemain neuf
heures et demie pour la continuation de Texamen des questions relatives
aux poteaux.
M. Banneux ayant demandé si un membre ne pourrait pas donner
des renseignements sur la préparation des poteaux au chlorure de zinc, la
Commission fait remarquer que TAllemagne, le seul pays où cette prépa-
ration ait été ou est encore en usage, n'est pas représentée. Il est dé-
cidé que la demande d'adjoindre un délégué de cette nation sera faite à la
première réunion de la deuxième Section du Congrès.
La séance est levée à onze heures trois quarts.
DEUXIÈME SÉANCE
aO septembre 1881
PRÉSIDENCE DE M. BERGON
M. LE Pbésident déclare la ^ance ouverte à neuf heures et demie du
matin.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Boussac, secrétaire, donne
lecture du procès-verbal de la dernière séance,
Diverses rectifications demandées, par MM. Bergon, Bannecx el
Nystrôm, sont opérées sur ledit procès-verbal.
M. le lieutenant-colonel Webber (Grande-Bretagne) demande à com-
pléter les renseignements donnés dans les dernières séances par M. Graves,
au sujet de la préparation des poteaux. Il dit qu'en Angleterre les poteaux
créosotes sont exclusivement adoptés; qu'au moment où a eu lieu le rachat
des lignes télégraphiques par l'État, M. Graves a remarqué que des poteaux
injectés au sulfate de cuivre ont dû être mis hors de service après une
durée totale de neuf ans, tandis que des poteaux créosotes durent encore
aujourd'hui.
Sur une interrogation de M. le Président, M. Webber ajoute que ces
poteaux provenaient de pins écossais, vieux et durs, et se trouvaient par
conséquent dans des conditions défavorables à une bonne préparation. En
surveillant une ligne construite par lui, M. Webber a observé que le com-
posé solide formé par l'acide avec les substances albuminoïdes s'était dis-
sous au niveau du sol.
M. Elsasser (Allemagne) donne des renseignements sur les prépara-
tions en Allemagne. On fait usage de sulfate de cuivre ou de créosote,
selon la nature du bois. Les poteaux préparés au sulfate de cuivre sous la
surveillance des agents de l'Administration ont une durée de vingt ans. w
procédé employé est le procédé Boucherie. Les appuis injectés h la créo-
sote sont bons, mais ils rendent le travail difficile; les ouvriers se son
COMMISSION DES LIGNES TÉLÉGRAPHIQUES. 31%^
même refusés h y prendre part; de plus, les poteaux exhalent une odeur
très désagréable. En résumé, on préfère la préparation au sulfate dft
cuivre.
Sur la demande de M. le Président, M. Webbbr fait connaître que les
isolateurs en usage dans Tlnde sont en porcelaine, comme en Ângleterrei»
On emploie principalement dans Tlnde les isolateurs Siemens recouverts dft
fer. En ce qui concerne les poteaux, on a des bois très durs et qui n'oni
besoin d'aucune préparation. Dans beaucoup d'endroits, faute de bois, oo*
emploie des poteaux Siemens en fer. La ligne indo-européenne contient un
très grand nombre de ces appuis.
M. Nystrôm (Suède) dit qu'en Suède on injecte les poteaux au sul-
fate dé cuivre; la pression n'est pas donnée par une colonne de liquide.;
elle est obtenue au moyen de pompes qui fournissent une pression d'une-
atmosphère et demie environ. On a observé que les injections confiées à des
agents de l'État étaient meilleures que celles faites par des agents étran-
gers.
M. LE Président fait remarquer que ce fait est général, et que les
préparations exécutées en régie ont donné partout de meilleurs résultate
que celles pour lesquelles on a eu recours à des entreprises.
Sous la réserve des corrections et des additions qui précèdent, le pro-
cès-verbal est approuvé.
M. LE Pr]ésident dit que la Commission doit s'occuper actuellement
des sections de lignes souterraines qui commencent, terminent ou conti-
nuent les lignes aériennes dans les traversées de ville, sous les tunnels, ou
sous les fleuves.
M. Elsasser. En Allemagne, on emploie sous les tunnels des câbles
recouverts de fer, placés dans un canal en bois situé à deux mètres dm
sol et rempli de laine minérale. Sous les fleuves, on place des câbles de-
même nature. Dans les grandes villes, les câbles sont installés dans des.
canaux en briques et dans des tuyaux. On n'emploie pas de câbles recou-
verts de plomb à l'extérieur des bureaux.
M. Bannegx (Belgique). En Belgique, on a adopté, comme en Alle-
magne, des câbles armés de fer. Ils sont placés dans des tranchées de
0", 60 dont le fond est garni de sable. Us sont recouverts d'une sorte
de voûte, formée au moyen de deux briques de champ recouvertes par une
troisième posée à plat; une fois que les câbles y ont été placés, ils soûl
goudronnés au moyen d'une brosse.
Ce conduit est une simple précaution pour indiquer aux ouvriers t&
présence des câbles et empêcher qu'il ne soit coupé par eux.
*i
511 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
On a construit également en Belgique des lignes souterraines au moyen
de tuyaux de fonte évîdéis longîtudinalement. La fente est fermée au moyen
d'un fer i T relena par des clavettes et recouvert de ciment.
Des observations sont échangées entre MM. Banneux, Elsâsser et
Baix au sujet de la laine minérale. Il en résulte que son emploi a été adopté
en vue de préserver le câble de l'action de la chaleur ; mais que cette sub-
stance paraît subir une transformation qui lui donne la propriété d'attaquer
la gutta-percha, et que, pour ce motif, on renonce à son emploi.
M. Webbeb fait l'historique des lignes souterraines en Angleterre.
Avant le rachat des télégraphes par l'État, les compagnies avaient con-
etruit leurs lignes souterraines chacune selon son système. Les câbles étaient
placés sous terre dans des tuyaux de bois ou de fer. Ces lignes s'étant
promplement détériorées, on a essayé de retirer les câbles; mais on ren-
contra de très grandes difficultés. On prit alors la résolution de rendre
facile cette opération, et toutes les lignes construites depuis 1870 l'ont été
par des procédés tendant à ce but. Le conducteur de cuivre est recouvert
de trois couches de gutta-percha et de rubans goudronnés. Les sections ont
400 yards j et les regards par lesquels s'effectue le tirage des câbles sont
places tous les 100 yards. Quand un conduit est reconnu défectueux entre
deux regards, on retire les câbles et l'on en place de nouveaux. On s'im-
pose pour règle absolue de ne jamais laisser un câble défectueux dans
les tuyauXp Dès qu'un seul conducteur est reconnu mauvais, on retire le
cfible*
M, Webber continue en donnant des renseignements sur une ligne sou-
terraine construite en 1871 par M. Graves entre Liverpool et Manchester
sur une distance de 50 kilomètres. Cette ligne a quatorze fils, et les câbles
sont dans des tuyaux en terre cuite de 51 millimètres de diamètre. Pen-
dant dix ans» Tentreliende cette ligne n'a coûté que 50 centimes par kilo-
mètre de fil et par an.
Mp le Président demande si cette ligne a été réunie à une ligne
aérienne.
M. Wedber répond négativement, mais il ajoute qu'en Angleterre
cette diï^positîon se rencontre fréquemment, attendu que l'établissement
des lignes aériennes ne peut se faire que du consentement des proprié-
taires* A la sortie de Londres, il existait, avant 1870, des sections souter-
raines sur une distance de 15 kilomètres. Dans les villes, on construit
généralement des lignes souterraines, mais on emploie également des fils
fins sur des poteaux ornementés. La raison de cette dernière disposition est
que tes lignes aériennes sont moins coûteuses que les lignes souterraines et
COMMISSION DES LIGNES TÉLÉGRAPHIQUES. 343
qu'elles permettent d'éviter l'emploi de boites à coupure, qui sont des
causes permanentes de dérangements.
Les câbles employés en Angleterre sont tous à un conducteur.
Alors que la ligne aérienne a une résistance de 12 ohms par mille, la
résistance du conducteur du câble est de 22 ohms. Cette dernière résistance
est convenable pour le service, et on ne Ta pas diminuée par simple raison
d'économie.
En réponse aune interrogation de M. le Président, M. Webber fait
connaître que les transmissions au Wheatstone par deux fils conducteurs de
câbles voisins, dans la traversée de Londres, subissent un certain retard,
mais que, même en tenant compte de ce retard, on arrive à transmettre
deux cents mots à la minute, ce qui est considéré comme suffisant; que
d'ailleurs on n'a remarqué aucune différence entre les retards produits à
l'une ou l'autre extrémité de la ligne. La ligne de Londres à Aberdeen, qui
a près de 1,000 kilomètres, fonctionne à la vitesse de deux cents mots à la
minute, avec deux relais intermédiaires qui partagent la distance en trois.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Richard (France) fait connaître
qu'en France on construit les lignes souterraines dans les villes par des pro-
cédés semblables à ceux exposés par M. Webber. Les premières lignes,
construites par M. Baron, datent de 1860; on est obligé de les réparer
aujourd'hui, mais elles ont duré vingt et un ans.
Un échange d'observations a lieu entre MM. Webber, Richard, Ber-
GON, Banneux et Baron, au sujet de la gutta-percha. Il en résulte que la
gutta-percha de 1860 était meilleure que celle d'aujourd'hui et que, pour
avoir actuellement la même qualité, il faut payer trois fois plus cher. On
fournit des gutta-percha qui présentent un pouvoir isolant considérable,
mais qui n'ont pas de durée. D'après M. Graves, la meilleure gutta-percha
aujourd'hui est celle qui contient 25 pour 100 de résine et qui coûte 30
pour 100 de plus que les autres qualités. Son isolement est moindre au
début, mais il est plus durable.
M. LB Président. Avant de passer aux lignes entièrement souterraines,
il y a lieu d'examiner quel est le meilleur mode de jonction des lignes
aériennes et souterraines.
M. Elsassbr dit qu'en Allemagne, les raccordements de ce genre
s'effectuent dans des guérites en bois supportées par deux poutres; les fils
de câbles sont amenés dans la guérite et fixés à des bornes montées sur des
plaques d'ébonite. Un fil de gutta-percha est attaché à la même borne, sort
de la guérite, passe, par un tuyau en ébonite et par une cloche en même
substance, sur un petit isolateur-arrêt, et va rejoindre le fil de ligne sur lequel
314 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
il est enroulé et soudé. Ce système paraît meilleur que celui qui consiste à
effectuer le raccordement dans des poteaux ou boîtes métalliques, parce que
le bois est moins sensible que le fer aux effets de la chaleur.
M. Webber fait connaître comment on procède en Angleterre. Le fil
de ligne, enroulé sur la gorge d'un champignon double, fixé au sommet
d'un poteau, est replié sur lui-même et raccordé par un joint Britannia.U
fil, recouvert de gulta-percha, se détache de l'intérieur du poteau un peu
au-dessous, et vient s'enrouler sur le fil de ligne, auquel il est en outre rac-
cordé par un joint en spirale soudé.
M. Banneux demandant si le fil extérieur ne peut pas donner lieu à
des pertes, il est expliqué que, dans les guérites, ce fil pénètre de bas en
haut et èi travers un tube en porcelaine, de manière que l'humidité ne
puisse entrer dans l'endroit où se fait le raccordement avec le conducteur
souterrain.
M. Elsasser expose un système usité à Berlin pour faire entreries
fils dans les édifices. Un fil d'acier qui s'enroule, par une de ses extré-
mités, sur le fil de ligne, traverse une petite cloche en ébonite, et se rac-
corde au conducteur interne dans la cavité même de la cloche. Toute perte
est évitée par les parois de la cloche.
M. Banneux demande à revenir sur le sujet des lignes aériennes el
prie la Commission de résoudre la question suivante : Doit-on arrêter le ^l
à tous les isolateurs ou seulement de distance en distance ?
MM. Bergon et Richard se prononcent pour l'arrêt du fil à tous les
isolateurs, par le motif qu'on obtient ainsi une solidité plus grande. Des
accidents très graves, tels que la chute d'une toiture de hangar sur les fils,
ont permis de reconnaître que des lignes ainsi construites résistaient très
bien.
Ace sujet, M. le Président fait remarquer que, dans des occasions
de cette nature, les poteaux en bois résistent bien mieux que les poteaux
en fer.
M. Elsasser est également d'avis d'arrêter le 01 à tous les poteaux,
par la raison que si on laisse le fil libre, il glisse et s'use sur les supports.
M. Nystrôm critique cette disposition, qui ne lui paraîtrait applicable
que si les espacements étaient égaux. Les changements de température
produisant des changements de tensions différentes dans des portées iné-
gales, il faut en effet que le fil puisse glisser sur le support pour se mettre
en équilibre, sans quoi les poteaux s'inclinent.
M. Richard réplique que, dans la plupart des cas et notamment dans
les lignes de chemins de fer, les- différences entre les espacements sont assez
COMMISSION DES LIGNES TÉLÉGRAPHIQUES. 345
petites pour que l'action de la température puisse être pratiquement né-
gligeable.
M. Ntstrôm reconnaît qu'en effet, pour les cas ordinaires, l'arrêt du
fil n'a pas une grande importance pratique.
Sur une demande de M. Banneux, M. le Président fait connaître que,
si l'on a renoncé en France et dans la plupart des pays èi l'usage des iso-
lateurs à crochet, c'est parce que^ les crochets finissent toujours par se
desceller et que les fils tombent les uns sur les autres.
La prochaine séance est fixée au lendemain mercredi, neuf heures et
demie du matin.
■•'^^T^Wl
TROISIÈME SÉANCE
21 septembre 1881
PRÉSIDENCE DE H. BERGON
M. LE pRifsîDEiïT déclare la séance ouverte à neuf heures et demie du
matin.
Sur rinvitafîon de M. le Président, M. Boussac, secrétaire, donne lec-
ture du procès^verbal de la dernière séance.
Bes rectifications demandées par MM. Bajvneux, Nystrôm et Webber
sont opérées sur le procès-verbal.
M. LE PïïÉsiDENT poso la questiou suivante : Quel est le meilleur mode
de comlmciion des lignes souterraines à grande distance ? et il ajoute qu'en
ce moment T Allemagne et la France sont les seuls pays possédant des lignes
de cette nature -
Sir Charles Bright (Grande-Bretagne) dit qu'en Angleterre on a établi
en 1873 une ligne souterraine à longue distance ayant un développement de
750 milles de ligne et de 5,380 milles de conducteur. Cette ligne s'étendait
de Douvres à Londres, Birmingham, Manchester, Glasgow, aussi de Dam-
fries à l'atlerrissement du câble d'Irlande et de Belfast à Dublin ; c'était la
plus longue ligne existant à cette époque. Il y avait dix fils de Londres à
Manchester, et 6 sur les autres sections.
Les conducteurs étaient des fils de cuivre recouverts de trois couches
de gutta-percha et réunis en câbles à l'aide d'une double enveloppe de jute
enduit de goudron de Norvège.
Le câble ainsi formé était déposé dans une rainure longitudinale creusée
sur des pièces de bois créosolées. Une plaque enlevée à la scie à la partie
supérieure de chaque pièce formait couvercle et était fixée par des clous.
Les pièces de bois étaient placées dans une tranchée de 60 centimètres de
profondeur*
COMMISSION DES LIGNES TÉLÉGRAPHIQUES. 347
En cinq ou six années, la ligne fut hors de service et remplacée tronçon
par tronçon par une ligne aérienne.
Lesdérauts constatés provenaient de causes diverses. Elles se trouvent
résumées dans une brochure de M. Banneux (Belgique), qui donne lecture
du passage relatif à cet objet :
(c 1* La fabrication avait laissé des bulles d'air dans la matière isolante ;
2** les clous qui fixaient le couvercle du coffre protecteur avaient pénétré
dans la gutta-percba ; 3** les feux allumés trop près des câbles, par les
veilleurs lors de la pose, avaient provoqué la fusion de la gomme : 4* le dié-
lectrique dans un milieu sec et sablonneux s'était desséché et crevassé ; au
sein de Teau stagnante et boueuse, il s'était oxydé ; près des tuyaux de gaz,
on le trouvait altéré et en partie dissous; dans le voisinage des racines des
chênes, des champignons d'une espèce particulière l'avaient décomposé ;
5'' les piqûres faites dans la gutta-percha par les ouvriers, dans le but de
reconnaître les fils et d'essayer leur isolement, n'avaient pas été conve-
nablement fermées ; 6* enfin (dernière et importante remarque) les joints
avaient été faits sans qu'aucune des précautions, reconnues aujourd'hui
indispensables, eut été prise. »
Sir Charles Biught reconnaît que ce résumé est exact.
M. Brix (Allemagne). En Allemagne, on a construit, dès 1838, des
lignes souterraines à grande distance ; mais, 'en cinq années, toutes les
lignes ont été interrompues et remplacées par des lignes aériennes. La gutta-
percha était entièrement altérée ; elle était devenue friable et présentait
une grande quantité de fissures.
En 1876, on reprit les grandes constructions souterraines en éta-
blissant la ligne de BerHn à Hall ; distance : 165 kilomètres.
On s'est servi pour cette ligne d'un câble à 7 conducteurs ; chaque
conducteur est un toron de 7 fils de cuivre et le câble a 16 millimètres de
diamètre. Chaque toron est recouvert de deux couches de gutta-percha
alternant avec deux couches de composition Chatterton. L'épaisseur du
diélectrique est égale au diamètre du conducteur en cuivre. Depuis, on îi
augmenté ce dernier diamètre sans augmenter celui du diélectrique. On a
eu ainsi un bon résultat et des lignes meilleures. Enfin, les âmes des câbles
sont enveloppées de chanvre goudronné, et le tout est revêtu d'une arma-
ture protectrice en fil de fer galvanisé, laquelle est elle-même recouverte
d'une couche de goudron asphalté.
L'isolement minimum par kilomètre est de 500 millions de U. S. Pour
un câble neuf, cet isolement a atteint /i,000 millions de U. S. L'isolement
s'est maintenu sur la ligne de Berlin à Hall ; il a même un peu augmente.
3f8 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
D'après M* Brix^ ce Ut s'expliquerait par Kévaporation du goudron dont
on avaîl imbibé la gutta-percba dans un but de conservation.
Sur des questions posées par M. le Président, MM. Baix et Elsasser
donnent les renseignements suivants :
L'appareil Hughes fonctionne régulièrement, en Allemagne, avec une
vitesse de 110 toursà/iOO kilomètres de distance sans relais intermédiaires
et sans dispositions spéciales relatives à la charge, mais avec relais hicaux.
On n'a éprouvé aucun inconvénient provenant de Faction d*un fil sur le fil
voisin* et Ton emploie indifféremment les sept ûls à grande distance. On
a fait k ce sujet des expériences spéciales; on a travaillé sans difficulté sur
tous les fits. Il y a bien une action inductive, mais elle est trop faible pour
gêner le Tonctionnement des appareils.
L'usage du relais local est motivé par l'imperfection des contacts de
l'appareil. On n a pas constaté quel était Taccroissement de vitesse produit
par ce relais,
U. LE Président fait connaître qu'en France on emploie des câbles à
trois conducteurs dont un est plus gros que les deux autres, et qu'avec ces
câbles Tap pareil Hughes fonctionne par le gros fil à /i.00 kilomètres de
distance avec une vitesse de 130 à 150 tours sans relais local, mais avec
une décharge. Par les petits fils, l'appareil fonctionne dans les mêmes con-
ditions, mais la vitesse est réduite à 110 tours.
Dans les sections ou il n'y a qu'un câble, il est armé de fer ; dans
celles où il y a deux ou plusieurs câbles, on a recours ait Système de con-
duites en fonie,
Pour répondre à des questions posées par MM. Elsasser et Bède,
M. le Président explique que le mode de construction dont il s'agit n'est
pas plus coùteuxj dès qu'il s'agit de sections à trois câbles, que celui du
câble à sept fils armé de fer; qu'on traverse les obstacles tels que les fos-
sés ou ruisseaux au moyen de câbles armés de fer ou de tuyaux coudés ;
qu'on passe au-dessous des ponceaux; que le tirage des câbles s'opère faci-
lement par les regards, et que pour cette opération on s'est même servi
avec succès d'une machine à vapeur, laquelle a donné une action plus ré-
gulière que la main de l'homme ; enfin qu'on n'a pas essayé en France le
système des tuyaux préservateurs à joints articulés employés en Allemagne
pour ta traversée des grands fleuves.
M, LE Président continue en demandant si l'on a déjà découvert
quelque section de câble en Allemagne et constaté l'état du revêtement
extérieur en goudron asphalté.
M. Bfiix répond que la conservation du goudron dépend du terrain,
j^ti^é
COMMISSION DES LIGNES TÉLÉGRAPHIQUES. 319
mais que les seules altérations observées jusqu'à présent proviennent de
Taction de la laine minérale.
M. Elsasser dit qu'en Allemagne les câbles sont introduits dans tous
les bureaux situés sur le parcours, et disposés dans ces bureaux de manière
à pouvoir être reconnus et expérimentés.
M. Bànneux demande si en Allemagne on emploie des machines pour
la conrection des rigoles destinées aux câbles.
M. Elsasser répond négativement.
M. Bannecx demande comment on vériûc en Allemagne Texécutîon
de la clause» imposée aux entrepreneurs, qui n'admet pas pour les câbles,
au bout d'un an, une augmentation de perte de courant supérieure à
i pour 100.
M. Brix répond que pour cela on a cherché une formule exprimant
la perte totale ; que M. Schellen, en ayant fourni une qui n'a pas paru
suffisamment exacte, il en a donné lui-même une plus exacte, fondée sur
celle de M. Blavier ; cette formule a été adoptée. Ceci est d'ailleurs sans
importance si les conditions d'isolement sont remplies ; on a tenu compte
de cette clause pour les premières lignes ; mais on ne l'impose plus
aujourd'hui.
Des observations qui sont échangées entre MM. Bergon, Elsasser,
Banneux et Nystrôm, il résulte qu'en Allemagne on n'impose pas de con-
ditions de maximum pour le degré d'isolement ; il suffit qu'il soit supérieur
à 500 millions d'U. S.; qu'en France, on fixe au contraire un maximum;
que la règle adoptée en ce qui concerne les dimensions relatives du diélec-
trique et du conducteur consiste dans l'égalité de poids par kilomètre de
ces deux substances; qu'en augmentant le diélectrique par rapport au con-
ducteur, on augmente la vitesse de transmission, et que par une proportion-
nalité convenable on pourrait arriver à avoir la même vitesse sur tous les
câbles.
M. Elsasser demande si les tuyaux adoptés en France pour les lignes
souterraines à grande distance sont étanches.
M. LE Président répond négativement ; mais îl ajoute que l'eau qui
y pénètre y entretient une humidité favorable à la conservation de lagulta-
percha.
Sir Charles Bright dit que la gutta-percha se conserve très bien dans
l'eau de mer ; qu'il a examiné un échantillon du câble de la Manche de
1851, et qu'il a trouvé la gutta-percha en parfait état ; il ajoute que le
goudron végétal n'altère pas la gutta-percha, mais qu'il peut masquer des
défauts d'isolement.
320 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
M. Brix fait connaître qu'en Allemagne un câble ayant été recouvert
d'une enveloppe d'étain pour éviter l'induction, ce métal avait caché des
fautes qui ne se révélèrent qu'après quelques années, lorsque Tétain
eut disparu ; il recouvrait les trous de la gutta-percha.
^ Sir Charles Bright demande si l'on a fait des essais du système Broob
pour lignes souterraines.
M. Banneux dit qu'on l'a essayé en Belgique sur une petite distance;
qu'on a reconnu des isolements variables et très différents d'un fil à l'autre;
que les phénomènes d'induction n'ont pas été observés ; que l'huile a été
renouvelée. D'après M. Brooks,.la première huile doit s'oxyder, la seconde
doit se conserver indéfiniment.
M. LE Président fait connaître que des essais se poursuivent en
France, mais qu'ils ne sont pas assez complets pour donner d'utiles in-
dications.
M. Banneux demande à M. Graves si l'article publié par Ih Télé-
graphie Journal du 15 août 1881, au sujet des expériences faites en An-
gleterre sur le système Brooks, est exact.
}A. Graves répond affirmativement.
La prochaine réunion est fixée au lendemain jeudi, neuf heures et
demie du matin.
QUATRIÈME SÉANCE
22 septembre 1881
PRÉSIDENCE DE H. BERGON
M. LE Président déclare la séance ouverte à neuf heures et demie
du matin.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Boussac (France), secrétaire^
donne lecture du procès-verbal de la dernière séance.
Ce procès-verbal est adopté.
M. LE Président demande à la Commission si, afm de pouvoir pré-
senter aujourd'hui même à la réunion de la Section quelque sujet d'exa-
men, il ne conviendrait pas de s'arrêter au point actuel, et de résumer les
observations échangées dans les trois dernières séances.
M. BoussAG fait remarquer que pour faire utilement ce résumé, il
serait peut-être nécessaire qu'un membre allemand voulût bien donner à
la Commission les renseignements demandés dans la première séance par
M. Banneux au sujet des injections au chlorure de zinc.
M. Elsasser (Allemagne) explique que ce genre de préparation a été
abandonné parce qu'il exige que les bois soient desséchés avant d'être
soumis à l'injection, et que cette condition s'accommode mal avec la néces-
sité de préparer et de planter les appuis dans l'année même où les crédits
sont accordés.
L'injection avait lieu au procédé Bethell, dans des chantiers perma-
nents, quelquefois très éloignés des lieux d'abattage, ce qui nécessitait de
grands frais de transport et exigeait des délais très grands, eu égard à
l'obligation de dessécher les poteaux avant leur introduction dans le cy-
lindre de préparation.
Pour ces motifs on préfère l'injection au sulfate de cuivre par. le pro-
cédé Boucherie.
Une discussion, à laquelle prennent part MM. Banneux et Richard,
21
3SS CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS-
s'engage sur le point de savoir si la combinaison formée par le sulfate de
cuivre avec la sève est insoluble; M. Richard est pour la négative. Il cite h
l'appui de son opinion que des poteaux bien injectés, placés dans une écluse
baignée par l'eau de mer et expérimentés peu de temps après au cyanure
de potassium, n'ont pas donné trace de cuivre. M. Baxneux expose que
des poteaux datant de 1852 ayant été expérimentés au cy an tire, n'ont rien
donné, et que cependant par incinération on a retrouvé du cuivre. Pour lui,
Taclion du sulfate de cuivre est analogue à l'effet de la galvanisation sur le
fer,
M. Elsasser fait connaître qu'en Allemagne on a exécuté quelques
préparations au bichlorure de mercure ; on les a abandonnées pour des rai-
sons hygiéniques,
M, LK Puksident pense qu'il y aurait lieu de reprendre ce qui a été dît
dans les trois dernières séances pour classer les communications qui devront
être faites k la Section.
M. BoLSSAC propose de mettre, dès maintenant, à Tordre du jour, la
question des unités, qui aboutira à un projet de résolution pouvant être porté
devant la Section,
Cette proposition étant approuvée, M. le Président demande Favis
de la Commission sur la question de la jauge des fils de fer, de cuivre et
d'autres métaux, en un mot, de tous les produits des tréfileries mécaniques,
M. BA^NEl;x (Belgique) fait remarquer que chaque pays et même
chaque fabricant a sa jauge particulière ; ce qui donne lieu à de grands
inconvénients.
M, BtDE (Belgique) est d'avis de supprimer les jauges d'une manière
absolue et de ne plus désigner les fils que par leurs diamètres en millimètres
et fractions de millimètres.
M. RoTEEPj (Suisse) se rallie complètement à la proposition de
M. Bède.
MM. Webber et Graves (Grande-Bretagne) font connaître qu'en An-
gleterre on donne toujours, dans la pratique, la mesure des fils en milli-
mètres.
M, Elsasseu dit qu'en Allemagne on désigne également les fils par
leur diamètre en millimètres, mais en indiquant deux limites, Tune supé-
rieure, Tautre inférieure.
Sir Charies Bright (Grande-Bretagne) se rallie à la proposition de
Mi Bède, qui se trouve ainsi obtenir Tunanimité dans la Commission. La
rédaction suivante est adoptée :
H La Commission émet le vœu que, dans les marchés et publications on
COMMISSION DES LIGNES TÉLÉGRAPHIQUES. 3Î3
ne désigne désormais, dans tous les pays, les fils que par leur diamètre en
millimètres et fractions de millimètres, à l'exclusion de toute indication de
jauge. »
La Commission décide ensuite de présenter à la Section le vœu sui-
vant, en conformité de ce qui a été dit dans la première séance :
« Une entente sera établie entre les administrations télégraphiques
des divers pays, à l'efiet d'instituer des expériences périodiques de mesure
sur les fils internationaux. »
M. LE Président invite la Commission à examiner la question du
bronze phosphoreux.
M. Nystrôm (Suède) croit que ce fil aura une conductibilité de 20,
celle du cuivre étant désignée par iOO.
M. Rothen a mesuré la résistance de 1 kilomètre de fil de 1"",25 de
diamètre. Il l'a trouvée égale à 90 U. S.
M. Bède dit que la résistance de 1 kilomètre de fil de 4 millimètres
étant de ÛO ohms, celle d'un fil de bronze phosphoreux de même diamètre
n'est que de 28 ohms.
Ces résultats offrent de grandes divergences; M. B^lnneux (Belgique)
les explique en faisant connaître que M. Montefiore, inventeur du fil de
bronze phosphoreux, n'a eu en vue jusqu'à présent que de faire un fil pour
téléphone. Il ne s*est préoccupé, en conséquence, que d'obtenir la plus
grande ténacité sous le poids spécifique le plus petit, laissant de côté la
question de résistance électrique dont il s'occupera prochainement.
M. Graves fait connaître qu'en Angleterre on emploie, depuis 1877,
dans la traversée des villes, beaucoup de fils de cuivre de 2 millimètres de
diamètre qui passent sur les toits des maisons. Cette disposition a présenté
de très grands avantages pour les lignes traversant les villes, ou situées à
proximité des usines.
M. Webber dit que dans l'Inde le fil de fer se conserve très bien. La
ligne de Calcutta à Java (1,900 milles) est tout entière en fil de 7"",6 qui
reste en parfait état.
M. Graves demande s'il a été fait des expériences sur le fil de fer non
galvanisé.
M. Rothen répond qu'en Suisse on n'a commencé à faire usage du fil
galvanisé qu'à partir de 1867. On a trouvé qu'en général le fil non galva-
nisé durait vingt ans. Au bout de ce temps-là, un fil de 3 millimètres a
encore un diamètre de 2 millimètres de fer ; il a perdu 1 millimètre con-
verti en rouille. Le fil n*est pas lisse, sa surface est percée de petits
trous.
3U CONGBES INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
M. LE pRésa>£!VT fait remarquer que ces résultats suffiraient pour
condamner remptoi du fii non galvanisé, attendu qu^il n*est pas pos-
sible d'admettre une telle diminution dans la conductibilité et dans la
ténacité.
MM. Ba^ticeux et Ntstrôm font connaître qu'en Belgique et en Suède
on a renoncé à l'emploi de fil non galvanisé.
M, L£ Phësident met à Tordre du jour la question des fils d*acier.
M, Webber dit qu'à Londres on se sert de fil d'acier recouvert de
cuivre par le procédé galvanique. Ce fil est fabriqué en Amérique. On are-
marqué malheureusement que la couche de cuivre n'est pas égale; mais si
cette couche pouvait être régularisée, ce fil serait bon.
M. Bas>elx pense qu'il faudrait pour cela le passer à la filière. Il
donne ensuite des renseignements sur le véritable fil compound dans lequel
un ruban de cuivre est superposé à l'acier sur lequel il est soudé. Ce fil,
qui ne pèse que 37 kilogrammes par kilomètre, a été essayé près des sta-
tions sujettes à des dégagements de fumées. Au bout de dix-huit mois, le
cuivre s'était, en beaucoup de points, séparé de l'acier. Le même efiet a
été observé en France.
Mp RorriEN expose qu'il a expérimenté les résistances électrique et mé-
canique des fils d'acier. Il a trouvé : 1* que lorsqu'un fil de fer de 2 milli-
mètres ûlTrait une résistance électrique de 40 à 45 U. S./ un fil d'acier de
même diamètre donnait 65 U. S.; 2» qu'un fil d'acier de 2 millimètres
supportait 400 kilogrammes de traction.
BK Elsasskr dit qu'en Allemagne les fils d'acier employés pour les té-
léphones doivent» d'après les cahiers des charges, supporter une traction
de 500 kilogrammes*
Cette discussion complémentaire terminée, la Commission récapitule
tes résultats de ses travaux antérieurs dans les cinq observations suivantes :
l*" La meilleure matière pour constituer les isolateurs est la porcelaine,
et la meilleure forme celle à double cloche;
2* En ce qui concerne l'injection des poteaux, les meilleures substances
sont le sulfate de cuivre et la créosote, selon les convenances des divers
pays;
3^ Les poteaux de bois doivent être généralement employés, sauf dans
des cas particuliers oii les poteaux de fer peuvent présenter certains avan-
tages;
4** Les fils employés pour la construction des lignes télégraphiques
doivent être des fils de fer galvanisés. Les essais faits jusqu'à ce jour sur
Tacier et le bronze phosphoreux n'ont pas donné des résultats sufBsanuneïit
COMMISSION DES LIGNES TÉLÉGRAPHIQUES. 325
précis pour qu'il soit possible de se prononcer, du moins en ce qui con-
cerne la construction des lignes télégraphiques ;
5' Les modes de raccordement des fils de lignes aériennes, reconnus
les meilleurs, sont : le manchon français et le joint Britannia. Toutefois, la
Belgique emploie encore la torsade double soudée, qui lui donne de bons
résultats.
La Commission décide que ces observations seront communiquées à la
Section, en même temps que les deux vœux ci-dessus mentionnés, dans la
séance qui aura lieu le jour même à deux heures.
La séance est levée à onze heures et demie.
i
CIÎVQUIÈME SÉANCE
24 septembre 1881
rRÉSlDENGE DE M. BERGON
M. LE PjiÉsiDENT déclare la séance ouverte à neuf heures et demie du
malin*
Sur ritîvîtation de M. le Président, M. BoussAC, secrétaire,' donne
lecture du procès-verbal de la dernière séance.
Ce procès- verbal est adopté.
M* Bai^jvelx (Belgique) fait remarquer que, dans le vœu émis au
sujet de la suppression de toute indication de jauge, il n'a été question que
des fils métalliques, La même disposition ne devrait-elle pas être étendue
au diélectrique des cables?
Celte question en amène une autre, posée par M. Webber (Grande-
Bretagne), qui consiste h définir exactement ce qu'on doit entendre par
câble et par fil recouvert-
Après un échange d'observations auxquelles prennent part tous les
membres de la Commission, on tombe d'accord pour appeler /î/.recoMi;er^,
un conducteur composé d'un fil unique ou d'un toron simplement recou-
vert d'un dioleclrique sans protection aucune, et pour réserver le nom de
câble h tout fil recouvert dont le diélectrique est lui-même revêtu d'un
préservateur quelconque, guipage ou armature métallique. On pourra
avoir ainsi des câbles à un ou à plusieurs conducteurs-
Ces définitions étant admises, la Commission discute l'observation de
M. Banneux, etdécîdej sur la proposition de M. Bède, qu'à la prochaine
séance de la Section il sera fait une demande à l'effet d'ajouter au vœu
relatif à la suppression de la jauge, l'indication complémentaire suivante :
« Il est entendu que, pour les fils recouverts et les câbles, toutes les
mesures d'épaisseur seront également désignées en millimètres et fractions
de millimètres, à l'exclusion de toute indication de jauge. »
L
COMMISSION DES LIGNES TÉLÉGRAPHIQUES. 327
M. LB Pa]£sident expose, ainsi qu*il suit, la question dont la Commis-
sion doit maintenant s*occuper :
Si l'on a à construire une ligne sous tunnel, souterraine ou sous-marine,
quelles conditions faut-il exiger de la gutta-percha, et à cette occasion que
valent la kérite et la nigrite?
11 est bien établi que la gutta-percha est un excellent isolant, qui se
conserve parfaitement sous Teau de mer, mais qui, au contraire, résiste
mal aux alternatives de sécheresse et d'humidité. En ce qui concerne les
lignes sous-marines, il ne paraît donc y avoir aucune incertitude sur la
supériorité de la gutta-percha; mais, pour les lignes sous tunnels ou sou-
terraines, il y aurait peut-être lieu d'examiner si Ton ne posséderait pas un
moyen de faire disparaître les défauts que présente la gutta-percha dans
ces cas spéciaux, ou si d'autres isolants ne vaudraient pas mieux.
M. Banneux demande si le caoutchouc n'a pas donné de bons résul-
tats pour les lignes sous-marines.
M. LE Priîsident répond que celte substance coûte plus cher que là
gutta-percha, et qu'elle présente en outre l'inconvénient grave d'être alté-
rée par le cuivre. M. le Président pense que, abstraction faite, bien entendu,
de l'action du sol sous-marin qui est le même dans tous les cas, des gutta-
percha, même médiocres, se conduiraient très bien une fois que le câble
est sous la mer; de sorte que, si on parvient à poser heureusement un câble
fabriqué même avec des gutta-percha inférieures, ce câble a des chances
de durer longtemps.
Sir Charles Baight (Grande-Bretagne) est du même avis. Il ajoute
qu'il a dirigé l'immersion de 10,000 milles de câbles et qu'il n'a pas con-
fiance dans le caoutchouc. Quelques essais ont été faits, notamment un
dans le golfe Persique, avec des câbles fabriqués au moyen du caoutchouc
Hooper, mais le résultat n'a pas été favorable.
D'après sir Charles Brîght, le meilleur diélectrique, tout aussi bien
au point de vue mécanique qu'au point de vue électrique, est la gutta-per-
cha, pourvu qu'on prenne les précautions nécessaires pour la préserver de
la chaleur, et qu'on la maintienne dans l'eau pendant tout le temps qui
s'écoule entre la fabrication du câble et son immersion.
M. LE Président aborde la question des mélanges de gutta-percha.
Il rappelle que les premiers câbles ont été construits avec des gutta-per-
cha nerveuses. Mais il ajoute que ce produit est devenu tellement cher
aujourd'hui qu'on fait des mélanges ayant moins de nerfs. On a essayé de
les surchauffer pour oxyder la matière et pour diminuer la capacité élec-
tro-statique, et on a fabriqué ainsi des câbles de moindre durée. Il y a
3Î8 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
donc lieu d'examiner quels sont, dans les divers pays, les procédés usités
pour reconnaître les mélanges de gulla-percha.
Des expériences de ce genre n'ont pas encore été entreprises; M. le
Président expose qu'à, son avis réchauffement du mélange pourrait donner
de bons renseignements. L'expérience a fait reconnaître que, pour les
bonnes gutta-percha nerveuses, l'isolement change relativement peu, lorsque
la matière passe, par exemple, de 14 à 21 degrés, tandis que pour les
mélanges la différence est beaucoup plus sensible. D'après cela, le meil-
leur mélange serait celui dont Tisolement varierait le moins avec la tempé-
rature- Ce serait peut-être là une base pour des méthodes d'expérimenta-
tion, h défaut de Tanalyse chimique qui, dans le cas présent, ne peut
donner aucun résultat pratique.
Sir Charles Brigut dit qu'il faut tenir compte de l'âge de la gufta-
percha,
SL WEHBEa ajoute que, si l'exploitation de la gutta-percha continue
h. se faire sans aucune espèce de contrôle de la part des administrations
des pays producteurs, celte substance manquera absolument dans une
trentaine d'années. Il faudrait que dans ces pays, comme cela a déjà lieu
d'ailleurs au Brésil, des mesures fussent prises pour permettre aux arbres
d'arriver k l'âge voulu. M. Webber propose en conséquence à la Commis-
sion d'émettre un vœu tendant à ce que, dans les pays possédant par eux-
mêmes ou par leurs colonies des arbres à gutta-percha, on régularise
lexploîtation de ces arbres. La Commission décide que ce vœu sera soumis
& la Section.
M. Banneux fait remarquer que la question de l'essai des mélanges de
gutta-percha se lie à celle d'un minimum d'isolement. Elle peut, en effet,
se résumer ainsi : On a des mélanges qui présentent au début un très fort
isolements ^^^^ cet isolement ne se maintient pas; n'existe-t-il pas des
mélanges qui ont un isolement moyen? D'où il résulte qu'on devrait
imposer un miiiimuni et un maximum.
SL LE PftÉsiDENT obscrve que c'est précisément ce qui se fait en
France, afin d'obtenir des mélanges aussi homogènes que possible. H
revient ensuite au cas spécial de câbles exposés à l'air et h la lumière,
pour lesquels la gutta-percha est insuffisante, et il demande l'avis de la
Commission sur la valeur de la nigrite et de la kérite.
La Commission décide que des renseignements seront demandés aux
fabricants de nigrite, au sujet de la composition et du prix de cette sub-
stance.
La Commission décide également qu'il sera pris des renseignements
COMMISSION DES LIGNES TÉLÉGRAPHIQUES. 3Î9
analogues relativement à la kérite. Cette substance, dit M. le Président, a
été en France l'objet de quelques essais. Ces essais ont montré qu'au point
de vue électrique la kérite était inférieure à la gutta-percha, mais qu'elle
résistait mieux aux alternatives d'humidité et de sécheresse, et qu'elle pour-
rait être, par conséquent, préférable pour certains câbles, tels que ceux
destinés, par exemple, aux usages de la télégraphie militaire.
M. Bkînos (France) demande si l'on est satisfait en Suisse des câbles
du système Berthoud-Borel.
M. RoTHEN (Suisse) répond qu'un câble de cette nature est posé
depuis six mois, et qu'il ne paraît pas avoir perdu de son isolement ; ce
câble n'ayant qu'un conducteur, on n'en peut rien conclure à l'égard du
fonctionnement d'un câble multiple de ce système. Il y a lieu d'observer,
cependant, que l'enveloppe de plomb joue ici un rôle très important, et que,
pour peu qu'elle soit endommagée, le câble est perdu, parce que la paraf-
fine ne peut se maintenir au contact de l'air.
Sous la réserve des renseignements à prendre au sujet de la nigrite
et de la kérite, la discussion est close, et la séance est levée à onze heures
et demie du matin.
La prochaine réunion est fixée au mardi 27 septembre, neuf heures et
demie du matin, pour l'examen des lignes téléphoniques.
SIXIÈME SÉANCE
27 septembre 1881
PRÉSIDENCE DE H. BERGON
M. LE Président déclare la séance ouverte à neuf heures et demie di
matin.
Sur rinvitation de M. le Président, M. Bodssac, secrétaire^ donne
lecture du procès-verbal de la dernière séance.
Ce procès- verbal est adopté.
La question des lignes téléphoniques ayant été traitée, dans les séances
de la deuxième Section, M. le Président déclare terminés les travaux de
la Commission des lignes télégraphiques.
La séance est levée à neuf heures quarante-cinq minutes.
TROISIÈME SECTION
PREMIERE SÉANCE
16 septembre 1881
Sur le vœu général de la Section, M. Warren db la Roe prend la
présidence provisoire pour la constitution du Bureau.
Il demande s'il y a des propositions pour la constitution de ce Bureau.
On propose :
Comme président : M. Hughes (Grande-Bretagne) ;
Comme vice-présidents : MM. E. Becquerel (France) et Belpaire
(Belgique) ;
Comme secrétaires : MM. Egoroff (Russie), Mac-Lean (États-Unis).
Ces propositions, mises aux voix, sont adoptées.
M. Hughes remercie la Section ; mais, comme marque de déférence
envers M. Spottiswoode, président de la Société royale de Londres, il
désire le voir porter à la présidence à sa place.
L'assemblée accueille favorablement le désir de M. Hughes et
M. Spottiswoode prend place au bureau.
M. Mag-Lean remercie l'assemblée et déclare, à son grand regret,
ne pouvoir accepter les fonctions de secrétaire, à cause de son peu de con-
naissance de la langue française.
On propose à sa place M. le lieutenant colonel Sebert (France), qui
est immédiatement élu.
Le Bureau étant ainsi constitué, M. le F résident déclare la séance
ouverte et donne lecture de la première question, qui est ainsi conçue :
Mesure de V intensité, lumineuse des sources électriques. — Compa--
raison des divers procédés photométriques. — A défaut d'une unité absolue
pour la mesure des intensités lumineuses, existe-t-il un type qui puisse
331 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
être recommandé comme élalon international ? — Est-il possible d'établir
des règles simples pour les mesures photométriqaes ?
Il demande si qaelqu'an veut prendre la parole sur cette question.
M» BàDE (Belgique) propose de nommer une Sous-Commission qui
préparerait le travail.
IL LE Président fait remarquer qu'avant de nommer une Sous-Com-
mission, il conviendrait d'éclairer la question par une discussion générale
propre à. diriger les travaux,
JM. Atrton (Grande-Bretagne) pense qu'il y a dans les mesures
photomctriques deux difficultés principales : d'abord la couleur, qui est
particulièrement gênante dans les mesures de lumière électrique, la teinte
de celle-ci étant très différente de celle des étalons généralement en usage.
On se sert de verres colorés ordinairement rouges ou verts; mais ces deux
teintes donnent souvent des résultats différents. Il faudrait au moins, dans
les expériences de ce genre, dire de quel verre on s'est servi.
L'autre difficuUé réside dans l'absence d'un étalon de lumière précis.
L'étalon élecirique proposé par M, Schwendler est d'une réalisation difficile;
les bougies employées en Angleterre et en Allemagne ne fournissent
qu'une base très irrégulière, M. Ayrton ne croit pas devoir, pour le mo-
ment, indiquer de méthode précise. Il n'a d'autre but que d'appeler l'at-
tention de la Commission sur les difficultés du sujet.
M. CaovA (France) dit que la question des mesures photométriques
est très difficile quand il y a entre les sources lumineuses une différence
notable de couleur- Une solution est fournie par le spectrophotomètre, mais
cet instrument, à son avis, eslpeu pratique. L'orateur s'est proposé de com-
parer les lumières sans altérer les intensités. L'étalon Carcel, employé
avec toutes les précautions que Fresnel a indiquées, lui paraît convenable;
on pourrait même employer des lampes à plusieurs mèches en les étalon-
nant convenablement. Les étalons électriques lui paraissent inférieurs.
Pour faire la comparaison^ il élimine, dans chacune des deux lumières,
les parties extrêmes des spectres qui introduisent les plus grandes diffé-
rences de teinte, et il compare ensuite la région moyenne des spectres. Pour
cela, employant le photomètre de Foucault, il regarde les deux moitiés
éclairées du disque, à l'aide d'une lunette renfermant deux prismes de Nicol
croisés, séparés l'un de l'autre par une lame de quartz de 9 millimètres d'é-
paisseur. De cette façon, les parties extrêmes des deux spectres sontélinaî-
nées et il reste, pour chacune des sources, deux lumières d'un blanc lavé
"" de vert, très analogues et très faciles à comparer, qui permettent une déter-
TROISIÈME SECTION. S33
mination exacte. Des expériences faites chez MM. Breguet et Duboscq ont
montré que ce procédé était applicable aux lumières Drummond et élec-
triques. Il resterait à déterminer les dimensions précises de la lame de
quartz qui, pour chaque espèce de lumière, donnent des rapports d'in-
tensités exactement les mêmes que ceux de l'éclairage total.
M. Bekgé (Belgique) est d'avis que l'étalon Carcel a de graves dé-
fauts. 11 pense que la lumière ne doit être mesurée ni directement ni par
l'ombre qu'elle produit et qui peut être colorée. Il serait, à son avis, pré-
férable de prendre, comme base de mesure, la lumière diffusée par un
écran. A cet effet, masquant la vue directe de la source, il observe, à
l'aide d'une lunette remplie, sur une longueur donnée, d'une dissolution
cupro-ammoniacale titrée, un panneau blanc, éclairé par les rayons de
cette source. On mesure l'intensité lumineuse par la distance qui sépare
l'écran de la source étudiée au moment où l'on commence à apercevoir
l'éclhirement.
M. Berge ne prétend pas apporter au Congrès une méthode immé-
diatement applicable, mais une idée pouvant se prêter à des développe-
ments ultérieurs.
M. TcHiKOLEFF (Russie) estime que l'étalon Schwendler est préférable
aux autres. 11 est plus facile de posséder un courant constant que de
se procurer une huile d'une qualité toujours identique. De même le fil de
platine est toujours semblable à lui-même, avantage que la mèche ne pré-
sente pas. Enfin on n'a pas à compter, dans l'incandescence, avec les
variations inévitables de la flamme.
Quant au photomètre, M. Tchikoleff propose d'employer celui de
Masson, sur lequel on pourrait projeter la lumière sous forme d'éclat rapide.
M. Neujean (Belgique) propose d'employer comme étalon lumineux
soit la lampe Drummond, soit la lumière obtenue par la combustion d'un
morceau de magnésium.
Personne ne demandant plus la parole sur la question, M. le
PEisiDENT propose de nommer la Commission et présente une liste de
membres.
M. Bède (Belgique) estime que la Commission proposée est trop nom-
breuse et enlèverait trop de membres aux travaux de la Section.
M. Fontaine (France) est d'avis qu'il serait préférable de ne pas
nommer de commission spéciale. La Section pourrait se diviser en un
certain nombre de sous-commissions fonctionnant ensemble, dans lesquelles
chacun des membres pourrait s'inscrire à son gré, suivant les questions
traitées.
334^ CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
M. Jablochiloff (France) fait remarquer que, de cette façon, les
membres ne pourront pas suivre Tétude de l'ensemble des questions.
La proposition de M. Fontaine, mise aux voix, n'est pas adoptée.
M. le commandant Mathieu (France) pense qu'il suffirait de nommer
une Commission de sept ou neuf membres.
M. MocLTON est d'avis que toutes les questions ne canaportent pas ql
vote de la part du Congrès ; que, en particulier, celle qui est actuellemeDl
soumise à la troisième Section n'a pas besoin d'une conclusion de cette
nature, et qu'elle réclame surtout un échange d'idées. Il propose de ne pas
nommer de Commission et de continuer la discussion en séance de Section.
Cette proposition, mise aux voix, est adoptée.
M. Jablochkoff (France) insiste beaucoup pour que les rédacteurs
scientifiques de la presse soient largement admis, même aux séances de
Section. Il estime qu'en particulier les travaux de la troisième section, con-
sacrés aux applications de l'électricité, gagneront à être vulgarisés. Il pro-
pose è. la Section d'émettre, dans ce sens, un vœu qui serait soumis au
Congrès en séance plénière.
M. LE Commissaire général fait remarquer que cette question a déjà
été résolue négativement dans rassemblée plénière du jeudi i5.
La proposition, mise aux voix, est rejetée.
La suite de la discussion est remise au lendemain à la même heure.
La séance est levée à cinq heures quarante-cinq minutes.
DEUXIEME SEANCE
17 septembre 1881
PRESIDENCE DE M. SPOTTISWOODE
M. LE PiuÉsroENT déclare la séance ouverte à quatre heures dix mi-
nutes.
M. LE Seciuïtaire déclare que le procès- verbal delà première séance
ne lui est pas encore parvenu.
M. LE Président donne communication d'une lettre que M. de
Fonvielle, rédacteur en chef du journal V Électricité, a fait parvenir à
M. le Ministre des Affaires étrangères sur la question de la protection,
soit en temps de guerre, soit en temps de paix, des câbles sous-marins. (Voir
Annexe 1, page 340).
M. Bède (Belgique), revenant sur la proposition de M- Berge, présen-
tée à la séance du 16 septembre, la combat aux points de vue suivants :
1® La loi de la réflexion du faisceau lumineux sur l'écran n'est pas
connue ;
2"" La loi d'absorption des rayons lumineux par la solution cupro-
ammoniacale n'est pas déterminée ;
3* 11 faut tenir compte de l'équation personnelle de l'observateur.
L'orateur renouvelle les critiques contre la lampe Garcel et recommande
l'étalon Schwendler, qui lui parait présenter toutes les garanties de con-
stance et d'exactitude.
M. Grova (France) demande que la question soit divisée en deux :
io Celle de l'étalon lumineux ;
2« Celle de la photométrie.
Il rappelle les détails de la méthode photométrique qu'il a proposée
dans la séance précédente. Il critique l'étalon Schwendler auquel il
reproche :
l"* Que la lame de platine ne conserve pas une structure moléculaire
336 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
et par conséquent un pouvoir émissif constants, même en employant une
lame de platine platiné ;
2» Qu'il est nécessaire de surveiller en même temps le rhéostat et le
galvanomètre, ce qui rend les observations très difficiles.
M. ÂLLA&D (France) prend la défense de la lampe Carcel;il explique
que, pour faire disparaître Tinfluence des colorations, il suffit de cligner
des yeux, ce qui fait paraître d'un gris uniforme les deux bandfâ
lumineuses du photomètre.
Quant à l'évaluation de l'intensité lumineuse, il indique pour Tobtenir
un procédé qui consiste à atténuer les variations d'éclat en multipliant le
nombre des expériences et les répétant toutes les 15 ou 30 secondes, pen-
dant un quart d'heure.
Il recommande l'emploi de la lampe Carcel de préférence à la bougie,
en adoptant le type du service des phares, qui brûle avec une mèche de
20 millimètres et consomme à l'heure 40 grammes d'huile de colza épurée,
la lampe étant allumée un quart d'heure avant l'expérience.
M. Mercâdier (France) présente à ce sujet quelques observations
tendant à rappeler les conditions d'emploi de la lampe de Fresnel.
M. Rousseau (Belgique) fait remarquer qu'en dehors des questions
relatives à l'étalon lumineux et à la photométrie, il convient de se pré-
occuper de l'effet utile d'un foyer électrique, dans les différents cas de
l'éclairage, en déterminant sa formule photométrique, c'est-à-dire la relation
qui existe, pour ce foyer, entre l'intensité lumineuse et la direction des
rayons. Cette question est tout à fait indépendante du choix de Télalon,
puisque, pour la résoudre, on aura à comparer entre elles, non pas les
intensités lumineuses du foyer électrique et d'un étalon quelconque, mais
les intensités de deux foyers identiques rayonnant dans des directions diffé-
rentes. Dans un grand nombre de cas, les rayons faisant un même angle
avec une direction déterminée, celle d'intensité maxima par exemple, auront
une même intensité. L'intensité lumineuse I sera alors une fonction de cet
angle 9 et pourra être représentée par une expression de la forme I==/''
Cette expression permettra de calculer, par une intégration facile, soit
la quantité totale de lumière qui tombe sur toute la surface de la sphère,
soit celle qui serait contenue dans un cône dont les génératrices feraient
un angle déterminé avec la direction d'intensité maxima. Si les rayons
faisant un même angle avec cette direction avaient des intensités inégales,
la formule photométrique serait un peu plus compliquée, et Tintensite
s'exprimerait alors par une fonction des deux angles qui déterminent la
direction du rayon.
TROISIÈME SECTION. 3d7
Toute détermination photométrique doit comporter celte formule, et
Torateur dépose un projet de vœu sur lequel la Section se prononcera
dans le cours de la séance.
M. Allaed appuie l'opinion de M. Rousseau et entre à ce sujet dans
le détail des expériences photométriques couramment exécutées, par le
service des phares,
M. Nedjban (Belgique) est d'avis qu'on pourrait employer la lumière
oxyhydrique ou celle du magnésium, en déterminant les conditions de leur
emploi.
M. LE PiuésiDENT met aux voix le projet de vœu suivant, préparé par
M. Allard :
La troisième Section émet le voeu qu*en attendant qu*on puisse indi--
qaer une unité 'photométriqae absolue, il y a lieu de recommander fem-
floi de la lampe Carcel {type du service des phares), de préférence à la
bougie.
Ce projet de vœu est adopté à la majorité des membres présents.
Sur une observation de M. Melsens, M. Allard fait remarquer que,
dans les ouvrages même de Fresnel, la consommation d'huile de la lampe
Carcel employée aux expériences photométriques est fixée à AO grammes
par heure. Ce chiffre doit être considéré comme une moyenne pour des
expériences prolongées pendant trois ou quatre heures.
M. LK Président met aux voix le projet de vœu suivant, proposé par
M. Rousseau :
Le Congrès décide que toute détermination photométrique d'un foyer
électrique doit comprendre comme élément essentiel la formule de ce foyer,
c^est-à-dire la relation existant entre l'intensité lumineuse et la direction des
rayons.
Ce projet est adopté.
M. TcHiKOLEFF (Russic) Tccommande pour les mesures photomé-
triques le photomètre Masson, dont il donne une description sommaire.
M. Becquerel, vice-président (France), après avoir rappelé les expé-
riences photométriques qu'il a exécutées avec M. Masson lui-même,
explique que cet appareil, fondé sur la sensibilité de l'œil, ne peut pas
être considéré comme toujours comparable à lui-même. Les résultats
obtenus varient avec les observateurs, et pour le même observateur avec la
durée de l'expérience, l'habitude, etc. Il considère que la méthode ordi-
naire donne des résultats plus certains, parce qu^il est plus facile d*ap*
338 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
précier Tégalité des effets provenant de deux sources lumineuses que le
moment précis où l'une des deux sources prédomine sur Tautre.
M. TcHiKOLEFF répoud que le photomètre Masson a été perrectioimé
de manière à se prêter à des applications pratiques.
M. Croya développe une proposition sur laquelle la Section a été
invitée à se prononcer ultérieurement.
M. LATcmNOFF (Russie) fait ressortir les facilités qu'offre le photo-
mètre Bunsen pour les mesures ordinaires, et développe la méthode qu'il
emploie avec succès dans ses opérations.
M. LE PRÉsmENT met aux voix la proposition suivante, déposée sur le
bureau par M. Crova :
Une Commission internationale sera nommée pour essayer les diverses
méthodes photométriqaes et proposer V adoption de celle qui paraîtra la plus
pratique.
M. TcHiKOLEFF proposo de charger en outre la Commission ci-dessus
indiquée de l'étude de l'étalon lumineux de Schwendler. La proposition de
M. Crova, mise aux voix, est adoptée sans aucun amendement à la majorité
des membres présents.
Ce sujet étant épuisé, M. le PRiÊsmENT donne lecture du paragraphe
suivant : Comparaison des effets des machines à courants continus ou
alternatifs, et déclare la discussion ouverte sur cette question.
M. TcHiKOLEFF rappelle qu'il existe de nombreuses études sur les
machines dynamo-électriques, mais elles ne sont aucunement comparables,
par suite de la diversité même des conditions où se sont placés les expérimen-
tateurs. Il conviendrait de prendre comme première donnée de toute
expérience ce qu'il appelle la densité du courant, c'est-à-dire la quantité
d'électricité qui passe par unité de section dans l'unité de temps, et de
comparer les machines dans le cas de densités égales de courant.
M. Allard a essayé différentes machines magnéto-électriques et
dynamo-électriques, en prenant comme terme de comparaison la force
motrice absorbée par chacune d'elles. Avec les machines magnéto-
électriques de l'Alliance, il a obtenu un rendement de 60 carcels par cheval;
avec les machines dynamo-électriques, de 80 à 90; avec la machine
magnéto-électrique de Méritons, de 80 à 85. Ces chiffres sont des moyennes
obtenues en mesurant l'intensité lumineuse de la source pour différentes
directions au-dessus et au-dessous de l'horizon, dans un même azimut. Il
s*est décidé pour le dernier système de machines magnéto-électriques, à
cause de la simplicité de la marche.
TROISIÈME SECTION. 339
M. Ayrton (Grande-Bretagne) insiste sur la nécessité d'éviter toute
confusion en déterminant la force motrice absorbée aux différents points du
circuit. La mesure de la force électromotrice entre les pointes de charbon
permet de connaître la dépense de force correspondant au phénomène
lumineux. Un galvanomètre placé sur le circuit au sortir de la machine
électrique permettra de calculer la force motrice correspondante, et un
dynamomètre placé sur Tarbre de la machine à vapeur indiquera le nombre
de chevaux produits»
Il émet l'avis que la discussion actuelle soit renvoyée après Texamen
des questions concernant la transmission des forces par l'électricité, de
mwière que la comparaison puisse porter sur l'ensemble des applications
des machines et non pas uniquement sur les phénomènes lumineux.
M. Jablochkoff (Russie) présente quelques observations sur la rédac-
tion du projpramme soumis à la Section, et désirerait voir certains membres
présents donner des explications à ce sujet.
M. Bède se rallie aux propositions de M. Ayrton et de M. Jablochkoff.
M. JouBERT (France) prend la parole comme membre de la commis-
sion qui a préparé le programme du Congrès. Il n'a jamais été dans l'idée
des membres de cette commission de faire décider par le Congrès que telle
machine était supérieure à telle autre, mais uniquement d'attirer son atten-
tion sur une étude impartiale dont l'industrie et la science doivent égale-
ment profiter.
M. Hospitalier (France) combat la proposition de M. Ayrton.
L'exemple des machines Brush, sur lesquelles on intercale jusqu'à
40 lampes dans le même circuit, montre qu'il y a lieu d'examiner les con-
ditions d'emploi des machines électriques au point de vue de la sécurité
publique. Il n'est donc pas nécessaire d'avoir à examiner la question du
transport électrique des forces pour continuer dès maintenant la discussion
ouverte.
M. LE Président, vu l'heure avancée, clôt la discussion et annonce que
la Section se réunira le lundi 19, à quatre heures, pour discuter, suivant la
motion de M. Ayrton, le paragraphe 2, ainsi conçu :
« Emploi de l'électricité pour la transmission des forces à distance ;
faits connus et résultats acquis; difficultés à résoudre; utilisation des forces
naturelles au moyen de l'électricité; applications diverses. »
La séance est levée à cinq heures quarante-cinq minutes.
340 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
ANNEXE I
EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. DE FONVIELLE
A M. LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
Vous savez, monsieur le ministre, que la valeur des câbles sous-marins
s'élève actuellement à plusieurs milliards de francs et que, dans l'état actuel de
la législation internationale, cette propriété si précieuse est très imparfaitement
protégée en temps de paix, et qu'en cas de guerre, elle se trouve entièrement à
la merci des puissances belligérantes.
Il suffit qu'un croiseur promène ses dragues au fond de l'Océan sur le par-
cours des grands câbles télégraphiques pour anéantir en quelques jours le
fruit de tant de science et de tant de travaux qui feront l'éternel honneur de
notre siècle.
Aucune puissance humaine autre qu'un accord probable des nations, met-
tant au ban de l'humanité un tel forfait, ne pourrait empêcher de si épouvan-
tables profanations.
Il ne me parait pas possible, monsieur le Ministre, qu'une puissance qui,
comme la France, a la prétention d'avoir placé sur des bases rationnelles les
fondements de sa constitution, puisse convoquer un Congrès d'électricité
sans se préoccuper d'aussi grands intérêts, dont l'importance morale est beau-
coup plus grande encore que l'importance matérielle.
En effet, il est facile de se représenter l'étendue du trouble qui serait
apporté dans les relations internationales, si, â la suite d'une grande ^erre
maritime, qui, malheureusement, peut éclater d'un moment à l'autre, toutes les
communications transocéaniques se trouvaient subitement arrêtées.
Il peut arriver qu'une tentative de réglementation internationale des inté-
rêts sous-marins échoue; mais, même dans le cas où un échec serait possible,
serait-ce une raison pour ne pas tenter de mettre sous l'égide du droit ces chefs-
d'œuvre de la civilisation moderne, dont Tinauguration a excité un si légitime
enthousiasme.
Je viens donc vous demander, monsieur le Ministre, tant en mon nom
qu'en celui des personnes intéressées, de vouloir bien nommer une commission
chargée de proposer au Congrès d'électricité une série de résolutions de na-
ture â être présentées aux divers gouvernements, pour empêcher qu'il dépende
du caprice d'un ministre de faire détruire les câbles sous-marins par un de
ses croiseurs.
Comme les adversaires de cette mesure pourraient peut-être objecter qu'on
aurait l'air de prendre l'alarme et de croire à Timminence d'une crise que tous
les amis de l'humanité doivent essayer de conjurer, je crois, monsieur le
Ministre, qu'il serait peut-être bon d'étendre la compétence de cette commis-
sion à une enquête sur l'état de la législation internationale régissant les
TROISIÈME SECTION. 344
c&bles sous-marins en temps de paix, laquelle est dans un état tout à fait rudi-
mentaire et appelle au plus haut degré l'attention des diplomates.
En effet, en dehors des questions soulevées fatalement par l'état de guerre,
il y en a d'autres moins graves, il est vrai, mais dont la solution est beaucoup
plus urgente, car ce n'est pas seulement dans des crises exceptionnelles qu'elles
peuvent donner lieu à de graves accidents.
Tous les jours, des intérêts très sérieux se trouvent lésés par l'état d'incer-
titude des droits de chacun.
Je pourrais, s'il était nécessaire, apporter la preuve que les compagnies
chargées de la pose et de la réparation des câbles se plaignent de ce que le code
des signaux maritimes universels ne renferme pas de signes conventionnels
spéciaux, de nature à indiquer la situation des navires en train de procéder à
ces manœuvres si périlleuses, et que les obligations des steamers et des voiliers
ne sont point nettement déterminées.
Je ne me dissimule pas, monsieur le Ministre, les difficultés de la tâche
que je prends la liberté de vous demander d'accepter au nom d'un des intérêts
les plus grands et les plus sérieux de notre siècle; mais la longue carrière que
vous avez parcourue autorise à penser que vous ne reculerez jamais devant l'ac-
complissement d'une tâche, quand elle se présentera comme un devoir vis-à-vis
de la France et même vis-à-vis de l'humanité ; car vous savez bien que per-
sonne n'oserait de longtemps l'entreprendre, si vous aviez hésité à vous en
charger dans les conditions particulièrement favorables à son accomplissement.
Il est probable que la solution de toutes ces différentes questions réclamera
le concours de membres appartenant à plusieurs départements ministériels,
mais il me semble qu'il appartient au Ministre des Affaires Étrangères de donner
de l'impulsion à une tentative dont le but serait de faire descendre jusqu'au
fond des océans la protection des principes que l'immortel Grotius, le fondateur
du droit international moderne, a essayé de faire régner à leur surface et que
les philosophes de l'antiquité grecque et latine ont commencé à élucider sous le
nom de droit des gens.
TROISIÈME SÉANCE
19 septembre 1881
PRÉSIDENCE DE M. SPOTTISWOODB
RL LE Président déclare la séance ouverte à quatre heures.
M. le lieutenant-colonel Sebert (France), secrétaire^ donne lecture
<îu procès-verbal de la première séance.
Le procès- verbal est adopté.
M- LE Président annonce à la troisième Section qu'il a reçu de
Londres des nouvelles qui l'obligeront à retourner prochainement en Angle-
teiTe. Il rappelle à la Section qu'avant de l'appeler à la présidence elle
avait porté son choix sur M. Hughes; c'est uniquement à titre de président
de la Société royale de Londres que M. Spottiswoode a cru devoir accepter
Thon neuf qui lui était fait. Aujourd'hui qu'il se voit forcé d'y renoncer, il
prie la Section de revenir à son premier choix, si bien justifié, et, le
jour ou il sera forcé de quitter le fauteuil, de nommer M. Hughes à sa
place,
La discussion est ouverte sur la deuxième question du programme :
Transmission des forces à dislance par Véleclricité.
M. AvRTON (Grande-Bretagne) dit que la question de la transmission
des forces par rélectricité est sortie des expériences de laboratoire pour
entrer dans la pratique; le premier point qui frappe dans cette question,
c'est la petitesse des rendements généralement obtenus, une proportion de
60 pour J 00 étant considérée comme favorable, bien que la théorie con-
duise à admettre un rendement presque parfait.
En appelant E la force électromotrice, C le courant produit, et en
négligeant les frottements, le travail de la machine génératrice sera repré-
senté par le produit CE; le travail réellement fourni sera à la vérité Ce,
e étant la force électromotrice opposée du moteur électrique. Le rendement
e
est donc égal au rapport =.
TROISIÈME SECTION. 343
Si R est la résistance totale du circuit, la quantité de travail absorbée
C*R pourrait être théoriquement diminuée indéfiniment sans que le rapport
=; variât; mais il faut alors, pour que G E et Ce conservent une grande valeur,
lii
que les forces électromotrices du générateur et du moteur soient très
grandes. C'est la première condition de la transmission économique de la
force.
M. Ayrton rappelle qu'il a donné une méthode pour mesurer les ren-
dements respectifs des générateurs et des moteurs dynamo-électriques, et
qu'il a démontré que, quoique MM. Schwendler, Hopkinson, etc., aient
trouvé un rendement de 90 pour 100 pour les générateurs, la moitié de
l'énergie était employée à réchauffement de la machine elle-même, et que,
si l'on essayait d'augmenter le rendement en intercalant presque toute la
résistance dans un circuit externe, le courant devenait alors trop faible
pour aimanter les électro-aimants du générateur et', à l'arrivée, ceux du
moteur. Ce qui conduit à la seconde condition nécessaire pour la transmis-
sion économique de la force, condition sur laquelle depuis plus de deux ans
MM. Ayrton et Perry insistent, et qui est de se servir d'excitateurs séparés
pour aimanter les électro-aimants des deux machines.
Les faibles courants présentent encore un avantage : on sait, en effet,
qu'il faut ajouter à la perte de travail qui résulte de la résistance des fils
celle^qui provient de la naissance de courants d'induction dans les pièces
métalliques de la machine. M. Frôlich s'est beaucoup étendu, dans ses
Mémoires, sur la présence de ces courants dans le noyau de Tanneau tour-
nant. M. Ayrton soumet au Congrès l'hypothèse suivante : Ne se produit-il
pas également des courants d'Ampère dans les noyaux mêmes des électro-
aimants, et ne serait-il pas, en conséquence, nécessaire de les construire en
fil de fer doux d'un très petit diamètre, exactement comme ceux de la
bobine, de manière que, vu le faible nombre des spires, il fallût une varia-
tion importante de la puissance du champ magnétique pour déterminer dans
les noyaux des courants d'induction ? Il considère, en effet, qu'en suppri-
mant l'effet de ces courants secondaires, on pourrait arriver à diminuer
l'intensité du courant principal. Comme il a, du reste, expliqué plus haut
l'avantage des faibles courants, il demande au Congrès d'étudier en défini-
tive les moyens de diminuer l'hitensité sans faire varier l'énergie transmise.
Pour la mesure de celte énergie, il propose l'emploi d'un dynamomètre
de transmission au générateur et d'un dynamomètre d'absorption au moteur,
afin qu'on puisse se rendre compte sans calculs de la valeur du rendement
de chacune des machines.
»
344 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
M. Âyrton, en terminant, rend hommage aux beaux travaux de
M. Marcel Deprez sur cette question.
M. WiTMEUR (Belgique), rappelant le vœu émis dans la dernière
séance, de charger une Commission internationale d'examiner les diven
procédés photométriques, appelle l'attention de la Section sur la nécessité
de déterminer aussi le moyen le plus exact, pratiquement, d'évaluer la force
mécanique absorbée par les machines magnéto et dynamo-électriques.
Cet élément est des plus importants pour la détermination du prii de
revient de la lumière électrique, duquel dépend la généralisation pratique
et avantageuse de l'usage de celle-ci. Il l'est également au point de vue de
la transmission de la force par l'électricité ; selon l'orateur, celle-ci ne
paraît pas, quant à présent, pouvoir s'appliquer à la motion mécanique des
ateliers, où la machine à gaz et certains types de générateurs de vapeur
sont employés économiquement et sans inconvénients; mais elle paraît devoir
être sérieusement examinée, lorsque, entre la machine à vapeur et Toutil, un
moteur intermédiaire est nécessaire ; c'est le cas notamment dans le creuse-
ment des roches, pour les percements des tunnels et des travaux d'exploita-
tion des mines. Ici encore, la question du rendement est essentielle, et elle
dépend du travail mécanique absorbé et utilisé.
Actuellement, on évalue souvent le travail absorbé par les machina
dynamo-électriques en se basant sur le travail indiqué dans le cylindre de
la machine à vapeur, relevé par diagramme, ou bien même lorsque ïon
emploie des moteurs à gaz, par ,1a consommation de gaz effectuée dans
ceux-ci.
L'évaluation dont il s'agit devrait être absolument indépendante du
moteur mécanique qui active la machine magnéto-électrique et se faire avec
plus de précision; à cet effet, il faudrait, dans tous les cas, la relever sur la
courroie qui fait mouvoir celle-ci. Cette détermination est assez délicate;
divers appareils ont été proposés; l'Exposition en renferme notamment plu-
sieurs : ceux de MM. Farcot, Von Heffner, Ayrton et Raffard. Il serait utile
de les examiner, en même temps, du reste, que les autres déjà connus ou qui
viendraient à se produire.
M. Witmeur croit qu'à cette fin il conviendrait :
!• Que la Commission internationale chargée d'examiner les méthodes
photométriques étudie aussi la question suivante : « Déterminer le moy^^
pratique le plus exact d'évaluer la force transmise par une courroie à u^^
machine magnéto-électrique ; »
2^ Que dès maintenant des expériences soient effectuées sur les diffé-
rents appareils dynamométriques exposés.
TROISIÈME SECTION. 345
M. Marcel Deprez (France) s'est proposé de calculer dans quelles
conditions on pourrait transmettre une force donnée à grande distance avec
une faible intensité de courant*
II prend comme exemple la machine Gramme type G, expérimentée à
Chatham et qui a donné les résultats suivants :
Nombre de tours par minute 1200
Intensité du courant, webers 81,22
Force électromolrice, volts 69,9
Travail absorbé en kilogrammètres par seconde ... 579
Travail par tour en kilogrammètres 29
Résistance des inducteurs, ohms * . . 0,15
Résistance de Panneau, ohms 0,06
Supposons maintenant, dit M. Deprez, que nous donnions au fil des
inducteurs et de l'anneau une section égale à la cinquantième partie de la
section primitive : je dis que leur résistance deviendra 2500 fois aussi con-
sidérable. En effet, le total du fil ne changeant pas, sa longueur deviendra
50 fois aussi considérable ; mais comme sa section est, d'autre part, 50 fois
moindre, sa résistance deviendra 50 X 50=2500 fois aussi grande.
Nous avons donc :
Obmt.
Résistance des înducteui^s 375
Résistance de Panneau 150
525^
Si nous avons deux machines semblables» Tune génératrice, l'autre
réceptrice, placées aux extrémités d'un fil télégraphique ordinaire, en fer
galvanisé de 4 millimètres de diamètre et de 50 kilomètres de longueur, la
résistance totale se décomposera ainsi qu'il suit :
Ohmi.
Machine génératrice 525
Ligne (50 x 9) 450
Machine réceptrice 525
1500
Pour que le champ magnétique ait la même valeur que dans les expé-
riences de Ghalham, il faut que le produit du nombre de tours du fil induc-
teur par l'intensité du courant reste le même. Or, le fil inducteur ayant une
section 50 fois moindre et occupant le même volume, a une longueur et par
suite un nombre de tours 50 fois aussi considérable; par conséquent, l'inten-
sité du courant nécessaire à la production du champ magnétique doit être
346 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
réduite à â de sa valeur primitive (81^^*",22) soit à l'^'^,624. La force
électrotnotrice nécessaire pour produire cette intensité dans le circuit total
est égale à 1624 + 1500 = 2437 volts. Or, le fil de ranneau faisant
autour de ce dernier 50 fois autant de tours que dans la machine de Cba-
tham, la force électromotrice dont il est le siège devient aussi 50 fois
aussi grande à vitesse égale; elle serait donc à la vitesse de 1200 tours
par minute égale à 69,9 x 50 = 3495 volts.
Mais comme nous n*avons besoin que d'une force électromotrice de
2437 volts (la machine réceptrice étant immobile), la vitesse devra être
réduite dans le rapport de 2437 h. 3495; elle sera donc égale à
2437
*200 X ^T-rrr tours par minute = 835,5.
Quant à la dépense d'énergie nécessaire pour entretenir ce courant,
,, .El .2437 X 1624 ,^^ , ., ,. ,
elle aura pour expression — , soit -— =» 403 kilogrammètres
par seconde.
Le nombre de tours du fil des inducteurs et du fil des induits étant
50 fois aussi grand que dans la machine de Chatham, et le courant élâcl
50 fois moindre, les efforts mécaniques développés entre les inducteurs et
les induits sont restés les mêmes, c'est- à-dire que si on laissait tourner
la seconde machine en maintenant constante l'extrémité du cooiunt
(1 weber, 624), elle développerait 29 kilogrammètrespar tour.
Par conséquent, si nous voulons qu'elle développe un travail de
10 chevaux- vapeur, ou 750 kilogrammètres par seconde, elle devrait faire
750, ' , .,750 X 60 ^^^^^ . ,
■^— tours par seconde, soit ^ == 1552 tours par minute.
Mais il faut, pour que l'intensité du courant reste constante, que la
différence des vitesses des deux machines soit aussi constante. La vitesse de
la machine devra donc être égale à 1552 + 835 = 2387 tours par mimte.
Je rappelle d'ailleurs que les efforts mécaniques des deux machines
sont égaux et indépendants de leur vitesse, le courant restant constant. La
machine génératrice absorbera donc aussi 29 kilogrammètres par tour ou
29 X 2387
par seconde ^^p — = 1154 kilogrammètres par seconde , oa
Le rendement économique, c'est-à-dire le rapport du travail restitué
par la seconde machine au travail absorbé par la première, aura pour
expression
29X1552 1552 -,
29-3r2378==2378==^^P^"""-
TROISIÈME SECTION. 347
Le travail total de 115!i kilogrammëtres par seconde, absorbé par la
génératrice, se décompose ainsi qu*il suit :
Kfhgtmmhtxu
par leconde.
Trayail développé par la machine réceptrice 750
Énergie calorique développée dans la totalité du circuit . . &03
Total IÏ53
Si nous voulions savoir comment est reporté le travail absorbé par
réchauffement du circuit, nous pourrions le calculer directement par la
formule qui nous donnerait :
9
Pour la machine génératrice :
KlIognmmtttM
par seeoDd*.
625 X T^*
9.81 "° •
. . 141
Pour la machine réceptrice :
525 X TMk*
9,81 " •
141
Pour le fil extérieur :
450 X fitoSÎT»
9,81
. . 121
403
On voit donc qa*il est possible^ avec deux machines identiques du type
Cj de transmettre un travail utile de dix chevaux à 50 kilomètres de distance
au moyen d'un fil télégraphique ordinaire j la force motrice initiale étant
d'environ seize chevaux.
M. Gabanellas (France) dit que le fait déjà connu et cité par
M. Deprez, qu'un moteur électrique, dont Tarbre est muni d'un frein
développant un couple résistant constant, est traversé par une intensité
constante, lui paraît pouvoir être expliqué par une nécessité mécanique
trop simple pour avoir besoin d'une sanction expérimentale. Il n'est que
l'expression de Tétat d'équilibre dynamique qui est supposé établi. En
effet, puisque cet équilibre est établi, cela veut dire, pour cette machine
comme pour toute autre, que son couple moteur égale son couple résistant,
et comme chaque intensité déterminée qui passe par une machine donnée,
au repos ou en marche, développe un couple mécanique absolument dé-
teraiiné, l'intensité est évidemment déterminée parce que le couple méca-
348 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
nique est déterminé, c'est la valeur du couple constant du frein. C'est de
ce fait que M. Cabanellas a déduit une méthode simple pour calculer les
éléments électriques d'une machine correspondants à chaque régime de la
machine (allure et intensité) . A cet effet, il emploie la machine d abord
comme générateur en la faisant tourner à un nombre N de tours sur un
circuit de résistance arbitraire. On observe dans ces conditions, par lec-
ture aux galvanomètres usuels, la différence de potentiel aux bornes g et
l'intensité I du courant. On fait alors travailler la machine comme moteur
en réglant à Taide du frein jusqu'à ce que l'intensité du courant soit I;
puis on fait varier la source électrique jusqu'à ce que le nombre de tours
soit N, et l'on observe la différence de potentiel aux bornes e'.
La première expérience donne l'équation :
E = £ + rI;
ta seconde j l'équation :
E = e' — rl,
d'où l'on déduit les éléments E et r de la machine.
e' + e
E =
r =
2
e' — e
On peut remarquer que le rapport — donne la valeur du rendement
relatif individuel à ce régime, le type étant employé à la fois comme élé-
ment source et récepteur. Il est bien entendu que la résistance intérieure
d'une machine varie avec le régime (intensité-allure), non seulement parce
que ce régime détermine la température de son fil, mais en outre, qnQ là
résistance varie avec rallurc elle-même, pour une même température»
comme M. Cabanellas Ta démontré par des expériences directes.
M. JoLBEiiT demande à faire une observation sur la proposition énoii'
cée par M. Cabanellas : que la résistance intérieure d'une machine varie
avec Tallure de celte machine. Ce résultat n'est qu'une apparence; la
résistance d'un fil est une valeur invariable tant que la température reste
constante. M. Cabanellas a fait usage d'une machine de Gramme, appa-
reil dans lequel le courant n'est pas absolument constant, mais présente des
oscillations qui dépendent du nombre des torons de la machine. Ces varia-
tions produisent dans la bobine des courants d'induction dont l'effet va-
riable avec la vitesse est équivalent à une augmentation de résistance, bi^''
que celle-ci conserve au fond la même valeur.
TROISIÈME SECTION. 349
M. Cabanellas est d*avis avec M. Joubert que la résistance d*un fil
est en effet une valeur qui ne dépend que de la température; mais dans la
pratique les machines se comportent comme si leurs résistances variaient ;
le plus simple est de représenter l'effet total par un seul nom, qu'on peut
appeler « résistance intérieure ».
M. Joubert dit qu'il n'a pris la parole que pour éviter une confusion
de mots. Il croit que, dans la pratique, il vaut mieux, au lieu d'une formule
empirique, employer la formule vraie, qui rend compte de Teffet sans alté-
rer la notion de la fixité de la résistance. Cette formule, simple d'ailleurs,
a été appliquée par l'orateur aux expériences mêmes de M. Cabanellas, et
lui a fourni des résultats complètement d'accord avec ceux de M. Cabanellas.
M. Cabanellas dit qu'il persiste à trouver plus simple de laisser à la
résistance intérieure l'accroissement qui permet d'appliquer directement les
formules usuelles de Ohm et de Joule. Ce moyen est aussi plus exact,
puisqu'il totalise expérimentalement les différentes influences effectives, y
compris celle de la température.
Quant à l'expression « augmentation de résistance intérieure », elle
est certainement sans danger, puisque les travaux de MM. Jamin et Roger
l'ont déjà acclimatée dans la science depuis longtemps. {Comptes rendus
de V Académie des sciences^ tome LXVL — Expériences sur les machines
à courants alternatifs de V Alliance.)
M. le lieutenant-colonel Sebert, secrétaire^ donne lecture du procès-
verbal de la deuxième séance, dont la rédaction est adop tée après quel-
ques rectifications.
M. ScHOOLBRED (Grande-Bretagne) appelle l'attention de la Section sur
certaines particularités relatives aux meilleures conditions à réunir dans
la transmission de la force à distance par l'électricité. Il croit que, pour
cet objet spécial, il serait préférable d'employer deux machines magnéto
ou dynamo-électriques de force électromotrice différente.
M. TcHiKOLEFF (Russic) dit que M. Ayrton a proposé depuis longtemps
d'exciter extérieurement les générateurs. D'après les expériences que l'ora-
teur a faites d'abord sur ses lampes et tout récemment sur une pompe
élévatoire, il a trouvé que les résultats pouvaient varier suivant la puis-
sance relative de la machine excitatrice et de la machine motrice. Il appelle
l'attention de la Section sur la recherche de la relation précise qui doit
exister entre les deux machines pour obtenir l'effet maximum.
M. Neujean (Belgique) demande que l'on étudie la transmission élec-
trique des images à distance par les miroirs vibrants.
M. Marcel Defrez (France) fait remarquer que, dans l'expérience
3&0 CONGRÈS INTERNATIONAL M» ELECTRICIENS. l
calculée qu'il a présentée à la Section, l'introduction de E» machine excita-
trice n'introduirait qu'une diminution insignifiante de résistance.
En ce qui concerne l'augmentation apparente de résistance des m-
chines, s'il existe dans le circuit une source contre-électromotrice, sx
action peut toujours être représentée psir l-introduction d'une résistacct |
dont la valeur peut être facilement calculée.
On peut en effet poser
E — e E
R "'R + a;'
d'où
R0
L'orateur signale également, pour la mesure du travail absorbé pa:
les machines, un dispositif qu'il a imaginé. Il] consiste à rendre mobile le
bâti qui porte les électro-aimants inducteurs. L'effort d'entraînement exercé
par la bobine sur ce bâti mesure exactement le travail dépensé. On peat
peser cet effort en maintenant en place le bâti mobile à l'aide d'un levier
chargé d'un poids. Ce moyen serait inapplicable avec des machines de
grande dimension, mais il est d'un très bon usage avec les modèles actuels.
M. WiTMEUR, rappelant les considérations qu'il a exposées au début
de la séance, dépose sur le bureau la proposition suivante :
« Le Congrès émet le vœu :
« 1° Que la Commission internationale chargée d'étudier les méthodes
photométriques étudie aussi la question suivante :
« Déterminer le moyen pratique le plus exact d'évaluer la force trans-
mise à une machine génératrice d'électricité;
« 2* Qu'une Commission de sept membres soit nommée pour exami-
ner et expérimenter les divers appareils dynamométriques exposés, et indi-
quer au Congrès celui qui lui paraîtra préférable. »
M. E. Becquerel (France), vice-président y faitremarquer queladeuxième
partie de la proposition porte sur des travaux qui rentrent dans les attri-
butions du Jury.
M. Bède (Belgique) propose l'amendement suivant :
« Le Congrès émet le vœu que le Jury fasse des expériences sur les
différents appareils dynamométriques exposés. »
Le i*' paragraphe de la proposition de M. Witmeur est adopté.
Le 2* paragraphe est adopté conformément à l'amendement de M. Bède.
La séance est levée à six heures cinq minutes.
QUATRIÈME SÉANCE
22 septembre 1881
PRÉSIDENGB DE M. HUGHES
M. LE Vice-Prjêsident déclare la séance ouverte à quatre heures cinq
minutes.
M. Belpaire (Belgique), vice-président, annonce le départ de
M. Spottiswoode, président de la Section, et propose de lui donner comme
successeur M. Hughes, selon le vœu exprimé par M. Spottiswoode lui-
même, à la dernière séance.
M* Hughes (Grande-Bretagne) est nommé président à. Tunanimité.
M. Hughes prend place au fauteuil et demande à la Section de voter
des remerciements à M. Spottiswoode. Cette proposition est adoptée par
acclamation.
M. LE Président lit une lettre de M. Becquerel, vice-président,
s' excusant de ne pouvoir assister à la séance.
M. le lieutenant-colonel Sebert (France), secrétaire, donne lecture du
procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté.
M. Sebert lit la communication suivante du Bureau relative à l'ad-
mission du public aux séances du Congrès.
« Les propositions faites au Congrès par M. le Ministre, président,
dans la séance d'hier 21 septembre, relativement à l'organisation de
séances publiques, ayant provoqué des demandes d'éclaircissement de la
part d'un certain nombre de membres de la troisième Section, le Bureau
a pris des renseignements & ce sujet auprès de M. le Commissaire général,
et se trouve en mesure de porter à la connaissance de la Section les indi-
cations suivantes sur la nature et la portée précises de cette mesure :
(t Les questions qui, dans le projet de programme servant de base aux
travaux du Congrès, avaient paru devoir donner lieu à une entente interna-
tionale et qui, par la nature délicate des discussions qu'elles pouvaient sou-
lever, ne pouvaient être traitées qu'en présence des seuls délégués des
35Î CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
dififérentes puissances représentées au Congrès, se trouvant à peu pi*ès
toutes épuisées, M. le Président a pensé que le moment était venu de
rendre publiques les séances du Congrès; et cette proposition était d autant
mieux justifiée que le Congrès peut être considéré comme ayant terminé la
majeure partie de ses travaux scientifiques ; et que les questions qui restent
encore h traiter et qui sont inscrites aux programmes des deuxième et
troisième Sections concernent plus spécialement les applications usuelles
et industrielles de Télectricité, et présentent, par suite, pour le public un
intérêt spécial.
« Mais il est bien entendu que la décision prise par le Congrès, pour
l'admission du public aux séances plénières qui seront consacrées à ces
discussions, laisse entière la liberté des Sections en ce qui concerne la suie
de leurs travaux particuliers, et qu'il leur sera loisible de continuer à huis
clos les discussions des questions susceptibles de faire l'objet d'une entente
internationale, et spécialement, en ce qui concerne la troisième Section,
la suite de la discussion sur les procédés photométriques et la mesure des
intensités lumineuses.
« Quant aux autres questions qui n'ont pas ce même caractère scienti-
fique, il convient, pour se conformer à la décision du Congrès, d'en ren-
voyer la discussion aux séances plénières.
« Le Bureau doit ajouter, en ce qui concerne l'organisation de ces
séances publiques, qu'il est entendu que le public ne sera admis dans la
salle du Congrès que dans la limite des places disponibles, et seulement
comme auditeur, sans préjudice toutefois du droit laissé au Bureau d'inviter
à prendre la parole les savants étrangers au Congrès qui lui apporteront
d'utiles renseignements. »
M. LE PRÉsroENT ouvre la discussion sur la question de l'étalon lumi-
neux et de la photométrie, qui a été renvoyée à la Section par l'assemblée
plénière.
M. VioLLE (France) trouve que la lampe de Fresnel, telle qu'elle avait
été disposée par MM. Dumas et Regnault, était un étalon parfait pour
l'usage auquel il était destiné dans le principe. 11 est assez constant pour
que ses variations soient négligeables vis-à-vis des erreurs de la pratique
courante. Il est d'une grandeur comparable à celle des sources à étudier:
lampes à huile ou becs de gaz. Enfin il possède une lumière spectrale ana-
logue à celle des lampes qu'on lui comparait. Pour la lumière électrique,
il faudrait trouver un étalon présentant les mêmes propriétés essentielles.
Il propose, à cet effet, la lumière émise par un centimètre carré de platine
k la température de fusion de ce métal. Cet étalon posséderait, en effet,
TROISIÈME SECTION. 353
une constance absolue, ainsi que la quantité et la qualité nécessaires. Il est
d'ailleurs d'une réalisation facile et pourrait aisément être amené à une
forme absolument pratique.
M. ScHOOLBBED (Grande-Bretagne) croit qu'on n'a pas fait assez de
distinction entre l'arc voltaïque et la lumière par incandescence qui est,
d'après lui, l'éclairage de l'avenir, à cause de Tentretien des charbons des
autres lampes. Pour ce qui est des étalons lumineux, il rappelle qu'en
Angleterre, et notamment dans le service des phares, on emploie soit des
bougies, soit des lampes, dont la valeur photométrique est exprimée en
bougies. La bougie lui parait plus constante, et n'a pas le désavantage
d'un mécanisme compliqué. Quand il s'agit d'arc voltaïque, il est nécessaire
de noter la direction suivant laquelle on a fait l'observation photométrique;
il faut bien remarquer que les rayons horizontaux ne donnent pas l'effet
économique du foyer, c'est-à-dire l'éclairement du sol. La lampe à incan-
descence a l'avantage de donner une intensité lumineuse égale dans toutes
les directions.
Il termine en donnant quelques chiffres sur les rendements qu'il a
obtenus en se servant de machines dynamo-^électriques.
M. TcHJKOLEFF (Russic) fait valoir les avantages de l'étalon Schwendler,
qui peut être reproduit très simplement dans tous les pays, tandis que la
lampe Carcel exige l'emploi d'une huile, d'un mécanisme et d'une mèche
toujours identiques, conditions difBciles à réaliser.
M. Flamache (Belgique) propose comme étalon la lumière du ma-
gnésium.
M. Macé de Lépinat (France) fait remarquer qu'il est impossible de
comparer avec précision deux lumières dont la nuance diffère très notable-
ment. Il cite à ce sujet les travaux de M. Helmholtz. La difficulté provient
de la sensibilité variable de la rétine pour les diverses couleurs.
M. Ceova (France) distingue trois types d'étalons. La bougie lui
paraît complètement condamnée. Tandis que deux lampes Carcel très dif-
férentes, comparées pendant une heure, donnent entre leurs indications des
variations de 2 à. 3 pour 100 au plus, on trouve quelquefois, d'après les
expériences de M. Schwendler, dans l'éclat des bougies étalons, des varia-
tions de 40 pour 100. Ces variations tiennent surtout à la difficulté qu'on
éprouve de maintenir toujours la mèche à la même place dans la flamme,
et d'éviter tout courant d'air. Selon lui , la lampe Carcel ne peut pas être
présentée comme le meilleur, mais bien comme le moins mauvais des
étalons.
Les étalons basés sur l'incandescence du platine ont d'abord ce grand
S3
m
'TT^^V"
k.
ï
354 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
défaut, qu'en admettant même que la lame de platine ait toujours le même
poids, les mêmes dimensions, et que son pouvoir émîssif ne change pas,
conditions qu'il est h peu près impossible de réaliser, il faudrait entretenir
cette lame à une température absolument constante, parce que, à des varia-
tions très faibles dans réchauffement de la lame correspondent des variations
très notables dans son éclat. Enfin il faut assurer la fixité du courant, et,
pour cela, surveiller un galvanomètre et manœuvrer un rhéostat.
Si, comme l'a proposé M. Violle, on employait comme étalon une
masse de platine fondu, les différences d'éclat déjà signalées viendraient
altérer les mesures dans une très forte proportion, à cause de la difficulté
qu'il y aurait à maintenir le platine fondu à une température invariable,
constamment égale à celle de sa solidification.
Pour apporter plus de précision dans la discussion, M. Crova demande
que l'on discute d'abord la question du choix d'un étalon, abstraction faite
de l'évaluation des teintes et du procédé photométrique.
M. ViOLLE fait remarquer qu'il prend le platine au moment de sa soli-
dification et que la chaleur latente maintient la température constante pen-
dant un certain temps, de sorte qu'il est parfaitement possible de faire
une bonne mesure photométrique.
Il en a eu maintes fois la preuve expérimentale.
M. LE Président prie la Section de procéder d'abord à la discussion
sur la question de l'étalon lumineux, comme l'a proposé M. Crova.
M. Werner Siemens (Allemagne) a trouvé qu'une lampe bien entre-
tenue donne des effets assez satisfaisants, mais cela dépend de la construc-
tion de la lampe et de la manière de s'en servir. La bougie est peu à
recommander, il est vrai, à cause des précautions qu'elle exige, mais en
opérant avec ces précautions on arrive à réduire les variations dans son
éclat à 5 pour 100 ; comme cependant elle est généralement en usage
dans les usines à gaz anglaises, allemandes et russes, il serait peut-être
téméraire d'en proscrire l'usage. Il reconnaît cependant, avec M. Violle,
que le platine pur, à son point de fusion, fournirait un bon étalon absolu,
mais difficile à généraliser dans la pratique. Il croit que ce qu'il y au-
rait de plus immédiatement utile, ce serait d'établir les coefficients permet-
tant de comparer les mesures faites avec les différents étalons en usage.
M. le D' Gladstone (Grande-Bretagne) pense qu'on peut diminuer
beaucoup les erreurs provenant de la sensibilité inégale de la rétine pour
les diverses couleurs du spectre, en plaçant la lumière à étudier à une
assez grande distance du photomètre pour que la notion des couleurs dis-
paraisse.
TROISIÈME SECTION. 355
M. Helmholtz (Allemagne) cite, àproposdes changements d'éclat lu-
mineux produits par la température, les principes posés par M. Kirchhoff.
Cette loi est générale pour tous les corps. Si Ton fait varier graduellement
la température d'un corps ayant un pouvoir absorbant absolu, la lumière
qu'il émet est d'abord rouge, puis son spectre devient de plus en plus
complet; et si on avait, par exemple, une lampe dont la température serait
constante, son intensité lumineuse serait également constante. On peut dire,
d'une manière générale, que les changements de température d'un corps
sont traduits par des changements de couleur, et réciproquement. On pour-
rait donc employer, pour étudier une source lumineuse, un appareil qui a
servi dans le laboratoire de M. Helmholtz pour certaines expériences com-
paratives. Cet instrument, désigné sous le nom de leucoscope, se compose
d'un tube dans lequel se trouvent successivement : une fente, un rhonoiboèdre
biréfringent, une série de lames de quartz, un compensateur à épaisseur
variable et enfin un nicol. On observe ainsi deux images juxtaposées de la
fente; l'emploi dés lames de quartz et du compensateur permet de produire
dans le spectre d'une de ces deux images trois bandes d'absorption élimi-
nant le rouge, le vert et le violet. Un effet complémentaire se produit dans
l'autre image, où le jaune et le bleu sont éliminés. On obtient ainsi deux
images blanchâtres, et d'une coloration presque égale.
La position du cercle divisé qui porte le nicol indique l'angle dont il
a fallu le faire tourner pour ramener les deux images à être l'une et l'autre
très voisines du blanc. Quand on étudie deux sources lumineuses de colo-
ration différente, ou les variations de teinte d'une même source, la position
qu'il faut donner au nicol sert de mesure à ces variations mêmes. Au moyen
de cet appareil, les changements de coloration s'apprécient avec une
extrême sensibilité. Des expériences sur l'incandescence du platine ont été
faites au laboratoire de Berlin à Taide du leucoscope. Les principes donnés
par M. Kirchhoff ont été confirmés.
M. Cornu (France) dit qu'il y a deux choses principales à considérer
dans le choix d'un étalon :!<> sa fixité; 2" sa qualité. Pour la mesure de la
lumière électrique il faut choisir un étalon qui donne beaucoup de radia-
tions réfrangibles, ce qui n'est pas du tout le cas des lumières obtenues
par la combustion du charbon soit dans une lampe, soit dans une bougie.
La proposition que vient de faire M. Violle, tendant à faire adopter le
platine en fusion comme étalon de lumière, indique bien la direction dans
laquelle il faut faire les recherches. Un métal en fusion présente, en effet,
les deux qualités requises. M. Cornu croit que, dans certains cas, Targent
serait peut-être préférable au platine, à cause de sa grande conductibilitéi
366 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
de la facilité avec laquelle on l'obtient pur, de son prix relativement mm
élevé, et de sa fusibilité beaucoup plus grande. Ces étalons métalliques
offrent en outre, au point de vue théorique, Tavantage de pouvoir être
considérés comme des étalons absolus. Le principe sur lequel ils s'appuient
est invariable, et se rattache directement à un de ces repères fondameo-
taux qui servent de base à la thermométrie.
M. TcHiKOLEFF proposo de faire, pendant la durée du Congrès, des
expériences pour constater la fixité de Tétalon Schwendler.
M. le colonel Webber (Grande-Bretagne) croit que les avantages de
la bougie maintiendront pendant longtemps son usage dans la pratique;
d'ailleurs les expériences photométriques qu'il a faites pendant six mois à
l'Exposition de i 867 n'ont pas accusé les différences de 40 pour 100 indi-
quées par M. Crova dans l'éclat des bougies : il demande à ce qu'une
Commission internationale fixe les coefficients comparatifs des diveR
étalons.
M. le Président Hughes dit que l'ordre du jour est encore très chargé,
et prie la Section de remettre la suite de la discussion au lendemain ven-
dredi à quatre heures.
La séance est levée à cinq heures quarante-cinq minutes.
CINQUIÈME SÉANCE
23 septembre 1881
PRÉSIDENCE DE H. HUGHES
M. LE Président déclare la séance ouverte à quatre heures cinq mi-
nutes.
M. LE Président annonce qu'il a reçu communication d'une lettre
adressée à M. le Commissaire général par M. Chwab, chimiste, sur la
production économique de l'électricité.
M. le Président ouvre la discussion sur la question des mesures photo-
métriques, déjà reprise dans la séance précédente.
M. Félix Leblanc (France) passe en revue les divers étalons de lu-
mières qui sont employés.
La bougie est susceptible de nombreuses variations. La bougie fran-
çaise ancienne valait 4 de carceU la bougie actuelle, x. La bougie anglaise,
en spermacetî, ne vaut que 4 de carcel, au plus. 11 faut donc définir d'abord
l'origine de la bougie, et, en outre, les conditions dans lesquelles on
l'emploie.
L'orateur reconnaît, toutefois, que les savants qui s'en sont servis ont
pris toutes les mesures nécessaires pour la définir d'une manière aussi pré-
cise que possible.
Il remarque que cet étalon est un peu faible pour les lumières de
grande intensité.
Bien que les procédés photométriques anglais et allemands puissent
donner de bons résultats, il préfère la lampe Carcel sous tous les rapports.
On n'a qu'à se reporter aux travaux de MM. Dumas et Regnault, pour voir
que tout est prévu dans l'emploi de cette lampe.
La pratique des mesures, que le service municipal de Paris fait effec^
tuer pour l'essai du gaz, montre que les variations de cette unité de lumière
n'atteignent même pas les limites de tolérance accordée. On a parlé d'adop-
358 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS,
1er un nouvel étalon plus élevé et dont la coloration serait analogue i celle
de la lumière électrique, par exemple : la lumière émise par un métal à
son point de fusion. Cette proposition a été soutenue par MM. Viol le et
Cornu. M. Crovaa présenté des objections. L'orateur pense que cette pro-
position ne repose pas sur des faits sufTisamment étudiés* On a aussi
indiqué l'emploi des verres colorés; 'mais ceux-ci absorbent des quantités
notables de lumière. On pourrait se servir de lames minces de gélatine de
teintes diverses, proposées par M, Mascart. Les résultats obtenus dans des
expériences faites avec M. loubert ont été à peu près identiques, avec ou
sans lames colorées.
M. WarrendelaRle (Grande-Bretagne) demande que Ton aboutisse
le plus tôt possible à un vote sur la question. Il propose que Ton recom-
mande au Jury remploi de la lampe Carcel pour les comparaisons qu'il
aura à faire,
M. J.-Bp DcMÂS (France) reconnaît la valeur des mesures faites par
les savants étrangers avec la bougie^ et prie ces savants de vouloir bien
reconnaître à leur tour la précision des mesures françaises.*
La bougie et la lampe Carcel ont chacune leurs avantages, quand il
s'agit de les comparer à des lumières peu intenses. L'une et Taulre sont
trop faibfes pour la lumière électrique. Les foyers de grande intensité sont
exprimés à l'aide de ces unités par des nombres trop grands, dont il est
difficile de se faire une idée exacte.
Il ne voudrait pas que Ton condamnât la bougie, ni que Ton con-
damnât le carcel ; mais que l'on adoptât une unité nouvelle pour les grands
foyers lumineux; M. Violle, par exemple^ en a proposé une, qui est raison-
nable, mais qu'il faudrait matérialiser.
Il conclut à la formation d'une Commission internationale qui serait
chargée d'étudier les étalons de lumière et les procédés photomé-
triques.
M. William Siemens (Grande-Bretagne) rappelle que M, Warren de
la Rue a proposé d*ad mettre le carcel pour les travaux du Juryj c*est aussi
son opinion. Comme M. Dumas, il reconnaît la nécessité d'unités différentes
suivant les lumières. Il propose, comme étalon, un Cl d'iridium d'une certaine
longueur et traversé par Tunité de courant*
11 dit que la photométrie pour la lumière électrique est plus compliquée
que pour les lumières ordinaires*
Ainsi une lampe rayonne dans tous les sens; son intensité présente,
dans le plan horizontal passant par le foyer, un maximum qui est le môme
dans tous les azimuts. Mais avec une lampe électrique, le rayon d'intensité
TROISIÈME SECTION. 359
maxima est oblique ; M. Schoolbred a étudié les intensités dans les diverses
directions, et a construit la courbe de leurs valeurs.
De plus, si les deux charbons ne sont pas exactement dans le prolon-
gement l'un de Tautre, il se forme sur le charbon négatif une surface
radiante trois ou quatre fois plus intense que du côté opposé. On ne peut
donc pas apprécier l'intensité sous un seul angle.
Il demande que M. Dumas veuille bien ajouter à sa proposition que la
Commissions^ internationale ait à s'occuper non seulement de l'étalon de
lumière, mais encore des méthodes photométrîques.
M. J.-B. DuMÂS (France) appuie la proposition de M. Siemens.
M. E. Becquerel (France), vice-présidentj décrit son actinomètre
électro-chimique, dans lequel les impressions variables de la rétine sont
remplacées par l'action chimique de la lumière sur une couche de sous-
chlorure d'argent violet. Il a constaté que l'intensité du courant électrique
produit varie avec les différentes couleurs du spectre projetées sur la plaque
sensible. Il a constaté que la courbe de ces intensités se rapproche beaucoup
de celle de Frauenhofer. L'appareil reste comparable à lui-même pendant
plusieurs jours.
M. William SiemexNS propose de clore la discussion en mettant aux
voix la proposition de MM. Dumas, Warren de la Rue et Siemens.
M. le lieutenant-colonel Sebert (France), secrétaire^ donne lecture de
cette proposition, qui est ainsi conçue :
« 1** Le Congrès recommande au Jury l'emploi de la lampe Carcel
dans les comparaisons photométriques faites entre les divers appareils de
lumière électrique exposés ;
« 2** Le Congrès prie le Gouvernement français de vouloir bien se
mettre en rapport avec les Gouvernements étrangers, à l'effet de nommer
une Commission internationale qui serait chargée de la détermination de
l'étalon définitif de lumière, et des dispositions à observer dans l'exécution
des expériences de comparaison. »
La proposition, mise aux voix, est adoptée à l'unanimité.
La proposition paraît à la Section renfermer la résolution proposée par
M. Rousseau au sujet de la formule photométrique, ainsi que deux propo-
sitions de MM. Webber et Belpaire.
M. Macé d'Épinat (France) demande que l'on spécifie & la Commis-
sion la comparaison des sources de teintes différentes.
La Section est d'avis que cette proposition est comprise dans la précé-
dente.
M. E. Becquerel, vice-président, fait remarquer que les autres ques-
360 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS,
lions da prograrame, ne devant pas aboutir à des votes ayant un caractère
international, doivent être discutées en séance publique, selon le dernier
vote du Congrès,
M- WiTMEUR (Belgique) fait observer qu'on ne peut pas savoir sans
discussion s'il y aura ou non des propositions ayant ce caractère. Ce serait
en préjuger le résultat.
M- E. Becqlerel, vice-président^ dit que la Commission préparatoire
avait spécifié les questions de ce genre. On y a répondu ; le reste ne com-
porte qu'un échange d'idées,
M, Cabânellas (France) dit qu'il peut y avoir, sinon des propositions,
du moins des recommandations à présenter.
M- Ep BECQLEftEL, vice-président, répond que rien ne s^oppose à ce
qu*on les présente en séance publique.
M. Belpaire (Belgique), vice-président^ remarque que la deuxième
Section ne suit pas la même voie, et étudie en particulier les fils télé-
phoniques,
M. E. Becquerel, vice-président ^ dît que le départ prochain de beau-
coup de membres étrangers rendrait la Section trop peu nombreuse,
fll, Jablocïiroff (France) fait remarquer que la question a été ti'ancbfe
dans le sens indiqué par M. Becquerel,
M, LE Président ajoute que d'autre^ membres seraient aussi enlevés
à la Section par les travaux du Jury.
La Section, consultée, décide qu'elle ne se réunira plus.
La séance est levée à cinq heures cinquante minutes.
1
\
il
DEUXIÈME ET TROISIÈME SECTIONS RÉUNIES
PREMIÈRE SÉANCE PURLIQUE
30 septembre 1881.
PRESIDENCE DE M. J.-B. DUMAS
M. le Président déclare la séance ouverte à deux heures dix minutes.
M. Marcel Dbpaez (France) s'étant excusé de ne pouvoir assister à la
séance, M. le Président donne la parole à M. Jablochkoff sur la première
question : Éclairage électrique.
M. Jablochkoff (France) commence par faire l'historique de l'éclai-
rage électrique. 11 rappelle que c'est il y a cinq ou six ans seulement qu'on
a commencé à. s'en occuper sérieusement, et que la première grande voie
éclairée à Paiîs par l'électricité a été, en 1878, l'avenue de l'Opéra. Tout
d'abord l'opinion publique fut peu favorable à cet éclairage ; mais, grâce
à la réussite des premières expériences, les avis changèrent ; les ingénieurs
furent peu à peu encouragés et les inventions se multiplièrent; enfin le Con-
grès des électriciens a mis à son ordre du jour trois questions intéressant
au plus haut degré l'éclairage électrique : 1* Quelle est la nature de lumière
à employer ? 2" Comment modifier l'éclat ? 3** Comment diminuer le prix
de revient ?
Quand on discute les questions de lumière, le plus souvent on ne pense
qu'au côté économique ; la question doit être traitée cependant beaucoup
plus largement. L'idéal de lumière étant certainement la lumière solaire, il
faut s'en rapprocher le plus possible : l'analyse spectrale montre que la
lumière électrique est celle qui en arrive le plus près. Mais, dans la lumière
solaire, il y a des rayons directs et des rayons diffusés ; les premiers fati-
guent ; les seconds, au contraire, sont favorables à l'éclairage. Quand on a
fait de la lumière électrique, on a voulu produire & la fois de la lumière
362 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
directe et de la lumière diffuse au moyen de Tare voltaïque; aussi^ dans
les premiers temps, on voulait regarder le foyer lumineux, et Ton se plai-
gnait d'une lumière aveuglante. On a compris aujourd'hui qu'il ne faut re-
garder que les objets éclairés. En même temps on a cherché surtout à
produire la lumière diffuse et l'on s'est principalement occupé de robtenir
au moyen de la division des foyers.
Selon M. Jablochkoff, en produisant une multitude de petits foyers, on
recule au lieu de progresser. On peut dire, il est vrai, qu'on est habitué aux
petits foyers, grâce à l'éclairage par le gaz; cependant les petits foyers ne
suffisent pas, puisque l'on fait des lustres.
I^our les ateliers, il est préférable d'avoir un foyer lumineux avec une
grande zone éclairée, de même que pour les grandes salles. L'éclairage des
rues doit se faire également au moyen de grands foyers convenablement
espacés.
Quant aux mines, l'orateur pense qu'il est plus avantageux d'avoir des
lampes à flamme, qui accusent la présence du danger, que des lampes élec-
triques. En effet, avec ces dernières, le mineur peut se trouver dans une
atmosphère explosive sans le savoir, et si un charbon tombe sur la lampe
et la casse, l'explosion peut se produire. (Voir Annexe I, page 368. Com-
munication de M. Somzée remise après la séance).
Pour les magasins à poudre, ainsi que l'a fait M. Tchîkoleff, en Russie,
M. Jablochkoff conseille d'employer de grands foyers électriques placés à
l'extérieur, et de projeter leur lumière à l'intérieur.
La question des phares paraît bien résolue.
En ce qui concerne l'éclairage des navires, il y a deux questions à
considérer. L'éclairage intérieur est peu important; mais à propos de
l'éclairage e^érieur, il faut savoir s'il est préférable d'éclairer chaque
navire puissamment, ou d'envoyer de la lumière en avant de lui. Pour
chaque cas, on emploiera soit Tare voltaïque soit la lampe à incandescence.
En résumé, il faut pour l'éclairage avoir des foyers puissants et les
diffuser. Pour l'éclairage des ports et dans la généralité des cas, le pro-
blème se relie intimement à la question de la distribution des courants.
Cette question a été très étudiée par MM. Marcel Deprez et Gustave
Cabanellas ; il y aurait intérêt à ce qu'ils prissent part à la discussion.
M. Cabanellas (France) :
« Je remercie M. Jablochkoff d'avoir cité mon nom; j'ai en effet beau-
coup à dire sur le transport et la distribution de V Energie par voie élec-
trique. Mais M. le Président du Congrès a bien voulu, hier, porter ma
communication à l'ordre du jour cfe la séance plénière de demain. Je dois
DEUXIÈME ET TROISIÈME SECTIONS RÉUNIES. 363
donc, même au seul point de vue de l'économie de votre temps, n'aborder
le sujet que demain.
« En outre, je considère qu'il existe un grand intérêt et une haute
convenance à ce que ma communication ait lieu en présence de M. le
Ministre des Postes et des Télégraphes ; car je crois être en mesure de
prouver que la question, malgré le peu de bruit fait autour d'elle, est
cependant arrivée à maturité, et que les grandes applications vont s'im-
poser à bref délai.
« Je pense en outre que, dans l'avenir, le département, déjà si impor-
tant, des postes et des télégraphes sera tout indiqué en France pour cen-
traliser et exploiter ces applications dans l'intérêt collectif.
» Ses attributions seraient alors :
« !• Le transport et la distribution des lettres ou menus objets par
voie mécanique ;
« 2* Le transport et la distribution de la pensée par voie mécanique en
dehors des bureaux, et par voie électrique entre les bureaux (télégraphie) ;
« y Le transport et la distribution de la pensée par la parole (voie
électrique complète, téléphonie) ;
(( b^ Le transport et la distribution de l'Énergie, par voie électrique
complète et par un seul canal, de l'usine unique de production ou de trans-
formation jusqu'à tous les points de consommation locale d'énergie sous
toutes formes : consommation de chaleur proprement dite, de lumières
diverses, d'actions chimiques, de puissances mécaniques de toutes gran-
deurs. »
M. Helmholtz (Allemagne). La quantité de lumière dépend-elle de
la nature de la matière incandescente, comme l'a dit M. Jablochkoff ? Elle
est, pour une même quantité de travail, d'autant plus grande que la tem-
pérature du corps incandescent est plus élevée. C'est ce qui est établi par
la loi, dont les termes, posés par M. Kirchhoff, servent de base à l'analyse
spectrale. La quantité de couleurs que l'on distingue dans le spectre
s'accroît avec la température. Sir William Thomson, qui a fait des expé-
riences sur la lampe Swan, a démontré que le rapport de la quantité de
lumière à l'intensité du courant augmente avec cette intensité. Mais pour
produire un courant d'une certaine intensité, il faut augmenter le travail
proportionnellement au carré de cette intensité. Cependant l'intensité de
lumière produite par un fil de charbon de Swan croît plus vite que ne l'in-
dique'cette loi; elle croît comme le carré de la température. Dans les lampes
Swan il semble donc que, & une haute température, il y ait volatilisation
du charbon : cela est certain avec le platine et l'iridium. La lumière de
364 CONGRES INTERNATIONAL DBS ÉLECTRICIENS.
Tare voltaîque a l'avantage que les pointes des charbons sont portées à des
températures plus élevées que les conducteurs solides des lampes à incan-
descence ; on voit, en effet, que la lumière de Tare est plus blanche que
celle de la lampe Swan. Malheureusement la quantité de lumière produite
par l'arc voltaîque n'est pas uniformément distribuée sous tous les angles ;
en outre, l'arc gazeux n'est pas très lumineux.
M. RossETTi (Italie) a fait des expériences sur la chaleur rayonnante
de l'arc voltaîque. Il croit avoir démontré que le pouvoir émissif des corps
noirs croît avec le carré de la température absolue. Selon lui, les rayonne-
ments lumineux et calorifiques suivent les mêmes lois. Il a trouvé que la
température du charbon positif atteignait généralement à, 000 degrés,
tandis que celle du charbon négatif variait de 3,000 à 3,500 degrés. Il a
reconnu une très grande différence de température dans les diverses parties
du charbon : les parties en contact avec l'arc produisent une plus grande
chaleur et un plus grand rayonnement.
Si on augmente l'intensité du courant, la surface des charbons à
haute température augmente, la chaleur et le rayonnement augmentent par
conséquent, sans que la température limite varie.
Aucun membre du Congrès ne demandant la parole ni sur cette ques-
tion ni sur les autres questions à l'ordre du jour, M. Mascart demande
si quelqu'un pourrait donner des renseignements sur les dépôts galvani-
ques du nickel, du fer, etc., et demande qu'on ajoute cette question à
l'ordre du jour.
Personne n'ayant demandé la parole, M. Cabanellas fait la commu-
nication suivante :
La distribution du calorique par voie électrique n'est en aucune façon
incompatible avec un rendement industriel suffisant. Cette opinion peut
paraître paradoxale au premier abord, mais il est facile de montrer qu'au
fond elle mérite une considération réelle.
Étudions, en effet, le mode le plus usité de chauffage des apparte-
ments, en France et dans la plupart des climats tempérés : le chauffage
par cheminées.
Les cheminées n'utilisent que la chaleur rayonnante du combustible;
cette chaleur est, pour le bois, les ^, et, pour le coke, les ^ de la chaleur
fournie par le combustible.
Un quart environ de la chaleur rayonnante pénètre dans l'appartement,
le reste est absorbé par les parois du foyer et perdu.
Les cheminées ordinaires n'utilisent donc, en fait, que de 6 à 12 pour
100 de la chaleur totale fournie par le combustible.
-oiujr
DEUXIÈME ET TROISIÈME SECTIONS RÉUNIES. 365
De plus, les cheminées absorbent au moins 60 mètres cubes d'air par
kilogramme de combustible, ce qui constitue un appel d'air froid de l'exté-
rieur à l'intérieur, et l'afflux d'air emporte avec lui par le tirage une pro-
portion notable de la petite quantité de chaleur rayonnante utilisée.
Enfîn, la chaleur est développée en un seul point, ce qui est un incon-
vénient sous le rapport de la bonne utilisation du calorique.
Considérons maintenant la distribution du calorique par voie élec-
trique :
Quand l'Énergie sera prise sur une puissance naturelle, eau ou air en
mouvement, il est clair qu'on y trouvera grand avantage ; mais, même dans
le cas où il faut brûler du charbon dans une machine à vapeur, si cette
machine est importante (et ce sera le cas au plus haut point), elle peut
rendre 10 pour 100 de l'Énergie latente du combustible.
Or la distribution de chaleur se fait, toutes choses égales d'ailleurs,
suivant un rendement supérieur au rendement mécanique proprement
dit.
Par exemple, dans une exploitation distribuant la puissance méca-
nique au rendement de 50 pour 100 avec des machines ordinaires dont la
déterminante serait de /i, la chaleur serait naturellement distribuée au ren-
dement de 62 pour 100.
Avec un rendement calorique de 80 pour 100 on régénérerait donc la
chaleur à 8 pour 100 de l'Énergie du charbon, ce qui rentre dans les con-
ditions précitées, mais avec cette différence que cette chaleur serait distri-
buée, fractionnée, en autant de parties et de points distincts qu'il serait jugé
uBle, sans perte de rendement dans la production, et même avec gain, par
suite de la meilleure assimilation à l'espace clos & chauffer. La faculté de
régénérer la chaleur au sein même du milieu à chauffer rend le mode de
production électrique éminemment propre au chauffage des liquides.
La même remarque s'applique à un certain degré aux cas où il y a
intérêt h, développer une haute température très près d'un corps sur lequel
on veut agir. C'est une action qui est presque celle des scarifications, des
cautérisations; le procédé électrique, permettant de disposer des appareils
épousant toutes les formes, est avantageux sous ce rapport.
Je pense donc que, pour ces raisons ajoutées à celles qu'on connaît
déjà, et lorsque les villes seront pourvues d'une canalisation et d'une
distribution d'Énergie à domicile, par voie électrique, combinée de telle
sorte que les diverses formes usuelles de consommation d'Énergie puissent
trouver & la fois leur satisfaction, la consommation de Ja chaleur propre-
ment dite y prendra une place sérieuse, en même tMips que la consom-
366 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
mation de lumière, celle d'Énergie électro-chimique, et surtout celle de
puissance mécanique appliquée à tous les ateliers, à toutes les manutentions
de marchandises ou^ d'objets pesants, au service des pompes d'épuisement
et d'incendie, aux monte-charges et ascenseurs tout à fait généralisés, et
enfin à la traction du plus grand nombre des véhicules.
M. Hospitalier (France). Je demande la permission de présenter
quelques observations, relativement aux chiffres donnés par M. Gabanellas :
i kilogramme de bonne houille développe 7,000 calories, ce qui
correspond à une énergie théorique totale de 2,968,000 kilogrammètres.
Une bonne machine à vapeur, brûlant i kilogramme de charbon par
cheval et par heure, produit 270,000 kilogrammètres effectifs sur Varhre
moteur.
Elle transforme donc jS = 9>5 pour 100 de l'énergie théorique
en travail sur Varhre moteur.
En utilisant ce travail sur des machines dynamo-électriques, on
transformera 80 pour 100 de ce travail en énergie électrique, soit 7,6
pour 100 de l'énergie théorique totale du charbon.
En tenant compte des résistances passives du conducteur, qui amè-
neront l'électricité dans la maison, de la résistance intérieure de la
machine, etc., on retrouvera seulement en pratique de 50 à 60 pour 100
de cette énergie électrique dans les résistances utilisées en chauffage, soit
de 3,8 à 4,5 pour 100 de l'énergie théorique totale du charbon dans les
meilleures conditions pratiques, et non pas 8 pour 100, comme l'a indiqué
l'honorable préopinant.
M. Gabanellas répond :
M. Hospitalier vient d'être conduit, par son calcul, à 9,5 pour 100
au lieu de 10 pour 100, chiffre que j'ai donné d'après les beaux travaux
devenus classiques de M. Hirn.
D'après ce calcul, le chiffre de 10 pour 100 serait donc trop modéré,
puisque M. Hospitalier suppose arbitrairement une dépense de 1 kilo-
gramme par cheval et par heure, alors qu'il est bien certain que les bons
constructeurs, pour les très puissantes machines à vapeur perfectionnées,
ont abaissé cette dépense à 800 grammes.
Quant à l'observation de M. Hospitalier, relative à ce que deviennent
ces 10 pour 100 disponibles sur l'arbre à l'usine, elle ne me paraît pas
pouvoir être acceptée, car il est prouvé et admis, par toutes les personnes
techniques, qu'il est facile, sur un moteur convenablement relié à la
source, de recueillir une puissance mécanique égale, effectivement, aux
50 ou 60 pour 100 de la puissance disponible sur l'arbre de la machine à
DEUXIÈME ET TROISIÈME SECTIONS RÉUNIES. 367
vapeur, ce résultat totalisant toutes les pertes passives intermédiaires, dont
dès lors il n'y a plus à s'occuper.
Or, rien qu'à un rendement purement mécanique de 50 pour 100,
correspond, à la même distance de l'usine, un rendement calorique de
62 pour 100, parce qu'on utilise naturellement la consommation de calo-
rique sur le fil intérieur du moteur, qui était inutile pour la récolte pure-
ment mécanique.
Nous voici rigoureusement arrivés au rendement calorique de plus
• de ^ de 10 pour 100 ou de plus de 6 pour 100, et nous n'aurions pas
besoin d'un chiffre plus élevé pour rendre parfaitement légitimes les con-
clusions de notre communication.
J'ajouterai qu'il sera facile d'admettre le passage de 60 à 80 pour 100
pour le rendement thermique, quand nous aurons prouvé qu'il est possible
de dépasser le rendement purement mécanique de 60 pour 100, alors que
le modeste rendement mécanique de 50 pour 100 assure déjà un rende-
ment thermique de 62 pour 100.
M. LE PfiÉsmENT lit une note de M. Warren de La Rue :
« Parmi les diverses questions relatives à l'éclairage électrique, celle
de la qualité de la lumière est très importante, car cette lumière ne sera
pas admise dans les salons si elle produit des discordances dans la toilette
des dames qui auraient un éclairage différent pour s'habiller. »
M. le Président rappelle, à ce propos, une discussion qui eut lieu en
1786, et qui est reproduite dans les mémoires de Lavoisier, lorsqu'il s'agit
d'éclairer les théâtres au moyen de plafonds lumineux et de supprimer la
rampe. Cet éclairage produisait des ombres sur la figure des acteurs qui
s'en plaignirent tous. C'est un inconvénient que l'on retrouve lorsque l'on
veut éclairer les salons par le haut au moyen de la lumière électrique. Il
pense que, pour les dames et pour les toilettes, il faudra étudier la couleur
et la position des foyers d'éclairage.
M. le Président annonce que l'ordre du jour de la prochaine séance
publique sera affiché dans le Palais et communiqué aux journaux.
La prochaine séance aura lieu le mardi ft octobre, à deux heures.
Ordre du jour : Transmission des forces à distance par V électricité.
Applications diverses de V éclairage électrique.
Distribution industrielle de l'électricité.
Horlogerie et chronographie électrique.
Electro-métallurgie.
La séance est levée à trois heures et demie.
368 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ËLEGTRICIBNS.
ANNEXE I
GOMMUNIGÂTION DE M. SOMZÉE (BELGIQUE)
Dans les applications de l'électricité aux mines, il y a à considérer, outre
les moyens de transport de force motrice, son emploi :
1<> Gomme instrument de travail par la lumière pour la distinction des
couleurs dans les triages mécaniques ;
2"* Gomme moyen d'éclairage ;
3» Gomme agent intervenant dans les avertissements de phénomèDes
naturels.
La distinction des couleurs par la lumière électrique, dans le triage méca-
nique, est l'objet de recherches.
On n'est pas encore fixé sur la véritable utilité de cette application de la
lumière électrique. Elle dépend du reste du système de lampes électriques.
11 n'est pas encore prouvé que les becs à gaz intensitifs, tels que les becs
Siemens, par exemple, ne rempliraient pas parfaitement le rôle de la lumière
électrique.
Des essais se font en ce moment au charbonnage de Mariemont sous l'habile
direction de M. Guinotte.
En ce qui regarde l'éclairage électrique des mines, on a commencé déjà des
expériences en Angleterre ; mais nous n'en connaissons pas encore les résultats.
Nous partageons l'avis de H. Jablochkoff en ce qui regarde les difficultés de
l'application de l'éclairage des mines en général, quoique certaines exploitations
puissent être éclairées avantageusement en quelques points, dans certains cas
spéciaux.
Hais, quand il s'agit de mines de charbon grisouteux, même à un faible
degré, les conditions d'économie et autres qui existent pour les charbonnages
en général se modifient.
Nous pensons, dans ce cas, devoir être affirmatifs et émettre le vœu que la
lumière électrique, convenablement et prudemment utilisée, soit imposée d'une
manière absolue et exclusive.
Au moyen de la lampe de sûreté, le mineur peut être averti de la présence
du grisou, et il sait quand il doit se retirer. Malheureusement, lorsque l'état de
la flamme change d'une façon perceptible pour l'observateur, la proportion du
grisou est déjà assez forte dans l'air pour que le moment où le mélange
deviendra explosif ne soit plus bien éloigné ; car l'attention du bouilleur n'est,
le plus souvent, attirée que lorsque sa lampe est sur le point de s'éteindre, c'est-
à-dire quand le danger est imminent.
Par l'emploi de l'éclairage électrique judicieusement appliqué, tout danger
disparaît. Il reste bien l'éventualité de rupture de la lampe et de contact de
conduits et l'embarras de ceux-ci ; mais je suis persuadé que ces difficultés
seront facilement surmontées. L'expérience a déjà démontré, dans l'enceinte
DEUXIÈME ET TROISIÈME SECTIONS RÉUNIES. . 369
même de TExpositioD, que les étincelles qui ont déterminé des commencements
d'incendie pouyaient être absolument évitées.
Dans l'état actuel, on en a été réduit aux lampes de sûreté pour seuls ayer-
tisseui*s ; mais, rappelant ce que mous disions plus haut, ce qu'il faut pour la
sécurité des mines, c'est qu'avant l'instant du danger, on puisse encore opérei*
un changement immédiat de la composition de l'air. Il est évident que le sur-
veillant préposé aux ventilateurs, étant averti du moment auquel il faut aug-
menter l'aérage, il sera toujours po^ible d'éviter un accroissement de la pro-
portion des gaz explosifs. Il ne faut pas chercher à activer trop brusquement
une ventilation dont l'exagération subite ferait naître, dans beaucoup de cas,
le danger qu'on veut éviter. Ce danger peut résulter de la création d'uue atmo-
sphère chargée de poussière, sous l'influence d'une faible quantité de grisou.
L'accroissement progressif de la ventilation peut être pratiqué avec confiance,
vu que, depuis le moment de l'avertissement jusqu'à celui où le danger est
devenu réel, la proportion du grisou doit être augmentée sensiblement. On a
donc toujours le temps de produire un aérage convenable et de faire circuler
progressivement dans Jes galeries les masses d'air nécessaires pour entraîner le
gaz au dehors, à mesure qu'il se dégage.
Dans cet ordre d'idées, nous avons créé divers instruments, et notamment
la lampe de sûreté avertissante.
Notre but, on le voit, est de rendre cette lampe de mine plus sensible, en
lui faisant enregistrer certaines phases déterminées de l'état de la flamme, et
d'utiliser ensuite cette sensibilité pour produire des avertissements bien dis-
tincts, indépendants du plus ou moins d'attention de l'ouvrier.
Néanmoins, les avertisseurs n'attaquent pas la cause du mal, et, jusqu'à ce
qu'on trouve le moyen d'empêcher le dégagement du grisou, ou de rendre ce
dégagement inoffensif , l'éclairage électrique, par lampes closes, est indiqué. Mais
il ne suffit pas de créer des avertisseurs, il faut aussi donner un programme
pour les utiliser avec efficacité.
U
I
I
DEUXIÈME SÉANCE PUBLIQUE
4 octobre 1881
PRÉSIDENCE DE M. J.-B. DUMAS
M. LE Président déclare la séance ouverte à deux heures douze
minutes.
' M. TcHiROLEFF (Russic) appelle « canalisation de la lumière élec-
trique » un mode optique de diviser la lumière en un grand nombre de pe-
tits foyers au moyen de lentilles, de prismes et de surfaces réfléchissantes. Il
insiste sur la différence entre la division de la lumière électrique par le frac-
tionnement du courant et la division de la lumière elle-même par des moyens
optiques. Il expose avec détails la disposition qu'il a fait adopter pour l'é-
clairage de la poudrerie d'Ochta, éclairage qui fut reconnu suffisant ei
sans aucun danger. Puis il passe en revue et réfute les principales objec-
tions contre Tadoption de la canalisation. Il termine en traitant la question
de la quantité de lumière que Ton peut utiliser par la canalisation, et de
la grandeur des pertes dans différentes circonstances.
M. LE PnÉsiDENT anuoncc qu'il a reçu une note de M. Léopold Hugo,
relative à l'emploi de la lumière électrique dans les grands ports.
M. BoiSTEL (France), représentant de la maison Siemens, revendique,
pour le D' Werner Siemens, l'honneur d'avoir émis le premier l'idée du
transport des forces motrices par l'électricité et de l'avoir réalisée le p^^
mier d'une façon grandiose et pratique. Il entre ensuite dans des détails
très étendus sur la construction et le mode de fonctionnement de la ligne
du tramway électrique qui va du Palais de l'Industrie à la place de la Con-
corde. Cette ligne, longue de près de 500 mètres, réunit sur ce parcours
réduit, qu'il n'a malheureusement pas été permis d'agrandir, toutes les
difficultés qu'on rencontre dans la pratique : rampe supérieure à 21 milli-
mètres à l'entrée du Palais sur une courbe de 21 mètres de rayon, suivie
d'une contre-courbe de rayon un peu supérieur; courbe de 51 mètres aux
DEUXIÈME ET TROISIÈME SECTIONS RÉUNIES. 371
abordç de la place de la Concorde. Ces nombres montrent combien peu les
difficultés ont été épargnées, et cependant le tramway roule à une vitesse
moyenne de 17 kilomètres à l'heure avec un chargement complet. On a
même atteint, dans une expérience, la vitesse de 70 kilomètres. M. Boistel
insiste sur le mode trouvé pour assurer une communication électrique par-r
faite entre la machine dynamo primaire et la machine du tramway, ainsi
que pour permettre le retour du courant. Enfin, il détaille les trajets effec-
tués par la voiture et termine en annonçant, pour un avenir rapproché,
rinstallation à Paris d*un réseau de chemins électriques.
M. LE Paésident donne lecture de la lettre suivante, que lui adresse
M. H. Fontaine (France), administrateur de la Société Gramme.
Paris, le 4 octobre 1881.
Monsieur le Président,
Empoché par le service de TExposîtion d'assister à la séance, je vous prie de
faire savoir à rassemblée que je revendique, au nom de la Société Gramme,
dont j'étais alors et dont je suis encore le seul administrateur, l'honneur
d'avoir fait la première expérience du transport des forces motrices par l'électri-
cité.
C'est en 1873, à l'Exposition de Vienne, que cette expérience a été faite pu-
bliquement, au moyen de deux machines Gramme. J'actionnais l'une par un
moteur à gaz, et l'autre, recevant l'électricité au moyen d'un fil conducteur de
1000 mètres, faisait fonctionner une pompe centrifuge.
Les nombreuses applications de ce principe réalisées aujourd'hui font pré-
voir que notre expérience a été le germe d'une nouvelle et grande industrie.
Arago a dit : f II n'y a qu'une manière rationnelle et juste d'écrire l'his-
toire des sciences : c'est de s'appuyer exclusivement sur des publications ayant
date certaine ; hors de là, tout est confusion et obscurité. >
Sous les auspices de ce nom illustre et à l'appui de ma revendication, j'ai
l'honneur de vous adresser une publication datée de 1873, rendant compte de
l'expérience précitée.
Veuillez agréer, monsieur le Président, l'hommage de 'mon respectueux
dévouement.
Fontaine,
Membre da Congrès international.
Président du Syndicat de l'éclairage de l'Bzpoaition.
M. Bède (Belgique) vient ajouter quelques mots à la communication
de M. Tchikoleff, et prend en main la défense des intérêts de la Belgique.
Il donne des détails sur le mode de division de la lumière, réalisé par
M. Jaspar, dont la lampe fait l'admiration des visiteurs du Palais. Il décrit
aussi la lampe-soleil, à foyer dissymétrique, qui éclaire la salle des
tableaux.
37Î CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
M. Rau (Belgique) proteste contre le terme de division de la lumière,
employé précédemment. Pour lui, diviser la lumière électrique, c'est multi-
plier le nombre des foyers.
Cette protestation amène un échange d'observations entre MM. Tcm-
KOLEFF, Rau et Bède.
M. Chrétien (France) défend les intérêts de la Société Gramme, à
laquelle il attribue la première expérience sur le transport des forces
motrices par l'électricité, expérience qui fut faite en 1873, à rExposition
de Vienne, et qui devint le germe d'une nouvelle et grande industrie.
Il démontre les avantages de la traction électrique sur tout autre
moyen de traction (traction par chevaux, par des machines à vapeur, à air
comprimé, à gaz), et établit une comparaison détaillée entre ces divers
systèmes. Il montre ensuite le besoin urgent, pour Paris, d'établir dans son
sein un système de communications rapides qui soulage la voie publique âu
lieu de l'encombrer davantage, et termine en exposant en détail le système,
imaginé par lui, de tramways le long des boulevards et des grandes
artères. Ce système se trouve d'ailleurs exposé au Palais de l'Industrie.
M. Boistel, répondant à M. Chrétien, dit que ce qu'il revendique
pour la Société Siemens, ce n'est pas la première expérience, mais bien
la première mise en pratique véritable de la transmission des forces par
l'électricité. D'ailleurs, pour ce qui concerne les avantages de ce mode de
transmission, il partage absolument l'avis de M. Chrétien.
M. Jablockhoff (France) présente un moyen de distribuer réiectricité
à l'aide d'artères terminées par des condensateurs dont l'armature extérieure
communique avec le sol.
M. LE Président croit être de l'avis de la majorité des assistants en
proposant de terminer la séance. Il ajoute qu'il y a un point sur lequel on
n'a pas assez insisté : c'est la question de Télectro-chimie. Il propose de
l'inscrire au programme de la prochaine réunion publique, qu'il fixe au
mardi 11 octobre, afin de permettre aux personnes compétentes de venir
y prendre la parole.
La séance est levée à trois heures cinquante-cinq minutes.
TROISIÈME SÉANCE PUBLIQUE
11 octobre 1881
PRÉSIDENCE DE M. J.-B. DUMAS
M. LE Président déclare la séance ouverte à deux heures dix
minutes.
La parole est donnée à M* Avenarius (Russie), qui fait la communi-
cation suivante :
Dans les deux dernières séances publiques, des méthodes ont été indi-
quées pour distribuer le courant par dérivation. Mais il s'agissait là exclu-
sivement des courants continus, et ce n'est qu'à la fm de la dernière séance
que M. Jablochkoff a dit quelques mots sur la distribution des courants
alternatifs au moyen des condensateurs.
11 existe cependant certaines méthodes pour distribuer les courants
alternatifs par dérivation, et il y en a une qui peut être appliquée à l'éclai-
rage électrique ; c'est sur' ces méthodes que je me permets d'appeler
l'attention de l'honorable assemblée.
Soit une machine à courants alternatifs, dont les conducteurs princi-
paux, au nombre de deux, sont réunis par une série de dérivations alimen-
tant des bougies. On sait qu'il est bien difficile de les faire brûler toutes.
Si nous prenons, par exemple, des bougies JablochkoiT, il n'y en aura
qu'une seule qui brûle : ce sera la bougie ou la substance peu conductrice,
interposée entre les deux charbons, qui sera échauffée le plus par le courant
initial.
Pour faire brûler toutes les bougies simultanément, on peut se servir
de trois procédés :
i"" On peut introduire dans les dérivations des résistances égales et
très considérables par rapport à la résistance d'une bougie. Si cela ne se
pratique pas, c'est parce que l'emploi de ces résistances auxiliaires amène
374 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
une grande perte du courant et constitue, par conséquent, une méthode
très peu économique.
2** On peut introduire des condensateurs dans les dérivations. Le cou-
rant ne franchira point les couches diélectriques, mais à chaque courant
partiel un condensateur quelconque se trouvera chargé. Quand le courant
change de signe, une décharge du condensateur a lieu : les électricités
accumulées par le courant précédent viennent se recombiner, et la nouvelle
phase du courant donné par la machine sera renforcée par la décharge qui
s'y ajoute. Si les capacités de tous les condensateurs sont égales, les
décharges seront égales aussi, toutes les bougies seront dans les mêmes
conditions, et il sera possible de les faire brûler toutes à la fois.
Mais la théorie et l'expérience démontrent que pour atteindre ce but
avec les machines dynamo-électriques actuelles, il faut se servir de con-
densateurs de capacité énorme, et par suite d'un prix très élevé. Si, en
outre, l'on considère les changements que subissent les substances iso-
lantes en usage, par suite du passage du courant, l'emploi des condensa-
teurs se présente comme une méthode extrêmement dispendieuse. C'est
pourquoi la méthode de M. Jablochkoff, toute ingénieuse qu'elle soit,
pourra rencontrer des difficultés pratiques, au moins dans l'état actuel de
la question.
3^ Mais il existe une troisième méthode. Outre les métaux et les dié-
lectriques on a des liquides.
Imaginons un vase rempli d'un liquide, dans lequel plongent deux
lames d'un métal quelconque, c'est-à-dire ce qu'on appelle un voltamètre.
Plaçons un de ces appareils dans chacune des branches 1, 2, 3 de notre
système de dérivations. Quand le courant vient traverser 'l'une de ces
dérivations, il passe par la bougie, mais en même temps il vient polariser
le voltamètre, c'est-à-dire que ce dernier se charge comme si c'était un con-
densateur. Lorsque le courant change de sens, le voltamètre se décharge,
et cette décharge s'ajoute au courant principal qui traverse la bougie. Ces
décharges du voltamètre, qui se répètent à chaque alternance du courant
principal, c'est-à-dire plus de cent fois" par seconde, pourront maintenir
l'arc voltaïque, pourvu que la charge provenant de la polarisation soit
assez grande.
On atteint ce but en prenant comme électrolyte un liquide à polarisa-
tion intense et en réunissant en série un nombre suffisant de voltamètres.
J'appelle polarisateur l'appareil ainsi construit. Il se compose de cinq à
neuf voltamètres, dont le liquide est une dissolution de silicate de soude
dans de l'eau et les électrodes deux plaques de charbon.
gH,^
DEUXIÈME ET TROISIÈME SECTIONS RÉUNIES. 375
On pourrait croire que l'emploi des polarîsateurs amène une perte
sensible du courant, tant par suite de réchauffement du liquide qu'à cause
de sa décomposition. Mais, en arrangeant les voltamètres, on est libre de
placer les lames de charbon aussi près l'une de l'autre que l'on veut, et on
peut ainsi diminuer à son gré réchauffement du liquide. Quant à la décom-
position, on n'en voit aucune trace, ce qui est dû à la rapidité des alter-
nances du courant dans les machines en usage. Donc toute la perte se
réduit à réchauffement qui pourra être rendu arbitrairement petit.
Notons enfin qu'à l'aide de polarisateurs de différente force polari-
sante on peut disposer à volonté la distribution du courant, tout aussi bien
que si l'on se servait des condensateurs de différentes capacités.
Il y a dqnc une méthode pour distribuer arbitrairement un courant
alternatif dans un système de dérivations. L'application de cette méthode
au but de l'éclairage électrique ne rencontre aucune difficulté. Je m'en suis
assuré par de nombreuses expériences, que j'ai exécutées d'abord en Russie
et récemment dans les laboratoires de la Société générale d'électricité (pro-
cédé Jablochkoff), grâce à la bienveillance de l'administration de cette
Société et surtout de MM. les professeurs Jamin et Joubert.
M. Parod (France) monte à la tribune et expose le système de cana-
lisation de l'électricité, dont un spécimen figure au Palais de l'Industrie :
Vous connaissez l'importance du problème du transport de l'électri-
cité et de sa canalisation ; je n'ai donc pas besoin de m'étendre sur ce sujet,
mais ce que je revendique hautement, c'est l'honneur d'avoir le premier
signalé l'importance de ce problème, et proposé un moyen rationnel et pra-
tique de le résoudre ; moyen qui s'appuie sur la substitution de conducteurs
nouveaux aux anciens fils et câbles de transmission.
Ces câbles, en effet, sont tout à fait insuffisants; ils ne peuvent trans-
mettre un courant à quelque distance sans une énorme déperdition, par
suite de l'influence de l'électricité ambiante, qui tend toujours à se recom-
biner avec l'électricité de nom contraire des câbles et à la neutraliser. Il en
résulte qu'au fur et à mesure que l'on s'écarte de la source d'électricité, la
tension diminue dans ces fils, et que l'on ne peut faire aucune dérivation
directe du courant sans nuire à la première prise.
Depuis, plusieurs systèmes ont été proposés, s' appuyant sur l'emploi
des fils ordinaires. On a proposé la création d'usines centrales pour alimen-
ter tout un quartier de ville, mais là ne peut être la solution cherchée, car
ces usines employant forcément des moteurs à vapeur ne pourront produire
le fluide au meilleur marché possible et la nature des fils de distribution ne
changeant pas, on ne pourrait porter le courant à quelque distance qu'en
376 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
augmentant la tension et par conséquent en augmentant la dépense de force
motrice, la déperdition du courant, et en compromettant la sécurité des
consommateurs.
Je dois faire remarquer ici que la première idée d'accumuler Félectri-
cité dans une matière étrangère aux lames conductrices m'appartient en
propre par droit de priorité. •
Cette disposition d*armatures accumulatrices équivaut, par le fait, à
l'adjonction, à mon condensateur conducteur, d'accumulateurs détachés; et
en fait il y a avantage à employer ces sortes d'accumulateurs pour recueillir
l'électricité dégagée par les usines dynamo-électriques pendant les heures
ou la consommation est nulle ou à peu près,
A cet effet, une batterie accumulatrice séparée du condensateur con-
ducteur est mise en communication avec lui et en reçoit l'électricité fournie
en excès de la consommation, une autre batterie pleine est également mise
en communication avec le conducteur réservoir au moyen d'un appareil
automatique réglant la tension de manière que lorsque cette tension dépasse
un certain maxima dans le condensateur, le trop-plein s'écoule dans la batte-
rie vide et la charge, et que, dans le cas contraire, la batterie pleine verse
son courant dans le condensateur pour y rétablir la tension de règle.
La force des usines peut être ainsi réduite de près de i» puisque la
consommation est nulle pendant quatre heures environ et que les usines
peuvent fonctionner pendant ce temps sans augmentation de frais géné-
raux.
Mon invention est basée sur des principes bien établis et constitue
donc un système de canalisation véritable que j'ai créé de toutes pièces et
au moyen duquel est résolu complètement non seulement le problème du
transport et de la distribution des forces naturelles, mais aussi celui de la
division de la lumière et de tous les effets électriques et doit amener à bref
délai la vulgarisation des applications de l'électricité par la commodité et le
bon marché.
Je revendique donc l'honneur d'avoir présenté le premier système de
canalisation de l'électricité et d'avoir fourni des moyens pratiques et ration-
nels de le réaliser par l'emploi de conducteurs réservoirs analogues aux
conduites d'eau et de gaz. Je revendique également la priorité de l'inven-
tion des masses accumulatrices en matières étrangères aux lames conduc-
trices.
Ma pensée ne s'est pas arrêtée longtemps à l'idée d'accumulateurs
portatifs, il n'y avait et il n'y a encore d'avenir pour ces appareils qu'autant
que la canalisation de l'électricité sera réalisée ; et je n'avais pas encore
DEUXIÈME ET TROISIÈME SECTIONS RÉUNIES. 377
le moyen de maîtriser dans mes conducteurs réservoirs celte force terrible
accumulée. Des brevets récents sont venus compléter mon invention et je
suis maître de régler exactement la tension dans mes conducteurs réser-
voirs par le chargement et le déchargement automatique, au moment voulu,
des masses accumulatrices, par le réglage automatique de la distribution
dans les prises, par la mise en marche ou Tarrêt automatique des usines
ou des générateurs d'électricité.
Maintenant donc, messieurs, préparez-vous à décupler vos moyens de
production, faites des machines dynamo ou magnéto-électriques, il n'y en
en aura jamais assez; faites des accumulateurs et répandez-les dans toutes
les habitations; nous les chargerons h, domicile avec de l'électricité à bas
prix ; faites des moteurs, des fils de transmission et des appareils de toute
sorte, le règne de l'électricité est arrivé et la grande révolution com-
mence.
M. Latchinoff (Russie) présente la théorie des machines dynamo-
électriques sans fer et fait connaître les résultats auxquels il a été conduit
par ses recherches sur ce sujet.
M. Latchinoff, se basant sur l'identité des électro-aimants et des solé-
noïdes, démontre la possibilité de construire une machine dynamo-
électrique sans fer. Cette machine aurait la propriété singulière de posséder
une vitesse déterminée, parfaitement indépendante delà force qui l'actionne.
Cette vitesse unique ne dépend que de la construction de la machine et
de la résistance totale du circuit; elle est proportionnelle à cette dernière.
Si l'on quadruple le travail appliqué à la machine, le courant devient
double de ce qu'il était, mais la vitesse ne varie pas. L'intensité du cou-
rant est donc proportionnelle à la racine carrée du travail absorbé par la
machine. L'orateur prouve ces deux lois par des formules empruntées à
la théorie des machines dynamo-électriques^ qu'il serait trop long de repro-
duire ici.
Pour réaliser une machine sans fer de quelque valeur, il faut rapprocher
autant que possible l'inducteur de l'induit. Pour cela M. Latchinoff enroule
le fil inducteur sur un cylindre (en ébonite) parallèlement aux génératrices
de ce dernier, de manière à produire deux pôles linéaires vis-à-vis l'un de
l'autre. Dans l'intérieur de ce cylindre il introduit une bobine Siemens
enroulée sur de l'ébonite. Cette bobine se trouve donc enveloppée de tous
cotés par les spires de l'inducteur, et les courants sont engendrés dans les
meilleures conditions.
Une fois arrivé à cette forme l'orateur propose de l'appliquer à des
machines dynamo-électriques avec fer. Pour cela on n'aurait qu'à substi-
378 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
tuer le fer à l*ébonite; on obtiendrait alors une machine de dimensions très
restreintes et d'une forme très régulière, qui pourrait présenter cerfains
avantages dans plusieurs applications.
L'orateur appelle ensuite Tattcntion du Congrès sur Tunité d'énergie,
correspondante à l'Ampère et au Volt * et égale à 10'^ ergs. Cette unité se
présentant presque dans tous les calculs et n'ayant pas de nom spécial,
M. Latchinoff pense qu'il y aurait lieu de recommander à la commism
des unités électriques de choisir un nom pour l'unité en question*
M. le Président invite ensuite M. Bouilhet à prendre la parole sur
les progrès accomplis en galvanoplastie dans cçs dernières années.
M. Henri Bouilhet rappelle en commençant que, le 25 novembre
1841, il y a près de quarante ans, M. Dumas, l'illustre président de celte
séance, dans un rapport mémorable, annonçait à ses collègues de l'Acadé-
mie des sciences l'invention des procédés d'argenture et de dorure électro-
chimiques et entrevoyait l'avenir brillant réservé à cette industrie.
M. Charles Christofle eut l'honneur de réaliser ces promesses, et
créa une importante industrie dont les résultats ont même dépassé les pré-
visions les plus favorables.
Aujourd'hui, la quantité d'argent employé en dépôt galvanique n'est
pas moindre de 25,000 kilos à Paris seulement, et les différents pays pro-
ducteurs enlèvent à la circulation une quantité d'argent qui peut être
évaluée à 125,000 kilos, un peu plus de 25 millions de francs.
Les services rendus au point de vue économique sont considérables;
au point de vue artistique, ils ne le sont pas moins. Les œuvres importantes
exécutées par MM. Christofle en sont la preuve.
Les procédés galvaniques ont donné naissance à des moyens nou-
veaux de décoration. M. Bouilhet décrit et donne des détails techniques
sur quelques-uns de ceux qui ont été trouvés ou perfectionnés dans l'usine
de MM. Christofle.
Le dépôt des alliages du cuivre et du zinc, du cuivre et de l'étain,
c'est-à-dire du laiton et du bronze, de l'or et de l'argent, de l'or et du
cuivre, c'est-à-dire de l'or vert et de l'or rouge, fournissent aux mains de
l'artiste une véritable palette de décorateur.
De l'or et de l'argent déposés en épaisseur dans les traits d'une gra-
vure profonde, permettent de renouveler les merveilles de la damasquine
orientale, et de rivaliser avec les bronzes, colorés d'une manière si char*
mante et si délicate par les artistes japonais.
4 . Travail nécessaire pour élever un coulomb au potentiel d*un volt.
DEUXIÈME ET TROISIÈME SECTIONS RÉUNIES. 379
La galvanoplastie rend aussi aux beaux-arts d'éminents services, en
permettant Texécution fidèle et économique des œuvres de la statuaire.
Les statues des plus grandes dimensions comme des plus petites
peuvent être exécutées par les procédés de la ronde bosse. En 1858,
M. Lenoir eut l'idée d'une anode insoluble en platine, mais ce procédé
n'eut de valeur réelle que lorsque MM. Christofle, avecTaide de M. Gaston
Planté, substituèrent au platine l'anode en plomb, qui avait tous ses
avantages sans aucun de ses inconvénients.
Une œuvre galvanoplastique est-elle durable?
A cette question l'examen du métal produit est la meilleure réponse.
Il est chimiquement pur ; homogène, sa densité est de 8,86, constatée par
Jacobi ; résistant, des expériences de Bareswill prouvent qu'il résiste à un
effort de 20 atmosphères, lorsque le cuivre fondu rompt sous un effort
de 12 ; ces trois qualités de pureté, d'homogénéité, de résistance, prouvent
sa durée certaine.
Le dépôt du nickel a aussi été notablement perfectionné chez
MM. Christofle. Des échantillons de clichés en nickel et de planches
gravées en nickel, doublés de cuivre galvanoplastique, montrent une voie
nouvelle et intéressante pour le dépôt de ce métal.
La composition des bains ammoniacaux a été longtemps discutée, et
M. Adams attribuait le succès du dépôt de nickel à l'absence de la potasse
et de la soude.
C'est une erreur; les sels de ces bases ne nuisent pas à l'opération, s'ils
sont à l'état neutre; et le seul moyen de faire de beaux dépôts de nickel,
c'est d'opérer dans des bains aussi neutres que possible.
Une des raisons qui ont ramené le dépôt de nickel en faveur et qui ont
rendu son emploi économique, c'est l'emploi des machines Gramme, qui,
diminuant de beaucoup les frais de la production du courant, ont rendu de
grands services à l'industrie électro-chimique.
C'est dans l'usine de MM. Christofle que M. Gramme a réalisé la
première application industrielle de ses machines, et ses calculs étaient si
précis, que la première machine construite par lui sur la demande de
MM. Christofle, marchant à 300 tours, déposait 600 grammes d'argent
à l'heure, dans les conditions même du problème qui lui avait été
posé.
Le dépôt de l'argent qui, déposé par la pile, coûtait 5 francs le kilo-
gramme, est descendu au prix de 0,9i cent, par l'emploi des machines
Gramme. Le progrès réalisé par ces machines a été considérable, et il a
semblé utile de rappeler aujourd'hui, à l'occasion du Congrès des électriciens,
380 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
qu'il y a dix ans que MM. Ghristofle ont aidé à la réalisa4;ion de cet impor-
tant progrès.
A la suite de cette communication, M. le Président adresse des
remerciements à M. Bouilhet et fixe au mercredi 19 octobre la prochaine
séance, où seront entendues les personnes qui n'ont pas encore pu prendre
la parole.
La séance est levée à trois heures quarante-cinq minutes.
QUATRIÈME SÉANCE PUBLIQUE
19 octobre 1882
PRESIDENCE DE H. J.-B. DUMAS
M. LE Président déclare la séance ouverte & deux heures dix minutes.
La parole est donnée à M. Feuquières sur l'électro-métallurgie.
M. Feuqlières fait connaître par quelle suite d'événements il est
parvenu à fonder sa méthode.
Il rappelle que c'est en expérimentant la pile Daniell que Jacobi fit
cette découverte, et qu'il compléta son œuvre en métallisant ses moules
avec la plombagine.
On fait encore aujourd'hui le métal aussi défectueux q^u'il y a qua-
rante ans. Dans la crainte de perdre l'échantillon type qu'il nous a donné,
on n'ose pas s'en écarter.
Ne voyant dans la galvanoplastie qu'une application de l'électricité,
l'orateur s'est éloigné de cette méthode.
La pile de Daniell se prêtait merveilleusement à ses besoins; il s'at-
tacha plus particulièrement à cette pile, parce qu'elle est peu coûteuse,
très facile à manier, d'une constance régulière ; et, de plus, on pouvait
obtenir deux produits à la fois, la dépense de l'acide et du zinc se trouvant
largement compensée par la production.
Le cuivre, réduit par cette pile, reproduisait fidèlement les objets,
mais il était aigre et cassant ; de plus, l'orateur avait pris note que, sui-
vant qu'il gouvernait son électricité, il obtenait dans le même bain un
oxyde ou un métal.
M. Feuquières prépara un liquide ad hoc et se servit comme anode
d'un morceau de cuivre dit rosette, de première qualité, et d'un échan-
tillon de cuivre produit par sa pile, et pour cathode d'un fil de platine. Au
bout de quelques heures, la surface de ses deux cuivres était à vif, ce
382 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
qui lui permit de faire la comparaison. Il gouverna son électricité jusqu'à
ce que la différence ne fût plus appréciable. A ce moment, son métal était
bien supérieur à son échantillon de cuivre rosette, tant comme pureté que
comme densité." C'est en faisant cette expérience qu'il découvrit qu'il n'y
avait que deux formes moléculaires, la forme sphérique pour les liquides, et
triangulaire pour les solides.
Il explique comment il comprenait et comprend encore la théorie de
Daniell. Voici le vase poreux contenant le zinc et Tacide sulfurique; ensuite
le vase qui l'entoure contenant la feuille de cuivre et le sel en dissolution.
Selon Daniell, c'est la réduction du sel en métal et la décomposition du
zinc par l'acide qui produit l'électricité; pendant que, selon lui, i'é/ectricité
est produite par la décomposition de l'acide par le zinc : c'est cette électri-
cité qui réduit le sel à l'état métallique sur la feuille de cuivre, ce qui esi
bien différent.
(c J'avais déjà utilisé, dit-il, ma pile comme bain simple ; au lieu de
mettre une feuille de cuivre, j'avais mis des moules qui, bientôt recouverts
de métal réduit par l'action électro-chimique du zinc et de l'acide, me
donnèrent une pile complète. Je préparai un autre bain et me servis de
cette pile, suivant la théorie de Daniell ; j'attachai mon anode aux pièces
de ma pile et mes moules au zinc (bain composé) ; j'obtenais déjà un ]dlog.
de cuivre par cinq cents grammes de zinc ; s'il y avait eu courant, je
n'avais qu'à mettre des bains les uns au bout des autres, j'aurais produit
du métal; il n'en fut rien. J'eus alors l'idée de mettre cinq autres bai«5
isolés et de faire de même que pour le premier, de manière à utiliser tout
ce que je pourrais d'électricité ; le succès fut complet: je dorais dans l'un,
je produisais de l'argent dans l'autre et du cuivre dans les trois derniers;
toutes mes pièces furent exécutées avec la même pile et en même temps,
encore n'avais-je utilisé que l'hémisphère de son intensité ; les galvano-
mètres ne disaient plus rien et les théories des physiciens tombaient d'elles-
mêmes ; si je traduisais la mesure électro-métrique donnée par la théorie,
voyez combien l'erreur serait grande. Elle donne en poids 500 grammes
de cuivre réduit par 500 grammes de zinc dissous, tandis que moi je
trouve, pour 500 grammes de zinc dissous, 3 kilog. 500 grammes de métal
réduit, et si c'eut été de l'argent ou de l'or, le poids serait autrement con-
sidérable, ces métaux se réduisant plus facilement; vous le voyez, j'ai bien
fait d'abandonner les courants et les mesures électro-métriques dont ils
sont la base.
c( Bien convaincu maintenant que c'est le zinc, l'eau et l'acide qui pro"
duîsent l'électricilé, il me fallut les étudier tant pour leur action sur le
DEUXIÈME ET TROISIÈME SECTIONS RÉUNIES. 383
zinc que pour la composition des bains ; c'était très important pour régler
Taction électro-magnétique dans les dissolutions métalliques ; je me mis à
refaire les expériences de la décomposition de Teau; je trouvai à peu
près les mêmes résultats. Mais si j^employais ma méthode, je trouvais que
le gaz dit oxygène est un gaz hydraté, que le gaz dit hydrogène est un
autre gaz hydraté et que l'eau est un élément complètement distinct : cela
est d'autant plus important que Teau et Tacide sont les principaux agents
de rélectro-métallurgie.
« Je vais maintenant vous parler des conducteurs; il est certain que je
vais encore me trouver en contradiction avec la coutume. Pour moi, c'est
une longue pratique qui m'a démontré que le métal le meilleur et le plus
rapide conducteur de l'action électro-magnétique est le laiton, c'est-à-dire
iOO kilog. de cuivre rouge pur pour 10 à 12 kilog. de zinc de première qualité
(première fusion). Étirés à un ou un demi-millième de diamètre, et légère-
ment recuits au rouge sombre, ces conducteurs ne me servent qu'à sus-
pendre mes pièces et à les mettre en contact avec le zinc, le plus directe-
ment possible, ce qui est facile ; les traverses de mes cuves étant en bois,
J'utilise ainsi immédiatement toute mon électricité. J'ai rejeté les conduc-
teurs en ruban, ils me faisaient perdre trop d'électricité. Lorsque je veux
une action plus rapide, je tortille trois fils ensemble et j'obtiens d'excellents
résultats.
« Pour les bains, j'avais depuis longtemps renoncé aux formules; dans
la pratique, elles changent d'un instant à l'autre, ma seule préoccupation
a toujours été l'électricité ; pourvu que l'eau, les sels, les oxydes et les
acides employés soient d'une grande pureté, le bain une fois fait doit
toujours fonctionner ; j'en ai un depuis 1854, il marque 38^ au pèse-sels,
tout en ne contenant qu'un pour cent de sel de cuivre; il me donne toujours
du métal de première qualité.
« Je n'avais d'autre système de moulage que le plâtre et la cire, ce
dernier mode est encore celui qui donne le plus de finesse ; c'est avec la
cire qu'ont été moulés, d'après les pierres fines, ces jolis camées que vous
voyez; on ne peut mouler les objets naturels qu'avec le plâtre, sans cela
ils se déformeraient. J'ai poussé l'amour du vrai jusqu'à chloroformer de
petits animaux pour les mouler vivants; il est vrai qu'il faut être pour
cela habile mouleur. Il n'y a que la métallisation à l'argent qui convienne
à ces deux sortes de matières, la promptitude d'exécution étant nécessaire
pour ne pas laisser aux bains le temps d'altérer les moules.
« Il rappelle qu'il exécuta en 1855 un haut-relief de Michel-Ange et un
grand bas-relief de Jean Goujon, en galvanoplastie pleine, de deux milli-
h
384 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
mètres d'épaisseur; un grand vase de la Villa d' Albanie des plats, des fruits,
des petits animaux moulés sur nature.
C'est aussi par ses procédés qu'il exécuta, en 1861, les cbevaui,
grandeur nature, qui ornent l'archivolte de la porte de l'ancien manège
du Louvre (cour Caulaincourt), en moins de trois mois, tout cuivre réson-
nant.
On connaît le cuivrage des candélabres en fer de la ville de Paris, cui-
vrés par l'usine d'Auteuil (système Oudry); ce genre de cuivrage n'est pas
adhérent ; les pièces sont d'abord couvertes d'un enduit préservatif, puis
plombaginées et cuivrées. L'orateur présentait à la Marine, tant pour les
blindages que pour les ferrures et projectiles, des pièces en fer cuivré
directement et parfaitement adhérent. Il poussa l'expérience jusqu'à cuivrer
un tube en fer préalablement recuit; il le fit étirer chez M. Gueldry ; au
premier étirage les deux métaux se suivirent, mais au deuxième la diffé-
rence de densité se fit sentir; ils se séparèrent en s'arrachant l'un l'autre,
laissant des lambeaux de cuivre sur le fer et de fer sur le cuivre, tant
l'adhérence était complète. L'orateur dit que c'est une grande erreur de
croire que le fer cuivré fait pile lorsqu'il est immergé dans l'eau de mer;
il n'en est rien ; si le cuivrage est adhérent, l'action électro-chimique est
nulle ; mais s'il est simplement recouvert, ayant un élément étranger entre
les deux métaux, le fer se détruit rapidement. On a immergé dans la mer
des pièces des deux systèmes après en avoir mis à vif de certaines parties.
Au bout de deux mois, les ayant retirées, les siennes étaient intactes, les
autres formaient tubes ; l'intérieur était presque complètement détruit.
Lorsqu'on dépose un métal sur un autre par l'électricité, il se produit
toujours une action électro-magnétique locale qui en facilite le dépôt ; dès
que celui-ci est complètement recouvert, cette action cesse, ce qui fait que
dorer et faire de la galvanoplastie d'or est bien différent.
Les procédés de MM. Elkinglon et Ruolz sont bienvenus comme
hygiène, mais, comme beauté et qualité, ce genre de dorure n'atteindra
jamais la perfection des autres procédés, à cause du cyanure de polassium
qui en est la base. Il répéta plusieurs fois l'expérience suivante: il composa
suivant les formules Elkington et Ruolz un bain d'or au cyanure avec deux
grammes d'or; il dora avec ce bain des pièces préalablement pesées; les
ayant repesées après la dorure, elles avaient augmenté de deux grammes
cinq déci, et le bain dorait toujours ; il constata à l'analyse qu elles conte-
naient du potassium; naturellement, dès que ce métal est évaporé, les
pièces transsudent, la dorure s'altère rapidement, et les dépôts d'or n'ont
aucune cohésion.
i
DEUXIÈME ET TROISIÈME SECTIONS RÉUNIES. 3S5
Il en est de môme du platine. Ce métal est sans contredit le meilleur
comme recouverture avec les a&tres procédés que le cyanure.
L'orateur a inauguré à l'Exposition de 4878 un alliage de cuivre et de
platine ; ces bains sont difficiles h. faire pour pouvoir conduire l'électricité,
ces deux métaux ne se comportant pas de la même manière.
Les dépôts d'argent par les bains au cyanure sont moins défectueux
que les précédents, ce métal n'ayant pas besoin de la même action électro-
magnétique que les deux autres ; mais il l'est suffisamment pour ne pouvoir
servir pour le plaqué ; son adhérence est incomplète ; il ne peut supporter
plusieurs laminages ni les recuits nécessaires pour cette opération; il ne
peut non plus s'émailler. M. Feuquières rappelle qu'avec ses procédés il
a déposé un gramme d'argent sur une plaque de cuivre d'un kilogramme
et d'un centimètre d'épaisseur. MM. Grisetet Schmidt, fabricants de plaqué,
ont laminé cette plaque jusqu'au cinquante millième d'épaisseur; ayant
subi six recuits, l'adhérence était telle que les deux métaux n'en formaient
plus qu'un.
Je réduis le fer, dit l'orateur, comme tous les autres métaux de toutes
ses dissolutions. Il y a plus de vingt ans (1860), en faisant des expériences
pour obtenir un fer pur en poussière impalpable, espérant que, dans ces
conditions, il serait plus assimilable et pourrait être utilisé comme médi-
cament, je remarquai que tout en produisant un métal parfait en appa-
rence, il était, suivant la composition du bain, rebelle à la trempe, à
l'émail et au poli, ou bien encore, au lieu d'être négatif, il» s'oxydait rapi-
dement. En faisant une de ces expériences, ayant disposé mes pièces d'une
façon particulière, il se produisit ce phénomène bizarre : au fur et à mesure
que le fer se déposait sur le moule en cire, l'anode devenait magnétique
et attirait le métal réduit par petites paillettes brillantes, ce qui rendait le
dépôt impossible et me donna beaucoup d'inquiétude; mais, en même
temps, je découvris que tous les métaux, dans le travail de la réduction
électro-chimique, étaient plus ou moins magnétiques. J'avais suffisamment
étudié ce métal pour le produire avec facilité et en faire une application
industrielle et artistique.
M. Feuquières raconte ensuite ses relations avec Jacobi, et rappelle
que c'est grâce à l'honorable président, M. Dumas, grâce à son impartia-
lité et à sa bonté, que ses travaux sont restés français.
Vers la fin de 1864, il découvrit la réduction du tungstène ; ayant été
chargé de faire l'analyse d'un morceau d'acier, pour savoir s'il contenait
vraiment de ce métal, il la fit par son procédé électro-chimique. La bri-
sure irrégulière de cet échantillon présentait une cristallisation anormale,
25
386 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
noirâtre, semblable à de la mauvaise fonte ; il était très dur; à l'analyse, ii
donna du fer, du carbure de fer et du tungstène, en petite quantité, il est
vrai, mais suffisante pour changer la texture cristalline de lacier et le
rendre plus dur.
Il voulut se servir de son procédé pour extraire le fer du liquide qui
lui avait servi ; les deux métaux se déposèrent ensemble ; le tungstène à
rétat d'oxyde et le fer à Tétat de métal : la découverte était faite. Il pré-
para un bain spécial, le succès était complet ; mais le bain n'est pas stable»
il s'altère rapidement. Le métal réduit est d'un gris perle entre l'acier et
le fer ; il n'a aucun aspect artistique ; en poudre, sur une planchette, il
attaque l'acier le plus trempé ; il s'oxyde promptement à Teau ; mais, avivé
à sec, il se conserve longtemps ; des échantillons faits en 1878 ne sont pas
altérés. En projetant de sa poudre sur le fer en fusion, il le rend plus dur
que l'acier et change sa textui*e cristalline ; comme le carbone, il ne
forme pas un métal homogène; forgé au coke ou au charbon de terre, il
s'altère ; il résiste mieux au charbon dç bois; un jour J 'industrie pourra
en tirer un grand parti.
Le nickel se réduit aussi facilement que l'argent. Quoique employé
depuis longtemps dans l'industrie pour la fabrication du métal blanc, il n'y
a guère que cinq ans qu'il a pris une certaine extension; sa couleur argen-
tine; sa dureté, son poli et son bon marché l'ont appelé à remplacer l'ar-
genture pour un grand nombre d'objets usuels, continuellement touchés,
pour lesquels l'argenture était d'un prix trop élevé. Le nickel, réduit par
sa méthode, est homogène, sonore, très ductile, pouvant se battre et se la-
miner; son aspect est plus blanc, sa nature moins oxydable que par les
autres procédés. Malheureusement son aspect n'a rien d'artistique; même
avec une certaine patine, il est loin d'approcher du fer et de l'argent; il
sera peu employé dans les arts. Moins dur que le fer, plus facile à
réduire, on l'emploie en ce moment pour les clichés.
Désireux de donner à ce métal un emploi artistique, il songea à l'allier
au fer par sa méthode électro-chimique ; le succès fut complet ; en effet,
ce métal peut tenir sa place avec le fer et l'argent ; sa valeur artistique est
doublée; il a aussi allié le nickel avec le cobalt qui, seul, ne peut être
utilisé pour les arts; cet alliage est plus dur que le nickel pur et son aspect
est plus doux ; avivé, il ressemble à de l'acier poli, il donne à la lunaière
de jolis effets, ce qui permettra de. l'utiliser pour la décoration intérieure.
La galvanoplastie d'aluminium a été aussi trouvée. On réduit aussi
facilement ce métal que les autres métaux. Sa poudre remplace avanta-
geusement celle de l'argent ; elle est aussi blanche et ne s*oxyde pas ; elle
DEUXIÈME ET TROISIÈME SECTIONS RÉUNIES. 387
peut être employée pour le décor, rencadrement et rimprimerie. L'orateur
a eu ridée, vu son prix, d'allier ce métal avec l'étain : le succès répondit
à ses espérances ; cet alliage, d'une blancheur éclatante, remplacera le
nickelage et l'argenture; il se dépose facilement sur tous les métaux;
M. Feuquières a récemment déposé du bismuth, mais ce métal n'a aucun
aspect artistique.
M. Parod ajoute quelques mots à la communication qu'il a faite à la
dernière séance et rappelle qu'il est à la disposition de toutes les personnes
qui désireront examiner son mode de canalisation électrique.
L'ordre du jour étant épuisé, M. le Président prononce la clôture
des séances publiques du Congrès international des électriciens.
f: «;
CONFERENCE
DE M. LE PROFESSEUR AYRTON
F. R. S. de Londres
DE L'USAGE ÉCONOMIQUE DES MOTEURS A GAZ
POUR LA PRODUCTION DE L'ÉLECTRICITÉ
Le trait le plus caractéristique et le plus frappant de l'exposition actuelle
consiste, sans contredit, dans les nombreux exemples pratiques de la trans-
mission de l'énergie au moyen de l'électricité. Non seulement on Toit des outils
pour le travail des métaux, des bois et de la pierre, des charrues, des Toi-
tures, etc., mis en mouvement loin des moteurs, mais on compte à peine le
nombre infini d'appareils pour l'éclairage électrique qui se trouvent dans ce
palais. Ces nouveaux moyens d'éclairage sont jusqu'à présent les applications les
plus importantes de la transmission électrique de l'énergie à distance.
Sans doute vous avez beaucoup entendu parler des machines dynamo qui
produisent le courant électrique et vous avez examiné avec un bien vif intérêt
la nombreuse collection de ces machines qui se trouvent ici et qui suffiraient
seules à donner à cette exposition une grande valeur pratique. Mais tandis que
les électriciens s'occupent des différences qui existent dans les diverses ma-
chines dynamo-électriques et des perfectionnements qui peuvent s'effectuer,
l'ingénieur-mécanicien doit donner la plus minutieuse attention aux modifica-
tions ou aux perfectionnements que l'on peut apporter dans la construction des
machines servant à actionner ces appareils électriques.
Il faut renoncera la possibilité de créer l'énergie électrique par des fils et
des aimants. Aucune invention humaine ne peut accomplir plus que la conver-
sion de la puissance contenue dans le charbon, les substances chimiques, la
marée ou le vent, etc., en énergie électrique.
Par exemple, dans cette exposition, toutes les machines dynamo-électri-
ques ne font que transformer en énergie électrique les puissances contenues
dans le charbon et convertir de nouveau l'énergie électrique en puissance mé-
canique. Bien que l'homme ne puisse créer cette énergie, les moyens pratiques
qu'il a inventés pour la transformation ont été considérablement améliorés pen-
dant ces dernières années.
Tant que l'éclairage de nos grandes villes s'effectuait par le gaz, la fabrica-
CONFÉIIENCE DE M. AYRTON. 389
tion de ce gaz à bas prix était une des questions les plus importantes, mais
maintenant qu'il y a une probabilité pour que ce système d'éclairage soit rem-
placé par Téclairage électrique, la considération qui nous intéresse le plus n'est
pas l'extraction du gaz éclairant de la houille, mais l'emploi de la réserve d'é-
nergie fournie par ce dernier pour faire tourner à grande vitesse les machines
dynamo-électriques nécessaires à la production du courant pour la lumière
électrique. Dans tous les moteurs ayant pour base la chaleur, soit la machine à
vapeur, la machine à air chaud ou le moteur à gaz, la puissance calorifique du
charbon est d'abord convertie en chaleur, puis en mouvement mécanique. Il
s'ensuit que l'extraction économique de la chaleur du charbon et son emploi
efficace est le fondement de l'éclairage électrique industriel.
Actuellement on emploie principalement des moteurs à vapeur pour action-
ner les machines dynamo-électriques, mais il est avéré que même avec les
meilleures machines et chaudières, il y a une consommation excessive de com-
bustible en comparaison du travail actuel réalisé. A la séance de l'Association
Britannique pour l'avancement des sciences, quia eu lieu récemment à York, le
président de la section pour la science mécanique, sir William Armstrong, a dit
dans son excellent discours : « Prenant, par exemple, une bonne machine à
condensation, on peut dire hardiment que si on divise en dix parties égales la
puissance totale de la chaleur provenant du combustible, il y a deux de ces
parties qui s'échappent par la cheminée, une qui se perd par le rayonnement
et le frottement, six qui ne sont pas utilisées lorsque la vapeur est détendue, et
une seulement dont on réalise le travail effectif; » et il a ajouté : « On peut ad-
mettre que la plus grande partie de la perte totale est inévitable, mais peut-on
admettre que l'on a épuisé toutes les ressources de la science, du talent et de
l'habileté, en arrivant à un aussi maigre résultat? Il n'y a que des changements
radicaux qui puissent amoindrir sensiblement cette perte énorme.». Il n'y a là
aucune exagération d'effet et si l'on peut parler ainsi d'une bonne machine à
condensation d'une grandeur considérable, que dirait-on d'une petite machine
d'un type ordinaire ?
On peut citer d'autres autorités compétentes, mais j'aime mieux supposer
qu'il est admis maintenant, en général, que la consommation du combustible
est complètement disproportionnée avec le rendement obtenu.
La raison principale d'un rendement aussi inférieur, c'est que, même dans
les meilleures machines à vapeur, nous ne pouvons nous servir que delà vapeur
à une température peu élevée. On peut démontrer que même s'il était pos-
sible de construire une machine fonctionnant sans frottement et dont la chau-
dière et le cylindre seraient recouverts d'une substance absolument calorifuge,
de sorte qu'il n'y ait pas de chaleur perdue, la proportion de la chaleur utilisée
à la quantité totale de la chaleur'contenue dans la; vapeur au moment de son
g 1»
entrée dans le cylindre s'exprimerait par la formule r — —, où S est la tempe-
rature de la vapeur en degrés centigrades au moment d'entrer dans le cylindre,
et où T est la température de la vapeur après la condensation. De là il suit que,
avec les températures dont on peut se servir dans les machines à condensa-
tion, le rendement même d'une machine imaginaire sans frottement et ne per-
dant pas de calorique par la conductibilité, le rayonnement, etc., ne dépasse
pas deux dixièmes ou deux fois seulement le rendement d'une bonne machine
à vapeur moderne. C'est-à-dire qu'une bonne machine de grandeur considé-
rable utilise seuleiaent un dixième de la chaleur totale, et qu'il n'est pas possible
390 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
d'utiliser plus que deux dixièmes avec une machine d'un mécanisme parfait, en
supposant dans les deux cas que la température de la Tapeur qui entre dans le
cylindre soitt la même, aussi bien que la température après la condensation.
S — T
La formule nous montre que le seul moyen d'augmenter refflcacité
est d'augmenter S, la température de la vapeur. M. Perkins a cherché à réaliser
ce but et avec d'assez bons résultats, dans ses machines à très hautes pressions,
mais il y a plusieurs difficultés pratiques à surmonter, et notamment la ques-
tion d'une lubrification et d'un entretien économiques. En outre, comme tous
le savez très bien, la pression de la vapeur est rapidement augmentée lorsque
la température s'élèTe, et il s'ensuit que pour arriTer à la haute température
nécessaire pour obtenir un grand rendement, il faut que la pression de la va-
peur soit considérable.
La démonstration la plus récente du fonctionnement réel des grandes ma-
chines à vapeur se trouve dans un mémoire soigneusement préparé par
M. F. G. Marshall, qui a été lu à Newcastle, dans une des dernières séances de
l'Institut des ingénieurs mécaniciens. Dans ce mémoire, on donne les statistiqaes
de trente-neuf navires à vapeur qui avaient des machines composées et qui fai-
snient des voyages de long cours, et pour lesquels on peut supposer que Ton a
cherché à diminuer le plus possible la consommation du charbon. Il paraît
que, en moyenne, la force indiquée de chaque navire était de i/»50 chevaux,
et que la consommation moyenne de combustible était de 900 grammes par
cheval indiqué, ce qui donnerait environ un kilogramme par cheval effectifet
par heure. Je ne sais si jamais on se servira ou non d'aussi puissantes machines
pour des stations centrales de services électriques, mais à présent, au moins, ce
n'est guère probable. A part beaucoup d'autres considérations, il y a une objec-
tion capitale à n'employer qu'un seul grand moteur pour éclairer tout un quar-
tier par l'électricité : si ce moteur s'arrête pour n'importe quelle raison, ce
quartier se trouverait plongé dans une obscurité complète.
Enfin, jusqu'au jour où l'on emploiera une si grande force, les électri-
ciens ne doivent pas baser leurs calculs sur le rendement que l'on petit obtenir
avec de telles machines. A présent, on se sert ordinairement des machines du
type locomobile pour les services électriques, et récemment en Angleterre, dans
un concours où ont fonctionné plusieurs des meilleures machines de ce type,
on a réalisé une consommation de combustible d'environ 1^,8 par cheval et par
heure.
Comme il s'agissait d'un concours et de prix à remporter, rien n'était né-
gligé pour être dans les conditions les plus favorables: les feux étaient conduits
par des chauffeurs expérimentés, les chaudières étaient neuves et propres. Ce
n'est pas ce qui a lieu dans le travail ordinaire de tous les jours, et il est per-
mis de dire que 2^,5 à 2^,7 représentent plus exactement la consommation
usuelle, surtout quand les chaudières ont fonctionné pendant quelques mois ;
ceci donne un rendement d'un trentième seulement.
g 'T
La formule - — r— pour le rendement est vraie pour toute substance, sans
S -f" 273
tenir compte de la pression exercée par cette substance lorsqu'elle est chauffée:
de là, puisque la pression de l'air, à des températures élevées, est beaucoup
moindre que celle de la vapeur, il s'ensuit que l'on obtient un plus grand ren-
dement avec une machine à air chaud qu'avec une machine à vapeur, en sup-
posant que la force du cylindre soit la même dans les deux cas. Hais la machine
CONFÉRENCE DE M. AYRTON. 394
à air chaud a un grand inconvénient, c'est qu'il est très difficile d'empêcher les
lubréQants d'être brûlés et la machine d'être abîmée par la chaleur, parce que
la chambre qui contient l'air doit être aussi chaude, sinon plus chaude que
l'air, puisque la température de l'air est élevée au moyen d'un foyer exté-
rieur.
Le seul autre moteur qui puisse servir pour les besoins électriques (à part
les machines activées par le vent ou la puissance hydraulique) est le moteur à
gaz. Dans ce dernier, on obtient la force par l'admission dans le cylindre d'un
mélange détonant d'air et de gaz, et le piston est mis en mouvement par l'ex*
plosion produite par ce mélange.
Une des grandes différences entre la machine à air chaud et le moteur à
gaz, c'est que dans ce dernier type de moteurs la haute température développée
par l'explosion est produite dans l'intérieur du cylindre et non dehors, de sorte
que, malgré la haute température des gaz au moment de l'explosion, on peut
refroidir le cylindre, le piston et empêcher les lubréflants de se dessécher
au moyen d'un courant d'eau froide. Ce refroidissement salutaire est impos-
sible dans la machine h air chaud, l'air étant chauffé de l'extérieur. De plus le
mélange d'air et de gaz entre dans le moteur à une basse température. Après
l'explosion, il y a abaissement rapide de la haute température développée, parce
que le piston fonctionne avant que les gaz aient le temps de communiquer
beaucoup de leur chaleur au cylindre ou au piston. Avec la vapeur, au con-
traire, on ne peut d'abord s'en servir à une très haute température sans être
obligé d'avoir recours à des appareils d'une extrême résistance ; il faut tenir
compte aussi de la grande déperdition de chaleur au passage de cette vapeur
très chaude à travers les tuyaux et les valves, lesquels seraient aussi rapidement
détériorés par une chaleur excessive. On voit donc qu'avec un moteur à gaz,
on peut se servir de la haute température nécessaire pour obtenir un grand ren-
dement, sans rencontrer les difficultés pratiques qui ont empêché l'emploi
des machines k vapeur ou à air chaud travaillant à de très hautes tempéra-
tures.
• g T
En se servant de la formule r — t=^ pour déterminer quel serait le rende-
S + 273
ment d'un moteur à gaz, s'il n'y avait pas de perte de chaleur par la conducti-
bilité et le rayonnement, il faut prendre S comme la température moyenne
après l'explosion, et on peut la supposer d'environ 2500 degrés centigrades^
correspondant i la température d'environ 180 degrés centigrades qu'avait seu-
lement la vapeur, au commencement de la course du piston, dans une ma-
chine à vapeur à condensation ordinaire. La température T à laquelle les
produits de la combustion sortent du moteur est à 200 degrés centi-
grades environ, tandis qu'elle est de 60 degrés centigrades environ dans la
machine à vapeur à condensation. Donc, avec les températures dont on se
sert à présent, le rendement d'un moteur à gaz pourrait atteindre environ
— — — — =75 pour 100, si on pouvait éviter toute perte par la conductibilité,
et le rayonnement aussi bien que par le frottement. Dans une machine à va-
peur à condensation, le plus grand rendement qu'il est possible de réaliser
avec les températures usuelles ne saurait dépasser environ j^jr-r-rT^=== 20
pour 100.
A ce grand rendement théorique donné par le moteur à gaz, et basé direc-
391 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉL'EGTRICIENS.
tement sur les lois thermodynamiques, il faut ajouter PabseDce du fourneau et
de la cheminée nécessaires pour la chaudière qui augmeotent la perte effective
de la chaleur par la conductibiliié et le rayonnement.
On Toit donc qu'en pratique le moteur à gaz travaille dans des conditioos
beaucoup plus efficaces qu'une machine à Tapeur ou à air chaud. C'est-à-dire
que la quantité pour cent de chaleur que le moteur à gaz peut conyertir eo
travail mécanique est beaucoup plus considérable que lorsqu'on emploie les
deux autres systèmes de machines. Il faut aussi considérer maintenant Vècom-
mie dans le fonctionnement, qui dépend beaucoup du prix des combustibles
employés et des autres frais»
Il n'y a pas lieu d'examiner cette question en détail pour ce qui est de la
machine à air chaud, puisque l'on n'est pas encore arrivé à faire marcher
pratiquement une machine de ce genre d'une force un peu considérable. Dans
les tableaux I et II on trouvera un devis comparatif des frais de fonctionnement
d'une machine à vapeur et d'un moteur Otto, en supposant que chaque moteur
donne une force effective de 30 chevaux, et qu'ils fonctionnent pendant 300 jour-
nées de 10 heures.
Dans ce calcul, on a compté le prix de revient du gaz de houille à 15 cen-
times seulement le mètre cube (moitié du prix à Paris). On voit que malgré
cela et malgré le plus grand rendement théorique du moteur à gaz, les frais de
fonctionnement, lorsqu'on se sert du gaz ordinaire» ne sont pas moindres que
pour la machine à vapeur, même après avoir tenu compte du charbon dont on
se sert avant et après le travail. Mais le gaz ordinaire de la houille n'est pas
fabriqué en vue du chauffage, c'est plutôt pour l'éclairage et, dans ce but, od a
dtl recourir à des moyens de fabrication et d'épuration qui, bien que perfec-
tionnes, n'en sont pas moins très coûteux. Aussi quand on se sert de ce gaz
pour actionner un moteur, c'est le détourner complètement de l'emploi auquel
il était destiné; il n'y a donc pas lieu d'être surpris de trouver que les frais pour
le fonctionnement d'un moteur avec le gaz d'éclairage sont loin d'être aussi bas
que l'on- pourrait le supposer, en considérant seulement les calculs sur le ren-
dement théorique du moteur à gaz.
Le moteur à gaz, actionné parle gaz d'éclairage, est dans la même situation
que se trouvait, il y a quelques années, le moteur électrique destiné à convertir
la force électrique en force mécanique. Le moteur électrique est, sans doute,
une machine très efficace, mais le combustible qu'on brûlait pour produire
l'électricité était encore récemment le zinc, d'un prix par conséquent si coûteux
que l'on devait renoncer à l'emploi des moteurs électriques pour les besoins
industriels. Donc, lorsque le seul moyen de produire les courants électriques
était l'oxydation du zinc dans les batteries galvaniques, il était impossible à ceux
qui s'occupaient de produire la force et l'éclairage par l'électricité de réus-
sir. Dès que l'on a eu trouvé le moyen, comme à présent, de se servir des ma-
chines dynamo-électriques pour produire les courants électriques par la com-
bustion du charbon, qui est un combustible bon marché, l'éclairage électrique
et la transmission électrique de l'énergie ont pris une place importante dans
le monde industriel.
Si on essaye de brûler le gaz d'éclairage, même à 15 centimes le mètre cube,
pour actionner les moteurs à gaz, leurs frais de fonctionnement ne sont pas
inférieurs à ceux des machines à vapeur. Mais si on peut fabriquer, pour ce
service, un gaz de chauffage à bon marché, le résultat économique devient tout
autre, et on peut faire marcher de petits moteurs à gaz, non seulement à moio^
CONFÉRENCE DE M. AYRTON. 39J
de frais que des machines à vapeur de la même force, mais on peut produire la
force à un prix plus bas qu'avec les plus grandes machines à vapeur construites
jusqu'à ce jour.
L'hydrogène est le gaz qui, en brûlant, peut donner la plus haute tem-
pérature ei Ton a cherché bien des moyens d'en produire à un prix modéré. On
sait, depuis longtemps, que lorsqu'on fait passer la vapeur d'eau dans un tube
en fer chauffé au rouge, la vapeur se décompose dans ses éléments constitutifs,
l'hydrogène et l'oxygène. On voit ce résultat dans l'expérience que je fais, où la
vapeur entre par un bout du tube, et où Ton remarque qu'un jet d'hydrogène
sort à l.'autre extrémité; mais cet hydrogène est produit aux dépens du tube
en fer qui s'oxyde par cette opération. C'est même cette oxydation du fer qui
permet à l'hydrogène de la vapeur d'eau de se séparer de l'oxygène. En effet,
pour produire l'hydrogène de celte façon, il faut brûler non seulement du
charbon pour chauffer le tube et la cornue, mais il faut brûler aussi le fer, et je
n'ai pas besoin de vous dire que le fer est un combustible beaucoup trop cher
pour l'emploi industriel. Ce moyen abandonné, on a essayé de produire l'hydro-
gène industriellement en chargeant une cornue de charbon, pour que l'oxygène
puisse se combiner avec le carbone au lieu de se combiner avec le métal.
Pratiquement, on a trouvé que l'affinité du fer chauffé au rouge pour Toxygène
est si grande, que l'on ne pouvait empêcher l'oxydation du fer de se produire,
entraînant fatalement la destruction rapide des cornues. Le chauffage de ces
cornues revenait, en outre, très cher; plus tard, on s'est servi de cornues garnies
de terre réfractaire en supprimant le feu extérieur. Le charbon, dans la cornue,
était porté au rouge par une soufflerie d'air, et l'on faisait passer ensuite un
courant de vapeur d'eau à travers le combustible incandescent. Pendant quel-
ques minutes, la vapeur se décomposait rapidement, mais bientôt la température
du feu baissait, il fallait arrêter l'introduction de la vapeur et activer la souf-
flerie d'air. Le fonctionnement était intermittent et la qualité du gaz produit
présentait de grandes variations.
Le docteur Siemens et d'autres ont produit du gaz pour les fours au moyen
du passage d'un courant d'air seul ou d'air additionné d'un peu de vapeur, au
travers d'un foyer. Si on surchauffait le gaz et l'air nécessaire à sa combustion»
on obtenait de très bons résultats. Néanmoins, ce gaz contient trop d'azote
(60 à 70 pour 100) pour servir aux moteurs et aux besoins qui ne demandent
que du gaz en petites quantités : aussi ces appareils sont-ils grands et coûteux.
M. Dowson, de Londres, a perfectionné un appareil générateur dans lequel
il fait arriver de la vapeur d'eau, sous pression, avec une quantité déterminée
d'air, et il obtient ce résultat au moyen d'une disposition qui rappelle celle d'un
injecteur de machine à vapeur. L'air, ainsi entratné dans le générateur, sufQt
à maintenir dans la colonne de combustible, au travers de laquelle passe la va-
peur, une température élevée, sans feu extérieur, de manière que la décompo-
sition de la vapeur et les autres réactions chimiques s'effectuent sans interrup-
tion. Le fonctionnement du générateur est donc régulier, et le gaz se produit
sans fluctuations dans la qualité. Le modèle exposé représente l'appareil dont je
parle et a la moitié de la grandeur nécessaire pour produire 28 mètres cubes à
l'heure.
Le générateur se compose d'un cylindre vertical en fer muni d'une garniture
épaisse de terre à four ou autre matière réfractaire, comme dans un cubilot de
fonderie, afin d'éviter les pertes de calorique et l'oxydation du métal. Au fond
du cylindre se trouve une grille sur laquelle repose le feu : sous cette grille une
394 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
chambre close où arrive le jet de vapeur surchauffée. La vapeur est produite et
surchauffée daus un serpentin en zigzags ahmenté par de l'eau provenant soit
de Pexlérieur, soit d'un réservoir surélevé, soit d'une pompe à main avec accu-
mulateur. Excepté pour la première mise en train, le serpentin est chauffé par
du gaz tiré de la cloche, et lorsque le brûleur au-dessous du serpentin est
allumé, il ne demande plus de soins. Quand il est nécessaire de ne pas avoir de
composés de soufre ou de l'ammoniaque, comme dans les moteurs à gaz, etc.,
il est préférable de se servir d'anthracite pour chauffer le générateur. On ne
peut employer les charbons de Mons, etc., que quand le gaz sert à chauffer di-
rectement une chaudière, un fourneau, etc. Pour produire un mètre cube de
ce gaz, il faut environ U2 centimètres cubes d'eau et 200 grammes de charbon,
en évaluant à 8 ou 10 pour 100 les impuretés et les pertes.
J'ai ici un échantillon de ce gaz, et approximativement il se compose de:
hydrogène, 20 pour 100 ; carbone monoxyde (CO), SO pour lOO ; carbone bioivde
(CO*), 3 pour 100; et azote 47 pour 100 en volume. Dans ce gaz, il n'y a m
goudron ni ammoniaque, et la proportion de bioxyde de carbone est si faible,
qu'elle ne diminue pas sensiblement le pouvoir calorifique ; et, comme vous le
voyez, il brûle sans fumée, et aucun dépôt de suie i^ se forme sur l'objet â
chauffer, qu'il soit placé au-dessus ou au milieu de la flamme même. Ce gaz a
environ 50 pour 100 de gaz combustibles, et le pouvoir caloriflque, ou nombre
de calories produites par la combustion d'un mètre cube, est 1,558,358. Uin-
tensité calorifique de ce gaz est de 2.268 degrés centigrades. Pour comparer ce
gaz avec le gaz de houille ordinaire, on peut dire que les calories produites par
la combustion d'un mètre cube de ce dernier sont .5.590.399 et que son intensité
caloriflque est de 2,541 degrés.
Ces calculs démontrent que théoriquement le pouvoir du gaz de houille est
environ 3,5 fois plus grand que celui du gaz Dowson; mais, malgré cela, on
verra dans l'expérience que je vais faire avec l'eudiomètre que c'est un gaz qui
peut très bien servir pour actionner un moteur basé sur des explosions de gaz,
aussi bien que pour toute espèce de chauffage. Dans les moteurs Otto, oo mêle
avec le gaz de houille une grande proportion d'air pour que l'effet de l'explosion
continue pendant la course du piston, et puisque le gaz Dowson demande
moins d'air pour sa combustion, il arrive alors que, dans le même cylindre, on
ne trouve pas plus d'azote avec le gaz Dowson et son mélange d'air qu'avec le
gaz de houille et la grande quantité d'air qu'il faut lui donner. C'est-à-dire
qu'on peut développer presque la même force dans le moteur avec les deux gaz
en proportionnant exactement les orifices pour l'arrivée du gaz et de l'air.
La force explosive comparative des deux gaz, calculée de la manière usuelle,
est de 3,4 à 1, c'est-à-dire que le gaz de houille a 3,4 fois plus d'énergie que le
gaz Dowson, mais parce que la combustion du carbone monoxyde s'effectue
plus lentement que celle de l'hydrogène carburé, parce que les diluants pré-
sents dans le cylindre opèrent sur le gaz faible plus que sur le gaz de bouille
en pratique on donne 5 volumes de gaz Dowson pour un volume de gaz de
houille dans le moteur Otto.
Dans le tableau III, on a donné tous les frais de fonctionnement d'un moteur
à gaz Otto, actionné par le gaz Dowson, et donnant une force effective de 30 che-
vaux pendant 300 journées de 10 heures chacune. On peut donc comparer exac-
tement ces frais avec ceux qui se trouvent dans les tableaux I et II pour la ma-
chine à vapeur et le moteur à gaz actionné par le gaz de houille. Ces chiffres
montrent qu'un moteur, actionné parle gaz Dowson, coûte environ 45poariM
CONFÉRENCE DE M. AYRTON. 395
moins que la machine à vapeur et 53 pour 100 moins que le gaz de houille,
lorsqu'on prend ce dernier au prix très bas de 15 centimes le mètre cube; on
a compris dans chaque devis : Tentretien, la dépréciation et Tintérét sur le capi-
tal engagé. Mais le trait le plus frappant dans ces tableaux est qu'une machine
à vapeur qui consomme 2S5 par chçval effectif à Theure demande 235 000 ki-
logrammes pour développer la même force de 30 chevaux que Pon réalise avec
un moteur actionné par 63 000 kilogrammes convertis en gaz par le procédé
Dowson. Ceci représente une économie dans le poids du combustible de
73 pour 100 environ.
Il y a une autre considération pratique : c'est que, pour le gaz de houille,
il faut de 3S6 à 4 kilogrammes de charbon pour chaque mètre cube ; mais le
gaz Dowson n'exige que 190 grammes pour produire un mètre cube, et en
multipliant ce chiffre par 5 pour avoir l'équivalent du gaz de houille, on a
950 grammes contre 3'',6 à k kilogrammes. Il ne faut donc que 24 à 27 pour 100
du poids du charbon nécessaire au gaz de houille, et, pour les endroits éloignés
des centres houillers, cette différence permet de réaliser sur les frais de
transport des économies sensibles.
De plus, un résultat de grande importance a été constaté à la suite des expé-
riences sur les moteurs : c'est qu'un petit moteur de 4 chevaux actionné par le gaz
Dowson a gagné la force effective d'un cheval, en ne consommant que la quantité
de gaz produite par 888 grammes de charbon, y compris 10 pour 100 pour les îm-
puretés et les pertes de ce dernier. On est arrivé à ce résultat par le calcul sui-
vant : pour un moteur de 4 chevaux, il faut une consommation de 800 litres
par cheval effectif et par heure, et, multipliant ces 800 litres par 5, pour le gaz
Dowson, on a 4 mètres cubes, et puisqu'un kilogramme de charbon produit
4™%5 effectifs (après avoir compté le gaz qui sert à chauffer le surchauffeur), on a
-^ .TT c:£8 grammes par cheval effectif et par heure.
Avec les moteurs de plus grande force, la perte par les frottements de la
machine cet diminuée proportionnellement, et la consommation de gaz par
cheval est moindre ; ainsi avec un moteur qui donne environ 20 chevaux, il faut
700 litres de gaz de houille par cheval et par heure, et multipliant ces 700 litres
par 5 pour le gaz Dowson, on a 3,5 mètres cubes qui donnent une consommation
(3 5\
-^j au cheval effectif à l'heure.
Les tableaux I, II et III montrent les frais de fonctionnement pour des mo-
teurs donnant une force de 30 chevaux effectifs, et cette force doit presque suf-
fire pour les 400 lampes incandescentes de Swan que nous voyons dans cette salle.
Donc, en ce qui concerne la force motrice, y compris les gages du chauffeur,
l'entretien du matériel, l'intérêt du capital, etc., avec un moteur Otto actionné
par le gaz Dowson, on peut faire une économie de 4255 francs sur la machine
à vapeur, ou 5800 francs sur le moteur Otto activé par le gaz de houille à
15 centimes le mètre cube, en travaillant pendant 3000 heures.
Mais avec le gaz de chauffage à bas prix, on peut non seulement faire une
économie dans la force motrice pour l'éclairage électrique, mais on peut aussi
se servir de ce gaz pour les besoins domestiques et industriels, pour la cuisine,
le chauffage, etc. Et pour ce service, il n'y aura pas besoin d'un nouveau sys-
tème de tuyauterie, parce que les tuyaux qui servent maintenant à porter le gaz
d'éclairage peuvent servir au gaz de chauffage lorsque la lumière électrique
aura pris la place du gaz éclairant.
396 CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉLECTRICIENS.
On a TU que ce gaz brûle sans fumée, et que lorsque je tiens un morceau de
porcelaine ou de métal ati-dessus ou au milieu de la flamme même, il D'y a
aucun dépôt de carbone. Donc en se servant de ce gaz dans les quartiers où ii y
a beaucoup de fabriques et où on se sert beaucoup de charbon de terre, on peur
éviter la perte et PeS^et ûuisible provenant de la fumée dont l'absence fait ac-
tuellement un des charmes de Paris.
Comparaison des frais de lonctiomiement de moteurs
faisant la force effective de 30 chevaux
pendant 300 Journées de travail de 10 heures chaque.
TABLEAU I.
MOTEUR A VAPEUR (TTPE LOCOUOBILE)
Pour chaque cheval effectif, il faut au moins 3 kilogrammes de charbon,
sans compter le charbon brûlé à la montée en pression et après le travail.
Les frais de fonctionnement sont :
Charbon = 30 X 2,5 x 3000 = «25000 kilogrammes + <0000 kilogrammes
pour [la consommation avant et après le travail « 235000 kilogrammes
à 25 francs par < 000 kilogrammes 5,875 fr.
Eau pour la machine 200 »
Huile pour la machine à fr. 40 par jour X 300 420 »
Gages du chauffeur à 5 francs par jour X 300 4,500 »
Entretien et dépréciation de la chaudière et du moteur
(40 pour 400 sur 42,000 francs) 4,200 »
Intérêt du capital (5 pour 400 sur 42,000) 600 »
Total 9,495 fr.
TABLEAU IL
MOTEUR A GAZ (OTTO), ACTIONNÉ PAR LE OAZ DE HOUILLE
Pour un moteur de 30 chevaux effectifs, il faut une dépense de gaz de
700 litres par cheval à Theure, donc pour 30 chevaux pendant
3000 heures, il faut 30 X 700 X 3000 = 63000 mètres cubes à fr. 45
le mètre cube 9,450 fr.
Huile pour la machine fr. 50 par jour X 300 450 »
Proportion des gages du surveillant, nettoyage, etc., soit 4 franc
par jour X 300 300 »
Entretien et dépréciation du moteur (5 pour 4 00 sur 4 2,000 francs). 600 n
Intérêt du capital (5 pour 400 sur 42,000 francs) 600 »
Total 44,400 fr.
TABLEAU IIL
MOTEUR A GAZ (OTTO), ACTIONNE PAR LE GAZ DOWSON
Avec un moteur Otto, il faut 5 volumes du gaz Dowson pour donner la
môme force qu'un volume de gaz ordinaire* donc ii faut du gaz Dowson
30 X 700 X 5 X 3000 tr,-. 345000 mètres cubes. Les frais de fonction-
nement sont :
CONFÉRENCE DE M, AYRTON. 397
Anthracite pour prodaire 315000 mètres cubes de gaz (à 200 grammes le
mètre cube, y compris 40 pour 400 pour les irppuretés et les pertes)
« 63000 kilogrammes à 30 francs Jes 4000 kilogrammes . . 4,890 fr.
Huile pour la machine à fr. 10 par jour x 300 450 »
Gages du chauffeur à 5 fr. par jour X 300 4,500 »
Entretien et dépréciation du moteur (5 pour 4 00 sur 4 2,000 francs)
et du générateur, gazomètre, etc. (5 pour 4 00 sur 5,000 francs. 850 »
Intérêt du capital (5 pour 400 sur 47,000 francs) 850 »
Total 5,240 fr.
ÉcoDomie dans les frais de fonctionnement en faveur du gaz Dowson sur la
vapeur, 45 pour 100.
Économie dans les frais de fonctionnement en faveur du gaz Dowson sur le
gaz de houille à 15 centimes le mètre cube, 53 pour 100. '
Économie dans le poids du combustible en faveur du gaz Dowson et un
moteur à gaz sur la machine à vapeur qui demande 2^»,7 de charbon par cheval
effectif à Fbeure ; cette économie est comme 63000 est à 235 000 kilogrammes,
soit 73 pour 100.
TABLE DES MATIÈRES
Page».
Rapport au Président db la Rbpubliqur I
DÉCRET? . . . , 4
Loi portant ouverture au Minisire des Postes et des Télégn^liBS d'un crédit de
300,000 francs pour T Exposition internationale d'élaeCricîlé et le Congrès interna-
tional des électriciens * 6
Liste des membres du CoNCRis 17
COMPTES RENDUS DES TRAVAUX DU CONGRES
SÉANCES PLÉNIÈRES
Première séance. — 45 septembre 27
Deuxième séance. — 20 septembre 39
Troisième séance. — 24 septembre 40
Quatrième séance. — 24 septembre 54
Cinquième séance. — 28 septembre 68
Sixième séance. — !•' octobre 78
Septième séance. — 5 octobre 146
SÉANCE DES SECTIONS ET DE LEURS COMMISSIONS
PREMIERE SECTION
Première séance. — 46 septembre 464
Deuxième séance. —47 septembre 466
Troisième séance. — 49 septembre 475
Quatrième séance. — 20 septembre 499
Cinquième séance. — 24 septembre 204
Sixilème séance. — 22 septembre 207
COMMISSION DES UNITES ELECTRIQUES
Première séance. — 4 6 septembre 221
Deuxième séance. — 47 septembre 229
«00 TABLE DES MATIÈRES.
Troisième séance. — 49 septembre Ui
Quatrième séance. — 21 septembre 2VS
COMMISSION DE l'kLBGTRO-PHYSIOLOGIB
Première séance. — 22 septembre 251
Deuxième séance. — 23 septembre Soft
DEUXIÈME SECTION
Première séance. — 46 septembre 265
Deuxième séance. — 47 septembre 2f70
Troisième séance. — 49 septembre 277
Quatrième séance. — 22 septembre 2»â
Cinquième séance. — 23 septembre 2S9
Sixième géance. — 27 septembre fU
Septième séance. — 28 septembre 304
COMMISSION DES LIGNES TELEGRAPHIQUES
Première séance. — 49 septembre 305
Deuxième séance. — 20 septembre 310
Troisième séance. — 24 septembre 346
Quatrième séance. — 22 septembre 3H
Cinquième séance. — 24 septembre 326
Sixième séance. — 27 septembre 330
TROISIÈME SECTION
Première séance. — 4 6 septembre 331
Deuxième séance. — 47 septembre .' 335
Troisième séance. — 4 9 septembre 34i
Quatrième séance. — 22 àeplembre 351
Cinquième séance. — 23 septembre 357
«
DEUXIÈME ET TROISIÈME SECTIONS REUNIES
Première séance publique. -- 30 septembre 361
Deuxième séance publique. — 4 octobre 370
Troisième séance publique. — 44 octobre 373
Quatrième séance publique, — 4ô octobre 384
CONFÉRENGE DE M. LE PROFESSEUR AvRTON 38S
rarli. — Iinp. JL Qnautin, 7, rne Saint- BcnotU [190i]
J
A LA MÈiTE LIBRAIRIE
L'ELECTRICIEN
N REVUE GÉNÉRALE D'ÉLECTRICITÉ
Comité de Rédaction : MM. G. -M. Gariel, A. Niaudet, D' de Cyow
Secrétaire de la Hedaction : M. Deiahaye
L'Eifrtriei''n paraît depuis le 15 avril 1881, le Ut et le 15 do chaque mois dans le format graxid ir»-^'
gures dans le texte. — Prix do l'abonnement annuel, Paris et départements : 20 fr.
\
LA NATURE
t
Ret^iie des sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie
Journal hebdomadaire illustré. — Rédacteur en chef : M. Gaston Tibsandier
Le journal la Nature est l'histoire faite au jour le jour, et cependant toujours vraio, du xnouvcinetit i-
scicnce i toujours au courant du mouvoniont scientifique, fidèle à la mission qu'il s'est tracée c l'tt/yan.v,
srnence sam la rendre vulgaire, ce recueil répond à un besoin d'une époque où la science est partout ti
gresso chaque jour. Il s'adresse àtbut le monde, aux savants, aux gens du monde, à la jcunesso. *
La Nature parait tous les samedis par livraisons de 16 pages grand in-8o Jésus, richenaent illufvtr^^ #»! *-•
une couverture imprimée. Chaque année de la publication forme 2 beaux volumes grand in-S**. Prix dt« 1 i'
nemeot annuel : Paris, 20 fr.; Déparlements, 25 fr.
LES PRINCIPALES APPLICATIONS DE L'ÉLECTRIClTr
PAR M. E. HOSPITALIER
Ingénieur des Arts et Manufactures.
2* édition eDtièrement refondue. 1 vol. grand in-S®, imprimé sur beau papier
avec 135 fij^'ures dans le tCAte et 4 planches hors taxte. '
Broché, 10 fr.; relié avec luxe, tranches dorées, fers spéciaux, 13 fr.
CAUSERIES SCIENTIFIQUES
Découvertes ot inventions. — Progrès de la science et de l'indastrio
PAR HENRI DE PARVILUS
L' É L JE C T R I C I T B SN t881
(EXPOSlTIOIf DB PABIS)
1 vol. in-18 avec 200 gravures dans le texte, 6 fr.
LEÇONS SUR L'ELECTRICITE ET LE MAGNÉTISME
PAR M. E. MASCART
Professeur au Collège de France, Directeur du bureau central météorologiqao
PAR M. J. JOUBERT
Professeur au collège Rollin
Phénomènes généraux et théorie, l vol. grand in -8» avec figures dans le texte : 20 fr
Le tome II (applications) paraîtra dans le courant de 1883.
TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE
PAR M. MASCART
Paris, 1876. — 2 vol. grand in-8« avec 298 figures, 30 fr.
TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE DE TÉLÉGRAPHIE ÉLECTRIQUE
Leçons faites à l'Administration centrale des télégraphes à l'usage des auxiliaires, surnuméraire^
agents des postes et des télégraphes, des écoles de télégraphie militaire
et dç toutes les personnes qui désirent acquérir des notions de télégraphie électrique
PAR M. E. MERGADIER
Inspecteur des études et Professeur à l'École supérieure de télégraphie
Répétiteur à l'École polytecluiique
1 vol. in-18 avec 158 figures dans le texte, 3 fr. 50.
MANUEL D'ÉLECTROMÉTRIE INDUSTRIELLE
PAR M. R.-V. PIGOU
Ingénieur des Arts et Manufactures
1 vol. in-S" avec 37 figures dans le texte {Publication du Génie civil), 5 fr.
GUIDE DES ÉPREUVES ÉLECTRIQUES
A FAIRE SUR LES GABLES TÉLÉGRAPHIQUES
PAE VALDEMAE HOSKIAE
Colonel du corps du génie danois.
Traduction de la seconde édition anglaise, par A.-L. Ternant. In-16 avec 11 figures dans le texte.
5 francs.
Paris. — Typ. A. Quantii*.
i